celui-ci ou celui-là ? (izaona)

tu termines de peser tes fruits et tu files vers le dernier rayon. le rayon alcool. tu y arrives là, et tu regardes les nombreuses bouteilles. il paraît qu'il faut toujours avoir une petite bouteille chez sois, au cas où du monde viendrait rendre visite et tu t'es rendue compte que tu n'en avais pas une seule. tu as trouvé ça vraiment étrange, t'as trouvé ça bizarre d'ailleurs, sans trop comprendre le pourquoi du comment, mais comme tu ne t'en souviens pas, tu ne peux pas réellement savoir alors tu es là et tu regardes les bouteilles. t'en prends une entre tes mains, tu la regardes sous toutes les coutures. du rosée, t'aimes pas vraiment le rosée, tu sais ce que tu aimes toi, c'est la vodka. ce liquide translucide reste ta plus grande tare, mais tu as comme l'impression qu'il ne faut pas que tu en prennes, comme si c'était totalement interdit alors tu es là, figée. tu dois rester là de longues minutes pour le coup, heureusement que tu n'as pas pris de surgelés, sinon, ça serait déjà fichu. bouteille après bouteille, tu cherches sans trop savoir quoi faire. t'as l'étrange impression que tu fais quelque chose de mal alors que tu ne te rends pas compte. est-ce que tu as oublié quelque chose d'important ? non, tu ne penses pas non alors tu reprends une bouteille entre tes mains, tu regardes le liquide bouger, transparaître, tu le regardes bouger, ce liquide clair comme l'eau. vodka. tes mains pourraient presque trembler mais tu ne ressens aucune sensation, seul ton corps réagit alors que ton esprit est entièrement et complètement serein. c'est une sensation que tu ne connais pas, que tu ne comprends pas, c'est quelque chose d'assez perturbant. peut-être que tu devrais partir, bouger, t'en aller, peut-être que tu devrais abandonner l'idée de la bouteille d'alcool non ?

La frangine lâche un soupir en balançant une bouteille d’huile dans le chariot. Ca fait bien trente minutes qu’ils parlent de l’entreprise familiale de leur père et Izario ne sait pas quoi lui dire de plus que ce qu’il lui dit toujours : qu’elle devrait lui en parler plus fermement, plutôt que de faire des allusions à son envie de l’aider. Tout ce que le futur retraité voit, c’est que son fils est en train de lui échapper des mains et ça l’insupporte. Il veut son héritier, mais il en a une qui pourrait faire le travail bien mieux que lui, qui a ce truc dans le sang, mais bien trop conservateur, il se met des œillères. Alors qu’il s’apprête à lui souffler qu’il pourrait lui en toucher deux mots, sa frangine est happée par une amie. Izario en profite pour continuer les petites courses dont il a besoin. Ils avaient pris la décision de faire ça ensemble pour parler un peu, se retrouver loin de la tension familiale, mais elle y est tout de même dans les conversations. Izario essaie de s’éloigner de tout ça en menant une vie bien plus simple, plus divertissante que ce pour quoi il était destiné à la base. Il traîne son panier à roulettes derrière lui, jusqu’au rayon d’alcool où son attention se pose directement sur une jeune femme, blonde, qu’il reconnaît sans aucun mal. Il embarque une bouteille de despe, pour les filles, elles aiment bien ça, puis attrape celle de vodka que tient Maona dans ses mains. « Je croyais que tu ne devais pas boire ? » lui fait-il remarquer, sur un ton léger. « Celle-ci est pour moi du coup. On en fera bon usage à ta place, t’en fais donc pas. Comment ça se passe depuis la dernière fois ? » Izario pose sa bouteille dans son panier et attend patiemment la réponse, même s’il a une sensation étrange en la regardant. Elle semble être… différente. Oui, c’est ça.

tu la regardes, encore et encore cette bouteille et ce, jusqu'à ce qu'elle disparaisse. tu la vois disparaître et atterrir dans les mains d'un type. tu le regardes, il est jeune, il doit avec un peu plus de vingt- cinq ans, quelque chose dans cette tranche là. tu échappes un léger cri de surprise devant son geste. « Je croyais que tu ne devais pas boire ? » qu'il te sort. de un, il te tutoie, et de deux ... de deux, il pense savoir que tu ne dois pas boire. c'est étrange tout ça, tu ne comprends pas. D'abord, il y a eu Margaux, qui ne voulait pas que tu bois plus d'un verre et maintenant lui. tu le connais ? « Celle-ci est pour moi du coup. On en fera bon usage à ta place, t’en fais donc pas. Comment ça se passe depuis la dernière fois ? » tu le regardes, ok, tu dois donc le connaître, sauf que tu n'as aucune idée d'où il sort. « je .. je suis désolée mais je ne vous .. tu ? je ne sais pas qui tu es. » que tu reprends, sur une voix hésitante, tu restes là, bloquée devant lui, t'essaies vainement de faire marcher ta tête, tes souvenirs, mais rien ne revient, absolument rien, tu ne peux rien dire. « pourquoi est-ce que je ne dois pas boire au juste ? » que tu reprends, perdant doucement le fil de ta pensée. « qu'est-ce que je t'ai dis sur moi ? je ... attends non, ne me dis rien surtout j'ai ... j'ai eu un accident j'ai perdu ma mémoire alors ... tu ne dois rien me dire surtout. » tu as peur, qu'il te dévoile quelque chose, tu ne veux pas savoir, rien. tu penses à Eneko, lui non plus, ne veut pas que tu saches.