waiting (rory)

il s'est passé un truc étrange vers quinze heure et en même temps ... tu aurais du t'y attendre. il y a ce type qui est venu frapper chez toi. grand mais trapu. une barbe. classique pour son âge. assez âgé. la quarantaine, tout au plus. t'as pas paniqué, t'avais rien fait, alors tu lui as simplement répondu. seulement, quand il t'a demandé si tu connaissais une rory t'as commencé à flipper. t'as eu peur, forcément, parce que oui, tu connais une rory, même très bien puisque cette demoiselle vit chez toi en ce moment. du coup, t'as menti, lâchement et il est parti. maintenant, t'es là, assis dans ton canapé à profiter du calme ambiant alors que les blondes ne sont pas là. t'as laissé un message à rory, tu lui as demandé de rentrer pas trop tard parce que t'avais quelque chose à lui dire. avec un peu de chance, ça va attiser sa curiosité et elle va pas trop traîner avec ses potes. t'en sais rien, tu te demandes simplement. du coup, t'es là et t'attends qu'elle rentre parce qu'elle a le droit de savoir. seulement, toi aussi t'as le droit de savoir, parce qu'elle a tout de même ses parents qui la cherche alors que tu l'accueilles chez toi. tu t'allonges finalement sur le canapé et tu fermes les yeux. en quelques secondes, tu t'endors. lâchement. les minutes et les heures passent alors que le bruit de la porte te réveille. tu émerges, lentement. « rory ? c'est toi ? » tu demandes, simplement, alors que tu te lèves. tes coudes te soulèvent du canapé, ton regard chercher, divague, jusqu'à tomber sur elle. « fais chier, j'me suis endormi. » que tu rages, tout seul. c'est pas si grave au fond, mais c'est comme ça. t'aimes bien râler, de temps en temps, surtout au réveil. « bonne journée ? t'as reçu mon message ? parce que tu m'as pas répondu. » t'étais pas inquiet ... bon, peut-être un peu quand même. faut que tu t'attaches pourtant, mais t'y peux rien, c'est comme ça.

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Numa & Rory

Dix jours. Dix jours qu’elle avait trouvé refuge, qu’elle avait trouvé où allait. Dix jours qu’elle se sentait libérée. Qu’elle n’avait plus peur, qu’elle n’avait plus cette peur constamment bloquée à son ventre lorsque le soir elle rentrait. Mais elle mentait Rory. Elle mentait à tout le monde. Elle mentait parce qu’elle ne savait pas quoi dire, parce qu’elle ne savait pas comment le dire. Un père violent, un père qui la tapait. Elle, sa mère surtout, la voisine sans doute s’il avait pu la toucher. Personne n’était au courant, au lycée. Dans son entourage, presque personne ne le savait. Elle n’avait pas envie qu’on la voit différemment, elle n’avait pas envie qu’on la prenne en pitié, qu’on sache qu’elle n’était même pas aimée, aimée par sa propre famille. Ca faisait mal, de n’avoir personne de vrai, personne de réellement attaché, même pas son père, même pas sa mère qui n’avait jamais trouvé la solution de se défendre et de défendre sa fille. Numa, c’était l’échappatoire, le sauveur de ses jours. Il avait été là ce soir-là, sans doute quand elle en avait le plus besoin et il n’avait même pas essayé d’aller plus loin, d’avoir ce que tous les hommes auraient sans doute essayé d’avoir. C’était presque dommage, pour Rory, presque une déception, toujours une envie. Une envie de lui qui ne pouvait pas s’assouvir parce qu’il l’évitait, il faisait semblait de pas la voir, pas la sentir, semblant d’être indifférent ; à moins qu’il le soit vraiment ? Elle avait pas envie d’y croire, Rory. Et puis ce message qu’elle avait lu dans l’après-midi, cette conversation importante qu’elle n’avait pas envie d’avoir. Y’avait cette boule qui remontait dans le creux de son ventre, comme la peur qu’il la renvoie d’où elle venait, qu’il lui demande de partir ou d’au moins ne plus mentir. Alors elle avait fui, le plus longtemps, elle avait trainé dehors, évité de rentrer aussitôt qu’il le lui avait dit. Elle jouait une fois de plus avec le feu, elle ne faisait pas ce qu’on attendait d’elle – c’est pas qu’elle voulait pas, c’est simplement qu’elle ne pouvait pas. « Banale, la journée. Tu voulais me parler ? » Elle le regarde, aurait préféré qu’il ne se réveille pas, qu’il n’entende pas ses petits pas, ses talons claquaient sur le sol. « T’as une sale tête, tu devrais te recoucher. » Qu’elle finit par lui dire, rigolant à moitié. Elle ferait n’importe quoi pour l’éviter, cette discussion. Elle savait même pas de quoi il était question mais c’était presque comme si elle ne voulait pas savoir, pas entendre. Elle ne voulait pas retourner chez elle. Mais elle savait qu’elle était chez Numa, ici, et qu’elle n’était rien pour lui. Rien d’autre qu’une fille trouvée dans un bar un soir tard, une fille qu’il avait ramené et qu’il avait invité à rester chez lui. Mais peut-être qu’il regrettait, peut-être qu’il en avait assez, de ses caprices, de sa jeunesse, de ses manies. « Ca peut vraiment pas attendre demain tout ça ? Si c’est pour me virer c’est pas la peine de parler, je sais que c’est pas vraiment rentable de me garder ici, ni supportable … » elle le regarde, passe une main dans ses cheveux blonds, les détache d’un geste presque trop brusque. « Puis je sais qu’avec l’arrivée de Sacha tout ça, j’ai pas grand-chose à faire là … » Elle n’était pas souvent comme ça, Rory. Sincère. Ce n’était pas une façon de l’amadouer ou de jouer. Elle n’avait vraiment pas envie de partir, mais elle savait pertinemment qu’elle ne pourrait pas rester là indéfiniment. C’était bien ça qui lui faisait peur, qui la poussait à être honnête, inconsciemment.

