(MATT) oh man, this is going to be a long day!

matt whitford / louise archambault DON'T CALL ME TINY!

Réveil de bonne heure. Une belle journée s'annonçait sur Biarritz. Grand soleil. Température douce. Pas de vent. Idéale pour une tournage d'interview en extérieur, du moins c'est ce qui attendait Louise ce jour-là d'après le calendrier de son iPhone. Il ouvrit les volets de son grand appartement en centre ville avec vu sur l'océan atlantique, le sourire aux lèvres. Elle n'était pas en retard loin de là alors elle prenait son temps pour tout. Elle chantonnait même en s'attelant à fignoler sa tenue mais surtout ses papiers pour l'interview à venir. Elle promettait d'être longue connaissant l'interviewé. Matthew Whitford. Demi d'ouverture pour le Biarritz Olympique. Connu pour son talent rugbystique autant que pour son talent auprès des femmes. D'ailleurs, Louise s'en rendait bien compte sur les réseaux sociaux quand elle postait des photos ou vidéos de lui. Les likes et commentaires étaient plus que majoritairement féminins. Oh, elle ne pouvait les blamer. Elle même n’était pas insensibles à ses charmes mais, elle restait professionnelle et puis le papillonnage c’était pas son truc. Elle se connaissait trop bien pour savoir que ce genre de relation avec un homme comme lui ne pourrait que finir avec elle le coeur brisé et elle préférait ne pas se faire cette peine. Cependant, j’ai bien dit plus haut qu’elle avait fignoler sa tenue, n’est-ce pas. Était-il possible qu’elle ait mit un plus de temps que d’ordinaire à se faire jolie parce que justement l’interview se passait avec lui? Peut-être mais elle ne se l’avouerait jamais. Elle fourra tout son travail dans son sac en bandoulière, ainsi que son macbook, la caméra qui servirait à filmer et le pied sur lequel la mettre. Elle vérifia bien une bonne dizaine de fois n’avoir rien n’oublier et se dirigea vers sa voiture de sport. Cadeau de elle à elle-même quand elle a obtenu son poste au Biarritz Olympique. Avec l’aide de son cher papa évidemment, officieusement. Elle arriva la première au stade et prit donc le temps d’installer les chaises, la caméra et passait en revu tout ce qu’elle aurait à dire même si évidemment elle avait des fiches, bien organisées, histoire de ne pas perdre le fil. Elle regarda enfin son iPhone afin de regarder l’heure ainsi que poster un petit tweet, pour teaser l’interview, histoire de faire parler un peu autour du club. Il ne manquait plus qu’une seule chose : la présence de l’interviewé qui ne devrait pas tarder.

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Comme toujours, Matt se lève aux aurores les jours d’entrainement. Il fait partie des premiers arrivés, derniers partis. Premier à la salle de gym pour faire sa musculation quotidienne. Cet acharnement lui vaut le niveau qu’il a aujourd’hui. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut travailler davantage s’il veut un jour succéder à Jonny Wilkinson et offrir la Coupe du Monde à sa patrie. Il est persuadé Matt, qu’il jouera pour l’Angleterre. Malgré la restriction de sélection aux joueurs n’évoluant pas dans le championnat Anglais. Et si Eddie Jones ne l’appelait pas pour cette raison et que Guy Novès trouvait un intérêt à son jeu, alors il considèrerait sa seconde patrie, le pays où il était né, où il avait grandi, terre de sa mère Toulonnaise. Au fond, c’était un choix de riche, parce qu’il avait le choix, mais le gamin de Biarritz préférait se concentrer sur la Pro D2 à l’heure actuelle, sur sa fin de saison, et ce qui suivrait. Il fallait qu’il joue en première division. C’était impératif, ou il passerait à côté de sa carrière. Il ne dégageait pourtant pas autant de détermination à l’entrainement. Il passait son temps à rigoler, à ennuyer l’ancien Benjamin Noirot, et à tyranniser Magnaval ou à courir après Jonny son meilleur ami. La seule personne qu’il évitait, c’était Erik Lund. Ce type et sa barbe l’effrayait autant que Bakkies Botha et Chabal. Bon ce n’était pas vraiment de la peur, mais disons qu’il faisait moins le fanfaron. Mais il s’appliquait dès qu’il devait impressionner l’entraineur. Il pouvait rire, faire le pitre, mais il savait ce qu’il avait à faire. Aujourd’hui en revanche, il ne resta pas taper au pied après la session qu’il avait trouvée plutôt bonne puisque tout le monde s’était remotivé suite à leur petite série de victoires. Il avait une interview à donner en compagnie de Louise. Il aimait bien la jeune femme. Elle était tout autant d’agréable compagnie qu’agréable à regarder. Il se plaisait à la taquiner sans relâche, la faisant sortir de ses gonds, la titillant au même titre que ce qu’il pourrait le faire avec n’importe qui de ses coéquipiers. Elle faisait partie de la maison après tout. Prenant sa douche rapidement et revêtant les habits du club, il se pointa sur le lieu de l’interview où deux chaises étaient déjà installées, caméras rivées sur ces dernières. S’approchant avec le sourire, il lança : « Tiens une Hobbit tout droit sortie de la Comté ! » Il aimait bien la taquiner sur sa petite taille, lui qui mesurait près d’un mètre quatre-vingt-dix. S’attardant sur la silhouette de la jeune femme, il remarqua qu’elle était particulièrement apprêtée et ça lui allait à ravir.  « Une Hobbit plutôt élégante je dois dire ! » Ajouta-t-il, joueur en se mordillant la lèvre. Il ne détachait pas son regard de la jeune fille. Matt s’était imaginé avoir un semblant de relation avec elle, mais il savait aussi qu’elle n’était pas le genre de fille à se contenter d’une nuit ou deux. Et peut-être qu’elle méritait plus que ça, mais Matt n’était pas Jonny. L’engagement l’avait toujours effrayé, sans qu’il ne sache pourquoi. Peut-être parce qu’il ne se sentait pas l’âme de l’homme parfait, lui qui était immature au possible. S’il était plutôt à l’aise dans la vie de tous les jours, il n’était pas des plus doués dans l’exercice de l’interview parce qu’il lui était difficile de garder son sérieux, heureusement pour lui, celle d’aujourd’hui était particulièrement décalée. Il allait donc pouvoir s’amuser et faire ce qu’il savait faire de mieux : la rendre folle.

