(loeiz) surprise

Cet idiot s’efforce de sourire, de feindre l’indifférence à ma venue. Ce brave gaillard, il réussi presque à faire croire à son groupe de potes que je m’apprête à rejoindre qu’il est apaisé, mais ses yeux le trahissent, ses épaules qui s’affaissent doucement aussi. Il tente de sauver les meubles, entrouvre la bouche alors que je m’avance vers lui, verre dans une main. « Loeiz ! » s’exclame-t-il, un air faussement enjoué sur le visage que je ne lui connais que trop bien. Peut-être devrait-il penser à prendre des cours de théâtre : sa prestation est pitoyable, contrairement à la mienne qui ne laisse rien entrevoir, mais il sait. Il sait que lorsque je suis dans les parages, ça ne présage rien de bon, mais il tente. Il m’étreint de ses bras, tapote dans le milieu de mon dos, n’arrivant pas à aller plus haut que ça avec sa petite taille. « Alors Matteo, tu as oublié de m’inviter à ta petite fête ? » Son teint devient plus pâle, son sourire disparaît peu à peu, alors que le mien s’agrandit. Les sourcils froncés, je tourne le liquide dans mon verre de Whisky et en boit une gorgée. « C’est quoi ici ? La baraque de tes vieux ? Il faudrait leur faire penser à acheter une meilleure bouteille, si tu veux que tes potes s’amusent. » Je le vois déglutir, rester planter là, face à moi, comme un abruti. Un peu plus et il pissera sur lui. L’histoire, c’est qu’il couche avec la mère d’un des petits gars qui l’entourent. Elle se trouve être dans mon entourage. Je salue d’une poignée de main son fils qui me salue, mêlant les paroles aux gestes. « Salut Loeiz. Bien ? » J’acquiesce d’un signe de tête et demande, le plus naturellement possible : « Comment va ta mère ? Elle s’est remise de sa chute ? » Le fils rit, en levant les yeux au ciel, mais Matteo, lui, semble avoir du mal à respirer. « Mieux, elle va mieux. Elle a eu de la chance, ça aurait pu être pire que quelques fêlures. » Cette pauvre mégère n’a pu tenir en équilibre sur son échelle, mais sa plus grosse punition, ce n’est pas ses blessures… C’est de laisser son gros cul sur son fauteuil toute la journée. Déjà qu’elle n’est pas menu. Son mari est à plaindre, dans l’intimité, ce doit être un vrai boudin. « Tu lui passeras le bonjour de ma part. Embrasse-la pour moi. » soufflé-je, sérieusement. « Sans problème. T’as qu’à passer un de ces quatre, elle sera contente de te voir. » J’acquiesce d’un signe de tête. « A moi aussi. Je passerai. » Vous souhaitez savoir comment perdre deux heures de son temps ? Rendre visite à cette femme qui vous fera un café à en faire crever une plante. « Ca ne te dérangera pas j’espère, que je fasse le tour ? » Matteo secoue la tête, presque soulagé que je veuille disparaître, mais je ne m’éloigne pas sans poser une main sur son épaule et lui rappeler, à travers un regard, que je ne l’oublie pas.

Il y a foule. Des petites pétasses vêtues d’une mini-jupe et qui ne souhaitent qu’une chose : se faire choper par le mec qui aura attiré leur attention. Parce qu’il paraît que ce sont les femmes qui décident, que c’est elles qui ont le pouvoir sur les faibles hommes que nous sommes. Ce n’est pas le cas pour tout le monde. Ce n’est pas son cas, à Elle, que j’aperçois très furtivement. Je plisse les yeux, pour voir si c’est bien elle dont il s’agit, mais je n’ai pas besoin de m’interroger longtemps. Qui d’autre ici a les cheveux bouclés, la peau métissée et qui me fait dos aussi rapidement ? Ses courbes, je ne peux que les reconnaître. Je monte les escaliers et m’appuie contre le mur, entre ce mec que je n’ai encore jamais vu et elle. « Ne me dis pas que c'est pour ce déchet que tu m’évites ? Tu es tombée si bas pour t’afficher avec ce type qui ne ressemble à rien, vraiment ? » demandé-je, en grimaçant à la nouvelle gorgée de Whisky. Il est vraiment dégueulasse.