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elle vient de rentrer. ses talons claquent sur le sol, sur le parquet, et ça te réveille. parce que tu t'es endormi, simplement, rapidement. c'est bizarre, tu n'avais certainement pas assez dormi la veille. quelque chose comme ça. tu regardes l'heure. elle a abusé, réellement. ce n'est plus traîner là,mais tu ne vas rien dire parce que t'es pas son père au final. elle fait ce qu'elle veut non ? « toi aussi t'as une sale tête » c'est sorti tout seul, parce que tu veux l'embêter, du coup, tu te relèves un peu plus, et t'assois correctement dans le canapé, ton regard fixé sur la blonde, énervée. c'est rare, tu l'as jamais vu comme ça en 10 jours de vie commune. elle déblatère, sort ce qu'elle a sur le coeur, et tu te tais. tu l'écoutes, sagement. tu comprends mieux pourquoi elle n'est pas rentrée tout de suite. elle avait simplement peur. peur que tu ne la mettes à la porte. ce n'est pas ce que tu voulais, réellement pas. il faut maintenant que tu lui expliques. c'est pour ça que tu te lèves, difficilement puisque ta jambe fait des siennes, et tu prends la main de la blonde. tu l'emmènes avec toi et la fais s'asseoir. tu t'assois juste en face d'elle tout en lâchant sa main. tu la fixes. « ce n'est pas pour ça que je voulais te parler rory. » tu commences doucement, pour la rassurer. « tu as ta place ici, peu importe que sacha soit là, ce n'est pas un problème. je ne veux pas te parler pour te virer, tu restes tant que tu veux rester. » tu lui souris, tendrement, comme tu le ferai avec ta soeur, parce que cette jeune adulte te touche, dans un sens. elle t'a touché dans ce bar, elle t'a touché parce qu'elle est mystérieuse, parce qu'elle est forte et fragile en même temps. « je voulais te parler parce que ... parce que je crois que ton père te cherche. » tu marques une pause, elle grimace, tu tentes de ne pas y faire attention. « il a frappé à toutes les portes du coin, jusqu'à venir ici. j'ai dit que je ne connaissais pas de rory. » tu la laisses digérer. tu la laisses faire, sans la quitter du regard. « est-ce que j'ai bien fait ? » c'est ça, la véritable question.

