(Eneko) Paris, convalescence

Paris, tu vas à Paris. tu n'arrives pas à t'en rendre compte. pas encore. déjà, tu es sortie de cet hôpital, quand tu as mis un pied dehors, tu as respiré de nouveau. tu es sorti le mercredi. deux jours à tenir avant de partir sur Paris. tu les as tenu, tu as vu tes amies, tu as vu tes parents, le soir Eneko rentrait, tu n'as fait aucune fausse note malgré le manque. tu as fait attention, tu as pris ton traitement aussi. tu as un paquet de cachets à prendre d'ailleurs, ils te fatiguent. ce n'est pas forcément efficace, ou peut-être que oui. tu n'en sais rien encore, ça ne fait que deux jours que tu l'as commencé donc tu ne peux pas vraiment encore juger. tu t'en fiches un peu quelque part, parce que tu n'y crois pas vraiment aux médicaments, mais tu le fais pour lui, pour Eneko. il t'a demandé de penser à vous deux et c'est ce que tu fais, ce que tu comptes faire. tu y penses à ce bébé qui est parti, tu évites au maximum ou alors quand tu es seule pour te laisser aller, pour pleurer, principalement. sauf que là, ce n'est pas le moment de pleurer non, tu entres dans l'avion. l'avion qui va te mener sur Paris. tu as hâte d'y être, tu as hâte de sentir autre chose, de passer à autre chose. tu vois ce séjour comme une page que tu vas tourner, une page que tu veux tourner. tu en as envie. tu ne peux pas t'empêcher de faire le similaire avec cette fois où tu as pris l'avion pour la première fois. Lyon. tu y étais avec lui, et c'était le plus beau week-end que tu n'as jamais passé. tu t'installes une nouvelle fois, du côté du hublot et Eneko ne tarde pas à te rejoindre après avoir rangé les affaires juste au dessus. tu t'assoies, tu respires un bon coup. c'est parti oui. « deuxième fois. » que tu murmures pour toi-même. deuxième fois que tu prends l'avion. tu regardes Eneko, sauf que ton regard se perd juste derrière lui, sur l'autre rangée. Il y a cette femme avec un sourire éblouissant, et cette petite brune, à l'image de sa mère, qui lui sourit. tu te perds dans cette image, dans cette si belle image que tu as perdu, que tu as détruit de tes propres mains. Eneko parle, mais tu ne l'entends pas, tu es déjà partie loin, oui, tu es partie loin, dans tes pensées, dans de sombres pensées, dans ces choses que tu n'auras jamais. tu perds pied doucement pendant que ton coeur se serre. tu essaies de respirer mais tu as un peu de mal. tu paniques tout en te perdant. c'était une sensation étrange, tu ne sais que faire, ni même comment réagir. tu suffoquerais presque.

Paris. La ville dans laquelle Eneko a pu commencer à respirer. C’est une ville qui a tout son respect, toute son admiration, une ville dans laquelle il aime passer du temps pour bien des raisons. Elle a vu naître un nouveau Eneko, un homme qui a confiance en lui, un homme qui sait ce qu’il veut, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, un homme qui s’est tracé un chemin sans trop d’embûches, avec de l’ambition. Un homme qui a disparu ces derniers mois, pour laisser place à quelqu’un de constamment effrayé, épuisé. Un homme qu’il n’aime pas. Il déteste ce qu’il est devenu et ce séjour à Paris lui fera du bien, il en est convaincu, autant que ça fera du bien à Maona de se retrouver loin de Biarritz. Elle va pouvoir souffler elle aussi, profiter de la capitale, la visiter. Et lui, il va pouvoir se remettre dans son travail, retrouver son envie de bosser sur des projets, se retrouver un petit peu. Eneko se recherche. Il recherche celui qu’il était avant de connaître Maona, celui qui est dur, qui ne se laisse pas briser, qui prend les choses en main et qui ne revient jamais sur ses décisions. Ce Eneko là, il lui manque tous les jours. « Tu as oublié ton deuxième séjour à Lyon. » Cette fois où elle est partie, où elle lui a annoncé par texto qu’elle était dans l’avion. « Troisième. » corrige-t-il. Il commence à parler, à lui annoncer le programme, mais elle ne l’écoute pas, plus et il s’en rend vite compte. Eneko tourne la tête en direction de la rangée derrière lui, ce qu’elle regarde et aperçoit une mère et sa fille. Il sait ce qui se passe dans sa tête, maintenant. Il a compris ce à quoi elle était en train de penser. A sa grossesse. La sienne, parce qu’il s’est souvent senti à l’écart, par sa faute, parce qu’il y avait cette histoire avec Nino, mais aussi parce qu’elle l’a mise à l’écart de certaines choses. Le voyage en Belgique. C’était pourtant son bébé… Mais avec le recul, il ne s’est jamais senti comme étant le père. Eneko saisit la main de Maona, la resserre avec tendresse, entrelace ses doigts avec les siens. « Est-ce que tout va bien ? » C’est une question pour la ramener un peu sur Terre, pour qu’elle se focalise un peu sur lui, mais il connait déjà la réponse à sa question. Non, elle ne va pas bien. « Ce n’est pas… une mauvaise chose. » Il a le cœur resserré quand il dit ça, il craint que Maona lui en veuille de prononcer de tels mots. « Dans ton état. Avec notre couple… Ce n’est pas une mauvaise chose. Il n’aurait pas eu de stabilité. » Il y a longuement pensé et en plus de se sentir soulagé, finalement, il en est venu à penser que ce n’était pas pour rien que ça arrivait. Comme si le destin les aidait un peu.

