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 (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable

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(Sebastian) Un client qui rend le travail agréable _
MessageSujet: (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable   (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable EmptyJeu 28 Avr - 20:25

Le taxi se gare à l’entrée du bar, klaxonne un coup. Ce doit être un chauffeur régulier, qui a l’habitude de passer par ici. Ce n’est pas étonnant. En fin de semaine, il y en a au moins trois qui finissent en-dessous la table, nous obligeant à appeler la compagnie de taxi pour qu’ils viennent les récupérer. Bosser dans un pub, c’est la porte ouverte à de nombreux métiers. Quand ce n’est pas psy, c’est mère poule, à la différence qu’on ne gueule pas sur les clients comme le ferait une mère qui a pour l’obligation de prendre soin de son rejeton qui a un peu trop abusé sur la bière. Je l’attrape par l’épaule, avec ma collègue qui est assez sympa pour nous ouvrir la porte. Elle aurait très bien pu s’abstenir avec la main qu’il lui a mise aux fesses il y a de ça dix minutes, mais elle le fait pour moi, pour m’aider. Elle m’adresse un sourire, arbore une grimace au mec, non sans murmurer un petit « à jamais » bien cinglant, ce qui ne manque pas de me faire sourire. Je traîne le type jusqu’au taxi dont la portière arrière m’est gentiment ouverte par le conducteur. « C’est le troisième. On n’a pas encore atteint le record de la semaine. » « Oh ça… Si on pouvait éviter. » J’en ai ras le bol de les avoir sur le dos. J’en suis rendu là, à faire un taf qui ne me plait pas, à payer les pots cassés des sales cons qui ne peuvent plus se tenir, à ramasser le verre brisé. Je cale le gars, l’attache, puis tends un morceau de papier avec son adresse au conducteur. « Tu n’auras qu’à lui balancer ton eau à travers la figure, ça le fera décuver. » Histoire qu’il paie la course quand même. Et puis quoi encore ? Faudrait en plus que ce soit sur notre budget ? Faut pas déconner. Je claque la portière et fais signe au chauffeur qui reprend sa route. A l’intérieur, il fait nettement plus chaud qu’à l’extérieur et c’est sans aucune hésitation que je reprends place derrière le comptoir. Les commandes reprennent, certains clients se lèvent et dansent entre les tables. Les couples se serrent, dansent sensuellement. Ceux qui ne se connaissent pas en profitent pour faire connaissance au son de la musique. Ce bar cubain, même s’il y a des prises de tête, parfois, c’est bien un choix de luxe. Il a tout ce que j’aime. En tant que client, je prends plaisir à venir prendre un verre. En tant que salarié, c’est différent, ronchon de ne plus pouvoir exercer ma passion pour payer mes factures. La porte s’ouvre sur un client, un homme que je n’attendais pas. Je me fige sur place, avec une bière dans la main que je finis par poser sur le comptoir, face au client. Cet homme arrive à me donner un argument en béton de joindre l’utile à l’agréable : c’est pour un type comme ça que je prends plaisir à faire mon boulot. Il n’a pas besoin de faire d’effort pour être séduisant. Il dégage quelque chose qui m’attire. La barmaid s’apprête à lui demander ce qu’il veut, mais je pose ma main sur le bas de son dos et lui désigne d’un coup de tête les autres clients. « Je vous sers quoi ? » Le vous. Je déteste vouvoyer les gens, je déteste ne pas être familier, ça met plus à l’aise, mais je n’arrive pas à faire autrement. Le tutoiement est bien trop familier, pas du tout dans la séduction, ça ne va pas avec lui.


Dernière édition par Judd Berroya le Jeu 28 Avr - 23:41, édité 1 fois
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(Sebastian) Un client qui rend le travail agréable _
MessageSujet: Re: (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable   (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable EmptyJeu 28 Avr - 22:11

Le dernier ouvrier vient de quitter ma galerie et je ne suis pas mécontent d’avoir enfin une pièce digne de ce nom, pour accueillir les œuvres qui me sont parvenues ce matin et qui patiente dans la salle qui me sert d’entrepôt. Pour chaque vernissage, je change le décor. Cela reste toujours très épuré, mais les légères différences tendent à mettre les créations des artistes à l’honneur. Je ne suis pas en retard. Dans une semaine, se tiendra le vernissage d’une jeune peintre de la région. Elle est talentueuse. Je ne doute pas que cette soirée sera un succès, ainsi que le week-end qui lui sera consacré. J’allais encore sacrifier une fin de semaine à satisfaire une potentielle clientèle, mettre en valeur une artiste et vendre ses œuvres, mais c’était les inconvénients de ce métier et j’avoue que ce n’était pas le pire d’entre tous les métiers. Sans compter que j’arrivais à trouver du temps libre pour mes sensations fortes. Je regarde ma montre. Il est tard. A travers la baie vitrée, je peux constater que le soleil s’est perdu sous l’horizon. Je m’approche de mon bureau, ferme mon cahier de compte et passe ma veste. Je vérifie l’encolure, la passant entre mes doigts pour la placer correctement. Après être sorti, je ferme à clé, puis baisse le rideau de fer avant de rejoindre ma voiture. Sur mon siège, je passe mes doigts sur mes lèvres. Je réfléchis. Un sourire né sur mes lèvres lorsque je décide de rejoindre le bar que le fréquente depuis quelques semaines. Ce n’est pas l’idée d’y aller qui m’affecte, mais bien qui je pourrais y trouver. A mon souvenir, cette nuit, il travaille. Je tourne la clé, mon auto rugit et je m’engage sur le chemin.
Je me gare près de l’établissement. Je m’observe dans le rétroviseur avant de sortir et de marcher vers l’entrée. Lorsque je passe la porte, une chaleur m’enveloppe et le brouhaha agit sur moi comme une montée d’adrénaline. Je ne montre rien de cette sensation et me dirige vers le bar. Il est là, accompagné d’une barmaid qui me regarde prête à ferrer son client. Le sourire aimable, je tends l’oreille attendant ses mots, la déception  me gagnant, persuadé que je passe à côté du joli blond. Alors que je m’approche d’un tabouret, il prend la parole. Mon sourire s’élargit lorsque je pose mes yeux sur son regard : « Un whisky, s’il vous plait. » dis-je calmement. Je déboutonne ma veste et prend place. Il me vouvoie ce qui ne me dérange pas. J’ai l’habitude de par mon métier ; ainsi que mon âge. Je vouvoie les artistes et lorsqu’ils deviennent des habitués, il m’est difficile d’effacer cette habitude. En revanche, lui, je l’ai déjà entendu tutoyer un de ses clients, sans doute habitué. Je me demande quant il me considéra ainsi. Pour le moment, ce n’est pas pour me déplaire. Je pose mes avant-bras sur le comptoir, passe mes mains sur mes paupières pour chasser la fatigue, observe à droite et à gauche, puis je demande : « Alors ? Nous en sommes à combien à cette heure ? » Je suis persuadé qu’il comprend ce que je lui demande. Compter le nombre de client complètement éméché était devenu une sorte de rituel. Je me souviens de ces autres soirs où il dut appeler des taxis pour évacuer ces hommes (pour la plupart) de ce bar, avant qu’il ne tourne mal. C’était plutôt pathétique, mais je dois admettre qu’à une époque, je n’en menais pas large avec mes camarades de classe. Seulement, je n’avais pas plus vingt-deux ans.
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MessageSujet: Re: (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable   (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable EmptyVen 29 Avr - 0:07

Un whisky. Pourquoi donc lui ai-je posé la question ? Depuis qu’il vient là, il commence toujours par cette boisson, sa favorite, celle à qui il n’a encore jamais fait d’infidélité. Ca le caractérise bien. « La prochaine fois, je vous le servirai sans même vous poser la question. » Ce que je ne fais jamais. Il m’arrive souvent de jouer aux devinettes qui n’en sont pas vraiment avec les clients réguliers qui me répondent en souriant et en hochant la tête. Les français n’aiment pas trop le changement. Les consommateurs d’alcool, c’est à peu près la même chose, ils ont leurs habitudes. Je prépare sa boisson, place le sous-verre face à lui et pose le verre dessus. J’ai soudainement envie qu’il n’y ait plus personne au comptoir pour nous quémander de nouveaux verres pour que la conversation continue sans que l’on nous dérange. Sur mes doigts, je compte le nombre de clients que nous avons fait partir en taxi et m’arrête au troisième. « Trois pour l’instant, mais la soirée n’est pas terminée. » Je désigne un type au fond en train de se prendre la tête avec sa copine. « Lui. Il s’est levé y’a dix minutes en tenant à peine sur ses deux jambes. Je me suis un instant demandé s’il n’allait pas s’écrouler par terre… Il s’est retenu de justesse à la chaise qui a pris pour lui. » Elle a basculé. Un serveur l’a ramassé, puisque le client n’a pas fait attention à ce qu’il avait fait ou peut-être bien que si… Mais il n’en avait que faire. Après tout, c’est lui le client, il est le roi et nous, nous sommes ses larbins pour la soirée. Tant qu’il paie, c’est la dure loi. « Mais nous sommes bien loin du record général. » Douze gars dans la même soirée, c’est le plus grand nombre de gars que nous avons dû dégager. Ils empestaient tellement l’alcool, ne se gênaient plus pour dire des choses aberrantes, vexantes, à provoquer les plus calmes. C’était soit les foutre dehors, soit attendre qu’ils se tapent sur la gueule. « Et vous ? C’est calme cette semaine ? Ou bien vous venez pour décompresser de la dure journée ? » Je plisse les yeux, le dévisage, essaie d’imaginer ce qu’il fait dans la vie. Ce n’est pas un terrain sur lequel je me suis aventuré, le fait est que je n’ai pas envie qu’on me gave avec mon boulot lorsque je décompresse ailleurs et que c’est peut-être bien la même chose pour lui. Sauf que… Je suis curieux. « Vous travaillez dans quelle branche ? » Je l’arrête d’un signe de la main. Une cliente vient d’attirer mon attention, commande un kir pêche que je lui sers rapidement. Je repose enfin mon attention sur… Sur ? Il a une tête à s’appeler Andrew. Ou Nicholas. Ou encore Trent. « Vous n’avez pas une tête à être ouvrier. » Mon regard descend sur ce qu’il porte et sans aucune gêne, je penche la tête en avant pour voir le bas qu’il porte. « Je vous vois derrière un bureau, à un poste bien placé quand même. Peut-être bien que vous vous déplacez souvent. » Je ne suis vraiment pas bon en devinettes. « Je me réchauffe ou je suis à côté de la plaque ? » Si ça se trouve… Il est ouvrier.
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MessageSujet: Re: (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable   (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable EmptyVen 29 Avr - 18:58

