(frey) leave this blue neighbourhood

« FREY, VIENT ICI TOUT DE SUITE ! » te tenant par le bras il s'accroche à ta jaquette mais toi tu te tortilles afin de t'en débarrasser et tu cours le laissant seul furieux avec le vêtement « VIENT ICI PETIT CON ! » tu cours vers ta chambre, c'est le seul endroit où tu peux te réfugier. Tu entends des gros pas lourd au bout du couloir tandis que tu fermes le plus silencieusement possible la porte derrière toi mais celle-ci ne le retiendra pas très longtemps, d'autant plus que tu ne peux la fermer à clef. Planqué sous le lit, retenant ta respiration tu pries pour qu'il ne te trouve pas. « Tu sais bien que ça sert à rien de te cacher, je te trouve TOUJOURS ! » tu entends qu'il ouvre la porte de ta chambre à la volée, se dirige droit sur ton armoire faisant claquer la porte en l'ouvrant, puis vers ton bureau, regardant au-dessous... ton coeur bat à toute vitesse, tu sens déjà ta peau te picoter et les larmes te monter aux yeux tandis qu'il t'attrape la cheville et te tire d'un coup sec hors de ta cachette « Non ! Non s'il te plait papa ! Papa ! ». Sans ménagement il te jette sur ton lit où tu tente de te réfugier le plus possible contre le mur te protégeant de tes bras maigrelets d'un gamin de six ans. « Si tu savais comment j'ai passé une sale journée à cause de toi, petit con ! » d'un oeil brumé par les larmes tu le vois retirer sa ceinture des boucles de son pantalon, la plier en deux afin de la prendre bien en main et s'approcher dangereusement de toi. « TOUT EST DE TA FAUTE ! » le premier coup fuse, les cris aussi, puis le deuxième, le troisième, le quatrième... mis à part la douleur, tu sens ton t-shirt devenir mouillé dans ton dos... tu as arrêté de compter les coups quand ton corps n'était plus que douleur... il pouvait y en avoir dix, vingt, trente... tu ne sais plus. Essoufflé, il te regarde, toi et ton corps meurtri. « T'avises pas de le dire à ta mère, Frey... sinon tu sais jusqu'où je peux aller... » oh oui tu le sais, il est capable de bien pire, ça c'est de la routine.

Allongez sur un lit blanc, dans une chambre blanche, couvert de partout par des bandes blanches tu regardes ta mère et une femme médecin discuter entre elles. Tu es dans les vapes, ta tête te fait affreusement mal, ton bras gauche aussi, ton droit pareil et ta jambe... non tes jambes, tout ton corps te fait mal, chaque parcelle de peau te brûle encore... « Madame Weiss... je vais être sincère avec vous... il est impossible que votre fils ait été blessé pareillement en tombant dans les escaliers... son corps est couvert de blessures dû à des coups fait très certainement avec une corde ou une ceinture... » tu sens les larmes te monter aux yeux, non, personne ne doit le savoir, sinon papa te fera encore plus de mal. « Nous avons demandé au psy qui suit Frey de venir pour essayer de lui tirer des informations mais impossible de parler avec lui... le pauvre est totalement sous le choc, ce qui confirme nos suppositions. » tu entends ta mère gémir et retenir ses larmes, visiblement perdue et choquée « Madame Weiss... nous n'essayons d'accuser personne, mais si vous avez le moindre doute sur quelqu'un il faut le dire... pour le bien de Frey ! » NON ! Personne ne doit savoir, tu te redresses péniblement sur ton lit « Non, personne ne doit savoir ! Il... il me fera encore plus de mal... il m'a promis qu'il me tuerait si... si je le dénonce ! » tu les vois accourir vers toi, ta mère paniquée tente de te tirer des informations mais tu ne peux rien lui dire, tu as trop peur et tu es trop faible.

Assis en face d'un tableau, tu fermes les yeux imaginant cet homme parfait que tu rêves depuis si longtemps. Tu as seize ans et dans quelque mois tu dois présenter un dossier portfolio de toutes tes oeuvres pour pouvoir entrer dans une école d'art où tu souhaites te rendre. De gros pas lourd entre dans ta chambre sans même prendre la peine de frapper « Va m'acheter de la bière, y'a plus rien... » tu soupires, ton père a été viré il y a quelque année en arrière et depuis il vit bien son histoire d'alcoolique et d'homme à la maison. « Pas le temps, demande à Devyne. » « Il est pas là... » « Alors, à Lyne » « Elle peut pas elle fait trop jeune, ils l'ont refoulés la dernière fois... Frey, tu vas m'acheter de la bière POINT. » « Je suis occupé putain, je dois donner mon dossier dans un mois ! » tu te crispes tandis que tu entends le bruit trop familier de la ceinture qu'on détache « Tu as dis quoi là ? "t'es occupé putain" ? Vraiment ? » « T'oseras pas... maman est là... » il te sourit, ce sourire qui te donne des frissons à chaque fois « Alors, serre les dents ! Il ne faudrait pas qu'elle sache, n'est-ce pas ? » tu écartes ton oeuvres pour éviter qu'il ne l'abîme tandis que tu sens le premier coup cinglé la peau trop fine de ton épaule. D'autres coups fusent tu t'enfermes peu à peu dans ta bulle essayant d'oublier la douleur mais une voix douce te tire de là celle de ta mère... NON ! Elle ne doit pas savoir ! « Freeey, chéri, tu n'aurais pas vu ton pè... père ?! » tu vois son air choqué, ses yeux terrifiés sur cette évidence qu'elle ne découvre que maintenant après toutes ses années à chercher qui fait du mal à son fils et tu vois ton père devenir furieux en la menaçant de sa ceinture. Réalisant la situation, tu te jettes sur ta mère afin de la protéger du monstre qu'es ton géniteur.

« Tu verras... on sera bien ici à Biarritz, loin de ce monstre, loin de cette ancienne vie... essaie de t'en faire une nouvelle d'accord ? » elle te sourit de ce sourire qui te remonte le moral en un clin d'oeil « Ne t'inquiètes pas maman, ça va aller. »