(charly) x glad to see you back again

vendredi dix juin. cinq heures moins-vingt du matin. heure française. ton avion atterrit. ta petite semaine de vacances s’est transformée en trois grandes semaines de vacances. ça t’a fait un bien fou. tu avais besoin d’un long et beau voyage après cette première année de médecine. surtout que tu devais commencer ton stage d’été d’initiation aux soins infirmiers dans deux semaines. tu avais quitté l’hôtel comme prévu une semaine après ton arrivée pour une chambre improvisée dans un van. chambre trouvée en moins d’une heure sur une plateforme communautaire de location et de réservation de logements de particuliers. pour une somme totalement dérisoire. tu ne regrettes pas d’avoir prolongé, tu as pu explorer à ta guise en te rendant sur une île extérieure où la vie s’écoule tranquillement, au rythme des alizés et des messes. après avoir passé une semaine à nassau avec la horde de vacanciers, les navires de croisière et les complexes balnéaires aux tarifs exorbitants. la troisième semaine, tu l’as passé chez une jeune femme que tu avais connue là-bas et avec laquelle tu as bien accroché. des vacances magiques, mais qui t’ont coûté un peu plus que prévu avec le changement du billet retour ainsi que la location et divers achats. tu pars toujours avec le strict minimum et évidemment, il a fallu racheter quelques bricoles. tu es fatiguée. vraiment fatiguée. lessivée. entre les treize heures de vol, les six heures de décalage horaires et les divers contrôles avant l’embarcation. tu ne te sentais pas capable de faire le chemin de paris à biarritz en voiture. pas dans cet état en tout cas. alors tu as missionné tes parents de ramener ta voiture à bon port. en plus de ça, tu es frigorifiée. tu ne t’es pas assez préparée à une différence si importante au niveau du climat avec ton petit pull et ton legging. tu as récupéré ton autre valise et tu as attendu l’ouverture du starbuck pour commander un refresha mûre et hibiscus. forcément, tu profites des quarante minutes qu’il te reste avant d’enregistrer ton bagage. tu fais un tour au terminal ouest pour faire un petit tour dans la boutique victoria secret. tu ne ressors pas les mains vides. tu as même acheté un gilet pour te couvrir que tu as enfilé de suite. tu ranges tes achats dans ta valise de cabine. tu ne préfères pas consulter tes relevés bancaires. tu ne dois pas être en débit, mais le solde positif de ton compte en banque ne doit pas être très glorieux. il doit te rester grosso modo trois cents voire quatre cents euros au mieux. en comptant cette petite virée shopping improvisée. l’essentiel, c’est que toutes les factures importantes ont été réglées. tu te rassures en disant que les trois bourses auxquelles tu prétends sont tombées. même si en soit l’une d’entre elles couvre une partie de ton loyer. dans quelques jours, tu pourras revendre tes cours de première année de médecine ainsi que tes livres et tes fiches de révision. le tout pour une somme coquette si tu es bien classée cette fois-ci également et puis vu que tu ne t’occupes pas des courses, tu ne risques pas de mourir de faim. tu reçois un message de charly. tu te dis qu’il n’est pas aussi matinal. puis tu te rappelles qu’il est de garde à l’hôpital. tu lui réponds que tu es bien arrivée et que tu arrives à biarritz vers neuf heures. il finit sa garde une demi-heure avant. il insiste pour te chercher. toi, tu ne veux pas trop sachant qu’il doit être fatiguée. il est debout depuis dix-huit heures trente. tu finis par accepter. trois heures -dont environ une heure trente de vol- plus tard tu arrives à l’aéroport de biarritz anglet bayonne. tu lui envoies un message pour le prévenir que tu attends ton autre valise. tu peines à la tirer. à peine le bagage au sol entre tes mains. que tu sens qu’elle t’échappe des mains. tu sursautes et te retournes immédiatement pensant au pire. ton cœur bat à mille à l'heure. tu tombes nez à nez avec charly. « tu m'as foutu les jetons charly. » tu en oublies presque la politesse. tu lui adresses un sourire. ton visage s'approche de sa joue pendant que tu te hisses sur la pointe des pieds pour l’embrasser en guise de bonjour et de merci. « tu n’as pas besoin de prendre ma valise, j’y arrive très bien. » c’est vrai que tu aurais dû t’abstenir de prendre une valise en cabine au lieu du sac, mais tu y arrivais quand même. tu n'avais pas envie qu'il se sente obligé surtout qu'il venait à peine de finir sa nuit de garde. « pas trop fatigué ? » tu as un million de choses à lui raconter, mais tu commence doucement. « c'était vraiment trop trop trop bien. » tu relèves une de tes manches. « tu as vu je suis toute bronzée ? »