Elle n’a pas envie de me voir, c’est sûr. Son regard en dit long sur ce qu’elle pense de moi, de nous, de ce qui a bien pu se passer chez moi, de cette soirée qui était si particulière à mes yeux, parce qu’il s’agissait d’un début de vengeance. Un plan que j’ai improvisé sur le moment, qui s’est mis en place au fil de nos échanges. Je m’étais mis en tête de l’atteindre elle, pour l’atteindre lui, mais ça a été bien plus simple et bien mieux que je l’ai imaginé. Un regard appuyé vers le déchet et celui-ci ne reste pas longtemps, la laisse en plan, sans broncher. C’est qu’elle choisit bien ses amis la Sohanne, et moi mes victimes, finalement, même si ce n’est qu’un concours de circonstance. Tandis qu’elle s’adresse à moi, je tourne le verre dans ma main, sans la quitter des yeux. Elle m’a légèrement vexé en me disant que je n’étais pas le centre du monde, parce que justement, je le suis. Elle ne s’en rend pas encore compte. Mais là, qu’elle me pense assez bête pour ramper à ses pieds, penser que je rôde autour d’elle juste pour… son corps. Bien qu’elle soit mignonne. Mon frère a bon goût, je n’irai pas le nier. Mais tout de même, je suis au-dessus de tout ça. « Qu’est-ce que tu crois ? Tu as sérieusement pensé que j’étais du genre à partir ? C’est très mal me connaître. » dis-je, en me rapprochant. Je pose ma main libre sur le mur, derrière elle, de sorte à la coincer et baisse les yeux vers elle. « Tu sais que j’aime ça, quand on lève la tête pour me regarder ? » Elle est si petite avec son un mètre soixante-dix, pas plus, à mon avis. « Des filles comme toi, j’en ai à la pelle en claquant des doigts. Ne sois pas prétentieuse, ce n’est pas toi en particulier qui m’intéresse. » Il se penche vers son oreille et murmure au creux de celle-ci : « C’est tout ce que tu représentes. » Pour lui, pour mon abruti de frère, pour ce meurtrier, pour ce fouteur de merde. Il aurait pu rester à sa place qu’il n’aurait eu aucun souci, mais il a fait l’erreur de trop. Il s’est attaqué à June. Tout ce qu’il mérite, c’est que je l’enfonce et ce n’est pas en couchant avec sa copine que je vais pouvoir me soulager. « J’ai un cadeau pour toi. » Je sors mon portable, pianote dessus et envoie un message photo à ce numéro dérobé lors de notre fameuse nuit. « Mon petit doigt me dit que mon petit frère ne sera pas très content. Mais mon petit doigt me dit aussi qu’il se pourrait bien que je n’ai pas à lui envoyer une pareille chose. Tu en dis quoi Soha ? Tu vas être sage avec ton grand Loeiz ? » Je passe mes doigts dans ses bouclettes, un sourire aux lèvres. « Je suis d’accord pour prolonger cette soirée avec toi Soha, merci de l’invitation. » dis-je, en étant certain qu’elle ne pourra pas me refuser ça.

