ALMA + (de l'art de mettre une fille dans son lit)

• raphaël était frustré. et énervé. il ne savait pas lequel des deux il était le plus. non, franchement. il avait tout fait comme d'habitude pour la mettre en confiance, il lui avait dit les mêmes mots, pour lui faire croire qu'il l'aimait, qu'elle était la plus belle et plein d'autres choses bien niaises. mais non. il avait fallu qu'il tombe sur une fleur bleue. une fille qui voulait être sûre qu'il soit l'homme parfait. non, il ne l'était pas, et ce n'était pas quelque chose de nouveau. mais elle l'inspirait, au grand désespoir de raphaël. raphaël qui avait horreur de devoir faire des efforts, et qui se contentait habituellement, d'être juste lui, et de caler des phrases bateau, allait devoir trouver le truc parfait. et ça, ça ne faisait pas partie de ses innombrables qualités. tout ce qu'il voulait, c'était mettre la jolie pucelle dans son lit. trois semaines d'attente, il ne comptait pas prolonger ça plus longtemps.
• des filles susceptibles de l'aider, il n'en connaissait pas des masses. sa sœur, bien que la plus gentille et la plus parfaite du monde, ne saurait pas lui donner les meilleurs conseils. et la plupart des autres filles, c'était ses exs. il n'allait quand même pas retourner les voir ? et puis quoi, encore ? alors, sa cigarette au bout des lèvres, les mains enfoncées dans les poches, il marchait dans la rue, à la recherche d'une possible idée. et puis il voit une gamine, un peu plus loin, danser devant ses parents. elle n'est pas gracieuse et lui évoque plus un éléphant, mais c'est pas grave. il sait ce qu'il veut. et il n'hésite pas une seule seconde, allongeant le pas. il faut qu'il aille demander de l'aide à alma. parce qu'elle est déjà la seule fille qui voudra bien le voir sans vouloir lui mettre une claque, mais aussi, parce qu'elle a le temps d'écouter ses soucis. et qu'elle est intelligente, donc elle saura lui trouver le bon plan.
• il toque à sa porte, et c'est à peine si elle a le temps d'ouvrir qu'il est déjà à l'intérieur. il n'a pas vraiment de temps à perdre, parce que sa nouvelle muse est quand même plutôt pas mal, et ça fait deux séances qu'elle accepte de poser dénudée, et comment vous expliquer que raphaël et un homme comme les autres ? alors il regarde la belle italienne et lui fait un grand sourire, de celui qui sait qu'on ne peut rien lui refuser. « « j'ai besoin de ton aide, alma jolie. » depuis son petit voyage en italie il y a tout juste trois semaines, il sait comment prononcerles noms italiens sans les écorcher. il pose ses mains sur les épaules de la jeune femme en un geste qu'il veut tendre et désintéressé. ce qu'il n'est pas. « j'ai un petit souci, et il me faut une douce jeune femme comme toi, pour m'aider. et... bon, aussi, parce que tu es la seule à avoir plus de quinze ans qui accepte de me voir sans avoir envie de m'arracher la tête. »

• si raphaël avait été un peu moins concentré sur son ennui – qui resterait certainement juste temporaire-, il aurait peut-être remarqué la sensation glissante du sol humide, la serpillière dans le seau, et les cheveux attachés d'alma, comme si elle était en plein ménage. et puis, s'il avait été un peu moins concentré, il aurait dû se rendre compte que de cette façon, la demande à venir pouvait être anticipée de bien des façons différentes. mais il était en plein dans ses pensées, qui tournaient et retournaient dans sa tête. ça lui avait donc semblé évident. c'est ce pourquoi il la regarde comme si une deuxième tête lui poussait à l'instant même quand elle commence à paniquer. il n'avait jamais demandé de poser nue. pas qu'elle n'était pas belle, mais la jeune femme ne se sublimait pas dans son habit naturel, mais dans la danse. ce ballet agile de son corps, qui lui collait à la peau et qui s'envolait dans les pans de ses tutus à chaque pas, à chaque saut. cette grâce qu'il ne retrouvait jamais en personne, cette sensation qu'elle décollait pour toucher le sommet de l'Univers, jouant avec les nuages et posant sur eux le regard attendri d'une sœur aînée. non. il ne la voulait pas nue et désirable. elle n'était pas une fille de passage dans son lit. « nan, alma, je veux pas de ça. » il rigole un peu, parce que la situation est plutôt marrante, il faut le dire. « tu sais bien que je ne te dessine pas, comme ça, parce que tu es ma muse. je te dessine quand tu danses uniquement. naaan, je veux les conseils de mon amie préférée. » il lui adresse un sourire un peu lèche-cul, mais c'est de l'humour. il sait qu'elle est en mesure de l'aider.
• tout d'abord parce qu'elle est une fille -regardez l'analyse et la fine observation qui lui ont été nécessaires pour en venir à cette conclusion-, mais aussi parce qu'elle a l'âge d'avoir été séduite et de savoir ce qu'elle aime. bien sûr, il se doute un peu qu'il ne faut pas adopter les mêmes techniques avec tout le monde. sa muse actuelle en était la preuve vivante, les traditionnelles phrases bateau qu'il sortait toujours ne lui étaient pas suffisantes. il lui fallait autre chose, une autre corde à son arc, un cinquième as, qu'il pourra sortir plus tard, avec une autre fille, si cela était nécessaire. alors, remettant ses mains sur les frêles -en apparence du moins- épaules de son amie, il lui exposa la situation. « il se trouve que mon âme d'artiste a trouvé l'inspiration en une fille fleur bleue qui attend le prince charmant, ou presque. et mon corps d'homme est loin d'être satisfait. mais toutes mes approches habituelles se sont soldées par des échecs. je suis sûûûûr que tu es en mesure de m'aider. dis moi que oui, sil te plaît. » il lui fait ses yeux mouillés, les mêmes que fait sa sœur, des fois, pour l'embêter. il sait que ça ne l'influencera pas, mais ce n'est pas un souci, c'est plus pour l'amuser et la mettre de bonne humeur. [/i]