KIERA + (safe place)

• j'ai de nouveau de la poudre. je ne sais pas combien de temps je tiendrais avec ça. je me suis rendue compte que les estimations c'était pas pour moi. je regarde la seringue, vide pour le moment, je la fais rouler entre mes doigts. je pourrais arrêter. je devrais arrêter, c'est ce que tout le monde -ou presque me dit-. que je vis droit dans le mur, que ça va finir par me tuer. ouais, probablement. je suis pas suicidaire, et la mort c'est un truc qui me fait peur, comme tout le monde. c'est juste que j'ai peur de souffrir aussi. j'aime pas le manque, j'aime pas me sentir vulnérable comme ça. et puis au moins, l'héroïne c'est quelque chose de régulier, comme un métronome. fix, montée, vol, descente, manque. et ainsi de suite. toujours la même chose. alors je regarde cette seringue, tandis que je commence à sentir le manque apparaître, lentement, se glissant insidieusement en moi. mon corps réclame cette drogue. je place l'aiguille, le filtre, et je récupère ma cuillère à café. j'y verse la poudre, quelque gouttes de citron, et je fais chauffer le tout à la flamme de mon briquet. je la regarde danser, et je regarde le mélange fondre doucement, avec envie. je veux la belle hélène dans mes veines, je veux me sentir bien, je veux avoir l'impression de retrouver mes repères. e veux avoir l'impression d'être autre chose que juste une pauvre camée qui ne sait pas où elle va. je verse le fix dans le filtre. tout est prêt. je fais mon garrot. je prends la seringue. j'approche l'aiguille.
• et on sonne à la porte. et merde. je peux même pas envoyer quelqu'un aller ouvrir, je suis toute seule. j'aime pas tellement me piquer en sachant qu'ils sont tous là et qu'ils peuvent entrer à tout moment. des fois, je n'ai pas le choix, tout simplement. je me lève, laissant le sachet sur le lit et la seringue sur la table de chevet. le lacet qui me sert de garrot -impossible de remettre la main sur le mien- toujours autour du bras, je me décide à aller ouvrir. j'ai une sale gueule, certainement. je suis maquillée, très sommairement, mais je commence sérieusement à être en manque. alors, je ne suis pas en état de me payer des démarcheurs. j'ouvre la porte sèchement, prête à les envoyer se faire foutre. et là, je vois kiera. kiera qui est dans un sale état. je distingue pas mal de bleus, et son maquillage a certainement coulé. je me détends soudainement. « vas-y, entre. » je ne lui demande pas ce qui lui est arrivé. de un, parce que ça se fait pas de laisser quelqu'un qui a besoin de nous sur le pas de la porte, et de deux, parce que j'ai une dose qui m'attend. je lui fais signe de me suivre, et je la fais entrer dans ma chambre. je range un peu ce qui traîne sur le lit. « ça t'embête si je... ? » je n'ai pas envie de la choquer, en me piquant devant elle. et puis, j'ai un minimum de pudeur. j'en suis pas a point où je pourrais me shooter dans la rue, comme ça. non. je fais déjà plus ça uniquement dans la salle de bain, au-dessus du lavabo, mais j'en suis pas encore à ce stade-là. je me détourne un peu, et je plante l'aiguille dans la veine, à la saignée du coude. et j'appuie sur le piston. flash. tout me paraît soudainement plus lumineux, ma vision se distord un peu. et surtout, j'ai cette agréable sensation de chaleur qui parcourt mon corps tout entier. je ferme les yeux, un sourire un peu béat sur les lèvres. il me faut plusieurs minutes pour revenir à la réalité. « qu'est-ce qui t'amène ? »

tu boîtes, tu marches pas droit, tu souffres mais tu ne le montres pas, tu sens déjà les bleus qui se forment sur tout ton corps. ça fait mal, mais tu marches, la tête droite. tu peux pas rentrer non, tu ne peux pas retourner chez toi, chez eux, chez tazio. s'il te voit dans cet état ... non, jamais tu ne peux pas, t'as avant tout besoin de soin, énormément de soin. alors c'est ce que tu vas faire. te soigner, tu sais où tu vas aller, tu sais où est-ce que la porte ne sera pas fermer. chez Sio. la droguée, oui, peut-être, mais t'es qui pour la juger ? toi, t'es la pute, alors finalement, vous allez bien ensemble. tu marches, comme tu peux, t'arrives chez elle, tu frappes, elle arrive, rapidement, tu sembles la déranger, elle te sourit, pourtant, alors tu fais de même. « vas-y, entre. » qu'elle te