(simon) planets collide

Une fois de plus ce cher Julian était au boulot, et moi j’étais seule à la maison avec mes dossiers. Installée sur la table du salon qui me servait généralement de bureau, mon ordinateur ouvert et plein de dossiers épars sur la table. Une tasse de thé posée sur une feuille plus loin, je terminais de lire une section du code qui m’intéressait particulièrement. Oui j’aimais beaucoup mon métier et je m’y plongeais toujours corps et âme. Après les remarques désagréables qu’il m’avait fait il y a quelques semaines, je m’étais fixée l’idée de rentrer pas plus tard que vingt heures le soir. Mais Julian lui, passait souvent la nuit à l’hôpital. A croire qu’il s’occupait plus de ses petits patients que de moi. Mais comment en vouloir à ces gosses qui lui retiennent son attention hein? Tu peux en vouloir comment à un gamin qui n’a que six mois maximum d’espérance de vie. Je soupirais doucement passant ma main sur ma nuque pour me détendre un peu et me forcer à me plonger dans le travail.

Je laissais ma main s’étirer vers le côté pour pouvoir attraper ma tasse qui, je le constate est vide. D’un mouvement je repose la chaise à roulettes sur laquelle je m’étais posée et allais vers la cuisine. C’est alors que je sentis mon téléphone vibrer. Un nouveau sms de Simon. Ces derniers temps il y’a fait quelque chose. je ne savais pas précisément quoi. Mais je présentait qu’il s’agissait de Numa. Pourquoi? Aucune idée. Instinct féminin? Instinct de grande soeur. Je remettais de l’eau à chauffer et lui répondais qu’il faudrait qu’on se voie oui. Touillant doucement l’eau chaude je réfléchis et posais le regard sur la table du salon et mon travail. Un haussement d’épaules et je vidais l’eau dans l’évier. Allez, pourquoi pas aller au Caveau maintenant? Il m’invitais à le rejoindre pour discuter non, pourquoi pas maintenant! Je passais donc un manteau et une de mes nombreuses écharpes autour du cou et en avant.

Il y avait du monde, et donc plein de bruit, mais c’était pas grave. Je souriais largement, oui je connaissais le monde ici, disons qu’en ayant un frère et un ami barman ici, on a forcément des petits « passe-droit ». Un grand sourire aux lèvres je le voyais au bar. Comme d’habitude souriant. Et beau. Je levais la main pour lui faire un signe afin qu’il me remarque. Je m’avançais encore un peu et atteignais peu à peu le comptoir ou je me posais sur une chaise .  « Salut Simon » dis-je en attendant qu’il ait fini de s’occuper des minettes minaudantes à côté de moi. Je me penchais au dessus du bar pour lui faire la bise.

Peut être qu’une petite virée comme ça, loin de chez moi ça me ferai du bien. Je n’avais pas été du tout le genre de personne à faire la fête en fait. Oui c’était peut être triste surtout si on considère que j’avais bientôt la trentaine et que bah forcément, c’était un peu la « loose » de n’avoir jamais vraiment fait la fête. Mais que vous dire. C’était moi. c’était comme ça. j’avais toujours privilégié l boulot et le études. Je n’étais pas quelqu’un qui avait besoin de contacts sociaux à outrance. Pour ça, j’avais la famille. En dehors de ça, non c’était pas forcément mon truc. Passer d bonnes soirées entre amis et en famille, oui pourquoi pas. Mais je n’avais jamais vraiment vu d’intérêt à faire la fête sans cesse et se mette « minable » just pour faire comme les potes. Après chacun fait ce qu’il veut, mais moi c’est loin d’être mon genre de préoccupation. Un petit soupir et je regardais autour de moi. Ils semblaient s’amuser, c’était pas mal. tant mieux pour eux j’ai envie de dire.

