hello, it's me ft, anam

t'es à peine arrivé, tu connais à peine le coin que tu vas déjà la chercher. biarritz tu t'en fiches un peu. t'auras suffisamment de temps pour découvrir cette ville plus tard. tout ce qui compte pour le moment c'est de la revoir. t'as envie de savoir ce qu'elle est devenue. ça te fait plaisir de voir qu'elle a réussi. qu'elle a même sa propre entreprise. mais ça ne te suffit pas. tu veux tout savoir. absolument tout. si tu n'as jamais voulu récolter les lauriers pour ce jour où tu t'es sacrifié, t'es quand même fière de ce que t'as fait. sans toi, elle n'aurait surement pas eu autant de chance. elle aurait fini comme toi. un mec perdu qui n'a aucune attache. un mec déchiré qui trimbale de lourdes valises derrière lui. t'as décidé d'aller jeter un œil à son succès. tu sais pas si tu seras capable d'aller lui parler mais au moins voir ce qu'elle a réussi à faire. elle ne sera peut être même pas là. après tout, c'est elle la patronne. elle doit avoir beaucoup de responsabilités. avant d'entrer, tu t'arrêtes un instant. t'as besoin d'une clope. pour te donner du courage. ou juste parce que t'es un accro à la nicotine et que ça fait déjà vingt minutes que t'en n'as pas allumé une. tu stresses jamais d'habitude mais cette fois c'est différent. tu sais même pas ce que tu peux lui dire. ta vie à toi elle est loin d'être glorieuse. t'aurais du réfléchir avant de sauter dans cet avion. t'aurais du réfléchir avant de tout laisser derrière toi pour anam. finalement tu jettes ta cigarette et t'entres d'un pas mal assuré. c'est beau ce que tu vois. elle a vraiment l'air d'avoir réussi.

t'es là, accoudée à ton bureau et tu relis une fois encore ce contrat. tu n'es tellement pas sûre de toi. est-ce que tu devrais accepter ou non ? la réunion avec tes employés ne t'a pas avancé plus que ça, l'entretien avec cet investisseur et futur patron non plus alors tu lis encore et encore. tu ne veux pas te perdre, tu ne veux pas tout perdre, parce que cette agence, cette entreprise, c'est tout ta vie. c'est tout ce que tu as réussi à faire, c'est tout ce qui t'appartient alors tu ne peux pas le perdre. tu ne sais pas ce que tu ferais sans ça. finalement, tu décides de faire une pause bien méritée, tu décides de sortir de ton bureau non sans ouvrir la fenêtre pour aérer un petit peu. tu fais quelque pas, jusqu'à la machine à café, tu prends un expresso, bien serré, ça t'aidera à tenir cette nuit quand tu relieras encore ce contrat. tu ne peux pas le faire durer des siècles, il faut que tu donnes une réponse, au plus vite, tu ne peux pas faire traîner les choses, c'est évident, et tellement peu professionnel. tu joues ton avenir quelque par et c'est ce qui t'inquiète énormément. tu vas vers l'accueil, tu parles doucement avec celle qui s'en occupe, vous échangez quelques mots, des banalités, elle t'informe des gens qui sont venus. c'est rare qu'on vienne directement à l'agence, après tout, la majorité des choses se déroulent sur le net, sur le site internet. au moment où tu vas pour partir, la porte s'ouvre. tu te retournes pour observer l'homme qui pénètre dans la salle, tu es déjà presque partie, la main sur la poignet de la porte. tu te stoppes, tu l'observes. il te dit quelque chose mais tu n'arrives pas à savoir. tu restes alors bloquée. « je peux vous aider ?  » que tu chantonnes avant même la personne de l'accueil. tu restes sur ta position. tu le connais, c'est certain, mais tu ne fais pas le rapprochement, pas encore.