« Tu as oublié ton deuxième séjour à Lyon.  Troisième. » tu hoches la tête, tu ne l'as pas vraiment oublié .. c'est juste que c'était différent, tu ne voyais pas ça comme un séjour, comme une décision voulue ni rien de tout ça non. c'était quelque chose que tu avais du faire pour te protéger, pour le protéger. puis, tu y étais allée toute seule, dans ta tête ça ne comptais pas. tu te perds dans tes pensées, trop rapidement, tu te perds sur cette vision d'une maman avec son enfant. tu sors de tes pensées que tu sens les doigts d'Eneko se mêler aux tiens. tu le laisses faire en déviant son regard. tu tombez dans la profondeur de ses iris. « Est-ce que tout va bien ? » tu hausses les épaules pour toute réponse. non, tout ne va jamais bien, ce n'est pas possible, même la personne la plus heureuse du monde ne peut pas avoir tout qui va bien, tu en as bien conscience, tu t'es juste égarée dans tes pensées. « Ce n’est pas… une mauvaise chose.  Dans ton état. Avec notre couple… Ce n’est pas une mauvaise chose. Il n’aurait pas eu de stabilité. » qu'il te souffle et ce qu'il te dit, ça te fait mal quelque part. oui, ça te fait mal, parce qu'il a atrocement raison, vous étiez loin d'être stable, tu es encore loin même si tu fais tous les efforts du monde pour t'en remettre. « je sais. » que tu réponds, peut-être légèrement trop sèchement, tu ne fais pas exprès. tu le regardes tu tentes un sourire. « désolée je .. je vais aller aux toilettes. » que tu l'informes, échapper à son regard, oui, échapper avant qu'il ne lise toutes les émotions qui passent dans tes yeux. tu te lèves sans lui laisser le temps d'en faire de même et tu t'éclipses vers les cabines. tu fais ton affaire, tu n'avais pas forcément envie d'aller aux toilettes mais tu préférais nettement respirer sans le regard inquiet d'Eneko bloqué sur toi. il est inquiet, c'est un fait. tu finis par revenir quelques minutes plus tard et tu reprends doucement ta place, tu reprends également la main d'Eneko dans la tienne et tu la recouvres de ta deuxième main. « ça va aller mon ange, ça va aller. » que tu le rassures, tes doigts viennent se perdre sur sa joue et tu lui souris. « ne t'inquiète pas, on va à Paris .. juste ... essaies d'oublier le temps de ce séjour tous nos problèmes, essaies d'oublier toutes ces choses qu'on laisse à Biarritz, s'il te plaît. Laisse moi profiter de ce séjour sans me souvenir de tout ça. j'ai envie de me retrouver, j'ai envie de te retrouver et de nous retrouver. » que tu lui souffles, ça ressemble à une déclaration et en même temps, ça ressemble à une demande, une sorte de supplication. « je veux redevenir cette petite stagiaire innocente qui part en voyage avec son patron. je veux redevenir cette jeune femme souriante qui ne tenait pas en place tellement son patron l'excitait. » que tu lui souffles alors, sur une voix beaucoup plus basse, un murmure à peine audible pour que seulement lui l'entende.