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Numa & Rory

Elle aurait pu enlever ses talons, stopper le bruit. Elle aurait pu s’enfuir, ne plus revenir ici. Faire semblant d’avoir compris, faire semblant d’avoir envie, elle aussi, de partir d’ici. Elle avait hésité à rentrer ce soir parce qu’elle avait pas envie d’avoir cette discussion, de lui entendre lui raconter des histoires du genre qu’il l’aimait bien, qu’il était heureux de l’avoir rencontré mais que finalement bah ... Fallait s’en aller. Elle voulait pas de tout ça, Rory. Mais où est-ce qu’elle aurait pu bien aller ? Elle avait personne chez qui se retourner. En tout cas pas grand monde. Elle se voyait mal aller sonner chez Clément alors que tout allait si mal avec ses parents, elle se voyait mal aller mendier à ses amis qui n’en étaient pas tous vraiment. Alors il fallait bien qu’elle rentre, qu’elle affronte de but en blanc en espérant qu’il la vire pas trop brutalement. Puis c’est là qu’il se lève, Numa, qu’il vient la chercher, lui prend la main, l’emmène dans le sofa. Elle comprend pas bien, au début, pourquoi il fait tout ça. Jusqu’à ce qu’il ouvre la bouche, qu’il lui explique qu’il n’était pas question de ça. Soulagement premier jusqu’à ce qu’il continue de parler. A l’extérieur, elle ne fait que grimacer. A l’intérieur elle hurle, elle se déchaine contre toutes ses émotions qui l’envahissent subitement quand il se met à parler de son père. La panique comme un ouragan qui viendrait tout arracher, elle sait même pas comment elle arrive encore à se contrôler, à garder le semblant de calme qu’elle a là, devant Numa. Elle veut pas craquer parce qu’elle n’a pas comme ça, la Rory qu’on connait. Rory la forte, l’indestructible, celle que rien ne touche, que rien n’atteint, pas celle qui se met à pleurer pour un rien. Alors elle se retient Rory, elle se retient. « Mon père. » Elle se lève, d’un bond, comme une révélation. Comme si le prononcer la ramenait à la réalité. Ce père qu’elle n’avait jamais appelé ainsi, ce père si maudit. Elle le détestait du plus profond d’elle-même, de son âme de son corps tout entier. « Et si quelqu’un lui avait dit hein ? Et si quelqu’un lui avait dit, que j’étais bien ici ? » Elle panique, Rory. Elle tourne dans la pièce, les talons qui font un son sourd et meurtrier contre le sol. « Il va revenir Numa, il va forcément revenir, il lâche pas, jamais. » Son regard azur se pose sur une fenêtre, sur l’horizon. Elle respire deux coups, se retourne vers lui, les yeux bientôt presque aussi rouge que sa bouche, même si elle se retient de pleurer, de s’affoler, de l’affoler lui, aussi. « Dis lui jamais Numa, dis lui jamais que je suis là, que tu me connais. S’il faut je partirais, je sais pas où mais je partirai. » Elle croyait avoir trouvé son refuse, sa liberté. Mais elle était toujours cette enfant qu’on croyait pourrie gâtée et qui était finalement juste traumatisée.

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elle affirme, elle se lève et fait les cents pas. tu restes là, assis, à la regarder, ne sachant pas réellement quoi dire ou quoi faire. t'as envie de l'arrêter, de la stopper dans sa course folle, mais peut-être qu'elle a besoin de ça, peut-être qu'elle a besoin de se déchaîner. elle continue de parler, de déblatérer et tu la laisses simplement faire parce qu'elle a certainement besoin d'en parler, de faire quelque chose contre tout ça, de réagir. simplement et uniquement ça, réagir et faire sortir ce trop plein d'émotions qu'elle semble réagir. comme à ton habitude, tu restes calme, tu restes assis et tu patientes, tu attends qu'elle te donne la parole, tu attends qu'elle revienne à toi et elle ne tarde pas à le faire. elle te regarde, les yeux rouges, les pommettes toutes aussi colorées et t'as envie de la prendre dans tes bras. pourquoi ? t'as envie de la protéger, de l'encercler et de lui assurer que tout se passera bien. que tu es là et que rien ne lui arrivera. t'as envie de l'aider, c'est simple et pourtant si compliqué à la fois. elle est douce, hargneuse, simple et en même temps si difficile. « je ... je ne sais pas de quoi tu as peur, je ne sais pas ce qu'il t'a fait mais ... » tu marques une légère pause, t'en profite pour te lever même si ta jambe te faire un mal de chien. tu ne le montres pas et viens jusqu'à elle. « mais ici, c'est comme chez toi, je ne te mettrai jamais à la porte. tu es libre de faire ce que tu veux rory. » t'as ce besoin de l'avoir sous ton toit, comme si tu savais qu'il y avait un soucis, qu'il se passait quelque chose. tu l'avais ressenti le premier jour, ce soir où tu 'lavais croisé dans ce bar et qu'elle t'avait dragué, ce soir où tu avais compris qu'elle fuyait quelqu'un et qu'elle avait besoin d'aide. tu lui as donné ta main et tu l'as emmené chez toi, pour l'aider. parce que t'es un type comme ça. « mais garde en tête que je suis là, si tu as besoin, si tu as un soucis, si t'as un problème, je suis là pour toi rory. » tu tentes un sourire, pour l'apaiser, pour l'aider, pour lui montrer et la rassurer, pour qu'elle sache que tu es là quoi qu'il arrive. « si t'as besoin d'en parler, j'suis là. »