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“Tiens une Hobbit tout droit sortie de la Comté !” Louise décrocha les yeux de son iPhone pour poser son regard brun sur le jeune rugbyman, une longue mèche tomba devant ses yeux qu'elle prit le soin de placer derrière son oreille, probablement pas la première ni la dernière de la journée si Matt la faisait tourner en bourrique comme à son habitude. “Bonjour à toi aussi Matthew.”, répondit-elle, arquant un sourcil, tachant de rester professionnelle. Et encore, ce jour-là, elle avait mis des bottines à talons, elle savait bien qu'elle en prendrait pour son grade vis à vis de sa taille de toute façon, qu'importe la hauteur du talon, c'était la marque de fabrique du grand brun anglais. Elle avait fait exprès de l'appeler par son prénom entier, essayant de l'agacer puisque tout le monde l'appeler Matt, probablement sans grand succès cependant. Sa répartie manquait malheureusement cruellement de ressorts à son grand désespoir. C'était pourtant pas faute d'essayer. “Une Hobbit plutôt élégante je dois dire ! ” Elle le vit mordiller sa lèvre à cette remarque. Malgré elle, cela la fit fondre à l'intérieur. Elle n'en montra rien, du moins elle essaya. Oublie l'idée Louise, il doit faire ça à toutes les nanas qui passent. You're not special, snap out of it. Son cerveau gavé de séries et films américains en version originale, sous-titrée ou non, avait tendance à lui parler à moitié en français à moitié en anglais quand les tournures anglaises aller mieux à la situation. “On va dire que je vais prendre ça pour un compliment et te dire merci...” Elle essaya d'avoir la voix la plus détachée possible pour dire ça. Ne surtout pas de montrer de faiblesse qu'il pourrait exploité à sa guise pour des décennies. Ou du moins pour le reste de la saison puisqu'elle se doutait bien que, comme son meilleur ami Jonny, il partirait pour un club de Top 14 à la fin de la saison. Elle était presque triste à cette pensée. Pourtant, elle se refusait ça. Ne pas s'attacher à lui, elle ne ferait qu'en souffrir. Il ne la lâchait pas des yeux, du coup, elle non plus. Bataille de regard. Ne cède pas... Trop tard, la voilà déjà qui baisse le regard, le rouge lui montant au joue, elle passa sa main dans ses cheveux, les remettant en place pour se donner de la consistance. “Crois pas que je me suis faite élégante pour toi, c'est pour les internautes...” Tout ce temps pour sortir cette phrase Louise, vraiment? Tout ça pour ça? Tu t'enfonces ma pauvre fille... Elle ferma les yeux une seconde et secoua la tête se tournant vers les chaises. “On commence?” Montrant la chaise en face de celle où elle alla rapidement prendre place, les jambes croisées, ses papiers sur ses genoux. Pourvu que ça passe vite et qu'elle arrête de se mettre dans tous ses états. Qu'il arrête de la mettre dans tous ses états.

Spoiler:

