he holds my body in his arms, he didn't mean to do no harm (numa)

Là dehors, elle s'éparpillait comme jamais, ses billes azurées ricochant sur le moindre obstacle, comme s'il s'agissait d'un océan de petits cailloux se superposant les uns les autres. Elle était perdue, comme à son habitude, et sa rêverie n'avait d'égal que sa maladresse alors qu'elle déambulait dans les rues de Biarritz, tentant de retrouver son chemin dans ce labyrinthe avec pour seul guide son portable. Le chemin lui avait l'air correct, mais peut-être était-ce la destination qui n'était pas la bonne. Elle n'y connaissait rien, elle, en pâtisserie, et à en jauger par sa carrure il n'était pas franchement bien compliqué de le deviner. Pourtant elle s'obstinait, comme s'il relevait de son devoir que d'acheter ces macarons dont on lui avait tant parlé. Elle était montée sur ses grands chevaux toute seule, comme une grande, et maintenant rien ni personne ne pourrait l'empêcher d'atteindre son but, et ce même si elle pouvait s'y acharner pendant des heures. Chassant une de ses longues mèches de cheveux derrière son oreille, ses traits poupons se plissaient légèrement alors qu'elle tentait de lire au loin l'enseigne que son engin lui indiquait. Elle était bien au bon endroit, mais pourquoi est-ce que ses talons lui criaient de ralentir ? Probablement parce qu'après autant de marche, et avec des allumettes comme les siennes, elle n'était plus trop capable de supporter un demi tour aussi catastrophique. Alors, apaisée, sa démarche s'était voulue plus sereine, lente, son long manteau bleu marine venant caresser ses cuisses alors qu'une légère brise venait la rafraichir. Poussant la porte d'entrée du magasin, elle fut automatiquement attirée par l'odeur, comme une petite fille trop curieuse sentant sa mère derrière les fourneaux. Elle avait toujours été comme ça, curieuse de toute, et toutes ces saveurs se mélangeant ne faisaient que lui rappeler que beaucoup de choses lui échapper encore, notamment dans l'art culinaire. Un sourire discret mais bienveillant sur ses lèvres, elle s'était alors approchée du comptoir. « Un thé s'il vous plait. Qu'importe le parfum, surprenez-moi. » elle avait bien le temps de s'arrêter quelques instants. Alors, elle pris place près de la fenêtre, comme elle avait souvent eu l'habitude de le faire. Plus jeune, ça avait toujours été sa chaise favorite, elle pouvait alors rêver en toute discrétion lorsque les heures s'étirer, ou que ses pensées pesaient un peu trop sur ses épaules. Encore aujourd'hui, ses songes la rattrapaient souvent, mais elle n'y prêtait plus autant d'attention. Quelque part, savoir qu'une part d'elle restait la même avait le don de la rassurer. Et alors que ses prunelles fixaient un vide absolu, elles furent bien rapidement rappelées à la réalité lorsque le visage de ce garçon défila sous ses yeux, derrière la fine vitre de verre. Numa ? Elle avait retenu son nom, car même si elle ne lui avait jamais avoué, il avait été son premier baiser. A l'époque, elle ne pouvait pas dire qu'elle en avait été fière, mais avait toujours gardé une profonde estime pour lui, comme s'il était marqué d'une importante symbolique. Son regard croisa le sien alors qu'à tenir trop longtemps sa tasse à peine arrivée, elle en venait presque à se brûler les bouts des doigts.