C’est sec et il se doutait bien que sa remarque n’allait pas lui plaire. Pourtant, elle est réelle. Eneko pense sincèrement que c’est mieux comme ça et il ne laissera plus aucune occasion de se retrouver dans la même situation. Il ne laissera plus aucun accident arriver, parce qu’il ne veut plus de tout ça, parce qu’ils ne sont pas suffisamment stable, ensemble, pour avoir un enfant, parce qu’elle est trop jeune, parce qu’il ne veut plus jamais prendre ce risque, tout simplement. Il a assez à gérer, sans pour autant ajouter un enfant à l’équation, un enfant qu’il ne se sent pas prêt à avoir. C’est mal de se sentir soulagé, c’est mal d’y voir des choses positives. Il lâche un soupir, se lève pour la laisser passer, sans la retenir et se réinstalle peu après, en regardant à travers le hublot, puis il sort ses croquis pour jeter un œil dessus, pour s’occuper l’esprit et relève la tête au bout de quelques minutes lorsque Maona revient, pour se lever de nouveau et la laisser reprendre sa place. Sa main retrouve la sienne. Eneko abandonne ce qu’il était en train de faire et pose son attention sur Maona, plisse les yeux, en essayant de deviner qui est-ce qu’elle essaie de rassurer. Est-ce que c’est lui ? Ou est-ce qu’elle essaie de se convaincre elle-même ? Il entrouvre la bouche pour répondre, avant de la refermer aussitôt qu’elle reprend. Elle veut retourner dans le temps, lorsque tout était simple, lorsqu’il n’y avait plus aucun problème. « Maona… » Et lui, que doit-il faire ? Céder ? Il se rappelle des mots que lui avait soufflé Sebastian et puis il se voit, lui, cet homme qu’il devient, qu’il n’aime pas, qui n’a plus aucun contrôle sur rien, cet homme qui est loin d’être celui qui domine, qui est autoritaire, alors il secoue la tête. « Tu sais très bien que c’est impossible de faire ça. Je ne vais pas rentrer dans ce jeu-là. Parce que tu n’es plus la stagiaire innocente et je ne suis plus ton patron. Je suis ton mari. » Oublier tout ce qu’ils ont vécu, revenir au temps où ils se disputaient pour des broutilles, où il n’y avait pas l’alcool, où il n’y avait pas la perte du bébé et tout le reste ? Non, il ne peut pas faire. C’est un bien piètre acteur. « Cela dit… » qu’il reprend, plus doucement, en caressant son visage du bout des doigts. « On va en profiter pour se retrouver un peu, pour se changer les idées. Laisser de côté certaines choses durant le séjour ne me dérange pas. Si tu ne souhaites pas parler de ce qui s’est passé, de ce qui se passe, ça me convient. On peut parler d’autre chose. De quoi as-tu envie de parler ? » Il essaie de faire des efforts, de lui donner une part de ce qu’elle veut, de la soulager d’un poids, mais il ne peut pas sourire, jouer le jeu de la séduction, alors qu’il y a tant de choses qui le tracassent en ce moment.

« Maona… » tu sens la réprimande arriver. tu t'y attendais, Eneko est beaucoup plus sage que toi, il est responsable et sait comment agir. toi non, toi, tu te laisses guider jusqu'à ce qu'il oublie de te guider et là, tu t'es perdue oui, tu es tombée tu as chuté et tu essaies maintenant de remonter à la surface, du mieux que tu peux. « Tu sais très bien que c’est impossible de faire ça. Je ne vais pas rentrer dans ce jeu-là. Parce que tu n’es plus la stagiaire innocente et je ne suis plus ton patron. Je suis ton mari. » pas impossible non, mais il ne veut pas. très bien, alors tu vas jouer à la femme, tu vas jouer à la femme sauf que tu ne sais pas ce que doit faire une femme mariée, tu n'en sais rien du tout finalement. « Cela dit…  On va en profiter pour se retrouver un peu, pour se changer les idées. Laisser de côté certaines choses durant le séjour ne me dérange pas. Si tu ne souhaites pas parler de ce qui s’est passé, de ce qui se passe, ça me convient. On peut parler d’autre chose. De quoi as-tu envie de parler ? » tu fais mine de réfléchir. de quoi tu pourrais parler. « je n'ai pas envie de parler de mes problèmes, les deux heures deux fois par semaine chez la psychologue me suffise, mais si tu as besoin que je te rassure, je peux le faire Eneko. j'ai rien pris depuis ma sortie de l'hôpital. tu le sais hein ? enfin je veux dire .. tu me crois quand je te dis ça ? si on rajoute mon coma, ça doit faire presque trois semaines que je suis sobre. » tu aimerais qu'il ne se prenne pas la tête pour toi, il a déjà du passer deux semaines affolantes et intenses, tu ne veux pas qu'il continue sauf que tu ne peux que comprendre. toi aussi tu es là, à te demander ce qu'il lui arrive. lui, il sait ce qu'il se passe, chez toi, alors que toi, tu n'as aucune idée de ce qu'il lui arrive. « mais tu n'as qu'à me parler de ... de ce que tu dois faire pour le boulot sur Paris par exemple ? c'est quel dossier ? c'est un que je connais? » après tout, c'est peut-être un dans lequel tu t'es perdue, un où tu te laissée aller à dessiner quelques petites choses non ? « ou alors, où en est ton projet pour la seconde entreprise ? mieux, ma surprise alors ? parce que je suis sortie, je devais la voir, mais je n'ai pas eu le droit de la voir je te signale ... d'ailleurs, il faut que je te parle de mes plans .. j'ai vu avec l'école et j'ai pris énormément de retard donc ils m'autorisent à reprendre les cours, les suivre mais dans tous les cas, l'année prochaine, je devrais tout recommencer; du coup, je ne peux pas être en alternance, mais ne t'inquiète pas, je me trouverai un petit boulot, je ne resterai pas à rien faire. j'ai déjà vu qu'on cherchait des serveurs dans un restaurant pas loin de la maison. » tu enchaînes tout, tu le renseignes, tu parles d'autres choses, tu parles de l'avenir.