Je trouvais rapidement Simon, en même temps un barman pas derrière son bar en plein service, c’est un peu bizarre. D’un coup d’oeil je réalisais que Mino n’était pas là. Bon c’était pas plus mal parce que si on avait à parler de Numa avec Simon, ça ne serait pa évident avec Mino dans les parages. « Hé ‘Tilda! Comment va ? » je souriais largement et hochais la tête. « Ca va. J’ai décidé de te rejoindre maintenant. » je posais mon sac sur le comptoir et retirais mon manteau que je posais sur mes genoux. Je souriais largement en le voyant entretenir ce que moi j’appelle « la fibre du barman » mais il avait bien raison. C’est comme ça qu’on garde le client! « Y a pas ton homme avec toi ? On va finir par croire que t’as tout inventé! » je haussais les épaules. touché. mais ça, il ne pouvait pas le deviner. Je lui adresse un signe de la tête pour le remercier pour la première bière. « Nan, éternellement seule. » soupirais-je avant de désigner la bague de fiancaille au saphir à mon doigt. « Peut être que j’ai tout inventé vu que je le vois aussi souvent que vous. » dis-je avant de prendre une longue rasade de bière.

C’était le caveau, j’y étais souvent. Par la force des choses, mais si je n’y avais pas Mino et Simon qui y bossaient, j’y viendrais pas forcément. A moins qu’on m’ait forcée à y aller disons. C’est pourquoi observer était ce que je préférais. Posée sur ce haut tabouret à chercher de yeux des choses à regarder. Me délecter de tout ça. C’était un peu hautain, peut être même arrogant de ma part. Mais c’était pas mon univers, j’étais plutôt ce que les jeunes de nos jours appelleraient « coincée ». Mais que voulez vous, j’ai jamais eu besoin de sortir ou autre pour pouvoir m’amuser. Bref, j’avais des considérations étranges, et ma présence ici pour l’occasion ne tenait qu’aux sms de Simon dans lesquels je sentais le danger. Il y avait quelque chose qui se passait qui se tramait et je ne savais pas quoi. Je savais que ça concernait Numa, ça j’en étais sûre. A savoir pourquoi, j’en savais rien mais j’avais dans la tête de pouvoir le savoir ce soir. Oui je réalisais qu’il était sur son lieu de travail Simon, et que c’était peut être pas le meilleur endroit pour discuter. Mais ce n’était pas grave, au pire j’attendrais qu’il termine, c’était pas un souci du tout. Je pouvais attendre. Mais je me sentais obligée d’être ici. J’aimais mon frère. Et si j’étais proche de lui, Simon l’était aussi, et forcément, il en savait plus que moi. Ou disons qu’il avait un angle différent sur Numa. Et j’avais peur que Numa souffre. Après l’accident, ça avait été dévastateur, et je m’étais sentie impuissante. Oui ils avaient probablement raison tous de m’appeler « maman » quand on y réfléchit.

