where we belong (kiera)

Au niveau du genou droit, son jean est un peu déchiré. C'est un effet volontaire, un choix stylistique qui était déjà présent quand il l'a acheté. Mais Thésée se demande si le trou n'est pas en train de s'agrandir, alors que son genou est appuyé contre les pavés. Il sent un peu le tissu entre sa peau et le sol, qui glisse, qui devient plus fragile et plus fin. Il se concentre un peu sur ça, sur l'état de son jean, et sur la chair de son genou qui frotte contre ce foutu pavé. Ca pique un peu, Thésée se demande vaguement s'il ne va pas se relever avec des égratignures. Il se concentre sur tout ça, pour ne pas avoir à trop penser au reste. De toute façon, sa bouche sait faire le travail, elle a l'habitude, il n'a plus trop besoin de réfléchir. Et ce n'est pas comme si Thésée avait vraiment quelque chose à faire, ce n'est pas comme s'il participait vraiment. Non, ce type s'est empressé de fourrer ses mains dans les boucles brunes du garçon, et il pousse et tire comme ça lui plaît, tout en donnant des coups de reins secs et violents. Thésée a une ou deux larmes qui montent, mais ça va, c'est juste une réaction physique, il ne pleure pas vraiment. Quand le type jouit, Thésée a le réflexe idiot d'essayer de se reculer malgré les mains qui maintiennent sa tête. Avale, lui crache le mec, et Thésée fait ce qu'il peut. Le client finit, et enfin il lâche Thésée et se dégage de lui, avant de laisser les billets dans sa main et de se barrer. Thésée, se relève doucement en s'appuyant contre le mur, commençant doucement à revenir au présent. C'est toujours un peu compliqué, quand il s'évade comme ça dans ses pensées, de revenir à la vraie vie. Ce qui reste dans sa bouche, il le recrache sur les pavés de la ruelle, tout en avançant vers l'entrée de celle-ci, là où se trouve la rue principale. Il se retrouve donc là, passant une main sur ses lèvres pour essuyer les traces de ce qui vient de se passer, et ça lui suffit pour rentrer dans quelqu'un. C'est plus un frôlement qu'autre chose, rien de violent ou de brusque, mais ça le surprend. Il lève les yeux vers elle, interrompt son mouvement de main et se stoppe avec celle-ci devant ses lèvres. « Oh » il lâche simplement, pas vraiment surpris, mais un peu quand même. Il finit de s'essuyer la bouche sans se poser de questions, parce que face à elle le geste n'a rien de dérangeant. « Ca va ? » il lui demande en guise de salutation. C'est un peu con comme question, que ça aille ou non, il ne peut rien y faire. Mais c'est parce qu'il s'en soucie un peu, quand même.

ton majeur se lève, cordialement au type dans sa caisse. qu'est-ce qu'il a cru lui encore ? que c'était gratuit. t'y crois pas, c'est comme s'il y avait écris salope sur ton front, que tu baisais pour le plaisir. n'importe quoi. toi, tu fais ça pour l'argent, t'en as besoin de vivre, pour survivre, et t'en as surtout besoin pour rentrer chez toi alors tu vas faire ça gratuitement. t'y prends pas de plaisir toi, de toute manière, tu le fais pour le faire, point barre. tu t'écartes de la voiture, tu fais ton train train, tu marches sur le trottoir, tu fais claquer tes talons, sans gêne non. tu ne remets même pas ta jupe trop courte en place, à quoi bon ? tu regardes les autres nanas. il y en as trop dans ce coin, tu n'arriveras jamais à ramener ce qu'il faut si tu restes ici, tu décides alors de changer de coin. depuis le début de la soirée, tu n'as eu que deux clients, puis c'était deux malheureuses pipes. pas intéressant niveau fric. non, toi, tu veux la chambre d'hôtel et tout ce qui va avec, ou même la forêt, tu t'en fiches d'où tu vas te mettre à poil, tu veux juste plus d'argent, tu veux juste monter d'un niveau. tu décides alors de changer de rue, tu vas vers la rue principale et c'est à ce moment que tu frôles quelqu'un sans faire attention. « Oh » que tu entends alors que tu lèves le regard. tu croises son regard, tu te perds dans ses boucles brunes. c'est Thésée. tu l'aimes bien Thésée, il est sympa, il comprend ta situation, il n'y a pas de jugement entre vous puisque vous vivez la même chose. à quelques détails près puisque lui n'a pas eu la même enfance que toi. « Ca va ? » tu lui souris, amicalement.
« nickel et toi ? » il s'essuie la bouche et tu comprends parfaitement que vous avez eu les mêmes clients depuis le début du travail. tu soupires. « je comptais changer de coin, là-bas y'a trop de nanas .. j'ai eu que des bas tarifs depuis le début de la soirée, c'est la galère. » tu lui souffles finalement. peut-être qu'il aura un bon plan lui ? t'en sais rien, alors tu demandes, simplement. Thésée, il est plus jeune que toi, mais des fois, t'as l'impression que c'est l'inverse. tu l'apprécies.