Il y a deux manières d’entrée dans un établissement. Celui où l’on marche droit devant d’un pas assuré, ne se souciant de rien, pas même des regards se posant sur nous. On va droit au but, là où est notre mission. Nous n’attendons rien de personne, ne craignons rien. Nous savons qu’importe ce que l’on fait ou ce que l’on est venu faire ne ternira pas notre image, ne nous mettra pas d’en l’embarras. Et puis, il y a celui où l’on ne peut s’empêcher de jeter un œil à tous les occupants de la pièce pour ne pas être pris au dépourvu. Nous ne souhaitons pas être vu par un ami dont vous ne soupçonnez pas la présence. Nous ne voulons pas dévoiler une partie de nous en agissant naturellement. Oui, nous ne voulons pas nous mettre dans l’embarras. Alors, dans ce bar, ma démarche reste assurée, mais mon regard file de personne en personne pour m’assurer que je n’en reconnais aucune.  Et je continue, même assis sur mon tabouret. Ce n’est qu’une fois ma mission remplie que je me détends réellement. Mon sourire n’est plus celui du simple plaisir, mais plutôt celui de la séduction. Je commande un Whisky, ce qui, comme il me le signale, est une habitude. « Je suis si prévisible ? » Lancé-je en fronçant le nez. « Merci » Dis-je en saisissant le verre, pour ne rien en faire. Il me dit que trois de ces clients ont finis dans un sale état. Il montre un homme et me raconte sa petite histoire. Il ne serait pas étonnant de le voir faire partie de la liste. Surtout si la personne avec qui il se chamaille décide de le planter là. J’aborde une mine navrée. C’est, pour moi, un inconvénient de ce métier qui ne devrait pas être. S’occuper des gens qui n’ont pas de limite. Je suis d’autant plus désolé qu’à une époque, c’était moi qu’on faisait raccompagner en taxi, tout ça parce que le Sam de la soirée ne savait pas respecter ses promesses. Un mauvais Sam que j’ai endossé plusieurs fois, je dois l’admettre. Je le laisse parler et il me précise qu’il a déjà vu pire. On a eu une discussion similaire. J’hoche la tête car je crois me rappeler : « Douze, c’est ça ? Et j’imagine qu’ils reviennent tout sourire ensuite. » Je bois une gorgée de mon Whisky, puis je précise : « J’ai connu ça. ». Nouveau froncement de nez. Je n’en suis pas fier, mais je ne regrette pas mon passé, pas tout. Et je me noie de nouveau dans mon Whisky comme pour effacer mon propos.
« Ce n’est jamais vraiment calme, mais jamais trop agité non plus au travail. Mais c’est aussi parce que je suis comme ça. » Dis-je avec un clin d’œil. Il faut savoir que j’en fais souvent. Ils peuvent signifier différentes choses. Ce ne sont pas qu’une tactique de charme. Il m’arrive d’en faire à des personnes pour les rassurer, pour les amuser, parfois pour qu’ils comprennent silencieusement des propos non-dit, des décisions non partagées. Ce que je sais aussi, c’est que mes clins d’œil peuvent séduire, c’est une arme. Et j’avoue que celui-ci est un geste de séduction. Il me demande ce que j’exerce comme profession. C’est vrai qu’on ne s’est jamais engagé sur ce terrain-là, préférant parler de futilité. Il faut dire que les autres soirs, il n’avait pas été aisé de poursuivre une discussion sans se faire interrompre à tout bout de champs par les commandes des clients. J’allais lui répondre lorsque, justement, une jeune femme l’interpelle pour être servie. Je patiente, serrant mon verre dans la main et observant la couleur de ma boisson en silence. Il n’est pas meilleur que celui que je bois à la maison, mais je ne suis pas là pour ça. Lorsqu’il revient à moi, il tente de deviner mon emploi. Je ris légèrement à sa première remarque, puis je me penche en arrière, regardant ce qu’il semble observer. C’est lorsqu’il reprend son discours que je comprends son geste et cela m’amuse. « Ça, c’est là où mon père espérait me voir. Mais même si j’ai un bureau, je ne suis pas toujours derrière. Alors je dirais que vous êtes plutôt froid que tiède. Mais il y a un peu de vrai, cela-dit. Mon boulot consiste à trouver et mettre en valeur certains talents. » Expliqué-je lui laissant le soin de trouver de quoi il s’agissait. Je suis resté vague, mais le dire tout de suite aurait été moins amusant.
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MessageSujet: Re: (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable   (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable EmptyDim 1 Mai - 17:43

« Prévisible… En matière de boisson seulement. C’est mon travail de mémoriser les préférences des fidèles clients. » Ca leur donne de l’importance, ça les met bien plus à l’aise et ils reviennent forcément parce qu’ils ont eu un bon accueil, parce qu’ils aiment qu’on se souvienne d’eux. Ils ont leur place et ce n’est pas qu’une impression finalement. Ca nous fait plaisir à nous aussi de les revoir, même si je ne suis pas toujours dans mon assiette, que je préférerais faire autre chose que de rester derrière ce bar, faire ce job. Je ne dénigre pas les boulots. Je pourrais être éboueur, faire d’autres tâches ingrates, pas de problèmes, ça paie les courses, mais je m’étais destiné à autre chose de plus grand, d’immense pour prouver à ces gens qui m’ont lâché qu’ils ont eu tort, pour me prouver à moi-même que je ne suis pas un moins que rien. « Et je constate que je ne suis pas le seul à avoir une mémoire d’éléphant. Douze, c’est bien ça. » J’affiche un large sourire en hochant la tête. « Toujours et ils refont les mêmes conneries lorsque ça leur chante. » Qu’est-ce qu’on peut y faire ? Ce n’est pas mon taf de bannir les clients, mais je refuse parfois de servir des verres lorsque je sens que ça se terminera mal. Ca en revanche, c’est dans mes cordes. Personne ne me jettera la pierre pour éviter de se retrouver avec des verres brisés en fin de soirée. « Vous avez connu ça ? » répété-je, la tête penchée sur le côté. Je plisse les yeux, comme si ça pouvait m’aider à obtenir la réponse à la question que je me pose. « Vous vous êtes retrouvé dans ma position ou dans celui qui titube jusqu’à la porte et qui ne se souvient de plus rien le lendemain ? » Ca m’est arrivé de prendre des cuites aussi et des belles, surtout lorsque j’ai appris que je ne pourrais plus rejouer tant qu’on ne m’aura pas opéré, mais on ne m’a encore jamais viré et je n’ai pas le souvenir d’avoir perdu des billets dans un taxi. On me l’aurait forcément dit. Je me mords la lèvre inférieure ; ce clin d’œil, oh bordel. Si je pouvais, j’en ferai mon quatre heures tant il est séduisant. Il a du charme, il doit forcément se rendre compte que ses petites mimiques ne laissent pas indifférent ceux qu’ils croisent. Les femmes. Il est hétérosexuel ? Non, impossible qu’il soit aussi inaccessible. « Votre père est soit un homme friqué qui aimerait que vous marchiez sur ses traces, soit un type qui n’a pas eu ce qu’il voulait dans la vie et qui aimerait autre chose pour son fils. Lequel est le bon ? » Si je suis froid, s’il n’est pas constamment derrière son bureau, je laisse de côté une grande partie des boulots de la fonction publique. J’hésite un instant, puis me saisis de sa main, analyse celle-ci. Ses ongles sont soignés, sa main n’est pas brutalisée. Il aurait pu être à un poste haut gradé et venir sur le terrain, mais cette main que j’effleure du bout des doigts ne me met pas sur cette voie. Des talents… « Producteur de musique ? Vous chassez les têtes. Ou peut-être professeur. » Après tout, ils mettent en valeur les talents des étudiants. « Dans le cinéma ? La photographie ? Ou encore le dessin ? Vous êtes artiste ? » que je demande aussitôt, par curiosité. Si l’art le passionne, peut-être est-il lui-même artiste qui a décidé de mettre en avant les autres, plutôt que de se mettre lui-même en avant.
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MessageSujet: Re: (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable   (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable EmptyDim 1 Mai - 20:52