souffle, et tu entres, tu entres chez elle, et tu la suis simplement, à travers son appartement. elle s'installe sur son lit, tu la suis, tu t'y installes aussi alors qu'elle sort son attirail. bien sûr que tu connais tout ça, mais t'as jamais testé non, c'est pas ton truc, c'est pas ton genre, toi, c'est la baise, c'est autre chose, et puis toi, tu ne ne payes pas, tu te fais payer. « ça t'embête si je... ? » tu secoues simplement la tête pour lui signifier que non et tu la regardes faire, tu gardes le silence, quelques secondes, quelques minutes le temps qu'elle revienne dans le monde réel, ou tout du moins qu'elle reste parmi les vivants, dans ce monde étrange. « qu'est-ce qui t'amène ? » tu hausses les épaules, tu grimaces sous l'effet. « de soins, d'une douche, j'ai besoin de cacher tout ça. » que tu dis en montrant ton corps abîmé et alors sans gêne tu retires ton haut en te levant. tu n'as pas honte, t'es pas pudique, t'es abîmée de partout. ton client, c'était un sauvage, un barbare, il avait la main lourde et voilà le résultat. « je peux prendre une douche ? » effacer les traces, effacer les maux qui te surplombent, juste effacer ce qui fait que tu t'es perdue ce soir, que t'as pas su dire non, ou stop, parce que tu ne l'as jamais fait et sûrement que tu ne le feras jamais. « et t'emprunter des vêtements ? je te filerai du fric si tu veux .. si je rentre dans cet état ... tazio il va .. il va s'énerver et je veux pas qu'il s'énerve. »

• je suis complètement en train de planer, j'ai cette sensation de paix totale. j'ai l'impression d'être normale, d'être quelqu'un, d'être plus qu'une simple junkie qui vient de se faire son fix. c'est agréable. elle m'explique pourquoi elle est venue me voir. de quoi elle a besoin. et puis elle se relève, et elle enlève son haut. c'est vrai qu'elle est jolie, mais son corps est tellement blessé... je penche un peu la tête, et je fronce les sourcils. « ouais, attends, viens. je t'emmène. » elle marche pas droit, elle titube. et si je ne la connaissais pas je pourrais presque croire qu'elle est ivre. mais c'est pas le cas. je me demande qui a pu lui faire ça. en tout cas, elle peut rester là autant de temps qu'elle le veut. et si il vient la chercher, il sera bien reçu. elle a besoin de se reposer, la poupée. elle me demande si elle pourra m'emprunter des vêtements. on est aussi épaisses l'une que l'autre, et on fait à peu près la même taille. « j'en veux pas de ton fric. tu l'as assez durement gagné comme ça. ça me ferait chier que je passe dans de la came ce pourquoi tu as eu droit à ce traitement. » je suis peut-être une salope égoïste mais j'ai un minimum de valeurs et de principes. je sais, on dirait pas. je la laisse prendre sa douche, sans lui parler. je lui laisse un peu d'intimité, me tournant, pour fouiller dans l'armoire à pharmacie ce dont elle peut avoir besoin. je regarde si je n'ai pas de calmants pour la douleur. mais à part de l'héro', j'ai pas grand chose de bien efficace. je sors aussi du maquillage, le peu que j'ai, pour cacher les bleus si elle le veut. je me demande qui a bien pu lui faire ça. et surtout, pour quelle raison. je ne comprends pas quel plaisir on peut avoir à faire souffrir quelqu'un. je regarde tout ce que j'ai réuni sur le rebord du lavabo, et j'entortille une mèche de cheveux rouge autour de mon index. « tu veux aussi une brosse à dents et un dentifrice peut-être ? je sais pas, je propose. » j'attends qu'elle me réponde, et puis je pars dans la chambre. je fouille dans mes vêtements. quelque chose de simple, de confortable, et qui puisse aussi lui aller. lui correspondre. je veux pas lui refiler le premier truc qui passe. un jean bleu, simple, sobre, et pas trop slim. et un t-shirt ample. avec un sweat, si jamais elle en a besoin. et je reviens dans la salle d'eau. « tu veux te soigner seule, ou bien tu veux que je t'aide ? » je ne veux surtout pas la blesser dans sa fierté ou quoi que ce soit. « et si... si vraiment t'as trop mal, j'ai des calmants. mais ils sont pas très efficaces. sinon, j'ai l'héro'. jte fais pas une vraie dose, pas de quoi avoir un flash. un quart de dose, histoire juste d'atténuer la douleur. » je veux pas qu'elle plonge dans la drogue, je veux pas qu'elle soit accro. je veux juste l'aider.

