all we need is someone to lean on (clément)

all we need is someone to lean on

Les choses tournaient pour Rory, mais si elles tournaient bien ou mal, elle-même l’ignorait encore. Il y a une dizaine de jours elle s’était finalement cassée de chez elle, incapable de supporter une nuit de plus la violence de son père, ses coups ses excuses à deux sous. Incapable de regarder sa mère souffrir encore mais incapable de l’aider non plus, incapable d’un tas de choses finalement Rory. Qu’est-ce qu’elle savait fait, au juste, à part mentir au lycée ? Parce qu’on pouvait dire que sur ce point, elle était plutôt bien rodée. Elle inventait des bobards qui constituaient sa vie, la vie dont elle aurait rêvé. Dans cette vie elle était riche, des parents riches, du luxe partout jusqu’à plus savoir quoi faire de ses sous. Et puis récemment, sans sa vie rêvée, elle était partie vivre chez Numa parce qu’elle l’aimait trop, que c’était son nouveau petit copain  - celui qui changera sans doute dans deux semaines. Mais ça, tout ça c’était qu’une façade. Numa c’était juste le gars qui l’avait repêchée le soir où elle avait fugué. Et ce soir, elle avait besoin de respirer, besoin de voir quelqu’un à qui elle tient. C’est comme ça qu’elle était arrive chez Clément, ce soir-là. Elle était presque une habituée des lieux, sans doute l’une des seules qu’il faisait venir ici. Elle rentrait, il la faisait monter dans sa chambre, s’allonger sur son lit. « J’suis passée par Mcdo en venant et du coup j’me suis dit que ..  » Elle sort le paquet encore chaud qu’elle tenait dans le creux de ses bras et lui tend le menu qu’elle lui avait acheté avant de manger une ou deux frites à elle qu’elle s’était aussi payée. « Me remercie pas, je suis qu’une égoïste, c’est exactement de ça dont j’avais besoin : de la bouffe et des câlins.  » Elle le regarde, lui qui la connait mieux que n’importe qui dans la bande, lui qui sait pour son père, qui sait ses peurs, ses faiblesses et son besoin constant d’affection, lui avec qui il ne s’est jamais rien passé de plus, pourtant et avec qui – pour une fois – elle ne cherchait pas.

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« all we need is someone to lean on »

Que faire ici?
Tu sais pas toi. Que faire ? Tu voudrais t'enfuir loin d'ici, loin d'cette galère. Mais y'a ton frère, il est tout p'tit ton frère, puis il a ses copains à l'école. Et ta soeur aussi. Elle aimerait fuir ta soeur, tu le vois dans son regard. Elle se perd. Elle vagabonde dans ses pensées. Mais surtout y'a ta mère. Cette femme aussi paumée que tu peux l'être. Elle supporterait pas, non, elle te foutrait la misère si tu partais. Si tu prenais tes deux cadets sous ton bras et qu'tu foutais l'camps, elle s'foutrait en l'air.

Clément il a la tête lourde de pensés. Des trucs qui l'dépassent. Des choses pas drôles à raconter, et ça tourne dans sa caboche. Ouais, ça tourne un peu trop et ça l'rend dingue. Il avance dans le couloir, passe devant la chambre de sa mère, y colle une oreille. Elle est là, il l'entend, et visiblement elle n'est pas seule. Clément continue sa route, une main dans ses cheveux, il est pensif. Sa mère s’envoie en l'air. Au moins, prend-elle du bon temps, devrait-il penser. Mais il ne pense qu'à ses cadets. Ce p'tit minot, et cette gamine paumée. Ces deux gamins à peine plus jeunes que lui. Il continue de s'avancer Clément, et descend les marches une à une. Il voudrait les emmener loin d'ici. Ouais il le voudrait.

Puis il entend ce bruit, tu sais ce bruit si familier que t'entends parfois. Il avance vers la porte et sourit à Rory. Il l'aime Rory. Cette petite blondinette. Elle lui rappelle sa soeur parfois. Ils montent dans sa chambre. Il choppe le paquet qu'elle lui tend, il passe un dernier regard dans le couloir, sa mère est toujours là, et il referme la porte, espérant au plus profond de lui, qu'elle resterait là où elle est. Puis il s'allonge près d'elle, glisse un bisou sur sa joue et commence à bouffer. « T'as bien fait, j'avais la dalle. »

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all we need is someone to lean on

Elle le connait, elle ne le connait que trop bien, Clément. Elle comprend ses regards qui en disent long, ses silences qui racontent tout. Elle sait ses mensonges, sa façade, elle le sait mieux que quiconque parce qu’elle joue au même jeu, parce qu’ils savent tous les deux comment mentir, manipuler, être quelqu’un d’autre et le rester, au moins au lycée. Y’avait la vie du lycée puis la vie chez soi. Y’avait deux histoires à raconter mais qu’on racontait pas. Elle sait plus exactement comment elle l’a su, Rory, pour lui, ni comment elle lui a raconté pour elle. Ça devait être un soir, blotti l’un contre l’autre, un soir où elle avait senti cette connexion, ce truc entre eux qui voulait tout dire et où elle avait compris qu’il était au fond comme elle et qu’il ne la jugerait jamais. Depuis, elle s tournait beaucoup vers lui, souvent quand quelque chose n’allait pas, ou simplement quand elle avait besoin de ça, de câlins de bouffes, de trucs tendres et mignons, pas de sexe mais d’affection. Du sexe, elle pouvait en trouver avec n’importe quel mec mais des bras tendres et attentifs, sans ambiguïté, il y en avait trop peu. « J’ai la daaaaalle ce soir » Elle se met à chanter en lui faisait à lui aussi un bisous sur la joue Elle savait bien la connotation de cette chanson, mais c’était pour rire, pas pour provoquer, quoi qu’elle se demandait parfois ce que ça ferait de coucher avec un homme tout en se sentant aimé, pas aimé d’amour mais aimé quand même. « Elle est là, ta mère ? » Elle lui demande en volant une volant une frite du paquet. Elle sait que sa famille à lui n’a rien de simple non plus, elle sait que c’est sans doute ce qui les rapproche, aussi. « Tu sais, mon père est venu frapper chez Numa. Il voulait savoir s’il me connaissait, si j’étais là. T’imagines s’il revient, s’il me voit ? » Elle finit par lâcher. Elle s’était enfuie de chez elle y’a quelques semaines à peine, à cause de son père qui la frappait. Numa, son colocataire avait menti, disant ne pas la connaitre, mais elle avait peur qu’il revienne, qu’il revienne. Alors elle se rapproche légèrement de Clément, se blottit un peu plus, comme un enfant, ça la fait flipper.

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