salut (zoé)

qu'est-ce que tu fais ici au juste ? pourquoi t'es venu là d'ailleurs ? tu te demandes encore le pourquoi du comment. tu ne comprends pas tellement tes agissements. déjà tu invites ton ex à vivre chez toi parce qu'elle est en galère. celle qui t'a quitté, qui t'a laissé tomber alors que tu avais réellement besoin d'elle. maintenant, tu cherches zoé, la petite et douce zoé, la mystérieuse et blessée zoé. t'es là, à l'attendre à la sortie du lycée qu'elle pointe le bout de son nez. tu vas certainement la déranger, la sortir de sa troupe, débarquer et peut-être l'embêter. tu vas même peut-être croiser ta soeur, t'en sais rien. tu te sens mal d'un coup, de peut-être croiser ta soeur. tu ne veux pas la croiser, t'as pas envie de lui expliquer pourquoi t'es là, tu sais pas trop comment elle réagirait si elle apprenait que tu avais presque dérapé, que tu avais presque fait n'importe quoi mais que tu avais su t'arrêter avant. le pire restait peut-être que tu avais du mal à entreprendre la suite, le fait de te rendre compte que la petite brune zoé te manque, dans un sens. sa bouille, ses mimiques, ses mots. c'est gênant, très gênant, mais tu n'as pas le temps de plus réfléchir puis que t'entends déjà la flopée de lycéens sortir. le brouhaha. maintenant, faut que tu trouves la belle zoé. que tu croises ses pupilles et qu'elle comprenne que c'est pour elle que t'es là. elle et uniquement elle. qu'elle te rejoigne et que vous partiez assez loin pour parler, discuter et réussir à te faire pardonner. elle a du te voir comme un type ... un type tellement .. .t'osais pas imaginer en vrai, t'avait honte de lui avoir sauté dessus comme ça. heureusement que tes esprits étaient revenus à temps, n'est-ce pas ? maintenant, ça restait étrange entre vous. du coup, t'es là, appuyé contre le mur d'en face, à la recherche de zoé. espérant qu'elle ne tarde pas, parce que t'as pas envie de croiser ta soeur, ni même rory. manquerait plus que ça tient.

c'est la sixième fois qu'zoé fait tourner l'élastique qui est autour de son poignet. la troisième fois qu'elle fait une bulle de chewing-gum et que la prof la regarde avec des yeux menaçants puis l'envoie jeter le bonbon à la poubelle. la treizième fois que zoé fait du chant indien à l'aide de ses mains qui claquent contre ses joues. c'est dur, la vie d'lycéenne, d'rester assise deux heures d'affilées sur cette même chaise assignée, en fond de salle, et seule parce que "perturbe la classe de manière puérile". c'est la prof de philo, qui rend zoé comme ça.  enfin non, c'est une gosse mais disons que la plupart du temps elle arrive quand-même à maîtriser ses crises de folie jusqu'à la sortie des classes, où elle retrouve son crew - finalement, c'est peut-être césar qui l'influence ! enfants terribles. la sonnerie retentit, enfin, jamais encore ce bruit strident n'avait autant été apprécié par la brunette. elle rassemble ses affaires, prend son sac, et quitte la salle sans dire au revoir. quelle bad girl, alors ! zoé dévale les escaliers, elle manque de tomber et de s'écraser au sol en ratant une marche mais tout va bien et sa course folle continue jusqu'à la première cour extérieure du lycée où elle y rejoint ses p'tits démons. elle saute sur l'dos de césar, qui vacille un peu pris par surprise. elle veut faire avancer sa monture jusqu'au grand poteau, alors ils y vont, en courant, puis elle descend et c'est dans cette bonne humeur enfantine qu'elle sort de l'établissement, le sourire grandement étiré aux lèvres. puis, d'un coup, net, elle relâche sa bouche, et observe de loin la silhouette qu'elle semble reconnaître. puis elle comprend, c'est numa. ce visage qui lui était tant familier il y a quelques mois, puis qu'elle n'a plus du tout revu depuis deux semaines, depuis ce soir-là. y'a un sentiment de stress qui l'envahie soudainement, ce frisson qui parcourt tout son corps. elle hésite, une seconde, deux secondes, trois secondes, puis merde, il la voit. il a tourné la tête et maintenant voilà qu'ils se regardent tous les deux. elle a plus l'choix zoé, faut qu'elle aille lui parler. elle laisse ses copains derrière elle et s'avance seule jusqu'à l'intéressé. « num....a ? » elle arrive à sa hauteur, elle n'sait pas vraiment comment lui dire bonjour. lui claquer la bise ? ne rien faire ? elle opte pour la seconde option. blessée, zoé. « qu'est-ce-tu fais là ? » elle demande, s'interroge. il lui a manqué, revoir son visage, ça fait du bien. num, il peut l'lire dans les yeux d'zoé qu'elle est heureuse d'le revoir. ils pétillent, même si l'sourire est absent - pour une fois.