t'observes sans faire de bruit. t'as pas envie qu'on te remarque. tu sais pas quoi dire si on te demande ce que tu veux. parce que tu le sais même pas toi même. t'as envie de la revoir serte mais pour faire quoi. une voix te fait sursauter. une jolie voix, pleine de douceur et de joie. une voix que tu ne pourrais pas avoir même si t'essayais. tu te tournes lentement, cherchant une excuse. quelque chose à sortir, quelque chose qui expliquerait ta venue. mais c'est anam qui t'a parlé. tu t'es pas trompé, elle est bien là. aussi resplendissante que quand tu la vus y'a quelques jours sur ton écran. je.. t'as envie de partir en courant maintenant. peut être que t'es courageux dans la vie mais clairement là tu sais pas quoi lui dire. tu passes ta main derrière ta tête un peu gêné par la situation. c'est vrai que tu voulais la revoir mais tu pensais pas que ça se ferait aussi vite. t'espérais même qu'elle soit pas là aujourd'hui, que ça pourrait attendre encore un peu. il faut croire que le moment est arrivé finalement. peut être que tu peux te faire passer pour quelqu'un d'autre. elle est pas obligée de savoir qui tu es. elle te reconnait sans doute pas après toutes ces années. il te serait facile de lui mentir. mais ça signifierait que t'es venu jusqu'ici pour rien si ce n'est voir de tes propres yeux qu'elle va bien. pas une si mauvaise idée. je passais dans le coin en fait. et si elle réagissait mal. si cette partie de sa vie elle l'avait banni de son existence et qu'elle ne voulait rien avoir à faire avec ce qui en fait partie. tu le ferais toi si tu le pouvais. malheureusement ça a pris une place trop importante. en faisant ça c'est comme si tu rayais l'intégralité de ta vie. anam..? tu sais que c'est elle. t'en es presque sûr. mais tu préfères t'en assurer avant que ça ne devienne encore plus gênant.

tu l'observes, peut-être que t'es légèrement trop insistante ? je.. il commence mais ne termine pas. qu'est-ce qu'il est venu faire ici ? qui est il ? pourquoi est-ce qu'il te regarde de la sorte ? est-ce que lui aussi te connaît ? je passais dans le coin en fait. comme beaucoup de gens, mais tu ne comprends toujours pas où il veut en venir. anam..? qu'il finit par prononcer tandis que toi, tu lâches complètement la poignet de tes mains, tu te tournes entièrement vers cet homme et tu le regardes. tu le fixes, tu captes ses deux iris et tu te sens déjà partie, tu te sens partir loin. t'es à deux doigts de tomber dans les pommes, t'es à deux doigts de partir loin, très loin. tu fais tomber ton gobelet en plastique, qui s'écrase contre le sol et déverse le peu de café qu'il restait. tu te perds doucement alors que tu prends conscience de qui est cet homme. c'est pas possible, ça ne peut pas être lui, il est censé être ... mort, tu l'as vu, tu avais 14 ans, mais tu l'as vu, il est là devant tes yeux, il s'est fait tirer dessus et ... et .. bon sang, tu ne sais pas quoi dire. tu t'appuies contre le mur, qui te soutient. « je .. » et tu sens déjà quelques larmes qui perlent au coin de tes yeux. tu ne dois pas pleurer, tu ne pleurs plus depuis des années, mais là, tu ressens bien trop de choses. c'est lui, c'est bahir, c'est obligatoire, c'est forcément lui. ton employée se lève déjà pour venir vers toi, tu la rassures doucement, d'un léger sourire, tu lui demandes, si elle peut nettoyer alors qu'elle acquiesce immédiatement. « viens, suis-moi, on va ... on va aller dans mon bureau. » que tu arrives finalement à dire. tu ouvres la porte, tu la pousses sans le quitter des yeux. il faut que tu l'emmènes loin, dans ton bureau.

elle t'a remise. tu le vois dans ses yeux, elle sait qui t'es. elle pensait surement que t'étais mort. après tout, la dernière fois que vous vous êtes vus, tu venais de recevoir une balle dans la poitrine. elle a jamais su que t'étais encore en vie. pour elle, c'est comme voir un fantôme. t'aurais du y penser avant de débarquer comme une fleur. t'aurais du te douter que ça la chamboulerait. au point d'en faire tomber son café, au point de perdre un peu l'équilibre sans tomber pour autant. t'es à deux doigts d'intervenir, de t'excuser pour le dérangement. elle est pas prête à te revoir, tu ne veux pas t'imposer. pourtant elle te dit de la suivre, dans son bureau. ça t'étonne un peu mais maintenant que t'es là tu vas faire ce qu'elle demande. tu la laisses décider, t'es prêt à tout. comme avant, ça n'a pas changé. t'entres dans son bureau que tu ne peux pas t'empêcher d'observer. elle fait grande personne. elle fait sérieuse ici et distinguée. alors que toi t'as l'air d'un clochard. tu sens pas mauvais, t'as pas de trous dans tes fringues mais c'est sur que comparer à elle, t'as l'air d'un gars sorti de la rue. tant mieux. c'est tout ce que tu lui souhaitais. tu t'en fiches pas mal de toi et de ce que t'es devenu. tout ce qui compte c'est elle. alors.. tu sais pas vraiment quoi dire. tu pensais pas la revoir un jour et t'as préparé des tas de conversations dans ta tête pendant le vol mais elles n'auront probablement jamais lieu. c'est joli ici. des banalités. c'est tout ce que tu trouves. après tout, tu ne la connais pas. et tu te vois mal lui demander ce qu'elle est devenue pendant tout ce temps. ça fait douze ans que tu l'as sauvé et qu'elle a pris ce train. en douze ans, beaucoup de choses peuvent se passer. se sont passées même.

