(Mia) Confidences autour d'un montage d'un meuble Ikea

La boîte d’outils en main, Fabrizio s’éclipse de chez lui, prends la direction de l’appartement de Mia. Tout au long de ses études, il n’a eu de cesse de rassurer son père qui n’était pas fier qu’elle se trouve si loin, dans un autre pays. L’Italie, il l’aime, ce n’est pas le problème, mais l’absence de Mia l’a ramené à des années plus tôt, lorsqu’on lui a volé leur bébé. Ce petit garçon qui a souffert en disparaissant, même s’il essaie de se convaincre qu’il s’est paisiblement endormi et Fabrizio l’aide à penser dans ce sens, lorsqu’ils en parlent. C’est pourtant un sujet tabou, mais qui revient parfois sur le tapis et ça a été le cas à plusieurs reprises tout au long des trois années d’études de Mia. Trois années pendant lesquels Fab et elle se sont vus lorsqu’il passait par là-bas. Il a beau avoir fait celui qui ne s’inquiète pas pour sa famille, Fabrizio n’en menait pas large non plus, alors de la savoir ici, non loin de lui, ça le soulage, en même temps que de l’inquiéter, dû à son affaire en cours, à cet homme qui s’en prend aux femmes qui n’ont pas plus de la trentaine, pas moins de la vingtaine. Il arrive en bas de son immeuble, appuie sur l’interphone pour prévenir de son arrivée et pousse la porte lorsque Mia lui répond. La porte de son appartement est grande ouverte, pour lui et il n’aime pas trop ça, mais il sait qu’elle est raisonnable là-dessus, qu’elle ne laisse pas sa porte ouverte de la sorte, que c’est juste parce qu’il est là, pour lui faire part qu’il peut entrer, alors il s’exécute. « Alors la Miss, tu t’en sors avec ce déménagement ? » demande-t-il, en posant sa caisse à outils par terre, près du meuble qui est en vrac et qu’elle peine à monter. Il suppose que c’est lui. Fabrizio embrasse sa sœur sur la tempe, protecteur, l’étreignant quelques secondes. « Du coup, ces retrouvailles avec Mino ? » Il rentre dans le vif du sujet, connait à peu près l’histoire, ce qu’elle a bien voulu lui confier quand ça n’allait pas et il a joué son rôle de grand frère. Fabrizio s’installe par terre en récupérant la notice du meuble d’Ikea. Pour avoir failli en foutre un en l’air à cause d’un détail, il préfère maintenant s’attarder sur le mode d’emploi. Ikea, c’est bien, c’est beau, mais parfois, c’est chiant.

deux heures ... deux heures que tu te bats avec ce meuble. deux heures que tu te perds avec ce meuble. t'as juste envie de péter un câble, mais avant toute chose tu décides d'appeler à l'aide. t'envoie un message à Fab en espérant qu'il soit ok et disponible. il te répond rapidement, t'évoques d'ailleurs Mino, étrange, avant d'arriver. il va arrive. génial. tu files pour ouvrir en grand la porte sans gêne, t'as pas peur des gens, t'as pas peur, on ne viendra pas t'agresser n'est-ce pas ? tu ne t'es jamais vraiment rendue compte du danger, plutôt trop téméraire sur les bords, tu fonces dans le tas sans réfléchir, malédiction. c'est ainsi. tu reviens dans ton salon, qui ne ressemble pas à un salon. t'as juste le canapé et la télé, posée sur le sol. c'est justement le meuble tv, que tu tentes vainement de monter depuis deux bonnes heures. infaisable. tu t'es dis, au bout d'un moment, c'est forcément ça, c'est infaisable. « Alors la Miss, tu t’en sors avec ce déménagement ? » qu'il te demande en t'étreignant, pourtant, il doit bien voir le désastre. il y a des pièces de partout. t'as jamais été une manuelle, non, vraiment pas. « mise à part que j'ai l'impression qu'il est plus en kit qu'au début, ça va. » que tu lui dis, toute sourire, toute contente, toujours, il n'y a jamais aucune raison d'être triste non ? « Du coup, ces retrouvailles avec Mino ? » qu'il te demande alors qu'il pose la caisse à outil et comment déjà à regarder le plan. sérieusement ? Mino ? tu te sens gênée qui te parle de lui mais tu fais genre. toujours. « Mino ? pourquoi Mino ? bien sûr que ça a été, c'était étrange mais oui, puis il en avait bien besoin, il lui arrive des tas de choses en ce moment. » tu lui dis, mine de rien avant de reprendre ta place sur le sol pour regarder l'ampleur des dégats. « tu penses pouvoir faire quelque chose pour ce meuble ? parce que là, tous mes espoirs résident en toi si je ne veux pas que la télé soit éternellement par terre. »