Peut être en fait que je ne voulais pas non plus être seule chez moi. C’était une possibilité qui me vint à l’esprit et que je dissipais tout de suite en plongeant mon nez dans le demi en face de moi. Quand il interrompt notre échange pour faire son boulot je ne lui en tenais pas rigueur, après tout il était à son boulot hein. C’était normal qu’il s’occupe des autres clients que moi quand même. Je le suis du regard et me dis que quand même, Simon et les Favre, c’est une espèce d’histoire d’amour. Bien sûr Numa. Et puis Mino qui bossait avec lui. Et buvait aussi au vu de son Instagram. Alessia avec qui il s’entendait plus que bien. Et puis moi. Moi qui le dévisageais un peu plus longtemps que nécessaire. C’est que … c’est un beau mec en fait quand on y réfléchit. On replonge dans la bière et je souris en retrouvant son regard. « Toi, t’as inventé tout ça parce qu’on t’a dis qu’une fille avec une alliance, ça attirait les types.. » j’arquais doucement le sourcil, ne comprenant pas du tout ce qu’il voulait dire, puis je suivais son regard vers le bout du comptoir pour découvrir un homme qui, à présent que je le regardais, me fis un grand sourire et agitais une serviette avec dessus ce qui semblait être son numéro. Je fis un sourire gêné et posais ma main sur mon front dépitée. « Si c’est pour pêcher des poissons comme ça . » dis-je alors que mon voisin me donnait la serviette en désignant le mec qui à présent me faisait un clin d’oeil. Je haussais les épaules et poussais le numéro plus loin avant de prendre une nouvelle gorgée. Bordel, ça allait descendre vite si ces imbéciles s’y mettaient tous. « Alors, le boulot.. » heureusement qu’il me changeait les idées. « Oh ça va. » je souriais au collègue qui passait derrière eux et semblait mettre un petite minute pour me placer. « Comme toi je suppose, je suis assez sollicitée de tous les côtés, c’est épuisant » dis-je en désignant à mon tour un petit groupe de filles qui étaient en train de glousser à la table à côté. J’avais déjà entendu plusieurs fois le mot « barbe » et « trop sex » dans leur conversation. « Mais tu es plus populaire à ton boulot que moi » oui parce qu’en général on est pas vraiment content de voir un avocat. Enfin … C’est jamais bon signe.

C’était bizarre. Autant j’avais souvent échangé sur Instagram et/ou par sms avec Simon, je crois que je ne m’étais jamais vraiment été seule avec lui. Enfin j’essayais de m’e souvenir mais pour le moment ça ne me venait pas. C’était pas bien important, mais au final, c’était peut être pour ça que je n’avais le « loisir » de l’observer vraiment aujourd’hui. Parce que sinon ça fait plusieurs longues années que l’on se connait. Pourtant on est si différent l’un de l’autre. Comme si chacun de nous évoluait dans son propre cercle bien défini et de confort, et qu’il n’entraient jamais vraiment en collision. Là c’était tout nouveau quelque part. J’étais sortie de ma zone de confort et j’avais mi un pied dans la sienne. Et je l’enviais un peu. Cette liberté qu’il avait de faire ce qui lui chantait. Pas que je n’étais pas libre, mais ce n’était pas du tout le même genre de liberté disons. C’était un univers que je ne connaissais pas. Parce que d’aussi loin que je me souviennes, mes interaction sociales les plus entourées de gens, ce fut la famille. Oui ma famille. La fac c’était pas pareil, on était beaucoup, mais j’étais pas là pour me faire des amis. Et les gens l’ont tout de suite compris. Mais j’ai toujours été paradoxalement un électron libre. Avec un espèce de besoin de solitude. Un psychologue à la schtroumpf vous dirait peut être que ça « traduirait une peur maladive de n pas réussir à exister en société hors de la Famille Favre ». Peut être que ça serait tout à fait vrai, j’en savais rien. Et je m’en fichais, j’étais bien comme ça, j’étais pas malheureuse. Loin de là même. Mais il avait une capacité déroutante de présenter les choses. Simon était mon opposé le plus concret, sans que ça soit pourtant négatif car bien sûr je ne me prends pas pour la perfection. C’est une notion qui n’existe pas à mes yeux. « C’est un sacré thon, tu pourrais en tirer un bon prix si c’tait vraiment soir de pêche, c’con. » Je souriais doucement et levait mon verre vers ledit thon qui ne comprenait plus les signaux contradictoire que j’envoyais. « Oui c’est vrai qu’il doit bien faire son poids » je continuais à le regarder mais parlais toujours avec Simon. « T’imagines il s’appelle genre … Tony ou un truc dans le genre. » je baissais les yeux vers le papier qu’on m’avait transmis. « Tony le Thon. » murmurais-je doucement en riant avant de fondre de nouveau dans ma bière.

