(Eda) Une ressemblance frappante

Leo est partie, avec un simple mot. Loeiz n’en revient pas. Un simple « désolée » est posé sur la table. Il le relit une fois, deux… Et il finit par appeler sa petite amie pour savoir ce qui se passe, pour qu’elle lui explique ce que veut dire ce petit mot. Aucune réponse. Il tombe directement sur son répondeur et ne laisse aucun message et rappelle une autre fois. C’est exactement le même schéma. Une petite boule s’installe au creux de son estomac alors qu’il commence à comprendre. Il se rappelle la première fois qu’elle est partie, elle ne lui avait rien laissé cette fois-là. Aucune nouvelle, comme ici. Il avait fallu qu’il trouve les réponses lui-même et cette fois-ci, il ne mettra pas quelques semaines. Elle s’est barrée, tout simplement. Elle lui a fait la promesse de ne pas recommencer et elle a reproduit le même schéma. Loeiz lâche un rire tant il se sent idiot. Il passe sa main sur son visage, sur sa nuque et roule en boule le papier encré qu’il jette dans la poubelle de la cuisine. Il est vert. Il lui a confié des choses, il s’est reposé sur elle lorsque June est partie et elle le lâche, maintenant, à un moment où il en a besoin, sans doute parce que les obstacles lui font peur, ou parce qu’elle n’était pas habituée à le voir comme ça, qu’elle avait besoin de retrouver un Loeiz plus sûr de lui, il n’en sait trop rien. Tout ce qu’il voit, ce sont les faits : Leopoldine a pris la tangente. Et là, le seul mot qui lui vient à l’esprit pour la définir, c’est : Garce. Ce qu’elle représente. Les femmes, il ne faut pas leur faire confiance. Il le savait, mais il a tout de même plongé la tête baissée, comme s’il était certain que cette fois-ci, ça allait le faire. Il avait tort de lui donner une nouvelle chance. Pour une fois qu’il s’engage dans une relation sérieuse… Ca lui fait mal. Pas autant que la perte de June, qui elle le respectait plus que n’importe qui, mais c’est douloureux, tout de même. Il l’aimait cette petite tête blonde. Il a toujours des sentiments pour elle, mais il se refuse d’y penser, de l’admettre, convaincu qu’elle ne mérite pas qu’il se mette minable pour quelqu’un qui n’a aucun scrupule à disparaître dans la nature sans même le lui dire par la parole. Loeiz resserre ses doigts sur ses clés puis sort de l’appartement avec une bouteille de Jack dans sa main, dévale les escaliers jusqu’à sortir. C’est de ça dont il a besoin, d’air frais. Alors il marche, il boit de longues gorgées sans faire attention aux gens qu’il croise. Ils n’ont aucune importance. Ses pas l’amènent jusqu’à la plage du coin, sur le sable et alors qu’il continue son chemin, il s’arrête d’un coup, droit comme un piquet, la tête légèrement penchée sur le côté. Il plante son regard sur elle. Sur June. C’est peut-être à cause de l’alcool, mais… Il la voit pourtant, avec ses cheveux qui volent. Et ses larmes lui montent aux yeux, alors qu’il s’approche de cette fille. Il lâche la bouteille sur le sable et l’entoure de ses bras, enfouit son visage au creux de son cou, respirant son odeur. Il a besoin d’elle, de June. Il ne veut pas la voir partir, il ne l’accepte pas, alors cette ressemblance frappante avec son amie lui suffit. Il se raccroche à ce qu’il peut.