Un sourire se glisse sur le visage de Fabrizio, amusé par la façon dont elle lui répond, comme si ce n’était rien, comme si les retrouvailles devaient bien se passer, que c’était naturel, mais lui il sait bien qu’il y a autre chose derrière tout ça. Mino, pourquoi Mino ? Parce que sa petite sœur en pince pour lui, rien que ça, alors il s’interroge, forcément. Et puis Mino l’a contacté, mais il n’en sait pas beaucoup plus. « Et alors comme ça il lui arrive des tas de choses ? » innocemment, il ajoute : « Une petite femme va pouvoir lui remonter le moral. » dit-il, en souriant de toutes ces dents, un peu taquin, avant de se focaliser plus sérieusement sur le meuble qu’il a devant lui. Il acquiesce d’un signe de tête. « J'excelle dans les travaux manuels. » C’est dit légèrement et avec sous-entendus, mais il a le cœur gros, comme à chaque fois qu’il fait référence à elle, chose qu’il ne peut s’empêcher de faire puisqu’elle est son tout. C’est plus difficile de ne pas faire référence à elle que le contraire. Il met à plat le plan sur le sol, puis récupère les petites vis qu’il regroupe. « Tu sais ce qu’il y a de bien dans ton retour Mia ? » demande-t-il, sans attendre de réponse, puisqu’il l’a. « C’est qu’en plus de pouvoir monter tous tes petits meubles que tes petites mains ne peuvent pas caresser délicatement, Papa va arrêter de m’appeler tous les cinq minutes pour me faire part de son inquiétude. Il fait genre qu’il contrôle tout, mais tu le connais. » Il l’aime son père, c’est un véritable modèle. C’est de lui qu’il tient son amour pour la famille, même si au final, il prend exactement le même chemin que lui en se séparant de la femme de sa vie. Lorsque son père l’a su, il n’a rien dit, s’est contenté de le regarder en posant une main sur son épaule, signe de son soutien, mais il n’en reste pas moins déçu. Il l’a beaucoup aimé, Izy, même s’il a eu des doutes concernant leur histoire qui allait bien trop vite à son goût, avant de se rendre compte que Fabrizio savait ce qu’il faisait, que ce n'était pas qu'une passade.

« Et alors comme ça il lui arrive des tas de choses ? Une petite femme va pouvoir lui remonter le moral. » tu fais genre, oui, tu fais genre que t'as pas compris l’insinuation, comme s'il ne parlait pas de toi. tu ne lui as jamais dit, que tu avais le béguin pour Mino, mais apparemment ton grand frère a bien du le voir. tant pis, tu te contentes de hausser les épaules. s'il savait ce que vous aviez faire pour vos retrouvailles ... non, t'as vraiment pas envie qu'il sache ce genre de choses. « c'est à cause de son ex. elle l'a quitté sans le prévenir et elle était enceinte de lui. ça lui fait mal, parce qu'il s'était livré, qu'il s'était accroché. il doit encore l'aimer alors il tombe dans l'alcool et je ne sais pas tellement comment gérer ça. » tu lui avoues, d'une petite voix, peut-être qu'il saura te conseiller lui ? « J'excelle dans les travaux manuels. Tu sais ce qu’il y a de bien dans ton retour Mia ? C’est qu’en plus de pouvoir monter tous tes petits meubles que tes petites mains ne peuvent pas caresser délicatement, Papa va arrêter de m’appeler tous les cinq minutes pour me faire part de son inquiétude. Il fait genre qu’il contrôle tout, mais tu le connais. » tu ris, de bon coeur, avec ton frangin quand il te sort ça. « non mais attention, j'espère qu'il ne va pas m'appeler tous les matins en se levant non plus. j'ai pris mon envol, j'ai pris un appartement et pendant trois ans, je ne l'ai vu que peu souvent. tu penses qu'il va continuer à jouer au papa poule ? » tu lui demandes, presque inquiète sur les bords.