« Moi ? » je hochais positivement de la tête et me retournais pour être dos à lui et observer le groupe de filles qui avaient vu notre manège mais c’était pas bien grave. « Y en a probablement une dans le tas que Mino a déjà chopé, m’enfin, pas grave! » je souriais plus largement et approuvais. Oui c’était vrai et ça ne m’étonnerais guère de mon frère. Mino c’était un homme à femmes et il ne s’en cachait pas. Pourquoi après tout. Je n’étais pas du genre à espérer secrètement que tous son entourage fasse comme elle et se case vite et soit heureux, jusqu’à la fin des temps. Non, tant qu’il était heureux ainsi, ça ne me regardait pas. « C’est bon, je crois que tu as au moins quelques numéros de téléphone pour ce soir » dis-je en me décalant un peu sur la droite pour voir le groupe écrire pour la plupart leur numéro. « Toi aussi tu as fait une bonne prise à ce que je vois. » dis-je en pivotant de nouveau pour me retrouver face à lui. « C’est la barbe. J’ai lu dans un magazine à la con que les moustaches et les barbes étaient le nouveau sexy. » je souris un peu puis pris une moue de réflexion. « Oui c’est surtout la barbe. » dis-je un petit sourire en coin. « Barbe et moustache c’est pas mal. » et la sienne était vraiment agréable à regarder. Et elle donnait envie d’y passer ses doigts. « Mais les gens qui n’ont que la moustache, je sais pas, c’est pas pareil. Ca dégage pas le même sex-appeal. » je tournais la tête vers « Tony le Thon » et réalisais qu’il avait une petite moustache qu’il essayait d’entretenir. Je ne pus m’empêcher de rire. « Non vraiment une barbe, c’est tellement mieux, ça te finit un homme! » j’étais peut être un peu trop alcoolisée, mais c’était comme si j’étais à la barre pour défendre un client. En l’occurence, la barbe. « Oui votre honneur, laissez les barbes vivre. Elle n’ont rien fait de mal, et si on les entretient très bien elle ne sont ni laides ni repoussantes. » « La moustache seule ça fait un peu chelou. » dis-je en levant les yeux au ciel. « Enfin en tout cas quand elles sont trop fournies. » Mais c’était que mon avis. Le délire des barbes … bon sang!

« En même temps, tu sais.. Ma popularité s’explique probablement par le fait que quand t’as fini un procès, c’moi qui sert les clients qui ont perdu contre toi. Si t’étais pas là, j’existerai pas. » je ne pus m’empêcher de rire. « Oh non. La tu oublies l’autre moitié de mes clients ou opposant. Ceux que tu m’envoies parce qu’ils ont fait des conneries plus ou moins graves avec un coup dans le nez. » je souriais doucement « C’est cinquante cinquante. On se complète! »

Notre chez Tony le Thon. Parfois on se demande ou je vais trouver ces idées farfelues. Surtout que ça ne me ressemblait pas vraiment. Mais c’était quand même plutôt rigolo de pouvoir s’amuser comme ça et de rire. Etais-ce la bière. Le lieu. L’ambiance. La compagnie? Aucune idée, mais c’était plaisant. « Merde tu m’as fais craché dans l’verre. » je ne me retint pas moi pour explorer de rire et vis le pauvre devoir recommencer de zéro son cocktail à cause de ma « petite blague » bon au moins il était sympa. Il riait à mes blagues. Encore que, un barman est plutôt sensé écouter les gens non? Enfin ça fait partie des prérogatives pour le job? « tony le thon.. mais n’importe quoi. » je riais encore pour le laisser terminer son boulot tranquillement. cracher dans un verre, d’accord, mais dans un deuxième … c’était pas franchement bon genre, surtout que du coup le client en question me regardait avec un air un peu assassin. Oh on se calme, tu l’auras ton Mojito! « C’dommage, ça rime pas, parce que ça serait encore plus marrant. Raymond le Thon.. Même avec Simon ça passe. » Je levais les yeux au ciel. Simon le thon, ce qu’il ne fallait pas entendre. « J’étais pas attachée à la musicalité de la rime il faut dire, mais bien sur le fait que Thon et Tony se ressemble. » je ne relevais pas du tout l’histoire de « Simon le Thon » ça n’était pas important parce qu’autant lui que moi savions que ce n’était pas du tout le cas.