« ouais, attends, viens. je t'emmène. » et tu la suis sagement, elle t'emmène dans sa salle de bain, tu te formalises pas, tu regardes pas, toi, tout ce que tu veux, c'est te laver. t'as tellement besoin d'une douche, là maintenant, te laver des maux qui occurrent ta vision, tu veux juste nettoyer la crasse qu'il a fait. t'as l'habitude oui, mais ce soir, c'était pas comme les autres soirs, t'en as conscience que ce soir, c'était compliqué, il t'a fait mal. il t'a vraiment fait mal alors que tu ne voulais pas. t'as pas dis non, tu sais pas dire non, alors tu t'es juste exécutée, tu t'es faite exécutée, plutôt. « j'en veux pas de ton fric. tu l'as assez durement gagné comme ça. ça me ferait chier que je passe dans de la came ce pourquoi tu as eu droit à ce traitement. » tu hoches la tête, tu hausses les épaules. « ça va. » que tu lui dis, convaincue par tes mots, oui bien sûr que tu vas bien, bien sûr que ça va bien sûr que t'es en forme. c'est passager, c'est physique, uniquement, ça te passera, certainement. finalement, tu retires le reste de tes vêtements, rapidement, tu les retires et tu les poses dans un coin de la pièce avant d'entrer dans la douche. l'eau chaude arrive rapidement et tu restes dessous un bon moment. ça brûle, ça te brûle, mais c'est ce qu'il te faut pour te détendre oui, pour accepter la situation aussi. pour juste te nettoyer, tu restes là, de longues minutes avant de couper l'eau pour prendre un gel douche et frotter, encore et encore. « tu veux aussi une brosse à dents et un dentifrice peut-être ? je sais pas, je propose. » qu'elle te demande. « si possible oui ! » que tu lui lances à travers la douche avant de terminer de te laver, sagement. quand tu sors, elle est là, tu lui souris, doucement, un doux sourire qui se colle sur tes lèvres. « tu veux te soigner seule, ou bien tu veux que je t'aide ? » qu'elle demande et toi tu secoue instinctivement la tête. « seule, j'ai l'habitude. » tu bouges, comme tu peux, ça te dire, de partout, ça fait mal, t'es encore endolorie, mais ça passera, dans deux trois jours, ça devrait aller mieux. tu retires la serviette et tu viens t'asseoir par terre, sans gêne par rapport à ta nudité. tu prends la crème et tu commences à en passer sur les hématomes qui débarquent sans prévenir. « et si... si vraiment t'as trop mal, j'ai des calmants. mais ils sont pas très efficaces. sinon, j'ai l'héro'. jte fais pas une vraie dose, pas de quoi avoir un flash. un quart de dose, histoire juste d'atténuer la douleur. » tu la regardes, t'hésite. une fois. deux fois. tu hoches finalement la tête. « j'en veux bien un peu ... mais j'te file du fric alors. » que tu reprends, tu sais que cette dope là, ça coûte un max, tu sais que c'est cher et qu'elle doit certainement y passer beaucoup de fric, tu veux pas lui voler, lui prendre. t'as du fric, t'en as gagné, dans ton sac alors tu lui en fileras pour ça. « je te laisse faire, par contre, je ... j'ai jamais fais ça. » tu lui annonces. t'en as fait des choses, mais ça, non.