Kiera, elle est un peu comme lui. A quelques détails près. Thésée ne connaît pas l'histoire de sa vie, mais de ce qu'il a compris, elle ne s'est pas retrouvée là-dedans de la même façon que lui. Peut-être qu'au final c'est rare, les adolescents un peu trop naïfs qui pensent rencontrer l'amour de leur vie et finissent à écarter les cuisses pour ramener du fric et ne pas se faire battre. Il ne sait pas, il ne parlait pas de ça avant, et maintenant, il ne parle presque plus. Alors les seules références qu'il a sont Ben, Alexandre, quelques connaissances, et Kiera. Parfois il se demande si ça serait plus facile à encaisser, s'il avait grandi dans ce merdier, si sa vie ne lui avait pas été arrachée quand il avait 18 ans. Elle est cool Kiera, elle est gentille et elle comprend les choses. Elle sourit avant de répondre. « nickel et toi ? » Thésée finit d'essuyer sa bouche, et il lui répond sans réfléchir. « Bien » il dit, parce que de toute façon ça ne sert à rien de s'attarder sur comme ça va vraiment, c'est pas comme si elle pouvait y faire quelque chose. Et puis merde, Thésée ne sait même plus exactement ce que c'est d'aller bien ou moins bien. « je comptais changer de coin, là-bas y'a trop de nanas .. j'ai eu que des bas tarifs depuis le début de la soirée, c'est la galère. » elle dit, et Thésée hoche un peu la tête. Il hésite un peu, parce qu'il y a bien l'endroit où il se rend lui, mais y ramener Kiera c'est un risque. Le risque de perdre des clients. Mais au final, il décide de lui proposer de venir, parce que la plupart de ses clients à lui ne seraient pas intéressés par elle, de toute façon. « Y'a un club plus loin... les mecs là-bas ont des thunes et y'a de quoi faire » il se met en marche. « Ils payent bien, faut qu'tu flattes leur égo, tu verras c'est facile, suffit de crier comme si c'était le coup de ta vie » il explique simplement. « Et puis ils aiment bien penser que t'es aussi classe qu'eux, j'vais t'montrer » ajoute encore Thésée. La boîte n'est plus très loin, ils la voient même au bout de la rue, avec de gros néons au-dessus des portes. Thésée se tourne vers elle, montre le bâtiment du doigt, juste au cas où elle n'aurait pas vu. Il y a déjà un petit attroupement devant les portes, principalement des fumeurs. Eux, ils pourront se foutre dans la petite rue qui longe le club, là où les mecs qui fument se posent en général, et là où ceux qui veulent baiser iront chercher Thésée. Ils marchent sans se presser, d'ici cinq minutes ils y seront.