C’était bizarre ce moment, comme s’il essayait de faire passer un message subtil. Le genre « je suis un thon » « je suis pas pour toi » mais j’ai jamais spécialement pensé qu’il était pour moi. Parce que Simon, c’était Simon. Si je le découvrais ce soir en temps qu’homme. Il était toujours l’ami de mes frères. Et puis il y avait Julian. En fait peut être juste que je voulais savoir si je plaisais. Dix ans dans la même relation ça peut provoquer ce genre de situation, de petits moments de doutes. Surtout avec le comportement actuel de Julian. « Je suis pas déçu de ce que j’ai chopé ouais.. Y a du poisson arc-en-ciel dans le lot, c’bon ça. » Je souris très largement et manquais de m’étrangler avec une gorgée de bière puisque je venais d’en avaler une. Je toussais un petit peu puis repris mon souffle. « Truite maquillée comme une voiture volée. C’est plutôt aguicheur comme espèce de poisson » dis-je en souriant doucement alors qu’elles me regardaient avec jalousie puisqu’il était clair que je parlais avec lui directement. Et pas elles. Je haussais les épaules. Les filles pouvaient être d’un compliqué. Moi elles me faisaient surtout bien rire. Je notais pour moi même de demander à Simon demain combien de numéros il a réellement eu à l’issue de la soirée.

« La moustache, seule, ça fait juste pervers ou fan de Freddie Mercury. Si c’est en hommage à Freddie, je dis pas. Mais sinon.. Ça craint.. Lui, par exemple.. Ça fait un peu le look du mec qui fait la sortie des écoles. » je me mis une nouvelle fois à éclater de rire. C’était si simple. Et en même temps … Oui. Il avait définitivement raison. Tony avait le look du pédophile par excellence. « Il devrait aller chez l’ophtalmo dans ce cas le pauvre, parce que j’ai pas vraiment l’air d’une écolière. » je souriais et pour le taquiner lui fis un geste de la main. « Ou alors ma crème antirides fait VRAIMENT des miracles. » pouffais-je avant de poser les coudes sur le comptoir face à lui.

« Ça s’appelle un partnership! » je souriais doucement et acquiesçais de la tête en même temps. Oui si on voulait, c’était une sorte d’accord tacite entre tous les barman et les avocats. Et par conséquent entre nous également. « On se fournit des clients mutuellement, c’est ça qui est bon! Ok, dis comme ça ça fait un peu gros Mac qui vend ses filles m’enfin. » j’esquissais un sourire et terminais d’une lampée le peu de bière qu’il me restait à présent dans mon verre. « Bah du coup tu peux choisir Simon le Thon comme nom dans le Biz’! » dis-je en reposant le verre vide sur le comptoir et jouant avec le rebord de mon doigt. « Ca fait vachement sérieux » un sourire aux lèvres.

« Bon sérieusement, toujours pas de date ? » je me renfrognais un peu « Non … toujours pas. » alors que par contre pour s’occuper des gamins des autres ça il sait faire donner de dates et des rendez-vous. « En même temps rien n’est prêt donc heureusement que ce n’est pas demain » dis-je en riant un petit peu jaune. « Tu me remet la petite soeur!? » dis-je en désignant le verre vide devant moi. Je sentis mon téléphone vibrer. C’était un sms de Julian. Réunion Tardive. Désolé mon coeur, je resterai dormir en salle de repos. Bonne nuit à demain. Julian. Bon au moins c’était clair. Je n répondais pas et rangeais le téléphone au plus profond de mon sac à main. « Nan mets moi une Tequila! » dis-je en soupirant.