• elle me dit que ça va, mais j'en crois pas un mot. je me suis déjà mise dans des états impossibles, que ce soit à cause de la drogue ou de l'alcool, je me suis déjà battue, mais j'ai jamais eu droit à ce genre de traitements. et je suis pas du genre résistante à la douleur, malgré ce qu'on peut croire. gamine, je chouinais dès que je me cognais un peu trop fort. alors je n'ose même pas imaginer à quel point ça doit faire mal. mais je ne peux rien dire. je n'ai pas le droit de dire quoi que ce soit. si elle a besoin de s'en convaincre, si c'est sa manière de réduire la douleur, je n'ai pas le droit de lui retirer ça. alors je fais ce que j'ai à faire. elle veut se soigner seule aussi, et je hoche la tête, tout en restant attentive. au maximum, parce que je plane, parce que je me sens bien, parce que je suis un peu ensuquée aussi, à cause de la drogue. shootée, c'est le mot exact. si jamais je vois et je comprends qu'elle a mal, de bouger comme ça, je le ferais. et puis, pour éviter qu'elle souffre trop, je lui fais cette proposition. qu'elle accepte. je me mordille la lèvre. c'est bien ce qu'il me semblait. c'est loin d'aller aussi bien qu'elle ne me le disait tout à l'heure. mais je ne relève pas. elle précise que pour ça elle me donnera du fric. « oui-oui. » que je lui réponds. le genre de truc qui dit, cause toujours, tu m'intéresses. son fric elle mérite de le garder pour elle. pour se faire plaisir. je sais qu'elle aime les bouquins, qu'elle aime lire, autant qu'elle s'achète des livres, ou une robe sur laquelle elle aurait pu flasher, qu'elle pourra mettre quand elle ne tapine pas. je vais chercher le pochon, que j'avais rangé. et je la laisse un instant. je prends une cuillère propre à la cuisine, que je passe rapidement sous l'eau et que je sèche avec application. je coupe un citron en deux. elle m'a dit qu'elle ne savait pas comment on faisait. c'est pas un souci. je préfère ça, même. je la rejoins à la salle de bains, et je fouille de nouveau dans l'armoire à pharmacie. je prends une seringue propre, encore dans son carton, une nouvelle aiguille stérile, et un filtre. je veux faire les choses comme il faut. je fais chauffer le mélange, lentement, de sorte à ce qu'il y aie le moins d'impuretés possibles. « en passant dans le corps, l'héroïne est transformée en morphine. c'est pour ça que ceux qui ont pas les moyens de s'acheter de l'héro' réduisent en poudre des médocs à base de dérivés de morphine. mais ça a plein d'effets secondaires dégueulasses. » ça fait pas beaucoup de liquide, je n'ai pas l'habitude de voir la seringue aussi peu remplie. je la pose sur le rebord du lavabo. « par contre, j'ai perdu mon garrot, on va devoir faire autrement. » ses veines ne sont pas détruites, alors un lacet ne suffira pas à les faire ressortir. je vais à la chambre, et je trouve une ceinture, puis je reviens. « donne-moi ton bras. je vais te le faire à la saignée du coude. c'est là où c'est le plus simple. ça peut gratter ensuite, c'est normal. et... si tu pouvais éviter d'en parler à tazio, ça m'arrangerait. »

« oui-oui. » toi, tu l’entends comme un non non, sauf que non, tu ne peux pas lui prendre sa dope sans lui donner un peu de fric, ça serait totalement déplacé. T’es pas une opportuniste, tu payes pour avoir ce que tu as, tu ne profites pas, tu ne veux pas profiter de sa gentillesse à la belle sio. Non, jamais. Tu la regardes faire, tu la regardes bougeais de partout. Elle bouge, encore et encore, elle se trimballe, sort des tas de choses, pour finalement sortir une seringue. Tu n’as pas peur des aiguilles d’ailleurs, ça ne te fait pas peur alors tu al laisses faire. « en passant dans le corps, l'héroïne est transformée en morphine. c'est pour ça que ceux qui ont pas les moyens de s'acheter de l'héro' réduisent en poudre des médocs à base de dérivés de morphine. mais ça a plein d'effets secondaires dégueulasses. » tu hoches la tête, tu ne savais pas, tu ne connais pas toutes ces choses là d’ailleurs, ce n’est pas ton domaine. Tu ne sais d’ailleurs pas grand-chose dans ce monde, que ce que tu fais, le tapin, ça tu connais . « par contre, j'ai perdu mon garrot, on va devoir