a little less lonely (catam)

T'as pas beaucoup dormi cette nuit. En général en fait, tu dors assez peu. Tu es plutôt énergique, tu tiens pas sur place, t'as toujours besoin de faire quelque chose, et depuis l'adolescence, il y en toi cette idée étrange que si tu dors trop longtemps, tu vas louper quelque chose, une occasion, une idée, une aventure. Alors tu dors le quota minimum, des fois un peu moins, rarement plus. Tu pourrais en être fatiguée, surtout quand tu passes tes soirées au Caveau à courir dans la salle pour servir tout le monde, à être debout pendant des heures avec qu'une courte pause entre. Mais t'as bien trop d'énergie en toi pour ça. Du coup, t'es réveillée depuis onze heures, quelque chose comme ça, et tu penses à cette journée. Qu'est-ce que tu pourrais bien faire ? Tout le monde est occupé, tu t'en doutes bien. Tu vis surtout la nuit toi, parce que c'est ton travail qui te le demande, à l'opposé de la plupart des gens. T'as toujours été assez en marge, alors ça te dérange pas. Mais quand tu vois ce soleil, que t'entends ces oiseaux qui chantent, tu sais que tu ne resteras pas à l'appartement aujourd'hui, c'est hors de question. Tu te fais un chignons pour être plus à l'aise et t'enfile une robe assez courte en jean, façon salopette, avec un t-shirt jaune et des baskets. On dirait que tu sors des années 90, et t'aimes bien. Tu prends ton sac à main, avec tout ce dont tu as besoin, dont ton carnets de notes, et tu files. T'aimes bien marcher dans les rues de Biarritz, tu sais que quoi tu fasses, où que tu ailles, tu trouveras un endroit où t'installer. La terrasse est ouverte à la pâtisserie Miremont, et tu souris. Les salons de thé comme ça, c'est ton dada. Tu t'installes, tu commandes une douceur, et tu sors ton carnet; L'inspiration te vient rapidement, alors que tu modifies une ancienne chanson. T'es rarement satisfaite de ce que t'écris au premier jet. Ce serait prétentieux de l'être. Ta gourmandise et ta boisson arrive. Tu souris à la serveuse, avant de te tourner vers une jeune femme seule, qui se trouve juste à côté. "Vous n'auriez pas un mot qui rimerait avec sculpture ?" Tu souris. T'es restée trop longtemps sans parler ça te mande. Et en plus, t'as du mal avec cette rime. De toute manière, t'as pas besoin de beaucoup pour entamer une conversation, c'est ta façon d'être.

tu décides rapidement d'aller prendre quelque chose à manger dans cette pâtisserie. elle est grande, plutôt prestigieuse, mais surtout et avant tout, ils ont des religieuses tellement appétissante que tu pourrais donner ton âme au diable. alors tu y vas, tu demandes deux religieuses, légèrement gourmande sur les bords. tu t'installes finalement dans un coin, pour prendre le temps, alors tu finis par demander un café. tu rêvasses, tu laisses le temps passer. lentement, tu restes là jusqu'à ce que tu entendes une voix. "Vous n'auriez pas un mot qui rimerait avec sculpture ?" tu tournes ta tête lentement et tu regardes la brune. tu lui souris, doucement et tu te mets à réfléchis à sa question. « devanture ? aventure ?» que tu proposes presque immédiatement avant de tendre ta main vers la demoiselle brune. « je suis anam, enchantée. » tu te montres polie, parce qu'elle semble accueillante, même agréable. t'as envie de lui parler alors tu ne te gêne pas non. tu te présentes, sagement et tu attends qu'elle en fasse de même. tu ne t'en rends pas compte mais tu laisses même ton corps se tourner, se déplacer, dans ce sens, dans son sens, comme pour lui faire face, comme pour l'accueillir à ta table quelque part. elle a un beau sourire, un beau visage et ne te semble pas mériter que tu l'ignores, tu ignores rarement les gens en même temps.

Bien souvent, tu oublies que tout le monde n'a pas la parole facile, et le caractère aussi sociable que le tien. Tu ne voudrais pas déranger les autres, bien au contraire. Mais t'as aussi beaucoup de mal à te faire toute petite, et silencieuse, et discrète. T'es plutôt du genre prépondérante, à être remarquée, même si tu ne t'en rends pas forcément compte. Tu n'es du genre à vouloir attirer l'attention pour flatter ton égo, t'es plutôt du genre à attirer le regard des autres parce que t'es lumineuse. T'es soulagée quand la jeune femme que tu as dérangé en plein moment de gourmandise te répond. "Uhm, aventure c'est bien oui." Tu réfléchies quelques secondes avant d'approuver ce choix, d'un hochement de tête. Sans attendre, l'inspiration te vient, et t'écris cette phrase sur laquelle tu bloquais en incorporant à la fin de cette dernière, le mot aventure. Tu souris alors, fière de toi, et de ce travail d'équipe avec une inconnue. Inconnue qui ne l'est plus pour bien longtemps, puis-ce que sans hésitation, elle se tourne vers toi, et se présente. T'es contente d'avoir fait plus bonne impression que mauvaise. "C'est jolie, ça vient d'où ?" Tu t'exclames alors, en positionnant ton crayon dans ton carnet, et de refermer ce dernier, pour accorder toute l'attention qui se doit à la jeune femme. T'as un peu envie de rêver avec ses origines, comme des fois, tu t'amuses à rêver des tiennes, que tu connaîtras jamais. "Catherine enchantée, vous pouvez m'appeler Cat." Le prénom, le surnom, toi, tout te convient. Tu lui offres alors ton plus beau sourire en croisant les jambes vers elle. Il n'y a sûrement rien que tu apprécies plus, que de pouvoir faire de nouvelles rencontres, comme ça, alors que tu n'étais pas spécialement partie pour le faire. Les joies de la vie.

"Uhm, aventure c'est bien oui." que te dis la jeune femme, tu souris, tu hoches la tête, tu ne sais pas ce qu'elle fait, ce qu'elle prépare, tu te demandes, doucement, ce qu'elle est en train de manigancer avec ses rimes. de l'écriture ? une chanson ? de la poésie ? tu n'en sais pas grand chose tu te demandes, oui, mais tu n'oses pas le lui demander alors tu ne dis rie, avec cette pointe de curiosité dans le regard. "C'est jolie, ça vient d'où ?" qu'elle te demande finalement quand tu te présentes. tu souris, doucement. « c'est pakistanais. » que tu lui expliques, dévoilant ainsi tes origines sans gênes, oui tu es pakistanaise quelque part, même si tu n'as aucun papier, rien. qu'une petite carte de séjour pour vivre, ici, en France, en toute légalité, c'est tout ce que tu possèdes. "Catherine enchantée, vous pouvez m'appeler Cat" qu'elle se présente ensuite et tu souris, doucement en hochant la tête. « enchanté Cat, alors ... dans ce cas, qu'est-ce que vous êtes en train de faire avec des rimes, je suis bien curieuse de savoir ce que vous êtes en train d'écrire. » ce n'est pas de ta faute si tu es totalement curieuse des nouvelles rencontres, tu n'as pas peur des nouvelles rencontres, bien sûr que non. tu n'as pas peur de grand chose, à par l'abandon alors tu ne t'attache pas, tu fais en sorte, de ne pas t'attacher, comme tu peux, et tu réussis, tant bien que mal.