généralement, quand tu fais le tapin, tu ne portes pas tes lunettes, d'où ce soir, le fait que tu ne portes pas tes lunettes. non, t'as pas besoin de voir de loin quand tu te trimbales là, sur les pavés de biarritz en faisant attention de ne pas te faire arrêter par les flics. « Bien » qu'il te répond quand tu lui demandes comment il va. vous allez toujours bien vous, en même temps, tu ne te plains jamais, tu ne dis jamais rien. tu fais ta vie puis c'est tout. tu n'as jamais connu autre chose, pour le coup, alors ça te semble normal.  « Y'a un club plus loin... les mecs là-bas ont des thunes et y'a de quoi faire. Ils payent bien, faut qu'tu flattes leur égo, tu verras c'est facile, suffit de crier comme si c'était le coup de ta vie. Et puis ils aiment bien penser que t'es aussi classe qu'eux, j'vais t'montrer » qu'il t'explique et tu te mets en route pour le suivre. tu regardes le club, les néons, les couleurs. ça sent le fric, c'est vrai, il a raison, alors tu le suis sagement. « c'est sympa, de me passer tes bons plans, t'es pas obligé tu sais, je me serai débrouillée.  » depuis le temps que tu foules ces pavés, tu aurais trouvé, c'est vrai, tu aurais pu faire autrement mais tu apprécies qu'il t'emmène avec lui vers là-bas. quelques minutes de plus, et vous y êtes. tu prends une cigarette, tu l'allumes et tu la mets entre tes lèvres, docilement avant de li tendre ton paquet. « t'en veux une ?  » tu lui proposes, finalement, tu sais pas s'il fume, mais s'il veut, il peut, ça te dérange pas, tu partages toi, tu partages bien trop d'ailleurs. tu serais capable de refiler ton argent à un sans-abri, t'es grave, vraiment trop grave. vous vous calez dans la ruelle, dans un coin, là où y'a les fumeurs, tu sens déjà des tonnes de regards sur vous, tu soutiens les regards toi. tu cherches à tapiner, tu cherches l'argent, tu cherches à gagner ta vie simplement. oui, tu cherches à pouvoir rentrer chez toi sans avoir des problèmes, c'est tout ce que tu veux, quitte à allumer. d'ailleurs, tu pourrais te servir de Thésée, pour les amadouée, paraît qu'une femme prise est beaucoup plus désirée. à voir. « du coup, tu viens souvent ici ? » t'as pas peur, tu veux juste savoir, t'as pas peur de ce qu'on te demandera, tu refuses pas grand chose. t'as l'habitude de beaucoup trop de choses toi.

« c'est sympa, de me passer tes bons plans, t'es pas obligé tu sais, je me serai débrouillée.  » elle dit en le suivant. Thésée hausse simplement les épaules, peut-être qu'il est trop gentil, mais il connait bien les clients de cette boîte, il sait que ceux qui payent Thésée le font parce que justement, ce n'est pas une femme qu'ils veulent. Du coup, Kiera ne risque pas de lui voler des clients, il n'y a pas de risques pour lui. « Ca m'dérange pas » il dit simplement. Ils marchent encore et arrivent la petite rue sur le côté que Thésée connaît bien. Ils se posent là, adossé au mur, et Kiera sort un paquet de clopes. Thésée ne peut s'empêcher de zieuter, de la regarder faire. « t'en veux une ?  » et doucement, il sort une cigarette du paquet. C'est cool, peut-être que ça tuera le goût du mec d'avant qu'il a encore sur la langue. « Merci » il répond, allumant en même temps la cigarette. Ici au moins, on connaît plus ou moins Thésée, il y a des visages qui lui sont familiers, des types qui apprécient ses services. Il a une petite réputation, peut-être pas la réputation qu'il aimerait avoir, mais ça facilite les affaires. Alors il se pose tranquillement contre le mur, dans une position aguicheuse avec son jean serré qui ne cache rien du tout et sa chemise ouverte à moitié. « du coup, tu viens souvent ici ? » demande Kiera. Thésée hoche un peu la tête, tout en prenant une taffe sur sa cigarette. Il recrache la fumée, tout en soutenant le regard d'un type qui le regarde. « C'est ici que j'ai commencé, le premier soir où il m'a mis dans la rue » Quand Ben en a eu assez de faire venir des types dans sa chambre et qu'il a considéré Thésée prêt à aller travailler. C'était plus difficile à cette époque-là, maintenant quand il vient ici, c'est presque facile. « Les types me connaîssent ici, c'est plus simple » parce que même après ces derniers mois, ça continue d'être humiliant, de chauffer des inconnus de cette façon, de faire des efforts pour obtenir quelque chose qui en réalité lui donne envie de gerber. Quand ils viennent d'eux-mêmes, c'est plus facile.