elle est là, elle sort, lentement mais surement. s'avance, avec ses amis, elle a le sourire, al joie de vivre et c'est comme ça que t'aimes la voir. pas comme cette fois où tout à dérapé, cette fois où tu as réussi à reprendre conscience mais où elle a fermé la porte derrière toi. elle a juste tourné les talons pour ne plus jamais te parler depuis ce jour. tu t'en veux dans un sens, mais tu as bien agis n'est-ce pas ? elle croise ton regard, tu ne le baisses pas et ça te déchire le coeur de voir à quel point elle l'évite. à quel point son sourire se perd pour s'effacer toujours plus loin. t'as envie de crier, de hurler, mais tu restes là, appuyé contre ce pan de mur qui sert à te tenir debout. parce que t'es pas un impulsif, parce que t'es ce mec calme qui ne crie pas, qui ne s'énerve pas. parce que t'es ça et pas autre chose, alors tu restes à ta place et tu attends. simplement. elle vient vers toi, ton coeur s'emballe. les battements se sont plus cadencés alors qu'elle s'arrête en face de toi. pas un sourire. à peine un regard. à peine un bonjour et la question fuse. qu'est-ce que tu fais là au juste ? t'es même pas capable de lui répondre finalement. ou si, tu es capable mais tu ne veux pas l'embrouiller. du coup, tu la fixes, les yeux dans les yeux, tu y cherches une réponse. est-ce que tu devrais partir, la laisser à sa petite vie et ne plus t'imposer. est-ce qu'elle a besoin de toi ? ou justement besoin que tu t'écartes de son chemin. tu n'en sais trop rien. t'as l'impression que ses yeux brillent, peut-être autant que les tiens lorsque tu l'as vu rire avec ses amis. « je ne voulais pas te déranger.  »  tu ne réponds pas à la question, peut-être que tu tentes de l'éviter. oui, ce doit être ça. tu tentes, tu essaies, on ne sait jamais. mais tu vas y revenir. forcément. t'es faible. t'es honnête, t'es sincère, et elle mérite de connaître la vérité. « tu me manquais zoé.  » encore une fois, c'est simple. c'est franc. tu lui fais comprendre que t'es qu'un con. que t'aurais pas du lui sauter dessus comme ça. que t'as beaucoup plus de considération pour elle, t'es pas comme ça. mais ça, tu ne sais tout simplement pas le formuler. tu n'arrives pas à mettre de mots sur tes sentiments qui s'entremêlent dans ton esprit. parce que là, t'as juste envie qu'elle te sourit. qu'elle te pardonne et que tout redevienne comme avant. « j'suis désolé zoé, j'ai été con.  » c'est la vérité. t'as été un vrai connard. un connard blessé, paralysé, abandonné mais un connard tout de même. tu t'es laissé submergé par des sentiments que tu voulais refouler et elle était là, elle a encaissé, elle a répondu présente alors que tu l'as totalement éjecté. t'as merdé. c'est certain. tu t'en veux, c'est certain aussi.