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Numa & Rory

Elle sait qu’il ne doit surement pas comprendre Numa, mais elle réfléchit pas. Rory c’est le contrôle, la maitrise des émotions, la fille qui semble ne jamais être touchée par rien. Et pourtant là, à ce moment précis, elle ne contrôlait plus rien, Rory. Elle était perdue, perdue entre l’apparence qu’elle devait laisser et les véritables sentiments qui la terrassaient. Elle avait peur. Peur que son père ait découvert où elle se cachait, peur qu’il revienne la chercher. Elle ne voulait pas le jouer dans le mélodrame, la fille battue qui en faisait tout un drame, mais elle avait peur, simplement peur. Elle ne voulait plus le voir, plus jamais, elle voulait l’oublier, tourner la page, le faire devenir un mirage. Mais elle avait ce sentiment que rien n’était fini, qu’il pouvait encore débarquer comme il l’avait fait aujourd’hui. Il se faisait passer pour le père modèle, celui qui s’inquiétait et la recherchait, n’importe qui pouvait se trouver duper. Elle n’en aurait sans doute même pas voulu à Numa s’il avait fait l’erreur de la dénoncer, il ne pouvait pas savoir, pas deviner. Mais il n’avait rien dit, il avait garder leur secret. « J’ai pas peur. » Elle répond, du tac au tac, ce qu’elle disait toujours, comme quelque chose de préparé, comme un discours déjà répété. Elle n’assumait jamais sa peur, elle n’assumait jamais sa vie, elle se cachait derrière une fille qui n’existait pas, riche populaire, faussement sincère. « J’ai pas peur. » Elle répète une deuxième fois, comme pour s’en convaincre. Puis elle se retourne vers lui, elle fait un pas, plonge dans ses bras. Oui, c’est exactement de ça, donc elle avait besoin, un câlin. Les bras d’un homme, ça lui permettait toujours d’oublier, de se calmer. Et là, Numa il était là, c’était tout ce qui comptait. « J’ai pas besoin de parler, j’ai juste besoin de ça. » Elle se blottit contre lui, a l’impression de rester là des heures. Elle aurait bien voulu plus, avec lui, mais maintenant tout de suite, ce n’était pas à ça qu’elle pensait, elle avait juste besoin de réconfort, pas de son corps. Quoi que s’il lui proposait, elle saurait sans doute pas refuser. « J’suis désolée d’être chiante parfois tout ça, t’es un gars bien Numa, merci d’être là. » Elle finit par lui glisser en s’écartant un peu, plongeant ses yeux azurs dans ceux du beau brun.

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elle répète ces quelques mots, comme si elle essayait de se convaincre, comme si elle essayait de te convaincre au passage. tu n'es pas certain, tu n'es pas sûr d'elle, de ce qu'elle dit et de ce qu'elle ressent. tu sens bien qu'il y a quelque chose de plus gros sous toute cette histoire, quelque chose de plus important. t'as tellement envie de savoir ce qu'il se trame, ce qu'il se passe, mais tu n'as pas envie de te montrer entreprenant, t'as pas envie de la blesser dans son intimité parce que tout le monde à son propre jardin secret, tout le monde a besoin de ce côté unique et singulier. alors que tu vas parler, que tu vas tenter de la rassurer, elle se faufile dans tes bras. son corps se cogne contre le tien, ses bras t'encerclent et tu ne réagis pas tout de suite. surpris par tant de sensibilité. t'es ce mec trop sensible, tu l'as toujours été. c'est un défaut mais c'est aussi une qualité. tu te reprends, doucement et tu viens encercler sa fine taille. tu la serres contre toi, comme pour lui assurer que t'es là. que t'es bien là et nul part d'autre, que tu comptes pas la laisser tomber ce petit bout de femme. c'est étrange, ce genre de choses. tu la connais à peine et pourtant elle est si attachante que t'as l'impression qu'elle fait partie de ta famille. elle reste comme ça un petit moment, avant de s'écarter, tu as gardé le silence, pour ne pas la perturber dans ses réflexions. « ne t'inquiète pas, j'ai des soeurs, je sais ce que c'est les femmes. » tu lui souris, tendrement, avant de délicatement poser un baiser sur son front. « je vais te préparer un chocolat chaud, vas t'asseoir d'accord et réfléchis à cette question : est-ce que tu veux m'en parler.» tu veux qu'elle réponde par l'affirmative, qu'elle se sente en confiance avec toi, parce que petit rory impuissante possède des failles, des failles qu'elle te laisse entrevoir de jours en jours. petit rory a besoin de quelqu'un, et tu veux être ce quelqu'un qui l'épaulera. tu ne laisseras jamais les gens dans l'besoin. impossible. tu t'éloignes et tu vas préparer ce qu'il faut avant de revenir dix minutes plus tard, la tasse fumante entre tes mains. tu la poses sur la table basse avant de revenir sur le canapé. ta jambe te fait un mal de chien, tu vas devoir passer chez le médecin, un de ces jours, pour qu'il te file des médicaments, tu vas pas pouvoir tenir comme ça. « avant que tu répondes, sache juste que je ne juge pas, je ne suis pas curieux, je ne suis pas non plus mal intentionné, tout ce que je veux, c'est t'aider rory. si je peux faire quelque chose, dis le moi, simplement. »