Combien de clients fréquentent ce bar ? Combien d’habitués reviennent commander leur dose d’alcool ? Cet endroit est agréable et je ne dis pas ça parce que l’un des barmans m’a tapé dans l’œil. Il est plaisant pour toutes personnes souhaitant sortir entre amis ou même pour les personnes solitaires voulant faire des rencontres. A une autre époque, je serais venu ici pour trouver une compagnie pour la nuit. Je l’ai déjà fait, sur Paris essentiellement. Aujourd’hui, il existe des applications pour ne pas se crever à la tâche. Certains ont besoin d’économiser leur énergie afin d’être optimal pour une nuit torride. Je dois avouer que je n’ai pas ce souci. Pour moi, le contact visuel est une part essentielle de la séduction et pour la suite qui en découle. Donc il m’est arrivé d’utiliser ses applications pour donner un rendez-vous à un potentiel partenaire d’un soir qu’il soit une femme ou un homme. Les bars sont donc remplis de personnes avec une multitude de raison de se trouver ici. Moi, je suis là pour celui qui me sert et je vois comme un atout le fait qu’il se souvienne de ce que je commande habituellement : «  Oh je vois. Donc je ne dois pas y voir un quelconque intérêt à mon égard. C’est dommage, c’était plutôt plaisant à penser. »  Je m’amuse de cette remarque avec un petit sourire, mes yeux plongés dans les siens. Je ne planifie pas ce que je laisse percevoir. C’est naturel. Il m’est déjà arrivé de me faire insulter parce que je ne souhaitais pas conclure avec une femme. Mais ma gestuelle ayant séduit malgré moi et donnant parfois des allusions que j’ignore transmettre, je me retrouve à devoir refuser des avances plutôt explicites et cela me retombe dessus comme une flèche lancée vers le soleil à son zénith. « J’écoute nos conversations et j’ai tendance à retenir assez facilement. » Comme pour lui, il s’agit aussi d’un trait essentiel à mon travail. J’ai une bonne mémoire. J’ai surtout une mémoire visuelle. Je donne l’artiste très facilement lorsque je vois l'une de ces œuvre. Je m’étends même à reconnaître leurs techniques sur les toiles que je ne connais pas. Cependant, j’avoue que j’enregistre aussi les conversations lorsque je trouve mon interlocuteur intéressant. Mais je ne me souviens plus, par exemple, de ce que m’a dit la boulangère il y a trois jours ! A part lorsqu'elle m'a dit le prix du pain que je trouve indécent, surtout pour les faibles revenues. Enfin… c’est une autre histoire. « Ils boivent à ne plus s’en souvenir, en même temps. Cela dit, même avec une vidéo de leurs exploits, ils ne seraient que trop fier. » Et j’en savais quelques choses. D’ailleurs, ma remarque n’a pas tardé à le faire réagir. Son air est tout à fait charmant et je ne peux m’empêcher de rire silencieusement lorsqu’il tente d’en savoir plus. «  Je plaide coupable. Le deuxième choix, mais je crois que je ne titubais pas. On me traînait carrément les pieds sur le sol, supporté par mes amis de l’époque. Mais c’était il y a bien longtemps, lorsque j’étudiais sur Paris. » Oui, cette période était bien derrière moi. Aujourd’hui, garder le contrôle était devenu ma vocation. Mon père m’avait accordé de vivre la vie que je souhaitais. Je ne pouvais pas me permettre de le décevoir en devenant un poivrot.
Je le cite d’ailleurs lorsqu’il tente de deviner l’emploi que j’occupe. Décidément, il aime essayer de me deviner. Je dois avouer qu’il est plutôt doué. J’hoche la tête lorsqu’il me propose sa première option. Mon père est bien fortuné et souhaitait bien me voir marcher sur les traces des Maleo. Mon mouvement de tête s’arrête lorsqu’il me propose sa deuxième proposition, j’en profite pour boire une gorgée de mon whisky, qui mine de rien a baissé de moitié, puis je lui lance : «  Mon père tient une entreprise familiale qui fonctionne depuis quelques générations. Il aurait souhaité que je sois à sa suite, mais j’en ai décidé autrement. » J’ai un petit sourire navrée. Je crois que même si je ne souhaitais pas travailler dans ce milieu, j’espérais ne pas décevoir mon père. Je sais que c’est le cas. Je tente de ne plus trop y penser. Lorsque l’on se téléphone, je ne ressens pas de rancœur. Je soupçonne même la fierté que je recherchais. Mais je suis moi-même déçu de ne pas avoir été le fils qu’il recherchait. Dans mes songes, je suis surpris lorsqu’il prend ma main. Ce contact est le premier. J’ai une sensation terrible qui parcourt mon bras, pour incendier ma poitrine. Je suis fous de réagir ainsi. Il me plait bien, mais il reste un homme. Et malgré les signaux, je ne peux m'empêcher de penser qu'il n'est peut-être pas intéressé par mon genre. Je retiens ma surprise, souris comme si de rien était. Je l’écoute me faire ses propositions et regarde ma main parfois. « Vous voyez tout ça dans ma main ? » Je me mets à rire. «  Rien de tout ça, je ne suis qu’un simple galeriste. Je ne me prétends pas artiste. Même si j’ai quelques réalisations cachées quelques part, à l’abri des regards. » Je regrette un peu ces propos. Je n’aime pas vraiment en parler. Ce que je fais n’est pas d’un grand niveau. Je n’ai jamais été prêt à les montrer. Je bois d’une traite le fond de mon whisky. Je connais ma limite. J’ai encore un peu de marge. Mais j’ai besoin de rayer ce qui vient d’être dit.
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MessageSujet: Re: (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable   (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable EmptyLun 2 Mai - 0:11

Combien il y avait-il de chance qu’il me sorte une phrase de ce style ? Je baisse un instant les yeux sur son verre, repassant en boucle les mots prononcés, puis les relève, les plante dans les siens. Est-ce de l’humour ? Ou est-ce une perche pour que j’en sache un peu plus sur son orientation ? Une perche lancée pour me dire « c’est bon Judd, vas-y, tu peux te lâcher, tu prends aucun risque ! ». Il n’a aucune alliance, aucun pendentif en cœur qu’une nana lui aurait offert pour la Saint-Valentin et qu’il devrait porter tous les jours de la semaine uniquement pour ne pas la voir râler. J’ai comme un doute sur la portée de ses mots, mais je ne peux pas laisser passer une occasion pareille sous peine d’avoir des regrets par la suite. D’autant plus que je n’ai pas pour habitude de garder ce que je pense pour moi, même si pour une fois, j’essaie de me contrôler un minimum pour ne pas le faire fuir. « Pourquoi cette déception ? » demandé-je, en appuyant mon bras sur le comptoir, rapprochant mon visage du sien comme pour lui faire une confidence. « Parce que vous me portez un quelconque intérêt ? » Je susurre, je séduis, je joue. C’est une première dans un lieu public où l’on ne prête pas forcément attention à nous. Ce n’est pas ici que je pourrais mettre en péril une carrière qui n’existe plus. Le petit Berroya peut maintenant faire ce qu’il a envie, c’est le prix à payer ? La distance s’impose de nouveau, mais ce n’est que physique. Un bar seulement nous sépare. Mon corps entier est attiré par la sien, ne désire qu’à supprimer la barrière existante pour le rejoindre. Si je pouvais, je lâcherai mon service du soir pour prolonger la soirée ailleurs et discuter dans un endroit où je ne serai pas dérangé toutes les cinq minutes par un nouveau client qui demande un verre. D’un côté, le lieu de mon travail est une source sûre. S’il vient seulement oublier sa longue journée et faire la conversation auprès d’un barman qui est apte à le fournir en boisson alcoolisée, je peux être ce mec. « Et vous avez retenu quoi d’autre de nos conversations ? » Je suis curieux de le découvrir. Nous avons parlé de choses banales jusque-là, rien de trop personnel. Ma vie n’est pas bien intéressante, pas valorisante pour un sou. S’il savait que je dormais dans ma caisse, mes ressources ne me permettant pas de payer un loyer entier avec les charges et les autres factures, son regard changerait peut-être. Parfois, je ressens de la pitié dans l’attitude de ceux qui me croisent, qui percutent. Je n’ai pas envie que cet homme dont je ne connais pas le prénom adopte un nouveau comportement face à moi. « Ouais, c’est ça. L’alcool est un faux remède contre les coups durs. » Et puis les souvenirs reviennent et eux aussi, dans les bars, parce que l’effet est pas mal tout de même. Ca ne fait pas oublier définitivement, mais le temps d’un soir. C’est éphémère et c’est mieux que rien. « Ah quand même. Vous aviez bu combien de verres pour être dans cet état ? Que je sache combien vous en donnez. » dis-je, amusé, en voyant son verre se vider peu à peu. Mais je note qu’il étudiait à Paris. Je suis tenté de lui demander, mais ça pourrait griller ma devinette. « Et il le prend comment, votre père ? » Je suppose que la décision n’a pas dû lui convenir. J’ai dû mal à imaginer la déception d’un père, parce que je ne connais pas tout ça. La famille… Je me la suis créée à l’orphelinat, dans la rue, mais je n’ai pas de vraie famille. Je serai incapable de le comprendre réellement, mais j’essaie. A en voir son air navré, ça n’a pas dû être joyeux. « Si vous saviez tout ce que je vois dans votre main. » Non, en fait, pas grand-chose. Quelques détails qui me mettent sur la voie de sa profession, mais qui en disent long aussi sur lui. C’est quelqu’un de soigné, aussi bien dans ce qu’il porte que sur les bouts des ongles. Sa profession tombe enfin, je n’y étais pas, je ne l’imaginais pas. Je relâche doucement sa main, prends le temps de l’observer, lui, les traits de son visage, ses lèvres qui bougent lorsqu’il parle. Il a l’air gêné. Pourtant, ça ne m’arrête pas. « Et… Est-ce qu’à l’abri des regards, je pourrais en apercevoir quelques unes ? » C’est certain, il me plaît. Ce qu’il dégage me plaît. Je me demande un instant si utiliser ce prétexte qui semble être délicat est une si bonne idée.
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MessageSujet: Re: (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable   (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable EmptyLun 2 Mai - 17:36

