(Elijah) Mettons les choses à plat

Le barman pose quatre verres sur le plateau ; une bière, une vodka, un mojito fraise et pastis. Je l’emporte, rejoins ma table pour poser le tout dessus et délaisse le plateau sur une chaise vide. Le prochain qui ira nous chercher nos boissons le prendra. Les yeux sont tous posés sur moi, des sourires me sont adressés, rien de très sincère. Ils se sont arrêtés de parler lorsque je suis arrivé et je n’ai pas besoin de chercher bien loin pour savoir de quoi ils étaient en train de parler. De rugby, du match de demain. Ils se prévoient une soirée, peut-être même vont-ils miser sur l’équipe gagnante. C’est ce que je faisais avec eux auparavant, lorsque je pouvais encore jouer. Maintenant que ce n’est plus le cas, je refuse de les entendre parler de ce sport qui m’a trahi, ce sport que je continue d’aimer malgré moi. La conversation reprend sur autre chose qui n’a rien à voir, qui est à l’opposé et je devrais me sentir reconnaissant, certainement. Ils parlent fort, rient à gorge déployée, un sacré mélange avec la musique qui résonne dans nos oreilles. Avec un léger moment d’absence, je tourne la tête vers les autres tables, vers la porte d’entrée qui s’ouvre sur un homme que je connais que trop bien pour avoir été mon meilleur pote. L’est-il toujours ? Parfois, je me le demande. Le jour où j’ai fréquenté sa sœur, Elijah a arrêté de me voir comme quelqu’un de respectueux. Dans ses yeux, je lisais parfois de la colère, sentiment qui a dû s’accentuer suite à ma rupture avec Ariel. Je me lève, emportant ma bière avec moi. « Bah alors, tu pars déjà ? » « Je connais quelqu’un. Vous allez pouvoir parler du match de demain tranquillement, comme ça. » dis-je, en haussant les épaules. Ce n’est pas que ça ne me plait pas, c’est juste que c’est chiant d’être exclu, même si c’est parce que je le demande. Je m’approche du comptoir, pose ma bière sur le bar et pose mon regard sur lui. « T’es accompagné ou je peux te faire de la compagnie ? » Parfois, tout se passe bien entre nous. On ne se parle pas vraiment d’Ariel, de la relation que j’ai eu avec sa sœur. Et d’autres fois… Il se passe un truc. Il doit y repenser, me voir comme celui qui a abandonné sa frangine, celui qui lui a fait du mal, alors qu’elle compte sa frangine. C’est même la personne qui m’est le plus proche, une nana que je contacte au moins une fois par jour par téléphone. Texto, appel, qu’importe tant que j’ai de ses nouvelles. Un peu collant sur les bords, l’ex-petit ami devenu meilleur ami, mais ça semble lui convenir puisqu’elle me répond. Jusque-là, elle ne m’a encore jamais envoyé bouler. « Ca va aujourd’hui ? » Est-ce que ça va avec moi ? Est-ce qu’on peut se parler, aujourd’hui ? Normalement, avec légèreté ? Ou en s’assassinant du regard ? Je le comprends Elijah, si j’avais eu une petite sœur, je l’aurais mal pris moi aussi.

Une soirée comme une autre s’annonce à moi, enfin pas si comme les autres que ça. D’habitude j’ai une fille qui m’attend, que je vais emmener dans mon lit pour passer une bonne soirée, mais ce soir personne. Je n’ai pas rencontré de jolie fille que je peux inviter alors je me décide à sortir tout seul pour boire un verre dans un bar, simplement parce que je n’ai pas envie de me retrouver en face à face avec la télévision. Lorsque j’entre dans le bar je me dirige directement vers le comptoir et commande une vodka, mon alcool préféré, le serveur me la ramène très bien, je paye ma boisson car je n’ai pas décidé de rester longtemps ici, juste le temps d’un verre, de profiter de l’ambiance du bar pour me détendre. Soudain je vois Judd venir s’installer à cote de moi, manquait plus que ça. A l’époque nous étions les meilleurs amis du monde, jusqu’à ce qu’il décide de sortir avec ma sœur et là c’était totalement différent. J’ai préférer prendre mes distances pour les laisser faire leur vie de couple jusqu’à ce qui se sépare... Ça a rompu notre amitié avec Judd. « Tu peux me tenir compagnie. » En même temps je n’allais pas l’envoyer chier, je l’ai jamais fais ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer. « Ça peut aller et toi ? » La conversation reste froide, en même temps je n’ai pas forcément envie de lui parler de ma vie, enfin du moins pas amoureuse et encore moins familiale parce que ça voudrais dire parler d’Ariel et avec Judd c’est juste le sujet tabou.