En définitive c’est une ambiance plutôt légère et qui fait du bien. des petites blagues, des amusements simples comme ça fat pour me détendre. parce que oui j’avais les nerfs pas mal en pelote en ce moment et qu’un peu de zen ne fait jamais de mal. Alors oui, rire de choses simples, et peut être un petit peu idiotes c’était agréable. Oui je sais. J’ai plutôt l’air froide, coincée du perche et surtout pas du genre à m’amuser, mais c’est loin d’être le cas, je sais aussi m’amuser. Un petit sourire aux lèvres je m’amuse bien il faut l’avouer. Et puis les signaux plus que contradictoires au fameux Tony le Thon, c’était aussi plutôt drôle. Ce qui était plutôt amusant par contre c’était peut être le fait que je le partage avec Simon. Oi j’aurais pas forcément parié sur une telle combinaison et pourtant, ça semblait naturel, aucun de nous n’avait l’air de se forcer. « Pour le business, je pensais plutôt à me faire appeler ‘Jo l’embrouille’, mais comme je m’appelle Jo.. Ça risque d’être bizarre peut être. Simon le Patron, sinon.. Ça envoie du lourd. » je me mis à rire aux éclats rien qu’en l’imaginant avec une étiquette sur le polo qui dirait « Simon le Patron ». Ou alors un peu comme dans la pub Sixt, « C’est qui le paaaatrooooon! » non vraiment, c’était inattendu, et j’en perdais presque de vue la raison pour laquelle je m’étais rendue au Caveau au départ.

Mais on parlait aussi du mariage, et donc des soucis … enfin … on ne peut avoir des soucis que si on en parle. Alors comme on n’en parle pas avec Julian, je suppose qu’on a pas de souci. Enfin pour être plus juste on peut même dire qu’on n’a rien. Je souriais un peu et pris le verre qu’il me tendait. « Au pire, on aura qu’à avancer la date de notre mariage, Numa et moi, comme ça.. tes parents auront toujours une fête à laquelle se rendre dans l’année. » je riais doucement. « Oh, pas la peine hein, puis y’a l’anniversaire de la p’tite puce cette année. Dix huit ans déjà, ça sera une grande fête! » oh ça oui, Mino et moi avions bien prévu de le faire. « Et puis comme ça vous pouvez quand même prévoir plus longuement votre mariage! » dis-je en riant doucement avant de boire enfin une gorgée du verre. Auch, ça brûle par ou ça passe. « Wow, bordel! » dis-je en sentant ms yeux piquer un peu. « Ca faisait longtemps que j’avais pas pris de Tequila! » mais ça fait du bien par ou ça passe. Je sentais mon corps se détendre un petit peu. Oh, c’est ça qu’on appelle les « bienfaits » de l’alcool. Je soupirais un petit peu. « Il se passe quoi avec Numa ? » demandais-je tout d’un coup.

Je réussissais de plus en plus à me fondre dans la masse. Comme si au final j’avais fait ça toute ma vie alors que c’était pas du tout le cas. Mais soudainement, je comprenais un peu plus en quoi l’alcool pouvait fédérer plein de gens et l’envie qu’il provoquait de se retrouver. J’avais pas bu tant que ça. Heureusement d’ailleurs, mais étant donné qu’il était assez rare que ça se produise -je veux dire bien sûr hors des repas de famille ou le vin était toujours maître de cérémonie- je crois que je ressentais déjà un peu les effets. Mais c’était pas désagréable. Juste que pour une maniaque du contrôle pour moi, c’était pas la meilleure option. Je détestais perdre pied et ne plus avoir de prise avec la réalité. C’était tout moi ça. Droite et probablement aussi coincée, je sais. « Dix-huit ans ? Merde, je la voyais toujours aux alentours des quinze. » je hochais de la tête et levais les yeux au ciel. Hé oui. « Si tu savais. Pour moi elle a toujours huit ans alors … » un vrai coup de massue oui de réaliser qu’elle allait être majeure cette année. Et ça me renvoyait au visage le fait que, de toutes manières nous avions neuf ans de différence elle et moi et que pourtant nous étions aussi proche que des collégiennes du même âge. « … je te dis pas la claque que ça me met rien qu’y penser. »

