(julian) stressed out.

Dans ta tête tout commence il y a bien longtemps. Depuis toute petite. Tu ne rêves pas de devenir maîtresse ou princesse comme toutes les autres. Toi, tu rêves de devenir docteure. Rêve qui est devenu réalité. Une parenthèse d’une année s'est refermée dans ta vie. Tes amis disent que c'est comme si tu étais partie à l’étranger. Pendant un an, tu as travaillé sans te poser de questions avec deux seuls objectifs : être classée et être bien d'être classée. Le jour de la rentrée et les gens qui avaient l'air aussi motivés que toi et entendu les intervenant vous mettre en condition, disant qu'on ne se rendait même pas compte de ce qu'on allait devoir apprendre. Ça a été un choc, le moment le plus difficile. Alors tu as foncé, sans te poser de question en te disant que tu partais pour huit mois. En optimisant ton temps, préservant ton sommeil et tout en étant assez méthodique pour ne rien laisser filer. Quatre mois de travail et déjà aux partiels. Tu devais te classer, tu n’avais pas le choix. C'est ce qui est arrivé. Tu avais validé le premier semestre avec quinze de moyenne et en obtenant un bon classement qui te permettait de choisir médecine en spécialité pour le second semestre. Tu es travailleuse. Tu as terminé avec une mention très bien au bac, mais ça ne suffit pas. Il n'y a pas de mystère. Ceux qui sont classés ont eu des mentions très bien au bac. Il fallait absorber les cours comme une éponge absorbe l'eau. Ce n'était pas ton cas, mais tu as dû apprendre sur le tas et rapidement. Parce que tu voulais devenir médecin depuis toujours et tu es programmée pour réussir. C'est pour cela que tu t’es conditionnée tout l’été. Tu as tout donné espérant gagner quelques places supplémentaires juste pour être totalement rassurée. Tu ne réalises pas vraiment que cette année est belle et bien terminée. Ses quelques mois de vacances sont les bienvenus avant de tout recommencer en septembre. Tu étais tellement anxieuse hier en relisant une dernière fois tes fiches que tu as envoyé un message à Julian. Il t'a répondu. Tu t’es excusé platement de l’avoir dérangé aussi tardivement. Il a fait les frais de ton anxiété, mais aussi de l’année trop théorique que tu as passée. Tu relis le message alors que tout ça est derrière toi. Tu relis plusieurs fois pour être certaine que c’est bien réel. Il a dû te prendre pour une folle. Vraiment. Tu ne sais même pas comment il a pu accepter de prendre un café avec toi. Surtout que tu détestes le café. Tu t’es excusé platement de l’avoir dérangé aussi tardivement. Tu ne pouvais pas te défiler. Tu avais l’impression en te relisant les tournures de tes phrases que tu lui faisais clairement du rentre-dedans. Évidemment, ce n’est pas le cas. C’est gênant. Tu passes chez toi pour te doucher, te changer et prendre un sac à main. Tu te sèches quelques minutes les cheveux et tu jettes un coup d’œil à l'heure sur ton portable. Oui, tu avais toujours autant de mal à porter une montre à ton poignet. Tu repars directement vers l’hôpital les cheveux séchés partiellement. Tu entres dans le bâtiment et tu erres dans les couloirs cherchant la cafétéria de la section pédiatrie. Tu trouves assez rapidement. Tu es même un peu en avance juste de huit minutes. Tu restes un peu sur ton portable envoyant un message à Oihana. Tu profites des deux dernières minutes avant seize heure pour chercher un café et un thé à la menthe. Le café pour lui, le thé à la menthe pour toi.