C’est déjà ça, il aurait pu m’envoyer paître. Je hoche la tête pour simple réponse. Ca va, ça peut aller, on peut tout de même faire mieux, mais ça lui est égal. Il m’en veut pour la sirène, il me tient rigueur d’avoir franchi des limites qu’il m’avait fixé silencieusement. On n’en avait jamais vraiment parlé, mais il était clair que je ne devais pas regarder sa sœur de trop près. J’ai fait tout le contraire, je ne le regrette pas. Si c’était à refaire, je le referais, parce que notre relation a compté, parce qu’Ariel est devenue ma meilleure amie et que je ne peux définitivement pas m’en passer. Notre rupture n’aura pas brisé notre lien, elle ne l’aura que renforcée encore plus. « On peut mettre les choses à plat ? Se parler de ce qui ne va pas. D’Ariel. » Je crains qu’il ne se tende rien qu’à cette évocation, que son ton déjà froid se transforme en quelque chose de plus rude encore. « J’sais bien que t’as pas apprécié que je la fréquente, mais j’ai beaucoup de respect pour elle. Ariel, je ne l’ai jamais prise comme une fille qu’on prend et qu’on jette en claquant des doigts. Si je n’avais pas eu la certitude que ça allait durer dans le temps, que ça valait la peine de tenter, je n’aurais rien fait. Et regarde nous maintenant… On s’entend toujours aussi bien. » Elle et moi, on ne parle pas de tout, on évite de se dire qui on fréquente, quelles sont les personnes qui finissent dans nos lits, ça nous agace et l’on est capable de se prendre la tête à ce sujet, mais si ce n’est ça et notre relation passée qui ne s’est pas terminée comme je l’aurais souhaité, elle et moi, ça va plus que bien. J'aimerais qu'il en prenne conscience.

C’est vrai qu’avec Judd on n’a jamais parlé de la relation qu’il avait entretenu avec Ariel. Comme j’en ai jamais parlé avec Ariel non plus. Leurs histoires d’amour, ou de cul, enfin peut importe, m’importe peu. Je n’ai pas envie de savoir ce qu’ils font tout les deux, ni savoir ce qu’ils envisagent pour l’avenir, ni savoir s’ils comptent vivre ensemble, faire des enfants et tout, enfin, ce qu’ils pensaient faire puisqu’au jour d’aujourd’hui tout ça n’est que du passé. « Oui on peut en parler, même si moi je n’ai rien à te dire tu sais ! » Je prends alors une gorgée de mon verre en écoutant le monologue de Judd. « Si aujourd’hui vous êtes potes c’est cool et j’ai rien à dire sur ça, mais je trouve ça malsain d’être pote avec une ex… En tout cas, tu sais que si tu y fais du mal, même en tant que pote, je n’aurais aucune pitié à te faire ta fête, même si on est pote ! » Même si maintenant le mot pote est un bien grand mot puisque tout les deux on ne partage plus rien, on ne se voit plus, on ne s’écrit même plus… Je ne sais même pas à quand remonte notre dernière soirée ensemble. Comme quoi ça doit vraiment remonter…