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Il lui sourit, de cette façon amusée et espiègle qui n’appartient qu’au taquin qu’il est. Il n’avait rien contre son prénom, mais il avait toujours trouvé ce dernier plutôt pompeux, alors il préférait qu’on l’appelle par son surnom, qui était plus concis, plus amical. Il lui en fallait plus pour qu’il prenne la mouche, et fit mine de s’étonner à ce ton employé par la jeune femme qui d’ordinaire était bien plus amicale. « T’es bien solennelle ! Je dois te vouvoyer aussi ? » Il pourrait essayer, mais il n’y parviendrait pas. Louise avait à peu près son âge, il se voyait mal la considérer comme une aristocrate. Pourtant, elle avait ce je ne sais quoi qui attirait irrémédiablement l’Anglais de Biarritz. Peut-être n’était-ce que sa personnalité qui plaisait à Whitford, mais il ne posait pas sur elle le même regard que sur les autres. Il n’avait jamais fait en sorte de la draguer ouvertement pour parvenir à la mettre dans son lit. Il persistait à la taquiner, parfois un peu trop lourdement sur sa petite taille. Ca la rendait mignonne, fragile, loin de toutes ces grandes perches aux jambes fuselées qui mettaient des talons bien trop hauts. Louise était naturelle, elle aimait le rugby, le Biarritz Olympique, tout ce qui s’y rattachait. Elle n’avait pas l’air comme les autres. Elle assumait clairement sa différence et c’était tout à son honneur. Puisqu’il tend à la taquiner en permanence, même quand il lui fait un vrai compliment, elle se contente de le remercier poliment, comme si elle n’accordait que trop peu d’importance à ce qu’il dit. Et quelque part, ça le frustre, le rugbyman. Il ne sait pas comment lui faire comprendre que parfois, il ne plaisante pas. « Tu fais la modeste en plus ! » Ajoute-t-il alors pour l’alarmer sur ses propos et chercher à lui signifier qu’à ses yeux, elle est élégante. Son regard l’atteste, et pendant quelques instants, ils se regardent mutuellement, le silence habitant la pièce. Mais comme elle ne semble pas bien décidée elle aussi à rester dans la sphère du sérieux, le jeune homme se met à ricaner alors qu’elle baisse les yeux et qu’elle affiche un certain malaise tout d’un coup, comme si plonger son regard dans le sien était insoutenable. Matt se plait à rétorquer d’une petite pique dont il a le secret. « C’est toi qu’ils regardent les internautes ? Mets le zoom alors, parce qu’ils risquent de te louper ! » Il ne le pense pas le moins du monde. En fait, il est content que ce soit elle qui s’occupe de l’interview parce qu’il sait qu’il sera plus à l’aise et qu’il n’aura pas besoin de prétendre. C’est alors qu’elle l’invite à prendre place pour commencer l’interview, et il acquiesce s’avançant vers la chaise en face de Louise qui a déjà pris place, et il s’ajuste de façon à paraitre détendu sans avoir l’air complètement je-m’en-foutiste. « Let’s go ! » Lance-t-il, attendant avec impatience les questions qu’elle va lui poser. Ses yeux, ils se posent un peu partout: sur les mains de la jeune fille, sur les papiers qu’elle a soigneusement préparés, et sur son doux visage, guettant la moindre expression. Louise a vraiment quelque chose de plus. Sentant qu’elle est probablement plus stressée que ce qu’il ne le sera jamais, il préfère prendre la parole avant que les hostilités ne commencent : « Hey ! Respire un bon coup, ça va aller ! » Il lui offre un sourire rassurant, comme si elle n’avait jamais fait ce genre de choses alors qu’elle était bien plus experte que lui en la matière.  

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“T’es bien solennelle ! Je dois te vouvoyer aussi ?” Elle le voyait s’amuser de ses moindres répliques, prendre un malin plaisir à la taquiner et, même si elle essayait tant bien que mal de dissimuler ses émotions de peur qu’il en joue, ça la rendait folle. Elle haussa les épaules l’air de dire pourquoi pas quand il proposa de la vouvoyer, fausse détachée encore une fois.  “Peut-être bien que tu devrais.”, sur un ton de fausse confidence. Toute personne qui connaissait un tant soit peu Louise savait qu’elle était loin d’être sûre d’elle, bien au contraire, elle doutait beaucoup, traumatisme d’enfance ou quelque chose comme ça. Elle n’avait pas confiance en elle et dès qu’on la complimentait elle était bien incapable de savoir si c’était un vrai compliment ou une simple moquerie. Si ce compliment avait été sur internet, par un illustre inconnu, elle aurait probablement répondu « oh my god thank you », probablement tout en majuscules. Mais là c’était Matt, Matt l’homme à femmes, Matt le vanneur. Elle était bien incapable de lire en lui clairement, et elle ne se faisait pas confiance pour juger correctement les gens, alors tout ce qu’elle trouva à dire c’est merci. Au cas où c’était un vrai compliment et si ça ne l’était pas au moins elle ne s’était pas trop mouillé et elle pouvait sortir la tête haute de cet échange.  “Tu fais la modeste en plus !” Trouve quelque chose à rétorquer. Garde la face. Sa bouche s’entrouvrit à peine avant de se refermer tout aussi rapidement. Idiote. Elle baissa le regard, les joues empourprées. Elle l’entendit ricaner. Ma pauvre fille, il fallait t’y attendre, il joue avec toi, that’s what he does. “C’est toi qu’ils regardent les internautes ? Mais le zoom alors, parce qu’ils risquent de te louper ! ”  Elle détourne le regard, n’importe où sauf sur lui, se mordille la lèvre inférieure, cherchant quelque chose d’un tant soit peu intelligent à rétorquer. Trou noir. “Bien sûr que non, tout le monde regardera pour toi…” Pas de sarcasme là dedans, pas de répartie foudroyante, juste la vérité. De toute façon, c’était mieux ainsi. Être le centre de l’attention, très peu pour elle, elle était bien trop mal à l’aise quand on s’attardait sur sa personne, en témoigne cet échange d’ailleurs. T’as plus de gouaille sur instagram, Louise, on a connu mieux, ressaisis toi. Ils s’installent. Professionnalisme, here I come.   “ Let’s go ! ” Elle regarde une dernière fois ses fiches, ses précieuses fiches, celle qui lui permettrait de garder la face. Respire un grand coup. “ Hey ! Respire un bon coup, ça va aller !  ” Elle pose son regard intensément sur lui. Essayant de voir si c’était une autre de ses blagues où si c’était sincère, histoire d’avoir la réponse approprié. Voyant son sourire qui se voulait rassurant, elle répondit d’un sourire. Avant de se tourner vers la caméra, lancement de l’interview, elle le présente, fait tout le blabla qui introduit ce genre d’interview puis repose son regard sur Matt, se voulant encore une fois professionnel. Le début de l’interview se faisait un peu barbant, l’introduction, alors matt qui êtes vous etc…? le « fun » venait après cette partie. Enfin fun, ça le serait surement plus pour l’anglais que pour elle… “ On démarre sur les questions classiques, date et lieu de naissance? ” Suivirent le poids et la taille, puis le surnom qui lui est donné dans le vestiaire...