« tu le sais et ça ne t'empêche pas de le faire. t’es vraiment infernal. » tu plaisantes. mais tu avais eu vraiment peur. tu ne te sentais pas capable de gérer un vol de valise après un aussi long trajet accumulé au décalage horaire. tu as voulu prolonger le séjour donc tu devras faire avec et tenter de te remettre dans le bain. assez rapidement. « oui je suis certaine ça ne se voit pas, mais je suis vraiment musclée. » tu ne veux pas. il t'a chercher. il ne va pas en plus pousser ta valise. elle n’est pas bien lourde, mais c’est une question de principe. il la prend quand même. décidément, il est aussi têtu que toi. il est trop tôt dans ta tête. tu es trop fatiguée pour essayer de le faire changer d’avis. alors tu ne dis rien. tu lui demandes s’il est fatigué. il te répond par la positive. « t’es une vraie tête de mule on aurait pu se voir un peu plus tard. je suis partie trois semaines, on est pas à quatre petites heures près. » à une petite sieste près. il t’a manqué aussi. « mais tu m'as vraiment manqué. » bon au moins vous êtes fatigués tous les deux parce que généralement quand vous êtes en pleine forme ou qu’il y en a au moins un sur deux en pleine forme ça déménage. il te propose un café. tu as une sainte horreur du café. tu as déjà bu quelque chose au starbuck de paris orly alors tu te contenteras surement d’un bon thé à la menthe. vous commandez. tu paies. tu ne comptes pas le laisser payer. il t’a cherché, tu lui rends la pareille. vous vous installez sur une petite table. « mes semaines de vacances se sont super bien passées et toi l’hôpital ? » tu ne voyais pas vraiment quoi lui raconter à part des banalités. tu avais nagé. tu avais fait du jet-ski. tu avais bronzé pourtant tu n'es pas restée allongée une seule petite heure sur le sable blanc. tu t'es coupée du monde en laissant ton portable en mode avion durant les trois semaines. en évitant les réseaux sociaux aussi. tu en avais besoin. tu avais besoin de te reconnecter avec toi-même. tu avais dormi dans une chambre bien trop grande pour toi toute seule. chambre où tu aurais pu vivre avec au moins quatre personnes supplémentaire. tu avais pris des bains avec des millions de pétales de fleurs. tu as aussi profité des douches extérieures. tu en as pris plein les yeux du début à la fin. tu as passé deux semaines à explorer sans pouvoir t’arrêter. tu as même envisager de rester une semaine en plus. mais tu t’es ravisée à cause du stage et parce que biarritz commençait à te manquer. biarritz et quelques personnes. tu n’avais pas une tonne de photos à lui montrer, tu avais dû en prendre vingt-sept que tu pouvais vraiment montrer. une bonne dizaine que tu ne pouvais pas montrer. beaucoup moins de photos qu’habituellement, mais les meilleures photographies sont celles dont se souviennent tes yeux. seulement vingt-sept photos montrables. le reste de tes vacances, tu l’as passé topless quand tu le pouvais et quand tu te trouvais dans la partie moins touristique des bahamas. tu ne t’imaginais pas les passer autrement parce que sinon ce n’était pas vraiment des vacances. pour toi. ça te dépassait vraiment que les hommes peuvent ôter tranquillement leur t-shirt dès lors que le soleil commence à pointer son nez alors que les femmes non. l’inégalité homme-femme encore une fois. il faut avouer que ça te dépasse, mais c’est comme ça. et ça le restera. malheureusement. tant que les mentalités seront inchangées. alors tu en as profité là-bas pendant trois semaines sans te dire zut, j’ai seins. c’est une autre histoire. tu ne voyais pas quoi lui dire du moins pour l'instant. pour le moment tu veux juste dormir. tu seras certainement plus bavarde après quelques heures de sommeil. alors tu lui demandes pour l’hôpital parce que tu voulais savoir s’il s’en sort. tu passeras aussi par là dans quelques années. mais tu ne lui demandais pas pour ça toi. parce que tu t’en fichais c’est encore bien trop loin pour toi. toi si tu lui demandes, c’est pour savoir si ça allait pour lui. tu termines ton thé. tu attends qu’il termine son café. « on rentre à la maison ? » enfin dans ton appartement. chez toi. mais tu t'en fichais. parce que chez toi c’est aussi en quelque sorte chez lui. même s’il a son propre appartement. il a tes clefs. tu as les siennes. ce qui est à moi est à nous. ce qui est à lui est à nous. vous avez toujours fonctionné comme ça. tu as toujours tout partagé avec lui. il a toujours tout partagé avec toi.