Il est toujours agréable de se sentir un minimum important au regard d’une autre personne. Encore plus lorsque la personne nous plait. Mais dois-je l’avouer ? Ses questions m’interpellent. J’aimerais y répondre en toute franchise, mais j’ignore si c’est la bonne chose à faire. Il est sans doute trop tôt. Si mon envie était de simplement coucher avec cet homme et l’oublier ensuite, je lâcherai les mots avec aucune gêne et si ça l’aurait froissé, qu’importe. Il n’aurait s’agit que d’un coup manqué. Mais là, on parle de ce barman qui a éveillé en moi une chose nouvelle ou que je n’ai pas ressentie depuis des années. Je sais qu’il va continuer à m’obséder même si l’on partage le même lit pour une nuit. Alors je ne peux pas déballer tous mes désirs. Je ne peux pas risquer de stopper mes fantasmes, juste dans l’espoir de les assouvir. Pas sans être sûr. Je dois me la jouer fine. Alors, malgré la proximité qui se restreint, je me fais violence pour ne pas me jeter dans la gueule du loup. Même si l’envie me pique les lèvres. « Bien sûr, sans quoi, je ne serai pas ici, à ce bar. » C’est une réalité, mais je le dis d’une manière amusé, comme pour atténuer la vérité de mon propos. J’ai des doutes sur ce qui est en train de se produire. Je n’en aurai pas si je ne tenais pas à connaitre cet homme. Je prendrais ses gestes et ses paroles pour ce qu’ils sont. Mais je suis quelqu’un de prudent. J’avance toujours à dix mètres du bord de la falaise. Il me plait, c’est indéniable. Ce qui l’est aussi, c’est que si je m’écoute, je m’engage dans une histoire qui va me mettre dans l’embarras.
J’ai souvenir de nos conversations antérieurs. Malheureusement, les sujets restaient les clients de ce bar et leurs agissements.  Je n’avais pas osé le questionner sur sa vie. J’ai su son prénom grâce à l’une de ses collègues qui l’avait interpellé alors que deux clients étaient sur le point d’en venir aux mains. A son retour, j’ai appris le nombre de bagarre dont ils devaient s’opposer par mois, le nombre de verre que la tête brûlée devait boire pour commencer à devenir violent. Des détails que je buvais même s’il ne s’agissait pas forcément des informations que j’aurai aimé entendre. « Mmmmh… les nuits où vous bossez, par exemple. Sinon, quelques anecdotes de vos chers habitués. Mais ça semblera moins intéressant à répéter de ma bouche. » Je souris. Dire que j’ai retenu ses horaires était comme avouer que je m’intéresse à lui, au final. Mais qu’importe, il s’en rendra compte un jour ou l’autre. « J’aurai probablement préféré que nos conversations soient orientés sur vous. J’aurai retenu plus de choses utiles. » J’arque un sourcil, c’est encore une manière que lui faire comprendre les choses de manière subtile. C’est terrible car je n’ose pas répondre franchement à l’une de ses questions pour dissiper ses doutes et je continue pourtant à sous-entendre ce qu’il m’a franchement demandé.
Je ris franchement lorsqu’il me demande combien de verre il me faut pour me retrouver ivre. « Je ne suis plus aussi résistant qu’auparavant. Ça fait bien longtemps que je n’ai pas abusé de l’alcool. Il est possible que je ne tienne plus avant le troisième verre. J’ai l’estomac vide » m’empressé-je de préciser. Je ne tiens pas du tout à faire le test. Je ne tiens pas à ce qu’il me voit dans cet état. Je gâcherai probablement mes chances. Et puis l’ivresse n’est plus une chose qui m’attire, si on parle d'alcool. Je préfère de loin l’adrénaline ressentit lorsque je fais du sport à sensation. C’est tellement plus sain.  « Il le prend bien aujourd’hui. Mais, lors mes études, c’était une autre histoire. J’ai dû faire la plus grosse connerie de toute ma vie pour qu’il comprenne que ça me détruisait à petit feu. » Je n’ai pas conscience du sens que peu prendre cette phrase. Je n’ai jamais eu d’idée noire. Si bien que je ne précise rien. Ma mère pensait que je mettais ma vie en danger pour en finir lorsqu’elle a appris que je pratiquais le flying-suits. Mais cela a toujours était pour ressentir exactement l’inverse : se sentir vivant et libre. Je ris lorsqu’il me dit voir plein de chose dans les lignes de ma main. Je ne crois pas à la voyance. C’est ainsi. Je ne crois qu’en nos choix. Le destin, ce n’est pas pour moi. Même si Dieu existe, il ne sait guère que faire de ses sept milliards d’enfant, sinon le monde tournerait bien plus rond. Mon regard se pose sur ses prunelles lorsqu’il me demande ce que je redoute. Je n’ai jamais montré mes œuvres, sauf peut-être quelques-unes à ma petite sœur. J’ai beau être attiré par ce jeune homme, je ne suis pas prêt à lui donner la possibilité de me lire entièrement. Je pense qu’il peut voir que cette question me trouble. Je suis un peu long à répondre et lorsque j’ouvre la bouche, je fuis d’abord son regard et bafouille : « Je…je ne peux pas. C’est... plutôt personnel. Ce serait comme…vous offrir de lire dans mon âme. Je ne suis pas prêt pour ça. Et puis, c’est très mauvais. » C’est faux. Ça, c’est ma couverture. Mes œuvres sont d’une qualité suffisante pour me faire un nom. Mais je n’aspire pas à ça. Pas pour le moment. D’autres font bien mieux que moi. Je suis encore trop pudique pour exposer. Lorsque je l’observe à nouveau, je ressens le besoin de passer à autres choses : « Mais assez parlé de moi. Parlez-moi de vous, Judd. C’est bien ça ? » Je sais que c’est ça. Mais il me semble plus poli de lui demander. « Qui êtes-vous ? » lancé-je en tentant de retrouver mon sourire. La question est bateau, mais j'ai tendance à en abuser lorsque je reçois des artistes dans ma galerie. J'ai tendance à penser que cette question en dit long sur la personne, qu'elle y réponde ou non.
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MessageSujet: Re: (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable   (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable EmptyMer 4 Mai - 1:52