tu as du mal à le croire, vraiment beaucoup de mal. il te suit, docilement, il te suit pendant que tu n'oses même pas te retourner pour l'observer. il est là, juste là, si proche. il entre dans ton bureau pendant que tu refermes sagement la porte derrière toi, tu te retournes, tu te cales contre cette dernière et tu l'observes. est-ce un fantôme ? alors.. qu'il commence, aussi gêné que toi, tu ne sais pas ce que tu dois dire, ou ne pas dire, tu ne sais pas ce que tu dois faire, tu te perds doucement. c'est joli ici tu n'as pas l'habitude de perdre le contrôle, vraiment pas, mais là, t'es obligatoirement dans une sorte d'impasse. tu t'approches finalement de lui. très près, trop près. ta main se relève, vient doucement frôler sa joue du bout des doigts. tu te perds dans ses deux iris qui ne peuvent te mentir. c'est lui, c'est uniquement lui. « bahir .. » tu souffles seulement, tu en posant complètement ta main sur sa joue cette fois. tu n'as pas l'habitude de toucher les gens de cette manière, tu n'es pas tactile non, les gens te font peur, mais lui, il ne te fait pas peur. non, lui, il t'a sauvé, il t'a sauvé la vie. « je.. je t'ai vu mourir, tu es mort, devant mes yeux ... bahir, .. qu'est-ce qui t'es arrivé; » que tu arrives finalement à prononcer, tu as perdu toute l'assurance de ton rôle, oui, devant lui, tu redeviens cette petite fille de 14 ans.

ton coeur bat trop vite. t'as chaud, trop chaud. il fait chaud dans ce pays. tu ne le réalises quand maintenant. ou bien c'est cette situation qui fait monter ta température corporelle. tu l'observes, sans rien dire. t'es perdu, bien trop perdu. elle s'approche doucement et glisse un doigt sur ton visage. comme si elle vérifiait quelque chose. comme si elle voulait s'assurer que c'était bien toi. mais elle a vu la balle se bloquer dans ta poitrine, elle a vu ton corps tomber. inutile de se demander pourquoi elle cherche à être sûre que c'est vraiment toi. tu souris doucement. la retrouver c'est tout ce que tu demandais. anam.. tu sais pas quoi dire d'autre. tu sais plus que son prénom. elle n'est plus celle que t'as connu. elle a grandit et changé. et bien je suis en vie. le stress te fait dire n'importe quoi. bien sur que t'es en vie sinon comment tu pourrais être là, devant elle. j'ai pris cette balle mais je m'en suis tiré, comme toujours. tu fais le mec, tu fais le héro alors qu'en vrai, ta vie est un ramassis de merdes. t'as vécu oui mais pour faire quoi. tu plonges tes yeux dans les siens et c'est comme si tu te sentais chez toi. elle devrait te rappeler de vieux démons que tu voudrais oublier mais non au contraire. elle a cette chaleur dans le regard, celle qui rappelle la maison. tu n'oses rien dire de plus. tu ne veux pas casser ce moment. on dirait un aveugle qui retrouve la vue d'un coup. y'a une bulle de souvenirs qui s'est formée autour de vous.