Il acquiesce d’un signe de tête, il comprend et il ne s’attardera pas dessus. Il l’aurait fait à une époque, parce que la communication lui est importante, mais les moments qu’ils passent sont tellement compliqués qu’il n’a pas envie de se battre contre elle et ses envies. Et puis, ce séjour à Paris était prévu pour qu’ils se changent les idées, alors c’est ce qu’ils vont faire. Ils vont profiter. Ils ne vont plus penser à ce qu’ils laissent ici, à Biarritz. Essayer. Il acquiesce d’un signe de tête lorsqu’elle lui demande s’il sait. Oui, il le sait. Il est bien plus présent qu’auparavant et si elle avait bu, il s’en rendrait compte très rapidement. Quand Maona boit, elle ne peut pas vraiment se cacher. Il se rappelle des fois où il est rentré dans son studio, où il l’a vue, complètement ivre. « Je te crois, Mao, je te crois. » Il n’empêche qu’il a constamment peur qu’elle replonge, qu’elle cède à la tentation, que la douleur soit trop intense et qu’elle ne la supporte pas. Ce serait compréhensible avec tout ce qui lui est arrivé, mais c’est une chose qu’il peine à concevoir. L’alcool a vraiment tout pourri sur son passage. « Oui, tu sais, c’est un dossier que j’ai laissé de côté pendant un certain temps. Ces dernières semaines, j’ai dû m’y remettre plus sérieusement. Le rendez-vous prévu dans un mois a été avancé. Ils sont un peu plus pressé que prévu. Tu n’imagines pas quel stress ça a été. » annonce-t-il, en arborant un sourire. Mais ça lui a fait du bien de se plonger dans ce boulot, comme ça lui a fait du bien de penser au chalet et bien d’autres choses encore. Il fallait qu’il s’occupe l’esprit. Il faut que ça continue comme ça, qu’il ne se laisse pas le temps de penser trop longtemps, ça fait bien trop de dégâts. « Quant à Bayonne. C’est en travaux pour le moment. C’est un bâtiment qui est déjà construit, mais il y a un véritable chantier, des murs à abattre, des pièces entières à refaire, mais il n’est pas aussi grand que le siège. A la fin de l’année, si tout se passe bien. Nous lançons l’appel à candidatures d’ici cet été, ou septembre. Il faut que je trouve un responsable… » Il grimace. L’idée ne lui plait guère. « Il se pourrait que Gaël prenne les commandes. » Eneko n’a pas envie que ce soit un inconnu, il n’a pas confiance. Il souhaitait en parler à Gaël, mais il n’a pas su le faire… Pas encore. Parce qu’il lui est tellement indispensable ici, au siège… Et en même temps, il sait que son ami se ferait un plaisir à prendre la tête de l’entreprise de Bayonne, qu’ils pourraient travailler encore ensemble, prendre des décisions. C’est la solution qu’il lui conviendrait, mais il appréhende d’être lâché dans la nature, que Gaël soit trop loin. « Pour ce qui est de ta surprise… » Il presse sa main dans la sienne. « Il faudra attendre la semaine prochaine. Patience. » Il passe rapidement sur le sujet, ne souhaite rien dévoiler là-dessus, puis rebondit sur ses études en se tournant d’un quart vers Maona. « C’est peut-être ce qui semble être le mieux pour toi. » Elle a tellement raté de cours, ne s’est pas concentrée dessus, que retaper une année est bien plus correct. « Il n’y a pas moyen que tu trouves autre chose que serveuse ? Il y a bien d’autres petits jobs à faire. » Oui, il est inquiet. Les bars, les restaurants, il met ça dans le même sac. Il y a un stock d’alcool dedans et ça ne le rassure pas des masses.

