test me (Matt)

C’est soirée entre rugbymen ce soir. Ils ont besoin de se retrouver et Tim Giresse s’est mis en tête de leur faire passer une bonne soirée. C’est au Caveau qu’ils se sont tous rejoints. Quand la plupart des joueurs de rugby arrivent dans un tel lieu, personne ne reste indifférent, tout le monde se retourne sur le passage des baraques. Mais ils ne semblent pas s’en faire pour autant. Il est rare qu’on vienne les déranger une bière à la main. La discussion bat son plein. On parle rugby, on parle matchs, on parle choix de carrière. Mais pas seulement. On rigole beaucoup autour de films débiles, de répliques tout aussi idiotes et on profite de la musique. Il n’en faut pas plus à ces gaillards là. Matthew Whitford et Tim Giresse sont déjà bien éméchés, il n’y a qu’à voir le nombre de bouteilles qui gisent déjà sur la petite table à leurs côtés. Matt rit, Matt enquiquine ses camarades. Comme toujours. Ce soir, il ne songe à rien, il fait le vide dans sa tête. Exit les hésitations sur son avenir, ce soir, il oublie qu’il doit songer aux offres des autres clubs, il ne pense même pas à sa famille à qui il a promis de venir manger le lendemain midi une fois revenu de la salle de musculation car le lendemain, le Biarritz Olympique ne s’entraine pas. Il profite comme une ode à ses jeunes années, lui qui pourtant devrait éviter de se mettre dans un sale état. Il se souvient encore de ses déboires, et s’il n’avait pas pu compter sur Louise ce soir-là, il aurait été dans de beaux draps. Louise. Ce prénom revient comme une rengaine dans sa tête. Elle est particulière cette fille, elle n’est pas comme les autres. Peut-être lui proposera-t-il de sortir demain soir, histoire de passer un peu de temps ensemble, même si ça ne ressemble pas au bougre Whitford. Lui ce qu’il aime, c’est s’amuser, flirter à tout va, profiter avec une nouvelle femme chaque soir, pas s’enchainer à une seule. Et pourtant, il s’évertue à faire les choses bien, pour l’instant. C’est alors, comme un pied de nez à ses pensées, alors qu’il discute de bon train des contre-performances de Manchester United, il sent son bras saisi comme une bouée de sauvetage. Posant le regard sur ce qui lui vaut un tel contact, il se met à sourire. Une jeune femme tout à fait charmante qui semble avoir trouvé un moyen de l’aborder sans se faire refouler. Elle est à tomber. Elle a un regard captivant la demoiselle. « Oh terriblement mal, tu m’as surement cassé le bras. » Il se permet de la tutoyer, ne la lâchant pas du regard. Sa soirée semble prendre un intérêt tout particulier. Tactile à souhait, elle joue déjà avec lui, et Whitford ne peut résister. « Ca doit faire partie de vos nombreux atouts. » Il se mort la lèvre en la détaillant. Oh, elle en a à revendre des atouts. Il se rapproche alors d’elle, lui demandant à l’oreille, la musique étant bien trop forte pour discuter en messes basses : « Je peux savoir ton nom ? » Qu’il puisse mettre un nom sur le visage de cet ange de la nuit. La musique changea subitement et avait l’air au gout du jeune homme. « Tu danses ? » L’interroge-t-il en souriant. Après tout, il ne fait rien de mal. Mais Louise dans tout ça, cautionnerait-elle ? Ca commence à germer dans son esprit.