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Numa & Rory

Tu te sens bien dans ses bras, contre lui, presque automatiquement rassurée, protégée. Comme dans un cocon, un nid douillet, tu te demandes si un jour t’arriveras à te passer de ça, les bras d’un autre pour te réchauffer, te câliner et surtout te calmer. Ca aurait pu être n’importe qui, à cet instant précis, qui aurait pu te prendre dans ses bras, mais c’était Numa, Numa si adorable, si gentil avec toi, comme depuis le premier jour, la première fois. Tu te souvenais de ce bar rempli de monde, tu te souvenais de ton numéro de charme, de tes yeux rougis par les larmes qui lui avaient mis la puce à l’oreille. Tu te souviens qu’il avait pas voulu de toi, de ton corps, il avait voulu au contraire écouter ton cœur, écouter ce qui n’allait pas. Bien sûr tu ne lui avais rien dit, tu avais fait la sourde oreille, tu racontais jamais ce qui t’arrivait et ça n’allait pas commencer par un parfait inconnu. Puis à la base c’était juste quelqu’un comme ça Numa, à mettre dans ton lit pour passer une nuit sous un toit. Et puis c’était devenu ça, cet homme qui te prenait dans ses bras, t’apaisait. Et puis il te dit de t’assoir, de réfléchir. Il veut que tu lui parles, il veut que tu lui dises, ça se lit dans son regard, dans ses yeux et ses mots. Et toi tu sais pas, tu sais plus ce que tu veux. Parfois t’aimerais le crier au monde entier que t’es malheureuse, que tout ça c’est des mensonges. Mais au lycée personne ne doit le savoir, personne à part tout ceux que t’aiment vraiment, mais ils sont pas vraiment nombreux. Depuis que tu es ici, au contraire, tu te sens comme chez toi sans l’être vraiment, tu as peur de déranger tout en voulant rester. Tu lui souris quand il revient avec la tasse, tu aimes particulièrement le chocolat chaud, tu sais pas s’il le sait ou si c’est juste un pur hasard, mais tu le remercies du regard. « T’as quoi à ta jambe, Numa ? On parle de moi mais est-ce que tu m’as déjà un jour vraiment parlé de toi ? » Elle le toise du regard. Elle le voyait bien qu’il boitait un peu, même s’il le cachait, qu’il voulait rien montrer. Il savait que c’était pas de ça qu’il avait envie de parler, elle finit par tourner légèrement la tête, comme si elle n’osait pas le regarder. « Tu peux rien faire Numa, rien .. à part te taire, pas dire que je suis ici. » Elle finit par attraper la tasse devant elle sur la table basse, la mettre entre ses mains et souffler légèrement dessus pour refroidir le chocolat chaud. « Mon père il est .. il est violent. J’sais pas pourquoi j’sais pas comment .. comment il est devenu comme ça. J’sais juste qu’il a que ça comme défense dès qu’un truc lui convient pas. » Elle boit une longue gorgée. Son ton était neutre, presque comme si elle avait rien dit, presque comme si c’était banale. Elle voulait rester forte dans la détresse, pas montrer que tout ça ça la bouffait.