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Matt affiche un manque de sérieux toujours plus grand, à tout prendre à la légère. Il peut rire de tout, s’amuse d’autant plus avec la jeune femme qui est une grande distraction. En fait, si ça l’amuse de se comporter ainsi, il n’a jamais voulu lui causer du tort, et ses taquineries ne dépassent jamais les bornes, parce qu’il ne voudrait pas la voir se vexer. En fait, Whitford ne maitrise pas complètement la situation, il cherche à attirer son attention d’une manière peu recommandable et parfois, ses blagues s’essoufflent. La vouvoyer ? Certainement pas. A moins qu’elle ne soit la Reine d’Angleterre, or, elle est bien trop jeune pour être Elisabeth. « Ca serait trop pompeux ! » Lâche-t-il pour passer à autre chose, n’ayant plus grand-chose de drôle et signifiant à dire. Il y a cette timidité caractéristique qui transparait chez Louise, et il trouve ça adorable. Ca lui rappelle un peu Jonny, bien plus discret et réservé que ce qu’il ne peut l’être, parce que tous deux manquent de confiance en eux. Il voit bien comme elle agit : elle ne sait pas où se mettre, elle détourne le regard, use de mimiques des plus gênées, tandis que Matt et son égo envahissent la pièce. Et pourtant, s’il est à l’aise face à elle, il commence à se demander comment se passera l’interview, si l’once de nervosité qu’il peut ressentir transparaitra à l’écran, alors il poursuit ses idioties. Bien sûr que les gens ne regarderont pas Louise, étant bien plus intéressés par ce que le rugbyman a à dire, sauf ses détracteurs ou les gens qui fondent devant la plastique de la jeune Archambault. Matt, il n’aura d’yeux que pour elle, pour oublier la caméra, et pour profiter du sublime spectacle qu’elle peut lui offrir. Elle est belle au naturel. Elle le fait sourire par son manque de répartie, ses joues qui se mettent à rosir irrémédiablement. Elle ne joue pas sur les artifices, elle ne cherche pas à en mettre plein la vue, et pourtant, elle est radieuse. Incapable de lui signifier clairement, Matthew se cache derrière une remarque bien pauvre. « Ca serait un comble qu’ils regardent pour toi alors que c’est moi l’interviewé ! Remarque moi je regarde le Canal Rugby Club pour Isabelle Ithurburu ! » Les hommes apprécient Isabelle Ithurburu, Paloise d’origine, et qui crève l’écran grâce à des contacts dans le milieu et à sa fraicheur. Mais Louise n’a rien à lui envier, songe-t-il. Il essaie de rester impassible tandis qu’elle le présente alors qu’il a envie de rire. Trop de compliments pour un joueur en devenir, selon lui. Mais il aura un message à faire passer à la fin de l’interview. Le Franco-anglais a de la suite dans les idées. Alors qu’elle se tourne vers lui, il répond par une mimique à moitié amusée, mais un peu timide. Il débute par les remerciements habituels, merci de l’invitation et ainsi de suite. Il prend une profonde inspiration pour répondre à la première question. L’interview a démarré. Dans un sourire radieux, il s’exprime alors : « Je suis né le 28 septembre 1994 à Biarritz d’un père anglais et d’une mère toulonnaise! » Plus il donnera des détails plus les gens se rendront compte que les joueurs de rugby ne sont que des ‘boys next-door’ et qu’ils n’ont rien de particulier. Il sait d’ores et déjà ce qu’elle va lui poser comme question suivante. Ses mensurations. 1m88, 96 kilos. Un beau bébé qui n’oublie pas qu’il a été bien moins en forme quand il était gamin. Il mangeait mal, et un peu avant que la puberté ne pointe son nez, il était rondouillard, supportant des moqueries à l’école et pour évacuer le stress accumulé, il fonçait dans le tas au rugby. Tout s’est arrangé quelques mois plus tard, grâce au miracle de la puberté et aux effets de la musculation. Tout ceci n’est qu’un lointain souvenir, mais peu de gens en ont connaissance.  