« Ca m'dérange pas» qu'il te dit, et tu le sais, parce que sinon, il ne le ferait pas, il ne se forcerait pas. il ne te doit rien et tu ne lui dois rien, vous faites juste la même chose, tout en vous entendant bien, puis c'est pas comme avec les autres femmes. vous n'avez pas les mêmes clients, vous ne pourrez donc pas vous voler des clients malencontreusement, certainement pour cette raison que vous vous entendez bien tous les deux.  « Merci » qu'il te dit finalement en prenant une clope. tu lui demandes finalement s'il vient souvent ici, tu te demandes, si c'est son coin, son repère. t'as envie de savoir, surtout parce que comme ça, tu pourras le retrouver.  « C'est ici que j'ai commencé, le premier soir où il m'a mis dans la rue » qu'il t'explique d'abord. tu ne connais pas toute son histoire non, tu sais seulement qu'il n'est pas là par envie, mais plus pour satisfaire quelqu'un, un peu comme toi, quelque part. avant oui, tu le faisais vraiment pour le rendre fier, parce qu'il t'appréciait, parce que tu avais des avantages, parce qu'il était bon avec toi. tu ne voyais pas tout le mal qu'il te faisait autant moralement que physiquement d'ailleurs puis tu es maintenant à tazio. et lui, c'est différent, parce qu'il ne te touche pas lui. jamais, c'est étrange. il ne t'apprécies pas. « Les types me connaîssent ici, c'est plus simple » qu'il te dit, tu fixes son regard, tu le suis, tu vois un petit groupe de mecs qui le regardent. ils doivent se connaître certainement, tu les vois bouger, hésiter alors déjà, tu prends une posture plus aguichante, plus provocatrice. « je vois, je vois, c'est toujours plus simple quand c'est notre coin. on a les clients réguliers, tout ça, pas besoin de se rabaisser plus bas que terre pour avoir quelques billets. » tu souffles la fumée de ta cigarette, elle s'évapore dans la nuit quand un type vous approche. « tiens, le premier. » il est bien habillé le type, plutôt élégant, plutôt monsieur sent le fric. « c'est combien ? » qu'il demande, sans bonjour, ni merde. normal. tu souris, tu mets tes seins en valeurs, sans gêne. « qui ça ? » que tu réponds, d'une voix mielleuse.

C'est facile de parler à Kiera. Elle comprend, elle n'est pas bête, au contraire. Elle est franche, honnête, un peu comme Thésée quand il est avec elle. Il n'y a pas de honte à avoir entre eux, et au moins ici, Thésée peut être simple, parler de la réalité des choses franchement, sans avoir à utiliser des pincettes qui n'ont aucun sens pour lui. Thésée n'a pas beaucoup d'amis, alors pouvoir passer la soirée, ou un petit bout de sa nuit, avec quelqu'un qu'il apprécie, c'est déjà bien. Au final, il est content d'avoir de la compagnie, d'avoir emmené Kiera ici. Avec elle, c'est facile de parler, d'évoquer Ben. Alors qu'en général, rien que d'y penser, ça lui donne envie de gerber. Ou alors, Thésée est en train de s'y faire, lentement, de s'habituer à cette situation, à cette nouvelle vie. Elle est en train de s'inscrire en lui, de prendre possession de chacun de ses mouvements, de chacune de ses pensées, de chaque acte. Son corps s'y habitue, peu à peu, à tel point que ça devient sa nouvelle version de la normalité. Et Thésée ne sait pas trop qu'est-ce qui est pire, au final. Avoir envie de gerber, ou justement ne plus en avoir envie. Mais pour l'instant, il vit dans le présent, et le confort de l'instant, et le fait de ne pas avoir ce foutu mal à l'estomac est plutôt sympa, tout compte fait, peu importe le reste. « je vois, je vois, c'est toujours plus simple quand c'est notre coin. on a les clients réguliers, tout ça, pas besoin de se rabaisser plus bas que terre pour avoir quelques billets. » elle dit, et c'est presque contradictoire avec sa façon d'être, elle qui vient de capter l'attention des types en face et qui se met en position pour mieux les chauffer. Mais il comprend, il fait pareil. De toute façon, il n'a rien à lui expliquer, Kiera elle connaît bien le métier, elle le fait depuis plus longtemps que lui. Alors Thésée ne répond même pas vraiment, il lui adresse simplement un petit « Mmh-mmh » en hochant la tête. Il tire encore sur sa clope et profite de l'effet que ça a sur son corps et son cerveau, même si ça ne dure que quelques instants. C'est au moins un petit détail qu'il ne patage avec personne, qui n'est que pour lui. La sensation de la fumée qui descend dans sa gorge et la façon que sa tête a de tourner juste un tout petit peu. « tiens, le premier. » dit Kiera, et Thésée suit des yeux son regard, pour tomber sur un type assez bien représentatif de la clientèle du coin. Bien fringué, qui pue le fric. Au début, Thésée se disait que des mecs comme ça, qui ont tout pour eux, il doit bien y avoir une raison qui les pousse à payer pour pouvoir coucher, et ça lui faisait peur... Maintenant, il s'en fout complètement. Il lui est déjà arrivé trop de choses pour qu'il puisse encore vraiment s'en soucier, il se dit qu'il a déjà tout fait, tout essayé. Le type arrive et demande direct combien c'est, en s'adressant vaguement à eux deux. Mais Kiera elle ne perd pas une seconde, elle se met en valeur. « qui ça ? » elle interroge, mais déjà le type a les yeux concentrés sur son décolleté, avec un sourire sur le visage, et il n'a d'yeux que pour elle. Il la bouffe des yeux, c'en serait presque dégoûtant si ce n'était pas habituel. Thésée s'en fiche un peu, il y a le type avec lequel il échangeait des regards plus tôt qui vient vers lui. Il se pose juste à côté de lui, et dans son oreille il chuchote. « Rejoins moi dans dix minutes. Sur le parking derrière la boîte » et il laisse sa main traîner sur le poignet de Thésée, avant de retourner vers ses potes, en face. Thésée le connaît, ce mec, il a déjà testé sa banquette arrière plusieurs fois, alors il ne se pose même pas de questions. Il se tourne à nouveau un peu vers Kiera et l'autre mec, coinçant encore sa clope entre ses lèvres. Il observe vaguement ce qui se passe entre eux, parce qu'il tient à Kiera, malgré tout, et une petite part de lui se soucie de ce qui lui arrive, de ce qu'elle fait.