tu le regardes, tu ne peux pas t'empêcher de te perdre dans ses iris. anam.. qu'il dit, une deuxième fois. il a changé, il a grandement changé. la dernières fois que tu l'as vu, c'était presque un homme. il avait à peine la majorité. sa voix est beaucoup plus rauque, plus basse, plus masculine. et bien je suis en vie. j'ai pris cette balle mais je m'en suis tiré, comme toujours. et toi, tu t'en veux atrocement. pourquoi est-ce que tu n'es pas revenue pour lui ? pourquoi est-ce que tu ne t'es pas retournée pour le sauver. tu t'en veux, de l'avoir laissé à son sort. tu imagines déjà, tout ce qu'ils ont pu lui faire, tu imagines que trop bien. le pauvre. « si j'avais su bahir ... si j'avais su, je serai revenue te chercher. » tu lui confies, tu lui avoues, doucement. tu finis par retirer ta main de sa joue, légèrement gênée d'être restée aussi longtemps dans cette position. tu avances une chaise, pour qu'il s'assoit et tu en prends une autre pour t'asseoir à ton tour en face de lui. tu joints tes mains, machinalement, et tu le regardes, encore et toujours. « je n'arrive pas à croire que tu es là, devant moi. j'ai du mal à m'en rendre compte ... tu es ... tu as changé. » tu continues, tu te perds un peu, tu n'en as tellement plus l'habitude. « bahir .. » ta voix se casse doucement sur la fin. « je .. merci .. merci de m'avoir sauvée. » que tu souffles finalement. tu es à deux doigts de sangloter.

comme si t'avais voulu qu'elle revienne te chercher. si il y a bien une chose que tu ne regrettes pas dans ta vie c'est ça. tout le reste n'a été qu'un enchaînement de mauvaises idées mais pas ça. ça ne le sera jamais. elle enlève sa main de ta joue, trop vite à ton goût. t'aurais voulu encore te perdre dans ses yeux et te souvenir de tout. mais tu la laisses faire et tu t'assoies. je t'aurais pas pardonné si t'étais revenue anam. tu dis ça pour la rassurer même si ça peut paraître méchant. tous les risques que vous avez pris ce soir là, ils n'ont eu de sens que lorsqu'elle a réussi à partir. et jamais elle ne pourra t'enlever cette réussite. toi aussi t'as changé.. pourtant c'est le même visage.. ce visage que t'as vu souvent en rêve. t'essayes de défaire tes yeux d'elle mais t'y arrives pas. tu peux pas t'empêcher de penser à elle, quand tu l'as vu pour la dernière fois. elle était si jeune et si forte à la fois. tu savais qu'elle réussirait. t'avais foi en elle. elle est jolie anam. tu l'as toujours trouvé jolie mais différemment. et puis, tu finis par baisser ton regard. ça va devenir gênant à force. tu serres les dents, contrarié. t'as jamais voulu qu'elle te remercie pour cette nuit là. tu l'as fait parce que tu devais le faire. ne dis pas ça. tout ce dont t'as toujours rêvé pour elle se trouve autour de vous. sa réussite, son bien être et son bonheur. c'est bien la seule chose qu'elle pouvait faire pour te gratifier. je suis juste heureux que tu ailles bien. parce que si tu n'as jamais imaginé qu'elle pouvait être tombée sur des personnes bien plus méchantes, ça aurait pu se passer. toi tu préférais te dire qu'elle avait connu une belle vie ensuite. t'as jamais cru au pire. pas pour elle. elle est bien trop précieuse pour ça.

je t'aurais pas pardonné si t'étais revenue anam. tu secoues la tête, toi, tu t'en veux, vraiment, de ne pas être revenue. tu ne peux pas t'arrêter d'y penser. tu sais ce qu'ils faisaient, aux ennemis, tu sais qu'ils n'étaient pas tendre. vous entendiez tous les cris de désespoir, de douleur. il a souffert. toi aussi t'as changé.. pourtant c'est le même visage.. tu souris, doucement, un fin sourire qui se dessine sur tes lèvres. tu as simplement grandi. tu le fixes, il te fixe, et vous restez quelques secondes ainsi, sans rien dire. un ange passe, et tu repenses à tout ce qu'il a fait pour toi. ne dis pas ça. je suis juste heureux que tu ailles bien. tu viens poser une main sur son genou, un geste d'une douceur extrême. « et moi je suis ... je suis tellement heureuse que tu sois là ... là, devant moi. j'ai pleuré bahir, j'ai longuement pleuré dans ce train. j'ai revu ton corps inerte des nuits durant. tu.. » il y a cette petite larme qui coule le long de ta joue. tu viens la récupérer, l'efface, doucement. « tu m'as sauvé la vie, tu m'as sauvé d'un futur .. désastreux, tu as .. c'est grâce à toi, tout ça, c'est grâce à toi, si j'en suis là, je te dois tout bahir. » tu lui souris, tendrement cette fois, tu lui souris, c'est sincère, tu l'as toujours été, sincère, et tu l'es une fois encore ici. il t'a sauvé la vie. il t'a sauvé. « qu'est-ce que ... tu fais ici ? sur Biarritz ? tu .. tu m'as retrouvé ? » que tu demandes finalement. c'est ça, il t'a retrouvé, c'est forcément ça, il ne serait pas venu dans ton agence sans savoir que tu y travaillais. « comment ? »