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“Ca serait trop pompeux !” Oh well, elle aurait essayé au moins. Peut-être que le vouvoiement aurait permis à Louise de mettre la distance nécessaire entre lui et elle pour rendre le professionnalisme qu’elle était obligé d’adopter plus aisé. Quoi que ça aurait probablement fait ricaner le jeune rugbyman de plus belle. Elle ferait avec ce n’était pas son premier coup d’essai. Elle en avait interviewé des moins avenants. Des vieux briscards du rugby qui l’avait plutôt mauvaise de se faire interviewé par une « gamine ». Elle s’en était sorti alors, elle s’en sortirait encore aujourd’hui, quoi qu’il en coûte. “ Ca serait un comble qu’ils regardent pour toi alors que c’est moi l’interviewé ! Remarque moi je regarde le Canal Rugby Club pour Isabelle Ithurburu !”  Elle remit ses cheveux en place, comme un réflexe, parce qu’il la gênait, parce qu’elle ne voulait pas se les attaché, elle trouvait que ça ne lui allait pas. Archambault haussa un sourcil plantant son regard dans celui du franco-anglais. Elle faillit lui répondre en anglais, mais elle ne voulait pas prendre le risque de prononcer un mot de travers et de se faire charrier par lui jusqu’à la fin de sa vie sur ce fait, alors elle rassembla ses esprits pour former la phrase en français, ne le lâchant pas du regard. “Oh, t’es un de ces gars-là alors. T’as fait du rugby uniquement pour plaire aux filles aussi ou?” Remarque inhabituellement cinglante de la part de la jeune femme, probablement piqué au vif par une once de jalousie. Évidemment, aucune fille ne pouvait sortir de la comparaison avec la journaliste de Canal+, vainqueure. Du moins pas aux yeux de Louise et ses nombreux complexes.  Elle ne savait pas ce qui lui avait pris, il l’avait sorti de ses gonds, c’était assez rare pour être souligné et, elle n’en était pas fière du tout. Elle baissa les yeux en soupirant “Forget it.” L’anglais était sorti tout seul. Déformation professionnel dirons-nous. Elle passa une énième fois la main dans ses cheveux avant de prendre place pour l’interview, comme si de rien n’était. Le professionnalisme avant tout. Ce boulot c’était son rêve de gosse, elle ne voulait pas tout gâcher pour les beaux yeux, aussi séduisant soient-ils, de Whitford. Elle commença donc l’interview par les questions somme toute bateaux, date et lieu de naissance, poids, taille, qu’est ce qui t’as poussé à faire du rugby, etc… Tous ses points plus ou moins importants abordés, elle passa à la partie plus détente et humour de l’interview, celles que les fans attendent, celle où trouvera la pépite qui restera dans les mémoires, et qui les fera toujours rire ou sourire en y repensant. Celle que les shippeuses attendent aussi sans l’avouer.  Louise était bien loin de se douter de ce qu’il se passait dans la tête du numéro 10, elle était juste concentrée sur son interview, concentrée pour enchaîner les questions une par une, pour le moment tout se passait bien, elle avait pris la confiance, trop vite peut-être… “On va passer à la partie que tout le monde attend, la partie sur l’équipe. L’honnêteté est de mise. Le plus beau et le moins beau gosse de l’équipe?”  

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Elle le décontenance sur le moment. Il ne s’attendait pas à ce que la jeune femme d’ordinaire sage se lance dans une réflexion aussi cynique, aussi pugnace ? Ca l’étonne. D’autant plus que si elle peut penser que le rugby ne signifie rien pour lui, alors c’est qu’elle n’a rien compris à ce qui l’anime quand il joue. Mais il ne veut pas croire que c’est cela, parce qu’il sait ô combien la jeune Archambault aime le rugby. Elle a probablement dû laisser ses sentiments répondre à sa place. Toujours est-il qu’il ne peut pas s’empêcher de lui répondre malgré lui. « Hein ?! Mais qu’est-ce que tu racontes ! J’ai commencé à jouer à 4 ans, j’en avais rien à foutre des filles à l’époque ! » Et c’était bien vrai. Depuis qu’il savait marcher, Matt avait un ballon ovale dans les mains parce que son père l’emmenait souvent à l’entrainement et lui avait transmis sa passion et ses valeurs. A la base, il avait commencé pour rendre son père fier, pour faire comme papa, jusqu’à ce qu’il se rende compte que c’était une évidence pour lui aussi. Il prenait trop de plaisir pour s’arrêter, et puis on avait vite compris que le petit rondouillard était doué, qu’au contraire des autres enfants, il n’avait pas peur du contact, il se jetait dans les jambes de ses adversaires comme si sa vie en dépendait. Et puis, jamais il n’avait songé à arrêter. Il ricane, le jeune homme, parce qu’il comprend que sa remarque sur Isabelle Ithurburu a vexé la community manager. « T’es jalouse d’Isabelle ? » Elle n’a pourtant pas de quoi. Certes Isabelle a une grande classe et est sublime au naturel, mais Louise est du même acabit. Elles sont faites du même bois. Isabelle est peut-être plus grande, mais c’est la petite taille de Louise qui interpelle et la rend attachante. Elle n’a rien à envier à la journaliste de Canal Plus, parole de rugbyman. Elle use de l’anglais pour lui faire comprendre de laisser tomber, qu’elle s’est laissée submerger par le stress ou quoi que ce soit et puis l’interview suit son cours. Durant les premières questions, le jeune Whitford ne détache pas son regard de celui de la jeune femme reconvertie en journaliste. A la question sur les beaux gosses et les bien moins beaux-gosses du vestiaire, le sourire de l’Anglais s’élargit. Ca y est, ils rentrent dans les questions fun. Il n’attend pas longtemps pour répondre, même s’il fait semblant d’hésiter. « On a le droit de se compter dans les réponses ? Parce qu’honnêtement, je suis le plus beau-gosse, et tu peux le confirmer hein ? » La titille-t-elle en l’incitant à répondre à la question elle aussi, lui faisant un clin d’œil. Puis, il poursuit avec la deuxième partie de sa réponse : « Mais bon je suis modeste alors je vais dire Jonny, il plait bien aux filles avec sa tête de bébé ! Et le plus moche… Je dirais Edwin Hewitt parce qu’il a une dégaine un peu spéciale ! Désolé Eddie, ça n’a rien de personnel ! » Il rit de bon cœur, se réajustant sur sa chaise, presque convaincu que si ses coéquipiers voient l’interview, il prendra cher au prochain entrainement.