Bien sûr, il ne serait pas là à discuter. Je marche sur des œufs, n’arrive pas à lire dans son esprit, à comprendre ce qui s’y passe, à saisir si c’est de l’humour, réellement, ou si c’est une manière de me faire doucement passer un message. Peut-être un peu des deux. La deuxième option me convient tout de même mieux. J’aime penser qu’il est là pour moi, pas pour une collègue, ce qui pourrait être le cas, mais je doute qu’il se serve de moi pour faire l’intermédiaire. Il se débrouille très bien pour parler, se rapprocher des gens qu’il ne connait pas, comme il le fait avec moi. Je pourrais peut-être le croire s’il n’avait pas retenu les jours où je bosse. Mon assurance remonte d’un coup, ma confiance aussi et les doutes s’envolent. Je ne retiendrai pas les horaires d’une personne qui ne m’intéresse pas. Je ne prendrai pas la peine de squatter dans un bar exclusivement les jours où elle travaille, pas sans ressentir un minimum d’intérêt. Il n’est peut-être pas gay, peut-être pas bisexuel, mais il s’intéresse à moi, c’est tout ce que je retiens. « Vous pouvez toujours tenter. » dis-je, à propos des anecdotes. Je souris, en baissant les yeux sur sa boisson. Parler de moi n’est pas une chose aisée. Je n’aime pas dévoiler ce que je suis, un raté qui va terminer sa vie derrière un comptoir, un type dont même ses propres parents n’ont pas voulu, au point de ne pas me laisser au bord d’une route, de ne pas me nommer. Il serait déçu d’apprendre ces choses, de savoir que le type qui se trouve face à lui n’a pas le même confort que le sien, qu’il se contente de celui des rues, de sa voiture. Les choses utiles à retenir ne sont pas valorisantes, mais il a envie de me connaître, de savoir ce qui se cache derrière ce châtain aux cheveux bouclés. Je me plais à profiter de ma légère avance sur lui, en sachant davantage à son sujet. « Ce qui veut dire que je peux vous offrir un deuxième verre, déjà. Un troisième ensuite, pour obtenir bien plus d’informations, les plus secrètes, celles que l’on dit seulement lorsqu’on a bu un coup de trop. » dis-je, en riant. Le sien est communicatif, bon à entendre. Abuser de lui, s’il est consentant, ne me dérangerait pas. Plus il me parle, plus il se confie sur lui, sa vie, sa famille, plus je souhaite creuser davantage, m’immiscer dans sa vie, dans sa tête, comme il le fait avec moi sans s’en rendre compte. C’était physique, au début. Lorsqu’on pose son regard sur sa silhouette, on ne peut qu’apprécier le spectacle. C’est un très bel homme qui attire quelques regards dans la salle, d’ailleurs, mais c’est devenu plus que ça. Ce n’est pas un type riche, qui se fiche de la classe moyenne, c’est quelqu’un qui a pris des initiatives, qui a pris son envol, quitte à décevoir son propre père. « La plus grosse connerie de votre vie ? Vous êtes suicidaire ? Enfin, vous avez été ? » C’est comme ça que je l’entends. Faire une énorme bêtise, c’est tenter de se foutre en l’air, ou faire n’importe quoi, tomber dans des vices profonds. La drogue, l’alcool, mais je doute que ce soit ce dernier cas, sinon il ne prendrait pas le risque de commander un Whisky, même s’il est convaincu de se contrôler. On n’oublie jamais de là où l’on vient.
Là, d’un coup, alors que je le vois déstabilisé par ma question, sa main me manque. Le rassurer est un objectif qui prend doucement place dans mon esprit. J’acquiesce d’un signe de tête, n’insiste pas. « Je comprends. Je respecte. » Il se dévalorise, mais je ne m’y connais pas du tout. L’art et moi… J’aime beaucoup, je suis bon spectateur, bien que quand ça ne me plaise pas, je le dis cash, mais je n’ai pas cette fibre qu’ont les artistes. « Pas de panique. En attendant je peux lire dans votre âme de bien d’autres manières. » Je le rejoins, fais des sous-entendus à mon tour. J’aurais aimé continuer à parler de lui, de ce qu’il fait, de ce qu’il aime, mais il me retourne la question, connait mon prénom. « C’est plutôt injuste cette longueur d’avance que vous avez sur moi. Judd, c’est ça, avec deux D à la fin. » Beaucoup confondent avec Jude et ça ne me dérange pas tant que ça, l’idée est la même. C’était pour la chanson des Beatles. « Et vous ? » J’aimerais pouvoir poser un prénom sur ce visage, plutôt que de le changer toutes les quatre minutes en pensant qu’un autre lui irait mieux que le précédent. « Qui je suis ? » C’est large comme question et les réponses que je pourrais lui fournir me déplaisent. C’est lui apprendre que je suis un passionné de rugby, que je ne peux plus jouer. C’est lui dire que j’ai une tendance à vivre au jour le jour, à ne pas trop me projeter, pour des raisons évidentes. Je n’ai rien qui puisse me permettre de me projeter rien que dix jours. « Un petit gars qui essaie de se faire une place, qui se contente du peu qu’il a, qui fait avec les aléas de la vie. » Généralement, ça me tombe dessus comme ça, mais je sais toujours rebondir, même s’il y a des cicatrices qui restent, qui me paralysent. « Je prends ce que je peux avoir. Si quelque chose, quelqu’un me fait envie, je n’hésite pas à foncer dedans. La vie est trop courte pour hésiter. » Je me mords ma lèvre inférieure et gardant mes yeux plantés dans les siens, je demande : « Qu’est-ce que tu fais après ? » Mon cœur se resserre, la crainte de faire fausse route, d’aller trop loin, même si les signaux qu’il m’a envoyés ne sont pas trompeurs. Ils me semblaient clairs. Et puis ce tutoiement soudain, pour ne plus qu’il y ait cette distance entre lui et moi… Le vouvoiement commençait à être de trop, il fallait que je fasse autrement, que prenne les choses en mains.
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MessageSujet: Re: (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable   (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable EmptyVen 6 Mai - 0:29

Sans m’en rendre compte, je suis entré dans un autre monde. Ce qui m’entoure a disparu, ne m’intéresse plus. C’est un jeu dangereux, parce qu’une connaissance aurait pu pénétrer dans le bar que je ne m’en serais pas rendu compte. Je n’ai pas envie qu’on me voit faire les yeux doux à un homme. Pour moi, il n’a jamais été question d’amour mais d’amusement avec tous mes partenaires. Et alors que je sens que cela pourrait changer, je ne me méfie pas. J’avance droit dans le mur. C’est aussi parce que j’ai toujours pris tout ce qui venait comme une chance, une bénédiction que la vie nous offre et dont il faut profiter. Alors je continue à ne rien voir, à ne pas me préoccuper. « Ce qui est répétitif est souvent ennuyeux. » Je suis un bon conteur, je crois. Mais un bon conteur sait qu’une histoire déjà racontée, même la plus intéressante, peut être lassante.  J’ai plus envie de le découvrir que d’apprendre ce que l’on sait déjà. Malgré tout, c’est quand même moi qui réponds le plus à ses questions. Ça ne me dérange pas, mais certains sujets m’effraient.
« Sans façon. J’ai mes petits secrets à préserver » dis-je en riant. Je ne suis plus quelqu’un à saouler. Lors de fête, il m’arrive de me sentir bancale, mais jamais au point d’en perdre le contrôle, ainsi que ma conscience. Ce n’est pas qu’une question de ne pas vouloir devenir trop bavard. J’ai aussi une certaine réputation à retenir et je sais m’amuser par bien d’autres manières. « Il aurait fallu me rencontrer il y a treize ans pour me voir dans un tel état. » Je souris, mais mon air se fige lorsque je pense à l’âge qu’il devait avoir à cette époque. Ce n’est pas le genre de chose à laquelle il faut songer lorsqu’on séduit une personne plus jeune. J’efface cela de mon esprit. Il n’est plus un enfant. Il est devenu un bel homme châtain aux yeux verts, tatoué et vacciné. Je ne me suis jamais sentie vieux. Pourtant, là, je n’en mène pas large. Je bois deux gorgées de ma boisson, ça me calmera. « Non, absolument pas. Je tiens beaucoup trop à la vie pour un tel acte. Il y a bien d’autres conneries que l’on peut faire par stupidité. » Je souris, mais ce sourire est envahie d’une certaine tristesse,  je ne veux pas en dire plus.
La conversation qui s’en suit me met mal à l’aise. Je ne parle pas de ce que je fais en règle générale justement pour qu’on évite de demander à voir mes réalisations ? J’ai fait une erreur en avouant cette passion. Heureusement, il n’insiste pas, sous-entend certaines choses et ma peur s’envole finalement. Je le regarde d’un air charmeur lorsqu’il parle de lire dans mon âme d’une différente façon. Cela m’amuse. Je ris lorsqu’il me parle de longueur d’avance. Il en sait bien plus sur moi que j’en sais sur lui, je suis sûre de ça. Je trouve l’orthographe de son prénom original. Je pense lui en faire part, mais il me demande comment je me nomme. Je décide de jouer la carte de l’humour. « Non, pas de « D » dans le mien. ». Je reprends une mine sérieuse, l’invitant à croire qu’il n’y a pas de suite. Pourtant, je reprends en lançant simplement : « Sebastian. » Je l’écoute ensuite répondre à ma question. Si cette dernière est vaste, lui répond d’une manière vague. Je comprends alors qu’il cache sans doute quelques maux de son histoire et qu’il ne souhaite pas m’en faire part. « Belle philosophie » lâché-je simplement. J’ai pourtant conscience que tout ceci n’est qu’une couverture, mais s’il n’est pas prêt à en parler, je ne peux insister. Je lui dois bien ça. Puis il me pose une question qui me prend au dépourvu. La manière dont il me la pose, son regard, sa lèvre qu’il se pince… je ne peux pas ne pas voir le message. Il m’invite et je ne tarde pas à annoncer : « Je n’avais rien de prévu, mais j’imagine que ça vient de changer ? » Je lui fais un clin d’œil explicite. J’ai la sensation que je vais peu dormir cette nuit.
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MessageSujet: Re: (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable   (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable EmptyVen 6 Mai - 1:21