ça n'a pas été facile pour toi serte. mais elle s'est retrouvée seule dans un train où vous auriez du être deux. seule pour un plan qui vous comptait tous les deux. tu n'as jamais imaginé comment elle a fini par s'en sortir. tu la voyais toujours bien après, après l'orage. quand toute sa cavale était finie. elle du avoir peur qu'on lui court après, qu'on vienne la chercher. mais c'est toi qui a pris pour elle. ça t'as tenu en vie de la savoir libre. elle pleure un peu. t'es pas venu pour la voir pleurer. t'es venu pour la voir rire aux éclats et heureuse comme jamais. pourtant tu dois avouer que ce ne sont pas des retrouvailles simples pour toi non plus. tu ne pleureras pas non. tu ne l'as jamais fait, pas même quand t'allais mourir. mais ton cœur se sert lui. c'est ta manière de ressentir ton chagrin. tu secoues doucement la tête. il est hors de question qu'elle te donne tous les lauriers. anam.. t'as réussi toi même. j'étais juste.. juste là pour te guider. t'as tout fait toute seule. et c'est vrai. elle a pris ce train et elle a changé de vie. elle a laissé le passé derrière elle et a réussi à se construire le plus beau des présents. je t'ai vu aux informations. j'ai tout de suite pris un billet d'avion. je voulais voir ça de mes propres yeux. tu souris un peu. par ça, t'entend son monde bien sur. depuis le temps que tu voulais le voir. mais je sais pas si je vais rester.. t'as ta vie. c'était un peu stupide de ma part de débarquer comme ça. ton sourire se transforme en une petite moue. maintenant, tu n'as pas de raison de rester. tu voulais juste t'assurer qu'elle allait bien et ça a l'air d'être le cas.

anam.. t'as réussi toi même. j'étais juste.. juste là pour te guider. t'as tout fait toute seule. peut-être bien, mais pas le début, sans lui, tu aurais été vendue oui. sans lui, tu te serais retrouvée entre les mains d'un type du Pakistan, tu aurais été un mélange d'épouse, d'esclave et tout ce qui se fait. tu étais si jeune et tu n'en démordras pas, il t'a sauvé, il t'a sauvé de cet enfer et t'as permis d'avoir un avenir tellement plus brillant, tu ne peux pas ne pas le penser. tu lui dois tellement. je t'ai vu aux informations. j'ai tout de suite pris un billet d'avion. je voulais voir ça de mes propres yeux. mais je sais pas si je vais rester.. t'as ta vie. c'était un peu stupide de ma part de débarquer comme ça. tu t'avances sur ta chaise, tu t'avances vers lui, tu glisses rapidement vers lui, tu t'approches et tu viens prendre ses mains. tu prends ses mains dans les tiennes et tu plantes ton regard dans le sien. « ne t'en vas pas bahir. s'il te plaît, ne t'en vas pas. reste. » que tu le supplies presque, maintenant que tu l'as retrouvé, tu ne veux pas le voir partir non, ce n'est pas possible, ce n'est pas envisageable. « c'était pas stupide, vraiment pas, reste avec moi, maintenant qu'on s'est retrouvé, tu ne vas pas partir. puis, pour aller où ? tu veux vraiment retourner au pays ? tu as quelqu'un qui t'y attends ? » peut-être bien qu'il a une femme maintenant, et des enfants, peut-être qu'il a sa vie, tu ne peux pas le retenir, pas par égoïsme, tu ne l'es pas.