« Ce n’est pas à toi de gérer ça Mia. Tu peux l’aider, le soutenir, lui proposer certaines solutions, tu ne peux pas faire grand-chose de plus. » Fabrizio ne souhaite pas qu’elle se rende malade pour les tracas des autres, elle a assez d’elle à s’occuper. C’est son ami, c’est certain et sans doute que ça l’affecte un peu plus que la normale, mais Mino est bien gentil, mais il va falloir qu’il se prenne en main, lui aussi, qu’il remonte la pente au lieu de sombrer dans l’alcool. « Je peux lui en parler si tu le souhaites, lui donner certaines adresses. Lui tendre ma main. Je ne suis malheureusement pas à sa place, je ne pourrais pas le forcer à faire ce qu’il n’a pas envie de faire. » S’il ne souhaite pas se faire aider, alors lui, il ne pourra rien faire. Fabrizio en est conscient. Lorsque sa femme est décédée, il y a trois ans, il a lui-même fait certaines conneries. Il s’est renfermé sur lui-même pendant des semaines… Et aujourd’hui, on ne peut pas dire qu’il se soit sorti de tout ça. Il fait juste bonne figure, mais son cœur, lui, il souffre. Il ne veut cependant pas finir dans un bar tous les soirs, se raccroche à ce qu’il peut, à sa petite sœur pour qui il s’inquiète énormément et c’est pour cette raison qu’il ne souhaite pas qu’elle sombre en même temps que Mino, si ce dernier ne souhaite pas relever la tête. C’est simple. Il agit comme un grand-frère protecteur qui souhaite préserver sa frangine des dangers extérieurs et tant pis pour les autres. Il aime bien Mino, mais son choix est vite fait. Fabrizio relève son regard, croise le sien. « Tout va bien se passer petite sœur. Il va s’en sortir. » Il ne le sait pas, lui, mais il dit ça pour la rassurer, parce qu’elle en a besoin et il est content que ce qu’il dit la fasse rire. Il hausse les épaules. « Sans doute. C’est compliqué ici Mia. » Fabrizio donne raison à leur père, quelque part, parce que lui aussi s’inquiète.

« Ce n’est pas à toi de gérer ça Mia. Tu peux l’aider, le soutenir, lui proposer certaines solutions, tu ne peux pas faire grand-chose de plus. Je peux lui en parler si tu le souhaites, lui donner certaines adresses. Lui tendre ma main. Je ne suis malheureusement pas à sa place, je ne pourrais pas le forcer à faire ce qu’il n’a pas envie de faire. » tu hoches la tête, tu comprends bien oui, toi non plus, tu ne peux pas s'il n'accepte pas, mais le laisser parmi ses démons ? non, jamais, tu ne pourras jamais le quitter, non, c'est mort. « je sais bien, mais de là à ne pas lui courir après .. j'ai l'impression qu'il a besoin de moi, qu'il a besoin que je l'épaule, mais tu sais, j'ai aussi peur de me cramer les ailes. je sais bien que je ne suis pas invincible, mais .. c'est Mino tu comprends, j'y tiens énormément. » tu lui souffles alors, le coeur lourd mais un peu plus léger de lui avoir confié. « Tout va bien se passer petite sœur. Il va s’en sortir. Sans doute. C’est compliqué ici Mia. » et c'est sa dernière phrase qui te laisse sur place, tu ne comprends pas ce qu'il entend par là. c'est compliqué ici ? comment ça compliqué ? « qu'est-ce que tu entends par compliqué Fab ? qu'est-ce qui est compliqué ? qu'est-ce que j'ai manqué ? » tu lui demandes alors soucieuse en cherchant son regard, sans lâcher son regard. « et ne me mens pas Fab, tu sais que je le verrai, qu'est-ce qu'il se passe au juste ? » tu reprends en posant cette fois ta main sur son avant-bras pour qu'il prenne ta demande au sérieux.