Des petits secrets que je me surprends à vouloir deviner. Il va falloir que je fasse preuve de patience pour apprendre à lire en lui, que je ne le brusque pas. Vaut mieux lui laisser le temps de s’ouvrir à moi, ne pas insister lorsque ça devient délicat, comme pour son jardin secret, ses toiles. J’arque un sourcil ; il y a treize ans ? Je lui en donnais vingt-neuf, trente. Quand bien même il aurait plus, ça ne me dérange pas, tout comme ce n’est pas gênant qu’il soit à quelques centimètres plus grand que moi. C’est étrange pour moi qui ai l’habitude d’être le plus grand, mais ce n’est pas embarrassant. Ca l’aurait été si c’était une femme. Un petit côté macho sur les bords. Je comprends à son sourire que ce sujet, cette stupidité qu’il a faite, l’atteint, alors je me contente d’acquiescer d’un signe de la tête et ne pas m’aventurer plus. Peut-être un autre jour, ou peut-être le fera-t-il de lui-même lorsqu’il se sentira plus en confiance en ma compagnie. J’aimerais que ce soit le cas, qu’il se sente à l’aise au point de ne pas être gêné par les confidences qu’il pourrait me faire, mais je suis déjà bien satisfait. Il me laisse entrer dans son monde en offrant certains détails de lui, de sa vie et puis il me touche, cet homme… Ce Sebastian qui n’a pas de « D » dans son prénom. Autant qu’il m’attire quand il m’adresse un clin d’œil qui en dit long sur ce qu’il pense. Putain. Y’a pas à dire, ce type, je le veux. « Tout à fait. Je termine mon service et on continue la soirée ailleurs. Dans un endroit peut-être moins bruyant. » Plus calme, où il n’y aura pas des regards indiscrets qui viendraient se poser sur nous, bien que ça ne me dérange plus à présent, mais au moins, les oreilles seront loin de nous, personne ne pourra commenter ce que l’on se dit. « Au fait… Sebastian. Ca te va bien mieux que tous les prénoms que je m’étais imaginé. » soufflé-je, en me dirigeant vers le nouveau client qui attend qu’on le serve. Je prends la commande, jetant un œil en coin à mon client préféré. Lorsque la bière est servie, je reviens en face de lui et reprends : « Je viens d’un autre milieu. Moins classe que le tien. » Il m’en a tellement dit sur lui que je me dois au moins de lui en dire un peu plus sur ma personne. Ca doit sûrement se voir à ma tête et à ma façon de parler que je ne viens pas du même univers que le sien. « J’ai grandi avec les moyens du bord, mais je n’ai pas mal tourné, tu sais… J’aurais pu faire des conneries. Au lieu de ça je fais du rentre-dedans à un client qui me plaît. » Ca me convient bien plus. Je lui adresse un sourire, un brin amusé par mon comportement qui n’est plus aussi réservé qu’au début. Je retrouve ma franchise qui pointe le bout de son nez à présent que j’ai compris que je l’intéressais pour autre chose que pour mes talents de barman. Une petite nana approche, un large sourire aux lèvres, puis pose sa boisson, puis ses mains sur le comptoir. Elle me dévisage, puis tourne sa tête vers Sebastian. « Excusez-moi. » Elle glousse, comme une adolescente et tourne sa tête vers la table de ses amies, avant de se lancer, le regard planté dans celui de Sebastian. « J’ai parié avec mes amies que j’obtiendrai votre numéro de téléphone. J’aurais très bien pu vous faire mon numéro de charme, mais c’est plus simple d’y aller franco. » Elle a une voix plutôt douce, est mignonne. C’est une belle blonde aux longs cheveux légèrement ondulés, au sourire ravageur. « Et puis il y a aussi et surtout que je vous trouve charmant. Peut-être qu’on pourrait aller boire un verre. » Pourquoi ça me déplaît ? Parce qu’elle empiète sur mes plates-bandes, parce qu’elle est belle comme tout, que son charme pourrait opérer. Elle est en train de draguer le client qui me fait de l’œil depuis un long moment et… Et par inadvertance, involontairement, je dérape sur le comptoir. Sa boisson se renverse sur son débardeur blanc qui devient transparent. C’était tellement volontaire que ça me fait chier d’avoir été aussi con en ne remarquant pas de suite la couleur de son top. « Désolé. » Elle s’écarte du comptoir, surprise, s’observe et remarque que l’on voie sa poitrine. Cette pouf n'a aucun soutien-gorge.
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MessageSujet: Re: (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable   (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable EmptySam 14 Mai - 17:26

Je ne sais pas quelle heure il peut bien être. J’ai une jolie montre en argent au poignet, mais je n’ose la regarder. Je n’ai pas envie qu’il croit que je m’impatiente et non plus envie de vérifier qu’il reste encore beaucoup trop de temps avant que le bar ne ferme. La promesse de se retrouver après m’enchante au plus haut point. Je n’ai pas envie de cesser cette rencontre. Je suis venu ici dans l’espoir de le voir, de passer du temps avec lui. Il m’offre quelque chose d’inédit : le sentiment de solitude qui s’évapore. J’ai beau être accompagné parfois, il m’arrive de me sentir seul et de penser que je finirai mes jours ainsi. Ce n’est pas quelque chose qui me dérange. J’aime mon célibat. J’aime être libre et ne rien devoir à personne. Être seul, c’est aussi vivre ma vie comme je l’entends et la mettre en danger si j’en ai envie. J’ai suffisamment de ma mère pour entendre ses craintes sur mes activités extrêmes. Être seul, c’est aussi rentrer le soir et s’installer devant la télévision sans rien à partager de sa journée. C’est se coucher l’hiver et avoir personne à serrer dans ses bras pour se réchauffer, c’est regarder l’océan et se perdre dans ses mauvais souvenirs sans personne pour t’y arracher. J’ai envie d’être seul, mais parfois, je me vois bien appartenir à quelqu’un et avoir le choix de penser à autres choses qu’à ma vie. Je pense à mes amis, à certaines connaissances. Je ne suis pas quelqu’un d’égoïste. Mais ils ont leurs vies, j’ai la mienne. Avoir une moitié, c’est étendre sa vie pour enlacer celle d’une autre personne afin de n’en faire qu’une.
Maintenant, mon dévolu s’est jeté sur du compliqué. Je vis ma vie comme je l’entends, mais j’ai toujours eu tendance à éviter les complications. Aujourd’hui, j’ai du mal à penser que je peux passer à côté de cette histoire, qu’importe ce qu’elle m’apporte de négatif, parce que je sais ce qu’elle peut m’apporter de positif. Je ne suis pas sûr de moi et je sais que si j’entame une liaison avec cet homme, je le ferais avec discrétion. Je sais aussi que si cela évolue en relation sérieuse, je vais devoir faire face à mes responsabilités. Je gérerai au moment voulu. De toute façon, je ne pense pas que Judd criera sur tous les toits que nous nous sommes rapprochés. En attendant, je me demande où il compte m’emmener. Sachant l’heure à laquelle il va terminer, il est difficilement envisageable de trouver un endroit calme et discret. Il pense sans doute à m’amener chez lui. C’est ce que font les personnes qui invitent à prolonger une soirée après tout. Alors je m’avance, parce que je ne sais pas attendre une surprise : « Chez toi j’imagine ? » Un nouveau clin d’œil. J’y partage un peu d’allusion, mais qu’importe, au stade où nous en sommes. Je ris à sa remarque sur mon prénom et lui lance en arquant un sourcil : « Merci ? Mais je peux savoir comment tu pensais que je me nommais ? J’aimerai bien en rire.» Je le vois s’afférer à sa tâche, me délaissant quelques secondes pour servir des clients et revenir ensuite pour répondre à mes questions. A chaque fois, il ne rompt pas vraiment le contact avec moi, m’observant du coin de l’œil. Ça me rassure. Je ne suis donc pas le seul à ne m’intéresser qu’à une personne en ce lieu. Je souris largement lorsqu’il finit par une remarque plutôt aguicheuse. Les langues se délient, apportant son lot de danger. Je m’en fous, je ne me sens pas observé.
Pourtant, c’est bien le cas et rapidement, une jeune femme s’installe à côté de moi, me dévorant des yeux. Je lui offre un joli sourire poli. Elle s’excuse. De quoi ? Je ne le sais pas encore, mais j’imagine que cela va être intéressant avec son rire faussement timide. Et elle commence sa tirade de séduction. Je regarde mon verre, à moi de me montrer faussement gêné par son entreprise. Mais en réalité, il y a un peu de vrai. Je relève les yeux sur Judd et j’imagine ce qu’il peut ressentir face à cette intrusion. Même si je ne joue pas à ce jeu-là (celui de la jalousie), je ne peux renvoyer cette femme sans ménage. Je suis quelqu’un d’aimable qui aime faire le bien autour de lui. Elle n’a rien fait pour que je l’éjecte avec discourtoisie. Je m’intéresse de nouveau à elle lorsqu’elle ajoute à sa tirade, une invitation. Elle est jolie, probablement intéressante, qui ne l’est pas ? Pourtant, ça ne me dit rien. Je suis touché de me savoir toujours aussi séduisant, mais je dois admettre que j’en ai toujours eu conscience. Non pas parce que je m’aime, mais parce que ce genre de tentative de drague m’arrive régulièrement que ce soit dans un bar, dans une rue, dans un magasin ou même au boulot. Et puis soudain, un verre se renverse et mon admiratrice reçoit la boisson sur sa poitrine, la mettant à nue. Ma première réaction est de jeter un œil, la bouche ouverte, choqué, à mon barman préféré. Puis, par automatisme, je me lève, je retire ma veste et la place sur ses épaules afin de couvrir ce sein que je ne saurais voir comme le disait si bien Molière. « Je suis désolé. » avancé-je bien que je n’y suis pour rien dans cette histoire. « Prenez ma veste. » Je fouille dans les poches de celle-ci afin d’y prendre mes affaires personnelles que je pose sur le comptoir : mon smartphone, un mini-calepin et son critérium dont je m’élance parfois dans quelques croquis de la vie quotidienne, mes clés et mon portefeuille. J’arrache ensuite une feuille de mon carnet et la sépare en deux. Sur le morceau, je me hâte de noter ce qu’elle attend de moi, mon numéro de téléphone. Je pense ainsi interrompre au plus vite, le regard assassin qu’elle lance à Judd. « Tenez, vous pourrez dire à vos amis que vous avez réussi votre pari. » Je sais qu’il n’y a pas de pari, je la prends à son propre jeu. « Mais je suis désolé, je ne peux pas vous apporter plus. Appelez-moi simplement lorsque vous trouverez un moment pour me rendre cette veste. » Expliqué-je gentiment, la voix, tout de même séductrice, pour l’endormir sur la nouvelle. Il y a des chances que je ne revois pas cette veste, c’est le prix à payer pour éviter une bagarre. « Et ne vous inquiétez pas pour la note de votre table, je vais la régler. Vos amies devraient croire à votre réussite avec ça. » Finis-je avec mon plus beau sourire. Ce n’était pas pour elle que je faisais cela, mais plutôt pour celui qui avait eu un geste, disons… maladroit. Lorsqu’elle s’éloigna sans un mot, la mine dépitée, je me tourne vers le barman et lui offre ma plus belle mine soupçonneuse : «  Ça existe un barman aussi maladroit ou c’est la jalousie qui a malencontreusement renversé ce verre ? » Je ne peux m’empêcher de contenir cet air aussi sérieux, et rapidement mon sourire fend mes lèvres. Ce geste m’a surpris, mais, étrangement, je suis heureux qu’il l’ait eu. Je prends le morceau de papier restant et griffonne. J’y note mon numéro de téléphone et dessine un verre renversé au-dessus d’une tête blonde. Même si je manque de temps, je m’applique à le rendre détaillé, puis je lui tends, toujours ce sourire aux lèvres : « Et ça, c’est pour satisfaire cette jalousie. Et pas besoin de m’appeler uniquement pour me rendre une veste. Et s’il te plait, ne fait pas en sorte que je m’en prenne une. ». Je ris en secouant la tête en pensant à ce qui venait de se passer, et non pour mon jeu de mot.
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MessageSujet: Re: (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable   (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable EmptyDim 15 Mai - 23:55