faire autrement. » tu hoches simplement la tête alors qu’elle s’en va, qu’elle disparaît avant de revenir avec une ceinture, tu penches ta tête sur le côté. « donne-moi ton bras. je vais te le faire à la saignée du coude. c'est là où c'est le plus simple. ça peut gratter ensuite, c'est normal. et... si tu pouvais éviter d'en parler à tazio, ça m'arrangerait. » tu souris, doucement en lui tendant ton bras. « il ne sera jamais au courant, ça ne le concerne pas. Vas-y. » que tu réponds simplement, toujours le bras tendu alors qu’elle commence à placer la ceinture pour faire ressortir tes veines. Tu ne vas pas dire que tu ne l’as jamais fait, enfin si, tu ne l’as jamais fait, mais tu as déjà ressenti les effets. Il arrive que des clients, des drogués, te droguent à ton tour, pensant que tu serais plus docile, ou simplement parce que c’est leur délire, mais ça aussi, ton mac ne le saura jamais non. T’as peur des représailles. « tu .. tu me laisseras dormir chez toi ? » tu finis par demander, alors que l’aiguille s’infiltre dans ta veine. Tu ne sourcilles pas, légèrement sensation de froid, tu ne regardes pas non plus, tu attends, tu veux juste éteindre la douleur qui sillonne ton corps, tu ne veux plus avoir mal, juste quelques heures de répits, tu n’en demandes pas plus finalement.

• elle me rassure en me promettant implicitement qu'il ne sera jamais au courant. il se met déjà en colère pour un rien avec les filles, alors je n'ose pas imaginer si il apprend que je lui ai passé de l'héro'. ce sera autant pour sa pomme, que pour la mienne. et puis je ne doute pas que si elle reste elle va se faire démonter. j'ai pas envie. ses reproches contre moi, je peux les encaisser, c'est pas grave. mais qu'il la frppe ou quoi que ce soit, à cause de moi, c'est simplement inenvisageable. je tapote doucement sur la veine pour la faire ressortir, je vérifie que tout est en ordre, et je la pique doucement je veux pas lui faire mal. elle a certainement pas l'habitude, et c'est mieux comme ça. je ne dis pas que faire la tapin est une partie de plaisir, parce que je sais qu'elles ne font pas ça juste pour coucher, par passion. je me demande d'ailleurs ce qui a traîné kiera sur le trottoir. elle est si jolie, si gentille, si douce, elle pourrait avoir une vie merveilleuse, loin de ça, loin des macs et des inconnus. elle pourrait même se trouver un type bien -ou une fille, au final, je sais pas grand chose sur elle- avoir une vie normale, ou personne ne la considérerait comme un objet, ou du moins pas plus que les autres femmes. ou elle pourra dire non, ou elle ne sera pas muselée par l'argent. on te donne de l'argent pour ça, alors fais ce qu'on te dit. elle me demande si elle pourra passer la nuit ici, tandis que j'appuie sur le piston. les règles de sécurité me reviennent, et même si je n'ai mis qu'un quart de dose normale, je n'envoie que la moitié du produit, le temps de lui répondre, et d'étudier ses réactions. il y a des gens qui ne supportent pas l'héroïne. et puis, elle pourrait être coupée, un peu trop. j'aurais pas l'air maline, si elle me faisait une overdose, là, sur le carrelage de la salle de bains. « y a aucun souci. y aurait pas tazio qui voudra certainement que tu rentres les plus tôt possible, que je t'aurais même dit de rester autant que tu veux. » ça me fait de la compagnie quelqu'un qui ne tente de pas de me faire changer de décision, qui ne veut pas que j'arrête de me droguer, ou du moins qui ne me le dit pas. « on... on partagera le lit si tu veux. ou je dormirais sur le canapé. mais tu peux pas dormir n'importe où, fracassée comme tu es, ce serait trop mauvais pour tes blessures. » j'injecte le reste de came, et je sors l'aiguille, nettoyant le point de sang avec un coton imbibé de désinfectant. puis je pose un sparadrap blanc sur son bras. « voilà. si jamais tu te sens mal, surtout tu me le dis d'accord ? ça mettra un peu de temps à agir, et je t'en redonne pas avant six heures. » je lui caresse doucement sa joue, évitant attentivement le bleu qu'elle a. puis je prends la crème dans ses mains et je m'occupe d'en mettre sur ses hématomes, dans le dos. j'veux prendre soin d'elle.