« Bonjour Marlow, alors, comment ça va ? Vous me sembliez stressée.» Tu lui tends son gobelet de café. « J’étais stressée, mais on va dire que maintenant ça va mieux.» La pression commence tout doucement à redescendre. Redescend progressivement. Tu n’es pas totalement sereine, mais ça ne serait tardé. L’anxiété avant de franchir la ligne d’arrivée. C’était bien la première fois que tu te sentais autant anxieuse d’où le sms que tu avais envoyé à Julian. Le pire, c’est que ce n’était pas aussi terrible et difficile que tu ne le pensais hier soir. Tu relisais encore et encore hier soir et plus tu lisais plus tu avais l’impression de moins comprendre. Ce n’est définitivement pas bon de trop garder les yeux rivés sur les mêmes cours trop longtemps. « Je pense avoir réussi… Même plutôt bien réussi dans l’ensemble. J’attends juste les résultats maintenant. » Tu n’es pas anxieuse concernant cette partie, car tu as donné ton maximum. De toute façon maintenant que tu ne peux plus revenir en arrière donc ce n’est pas la peine de te faire du mouron jusqu’au mois des résultats. La prochaine montée d’adrénaline se fera la veille et le jour des résultats quand tu chercheras ton nom dans le classement dans le meilleur des cas ton nom apparait dans la liste des reçus en deuxième année de médecine. Tu es bien là, quelque part dans la zone que tu souhaites du classement. Évidemment, tu n’y croiras pas tout de suite. Il va falloir que tu rafraîchisses la page deux ou trois fois avant d'être sûre que ce n'était pas un bug. Le premier coup de fil sera certainement pour ta maman. Dans le pire des cas, tu n’es pas classée comme tu le veux. Tu avais fait fort au premier semestre ceux devant toi ne sortaient jamais, chronométraient leurs journées à la minute près et s’autorisaient quatre petites heures de sommeils. De vrais zombies aujourd’hui. Tu n’étais pas encore prête à ces sacrifices pour être mieux classée. Tu ne te contentais pas de faire le minimum parce que tu voulais vraiment réussir. « Je m’excuse… Encore pour le sms. » Tu n’aurais pas dû. En te relisant, tu le trouvais totalement déplacé. Il y avait d’autres façons de dire les choses.

« merci pour le café. tant mieux si ça s'est bien passé. de toutes façons, si vous avez suivi les cours et révisé, il n'y a pas de raisons que ça n'aille pas même si nous avons tous nos faiblesses et ne pouvons pas connaitre tous les sujets...j'étais moi-même très mauvais en neurologie. » tu n’as jamais été malade. tu n’as jamais séché. tu as révisé à t’en rendre malade. tu as fait de ton mieux. du mieux que tu pouvais. tu es loin d'être parfaite. tu ne vises pas une réussite individuelle totale. tu vise une réussite globale. tu ne comptes pas être anxieuse jusqu’à l’annonce des résultats. oh ça non. le stress du concours étant terminé. tu pouvais souffler. « de rien. j’ai tout donné. j’espère juste que les sacrifices vont payer. » tu as passé l’été à réviser. ça a payé avec les partiels du premier semestre. tu as bien été classé. tu as donné le meilleur de toi-même. pour les partiels du second semestre. même si le programme est assez vaste. tu n’as pas fait d’impasse. tu as réussi à ne pas faire d’impasse. parce que tu t’y es prise à temps. évidemment, tu avais également des sujets que tu affectionnais plus que d’autres alors forcément, tu retiens plus vite. « ne vous en faites pas, ce n'est rien. vous aviez des questions peut-être sur la suite ? vous savez déjà quelle spécialité vous tenterait ? » tu ne comptais pas poser de question sur l’année à venir. s’il y avait autant de travail à fournir, tu le feras. tu es motivée. vraiment motivée. tu veux réussir. du premier coup si possible. tu avais déjà un stage à effectuer mi-juin chez un chirurgien général. « je n’ai pas vraiment de questions. je me demande juste si on aura plus de parties pratiques dans les années à venir. pas forcément dans l’année que vient. je parle en général. hum… idéalement, j’aimerais me spécialiser dans la chirurgie général. je vais faire mon stage d’été d’initiation aux soins infirmiers du vingt juin jusqu'au onze juillet chez un chirurgien général. j’espère que ça confirmera mon choix, mais je ne suis pas fermée. pas fermée du tout. si je vois qu’en fait, cette spécialisation ne me convient pas, je changerais de spécialisation. » en temps normal, les stages démarraient seulement en juillet. mais tu avais fait des pieds et des mains pour commencer avant puisque tu voulais prendre un peu d’avance pour la deuxième année. et surtout parce qu’il avait ses vacances en mi-juillet. il avait son propre cabinet, mais venait au moins une fois par jour à l’hôpital. tu trempes tes lèvres dans ton thé à la menthe.