she's thunderstorms. (aurèle)

le regard vide de tous sentiments, mais l’esprit envahi par le tumulte de ses pensées, mathéo, les mains enfoncées dans les poches de son pantalon de costard laisse ses yeux se poser sur la ville de biarritz en contrebas de l’immeuble, baignée de la lumière artificielle des réverbères. « mathéo ? » le tirant de sa torpeur, une des avocates du cabinet se tenait dans l’encadrement de la porte de son bureau. « je m’en vais. tu t’occuperas de fermer le cabinet ? » reprenant ses esprits, le jeune homme acquiesça. « ok pas de soucis, bonne soirée nora. » il tenta de reprendre le cours de l’une de ses affaires profitant du silence du cabinet mais malgré ses efforts, il n’arriva à se concentrer pleinement. il décida alors de quitter son bureau. il détestait particulièrement laisser un cas en suspens mais il savait pertinemment que ce soir là, il ne réussirait qu’à être partiellement dedans. et il laisserait probablement certaines choses lui échapper. ce qu’il ne pouvait se permettre. il rentra ainsi chez lui, happé par l’obscurité régnant sur la ville. un de ses amis l’avait invité à une soirée qu’il organisait et mathéo avait subitement décidé d’y passer pour se changer les idées. pour autant, il avait promis à l’une des filles qu’il voyait depuis quelques semaines maintenant de passer la soirée avec lui. faute d’avoir l’envie de faire un choix, il décida de l’emmener avec lui. – la foule a déjà envahi l’énorme maison de son pote quand ils arrivent. la musique fait vibrer son corps tout entier et après avoir retrouvé quelques amis, présenté vaguement et trop rapidement la fille à ses côtés, mathéo décide d’aller leur chercher de quoi se désaltérer. en passant devant l’énorme porte donnant sur la cour, une voix familière le pousse à s’arrêter. son cœur fait un raté, et il reste un instant stoïque devant la vision du dos d’aurèle, face à lui. il maudissait subitement son pote qui avait dû les inviter tous deux sans penser aux conséquences. mais aurèle n’est pas seule. un type l’accompagne, sur cette cour. mathéo veut reprendre son chemin, essayer d’oublier la vision de la brune, mais il sent que quelque chose ne va pas, que le type n’est pas net. elle tente de le repousser verbalement. un peu trop gentiment. l’homme est clairement bourré. et mathéo bouillonne. ne peut s’en empêcher. il ne devrait pas interférer, devrait la laisser, mais c’est plus fort que lui. il doit s’en mêler. il se positionna aux côtés de son ancienne fiancée, le regard froid et menaçant. « t’as pas autre chose à faire que l’emmerder ? allez, laisse tomber, va cuver ailleurs. » il n’y peut rien, ce type le met dans une rage folle.

Un ciel orangé s'étendait au-dessus de la vaste mer : le soleil se couchait petit à petit sur la ville de Biarritz. Aurèle était encore à la galerie d'art et terminait les dernières préparations pour l'exposition de demain. Elle prit un moment pour observer les tableaux du jeune artiste qu'elle avait rencontré dans le Jardin Public. Son art était d'une pure beauté et elle ne se lassait pas de l'admirer. Le temps s'écoulait et elle voyait bien que ses employés étaient épuisés et ne demandaient qu'à rentrer à la maison. Elle leur dit donc de partir et ferma le commerce environ une demi-heure plus tard. Les lunettes de soleil sur le nez, elle enfourcha sa bicyclette et pédala jusqu'à chez elle.

Son esprit divaguait lorsque quelque chose vibra dans son sac à main. Elle s'arrêta sur le côté de la route pour lire le message qu'elle venait de recevoir : c'était une de ses amies qui l'invitait à une soirée chez elle. Aurèle, qui a toujours été du genre tranquille, profitait de toutes les occasions pour sortir depuis qu'elle n'était plus avec Mathéo. Elle répondit donc à son amie qu'elle viendrait et ne prit pas la peine de lui demander si elle pouvait venir accompagnée, car elle savait déjà la réponse. La jeune brune fit tout de suite un appel pour ensuite reprendre le chemin de la maison.

Aurèle arriva chez son amie au bras d'un certain Nicolas. Elle le connaissait à peine, mais il n'était pas question pour elle d'aller à quelque part seule. La jeune artiste ne savait pas dans quoi elle s'embarquait à ce moment de la soirée, car plus tard, à force de boire sans cesse, son accompagnateur devint violent. Aurèle tenta de le calmer :  « Arrête un peu de boire, tu veux ? Tu deviens désagréable. » Elle parla toutefois dans le vide, car son message n'eut aucun impact sur son destinataire. Elle entendit alors une voix qui lui était familière, la voix de son ex-fiancé : « T’as pas autre chose à faire que l’emmerder ? Allez, laisse tomber, va cuver ailleurs. » Un tourbillon d'émotions envahit soudainement la jeune brune qui perdit ses moyens l'espace de quelques secondes. Elle finit par reprendre ses esprits et répliquer :  « C'est toi qui va aller cuver ailleurs, Mathéo ! Tu te prends pour qui pour envoyer promener les gens de cette manière ! Nicolas ne m'a rien fait et on passait une excellente soirée avant que tu nous déranges, vois-tu. »

Aurèle, déterminée, prit le bras de Nicolas afin de le diriger ailleurs, mais c'était peine perdu. Le visage rouge de colère, il la repoussa violemment sur le côté et se dirigea directement vers Mathéo. La jeune femme tomba sur le sol rigide et porta tout de suite sa main sur sa cheville gauche.