Il est habitué à ce que les femmes tombent dans ses bras. Surtout ici. Il s’amuse, il profite, et ce soir encore, il est en charmante compagnie. La jeune femme dépasse de loin la plupart des femmes avec qui il a déjà fini certaines soirées. Elle joue dans une autre cour. Ce soir, c’est la première classe. Elle peut dire ce qu’elle veut, elle attire l’œil, elle incite à aller plus loin, la jeune femme séduit, ne serait-ce que par son attitude. Elle se présente. Maona. Un prénom plutôt exotique pour une jeune femme piquante, pleine de ressources. Il l’appellera Mao, si c’est ce qu’elle souhaite. Ils flirtent déjà, un peu, beaucoup, et ça plait inévitablement au rugbyman qui s’est désintéressé de tout le reste. C’est beaucoup plus attrayant de passer la soirée avec une nymphe que plusieurs montagnes de muscles. Lui ne s’est pas présenté, il songe qu’elle n’a pas besoin de savoir qui il est parce qu’elle le sait déjà. Si elle est venue le chercher au milieu de la horde de rugbymen c’est qu’elle sait qui il est. Il ne s’en offusque pas. Bien au contraire. L’attitude de la jeune femme lui plait, beaucoup. Elle sait ce qu’elle veut, elle joue avec lui et ça laisse présager une bonne soirée. Son sourire se fait toujours plus large. « J’aime pas perdre mon temps. » Lance-t-il malicieux. Il rentre dans son jeu, petit à petit, et alors qu’il s’apprêtait à lui donner son prénom, celle-ci l’embarque sur la piste de danse, joignant leurs mains. Ils sont sur la même longueur d’onde, il faut croire. Une fois à un endroit qui semble convenir à la demoiselle, elle se met à danser lascivement contre lui, et Matt épouse ses mouvements laissant glisser ses mains le long de sa silhouette divinement dessinée. Ses mains viennent tomber sur ses fesses et le visage de Matt s’approche à nouveau de l’oreille de Maona pour lui souffler : « Matt. Mon nom c’est Matt. Mais tu le savais déjà, non ? » Il se sent terriblement bien là, contre elle, à vibrer au rythme de la musique, comme une symbiose. Et s’ils allaient plus loin ? Ce n’est pas l’envie de l’embrasser qui lui manque. Déjà. Comme à son habitude, les choses vont beaucoup trop vite avec Whitford. Il se laisse facilement séduire par la gente féminine. De ses mains, il la rapproche un peu plus de lui, il s’enivre de son souffle sans jamais happer ses lèvres, mais la distance maigre attise la tentation qu’elle représente. Maona. Son nom se répète inlassablement comme une symphonie dans son esprit, son corps tout entier la réclame. Mais voilà un autre prénom qui vient troubler sa soirée. Louise. La charmante petite community manager. Et il se demande s’il n’est pas sérieusement en train de merder, même éméché.

L’alcool et Matt n’ont jamais fait bon ménage. Il s’était pourtant promis de mettre fin à cette habitude de beuverie qu’il possède. Ca le dessert, à chaque fois. Mais l’alcool enivre, et s’il avait été complètement sobre, il ne serait pas complètement désinhibé, il ne se lâcherait pas de cette façon sur la piste. Le contact avec Maona est plus qu’agréable, et elle poursuit son petit jeu en étant de plus en plus tactile avec lui. Ses mains sur son torse réveillent en lui un instinct bien primaire. La jeune femme sait comment s’y prendre pour attiser sa curiosité, pour lui donner l’envie d’aller plus loin. Lui aussi a envie de découvrir son corps comme elle le fait, et ses doigts glissent sur ses cuisses, doucement, remontant furtivement pour ensuite se reposer sur sa taille et l’embarquer dans une danse endiablée. Elle l’enivre. Plus le temps passe et plus il la désire ardemment. Il se fiche bien de ses compagnons de soirée, ce soir, c’est elle qui le happe dans une autre dimension. Comment se fait-il qu’il ne soit pas tombé plus tôt sur une telle femme. Il a l’impression qu’elle est faite de braise. Quand elle s’exprime à son oreille, il en frissonne. Chaque mot détaché qu’elle prononce a le tintement chaud d’une mélodie harmonieuse. Elle le charme, et le bras de Whitford vient enlacer la taille de la belle une nouvelle fois, cherchant cette proximité qui le fera craquer, succomber. « Absolument personne. » Il lui souffle en réponse à sa rhétorique. Il se fiche bien qu’elle sache qui il est, car tout le monde ici le sait. « Ah oui, et quel genre de talents cachés t’intéressent ? Je peux peut-être en révéler certains… » Le sourire qu’arborent ses lèvres est caractéristique du charmeur qu’il est. Il est joueur et sait qu’à tout moment, il peut franchir une limite qu’il ne se fixe d’ordinaire jamais. Quand leurs lèvres se frôlent, il la cherche du regard, s’abreuve de son souffle comme un oxygène qui se raréfie. Il sent sa respiration devenir plus haletante, la tentation est insoutenable. Elle lui plait, Maona. Oui mais alors qu’il s’apprête à l’embrasser, il ferme un instant les yeux et se ravise. « C’est pas l’envie qui m’en manque, Mao, mais je crois pas que ce soit une bonne idée. » Juge-t-il contre toute attente. Il ne peut pas s’amuser à faire ça à Louise. Il s’est promis de faire des efforts pour la petite community manager. Elle pourrait ne rien savoir de toute cette soirée, mais il ne veut pas tenter le diable. Et puis, elle ne mérite pas ça.