Chez moi… ? Qu’il soit aussi direct me plait. Sauf que… Je n’ai pas de chez moi. Je cache ma surprise, le malaise et acquiesce d’un signe de tête, sans grande conviction. Je ne sais pas comment lui dire ça. Un mensonge pourrait bien passer. Ou alors je pourrais envoyer un message à Ariel pour savoir si elle est de sortie, si elle peut me laisser l’appart’, mais vu notre relation complexe, je ne vais pas lui faire un coup aussi tordu. Elle n’acceptera jamais. Et je ne me sens pas de lui dire que c’est pour inviter un homme. Quelques uns de mes potes sont sans doute chez une nana, à cette heure et peut-être qu’ils pourraient me dépanner, aussi… Les solutions tournent en boucle dans ma tête, c’est le bordel et je n’en vois aucune qui est bonne. Commencer sur des mensonges, je déteste ça, moi qui suis le type le plus franc du monde, le plus cassant aussi. D’un autre côté, j’ai bien peur que l’image qu’il se fait de moi change. Elle risque de changer un jour, de toute façon… Je me perds dans mes pensées, fixe un verre et c’est finalement sa question qui me réveille, qui me fait sourire. « Des trucs comme… Andrew, Trent, Nicholas. Christopher pourquoi pas aussi. Alexander… Christian ? Mais Sebastian, je préfère. Ca te va comme un gant. » Il le porte bien son prénom, avec classe. Rien à voir avec cette jeune femme qui nous interrompt, que j’interromps à mon tour. J’entrouvre la bouche pour répéter que je suis désolé, mais je ne le suis vraiment pas. Elle a déjà eu mes excuses une fois, ça suffit. D’autant plus qu’elle a toutes les faveurs de Sebastian. Je resserre ma mâchoire, passe l’éponge sur le comptoir pour calmer mes nerfs et j’accélère le rythme, les doigts crispés sur la chose jaune et humide en apercevant des chiffres prendre forme sur une feuille de papier. Non ? C’est son numéro ? Putain. Si j’avais su qu’en plus de sa veste, il lui donnerait son numéro de téléphone, je n’aurais absolument rien fait, je me serais contenté de bouillir en silence, d’intérioriser. La surprise est là. Il leur offre les consommations. Je plisse les yeux, l’observe s’éloigner avec le sentiment que d’ici peu, elle et ses copines nous commanderont une nouvelle tournée, parce qu’après tout, c’est un autre qui paie. Ca me rend dingue qu’il ait fait un truc pareil. Il a l’argent pour, mais tout de même… « Ca existe, oh ça oui… » On a eu des boulets ici, des petits jeunes qui sont venus m’accompagner, mais qui sont très vite repartis. « Mais je ne suis pas de ceux-là. » C’est un aveu. Je ne suis pas maladroit, je fais très bien mon travail et il doit bien le savoir, à force de me voir travailler… C’est aussi admettre qu’en effet, j’ai laissé la jalousie parler pour moi, mais il ne semble pas m’en vouloir. Je crois bien remarquer un sourire. « Désolé, c’était plus fort que moi… Mais tu n’étais pas obligé de lui offrir les consommations, tu sais… Elles en ont pour pas loin de cinquante euros déjà. » C’est énorme pour un petit gars comme moi. Débourser cinquante euros en une soirée et la note risque de s’élever un peu plus. « C’est naturel d’être aussi gentleman ? » demandé-je, en posant mon attention sur ce qu’il dessine. Je ne sais pas s’il a réussi à lui faire passer la pilule de son refus, mais ça ne m’étonnerait pas que le ton employé par Sebastian et son attitude l’ait détendue. Il s’est très bien comporté. Et il me surprend encore en me tendant son numéro avec un dessin très bien réalisé, qui me rappelle ma frustration du jour, ma bêtise. Un sourire se loge sur mon visage, amusé et satisfait à la fois. « Il va te falloir un peu de patience pour le savoir… » dis-je, sur un air séducteur. Mais c’est évident que je ne lui en mettrai pas une, veste. Il me plaisait déjà avant, maintenant il me plait d’autant plus. Je range soigneusement le papier dans la poche de mon jeans et rempli de nouveau son verre. « Celui-ci, il est pour moi. » C’est pour me faire pardonner de lui faire débourser une certaine somme. C’est peu, ça n’arrangera rien, mais je tiens à faire un geste. Je saisis son poignet et le ramène vers moi pour y lire l’heure. « On ferme dans dix minutes. Je suis de rangement ce soir, mais ça devrait aller vite. » J’ai une motivation en face de moi… Une motivation à laquelle je n’ai toujours pas dit la vérité. « Est-ce qu’on ne pourrait pas aller chez toi plutôt ? » Je me mords la lèvre inférieure, hésitant. J’ai peur qu’il pense que je n’ai pas confiance en lui, pas assez pour lui montrer mon univers, alors qu’il ne s’agit pas du tout de ça, ou encore qu’il pense que j’ai honte de là où je vis. « J’aimerais bien te faire visiter mon chez moi, mais je pense que tu feras rapidement le tour de ma voiture. » Voilà, c’est dit. Mes yeux cherchent les siens, mon cœur s’est resserré. J’appréhende de ce que je pourrais voir, de ce qu’il pourrait me dire. A côté de lui, je n’ai pas grand-chose. Une pièce de monnaie vaut de l’or pour moi, parce que j’ai connu la rue, parce que je le suis de nouveau, que je refuse l’aide des autres, de ma meilleure amie qui me propose une colocation, qui a carrément mis mon nom sur le bail pour que je me sente chez moi, quelque chose comme ça, mais je le prends comme de la pitié. J’ai toujours été habitué à me débrouiller seul et je n’en ai jamais eu honte… Jusqu’à ce que je lance la bombe à quelqu’un qui me plait.
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(Sebastian) Un client qui rend le travail agréable _
MessageSujet: Re: (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable   (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable EmptyJeu 19 Mai - 17:04