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tu reviens vers elle, la tasse fumante entre les mains, et tu l'observes. tu veux qu'elle te parle, tu veux l'aider, la soutenir, mais tu sais aussi que ce n'est pas facile. que tu n'es pas grand chose pour elle. après tout, qui es-tu à part ce type qui l'héberge ? à part ce type d'un bar, un type parmi tant d'autres. alors tu restes muet, le temps qu'elle parle. elle te capte, elle t'enchaîne, elle comprend, elle observe et te perce à jour. elle parle de ta jambe, tu baisses les yeux, automatiquement, et tu la regardes cette putain de jambe, tu la foudroies du regard parce qu'elle te pourrie la vie, parce qu'elle t'immobilise et te rend dingue. des fois, t'as juste envie de la couper, et qu'elle disparaisse, autant tu pourrais faire du surf, comme ça. puis te ravises, parce que c'est con, c'est furtif, et bien trop irréel. tu ne réponds pourtant pas. elle te demande de ne rien dire, ce que tu as fais, et ce que tu continueras de faire. certainement, tu feras ce qu'elle veut que tu fasses. puis elle parle, elle donne tout d'un coup, elle se laisse aller et t'as juste envie de crier. de gueuler. de frapper. c'est une tornade de haine qui vient s'abattre dans ton esprit. t'as la haine, la peur, la compassion la tristesse mais surtout tu ressens cette injustice. si tu avais su plutôt ... si tu avais su au moment où il était venu frapper chez toi ... tu aurais certainement fait une connerie. tu aurais perdu ton sang froid, et même si tu es plutôt calme et patient, dans certains cas, tu peux te montrer incontrôlable. tu ne sais pas quoi dire, parce que tu n'as plus aucun mot. alors tu te lèves, tu supplies ta jambe de se taire, tu fais taire la douleur et tu viens jusqu'à rory. tu t'agenouilles devant elle, et poses tes mains sur ses genoux. d'en bas, tu captes son regard. tu ne veux pas qu'elle se sente faible, tu veux juste lui faire comprendre que t'es là, quoiqu'il arrive. « ce .... ce que tu m'dis c'est révoltant rory. c'est injuste et ... bordel, t'imagine pas comment j'ai envie de le retrouver et lui faire comprendre ce que j'pense. » tu baisses les yeux, histoire qu'elle ne lise pas la rage qui t'habiter en ce moment. « je ne sais ... que je ne suis personne, que je suis juste ce type du bar, mais j'sais pas ... j'ai besoin que tu saches que je serai là, qu'importe ce qu'il se passe. je serai là si tu as besoin. » peut-être qu'elle a simplement besoin de ça, d'avoir une personne à ses côtés, quoiqu'il arrive. tu voulais être cette personne. « ce ne doit pas être facile ... d'en parler, alors si tu veux qu'on arrête, tu me le dis. si tu veux que je te parle de moi, de ma ...de ma jambe et mon accident, je le ferai. » parce que c'était donnant, donnant, parce que la confiance devait aller dans les deux sens.

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Numa & Rory

T’aurais pu rester des heures dans ses bras avant qu’il ne parte pour te rapporter une tasse de chocolat chaud bien chaude. Tu aurais pu y rester, te blottir, jamais en sortir. T’étais qu’une petite poupée à protéger, à chouchouter, à calmer et consoler. Ça se voyait pas comme ça, mais t’avais besoin des autres, de leur affection et de leur attention. C’était sans doute pour ça que tu te comportais toujours comme ça, comme une petite allumeuse, une fille facile, une petite peste que l’on pouvait finalement si facilement dompter si on te connaissait. Mais qui te connaissait vraiment ? Qui avait déjà voulu savoir qui tu étais, réellement ? Qui s’intéressait à toi pour Rory et non pour l’image que tu donnais, la fille que tu t’amuses à jouer ? Qui veut réellement connaitre ta partie cachée ? Tu le sais bien, que t’as pas grand monde sur qui compter. Sans doute pour ça que Numa te touche autant, sans doute pour ça que tu te laisses aller aux confidences, que tu lui balances tout ce que t’as en toi. Parce que quelque part tu te dis qu’il sera toujours là, et c’est bien l’une des premières fois. C’est sans doute dès votre première rencontre que tout s’est joué, quand tu l’as chauffé et qu’il ta repoussé, quand il t’as essuyé les larmes d’un revers de poignet, quand il t’as ramené toi, à moitié déchirée et effondrée. Puis tu t’es réveillée le lendemain, dans un nouveau lit, habillée et encore parfumée de la veille, il t’avait pas touchée, il avait rien tenté ; il était différent. Follement différent. Puis quand il s’agenouillait devant toi, tu savais que c’était pas pour mieux t’amadouer, c’était de la sincérité, du vrai. « Si j’ai bien compris une chose, c’est que la violence ne résout jamais rien. » Tu lui réponds doucement, quand tu vois qu’il boue de l’intérieur et qu’il a pu qu’une envie, c’est retrouver ce mec et lui faire comprendre ce que ça faisait – de se faire taper. Mais tu voulais pas de ça, tu voulais juste oublier, rester loin de lui. Tu aurais aimé qu’il paye pour ce qu’il fait, qu’il arrête de faire du mal à ta mère. Mais après tout, tu avais fini par comprendre que c’était à elle de se barrer, pas à toi de supporter comme tu le faisais depuis des années. Tu t’étais pris des coups parce qu’elle était pas capable de l’arrêter, de les sauver. Tu l’aimais ta mère mais à la fois, tu lui en voulais. « T’es pas ce type du bar t’es .. J’sais pas .. mon sauveur. Je serai retournée chez moi, si je t’avais pas trouvé. Tu m’as sauvé de l’enfer, du naufrage, de ce que tu veux … je l’oublierai jamais. » Tu poses tes mains sur les siennes en prononçant ses mots. Il était pas n’importe qui. Au contraire, il en savait maintenant bien plus que n’importe qui, que la plupart des personnes qu’elle côtoyait chaque jour. « J’me sens impuissante face à tout ça, et je déteste ça. En parler ne changera rien, à part me rappeler que j’ai pas été capable de l’arrêter. » Pour sa mère. « Ta jambe, si ça te fait du bien d’en parler parles-en, mais te sens pas obligé, on a tous notre jardin secret. » Tu finis par attraper la tasse de chocolat chaud, souffle une bonne fois dessus avant d’en boire une longue gorgée, fermant les yeux avant de les rouvrir sur Numa et d’attendre qu’il lui réponde, lui parle.

