(Maëlle) passé, présent, futur

une longue journée encore, mais de l'argent plein les poches. encore. t'as vu un client aujourd'hui, tout ce qu'il y a de plus fortuné, le client parfait, tu dirais même plus. le parfait idiot. rien que pour lui, tu as fait ta dope deux fois plus cher et il a foncé tête baissée dedans. première fois, sans doute, tant mieux pour toi, ça te plait bien, de faire ça, de te faire de l'argent sur les dos des autres, ça a toujours été ça ta vie, après tout. tu marches dans les rues de Pétricot, ce ne sont pas des rues très riches, même pas du tout d'ailleurs, c'est souvent dans ce coin que ta came elle tourne. tu t'e fiches, tu ne crains rien, puis tu as toujours ton arme cachée entre le bas de ton dos et ton jean. toujours, à n'importe quel moment. tes pas s'accumulent jusqu'à ce qu'une jeune femme attire ton attention. au loin. rien d'extraordinaire, à première vue et pourtant ... et pourtant, tu crois délirer, tu crois halluciner. est-ce que tu aurais pris un petit peu trop de drogue ce matin ? tu la regardes alors qu'elle avance, elle est de dos, elle ne peut pas te voir. pas encore. alors tu entreprends de la suivre. tu as besoin d'en être sûr, d'en avoir le coeur net. tu as besoin de savoir si ce que tu penses est vrai, ou totalement faux, tu as besoin de savoir si c'est ton esprit ou simplement la réalité. pour le moment tu es surtout perdu. alors tu la suis, discrètement, cette jeune femme que tu sembles connaître, reconnaître, que tu as laissé derrière toi il y a maintenant plus de deux ans. elle finit par s'arrêter, un instant, avant de reprendre, tu la rattrapes, rapidement. tu le sens mal, tu ne comprends pas, tu ne piges plus rien. qui est-elle. alors tu accélères le pas et au moment opportun tu lui agrippes le bras pour la plaquer contre le mur de la petite ruelle. tu avais tout prévu, tout préparé mais lorsque tes deux pupilles se fondent dans les siennes tu ne bouges plus. tu ne dis plus un mot, rien. rien du tout. tu restes là, accroché à son regard. Maëlle. que tu murmures simplement. c'est elle, c'est forcément elle. c'est obligé. qu'est-ce qu'elle fait là ? tu te recules, tu finis par la lâcher et tu te recules pour prendre tes distances et réfléchir.

Ca fait quelques jours que t’es arrivée ici, à Biarritz mais t’es perdue, tu ne connais rien de la ville alors tu décides d’aller faire un tour, juste pour te familiariser avec ce beau paysage enfin, surtout ces ruelles qui n’en fini plus. T’es passée chercher de quoi manger puisque tu as décidé de passer toute ta journée à flâner dans les rues. Tu n’avais que ça à faire de toute façon. Tu te dis que tu commenceras tes recherches pour retrouver Bendo un peu plus tard quand tu seras clair dans ta tête et que tu connaîtras un peu plus les lieux de cette belle ville.
Tu marches sans but précis et tu ne remarques pas qu’une personne te suit, tu continues ta route sans te soucier de ça. Tu regardes ton portable qui t’aide à t’indiquer le chemin, merci google map et confiante, tu suis ta route. Soudain, tu sens quelqu’un t’attraper le bras et te coincer contre le mur, tu laisses échapper un cri, oui tu as peur que tout ça recommence, tout est très vite arriver. Tu poses ton regard sur lui et tu le reconnais, comme ne pas le reconnaître… Ce visage, tu ne l’as jamais oublié, c’est le visage de ton grand amour, celui qui t’a quitté deux ans auparavant et t’es venu à Biarritz pour le retrouver. Le voilà maintenant devant toi et tu ne sais pas quoi dire, t’es muette… Il y a tant d’émotion dans tes yeux que dans les siens, tu soupires quand il s’écarte de toi. C’est vraiment réel tout ce qui t’arrives là, réveille toi Maëlle, tu as Bendo à quelques centimètres de toi « Bendo… » tu le fixes, tu te mords la lèvre, t’as tant attendu ce moment là, de le revoir enfin mais tu ne sais pas comment réagir, tu voudrais lui sauter dans les bras mais tu n’oses pas, son regard est distant envers toi, ce qui te gêne plus qu’autre chose d’ailleurs.

