la chaleur de l'été (Siëlio)

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tu te regardes une dernière fois dans le miroir. le bleu sur ton arcade a totalement disparu. en apparence. le font de teint a su effacer cette trace de violence que ton mari, Aaron, a fait preuve il y a deux jours. il était sous tension, comme souvent en ce moment, et tu n'avais pas vraiment le droit de dire quoique ce soit. tu respires un bon coup avant de sortir de la maison. il n'est pas là, non, il n'est pas là, alors tu vas en profiter pour aller courir, faire un petit jogging. tu es habillée comme si c'était l'hiver, tu as ce manche longue qui te colle à la peau, et ce pantalon qui aurait pu se transformer en short. oui, il aurait pu si tu étais assurée de ne croiser personne. seulement, ce n'est pas le cas, tu peux croiser n'importe qui en courant sur la plage alors tu préfères prévoir. tant pis pour la chaleur, il faut avant tout que tu caches cette honte, ces traces. tu ne peux pas les dévoiler, les questions deviendraient gênantes, tu ne peux pas en parler, tu n'en as pas le droit, tu sais que ça sera bien pire après, si tu oses le dévoiler. alors tu restes ainsi, tu lasses tes chaussures et tu t'en vas en courant vers la plage. tu n'habites pas très loin de cette dernière alors en quelques minutes tu te retrouves à fouler. tu cours, à t'en démener et c'est au bout d'un petit quart d'heure que tu croises une silhouette familière. tu souris à pleine dent, parce que tu es réellement heureuse de le croiser. Soëlio. il est plus jeune que toi, beaucoup plus jeune, à son âge tu étais encore heureuse, à son âge, tu ne vivais pas encore cet enfer. l'espagnol est tout ce qui'l y a de plus agréable, il est souriant et paisible. il ne pose pas trop de questions, il ne se dévoile pas non plus, il reste discret et tu l'apprécies. il n'est pas rare que vous vous croisiez dans quelques soirées, ça reste toujours un bonheur même si tu ne vas pas réellement vers lui dans ces occasions. tu sais que ton mari pourrait le prendre bien trop mal. alors tu viens t'approcher de lui avec ce sourire sur les lèvres. « Soëlio ! » que tu l'accostes en t'arrêtant, tu te permets de reprendre ton souffle doucement avant de lever tes bras vers le ciel afin d'étirer ton dos. tu ne fais pas attention que dans ton geste, ton haut se relève légèrement et laisse entrevoir une de ces traces bleutées. « tu vas bien ? »

La chaleur de l'été

La reposant dans son lit, il l'embrasse sur le front avec tendresse avant de sortir de sa chambre sans faire de bruit. Elena. La belle s'était endormie devant le dessin-animé qu'ils avaient choisis de regarder la veille. Enjôlée dans les bras de Morphée aussi rapidement que Soëlio, ils avaient regardés seulement les dix premières minutes de La Belle et le Clochard. Pourtant, ils n'étaient pas fatigués. Ce week-end pluvieux, ils l'avaient passés à ne rien faire. Lire, regarder des dvd, se prendre des cuites au vin rouge, … Des activités futiles qui occupent les mauvais jours, jusqu'au retour du beau temps. Ce qui est le cas aujourd'hui. Le soleil a enfin reprit possession du ciel, chassant de celui-ci les mauvais nuages qui ont ruinés sa fin de semaine. Parce que Soël il n'aime pas ne rien faire. Il a besoin d'être actif, de s'occuper le corps autant que l'esprit. C'est comme ça depuis la mort de son collègue. S'occuper est la seule échappatoire à sa culpabilité. Puisque la météo s'y prête, il prend un petit déjeuner vitaminé et enfile un jogging propre pour aller courir. La plage. Aucun cadre ne se prête mieux à la course que l'étendue de sable qui sépare l'océan de la ville. Courir au cœur de Biarritz n'est pas dans les habitudes du grand brun. Le regard des autres, leur curiosité, ça l'énerve. Il n'aime pas se faire remarquer. La discrétion, il n'y a que ça de vrai. Alors courir sur l'immense espace se trouvant en contrebas de sa maison est, pour lui, la meilleure solution.

