(cam) don't forget to breathe

c’était difficile mais pourtant le fait de pouvoir se changer les idées en travaillant c’était pas mal. au moins j’avais un exutoire, si on pouvait appeler ça comme ça réellement. j’avais quelque chose pour m’occuper l’esprit surtout disons. réflexes de merde. boire beaucoup d’eau par exemple. j’arrivais toujours pas à me faire qu’il n’y avait plus personne qui avait élu domicile sous mon nombril. cette personne, cet enfant avait … tout bonnement disparu. comme ça du jour au lendemain. sans explications. et raphaël lui aussi avait disparu après. et il me manquait. terriblement mais, c’était plus possible de continuer comme ça. les journées se ressemblaient. je remplissais les agendas, j’appelais les patients. je tapais à l’ordinateur. c’était monotone, c’était sans saveur. mais ça me tenait la tête hors de l’eau.

une petite pause bien méritée. mon mug perso de café à la main j’empruntais l’ascenseur pour monter sur la terrasse. nerveusement je tapais du pieds pendant que la petite musique qu’on déteste tous retentissait dans l’ascenseur presque vide. nerveuse, j’étais nerveuse. c’était normal le médecin m’avait dit. un soupir. les médecins … j’en voyais tous les jours. ils savaient. leur regard sur moi était parfois terriblement gênant. ils étaient là a me juger? ils savaient que j’étais celle qui … celle qui avait perdu son enfant à six mois. j’avais probablement fait quelque chose de mal hein? pourquoi perdre un bébé si tard dans la grossesse sinon?

de l’air enfin. je posais le mut sur le rebord et regardais en bas. une bouffée de panique me prit. je n’avais pas peu des hauteurs, mais c’était toujours impressionnant. il n’y avait personne, que moi. c’était agréable. immédiatement je sortis de la poche de ma blouse le paquet de cigarette et en allumait une. « ah putain …  » respirer. enfin … fumer techniquement. voila ma drogue depuis deux semaines. un besoin viscéral. peut être pour combler un vide. probablement même. je soupirais et m’assis sur le rebord, dos au vide quand l’ascenseur émit un bip de nouveau laissant entrer quelqu’un sur la terrasse. un peu nerveuse, je pris la tasse et plongeais mon nez dedans, humant le délicieux parfum du café.

j’étais une forcenée du travail. c’était un moyen comme un autre de pouvoir me changer les idées, ne plus penser au fait que j’étais totalement perdue dans ma vie et que je ne savais pas comment m’en dépêtrer ou tout simplement avancer. alors autant aider les autres. oui c’était bien mieux. je pourrais en parler. a Lisa. ou même a Angélique, mais je ne voulais surtout pas les embêter avec ça. elles avaient leurs vies elles aussi, non? et j’étais pas le genre de personne à venir les emmerder. j’étais très famille, mais je ne voulais pas m’imposer pour autant. les malheurs de leur soeur n’ont pas vraiment grand chose d’intéressant. er puis ça passerait. non? ça finirait toujours par passer pas vrai? et meme si ça prenait d u temps, c’était pas bien grave. j’étais pas non plus « toute seule » hein. j’avais mon boulot.

le boulot. l’air frais du vent sur mon visage me faisait du bien. c’était tout con c’était une habitude débile que j’avais prise de commencer à fumer. c’était con hein. mais maintenant que j’avais commencé je ne pouvais plus m’en passer du tout. ma tasse de café allait probablement refroidir rapidement mais c’était pas grave je pourrais m’en refaire une en descendant. Pour le moment je voulais la cigarette. c’était devenu un réel besoin. et un manque quand je ne pouvais pas fumer. et oui, je sais que c’est pas bien. Le bip de l’ascenceur eut le don de me surprendre aussi je me plongeais dans ma tasse. oui j’avais oublié que le lieu était .. semi-public. Du moins que je pouvais y croiser du monde. « Salut ! » c’était Cam. Je souriais un petit peu en la voyant. bon ça allait c’était pas « n’importe qui ». Cam c’était une personne agréable. sauf que moi … j’avais pas du être très agréable avec elle ces derniers temps. Avec personne en même temps. Je me sentais un peu nulle. « salut » lui répondis-je avant de boire un peu de café. elle n’était pas loin. Je me demandais si elle m’en voulait. Je me demandais si elle savait. tout le monde savait, ou presque. du moins … je le supposais. « Ca faisait longtemps qu’on s’était pas vues » dis-je en terminant la clope et l’écrasant dans le cendrier. je vins m’asseoir à la table, sur la chaise à côté d’elle avec mon mut. « comment ça va? » un peu de contact humain me fera du bien. et comme je le disais, c’était Cam. Ouf!