Matt percute. Il n’a pas le droit d’agir de la sorte. Parce qu’il a Louise dans sa vie. La jeune femme a petit à petit éclipsé toutes les autres. Il n’a pas envie de lui faire du mal. La blesser ça serait admettre qu’il ne vaut rien. Parce qu’à ses yeux, il n’y a pas meilleure personne que Louise. Elle est tout ce qu’il y a de pus attachant. S’il s’est lancé dans une relation avec elle, ce n’est pas pour la briser à peine ensemble. Et pourtant, il mentirait s’il disait qu’il n’a pas envie de tout envoyer valser à ce moment, parce que la tentation est trop forte. Maona resplendit, et elle n’est qu’à quelques maigres millimètres d’une soirée mémorable. Ses lèvres l’aimantent avec tant de ferveur qu’il se demande s’il ne fait pas une belle erreur en mettant un terme à toute cette mascarade. Un baiser ne ferait de mal à personne, n’est-ce pas ? Sauf que Matt n’est pas dupe. Il sait que s’il cède même pour un léger baiser, il rentrera dans un cercle vicieux dont il ne pourra plus s’extirper et il ira au bout des choses. La réaction de Maona le perturbe. Elle ne lui dit rien, elle se contente de l’emmener loin de la piste de danse, jusqu’à ce qu’ils s’isolent dans les toilettes. Elle veut probablement lui faire regretter de s’être refusé à elle. Et pourtant. Elle bloque la porte, s’avance vers lui, féline. Tout n’est pas terminé. Matt ressent l’envie d’elle se propager avec ardeur, son être tout entier lui somme de s’abandonner à elle. Louise n’en saura rien. Non. Il ne peut pas. Il ne veut pas la blesser, ni lui infliger une quelconque souffrance parce qu’il est un coureur de jupons. Il a dit non. Il doit s’y tenir. Il se mord la lèvre face au fruit de la tentation incarné par la belle blonde devant lui. Il soupire. « God ! » Il hésite, il ne sait pas, plus. Il détaille encore la demoiselle, et une fois de plus, la ramène à lui pour ressentir tout ce qu’elle provoque chez lui. Mais alors qu’il l’écoute, il fait un autre cheminement dans sa tête. Elle veut qu’il soit sûr de lui. C’est donc qu’elle sait quelque chose. Elle sait qu’il s’apprête à commettre une erreur, et il la repousse alors doucement, fronçant les sourcils. « A quoi tu joues, sérieusement ? » Tout lui parait plus clair. Elle lui a fait des avances sans jamais pousser le vice plus loin, elle l’a laissé diriger le tout, et s’il avait craqué, il aurait été le seul fautif. Quelqu’un en a après lui. « T’es payée par quelqu’un c’est ça ?! » Il se sent soulagé de ne pas avoir fait de connerie, lui qui aurait pu se laisser berner si facilement. Il faut vraiment qu’il arrête de boire comme un trou. Se passant une main sur le visage, il se dit qu’il est temps d’y aller. « Je vais rentrer chez moi. Il y a une fille à qui je tiens. Et elle mérite pas ça, parce que c’est une fille bien. Je ne veux pas tout gâcher pour une nuit de sexe. » Il ne s’excuse même pas, parce qu’il est convaincu que cette fille ne le draguait même pas pour ce qu’il était, mais parce qu’on le lui avait demandé.