le centre ville, c'est un de ces coins sympas, un de ces lieux que tu aimes fréquenter, parce qu'il y a toujours de l'activité. tu es sans cesse appelé dans tous les sens, tes pupilles foncées sont sans cesse happées dans tous les sens dans le but de capter le plus d'informations possible. t'es de ceux qui observent, qui regardent et attendent. t'es de ceux qui se plaisent dans la contemplation sans forcément prendre part des événements. t'es de ceux là, ceux qui traînent sans but, ceux qui sortent tout juste du boulot et qui se demandent ce qu'ils vont faire maintenant. t'es de ceux là. tu évites ton chez toi, pour le moment, parce que tu as bien trop de questions en tête, un trop plein de questionnement sans aucune réponse. d'abord sacha, sacha qui revient après t'avoir abandonné. puis maintenant lia. qui décide de faire pareil, qui décide de réapparaître. du coup, toi tu as ce coeur, se coeur qui s'agite dans tous les sens sans aucun résultat, ce coeur qui ne sait plus où donner de la tête tellement les informations sont importantes et multiples. tu ne sais pas ce que tu veux, et tu sais encore moins ce que tu devrais faire. alors tu marches, tu laisses cette brise d'hiver te rafraîchir dans l'espoir qu'elle te guide. elle te fait avancer, te transporte, et apparemment, te ramène jusqu'à cette boutique. deux azurs captent ton regard, captent tout l'intensité que tu peux émaner. tu la regardes, tu t'arrêtes, là en pleine rue, et tu las fixes. tu la connais, tu es certain. serait-ce lana ? lana constan ? cette lycéenne discrète et timide que tu as connu en terminal ? sans réellement douter, tu entres dans la pâtisserie et tu vas directement à sa table. tu t'arrêtes devant, tu l'observes, et tu souris. simplement.  « lana ? lana constan ?   » que tu demandes, un léger doute plane ... non, en réalité, il n'y en a pas, tu ne pourrais pas confondre la poupée de porcelaine.  « c'est moi, numa ... favre, je peux m'asseoir ? à moins que tu n'attendes quelqu'un, bien entendu.  » tu tentes un deuxième sourire tout en la gardant en vu. cette jeune femme, c'était ton opposé. la fille discrète, sans problème, alors que toi, avec simon par exemple, ou encore roméo, vous étiez les perturbateurs du fond de la classe, vous étiez ces gamins immatures qui se fichaient du bac, qui cherchaient simplement à s'amuser et profiter. lana, c'était la fille inaccessible, la fille mystérieuse que tu as embrassé après l'obtention du bas. c'est cette fille qui t'a répondu avant de te repousser, doucement. tendrement. en t'indiquant simplement qu'elle n'attendait pas ça, qu'elle ne voulait pas. lana, c'était ton crush du lycée. « ça fait si longtemps, qu'est-ce que tu deviens ? tu travailles dans quoi maintenant ? » tu lui vois déjà une grande carrière réussie.

Ce visage, elle ne l'avait pas vu depuis des années et pourtant, il avait hanté ses rêves. Comme à son habitude, elle s'était raccrochée aux seuls désirs qui l'avaient fait grandir, qui lui avaient fait réaliser qu'elle était une femme, et qu'elle pouvait être désirable. Ces lèvres, elle ne les avait plus jamais goûté, et pourtant leurs saveurs était quelque chose qui restait ancrée en elle comme si elles s'y étaient installées pour y rester à jamais. Elle ne connaissait pas réellement ce sentiment, et on ne pouvait pas dire que Lana à nouveau ressenti depuis. La première fois n'était pas la plus importante, lui disait-on, mais elle savait pertinemment qu'à ses yeux, tout était différent. Et si le sable s'était écoulé depuis, elle avait toujours gardé en mémoire les traits de ce garçon qu'elle avait pourtant relâché de sa cage. La française n'avait pas été prête, elle le savait, mais aujourd'hui tout était différent. Aujourd'hui, elle ne se posait plus autant de questions, probablement parce que le temps l'avait rattrapé et qu'elle avait réalisé que toutes ses pensées ne l'aidaient pas franchement à avancer. Alors, lorsque son regard avait capté celui du brun, elle avait senti ses joues s'empourprer. Elle ne savait pas trop si elle était gênée, ou s'il s'agissait d'une sorte de mécanisme d'autant défense mais la brune n'avait pas réussit à le cacher. Et alors qu'une mèche de ses cheveux retombait le long de sa