« Ca tombe bien, j’en ai beaucoup à te dire, moi. » J’vais peut-être me taper un monologue et il ne va peut-être plus rien me répondre ensuite, mais au moins j’aurais tenté. Elijah est un gars bien. C’est dommage qu’il n’y ait plus rien, que notre amitié soit du passé. Je hausse les épaules. Malsain ? « Je ne trouve pas. » Qu’est-ce qu’il y a de malsain à être ami avec son ex ? Ariel compte beaucoup. Qu’est-ce qu’il voudrait que je fasse ? Que je fasse la gueule à sa sœur, que je l’insulte de tous les noms comme font certains mecs quand ça se termine avec la fille ? Ca se passe bien entre elle et moi, plus que bien, je ne ferai jamais ça. « J’ai trop de respect pour ta sœur, mais y’a forcément des coups de gueule. On se blesse, parfois, ça veut pas dire que je la déteste. Puis si je lui dis des trucs qui lui déplaisent, elle a une langue, elle sait très bien me le dire, rassure-toi. » C’est une adulte, une grande fille, mais je comprends ce qu’il veut dire. Elijah joue son rôle de grand-frère. Je bois une autre gorgée, avec un petit sourire au coin des lèvres. « Ca veut dire qu’on est encore potes ? » C’est bien ce que j’ai compris ?

« Ouais on est encore pote, tu pensais quoi ? Que je bannissais mes potes dès qu’on touche à ma sœur ? Je devrais peut-être y penser pour le prochain. » Non je ne lui en veux pas d’avoir tenté une histoire avec ma sœur. Je sais que mes sœurs sont des filles extraordinaire qui en font bavé plus qu’un et si les mecs sont vraiment mes potes ils ont bons gouts comme moi et si mes sœurs n’étaient pas mes sœurs j’aurais carrément tenté un truc avec elles ! Bien que moi, j’aurais juste tenté l’histoire d’une nuit, pas de plusieurs jours, tout comme la fait Judd qui lui a tenté une véritable histoire d’amour et rien que pour ça je ne lui en veux pas. Et puis dans le fond, même si je trouve leur nouvelle relation malsaine, je sais que ma sœur ne se laissera pas faire et qu’elle lui dira ce qu’elle pense si quelque chose ne lui plait pas, mais ce dont j’ai peur c’est qu’ils se fassent encore plus de mal s’ils sont juste pote… Un jour ils finiront bien par refaire leur vie et ils ne pourront pas rester pote à ce moment là, je sais que quand on a vraiment aimer une personne on peut pas accepter qu’elle en aime une autre et c’est compréhensible, après tout, c’est normal d’être jaloux de la personne qui arrive à rendre heureux notre ancienne moitié, surtout là où nous avons-nous échoués. Enfin bref, ils verront bien, après tout c’est leurs histoires pas les miennes.

« Ca aurait pu. » J’suis bien content que ce ne soit pas le cas. J’ai eu ce que je méritais ; il m’a fait la tronche pendant longtemps. Ca aurait pu être pire. J’affiche un sourire, rassuré. Elijah est un mec bien, que je respecte et ça me fait plaisir que notre amitié ne soit pas détruite. Je me doute bien qu’il y a des choses qui ne devront pas être dites, des choses qu’il ne veut pas savoir sur ma relation avec sa frangine et ça me va tout à fait. Je ne suis pas du genre à me vanter de mes histoires. Maintenant que les choses sont mises à plat, que tout est au clair, du moins pour moi. Pour lui, je ne sais pas trop, peut-être a-t-il d’autres choses à me dire ? « Et toi, les nouvelles ? Comment ça se passe pour toi ? » Je peux prendre de ses nouvelles. J’en ai manqué ces derniers temps, dû à cette tension entre nous, mais je me rattrape bien vite. « Ton boulot ? Ta vie perso ? » Je ne sais pas s’il a envie d’en parler, mais je le brusque un peu pour qu’il me parle.

C’est vrai qu’il a vécu une histoire avec ma sœur. Et une histoire assez forte en plus. Mais je n’oublie pas pour autant tout ce que l’on a vécu ensemble, comme des frères. Désormais je dois lui parler de ma vie… Hum… « Alors pas grand-chose, tu me connais, je couche toujours avec autant de fille, je collectionne toujours autant les histoires d’une nuit, surtout l’été avec toutes les touristes qui sont prête à s’amuser… Mais j’ai rencontré une fille sur les réseaux sociaux, qui habite à Biarritz. Je n’ai pas simplement envie de la sauter. J’ai envie d’apprendre à la connaitre, de tout savoir d’elle. Je me suis même retrouver à danser sur la plage sans musique pour lui faire plaisir, lui plaire et lui faire décrocher un sourire, t’imagines… » C’est fou ce que je lui raconte, c’est pas du tout moi, pas du tout mon genre, pas du tout dans mes habitudes. Mais j’ai peur. Peur de tomber amoureux de son sourire. A chaque fois qu’elle sourit, c’est moi qui tombe sous son charme… Comme on dit dès qu’une fille rigole, c’est comme si elle était à moitié dans notre lit… Sauf qu’avec elle j’ai l’impression que c’est le contraire. Quand elle rigole c’est moi qui deviens gaga et qui m’abandonne à elle.