tu fais un bond en arrière, de quelques années. tu te revois, là, allongé sur son lit, à l'attendre patiemment. tu te revois là, chez toi, à la regarder en train de réviser, à te retenir d'aller l'embêter. tu te revois aussi au moment où ils l'ont menacé, devant toi et que tu as compris que ça serait la fin. que la fin était sonnée et que tu devais la laisser tranquille parce qu'elle méritait tellement mieux qu'nu type comme. elle n'a pas changé, toujours aussi belle, toujours aussi attachante. t'as envie de lui toucher le visage, de frôler ses joues mais tout ce que tu fais c'est reculer pour mettre de la distance. tu as besoin de distance, un peu, légèrement. tu l'observes, et tu ne comprends pas ce qu'elle fait là. tu réfléchis, quelques instants, pour tout remettre dans l'ordre, pour reprendre tes esprits, pour lui faire face, avant toute chose. qu'est-ce que tu fais sur Biarritz Maëlle ? tu as peur, que quelque part, ce soit pour toi, parce que tu ne saurais pas comment réagir, peut-être même que tu réagiras mal. t'en sais rien. tu as des problèmes ? tu t'inquiètes inévitablement, tu t'inquiètes pour son état, pour ce qu'elle fait là, pour sa présence. tu vas pour t'approcher, mais tu te stoppes. Maëlle, c'est ton passé, Maëlle, tu tenais à elle, plus qu'à toi même. Maëlle, elle t'a touché comme aucune n'autre n'a pu le faire. elle savait tout de toi, jusqu'à ton activité lorsque tu as du le lui dire; ça t'a fait mal, de la quitter, et maintenant, ça te fait mal de la revoir. tu ne sais absolument pas comment agir. alors tu t'inquiètes. pour elle. pour toi. pour vous finalement.

Tu as tant attendu ce moment et tu restes figée sans savoir quoi dire, tu te demandes si t’as fait le bon choix de le retrouver mais t’en avais envie parce qu’il n’y a que lui qui compte pour toi, tu ne peux pas l’oublier comme ça, t’as vécu tellement de belles choses avec lui comme des mauvaises mais c’est comme ça dans tous les couple. Tu poses son regard sur lui et te mords la lèvre à sa question, comment lui dire que si t’es là c’est pour lui et uniquement pour lui, que t’as fait tous ces kilomètres rien que pour le retrouver, le revoir. Tu soupires un peu avant de prendre une grande respiration, t’as peur de sa réaction mais tu peux pas revenir en arrière, c’est trop tard « Toi, j’suis venu te retrouver » tu sens tes larmes monter en repensant à tout ce que t’as vécu avec lui et aussi, à tout ce que t’as vécu pendant ces trois semaines où t’étais séquestrées, les souvenirs les plus terribles de ta vie qui refont surfaces, surtout au moment donner où il te demande si tu avais des problèmes. Non tu n’as plus de problèmes pour l’instant mais avant tu en avais et il n’a rien fait pour toi puisqu’il ne savait rien mais ça, tu ne le sais pas… Finalement, tu ne connais rien de l’histoire, les méchants t’ont jamais rien dit, tu recevais que des coups et c’était tout, t’en as bavé mais maintenant, tu devais penser à autre chose, tu t’en es remise petit à petit et maintenant tu vas bien, tout ce que tu as envie c’est retrouvé ta vie d’avant, quand tu étais avec Bendo, tout simplement. « Non, j’en ai plus maintenant » tu insistes bien sur le plus, tu ne peux pas lui cacher ce que tu as vécu, il se sentira coupable peut-être oui mais c’est quelque chose que tu dois dire, que t’as vécu, tes mauvais souvenirs et il a le droit de savoir, paraît qu’on se dit tout dans un « couple » alors voilà, tu te sens presque obligé de lui dire même si tu sais bien que tu n’es plus en couple avec lui mais tu espères l’être à nouveau, tu feras même tout pour l’être, c’est la seule personne avec qui tu sens vraiment bien…