« y a aucun souci. y aurait pas tazio qui voudra certainement que tu rentres les plus tôt possible, que je t'aurais même dit de rester autant que tu veux. » tu souris doucement, elle est adorable, elle est vraiment adorable sio. c'est pour ça que tu t'es pointée chez elle ce soir, tu n'aurais pas pu aller autre part, tu l'sais, il n'y a qu'elle qui aurait pu t'accueillir de la sorte, alors tu es arrivée et elle t'a ouvert la porte en grand. « on... on partagera le lit si tu veux. ou je dormirais sur le canapé. mais tu peux pas dormir n'importe où, fracassée comme tu es, ce serait trop mauvais pour tes blessures. » tu souris, tendrement cette fois. « ça va .. tu sais, ne t'inquiète pas, je peux dormir n'importe où, ça va passer, j'ai vécu bien pire. » les sévices sexuels, oui tu connais. ce n'était pas tes clients, c'était ton ancien mac, c'était sa manière de t'exprimer son affection, t'en es convaincue et tu le seras toujours. alors non, en soit, tu n'as pas si mal, mais suffisamment pour lui demander de t'injecter une faible dose de sa cam. « mais, ça ne me dérange pas de .. partager ton lit, avec toi, je serai sage. » tu lui dis, avec ta petite mine déconfite. non, tu ne bougeras pas, tu ne feras pas de bruit, tu seras sage. Elle termine de t'injecter ta dose, rapidement et tu récupères ton bras. « voilà. si jamais tu te sens mal, surtout tu me le dis d'accord ? ça mettra un peu de temps à agir, et je t'en redonne pas avant six heures. » elle finit par te prendre la crème et commencer à en étaler sur ton corps. c'est rare, ce genre de gestes, tu n'en as pas l'habitude non .. non, tu n'as pas l'habitude qu'on s'occupe de toi, mais tu te laisses faire, tu te laisses aller, tu la laisses faire tandis que tu sens les premiers effet arriver. tu fermes tes yeux, penches ta tête sur le côté et tu la laisses s'occuper de toi. « merci ... merci sio. » que tu finis par lui dire. elle t'aide à te relever une fois la crème appliquée et tu t'habilles avec les vêtements qu'elle t'a fourni sauf que tu ne passes que le haut et ta culotte. rien de plus, tu vas aller directement au lit. « je vais aller me reposer. je .. tu sais, si un jour t'as besoin, je serai là. » t'as besoin de lui signifier.