Je la vois si… impuissante. Et bon sang que c’est bon. Je vis pour ça. Voir les gens plus bas que terre, les détruire, ne plus les voir si heureux que ça. Je ne le suis pas. Je ne peux leur permettre de l’être, ça m’agace, ça me donne envie de les tuer sur place quand je les entends rire, quand je les vois faire leur petite vie. Je me considère presque comme un sauveur, finalement. Je ne fais que leur ouvrir les yeux d’une certaine manière, sur ce qu’ils sont vraiment. Comme Sohanne qui m’échappe un peu. Je me tourne pour lui faire face, convaincu qu’elle ne filera pas après ça. Et si jamais ça avait été le cas, j’aurais élargi la diffusion pour l’atteindre définitivement, mais je me garde cette option à un moment où elle se lassera vraiment de mon petit jeu qui ne fait que commencer. « Oui je sais. Ca pourrait le détruire, ça pourrait… te mettre dans une situation plus que délicate. Après tout, sans son fric et sans les nombreux présents qu’il t’offre, tu ne serais pas aussi jolie, pas aussi intéressante. » Je secoue la tête. La laisser tranquille ? Et puis quoi encore ? C’est marqué pigeon sur mon front ? Je pose mon verre sur le muret, ne pouvant pas avaler une seule goutte supplémentaire tant le liquide est mauvais et j’affiche un plus large sourire encore : elle a compris, elle se met à ma botte, elle rampe. Je m’appuie contre le mur. « Tout ce que je te demanderai, évidemment. Jour et nuit. A l’heure que je voudrais. Tu n’as pas le choix, c’est comme ça, tu n’es qu’un dommage collatéral, je n’ai vraiment aucun… comment ça s’appelle déjà ? Ah, scrupule. » Je n’ai pas de cœur, elle va vite le comprendre. Je croise les bras, la dévisage de haut en bas et remarque tout juste la robe qu’elle porte. Ca aurait dû être la première chose sur laquelle j’aurais dû me focaliser tant j’aime les jambes des femmes et on ne peut pas dire que les siennes soient laides. « Je sens que ce soir, tu vas finir la soirée dans mon lit. » Il semblerait que ça ne doit pas arriver plus d’une fois, mais rien que pour ça, je vais lui montrer que ça arrivera autant que je le voudrais, que j’en ferai n’importe quoi, que je pourrais lui demander tout ce qui me passera par la tête. Je reprends mon verre que je lui tends. « Tiens. Termine-le. Je n’aime pas le gaspillage. Mais ne le termine pas en buvant le breuvage. Termine-le en le jetant à la figure de ce type, là. Il me doit de la thune, ça fait cinq jours que j’attends. Ca va le refroidir un peu. » Je lui désigne le gars qui m’évite depuis un certain temps et qui évite mon regard dès qu’il m’aperçoit. Je lui fais un signe de la main, puis appuie celle-ci sur le bas du dos de Sohanne. « Allez ma puce. » lancé-je, en la poussant en avant.

Elle me cherche, elle joue avec mes mots, se sert de ce qu’elle peut pour m’agacer… Et ça marche bien, mais je me détends en lui donnant sa première mission, une tâche facile. Je l’incite à se lancer, la pousse en avant. Même de dos, je peux sentir toute son assurance à travers son corps qu’elle balance. C’est une belle femme, elle a de belles courbes, des courbes auxquelles j’ai pris plaisir à goûter, des courbes qui sont à moi pour un temps indéterminé. Je suis d’abord satisfait du résultat… Mais je déchante bientôt en apercevant un sourire niais sur le visage de celui qui me doit pas loin de deux-mille euros. Quand elle revient, je l’écoute qu’à moitié, plus intéressé par ce qui s’est passé loin de moi. « T’as pas encore compris ? C’est moi qui dicte les règles, qu’est-ce que tu lui as dit ? » Je l’empoigne par le bras et l’éloigne de la pièce dans laquelle nous nous trouvons. Je descends les marches, bouscule du monde et j’ouvre une première pièce. Une chambre, dans laquelle se trouve une femme et un gars, en train de se peloter. Je les observe deux secondes, suffisantes à retenir les deux visages qui se tournent vers moi et continue mon chemin, entrant dans