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elle est là devant toi, et t'es fier et heureux en même temps, mais le pire dans cette histoire, c'est que t'es révolté et rageur. c'est pourtant pas dans ton caractère, de t'énerver, pas aussi vite, pas de cette manière, pourtant ces sentiments se mélangent, ils te mélangent, se perdent en toi. t'as envie de la prendre dans tes bras, et en même temps, t'as envie de l'emmener avec toi, loin de tout ça, de la protéger et dans un autre sens, t'as envie de trouver son père et lui montrer ce que c'est de se faire frapper. la violence envers les femmes, c'est quelque chose que tu ne peux pas, c'est trop, trop fort, trop dur pour toi. tu ne peux pas l'accepter. peut-être aussi parce que t'es de ces types avec une âme sensible. ou simplement parce que tu es un tant soit peu humain. « je ... je sais bien, que ça en résout rien, désolé. » tu t'en veux, d'être excessif dans ce sens, parce qu'elle ne mérite pas que tu t'énerves, elle n'a certainement pas besoin de ça. non, c'est même certain. elle pose ses mains sur les tiennes, et tu ne perds pas son regard azuré. tu l'observes la miss, et tu tentes de ne pas imaginer tout ce qu'elle a vécu, pire, tout ce qu'elle vit. dans un sens, quand elle te parle du bar, tu te rends compte, au fond, que t'es un type bien et ça te fait quelque chose. « j-j'sais qu'on ne se connaît pas tant que ça rory, mais malgré tout, je serai toujours là pour toi. je te le promets princesse. » rory, c'est un peu comme une de tes petites soeurs finalement. elle n'a pas leur caractère, mais elle représente assez bien cette relation, c'est peut-être pour ça que tu ne l'as jamais touché aussi. elle finit par prendre sa tasse et se délecter, alors que tu te laisses tomber par terre. tes fesses trouvent le sol et tu t'assoies devant elle. « ça fait toujours du bien de parler, même si ça ne change pas les choses, c'est certain. si tu as besoin, si tu veux que je fasse quelque chose, n'hésite pas. et concernant moi ... je ne vais pas appliquer mes conseils, et je ne vais pas en parler tout de suite même si je vais t'en dire deux mots. parce que tu vis ici, et j'pense que c'est plutôt bénéfique que tu saches quelque chose. » tu baisses tes yeux vers ta jambe, et tu l'observes. « j'ai eu un accident, au surf. un truc grave, et j'ai perdu l'usage de ma jambe, pendant presque un an, je pouvais pas la bouger, sans espoir. tout ce que tu peux imaginer. puis j'ai retrouvé de la mobilité. j'dis que tout va bien, que ça va, je suis guéri, mais au fond, elle me fait souffrir le martyr et des fois ... elle ne fonctionne plus. c'est pour ça que tu me verras au sol, de temps en temps. rien de grave. je pense. »