« Je te crois, Mao, je te crois. » vraiment ? il te croit quand tu lui dis que tu n'as pas touché une goutte d'alcool depuis l'hôpital ? tu es rassurée, qu'il te fasse confiance sur ce point parce que tu fais absolument tout ce qui est en ton pouvoir pour tenir le coup, pour échapper à ce manque qui te contient, qui t'empêche de voir un semblant d'avenir. non, toi, tu veux avoir un avenir, tu veux te sortir de là, tu veux ouvrir les yeux sous l'eau, apercevoir le bout du tunnel, c'est tout ce que tu demandes quelque part. « Oui, tu sais, c’est un dossier que j’ai laissé de côté pendant un certain temps. Ces dernières semaines, j’ai dû m’y remettre plus sérieusement. Le rendez-vous prévu dans un mois a été avancé. Ils sont un peu plus pressé que prévu. Tu n’imagines pas quel stress ça a été. » tu l'écoutes, attentivement, alors qu'il sourit, et ton sourire est communicatif. Ca te fait du bien, de le voir sourire, simplement sourire. tu n'en demandes pas plus. tu hoches alors la tête, oui, il a du se remettre dedans d'un seul coup, tu peux comprendre le stress mais tu sais aussi que ce doit être une des meilleures choses qui puissent lui arriver. Un Eneko sans boulot n'est pas un Eneko heureux, ça tu t'en es bien rendue compte. « j'suis sûr que t'as été heureux de ressentir ce stress là, c'est du bon stress. Parce que oui, il y a du bon et du mauvais. » que tu lui réponds tout simplement. « et du coup, le rendez-vous est quand exactement ? c'est aujourd'hui ou demain ? » tu ne te souviens plus s'il t'en a parlé. « Quant à Bayonne. C’est en travaux pour le moment. C’est un bâtiment qui est déjà construit, mais il y a un véritable chantier, des murs à abattre, des pièces entières à refaire, mais il n’est pas aussi grand que le siège. A la fin de l’année, si tout se passe bien. Nous lançons l’appel à candidatures d’ici cet été, ou septembre. Il faut que je trouve un responsable… Il se pourrait que Gaël prenne les commandes. » il grimace, et tu comprends quelque part que l'idée que Gaël s'éloigne n'est pas quelque chose qui lui plaît. « c'est vrai qu'il te faut une personne de confiance à mettre là-bas .. et en même temps, il t'en faut une ici enfin à Biarritz pour prendre le relais quand tu dois te déplacer ... il doit bien y avoir une autre personne que Gaël ? une personne en qui tu as entièrement confiance non ? » que tu lui proposes finalement, oui, dans toutes les personnes qui bossent pour lui, il doit bien y avoir quelqu'un qui est apte à la remplacer ou alors à gérer les nouveaux locaux. « Pour ce qui est de ta surprise… Il faudra attendre la semaine prochaine. Patience. » tu fais mine de bouder, tu tentes ce petit regard de chien battu, ou du chat botté, mais rien n'y fait, il ne crachera pas le morceau, pourtant tu as été assez patiente. « en vrai, il n'y a pas de surprise, c'est ça hein ? » prêcher le faux pour avoir le vrai, une technique bien trop connue non ? « C’est peut-être ce qui semble être le mieux pour toi. Il n’y a pas moyen que tu trouves autre chose que serveuse ? Il y a bien d’autres petits jobs à faire. » tu laisses ta main vagabonder sur son bras, tes doigts se perdent sur son avant-bras, frôlent sa peau, délicatement. d'autres jobs ? tu peux comprendre, tu le comprends, immédiatement. l'alcool. autre chose .. « peut-être ... oui, je peux toujours aller voir du côté de chez Mcdo ... mais bon, tu connais mon aversion pour cette enseigne hein. sinon, peut-être que je pourrai faire de l'aide aux devoirs pour les enfants. » que tu proposes finalement. tu ne veux pas être butée, non, tu veux le satisfaire. s'il a peur pour ce job là, tu en trouveras un autre et puis c'est tout. « puis là, c'est bientôt l'été, il va y avoir plein de job dans les champs, ça m'occupera aussi. » ramasser les fruits et les légumes, c'est pas mal ça aussi, il n'y a pas d'alcool là, il devrait être rassuré non ? « enfin, je sais que je trouverai. en relation avec le dessin, ça serait le top mais bon, sans diplôme on verra bien mais je ne m'inquiète pas, je trouverai. » tu finis sur un sourire.