(Wendy) La vie ne doit pas s'arrêter

Il ne fait que ça, rester dans son appartement. Ces derniers temps, il a l’impression de ne pas voir autre chose et quelque part, ça lui fait du bien. Loeiz n’a pas envie de voir du monde, ce qui doit les soulager. Lui qui est le roi du chantage, qui embarque tout le monde dans des affaires louches, le voir en pause doit en rassurer plus d’un. Tout ça, ça lui est complètement égal. Il a assez de Wendy dans son appartement pour lui faire de la compagnie et c’est même parfois trop. Mais il faut qu’il se reprenne, qu’il relève un peu la tête, qu’il avance et ça lui fait mal de penser comme ça. C’est ce que voudrait June, pourtant, qu’il ne se laisse pas aller comme il l’a fait ces trois dernières semaines. Ce ne sera pas les dernières. Loeiz n’arrive pas à faire son deuil, à accepter la perte de sa meilleure amie. Il n’arrive pas non plus à pardonner à Leo d’être partie, de l’avoir laissé alors qu’elle lui avait fait la promesse de rester auprès de lui. C’est douloureux, mais il tente de se reprendre un peu en jetant un œil au dossier de réintégration qu’une interne lui a donné. Ca fait un peu plus d’un an qu’il a arrêté ses études de médecine, lui qui était en bonne voie. Ca lui apportait beaucoup. C’est d’ailleurs là qu’il a rencontré sa meilleure amie, alors il hésite à le remplir. D’un côté, il sait que ça ferait plaisir à June qu’il reprenne ses études, parce qu’elle avait été déçu de le voir abandonner. D’un autre… C’est dur de se dire qu’il a une chance de réintégrer les locaux et de traîner dans les mêmes couloirs qu’ils ont fréquenté tous les deux. Loeiz prend son crayon, pointe la feuille de papier, mais il n’arrive pas à inscrire son prénom dessus. L’hésitation est là et puis la porte d’entrée s’ouvre, lui donnant l’occasion de reposer le stylo sur le papier sans rien avoir écrit. Il relève la tête, croise le regard de Wendy. « Salut. » dit-il, simplement. C’est la personne qu’il voit le plus souvent ces temps-ci et il regrette de lui montrer l’épave qu’il est. Wendy, c’est sa cousine, la seule de sa famille qu’il apprécie, alors il n’a pas hésité à lui proposer son toit pour qu’elle ne se retrouve pas à la rue. Même si sa présence lui est parfois difficile, ça lui fait du bien de la savoir là. « Bien ? » Question banale. Est-ce que ça va ? Il plonge une main dans sa poche de jeans et s’engouffre dans la cuisine typée américaine. Il a fait de cet appartement qu’il a acheté, quelque chose de bien, un endroit dans lequel il aime être. C’est spacieux, ça lui ressemble. « Tu veux quelque chose ? » Pour lui, ce sera une bouteille d’eau fraîche.