« Oh mais tout est prévu. On a fait un book avec les plans de tables, le menu, la musique.. On essaie de faire venir Francis Lalanne, mais apparemment il est pas trop dispo. Ce qui est con quand même. » je me mis à rire. Mais un peu amèrement. Même le mariage plus ou moins fictif de Numa et Simon était plus prévu que le mien. Et ça faisait mal. Parce que je savais, je sentais qu’il y avait quelque chose, mais que je ne savais pas. Peut être que c’était juste moi. La raison du souci. « Je vais essayer d’appeler son agent si tu veux. » dis-je avec un petit clin d’oeil, chez ls Favre, le sujet du mariage de Numa et Simon était un leitmotiv qui alimentait très souvent ls discussions, et je ne dérogeais pas à la règle. Tequila pour se remettre les idées en place … heu ou pas. C’est fort, et j’avais oublié le gout. Mais c’était pas pour autant vraiment désagréable. « Ah ça, ma petite dame, c’est comme le vélo… Ou pas.. Non.. Non.. Décidément cette phrase n’a pas de sens.. Je vais m’arrêter là, hein. » je souriais un peu alors que mon gosier recouvrait doucement de sa « brulure » partielle. Mais je l’arrosais de nouveau avec une lampée de Tequila avant d’enchainer avec le sujet à débattre. La raison de ma présence ici, si puis-je dire. Numa.

Il m’arrête un instant et je le vois faire son petit manège pour signifier qu’il prend une pause. Je souris et me dis qu’effectivement pour parler, ça sera plus simple comme ça. Sans le comptoir entre nous. Alors je l’observe faire son petit tous de passe-passe, comme un prestidigitateur habile de ses mains. Je crois que je suis partie à moitié déjà. Parce que j’ai l’impression qu’il est en train de faire s’envoler un avion avec ses geste de mains. Alors qu’en même temps je sais bien que non. Je ferme un peu les yeux pour me ressourcer. Si on devais discuter du problème il vaudrait mieux que j’aie les idées un minimum en place. Alors je prend une grande inspiration et je sens sa main sur mon épaule. Je me retourne et il me fait signe de le suivre. Je finis d’un trait le reste de Tequila et me lève pour le suivre. La porte de service. Beaucoup moins occupée, et donc plus tranquille. Seul des chats errants pourraient nous emmerder là. L’air frais sur mon visage me fait du bien et m’apaise en même temps, je m’adosse au mur et le regarde. « Tu sais que Lia est de retour ? » j’ouvre grand les yeux. « Non. Je savais pas. » et je savais que c’était pas une bonne nouvelle. J’avais pas vraiment eu les détails à vrai dire, et je n’avais pas non plus cherché à les avoir parce que je ne voulais pas ajoute de l’huile sur le feu à l’époque. Mais les mots « Lia est de retour » ne me plaisaient pas du tout. Je fronçais les sourcils. « Elle lui tourne encore autour, c’est ça? » dis-je d’un air dédaigneux. L’idée que Numa souffre de nouveau ne me plaisait pas. Je comprenais beaucoup mieux à présent les sms de Simon et le fait qu’il veuille qu’on se parle. Mes traits se crispent et je sens ma mâchoire se serrer. « Qu’elle essaye même pas de se pointer devant moi! » j’étais pas foncièrement méchante, mais on touche pas à la famille. On touche pas à mon p’tit nid. L’alcool, plus la surprise me montaient un peu à la tête et je me redressais pour faire quelques pas. Tourner en rond, essayer d’évaluer les choses, la situation. Comprendre. Mais en vain …