joue, le jeune homme avait pénétré dans la pâtisserie, se présentant à elle. Comme si elle avait été en mesure de l'oublier. « Oui, j-je me souviens. Bien sûr, assis-toi. » Elle se sentait lisse, comme si toute sa personnalité, tout ce qui faisait qu'elle était qui elle était aujourd'hui s'était volatilisé, face à ce garçon qui la faisait basculer quelques années en arrière. « Eh bien, en ce moment je travaille sur ma propre ligne de vêtements, j'ai même mon petit magasin près de la côte... enfin, rien qui ne puisse te passionner. » Elle tentait un timide sourire, elle qui était pourtant si détachée de la gente masculine en règle générale. A croire que Lana ne savait plus où se mettre, prise au dépourvue. « Il est encore en pleine rénovation, et je ne suis pas trop du genre à faire confiance aux ouvriers, du coup je termine la décoration comme je le peux en ce moment. » Et puis il fallait bien avouer qu'elle aimait se salir les mains, comme si apporter sa propre touche, sa propre pierre lui donnait l'impression de faire part de quelque chose de plus grand. Lana avait toujours aimé tout contrôler, et c'était bien ce qui l'avait retenu de faire pas mal de choses par le passé. « Et toi, qu'est ce que tu deviens ? » Ses billes azurées avaient beau se balader sur son visage, elle n'arrivait pas à noter grandes différences avec celui de ses souvenirs. « Tu n'as pas changé... Excepté peut-être cette barbe. » un sourire vint étirer ses lèvres alors que les bouts de ses doigts osaient s'aventurer une courte seconde sur le menton du jeune homme, d'une délicatesse qui lui était propre, avant de laisser retomber sa main près de sa tasse. « T-Tu veux commander quelque chose ? » La brune risquerait de se sentir bête si elle était la seule à consommer.

elle t'accepte, elle te laisse t'asseoir et tu ne perds pas une minute pour le faire. tu t'installes et tu l'observes, la douce lana, cette fille mystérieuse et discrète qui doit cacher tout un tas de secret derrière ses traits si lisses et parfaits. tu t'installes en face d'elle et tu l'écoutes te raconter sa vie, ses mésaventures, ses ambitions. tu prends le temps de l'écouter, de t'informer parce que ça t'intéresse, parce que t'as besoin d'en savoir plus comme si tu te rendais compte - petit à petit - que tu avais loupé trop de choses dans sa vie, comme si tu n'avais pas été là dans sa vie. comment peux-tu penser de cette manière alors qu'au fond, vous n'aviez jamais réellement vécu d'histoire tous les deux. vous n'étiez que deux adolescents à l'époque. deux personnes perdues, elle moins que toi, puisqu'elle avait su mettre un stop avant que ça ne dérape.  « ce doit être bien ... d'avoir quelque chose à soi, quelque chose qui t'appartient.  » que tu dis, te laissant aller à aux confidences comme si c'était facile, comme si c'était serein et normal. « je ne suis pas ouvrier donc si jamais t'as besoin d'aide, il est possible que je fasse des merveilles de temps en temps ... peinture, tout ça, il y a peut-être moyen que j'apporte ma pierre à l'édifice. » tu ne sais pas trop à quoi t'attendre, tu ne sais pas trop si c'est normal, si tu fais bien de lui proposer, après tout, vous êtes deux inconnus maintenant. deux personnes dont la route se recroise, mais t'en sais rien, t'en as simplement envie. envie de passer du temps, envie de voir son magasin, ses bijoux et peut-être un bout de sa vie aussi. puis le temps s'arrête quelques instants, une courte seconde où elle ose. elle ose lever sa main vers ton menton, l'effleurer. tu frissonnes, immédiatement, alors qu'un large sourire se dessine le long de tes lèvres, d'autant plus lorsque tu l'entends, gênée. « je vais commander, je reviens. » c'est simple et efficace. tu te lèves, tu commandes un chocolat chaud, et tu reviens immédiatement. « moi je travaille dans les cuisines l'atelier et de temps en temps je donne des cours de surf au plus petits. » tu hausses les épaules, machinalement. « rien de fantastique, même si je n'étais pas destiné à la cuisine. et ... tu n'as pas changé non plus. même si tu as l'air différente ... je dirai plus ... plus sereine ? beaucoup plus sûre de toi en fait. » tu ne veux pas la gêner, mais tu ne peux pas t'empêcher de lui dire la vérité.