la salle de jeux où il n’y a personne. Je referme la porte, plaque avec violence Sohanne contre. « Tu crois que tu peux m’avoir comme ça ? Quand je te demande de faire quelque chose, tu le fais, sans tes petites magouilles à côté pour te faire bien voir. T’as pas compris que j’avais de quoi ruiner ta petite réputation toute faite ? » Je lâche son bras et pointe mon index sur elle. « Alors écoute-moi bien, si tu ne veux pas que cette photo circule sur tous les réseaux sociaux, t’as intérêt à ne pas me mettre en colère. » dis-je, mes yeux furieux dans les siens. « Je te conseille fortement de rouler quelqu’un d’autre que moi. » dis-je, bien plus calme, maintenant que ma colère lui a été exposée, maintenant que j’ai dit ce que j’avais à dire. Je verrouille la porte avec la clé qu’il y a dans la serrure et l’attrape par la taille. Je la soulève, écarte les boules dont certaines tombent dans les trous et la pose sur la table de billard. Un jour, elle pourra raconter à mon petit frère à quel point elle a pris son pied avec le grand, à quel point il n’a pas été à la hauteur de ce que je vais lui faire là. Je glisse les fines bretelles le long de ses bras et observe son soutien-gorge boutonné devant. Un sourire malin sur le visage, je souffle sur ma main et d’un geste rapide, défait le bouton, avec une rapidité qu’elle ne l’a sans doute pas vu venir. « Je fais de toi ce que je veux. » dis-je, en tirant sur sa culotte que je confisque. Je la fourre dans ma poche, me rapproche de son oreille sur laquelle je tire avec mes dents, alors que ma main s’aventure sur son bas-ventre, de longues secondes, avant de fais un pas en arrière. « Même te laisser sans petite culotte. Rhabille-toi, on dirait une traînée. »

Code:

057A40

Il n’y a que ça, pratiquement, autour de moi. Des filles qui se laissent faire, qui n’ont aucun respect pour elles-mêmes. Des filles qui se réveillent le matin en culpabilisant des nuits qu’elles passent et dont elles ne se souviennent pas. « Je ne cherche pas à rencontrer autre chose. » dis-je, en haussant les épaules. Je ne suis pas attiré par les filles à la vie bien rangée, ou alors c’est uniquement pour les salir. Je m’ennuie avec celles qui sourient tout le temps, qui sont heureuses, les filles à qui tout réussi. Les timides ne me bottent pas non plus. Je préfère celles qui se brûlent les ailes ou qui vont se les brûler à mon contact. Je suis attiré par celles qui s’enfoncent, qui sont faibles, pour les voir se planter encore plus. C’est simple, les diablesses m’ont toujours plus correspondu que les petits anges qui se mettent en tête, raisonnablement, de changer des êtres comme moi, les mettre sur le bon chemin, comme on le voit souvent dans les films. Le méchant au début, devient le gentil de l’histoire, mais je ne suis rien de tout ça et je le vis très bien. Les yeux plantés dans les siens, je m’étonne de sa remarque. « Parce que ton frère t’offre de la lingerie féminine ? T’as une famille bien tordue. » Et ça m’est égal au fond, de ce qu’ils font. Si son frère a envie de lui offrir des sous-vêtements… Pourquoi pas, après tout. « Tu vas devoir t’en passer, je compte bien la garder en otage pour le moment. » Elle me provoque, elle joue avec moi, malgré le fait qu’elle soit en mauvaise posture. Et finalement, je trouve ça bien meilleur. Je rouvre la porte, pose ma main sur le bas de son dos et reviens dans la salle, toujours bondée de monde. Au fond, il y a une table, avec quelques joueurs. J’observe les dernières cartes qu’ils ont en mains. Ce ne sont pas des personnes très douées, sauf peut-être le petit gars qui a réussi à obtenir une couleur. Le jeu se termine et je prends place aussitôt sur la chaise qui vient de se libérer. Un joueur qui a perdu son fric, son briquet en or, d’après ce que j’ai compris. Je tire sur la main de Sohanne et l’installe sur mes genoux. Je ne peux pas partir d’ici sans gagner