elle avoue, elle se confie, c'est pour toi. non, elle n'a pas le droit. non, elle ne peut pas te dire ça. elle devrait t'avoir oublié, depuis le temps, elle aurait du tracer un trait indélébile sur ce que tu représentes, sur ce que vous êtes. elle aurait du, mais pourquoi ne l'a-t-elle pas fait ? pourquoi est-ce qu'elle vient, maintenant ? elle n'est pas censée, tu n'es pas censée, vous n'êtes pas censés pour retrouver, ce n'était pas ce que tu voulais. toi, tu veux la protéger, avant tout chose. c'était ton but en t'éloignant de Paris, ton but premier, elle ne peut pas tout gâcher comme ça. elle reprend la parole, te répond à ta seconde question et tu n'entends plus ton coeur. il s'arrête, se stoppe, ne fonctionne plus le temps de quelques instants. plus ? comment ça plus ? plus ? puis, tu ne peux pas t'empêcher de t'approcher, de capturer son visage entre tes mains, tu l'encercles et tu captes toute l'intensité de son regard qui t'a toujours intrigué. ce regard qui savait lire en toi, ce regard qui t'indiquait qu'elle connaissait tous tes secrets. comme si tu étais facilement déchiffrable, ce qui finalement, est loin d'être le cas puisque tu ne dévoiles jamais ce que tu ressens et encore moins ce que tu penses. sauf quand la panique t'attaque. comme maintenant. on t'a fait du mal ? que tu questionnes, t'as pourtant tellement peur de la réponse ... tellement. qui t'as fait du mal ? tu dois me le dire Maëlle ! tu es certainement trop autoritaire, tu réclames, tu demandes, tu ne lâches pas. tu ne peux pas, tu as besoin de savoir, tu as besoin de l'entendre te parler, te répondre. c'est certainement pour ça qu'elle est revenue, elle avait des problèmes. c'est à cause de moi .. ce n'est pas une question, plus une affirmation, d'ailleurs, tu lâches son visage, pour t'écarter. tu ne peux pas t'approcher d'elle comme ça, c'est trop dangereux. pour elle.

Tu le regardes, en disant ça, tu savais très bien qu’il allait réagir comme ça mais ça prouvait qu’il tenait encore à toi depuis tout ce temps, ce putain de long temps à ne pas se voir, à ne plus avoir de contact, ce putain de manque que tu as eu et qui t’as fait souffrir de ne pas savoir où il était, même pas un signe de vie, que dalle. Tu le laisses faire, tu n’as pas la force de bouger, tes yeux se fixent dans les siens, il était en colère de savoir ça sur toi, mais tu te sentais pas de tout garder pour toi, tu devais lui dire tout ce que t’as vécu après son départ, tes yeux sont mouillées, t’as envie de pleurer mais tu te retiens, tu te mords la lèvre. T’as été forte après ce que t’as vécu, pourquoi tu craquerais devant lui, ça n’a pas de sens et pourtant, t’es bel et bien en train de craquer, quelques larmes glissent sur tes joues et tu soupires un peu avant de te lancer et de tout déballer, c’était ça ou rien de toute façon « quand t’es parti, quelques semaines après, une bande m’a trouvé, je sais pas qui ils sont mais… » tu te bloques, comment lui dire que t’as été séquestrée pendant trois semaines, que t’as subi des violences impensables et que t’as encore les traces sur ton corps, ton si joli corps qu’ils t’ont défiguré « je.. j’ai été séquestrée pendant trois semaines et… on m’a frappée, brûlée… » tu avais du mal à terminer ta phrase, dans ta tête, toutes ces images revenaient, tout ce que t’as vécu revenait à la surface, tu le vois s’éloigner de toi alors que tu as juste envie d’aller dans ses bras, de te sentir en sécurité, de sentir son odeur qui t’as tant manqué, tu le regardes et tu baisses un peu les yeux, t’as honte alors qu’en réalité, tu n’y es pour rien mais tu te sens honteuse d’avoir subis ça

tu fixes son regard, tu ne peux pas t'en détacher, de ses prunelles qui t'ont manqué. tu ne peux pas le cacher, tu en peux pas le nier, elle t'a manqué Maëlle. Maëlle et sa douceur, cette fragilité si authentique. Maëlle, cette petite chose. tu la fixes alors, sans relâche, tu vois, ses yeux brillants. tu vois, ses yeux qui lâchent quelques larmes. ces dernières s'écoulent, le long de son visage, sur ses joues. elles glissent, encore et encore alors qu'elle commence à te parler. une bande ? quelle bande ? tu ne comprends pas où elle veut en venir. ils lui ont fait du mal ? tu n'interviens pas, tu lui laisses le temps qu'il faut, pour continuer, pour s'exprimer, pour t'informer de tout ça. elle reprend et tu as l'impression que ta tête va exploser, que ton coeur va s'enflammer. tout ton corps se tend. tes muscles réagissent immédiatement et tu ne peux pas t'empêcher de vivre ses dires à travers ses yeux. en cet instant, tu t'en veux, tu t'en veux tellement de l'avoir mise dans cette situation. tu ne voulais pas qu'elle souffre, c'est pourquoi tu étais parti, pour qu'elle vive sa vie, tranquillement, paisiblement, pour qu'elle n'ait pas à faire à toutes ces horreurs. tu en veux au monde entier, parce que c'est plus facile d'en vouloir à ces types qu'à toi-même. vraiment. tu reviens vers elle alors qu'elle baisse les yeux. tu remontes son menton pour qu'elle lève la tête. tu retiens une nouvelle fois ton regard. je vais les retrouver Maëlle.   que tu lui affirmes, sûr de toi. tu l'es, oh ça oui, tu l'es, sûre de toi. tu vas les retrouver, et tu vas la venger, te venger. tu vas les faire disparaître. quitte à débarquer sur Paris toi même, tu vas les retrouver; je vais les faire payer ce qu'ils t'ont fait.   que tu rajoutes. tu t'exprimes par la haine, la colère, la vengeance, parce que tu ne sais pas faire autrement. tu pourrais simplement t'excuser, lui demander pardon, lui demander comment elle le vit, ce que tu peux faire pour elle. mais non, tu veux te venger. la venger.