y'a comme un trou dans sa poitrine, on lui a donné un coup trop intense, elle s'en remet toujours pas. le cœur qui bat trop vite, l'esprit tourmenté d'questions, de sensations. puis, son souffle, qu'elle tente de reprendre calmement à l'intérieur. revoir numa, ça lui fait quelque chose, à zoé. elle se sent complète, comme si elle venait enfin de retrouver la dernière partie d'elle même qui lui manquait. trop sensible. il est venu pour elle, il le lui dit, ça la touche puis elle sourit. elle peut pas s'en empêcher, surtout quand les beaux yeux du jeune homme sont plongés dans les siens. elle arrive pas à en vouloir à num, de revenir, comme ça. pire, elle n'arrive pas à s'en vouloir à elle-même de l’accueillir aussi bien une nouvelle fois dans sa vie. il est trop important. trop pour pouvoir être laissé de côté trop longtemps. tu m'déranges pas, numa. je t'ai manqué ? redis le encore. s'il te plait. pour moi. pour me faire plaisir. tu sais pas à quel point ça me fait du bien d'me sentir importante, pour quelqu'un. continue à faire accélérer mon cœur, continue à offrir des ailes aux papillons pour qu'ils s'envolent. elle rêve, zoé. jamais elle lui dira ça. elle en crève d'envie, mais aucun mot ne franchit la barrière de sa bouche. elle peut pas s'permettre de lui confier de si jolies choses, là, maintenant, après ce qu'il s'est passé. puis, il s'excuse. ce sont des mots qui s'échappent de ses lèvres, qui viennent s'imprégner dans l'coeur de zoé. touchée. une syllabe de plus, et elle coule. malgré lui, il a trop d'emprise sur zoé, numa. alors elle se laisse aller sur le flow d'ses beaux sons, elle s'approche de lui puis elle l'enlace, passant ses bras autour de sa nuque et appuyant sa tête contre le haut de son ventre. elle laisse couler deux larmes sur ses joues rosées, l'émotion qui prend l'dessus, sûrement. « tu me manquais aussi. » chuchote-t-elle en essuyant l'eau sur son visage avec le bout de sa manche. puis, après quelques secondes, elle se recule, lève la tête vers numa et le regarde de sa petite taille. y'a quelque chose qui a changé, elle le sait, zoé. y'a tout qui s'confond en elle, le mélange de sentiments et l'éveil des sens ; c'est la naissance d'la beauté d'une relation incompréhensible.

t'avais juste l'impression que ça faisait une éternité que tu n'avais pas vu zoé. que tu n'avais pas croisé ses deux azurs, une éternité que t'avais pas vu ses yeux pétillants, ou même son sourire charismatique. ca te tuait de penser ça, parce que c'était tout simplement ta faute. tu étais le fautif dans l'histoire. toi, et ta putain de jambe, toi et ce destin de merde qui te suivait, te guidait et t'empêcher de vivre réellement comme tu l'entendais. alors tu étais là, pour elle, pour cette petite que tu avais blessé, pour cette jeune femme qui te manquait, tu avais mis à la porte parce que tu avais tout simplement paniqué. tu avais merdé, c'est vrai, tu avais pété un plomb, t'avais pas compris ce qu'il s'était passé, tu avais été à deux doigts de lui sauter dessus, tu t'étais laissé aller. tu te souvenais encore, de tes mains sur sa peau, ses doigts glissants sous son t-shirt, tes yeux la dévorants du regard puis ta prise de conscience. ton envie de fuir, ton envie qu'elle parte, ton envie de tout oublier, de tout faire disparaître. voilà, ce dont tu avais eu besoin, vite. et depuis, tu n'avais pas eu de nouvelle d'elle, aucune nouvelle de la douce zoé. elle plonge dans tes bras, elle se cogne contre ton torse, et tu refermes ton emprise autour de son corps si frêle. tu la serres dans tes bras sans trop la serrer, comme si tu avais peur de la briser, peur de la casser, la belle poupée de porcelaine. « j'espère bien ... » tu entends les trémolos, tu entends sa voix qui déraille, son émotion, qui doit être similaire à la tienne. « oh zoé, ne pleurs pas, s'il te plaît » t'as envie de voir son visage empli de larmes, pourtant, elle se recule, essuie ses larmes et te regarde. tu peux pas détourner les yeux. putain, pourquoi est-ce que t'es si heureux de la retrouver ? pourquoi est-ce que t'es si attaché à cette petite perle au juste ? peut-être parce que tu la connais depuis longtemps, peut-être parce que tu connais sa vie, son malheur, et que tu t'en veux de l'avoir mis à la porte alors qu'elle a vécu tant de fois ce genre de choses. tu t'étais pourtant juré de ne pas jamais être cette personne. « viens, allons boire un café, ou un chocolat, quelque chose ... si t'as un peu de temps. »