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“Hein ?! Mais qu’est-ce que tu racontes ! J’ai commencé à jouer à 4 ans, j’en avais rien à foutre des filles à l’époque !” Ah! Sa remarque avait fait mouche. Pour une fois. Faire sortir Matt de ses gonds était plutôt jouissif, où était sa médaille de super-répartie?! Bien sûr, elle n’en pensait pas un mot, et elle s’en serait probablement excusé si ça avait été à n’importe qui d’autre que Whitford. Il l’avait bien mérité après tout ce qu’il avait pu lui dire à elle. Ce n’était qu’un juste retour des choses. Du moins c’est ce qu’elle se disait à elle-même pour se convaincre tandis qu’une once de culpabilité venait la ronger. Soit fière, ne cède pas, ne t’excuses pas. Elle avait bien peu d’expérience à faire la forte tête. Le rugbyman mettait décidément ses nerfs à toute épreuve!  “ T’es jalouse d’Isabelle ?”  Oh god, elle se pince les lèvres, ne pas lui accorder ce plaisir-là. Tais-toi Louise, tu vas regretter chaque mot que tu vas prononcer, retiens toi…. Trop tard. “Ouais, pas de quoi être jalouse d’une femme aussi magnifique que captivante qui a su se faire respecter par tous les hommes de la profession. Vraiment, jalouse, nahhh.” Bien joué, Louise, tu marques un point, tu le laisses t’en mettre deux ou trois d’un coup, vraiment, well done. Si elle avait pu aller se cacher un bon coup et bien bien loin de là, elle l’aurait fait. Mais le professionnalisme et le boulot avant tout. Nul doute qu’après cette échange pré-interview, Matt lui en ferait voir de toutes les couleurs pendant celle-ci.   “ On a le droit de se compter dans les réponses ? Parce qu’honnêtement, je suis le plus beau-gosse, et tu peux le confirmer hein ?   ” Du Matthew Whitford tout craché. Elle s’abstint de lâcher un petit rire. La caméra n’étant pas dans le bon angle elle se permit de lui lancer un petit regard noir, quoi que de toute façon, il y aurait des coupes au montage histoire de rendre tout ça un peu plus fluide pour l’internaute. D’un ton détachée, faussement à l’aise, elle ajouta “C’est pas moi qui suit interviewé ici.” Sourire colgate. Une vraie actrice, elle a raté sa vocation. Elle l’écouta répondre plus sérieusement à la question en hochant la tête prête à poser la suivante.   “Qui est le chouchou du coach et à l’inverse qui est le plus lèche-botte, le fayot, celui qui aimerait être le chouchou du coach et fait tout pour?!” Oui ses questions avaient pas mal tendance à foutre la merde dans les vestiaires en toute camaraderie bien évidemment, d’ailleurs ça donnait lieu à des règlements de compte sympa dans les interviews d’après et les fans adoraient ça.  

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Toutes les filles sont jalouses d’Isabelle Ithurburu et tous les mecs bavent devant leur téléviseur devant l’ancienne Mme Quesada. Et pourtant, Matt trouve que c’est déplacé dans le cas de Louise. Comment la jeune femme peut-être jalouse ? Elle a gagné sa place au Biarritz Olympique sans jamais demander de l’aide à qui que ce soit, elle s’est débrouillée toute seule et possède une bonne connaissance du rugby, là où parfois, Isabelle se retrouve à devoir meubler pour s’en sortir. Certes, l’une passe devant des millions de Français, l’autre évolue au niveau local, mais quoi qu’il en soit, le jeune Whitford estime que la jeune Archambault devrait être fière d’elle. « Se faire respecter par les hommes de la profession en épousant le manager du Stade Français, c’est sûr ça aide ! » Il s’agit bien-là d’un compliment dissimulé envers la jeune fille de vingt ans, mais il ne l’admettra pas. Elle se fait déjà bien respectée par les hommes du Biarritz Olympique alors qu’ils pourraient la dénigrer. Elle est là sa force. D’ailleurs, elle le prouve bien par son professionnalisme et son détachement. L’Anglais ne rate pas une occasion pour se faire mousser et se plait à vouloir la faire chanceler. Alors qu’elle répond poliment que c’est elle qui pose les questions, Matthew insiste en se penchant vers elle légèrement, pour l’inciter à le contenter. « Tu peux l’admettre quand même, non ? C’est pas comme si c’était faux ! » Il est convaincu qu’elle le pense. Qu’à ses yeux, il est le plus beau-gosse du club. En même temps, seul Jonny peut véritablement lui faire concurrence avec ses beaux yeux bleus. La prochaine question, elle était encore plus compromettante. A l’attente de cette dernière, Matt se mit à sourire. Là, ça se corsait. Il allait faire tomber des masques, les dossiers étaient de mise. Faisant mine de réfléchir, il finit par prendre la parole : « Rodney Davis est le chouchou, c’est une machine à essais en même temps ! Même si le coach adore Jean Sousa aussi… » Les deux se valaient, mais Matt pensait vraiment que Rodney était dans les petits papiers du coach. Quant au fayot, il ne put se retenir de rire parce qu’il ne pouvait en avoir qu’un, et ce dernier allait probablement lui en faire voir de toutes les couleurs, mais c’était le jeu de l’interview ! « Et pour le fayot, je dirais Kylan Hamdaoui ! Le mec il reformule tout le temps à l’entrainement pour montrer qu’il a compris, il reste parler avec les coachs à la fin des entrainements et tout, je te jure, on dirait qu’il attend une promotion alors que le gars est déjà titulaire ! S’il pouvait laver les chaussettes du coach il le ferait ! » Il a tutoyé Louise alors qu’il aurait peut-être dû s’en tenir au vouvoiement de politesse, mais il était trop dans son délire pour y prêter attention, et comme un peu plus tôt, il se permet de reposer une question à la jeune femme. « En fait tu veux vraiment que tout le vestiaire me déteste c’est ça ? Je le fais que parce que c’est toi ! » Il ponctue sa phrase d’un sourire ravageur, fixant la demoiselle intensément. Il la fera craquer, ça ne fait pas de doute.

matt whitford / louise archambault DON'T CALL ME TINY!