ses mains dans les tiennes. ça te surprend mais ça te plaît. ce contact te renvoie tout de suite à votre fuite. quand vous essayiez de disparaître le plus loin possible, d'atteindre le train qui allait la sauver. c'est la dernière fois quelles se sont touchées, la dernière fois que tu l'as vu. ses yeux projettent les mêmes expressions. celle de la peur et de la volonté. mais ce n'est plus pour les mêmes raisons. cette fois tu peux choisir. cette fois tu as le choix. tu peux rester, rien ne te retient nul part. tu n'as aucune attache si ce n'est elle, depuis le début. t'as comme un lien, un lien que personne ne pourra jamais détruire. tu détestes l'avouer mais tu lui dois la vie. elle te dira que toi aussi tu lui dois la sienne. et qu'elle fasse. mais sans elle, sans l'espoir de pouvoir la revoir, t'aurai jamais tenu les mois qui ont suivi son départ. surement les pires de ton existence en terme de douleurs physiques et morales. anam t'as ta vie ici maintenant. je peux pas débarquer comme ça. crois moi, tu veux pas d'un type comme moi autour de toi. parce que t'es détruit, t'es plus celui qu'elle a connu. tandis qu'elle mérite ce qu'il y a de mieux, tu ne crois pas que ça soit ton cas. t'as renoncé à la joie depuis bien longtemps déjà. y'a que moi là bas. tu ne peux même pas considérer le bar comme ta propriété. un exemple de plus qu'elle a réussi et que toi non.

les yeux dans les yeux, tu ne peux quitter son regard. bahir, tu ne t'en rends pas encore compte, tu ne te rends pas encore compte qu'il est là, devant toi, en chair et en os. bahir. anam t'as ta vie ici maintenant. je peux pas débarquer comme ça. crois moi, tu veux pas d'un type comme moi autour de toi.   tu secoues la tête, il dit n'importe quoi, vraiment n'importe quoi. bien sûr que tu veux un type comme lui autour de toi, jamais tu ne lui demanderas de partir, il t'a tout donné un jour, et c'est à ton tour de lui renvoyer l'appareil. y'a que moi là bas. qu'il t'avoue finalement, alors il n'a strictement aucune raison d'y retourner, rien ne le pousse à aller là-bas. « alors ne t'en vas pas.  » que tu lui réponds, tu presses doucement tes mains dans les siennes, tu appuies tes paroles de ton contact, sagement, tu lui souris en baissant un peu la tête sur le côté. « je ne vois pas en quoi c'est dérangeant, oui, j'ai ma vie, mais ... non, tu dis n'importe quoi bahir. laisse moi t'aider à ton tour, laisse toi te rendre l'appareil, reste ici, sur Barritz, au moins un certain temps ... le temps qu'on rattrape le temps perdu, qu'on rattrape tout ce temps perdu. s'il te plaît, tu ne peux pas partir alors qu'on vient de se retrouver. » tu es presque prête de le supplier parce que tu ne peux pas le laisser partir. « je ne te laisserai pas partir, surtout si rien ne t'y oblige. » et tu lui souris, doucement.

c'est vrai qu'en y réfléchissant, t'as autant de choses là bas qu'ici. en définitif t'as rien. t'aimes te dire qu'on se demanderait où t'es si tu ne rentres pas. mais personne ne s'y intéresse vraiment. t'es invisible sauf pour les types qui viennent boire au bar. tu pourrais facilement commencer quelque chose ici. pourtant t'as pas envie d'imposer ton passé à anam. elle n'en n'a pas eu un facile mais toi non plus. et quand elle a réussi à remettre sa vie sur les rails, tu t'en enfoncé de ton côté. je sais pas.. et là, en la regardant, tu te rends compte que tu ne pourras rien lui refuser. elle est trop importante à tes yeux pour en être capable. il faudra que tu apprennes à mettre tes vieux démons derrière, à reprendre goût à certaines choses. mais pour elle tu peux le faire. au moins un temps. bon très bien. pour rattraper le temps perdu alors. mais tu ne me dois rien, je vais me débrouiller tout seul. t'es quelqu'un de fière, tu ne laisseras jamais plus personne te venir en aide. la dernière fois, ça a duré bien trop longtemps et ça n'a fait qu'empirer les choses. certes tu avais un travail mais il faut voir les conditions dans lesquelles tu vivais. alors à présent, si tu dois repartir de zéro, ça ne sera que grâce à toi. comment tu vas anam ? c'est la première chose qui te vient à l'esprit. elle veut rattraper tout, et c'est surement la question la plus importante à tes yeux. tout ce qui a toujours compté pour toi. savoir si elle va bien et si elle est heureuse comme elle est.