Essoufflé par son sprint, il s'arrête pour reprendre sa respiration. D'un mouvement fluide, il enlève son t-shirt et s'allonge au sol pour coller sa peau brûlante au sable frais. Il compte dans sa tête, les yeux clos, pour réguler son souffle et retrouver un rythme cardiaque normal. Qui a dit que le yoga ne servait à rien ? Après plusieurs minutes de concentration, il se relève comme si de rien n'était et s'étire à en faire craquer ses articulations. « Soëlio ! » on l'interpelle. Il se retourne, surprit. La femme termine sa course au même point que le bel hispanique, reprenant son souffle tout comme lui auparavant. « Bonjour Sina. » la salut-il avec un sourire discret. Sourire, c'est pas son truc. Révéler ses sentiments ou dire ce qu'il pense non plus. Mais un œil aguerrit peut remarquer ces petites expressions qui trahissent l'affection qu'il peut avoir pour une personne. Et cette jeune femme, il l'apprécie particulièrement. Elle est brillante, altruiste et intéressante, ce qui n'est pas le cas de toutes les connaissances du jeune homme. « Tu vas bien ? » demande-t-elle en suivant ses étirements. Il répond « Hyperactif. Et toi ? » en plaisantant sur son envie de se vider de son surplus d'énergie. Mais son regard dérive au même instant sur la marque qui colore le bas du ventre de la trentenaire. La couleur de cette trace lui fait froncer ses épais sourcils. « Tu t'es fait mal ? » demande-t-il franchement en désignant le bleu devenu presque noir. Mais ce n'est pas la première fois qu'il voit une blessure pareil se découvrir en partie sur la peau de Sina, ce qui le pousse à se poser des questions.

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« Bonjour Sina. » qu'il prononce avec un sourire presque imperceptible mais tu es observatrice, tu as le temps, de regarder, d'observer et tu sais que Soëlio est de ceux qui ne parlent pas beaucoup. un peu comme toi d'ailleurs. il est de ceux qui ne montrent pas leur sentiment, tu l'as vu, la première fois que tu l'as rencontré. toi, tu évites de les montrer même si des fois, tu es dans l'impossibilité de le faire. tu restes cette personne sensible qui n'a que très peu de carapace. non, cette dernière a été bien trop abîmée et n'est plus que quelques morceaux éparpillés maintenant. « Hyperactif. Et toi ? » c'est ça, énergique, hyperactif, vous êtes tous les deux là pour vous dépenser, pour prendre le temps d'extérioriser l'énergie que vous pouvez avoir en trop. toi, ça te défoule, ça te permet de te défouler pour ne pas craquer. tu vas pour répondre mais tu n'en as pas le temps qu'il t'interpelle. « Tu t'es fait mal ? » qu'il te questionne. tu suis la direction de son doigt et tu tombes nez à nez avec un bleu. tu rabats tes bras, immédiatement et tu remets en place ton haut. tu es gênée, tu es plus que gênée alors tu évites déjà le regard du jeune homme. « je me suis cognez contre le plan de travail la dernière fois. » que tu mens, sauf que tu n'es pas la meilleure des menteuses, surtout quand tu es prise au dépourvu de cette manière alors tu essaies de te calmer, de respirer un bon coup. « mais ça va, je suis d'humeur énergique et je suis plutôt maladroite comme tu peux le constater. puis, je marque facilement, je sais que ça à l'air impressionnant. » tu tentes, de le rassurer comme tu peux. tu marques facilement ... ou pas. ce bleu là, c'est quand il t'a donné un coup de pied alors que tu étais par terre et qu'il te demandait de te relever. tu t'en souviens, c'était la semaine dernière. ce bleu n'était pas très beau à voir, tout ton corps n'était pas beau à voir quelque part. tu ne comprenais d'ailleurs pas comment ton mari osait encore passer par la case devoirs conjugales. ton corps ne ressemble plus à rien, les égratignures y sont nombreuses sans oublier les cicatrices qui se forment un peu partout.

La chaleur de l'été

Le fait de pointer la marque colorer fait réagir immédiatement Sina qui se dépêche de tirer sur son haut pour la dissimuler. Étonné par sa réaction, Soël fronce un peu plus les sourcils face à la peur qu'elle essaie de dissimuler vainement. « Je me suis cognée contre le plan de travail la dernière fois. » prétexte-t-elle sans parvenir à le convaincre. Il n'en croit pas un mot mais n'essaie pas de la forcer à dire la vérité, même quand elle s'enfonce un peu plus en se prétextant très maladroite. Elle a l'air en forme malgré tout, c'est ce qui compte. Mais la jeune femme l'inquiète malgré tout. Quelque chose ne va pas. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure. « Tant mieux si tu as de l'énergie à revendre. On court jusqu'au bout de la plage ? Ça fait un moment qu'on ne l'a pas fait. » propose-t-il en essayant de changer de sujet. Elle ne veut pas en parler, il ne va pas la forcer. « Le dernier arrivé invite l'autre à prendre un café ! » s'exclame-t-il avec plus d'enthousiasme en détallant comme un lapin en direction de la digue opposée. Au vu du malaise qui s'est installé à cause de la question du petit curieux, mieux vaut s'occuper l'esprit pour oublier ce petit dérapage.

Les coquillages craquent entre le sable et sa semelle. Le vent souffle, agitant ses cheveux ébouriffés de la même manière que les vagues de l'océan. Soëlio profite de cet air marin et réduit sa vitesse pour courir à côté de la brunette qui est partie un peu après lui. « Bah alors, elle est passée où ton énergie débordante ? » plaisante-t-il en accélérant un peu sans trop la distancer. Laisser le suspens sur la fin de cette mini compétition la rend encore plus intéressante.