À vrai dire, Louise ignorait bien avec qui la journaliste de Canal+ avait été marié, elle ne suivait pas tellement les actualités people du rugby, bizarrement. Du coup, elle fut un peu surprise de la réflexion du rugbyman qui, pour une fois, la mettait en valeur. Elle ne put s’empêcher d’ailleurs de sourire timidement avant de se reprendre. Il est vrai qu’elle avait mis du temps à se faire respecter dans le club, elle était toute jeune et une fille qui plus est, ça n’avait pas été simple au début, mais elle avait su se faire sa place au final. C’est vrai qu’elle pouvait en être fière, cependant elle n’était pas du genre à se complaire en vantant ces réussites. Au contraire, elle trouvait que ce n’était jamais assez. Perfectionniste jusqu’au bout. Dès le début de l’interview l’anglais prenait un malin plaisir à venir lui titiller les nerfs. En guise de réponse à son  “Tu peux l’admettre quand même, non ? C’est pas comme si c’était faux ! ”, elle haussa les épaules, le toisant du regard,   “Je couperais ça au montage.”  Belle pirouette pour éviter de répondre à sa question, éviter de gonfler son ego qui n’avait pas besoin de ça, éviter de perdre la face devant lui aussi. Même si de toute façon, ça lui paraissait évident à lui. Elle continua ensuite le jeu des questions suivant l’ordre de ces fiches scrupuleusement, ne lâchant que peu Matt du regard, juste le temps de mettre en ordre ces fiches. Professionnalisme ou attraction incontrôlée, nul ne pourrait le dire. Elle laissa échapper un léger rire à la réponse sur le plus fayot. Il fallait qu’elle reste professionnelle, ce n’était pas pour autant qu’elle devait être une statut sans expression, un robot, ça ne rendrait pas bien à l’écran.  “En fait tu veux vraiment que tout le vestiaire me déteste c’est ça ? Je le fais que parce que c’est toi !” Il la fixe intensément avec un grand sourire, celui qu’il devait sortir à toutes les filles qu’il tentait de draguer et qui, elle devait l’avouer était plutôt efficace et lui fit perdre son latin quelques instants, avant qu’elle se reprenne, replongeant les yeux dans ses fiches.  “Ça aussi on coupera au montage, c’est pas vendeur auprès des Whitford girls…” Question suivante Louise, enchaîne, enchaine!   “Qui dans le vestiaires, est le plus doué avec les femmes, et qui est le moins doué?”  N’allait pas croire qu’elle avait préparer ces questions spécialement pour lui, c’était les mêmes pour tout le monde pour cette partie là de l’interview. Elle marqua une petite pause avant d’ajouter, ce qu’encore une fois elle couperait au montage  “Et non, tu n’es pas autorisé à t’auto congratuler pour ton succès auprès des femmes!” Anticipant la réponse presque trop prévisible du rugbyman anglais, ne le quittant pas du regard.

Il avait décidé d’être insupportable avec elle aujourd’hui. Pourquoi ? Juste pour s’amuser, parce qu’il avait envie de se divertir et de la mettre mal à l’aise. Elle semblait être de celles qui lui résistaient, et ça ne convenait pas au rugbyman. Elle lui plaisait bien, il était forcé de le reconnaitre. Et s’il faisait des remarques on ne peut plus suggestives pour la taquiner, il savait également que ce n’était pas comme ça qu’il allait l’obtenir. Il était persuadé qu’il ne la laissait pas indifférente, et c’est la raison pour laquelle il insistait pour qu’elle le clame haut et fort. Elle n’était pourtant pas décidée à lui faire ce plaisir, et alors qu’elle lui avouait vouloir couper cela au montage, il leva les yeux au ciel en dénigrant presque ses propos. « Interview truquée. » Toutes les interviews le sont, il n’y est pas étranger, il a l’habitude des longues interviews qui finissent par n’être qu’une minute d’échange et qui parfois donnaient des contresens monstrueux sur des phrases sorties de leur contexte. La jeune femme était professionnelle, s’en tenant à ce qu’elle avait prévu, sans pour autant se laisser impressionner par le rugbyman en face d’elle qui ne la lâchait pas du regard et qui cherchait à détecter chez elle une once de stress pour la faire chanceler. Il l’imaginait déjà devenir toute rouge, honteuse comme jamais. Ca serait tellement drôle. Mais pour l’instant, il ne s’agit pas du tout du scénario. Il se prend au jeu des questions bien qu’il sache d’ores et déjà que ses coéquipiers prépareraient une vengeance plus qu’insupportable, mais c’était le jeu. Ca donnait un côté enfantin aux rugbymen, ça rappelait qu’au fond, ils étaient tous humains et qu’ils étaient plutôt de bons gars. Mais encore une fois, alors qu’il l’aguiche clairement, la jeune Community Manager se plait à lui indiquer que ça sera également coupé, et il hausse les épaules, convaincu que les dés sont pipés et que l’interview sera naze. « En gros ça sert à rien que je réponde ! » Autant qu’elle lui dise ce qu’elle veut entendre, au moins, ça lui conviendra. Il a presque l’impression qu’elle fait exprès d’enchainer des questions qui sont censées le mettre en valeur, mais alors qu’il s’apprête à répondre un véritable sourire charmeur aux lèvres, elle le prévient qu’il se doit de choisir quelqu’un d’autre. Sauf qu’il ne voit pas qui au BO pourrait avoir plus de succès que lui. Alors, il fait fi de ses recommandations et répond tout de même : « Jonny – il va me tuer – est le moins doué. Il a une copine donc ça facilite le truc, mais il sait pas draguer ! Et le plus doué, je suis désolé chérie, mais c’est moi. Je vais pas en dire un autre, ça serait un mensonge et tu as dit qu’il fallait être honnête ! » Voilà de quoi la faire taire un instant. Il se demande d’ailleurs quel nom est sorti lors des autres interviews, il n’y avait pas jeté de coup d’œil à vrai dire… Aimant renchérir avec la jeune Archambault, Matt continue de l’accabler : « Sois pas jalouse ! » Et il marque sa phrase par un clin d’œil malicieux qui veut tout dire. Elle pourrait avoir sa chance si elle le voulait.

