Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan ( Maona )

Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan

L’odeur du café emplit les poumons quand Nora pousse la porte de l’établissement. Fatiguée, elle venait de finir son service à l’hôpital après une nuit de garde et avait besoin d’énergie. Nora, elle n’était pas du genre à rentrer chez elle et se coucher, même quand elle avait passé sa nuit à bosser. Nora, c’était plutôt le genre de femme qui voulait profiter de chaque seconde. Dormir pour elle, c’était perdre des instants qui auraient pu être magiques, c’était gâcher ces petits moments de bonheur qu’elle aurait pu vivre à la place. Nora sait combien la vie est précieuse, elle sait combien chaque jour, chaque heure, chaque seconde peut être essentielle et faire basculer tout le reste. Nora, elle se dirige vers les toilettes avant de boire son café, elle veut cacher ses cernes, se refaire une beauté. Puis elle boit son café, posée au milieu de la salle, assise sur un tabouret. Elle observe les gens autour, se demande pourquoi elle vient toujours ici. Un café étudiant, pourtant elle ne l’est plus. Mais ça lui fait du bien de voir toutes cette jeunesse, ces gens qui n’ont aucun problème, qui sourit toujours à la vie sans se poser de questions, inconscients, heureux de cette vie qu’ils croquent à pleine dent. Mais Nora, elle aime aussi aller respirer l’odeur du café des plus vieux, celui où les gens se plaignent sans cesse, parce qu’elles aiment s’amuser à leur redonner le sourire, rire avec eux, les faire changer d’air, de couleur. Les gens passaient toujours leur temps à se plaindre sans comprendre tout ce qu’il existe de pire, autour. Nora, elle se bat pour faire entendre que la vie est belle, que tant qu’il y a de la vie, l’espoir est toujours permis. Puis son cœur fait un bon quand la chevelure blonde d’une de ses anciennes patientes entre dans le café. Les cernes sous ses yeux trahissent son état, elle aussi, sans doute, n’avait pas beaucoup dormi. Maona. Si jolie, si pétillante sans doute avant … Et pourtant, la vie avait fini par lui faire endurer des coups durs, ce genre de coups dont on a du mal à se remettre. Le coma, surtout la perte de son bébé … Ca l’avait particulièrement touché, Nora. La perte d’un être cher, c’est toujours une déchirure, même quand l’être en question n’est pas encore né. Ses yeux, à Nora, ne peuvent s’empêcher de la fixer, sans savoir s’il fallait qu’elle se dirige vers elle ou qu’elle la laisse tranquille. Maona, elle ne pourrait pas la reconnaitre, elle ne l’avait jamais vu, Nora en congé lorsqu’elle se réveilla. Mais soudain, la blonde leva les yeux vers elle et leur regard, en se croisant, parurent se reconnaitre sans avoir pu, pourtant, un jour se croiser. « Je t’offre un café ? » Elle lui demande, Nora, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Pourtant, elles ne se connaissaient pas. Nora savait juste d’elle tout ce qu’elle avait appris à l’hôpital et Maona, elle, devait simplement se demander qui était cette fille qui par hasard arrivait dans sa vie, comme une chance, peut-être ?

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