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waiting

Numa & Rory

C’était la réaction première chez les gens, l’énervement. Quand quelqu’un apprenait que tu te faisais frapper, c’était toujours la même chose, la même idée dans la tête, les mêmes envies de taper plus fort, beaucoup plus fort, et de lui faire comprendre qu’il avait tort. Tort de s’en prendre à elle, à sa mère. Tort d’être violent avec des femmes, lâchement. Tu ne savais plus le nombre de fois où il avait dit que c’était fini. Puis finalement, il le disait plus vraiment. Tout du moins, il y croyait même plus. Ca sonnait faux directement, ça sentait le mensonge à plein nez, c’était connu d’avance qu’il allait recommencer. C’est peut être ça, qui te dégoutait le plus, savoir qu’il allait le refaire avec ta mère, puis que tu serais pas là pour la protéger, pour crier, hurler, essayer. Elle, elle se laissait faire. Toi, tu pouvais pas te taire. T’avais pu au début, les premières fois, quand t’as trop peur pour oser lever le petit doigt et hausser la voix. Puis quand ça devient une habitude y’a l’adrénaline qui monte et cette envie de lui faire mal, à lui aussi, cette envie qu’il te lâche, qu’il comprenne. Mais il avait jamais compris. Tes cris, c’était juste pour lui une raison de plus de taper. Puis tes larmes, c’est tout ce que tu finissais par récolter. T’avais pas réussi, t’avais failli à la mission que tu t’étais toi-même donnée. Trop haute, trop lourde pour toi. C’était une défaite mais pas un choix. « T’excuses pas Numa, jamais, tu m’entends ? C’est les autres qui doivent s’excuser pas les mecs bien, comme toi. » Tous les autres. Tous ceux qui faisaient souffrir, moralement, mentalement, physiquement. Y’en avait bien plus qu’on pouvait le penser. Puis même toi Rory parfois tu t’amusais à faire mal aux autres. Même toi t’avais choppé ce vice de merde. Peut-être que c’était héréditaire, peut être que ça venait de ton père. Sauf que toi ça se jouait sur le mental parce que t’étais pas capable d’être assez brutale pour faire mal autrement. T’étais une petite peste quand tu t’y mettais et t’en avais même pas honte, quoi que parfois tu te demandais où ça menait, c’que ça allait t’apporter. Puis il te raconte son histoire et tout ton côté peste, il s’évapore. Parce que t’es adorable avec les gens auxquels tu tiens, même si ça se voit pas aux premiers abords. Ca te touche qu’il ait vécu ça Numa, parce qu’il le mérite pas. Il mérite d’être heureux, d’avoir tout ce qu’il veut. Satané santé, satané destin qui a tout entre ses mains. « Tu guériras. » Tu lui dis simplement en te blotissant un peu dans ses bras, contre lui. « Tu sais pourquoi ? Parce que tu le mérites, de guérir, d’arrêter de souffrir. J’suis sûre que la roue tourne toujours, un moment ou à un autre. Mon père paiera, toi tu guériras Vaut mieux se dire ça, tu crois pas ? Elle lève ses yeux vers lui quelques secondes, elle voulait y croire à tout ça, voir le monde différemment, positivement. Elle voulait se dire que les gens biens finissaient par être récompensés, que les autres peut-être pouvaient changer même si elle y croyait pas vraiment, plus maintenant.

acidbrain

sauf que tu ne peux pas t'empêcher de t'excuser parce que tu n'as pas cherché plus tôt à savoir, que tu n'as pas réussi à savoir avant. tu t'en veux parce que tu aurais voulu savoir avant pour l'aider et la comprendre. la soutenir malgré tout. alors oui, tu t'excuses parce que tu ne peux pas faire autrement mais aussi et surtout parce que tu ne peux faire que ça. tu n'as aucune autre arme, parce que justement t'es le type bien. le type patient et calme. le type qui ne débarquera pas chez son père pour lui flanquer une raclée, non tu n'es pas de ce type là ... alors forcément, tu ne sais quoi faire d'autre. elle vient légèrement se coller contre toi et tu en la repousses pas. tu ne l'aurais pas fait sans savoir al vérité, dans tous les cas. alors tu la prends légèrement dans tes bras pendant qu'elle te parle. t'as envie de la croire, de penser pareil, de te dire que c'est vrai, que tu guériras, que tout se passera bien, mais tu as énormément de mal à te faire à cette idée. t'as besoin pourquoi, d'espoir pour avancer et continuer. rory toute mignonne, pas princesse pour un sous, et t'apprécie ce côté d'elle. t'apprécie bien trop d'ailleurs. « j'espère bien mais souvent c'est les bonnes personnes qui souffrent dans ce monde tu sais, mais je vais faire un effort cette fois-ci et essayer de penser de cette manière. » tu souris, un peu plus, avant de t'écarte de la belle. " et la prochaine fois que je te demande de rentrer tôt, essaie de l'faire ... j'sais bien que t'as fait exprès de pas rentrer. " tu ne peux pas lui cacher, tu le savais puis c'était surtout pour détendre un peu l'atmosphère, pour faire en sorte qu'elle se détente et de changer de sujet.