Spoiler:

ses yeux ne tiennent pas en place non, ils s'aventurent sans cesse dans ton décolleté, ne se privent pas de regarder ce qu'il y a juste là. t'as pas énormément de poitrine, comparé à beaucoup de nanas qui font ce boulot, t'as ton propre style, tu plais pas forcément, on vient pas pour tes seins, c'est sûr, mais lui il te dévore des yeux et tu comprends bien par là que ça ne sera pas qu'une petite entrevue derrière un muret, tu comprends que tu vas avoir le droit à l'hôtel et compagnie, tu comprends bien que tu vas toucher le pactole d'ici peu. un type s'approche, un autre, glisse quelques mots à Thésée avant de se barrer, tu regardes l'échange, vite fait, avant de te perdre vers l'homme en question. « tu veux quoi bae ? » que tu lui proposes et sans tarder, il passe sa main par dessus tes épaules, il virent ta clope. ne se gêne pas pour te toucher. il prend ta clope, la vire sur le sol et l'écrase avec ses chaussures hors de prix. « simplement baiser » qu'il te souffle à l'oreille. tu frémis pas, tu souris pas, c'est normal, c'est ton quotidien alors t'assumes. un dernier regard vers Thésée, un dernier sourire, un dernier échange de regard, vous vous verrez peut-être demain matin, ou peut-être pas non. t'en sais trop rien, finalement. il va partir de son côté, et toi, tu vas partir du tien, comme à chaque fois, parce que vous n'êtes pas là pour faire la discussion, pour parler du beau temps non, vous êtes là pour bosser, pour tapiner, pour vous faire de l'argent alors c'est ce que vous allez faire, simplement. tu files, avec le type, qui se permet déjà de foutre sa main dans ton décolleté, tu te laisses faire complètement, t'as pas vraiment le choix, il va payer, il va avoir ce qu'il veut, tu vas être docile, comme à chaque fois, finalement. c'est là dessus que vous vous séparez, toi, montant dans une voiture aux vitres teintées, lui, partant en direction du parking. tu as mal de le voir partir, parce que t'aimerais le protéger, ce petit bout, il te touche Thésée, d'ne manière étrange. comme s'il faisait partie de ta famille, comme si tu devais le protéger.