Pour ne pas changer, tu traînes sur la plage, parce que c'est calme, parce que c'est beau. alors aujourd'hui, tu marches, sans t'arrêter, tu divagues, tu t'arrêtes de temps en temps pour ramasser quelques coquillages, tu joues avec, tu les fais danser dans la paume de ta main avant de les relâcher sur la plage et de continuer ton périple. tu ne sais pas ce que tu vas faire aujourd'hui non, tu ne sais pas ce que tu dois faire non plus. tu aimerais trouver un boulot, pour t'occuper, pour gagner quelques pièces mais ça semble bien compliqué de te faire une place dans cette jungle. t'avances encore quand tu sens que tu ne peux plus. tu vois deux bras t'attraper, t'entourer; tu sens que tu ne peux plus avancer, ni reculer, tu te retrouves bloquée; la première chose que tu sens, c'est cette forte odeur d'alcool qui te prend, qui te donne la nausée, tu te débats alors, surprise et paniquée. qu'est-ce qu'il se passe ? lâchez-moi .. lâchez-moi .. que tu répètes. et si c'était eux ? et si c'était ceux que tu fuis qui t'ont simplement rattrapé ? non, tu as peur, tellement peur alors tu lâches prise, tu lâches tes jambes qui se veulent lourdes, qui veulent s'écraser contre le sol seulement rien ne vient non. il te tient si fort que tu n'en tombes pas. s'il vous plaît ... lâchez-moi ! que tu tentes de dire plus fort cette fois, que tu tentes de te faire comprendre. tu voulais juste être paisible, là, tu es encerclée par deux gros bras qui t'empêche de te défaire. j'étais obligée .. obligée de partir, s'il vous plaît ... laissez moi tranquille .. que tu tentes finalement, en te confiant sans même avoir que cet homme ne te veut au final, aucun mal non. absolument pas.

Un instant, il pense l’avoir retrouvée, alors il ne la lâche pas, même quand elle se débat. Il ne pense rien d’autre qu’à cette sensation de mauvais rêve qui prend fin, mais il n’en est rien et quand elle prend la parole, Loeiz percute. Il peine à relâcher son étreinte, mais il le fait, en ravalant ses larmes, sa fierté aussi de se montrer aussi minable. Il fait un pas en arrière, la détaille. Non, ce n’est pas June. Elle est plus jeune qu’elle, elle semble apeurée aussi. June n’aurait jamais eu peur de lui, elle l’aurait pris dans ses bras. Cette fille lui ressemble pourtant et ça lui fait mal, cette ressemblance. « Tu lui ressembles. » Tellement. Il se penche vers sa bouteille qu’il reprend, boit au goulot une longue gorgée, parce qu’il en a besoin. Il faut qu’il se vide la tête, qu’il oublie et il n’a trouvé que ça. Frapper sur les murs, ça ne marche pas. Il n’a pas mal, il ne sait pas ce que c’est la douleur physique. Il a mal qu’au cœur, lui et c’est le plus douloureux. « C’est quoi ton nom ? » demande Loeiz, en se laissant tomber sur le sable. Il ne tient plus sur ses jambes, mais il a la force de tendre le bras vers la fille et attraper sa cheville. « Reste. » Il ne la connait pas, il devrait la laisser s’en aller et elle en a peut-être envie, mais il aime l’effet qu’elle lui procure. Elle lui fait mal, en même temps que de lui faire du bien. Dans ses yeux, il a l’impression de voir June, alors il en profite autant qu’il peut. Loeiz n’est plus qu’une épave qui n’a plus envie de rien, qui n’arrive pas à trouver une bonne raison de se lever le matin. Il a tout perdu. Et elle, elle lui donne un faux espoir.

l'homme finit quand même par te lâcher et il s'écarte. il récupère une bouteille, à l'odeur tu en déduis rapidement que c'est de l'alcool, et il boit encore et encore avant de tomber au sol. tu le regardes faire, sans bouger, tu as peur de bouger, d'un seul coup. « Tu lui ressembles. » qu'il continue et toi, tu ne comprend pas de qui il peut bien parler. tu ressembles à qui au juste ? « C’est quoi ton nom ? » qu'il enchaîne rapidement, ton nom ? non, tu ne veux pas donner ton nom, cet homme te fait peur alors tu ne veux pas non. tu le regardes faire alors qu'il attrape rapidement ta cheville. « Reste. » qu'il te demande, qu'il te supplie presque là, d'en vas. tu fonds, t'es trop sensible, t'es trop naïve, alors tu te laisses tomber sur le sol à ton tour. tu arrives à récupérer ta cheville, rapidement, et tu tends ta main pour la poser sur son avant-bras. je .. je m'appelle Eda, et .. je ne sais pas qui vous êtes mais ... est-ce que je peux vous aider ? vous n'avez pas l'air d'aller bien .. tu commences doucement en amenant ta main vers la bouteille d'alcool qu'il tient un peu trop fermement. tu poses ta main dessus à ton tour et tu captes son regard. je veux bien rester si vous me donnez cette bouteille. seulement si vous me la donnez. d'accord ? et peut-être que .. que vous pourriez me donner votre prénom aussi ? tu tentes, de le canaliser, tu tentes de comprendre ce que te veut cette personne qui t'est totalement inconnu. tu le dévisages, il ne te dit rien non.