• elle me dit que ça va, qu'elle peut dormir n'importe où. et je ne réponds pas, parce que je ne suis pas d'accord. ses clients sont peut-être des enfoirés, sous prétexte qu'ils la payent, et qu'il se sentent en droit de lui faire subir n'importe quoi, mais elle est mon amie et je ne suis pas comme ça. elle a besoin de se reposer dans un lit confortable. sinon, elle n récupérera jamais. puis elle me dit qu'elle sera sage si on partage le lit. on croirait une petite fille qui n'a pas envie de se faire disputer si jamais elle se fait trop remarquer. je fronce les sourcils « hé. kiera. ça va. c'est que moi. je vais pas râler si jamais tu bouges, ou bien si tu me donnes des petits coups. je suis pas sûre de les sentir, étant donné que je me pique avant d'aller me coucher et que j'ai le sommeil très profond ensuite. » je lui caresse doucement le dos, tandis que je finis d'appliquer la crème. je veux pas qu'elle se restreigne ou quoi que ce soit, juste parce qu'on va partager un lit. j'ai envie de la serrer doucement contre moi, comme pour lui dire que ici personne ne lui fera jamais de mal, et qu'il ne lui arrivera jamais rien qu'elle ne veuille pas elle. ici, elle n'est pas soumise au désir des autres. ici, elle peut être qui elle veut.
• elle me remercie, et je ne vois pas très bien de quoi. pour l'avoir aidée ? c'est bien la moindre des choses, en sachant ce que je vais faire ensuite. je m'en veux déjà. mais il faut que je me rende à l'évidence. le nier ne change rien, et je suis toujours attachée, et j'essaie toujours plus ou moins de me rattraper à ce repère qui s'éloigne peu à peu de moi. oh, oui, je pourrais m'en trouver d'autres, mais lui, c'était simple, c'était sans vraiment de prises de tête. et j'ai eu le malheur de dire la vérité -comme quoi mentir, souvent c'est mieux. je vais utiliser cette jolie poupée pour revenir vers tazio, comme une collégienne. je suis méprisable. mais j'ai jamais su supporter le manque ou la douleur, c'est comme ça. que ce soit physique ou psychologique. elle se lève avec mon aide et elle s'habille, et me dit qu'elle va aller se reposer. je hoche la tête. et puis elle me dit que si jamais un jour j'ai besoin d'aide, je pourrais compter sur elle. et je me mords la lèvre. « je te raccompagnerai, demain. on sait jamais que le connard qui t'a blessée veuille remettre ça. » et c'est dégueulasse de lui faire croire que je fais ça pour prendre soin d'elle, de vouloir la ramener, alors que c'est juste une excuse pour revenir. et je me trouve minable. mais je reste avec elle. parce que c'est mon seul moyen, et que je veux essayer. j'aime tout ce qui me détruit au final. plus je me fais du mal, plus je m'accroche. comme avec l'héroïne.

« hé. kiera. ça va. c'est que moi. je vais pas râler si jamais tu bouges, ou bien si tu me donnes des petits coups. je suis pas sûre de les sentir, étant donné que je me pique avant d'aller me coucher et que j'ai le sommeil très profond ensuite. » qu'elle t'expliques pendant que tu hausses les épaules, qu'est-ce que tu peux lui dire au juste ? alors tu hausses simplement les épaules en souriant tandis qu'elle s'occupe encore de toi, qu'elle fait attention, qu'elle prend soin de toi, simplement. ça te fait un bien fou, qu'on s'occupe de toi, qu'on prenne soin de toi. « je te raccompagnerai, demain. on sait jamais que le connard qui t'a blessée veuille remettre ça. » tu hoches la tête en te relevant avant de la prendre par la main pour l'emmener avec toi vers la chambre. « si ça te rassure, oui, bien sûr, mais tu sais, c'est pas l'genre de connard à t'attendre pour te cogner de nouveau et prendre du plaisir. ils payent ceux là, ils attendent que tu sois là, sur le trottoir et viennent te récupérer. mais si tu préfères, oui, bien sûr, tu m'accompagneras pour rentrer. » tu lui dis en haussant les épaules. tu finis par te glisser sous la couverture, docilement et tu te tournes vers sio pour la regarder dans la pénombre de la nuit bien avancée maintenant. « merci d'être là pour moi, t'es une de mes seules amies sio. tu peux me demander ce que tu veux .. si t'as besoin de quoique ce soit, un jour, n'hésite pas, je serai là pour toi.,» tu lui expliques, un fin sourire sur les lèvres.