Il a son client qui lui glisse ces mots dans l'oreille, qui ne se prive pas de toucher son poignet. C'est presque innocent comme contact, mais c'est possessif, c'est comme pour marquer son territoire avant de le faire une bonne fois. Comme un petit avant goût. Il lui donne rendez-vous, et pour Thésée c'est plus un soulagement qu'autre chose, ça veut dire que sa nuit est assurée. A moins que quelque chose d'imprévu n'arrive. Mais si tout se passe bien, ça sera facile ce soir. Alors il laisse le mec s'éloigner avec un sourire sur les lèvres, et Thésée se tourne à nouveau vers Kiera pour qui les affaires semblent bien aller. Elle aussi, elle en a un qui lui tourne autour. Il tire sur la cigarette. « tu veux quoi bae ? » elle demande au type. Thésée le regarde passer sa main autour d'elle, il ne réagit pas. Il n'y a pas de réaction à avoir, de toute façon. Il y a quelques mois, il était encore assez stupide pour avoir des réactions. Il aurait peut-être été pris par l'envie soudaine de lui dire de ne pas la toucher comme ça et de virer ses mains. Il aurait peut-être oublié que c'était leur job de se faire toucher. « simplement baiser » Il est content pour elle. C'est ce qu'elle voulait en le suivant ici, c'est ce qu'ils veulent tous les deux. Alors elle part avec son client, et ils s'échangent un regard et un sourire. Il ne sait pas trop ce que ça lui fait de se retrouver à nouveau seul. Mais ça ne durera pas longtemps, de toute façon, parce qu'il finit sa cigarette, profite de la dernière taffe, la fume jusqu'au filtre. Puis il l'écrase et marche vers le parking. Là, il retrouve le mec d'avant, et ils ne perdent pas de temps. Ils montent dans une voiture énorme aux vitres teintées et ils y passent une heure. Peut-être deux. Thésée n'a jamais été doué pour estimer le temps, mais il progresse. L'arrière de la voiture est confortable et son client lui offre même un verre d'eau, entre le premier et le second round. C'est gentil, il n'était pas obligé. Puis enfin, Thésée sort de la voiture, se retrouve sur le parking avec son t-shirt en main et la braguette encore ouverte. Il se rhabille en vitesse, et le mec se met au volant avant de faire signe à Thésée de s'approcher de la fenêtre. Dans sa poche, il glisse les billets avant de laisser traîner sa main sur son corps, juste un peu, de lui lancer encore un regard. Puis il s'en va, et Thésée fait quelques pas dans le sens inverse. Il sort les billets de sa poche et compte tout ce qu'il a. C'est bon, c'est bien, Ben va être content. Il y a même vingt euros en plus. Thésée hésite, ne sait pas s'il doit les cacher quelque part et les garder, ou les donner à Ben et espérer une récompense. Il a déjà caché de l'argent, mais ça lui fait peur. Il ne sait pas, il décidera sur le chemin du retour. Au final, il retourne dans la rue où il a attendu avec Kiera plus tôt. Il n'y a presque plus personne, mais il se retrouve à penser à la jeune fille et peut-être qu'elle est encore dans le coin, qu'elle repassera par là. Il ne sait pas. Il a le temps, alors il décide de rester dix minutes. De toute façon, c'est mieux d'être ici qu'enfermé dans sa chambre.

tu te retrouves finalement dans un motel pourri, un motel que t'as envie de fuir, un motel qui pu la baise, qui pu la merde, un motel qui pu la catin finalement. t'as l'impression que toutes les femmes de joie se retrouvent là pour subvenir à leur besoin. alors toi, tu ne fais pas exception non, toi, tu te retrouves à ton tour ici, tu te retrouves entre ses murs, tu te retrouves sur ce lit, rapidement. tes vêtements voles, ton corps est malmené, une fois de plus. c'est habituel, c'est ainsi que ça fonctionne, que tu fonctionnes. au final, il te jette, il te laisse sur le parking du motel. il te laisse là, un petit pactole entre les mains. tu essaies de te rhabiller, tu sors de ton sac un immense pull que tu passes par dessus tes épaules et qui termine sa course le long de tes jambes, qui termine sa course au niveau de tes genoux et tu te remets en marche sans même compter ton argent. tu t'en rends compte, tu te stoppes dans une ruelle et tu comptes. bon, tu as eu plus. bon, tu vas tout donner à tazio, parce que tu ne sais pas mentir, tu sais simuler, oh ça oui, mais de là à mentir non. tu reviens finalement vers le trottoir où tu as laissé thésée, tu le vois de là où tu es, tu le regardes, il semble bien aller, alors tu décides de faire demi-tour, de ne pas l'embêter, puis surtout tu sais que si tu ne rentres pas rapidement, ton mac va te tomber dessus, rapidement et t'as pas vraiment envie d'être confrontée à lui. il ne t'aime pas, tu le sais, alors tu préfères te faire toute petite, vraiment, c'est tout ce que tu peux faire. rentrer à l'heure, lui refiler son fric et souffler.

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