un peu d’argent, j’aurais perdu trop d’énergie pour si peu. « Comment tu peux sortir avec un mec comme mon frère ? » demandé-je, en prenant les premières cartes. Le premier tour passe, certains suivent. Lors du deuxième, un se couche. « Je veux la fille. » La surprise se lit sur mon visage. Cette fille, là, celle que j’ai sur mes genoux ? « Il semblerait que tu lui plaises, bébé. Elle n’est pas à vendre. » « Ta copine peut être à moi le temps d’une nuit. » « J’ai l’argent, ce n’est pas un problème. » Il a l’air sûr de lui, sûr de son jeu, moi aussi. Ou alors il raconte des bobards, souhaite me faire hésiter, mais je n’hésite jamais bien longtemps. Ma main sur la cuisse de Sohanne, je la remonte, sous sa robe. Mes doigts effleurent son bas-ventre et sans crier gare, j’en entre un en elle, en capturant ses lèvres, qu’elle se souvienne de cet instant, qu’elle gigote sur mes genoux. Et je souffle, contre ses lèvres : « Tu veux aller avec ce naze ? » La question est posée, c’est vrai, mais la réponse, je l’ai, peu importe qu’elle me dise oui ou non, c’est moi qui prendra la décision de prendre le risque. Et je vais le prendre. Selon ce qu'elle me dira, mon jeu sera minable ou bon.

« Mais c’est bien sûr. » Pourquoi j’ai pu penser qu’il y avait autre chose ? Pourquoi je pense qu’il y a toujours autre chose ? Parce que cette fille n’a pas l’air d’être le genre à s’enticher d’un mec comme ça, pour le fun. Connaissant l’engin, il a dû lui donner suffisamment de « preuves d’amour » pour la garder. C’est un beau parleur. Et il a les gênes Faure qui coulent dans ses veines. Les mecs de la maison sont tous des canons. Il n’y en a pas un seul moche. Le désir monte en moi en flèche : sa main sur moi est experte. Sohanne me donne plutôt envie de ne pas faire n’importe quoi avec mes cartes. Je fixe le gars sûr de lui, réfléchis. Ca m’intéresse, bien sûr, mais il faut que ça m’arrange aussi. Je pose une main sur la table, balaye du regard l’argent au milieu, tandis que Sohanne me souffle quelques mots à l’oreille. Elle a raison. Elle fera tout ce que je lui demande, j’ai ce truc qui l’empêche de me fuir définitivement, comme elle espérait le faire. « Il faut que j’y gagne quelque chose. Pourquoi tu serais le seul à être le gagnant dans cette histoire ? » Pense-t-il vraiment que je ne vais pas le dépouiller de l’un de ses biens s’il perd ? Ou que je vais me contenter des billets misés ? « C’est ta caisse, celle où tu étais appuyé tout à l’heure ? » C’est une voiture de luxe. Je ne sais pas exactement combien il a mis pour l’obtenir, mais elle a dû lui coûter un bras. Elle ne me sera d’aucune utilité, je ne m’en servirai pas, ou une fois. Ces petites choses, ça consomme énormément d’essence et je ne parle même pas de l’assurance, ou des pièces à changer. Cela étant dit, je n’aurais aucun mal à la vendre à un imbécile qui ne saura pas toutes ces choses. Ca me fera mon argent de poche du mois prochain. « Si je gagne, je la veux. Avec les clés, la carte grise, les papiers et bien évidemment le document de cession. » Qu’il délivrera à la préfecture cette semaine. Je le vois hésiter un instant, lorgnant sur ses cartes, puis relever la tête vers Sohanne qui semble le motiver, puisqu’il acquiesce d’un signe de tête. Ca marche comme ça, apparemment. Il se penche vers un ami, lui souffle quelques mots à l’oreille et sans aucune discrétion, lui sort de quoi se faire une ligne. « La poudre blanche, c’est pour te donner du courage ? » « Nan, c’est pour fêter ma victoire. Tu veux fêter ta défaite ? » Je secoue la tête. J’ai déjà goûté à cette chose, mais la dépendance, ce n’est pas l’effet que je recherche. « Elle oui, par contre. Ca va lui faire plaisir de rentrer dans ta belle caisse rouge flamboyante. » Un sourire en coin, il fait une ligne face à nous. « Vas-y, essaie. » dis-je, pour me venger aussi un peu de tout ce qu’elle a pu me balancer ce soir.