Tu fixes ton seul et unique amour que t’as eu, t’as la gorge nouée et les yeux humides, tu ne sais pas comment lui dire mais tu dois lui dire, il a le droit de savoir, il est tout aussi concernée que toi, même voir plus mais c’est dur, tellement dur pour toi de repenser à tout ça, à tout ce que t’as vécu pendant ces trois semaines, à tout ce qu’on t’a fait subir. Tu le regardes et tu soupires à sa réaction, tu savais qu’il allait réagir comme ça et tu ne veux pas qu’il fasse quoique ce soit, tu veux que ça en finisse une bonne fois pour toute ! « Non Bendo, tu feras rien ! » tu le regardes, le suppliant du regard pour qu’il ne fasse rien, tu n’as pas envie que ça recommence et que ça retombe encore sur toi par la suite parce que tu sais très bien que ce que ces gens voulaient, c’était Bendo pas toi. Toi, t’étais juste la prisonnière pour qu’il vienne te sauver, il ne l’a pas fait parce qu’il n’était pas au courant, en tout cas c’est ce que tu espères et tu sais que c’est le cas, il ne t’aurai jamais laissé tomber, il voulait te protéger, c’est pour ça qu’il a préféré te laisser seule, sans un mot « Arrête !! C’est du passé tout ça, j’ai pas envie de revenir là dessus… Je n’ai pas envie de te perdre Bendo, tu comprends ça ?! » tu t’énerves un peu sur le coup de l’émotion, tu sais très bien que si il le fait, tu le perdras sans doute, ils sont trop fort pour lui, tu en sais quelque chose puisque tu les as vu et tu as vu ce qu’ils étaient capable de faire.

Elle refuse, pendant que toi, tu évites son regard. comment ça tu ne feras rien ? tu ne resteras jamais les bras croisés alors qu'on s'en ait pris à elle. tu ne peux pas, ne rien faire. c'est hors de question, ce n'est pas discutable d'ailleurs. Maëlle, tu ne peux pas m'en convaincre.   que tu commences alors à dire. mais elle s'énerve, mais elle monte sur ses grands chevaux, mais elle s'exprime. elle te balance, en pleine tête qu'elle n'a pas envie de te perdre, mais quelque part, elle ne t'a pas déjà perdu ? si bien sûr que si, elle t'a déjà perdu, alors, qu'est-ce qu'elle veut ? qu'est-ce qu'elle attend ? Maëlle, ne dis pas n'importe quoi, il ne m'arrivera rien. qu'est-ce que tu crois, que je pourrai me faire tuer ? c'est ça, elle a peur que tu ne sois pas la hauteur. c'est ce qui te gêne, te fait mal. tu n'as pas envie de passer pour un faible à ses yeux. tu ne te dis pas qu'elle veut te protéger, qu'elle veut prendre soin de toi, faire attention à toi, non, dans ta tête, c'est complètement autre chose. non, dans ta tête, elle ne te pense pas à la hauteur et tu as encore plus envie de lui prouver que tu peux les retrouver. oui, tu peux les retrouver, tu vas les retrouver, et tu vas leur faire passer l'envie de toucher à Maëlle, tu vas leur expliquer comment ça se passe dans ton monde. on ne s'en prend pas aux tiers personnes, non, on ne fait pas ça. tu vas agir, tu vas faire quelque chose, parce que l'inaction ne fait pas parti de ton vocabulaire, tellement pas, tellement loin. tu n'es pas spectateur, puis quelque part, te concentrer sur ta rage te contraint à ne pas penser à la culpabilité que tu ressens de l'avoir laissé, là-bas. tu aurais du y penser, tu aurais du l'emmener avec toi ... sauf qu'elle méritait tellement mieux que ce que tu pouvais lui offrir. tu n'as pas changé toi.