Blackout in the silence of my life ~ Lys

Lys & Gabriel

Une soirée que tu aurais pu qualifier comme classique, habituelle, régulière. Tout du moins c’était le cas lorsque tu étais encore normal et pas ce handicapé. Lorsque tu sortais encore avec Aydan, l’homme de ta vie. Mais là c’était différent, t’étais handicapé, célibataire, amoureux, dépressif. Un beau mélange en quelque sorte. Tu savais plus comment vivre avec ça, tu savais plus comment faire pour faire face. Ta vie devenait un vrai bordel, tu ne maitrisais plus rien. Toi tu voulais juste vivre heureux, tu voulais juste vivre ta vie comme elle était parce qu’elle te plaisait. Mais bien sûr un accident et tout change. Tu te frotte la tête, tes pensées se mélange, les idées aussi, l’alcool jouant son rôle. Tu finis ton verre d’une traite avant de lever la main et d’en commander un autre. Le barman à bien comprit que tu parlais pas et quand tu avais noté le nom du verre que tu voulais sur ton téléphone, depuis, tu lui fais signe de te servir et il arrive avec un sourire. Il est plutôt mignon, tu sais que tu lui as tapé dans l’œil mais tu t’en fou. Te le veux pas lui. Tu veux un autre. Un qui t’es inaccessible, que tu veux libérer mais qui t’obsède continuellement.

Tu ne sais pas combien de verres tu as bu depuis le début de la soirée, depuis que tu es entré dans ce bar. Un comble pour toi qui est barman. Mais tu t’en fou, ce soir tu bosse pas, le lendemain non plus et pas le surlendemain. Du coup tu profitais, t’oubliais. Un peu tout, concrètement tout. Tu en avais besoin, comme pour tourner la page même si celle-ci reviens en arrière le lendemain. T’aimerais ouvrir un nouveau chapitre, un nouveau livre mais tu veux pas laisser partir les souvenirs heureux que tu as eut, dernière trace de bonheur dans ta vie. Nostalgie. Tu faisais pas spécialement attention aux personnes autours de toi, tu regardais un peu les autres, sans plus. Tu finis par prendre ta conso et t’installer à l’une des tables avec banquette qui s’est libérée. Cherchant la tranquillité pour boire tout en ayant un œil sur le reste du bar et laisser tes yeux se perdre dans la masse des corps. Certains entrain de boire au bar où aux tables, d’autres à danser sur la piste de danse improvisée, à se déhancher. Tu termine ton verre et tu le pose vide, face à toi. Tu voudrais te lever pour aller en chercher un autre mais t’as pas envie, t’es bien là, loin des gens sans être trop loin. Tu sais que tu finiras par aller en chercher un autre de verre, de toute façon tu vas boire toute la nuit, tu vas vomir dans la ruelle derrière et rentrer chez toi en titubant. Programme peut intéressant mais seul programme que tu auras ce soir. Jusqu’à ce qu’un verre se pose devant toi. Un verre plein. TU relève le regard pour croiser les yeux d’un mec que tu connaissais pas. Il avait un petit quelque chose dans ses yeux et ut le laisse s’asseoir face à toi.

blackout in the silence of my life

Ça ne fait que quelques jours que tu es ici à Biarritz, tu viens d'y emménager et tu découvres à peine la ville. Mais tu l'adores déjà. Tu adores la France en réalité, tu as toujours rêvé de visiter ce pays et voilà que tu y habites carrément. Ça n'a pas été très compliqué pour toi de quitter l'Angleterre. Plus rien ni personne ne te retenaient là-bas. Toute ta famille y rester dans un incendie et tu n'avais pas particulièrement des amis proches au point de t'empêcher de faire un nouveau départ. Surtout que tu n'en avais plus vraiment après ta sortie de l'hôpital psychiatrique. Deux ans de thérapie contre l'anorexie... tu en as bavé et tu te sens toujours aussi faible contre ta maladie mais tu vas déjà nettement mieux. Plus que prêt à te lancer dans une nouvelle vie avec de nouvelles bases, de nouveaux amis qui deviendront ta nouvelle famille, tu l'espères du moins. Tu es certain de n'être pas né pour avoir une vie facile, ça se saurait. Alors tu t'attends toujours au pire, tu t'attends encore à souffrir, rechuter dans ta maladie, tu ne doutes pas une seconde que tu vas encore devenir malade mais tu restes positif. Eternel optimiste tu te morfonds jamais. Tu as un million de raisons de te détester mais tu n'y penses plus à présent ou le moins possible en tout cas.