Alors qu’il songeait à partir, rentrer chez lui, se vautrer sur son lit pour décuver sans oublier de mettre son réveil pour l’entrainement le lendemain matin, Maona se place entre la porte de sortie et lui, posant à nouveau sa main sur son torse. Le rugbyman fronce les sourcils, sceptique sur ses agissements. Qu’a-t-elle de si important à lui dire ? Il s’est fait berner, ça s’arrête là, il n’a rien à lui dire. Mais elle a l’air différente, comme si elle levait le masque, la blonde pulpeuse. Et puis, elle avoue, dans un silence de mort et Matt reste coi, sans savoir quoi dire. Elle attendait de savoir s’il était en couple ? « Je suis pas sûr de comprendre… » Est-elle de celles qui aiment foutre en l’air un couple juste pour le plaisir ? Elle est heureuse de savoir ça ? Il a l’impression d’avoir trop bu le jeune Whitford, il ne comprend plus rien et il la regarde d’un air interrogateur, cherchant une réponse, qui finit par venir, et là, Matthew ne cache pas sa surprise, ouvrant grand la bouche, écarquillant les yeux. Elle est une amie de Louise, et lui s’est plu à flirter sans vergogne avec elle. Si sa copine venait à l’apprendre, ils étaient probablement morts tous les deux. Les intentions de la jeune femme étaient peut-être louables, mais elle avait pris de gros risques, car si jamais Matt n’avait pas eu un bon retour de sa conscience, elle se serait risquée à perdre son amie. Il se fichait bien que ce soit un sale coup pour lui, parce qu’il jugeait mériter une sentence s’il avait flanché, mais elle, pourquoi s’était-elle mise dans une telle situation ? « Elle est au courant de ça, Louise ? » Parce que si elle l’était, ça signifiait qu’elle ne lui faisait pas confiance. Si elle ne l’était pas, alors il valait mieux qu’elle ignore tout de cette mascarade. « Je suis pas sûr qu’elle apprécierait de savoir que son amie fricote avec son petit-ami. Si moi mon comportement est pas exemplaire, le tien peut porter à confusion. » Elle pourrait mal interpréter son geste, ou voir là une belle excuse pour se taper son petit-ami. Et surtout, elle pouvait choisir de lui en vouloir d’avoir tenté le diable. Il soupire. Matt a mal à la tête. L’alcool le dérange, le rend nauséeux, une fois de plus. Pour autant, il ne veut pas causer du tort à la jeune femme et il lui affirme : « Je ne dirais rien pour pas te causer d’ennuis et pour la préserver. » Elle est plus importante pour lui que ce qu’il a pu le démontrer ce soir. Il est certes maladroit, il peine à se montrer irréprochable, mais il fait de son mieux, et ce soir lui prouve qu’il a encore beaucoup d’efforts à fournir. Il se promet d’arrêter les conneries. Quand Maona lui propose de lui apprendre à réagir différemment, il lui rétorque sur la défensive : « J’ai pas besoin qu’on m’apprenne quoi que ce soit, j’ai juste été con de boire, parce que je me maitrise pas quand je suis bourré. » Mais oui, il ferait mieux de rentrer. « Je ne compte pas aller chez Louise en puant l’alcool, ça serait se tirer une balle dans le pied. » Retrouver sa villa, c’est la meilleure chose à faire. « Je compte sur ta discrétion. »[/color] Il lui offre un sourire poli et sort de la pièce pour quitter le Caveau.