J’insiste d’un regard. Qu’elle essaie. Que l’effet lui monte à la tête, qu’il la rende légèrement inconsciente de ses faits et gestes. J’affiche un sourire aux mots d’amour qu’elle me souffle. « Je te remercie, tes compliments me vont droit au cœur. » dis-je, alors qu’elle se lève. Je la suis des yeux, jusqu’au comptoir, tandis que je reprends une dernière carte. C’est finalement elle que j’attendais, mais ce qui m’attire le plus, c’est elle. Elle qui parle. Un peu plus fort pour que j’entende, pour me mettre en confiance, mais je me méfie. Elle pourrait très bien se la jouer à la ruse. Et comme si elle ne m’avait pas assez provoqué de la soirée, voilà qu’elle en rajoute un peu plus en s’installant sur ses genoux, à lui. Comprend-elle que son comportement m’agace, à travers mes yeux ? Parce que oui, elle me prend la tête. C’en est presque fatiguant de la voir me tenir tête, alors qu’elle doit bien sentir au fond d’elle que j’aurais toujours le dernier mot. Le type affiche un sourire, passe son bras autour des épaules de Sohanne. « Tu vois mes cartes ma belle ? C’est le début de ta soirée en ma compagnie. » Il pose ses cartes sur la table. « Tu dis mieux ? » Un carré d’As. Je sens une main se poser sur mon épaule et tourne ma tête vers un pote qui vient voir le jeu. Mon jeu. Mais rien ne se voit à travers son visage. Il ne dit rien, ne me grille pas, alors qu’il pourrait. Il suffirait d’un sourire en coin pour faire comprendre que ce que j’ai entre mes doigts est un poil meilleur que lui, mais suffisant pour avoir la voiture. Un regard vers celle-ci. C’est que sa peinture rouge me faisait de l’œil tout de même. J’aurais pu rembourser une partie de mon prêt immobilier en la revendant, mais il y a autre chose qui est bien plus tentant. Elle, là, en face. La faire taire un petit peu. « Soha. Sache que le gars sur lequel tu es assise à des goûts très spéciaux en matière de sexe. » dis-je, histoire de la préparer un minimum à ce qui peut l’attendre et il ne nie pas, mais hausse les épaules en affichant un sourire satisfait. Je regarde une dernière fois mes cartes, puis les pose sur la table, de dos, de sorte à ce qu’il ne puisse voir mon Quinté Flush. « J’ai rien. » Je me lève de ma chaise, une main dans la poche, alors que j’échange un regard avec mon pote qui m’interroge du regard, ne comprenant pas très bien pourquoi j’ai fait une pareille chose. Il ne comprend sans doute pas que l’argent au milieu de la table ainsi que la voiture rouge n’est finalement pas si important face au coup bas que je viens de faire à Sohanne. C’est juste… tellement… vivifiant. « Tu peux te la garder pour ce soir. Fais-en bon usage, à mon avis elle est prête pour l’emploi avec ce qu’elle a sniffé. » Je détourne la table pour les rejoindre et après avoir effleuré la joue de Soha avec le bout de mon nez, je murmure au creux de mon oreille : « Voilà ce que c’est de jouer avec le feu. Essaie de penser positivement, tu vas pouvoir rouler dans sa caisse, les cheveux au vent. » Je dépose un baiser sous son oreille. « Amuse-toi bien. » dis-je, à l’adresse du type dont je n’ai pas le prénom, avant de rejoindre le comptoir pour me faire servir une bière.