Toujours le même. Elijah est resté le même mec, avec les mêmes envies. Il s’amuse, il en profite et il a raison. Je suis cependant surpris d’apprendre qu’une nana a attiré son attention. Il parle d’elle comme un morceau de viande, mais pas seulement. « Sérieux ? » que je lui demande, bien que je n’ai pas besoin d’une confirmation. Je fronce les sourcils, lâche un rire en imaginant Elijah danser sur la plage pour faire les yeux doux à une demoiselle. « Elle t’a fait quoi pour que tu t’intéresses autant à elle ? » Elle doit dégager quelque chose, forcément. Si elle souhaite avoir Elijah pour elle seule, il va falloir qu’elle le fasse mariner, qu’elle ne se donne pas tout de suite à lui, à moins que… « Et tu crois que ton intérêt pour elle disparaîtra une fois ta soif de son corps assouvie ? » C’est une question que je me pose. Est-ce le manque de sa chair qui fait qu’il s’intéresse autant à elle ? « Tu l’as déjà fait ? » Ou alors c’est fait. Toujours est-il qu’il se comporte d’une telle façon que je ne le reconnais pas. Il est différent quand il parle d’elle. « Elle s’appelle comment ? » Je suis ravi pour lui. Même si ma sale expérience me pousserait à lui dire de se méfier, de faire gaffe à ce qui se trouve sous ses yeux. On ne connait jamais assez bien les gens.

« Ouais je suis sérieux, et non je n’ai pas couché avec elle, c’est ça le plus alarmant, c’est qu’il ne s’est rien passé, même pas un bisou quoi, j’ai juste passé l’après-midi avec elle en mode pote quoi. » Ouais j’ai dansé sur la plage avec elle et ouais il ne s’est rien passé. Peut-être que je ne lui plais pas, mais du coup elle m’intéresse encore plus parce qu’elle me fait attendre, elle m’ignore presque et j’adore cette idée de défi, cette idée de tout faire pour l’avoir, bon dans mon lit c’est une chose, mais peut-être plus, je ne sais pas. Je me vois bien aller au restaurant avec elle ou bien même l’emmener je ne sais où en vacances rien que tout les deux. Je m’imagine presque vivre la relation que mes parents ont eue avec elle. « Elle s’appelle Cara, tu l’as connais peut-être ? » Vu qu’elle habite Biarritz, peut-être qu’il connait celle qui saura peut-être faire chavirer mon cœur, en espérant qu’il me dise pas que c’est une ex à lui parce que je risque de péter un plomb… Tomber sous le charme de l’ex de mon meilleur ami ça craint grave et je serais obligé de coucher avec une tonne d’autres nanas pour l’oublier… Pitié, dis moi que tu l’a connais pas Judd. Je comprends Judd quand il me demande si une fois l’avoir mise dans mon lit, je ne passerais pas à autre chose et honnêtement j’en sais rien, je ne sais pas si je la laisserais me filer entre les doigts, si je la laisserais partir ou si j’aurais envie de passer la nuit complète avec elle avec petit déjeuner au lit et tout, parce que ça très peu de filles y ont eu le droit !