Ce soir, tu t'ennuies un peu dans la nouvelle colocation que tu as rejoint. Tu as déjà beaucoup visité la ville, fait tout ce qu'il est nécessaire pour tes leçons de français, car évidemment tu ne parles pas un mot de la France, et aussi pour l'université et du coup tu tournes un peu en rond. Mais t'es pas décidé à passer la soirée seul, surtout que tous tes colocataires sont sortis. Tu décides de faire pareil et de te rendre dans un bar pas très loin de chez toi, il avait l'air sympa et même si tu galères encore un peu à communiquer tu sais que tu trouveras toujours une solution pour te faire des amis. Sans attendre, tu te rends au bar et te commande un cocktail au nom imprononçable pour un anglophone mais qui dès la première gorgée te rendit fan immédiatement. Tu ne sais pas ce qu'il y a dedans mais tu adores. Tu te sens un peu seul, au milieu de tout ce monde qui visiblement semblent se connaître les uns les autres. Mais ton regard s'arrête sur un jeune homme assit seul à une table, il a l'air aussi seul que toi, aussi observateur de la foule que toi. Et c'est sans trop réfléchir que tu décides de t'approcher de lui « Can I ? » dis-tu en anglais totalement incapable de dire autre chose que "Bonjour" "Merci" "Au revoir" en français, tu n'attends pas sa réponse et décide de t'asseoir en face de lui le sondant tout de même craignant qu'il te rejette. « Bonj...soir, je Lysander... » rageant contre ton manque de connaissance, tu sors ton téléphone et te rend sur Google traduction pour avoir un meilleur contact, tu écris "Je suis anglais et nouveau ici, je ne parle pas français mais je cherche à me faire des amis, est-ce que ça te dérange si je m'assois à ta table ?", tu cliques sur traduire avant de poser ton portable devant lui sur la table. Tu sais que Google traduction n'es pas infaillible mais tu espères que ta phrase reste compréhensible tout de même.

Lys & Gabriel

C'est un jeune homme d'à peu près ton âge qui est venu vers toi. Tu le regarde et tu entends à peine ses mots, tu entends à peine la question qu'il te pose. Il est plutôt beau, très beau même. Tu le regarde de haut en bas, revenant sur son visage ensuite. Il avait un quelque chose d'intéressant, intriguant. Peut-être qu'il aurait pu te plaire. Mais ce n'est actuellement pas le cas. Parce que quoi que tu fasse tu lui trouveras un truc qui ne sera pas comme Aydan, d'ailleurs, physiquement il n'est pas Aydan. Tu l'écoute ce qu'il te dit, il a déjà un fort accent quand il se présente, il ne doit pas parler le français couramment. Pour preuve, il semblait taper quelque chose sur son téléphone avant le poser devant toi sur la table. Un anglais. C'est un anglais, comme toi. Tu souris en lisant sa phrase, le traducteur à fait quelques fautes mais tu t'en moque, tu comprends. Sauf que tu peux pas répondre... Avec ton propre téléphone tu tape directement dans votre langue maternelle. Je suis également anglais, et non ça ne me dérange pas. Un peu de compagnie pourrais te faire du bien malgré que tu sois du genre à faire fuir les gens par ton air maussade et ta pseudo dépression post-rupture, qui reste ta faute quoi qu'il en soit.

Tu évite son regard. Il doit se demander pourquoi tu n'as pas parlé. Tout le monde finit par se le demander quand on ne te connaît pas. Ou alors, parce que les gens ne savent pas, on t'insulte, on te critique. Combien de fois on t'a traité d'attardé ou de débile à cause de ça. Tu passais au-dessus, tu passe au-dessus d'ailleurs. Mais cela te blessais de recevoir ces insultes dans la rue ou dans un endroit quand tu était accompagné de Aydan. Parce que tu étais un poids pour lui. Penser à ton amour te fais perdre le sourire et tu joue avec ton verre vide.

Relevant finalement le regard vers Lysander, comme il t'a dit s'appeler, tu mordilles ta lèvre et tape à nouveau quelques mots avec une vitesse fulgurante. Tournant l'appareil vers lui. Je peux pas parler, je sais que ça peut être dérangeant. Je te force pas à rester si tu préfère parler avec quelqu'un d'autre qui peut te répondre. Tu penses qu'il va faire comme les autres. Te prendre en pitié ou être mal à l'aise, cherchant une sortie de secours pour t'éviter. T'as l'habitude depuis le temps. Alors tu lève ton verre et fais un signe en direction du bar. Tu as à la fois besoin d'un truc à boire mais tu lui permets aussi de s'échapper s'il ne souhaite pas rester avec toi. Parce que pour toi il est clair qu'un nouveau venu ne voudrait pas devenir ami avec un handicapé. Une fois ton verre plein, tu reprends ton chemin vers la table en espérant qu'elle soit toujours libre. Et avec surprise tu vois l'anglais toujours là, assit, la tête posée sur sa main à regarder au hasard. Il n'est pas partit. Il veut vraiment devenir ami avec toi, ou du moins faire connaissance. Tu t'assieds à la place où tu étais en le regardant. Avec un sourire tu tente d'ouvrir la bouche pour au moins te présenter. «  G-ga.. Ga-abe-ie.. Ga-abe-riel.  » Tu a un peu de mal à le prononcer. Avant t'y arrivait mieux. Mais tu as régressé depuis quelques jours, tu arrive de moins en moins à prononcer les mots. Tu le savais. Tu savais que tu guérirais jamais. Par sécurité tu pose doucement ton téléphone sur la table afin d'être prêt à converser avec Lysander si jamais il le voulait.