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 (Bendo) Je manque d'espace, je manque d'air pur

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(Bendo) Je manque d'espace, je manque d'air pur _
MessageSujet: (Bendo) Je manque d'espace, je manque d'air pur   (Bendo) Je manque d'espace, je manque d'air pur EmptyDim 27 Mar - 3:42

Parfois, je me demande comment est-ce que j’ai pu choisir une profession aussi difficile, avec une spécialisation si compliquée. Le pénal. Le plus difficile, ce n’est pas d’écouter le récit douloureux des victimes, c’est de les voir, elles. En face de moi, cette jeune fille de vingt ans me raconte son calvaire, comment elle s’est retrouvée face à un individu, chez elle, qu’elle ne connaissait ni d’Eve, ni d’Adam et qui a pénétré dans son appartement en profitant qu’elle rentrait ses courses. Il s’est immiscé dans sa vie, lui a fait mal, physiquement, psychologiquement. Il a détruit sa vie. Elle ne sera plus pareille. Je baisse les yeux sur mon dossier, puis les relève après quelques secondes sur elle. Il ne faut pas que je lui montre ma peine, mais elle est bien là, elle se ressent dans mes yeux, dans ma façon de me comporter. J’ai mal pour elle. J’aimerais pouvoir lui retirer tout ce fardeau, mais je ne peux pas. Alors je me contente d’écouter, de prendre des notes. C’est ma toute première cliente, depuis que j’ai terminé mes études, depuis que j’ai validé mes acquis. La toute première que j’ai à moi toute seule et c’est différent, effrayant. Avant, j’avais quelqu’un sur qui compter. Nous étions même plusieurs étudiants à travailler sur les cas qu’on nous offrait et c’était à celui qui allait se faire repérer le plus rapidement. Là, il n’y a aucune compétition avec personne. Il faut juste gagner un procès pour rendre justice, pour emprisonner un homme qui a agi comme il n’aurait pas dû. A la fin de l’entrevue, après avoir eu les réponses à mes questions, après lui avoir expliqué avec peu d’assurance comment les choses allaient se dérouler, je me lève, me tourne, proche de la sortie… Puis lui fait face, de nouveau, en faisant une erreur. Je lui donne mon numéro de portable, mon numéro personnel. Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça, je n’aurais pas dû, mais elle accepte en me remerciant d’un sourire.

En rentrant chez moi, j’entre dans la salle de bain et me douche aussitôt, restant une bonne heure dedans. Un besoin viscéral de me laver, comme à chaque fois que je me sens sale et cette histoire n’a fait que me rappeler d’où je viens, le dégoût que je ressens lorsque je croise le regard de ma mère, dépressive. Je déteste ça, me sentir mal. Une serviette autour de ma poitrine, je rejoins ma chambre et trouve des vêtements. Un pantalon en cuir, un top, bustier, noir et des petites chaussures à talon qui me rendent bien plus grande que je ne le suis. Un instant, je reste à caresser mon chat qui vient se coller à moi, déposant un baiser entre ses oreilles et me hâte vers la sortie, emportant ma veste bleu marine au passage. Le bar dans lequel j’arrive, je le connais bien pour le fréquenter plusieurs soirs dans la semaine. Il est dix-neuf heures et il est déjà bondé. Il y a du monde dans tous les recoins. Je m’avance jusqu’au comptoir, pose ma main sur celui-ci et attire l’attention du barman qui est aux commandes ce soir. « Laisse-moi deviner. Une despe ? » Je lui adresse un faible sourire. Il me connaît bien. « S’il te plaît. » Aussitôt dit, aussitôt fait. Il pose le verre devant moi, avec la bouteille de despe. J’en verse une partie du contenu et me tourne vers l’intérieur. Il y en a qui sont debout, près de moi, d’autres sur des tabourets. Les tables sont presque pleines. Et puis mes yeux se posent sur une silhouette, un visage. Bendo. C’est bien le seul dossier en cours qui me détend, parce qu’il n’a rien à voir avec des agressions sexuelles. La première fois que lui et moi nous nous sommes vus, j’étais dans une position étrange, avec une serviette autour de ma poitrine, gênée qu’il me voie comme ça… Pour une raison aussi bidon. Celle de m’être enfermée à l’extérieur de chez moi, la poignée étant tombée. Il m’a aidé à rentrer et je lui ai donné de mon temps pour son histoire chaotique. J’hésite. La fille qu’il connait bien a peur de se montrer. Celle qui est vulnérable. Je m’avance, avec un semblant d’assurance sur mon visage et pose ma main sur son bras. « Salut. » C’est toujours très étrange de le revoir, alors qu’auparavant, on se contentait de se parler sur Internet. « Alors, tu as trouvé ta groupie du soir ? » demandé-je, avec un semblant d’humour.
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(Bendo) Je manque d'espace, je manque d'air pur
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