« C’est peut-être pour ça. » Je ne sais pas, je fais une supposition. J’essaie de voir clair dans le jeu d’Elijah qui n’est pas habitué à s’attacher de la sorte. Peut-être que s’il couchait avec elle, ça lui passerait. Ou peut-être que ça ne fera qu’amplifier les sentiments qu’il éprouve pour la demoiselle. Je hausse les épaules, ne sachant trop quoi lui dire. C’est cool qu’il soit comme ça, qu’il puisse se sentir vivant dans les bras d’une autre, mais… Je ne peux pas m’empêcher d’être réaliste, moi qui n’avais pas les pieds sur Terre il y a encore quelques mois, avant de redescendre, de tout perdre. « Nan, je ne la connais pas, mais Elijah… Je veux pas être rabat-joie, mais fais gaffe. T’emballe pas trop. On ne sait jamais ce qui peut se passer dans la tête des nanas. » Elles sont imprévisibles. Depuis mon ex, j’ai un peu de mal à faire confiance, surtout lorsqu’il s’agit d’un véritable coup de cœur, comme le ressent Elijah. « Fais attention quoi, te lance pas dans un truc totalement improbable. Prends le temps. » Je suis content pour lui, mais j’me dois d’être la voie de la raison. Faut qu’il prenne son temps. Maintenant, les gens veulent tout, tout de suite. Je ne suis pas habitué à cette mentalité, parce que je n’ai jamais eu les choses en claquant des doigts. « Tu lui as parlé de quoi ? » Je termine mon verre, le fais glisser sur le comptoir et pose mon attention sur lui, sans recommander. C’est la fin du mois, j’essaie d’éviter d’y aller un peu trop fort avec les consommations à huit euros.

Judd à raison. Je m’avance peut-être trop vite. J’imagine peut-être déjà beaucoup de chose. J’imagine des choses et pense ressentir des choses alors que je n’ai jamais été amoureux. Je ne sais pas ce que c’est l’amour, je ne sais pas non plus ce que c’est de faire des choses par amour ou bien des sacrifices. Je n’ai jamais eu à faire tout cela auparavant. Puis Judd me demande de quoi nous avons parlé… Hum… Que je me souvienne… « On a presque pas parlé de moi ou d’elle, enfin pas de nos vies, on a parlé vite fais de qui on était et ce que l’on faisait dans la vie, puis on est venu à parler de danse. On a dansé et je lui ai dis qu’elle devrait se battre pour sa passion… On a échange brièvement, mais c’était sympa comme après-midi. » Ouais, un après-midi. Pas une soirée non, pas un moment où je suis certain de l’emmener dans mon lit. Ouais, parce que je sais que la plupart des filles ne peuvent pas me résister, je ne sais pas pourquoi on s’est donné rendez-vous un après-midi, sur la plage. Dans un endroit public, où tout le monde peut nous voir. D’habitude je suis plus du genre à donner rendez-vous dans un bar ou bien même chez moi, mais non là je ne sais pas, comme si j’avais pressenti que c’était un autre genre de relation que je souhaitais avec cette jolie blonde.

« Un bon commencement. » C’est un bon début de relation, qui n’a pas été trop précipité. Elle lui a fait tourner la tête à ce que je vois. Elijah est presque fébrile et c’est amusant de la voir ainsi, alors qu’avant, il se contentait de parler rapidement des nanas qu’il se tapait, sans aller plus loin. Là, c’est différent. Ca se ressent dans son attitude, aussi dans ce qu’il a pu lui dire. Les nanas peuvent avoir un sacré pouvoir. Les mecs aussi, pour ma part. « Tu comptes la revoir quand ? » Ce n’est pas utile que je lui demande s’il a envie de la revoir, c’est maintenant certain et peut-être qu’il finira par se lasser, ou s’attacher à elle à force d’apprendre à la connaître. Les débuts sont beaux, ils l’ont été avec mon ex, mais l’installation du couple, l’investissement de chacun, ça l’est aussi, d’une autre manière. Ca consolide. Ou ça détruit. Je n’ai pas tellement d’expérience dans le milieu et franchement, on ne peut pas dire que ma dernière relation soit un très bon exemple à prendre. C’était une garce cette fille. J’espère pour lui que la sienne est assez sincère pour ne pas se jouer de lui. Ne pas faire de généralité, Judd, non. « C’est cool, en tout cas, c’est cool. » Il a peut-être envie de se poser, après tout. Par curiosité, je reprends : « Et tu vas aller en draguer une autre ce soir ? » Je suis curieux de savoir ce qu’il va répondre. Si je vais apercevoir le Elijah que je connais depuis toujours, ou si le dragueur est laissé de côté pour se focaliser sur une seule et même personne.