Lorsque je le vois acquiescer silencieusement à ma demande, je penche ma tête, plutôt surpris par ce manque d’assurance qu’il avait pourtant jusqu’ici. Qu’importe, je laisse cela de côté et préfère continuer notre conversation légère qu’il souhaite reprendre et qui m’amuse. Les prénoms qu’il me propose me font sourire, ils ne sont pas moches. Bien moins que ceux que j’ai failli porter. J’entoure mon verre de mes doigts, il est vide, mais encore frais. J’aime cette sensation aussi étrange que cela puisse paraitre : « Ils sont plutôt pas mal. Toujours mieux que Bonifazio ou Poseidon à cause de l’endroit où je suis né. Les parents et leurs idées… Heureusement qu’ils ont retrouvé la raison. »  Je marque une pause et lui demande : « Mais toi ? D’où vient ce « D » en plus sur ce joli prénom ? »
La jeune femme s’immisce entre nous deux et même si j’ai envie de lui dire que je ne suis pas intéressé dès son arrivée, je la laisse présenter son cas par politesse. Lorsqu’elle finit, les choses s’enchainent assez vite et je me retrouve sans veste, ma simple chemise blanche et une cravate grise pour vêtir mon torse. Ça ne fait rien, je n’ai pas besoin d’être réchauffé. J’espère juste revoir cette veste qui me plait tant. Je lui ai donné mon numéro pour ça. Lorsqu’elle s’en va, je me hâte à l’offrir également à cet homme qui me fait tant d’effet. Il serait illogique qu’il ne le possède pas alors qu’une midinette qui ne m’intéresse pas tient ce numéro entre ses doigts. J’évoque sa maladresse et il ne contredit pas la jalousie. Il avoue même son acte. Ça me fait sourire de plus belle. Au sujet des consommations, je lui réponds : « Elle serait certainement encore là à demander réparation si je n’avais pas fait ce geste. Alors ça nous arrange tous les trois, non ? » J’ai un petit rictus à sa question suivante : « C’était dans mon éducation. Mais apparemment, ça fait partie de moi, parce que je n’ai pas tout gardé de cette éducation. » Par-là, je veux dire que mes parents ne seraient pas d’accord avec tout ce que je fais aujourd’hui. Je pourrais parler des sports extrêmes, mais je parle aussi de faire la cour à un homme. Je lui tends enfin mon numéro accompagné d’un petit croquis et plaisante avec l’histoire de la veste. Il se joue de moi et je lui fais une moue triste, affecté, comme s’il venait de blesser mon petit cœur avec ce suspense insoutenable. Il me sert un verre, je le remercie. Je ne compte pas me battre avec lui pour payer ce dernier. J’ai de l’instinct et je sais que c’est un combat perdu d’avance. Lorsqu’il prend mon bras pour jeter un œil à l’heure, je ressens des frissons au contact de sa peau à la mienne, rejoignant précipitamment mon cœur pour le faire battre plus vite. Il ne reste guère de temps avant qu’on se retrouve à deux. Ça me plait. Je regarde ces gens tout autour et prend conscience qu’ils ne seront plus parmi nous sous peu, à défaut de ne pas exister à mes yeux depuis que je suis avec Judd. Prendre conscience de cela me procure beaucoup de plaisir. Cela signifie que je n’aurai plus à me cacher
Je bois ma boisson, doucement, profitant de ce dernier verre. Le barman me demande alors si on ne peut pas changer de destination. Je ferme à moitié mes paupières comme pour deviner ce revirement. Qu’a-t-il à cacher ? Nous nous connaissons depuis peu, je peux comprendre qu’il hésite à dévoiler son intérieur. Certaines personnes sont ainsi, moi, cela ne me gêne pas de ramener un inconnu ou une inconnue chez moi. J’ai une bonne alarme. J’allais accepter sans rien demander en échange lorsqu’il me prit de court. J’arque un sourcil, je ne comprends pas. Je répète la phrase dans ma tête afin d’en déterminer le sens, mais cela me semble brouillon. Alors j’ose lui poser la question : «Tu…tu vis dans ta voiture ? » J’incline la tête, une mine interrogative sur le visage. J’essaie d’effacer toute pitié, mais ce n’est pas mon fort. Les gens m’affectent. Certains n’aiment pas qu’on les prenne en pitié. Mais pourquoi refuser qu’on s’inquiète pour eux ? Qu’on veuille possiblement leur tendre la main. Je ne suis sûr de rien, mais je sens que j’ai l’air d’un type troublé. Je tente de rectifier : « Non pas que cela change quoi que ce soit. C’est juste étonnant. Tu as l’air… Je ne sais pas. Tu n’as pas l’air d’un homme vivant dans sa voiture. » Rectifié-je. Une grimace traverse mon visage. J’ai cet air du gars qui ne comprend pas. Mais comment pourrais-je comprendre ? Je ne sais rien de lui et je ne demande qu’à apprendre. La conversation n’est plus aussi charmeuse qu’elle ne l’a été depuis le début de cette entrevue, j’en prends conscience. J’aimerai lui dire que je m’en fous, qu’il n’a pas à s’en faire, que ce détail ne compte pas. Je le pense, mais j’ai peur qu’il réagisse mal. Qu’il pense justement que je le prends en pitié. J’essaie cependant de donner un peu de légèreté à cet aveu : « Va pour chez moi, mais j’aimerai bien visiter ta voiture un de ces quatre. Certaines choses sont possibles dans une voiture et plutôt agréable. » Je lui lance un clin d’œil et boit mon verre, laissant tous les sous-entendu à sa portée.
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MessageSujet: Re: (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable   (Sebastian) Un client qui rend le travail agréable EmptySam 21 Mai - 20:17

Bonifazio. Poseidon. Mes yeux ronds comme des billes sont la preuve de ma surprise. Je lâche un rire, n’en revenant pas des prénoms difficiles à porter dont il aurait pu hériter si ses parents s’étaient enfoncés dans leur délire. « C’est… original et totalement rocambolesque. » Wah. On ne peut pas faire plus extravagant. Enfin si, il y a pire, tout de même, mais géralement, à ces gens-là, on leur refuse les prénoms. J’ai dû lire ça quelque part. Ils feraient mieux de se mettre à la place des gamins qui vont porter les prénoms. « Judd… C’est en référence au morceau des Beatles, mais elle a voulu faire un peu plus original, faire en sorte qu’on me distingue un peu. » Je l’aime bien mon prénom, il est loin d’être moche. J’aime sa particularité. Je ne cracherai jamais dessus, d’autant plus que la référence musicale me plait davantage. Ce qui me plait moins, c’est cette cliente, ce qu’elle lui a dit, ce qu’il a fait pour elle, mais heureusement, les choses sont terminées. « Oui, vu comme ça… Mais, quand même… » C’est beaucoup ce qu’il a fait, un peu trop. Il est généreux Sebastian, il n’a pas l’air de compter. Je suis tout son contraire, parce que je n’ai pas le choix, mais si je pouvais, je ferai comme lui. A la différence que mon argent irait aux sans-abris, à ceux qui manquent de nourriture, qui n’ont pas une seule couverture en hiver, ou encore aux associations, celles qui sont sincères, qui ne nous arnaquent pas en prenant la moitié de ce qu’on verse et il y en a beaucoup des comme ça, c’est pour ça que je préfère donner de mon temps, de mon énergie, ou même de la monnaie quand je peux, à ceux qui sont dans le besoin. Je connais que trop bien cette situation. « Ca me plait. Et qu’est-ce que tu n’as pas gardé de ton éducation ? » L’image qu’il renvoie, sa façon de se comporter, ça me convient parfaitement. C’est un homme qui a du goût, un vrai, pas un petit jeune avec une casquette sur la tête qui dit des injures à chaque bout de phrase. Sebastian n’a rien à voir avec tout ça, à tel point que j’aurais juré qu’il ne s’intéressait pas aux hommes. C’est le contraire et c’est à mon avantage. Ce qu’il y a, c’est qu’il me plait tellement que je n’ai pas envie de faire une gaffe et me connaissant, elle sera naturelle, tant je le suis, naturel, dans la vie. Je n’aime pas me cacher derrière une facette, rire à une blague qui ne m’amuse pas. On me prend comme je suis. Avec ma façon de vivre et donc… Ma voiture. L’information est dite. Je l’observe, je crains son regard sur moi. « Ouais… Tu sais, les charges, le loyer, la caution, j’ai un peu de mal. Et à dire vrai, j’essaie d’économiser… pour autre chose. » J’ai tiré un trait sur le rugby, je sais très bien que l’opération pour ma jambe me coûterait un bras, mais… Une petite voix dans ma tête continue d’espérer, me pousse à investir le peu d’argent dans autre chose qu’un loyer. « C’est une longue histoire. Je ne suis pas à plaindre pour autant, je gère bien les choses. » Je fais en sorte que ça aille. Et en même temps, je le rassure. Je ne sais pas s’il s’inquiète, ou si ça change quelque chose et qu’il me dit le contraire pour ne pas que je m’en fasse, ou si ça ne change rien. « Enfin je suis curieux de savoir quel genre d’homme j’ai l’air d’être. » Certainement pas ce que je suis réellement. On a tellement à apprendre l’un de l’autre… Et ça me fait envie. Il ne prend pas la fuite, il case même une petite remarque qui me fait sourire, qui me détend. Une phrase pleine de sous-entendue. Je me mords ma lèvre, avec envie, puis prends appui avec mes coudes sur le bar, pour me rapprocher un peu de lui. « Ce sera avec plaisir. Ca tombe bien, j’ai lavé l’intérieur en début de semaine. » dis-je, en reprenant le même ton léger. « Je te remercie. T’aurais pu réagir autrement… Je l’aurais compris. » Même si ça m’affecte lorsqu’on me juge un peu trop rapidement, alors que ce n’est qu’un détail qui a son importance, c’est vrai, mais je suis comme tout le monde, à travailler, à essayer de gagner mon pain. Je ne vis pas du fric de l’Etat, je ne suis dépendant de personne. « Alors… Certain, ça te dit toujours ? » Il peut faire marche arrière, maintenant, mais… Ce serait dommage de reculer maintenant. « Moi, carrément. J’aimerais en savoir un peu plus sur Bonifazio. » ajouté-je, dans un sourire, alors que la dernière table se vide. Les filles s’en vont, non sans jeter un dernier regard sur nous. Le service se termine.


Dernière édition par Judd Berroya le Dim 29 Mai - 13:37, édité 1 fois
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