matt whitford / louise archambault DON'T CALL ME TINY!

Il était décidé à ne pas lui laisser un moment de répit et de tester ses nerfs à chaque réplique. Elle était habituée. C’était son jeu habituel. Pour le moment, elle tenait bon. Non sans mal mais elle tenait bon. Il dit interview truquée. Comme s’il découvrait le jeu des interviews à l’instant même.  Les questions s’enchainent, et une nouvelle fois le rugbyman essaye de la faire tomber dans ses filets, même réplique qu’auparavant, il s’offusque. Elle lui répond calmement, plantant son regard dans le sien.  “Tu veux perdre tes fans féminines juste pour me mettre dans ton lit? Non? C’est bien ce qu’il me semblait…” Elle ne s’accordait pas plus de crédit que ça. Elle savait bien qu’elle n’était qu’un défi de plus pour son tableau de chasse déjà conséquent. Elle ne lui ferait pas ce plaisir. Elle remet ses cheveux en place. Confiante. Elle ne devrait peut-être pas trop l’être, connaissant Whitford il avait plus d’un tour dans son sac et elle n’en avait pas fini avec lui loin de là. Elle reprend ses questions. Lui indiquant qu’il n’était pas autorisé à répondre qu’il était celui qui avait le plus de succès auprès des femmes. Ce qu’évidemment, il fit. Après avoir répondu que Jonny était celui qui avait le moins de succès auprès des femmes, ce qui surprit plutôt Louise. Sympa le meilleur ami. Jonny serait enchanter quand il regarderait l’interview, se dit-elle. Puis auto-congratulation de Whitford. La community manager lève les yeux au ciel, en se passant la main sur le visage, ne pouvant s’empêcher de lâcher un léger rire. Incorrigible anglais. Elle préférait ne pas relever le chérie qu’il avait subtilement rajouter dans sa phrase. Rester professionnelle. “Sois pas jalouse !” Elle le regarde, estomaquée, lui faire un clin d’oeil. Elle se réajuste dans sa chaise, crispant sans s’en rendre compte l’instant d’une seconde sa main autour de ses fiches.  “Non, merci, je mange pas les restes des autres.” Elle défroisse tant bien que mal ses fiches. Marquant une petite pause pour reprendre pied. Elle ne voulait pas le laisser avoir cet effet là sur elle. Elle ne pouvait pas le laisser avoir cet effet là sur elle. Elle n’était qu’un jouet pour lui. Un jouet dont il se débarrasserait dès l’instant où il n’en avait plus l’utilité et elle avait encore suffisamment d’amour propre pour ne pas vouloir se réduire à ça. À la fille qui coucherait avec lui juste pour pouvoir dire « i slept with a professional rugby player » ce qui aurait d’autant plus de poids quand il irait en équipe nationale. Parce que s’il la mettait hors d’elle, elle savait aussi qu’il avait le talent de ses ambitions et qu’il pouvait très bien y arriver. Elle repose son regard sur ses fiches et reprend une énième fois ces questions.  “Le plus fêtard de l’équipe?” Question que pour une fois ne devrait pas trop brouillé les coéquipiers, suivi d’autres questions. “Le plus gros mangeur de l’équipe? … Celui qui passe le plus de temps sous la douche?”

« Pourquoi je les perdrais ? Je les ai pas perdues jusqu’à maintenant ! » Ricana-t-il ouvertement, pas pour se moquer, mais plutôt pour dénigrer l’argument qui n’était pas valable. Matt avait toujours dragué à tort et à travers, emballé un grand nombre de femmes, filles, juste pour une nuit et ses fans étaient toujours là. De plus, il se fichait bien d’avoir une communauté de fans féminines, parce qu’il considérait que ses fans devaient avant tout l’apprécier pour son jeu, pour ses offloads, sa vision du jeu, ses coups de pieds, mais pas pour sa belle-gueule, parce que du jour au lendemain, il pouvait finir défiguré, et s’il s’était lancé dans le rugby, ce n’était pas pour être mannequin. Il l’observe, une main devant la bouche, ne laissant voir que ses yeux bleus qui la transpercent d’un regard long et appuyé. Il se tait pendant une longue période, souriant et si elle ne peut voir ses lèvres, elle voit bien que ses yeux se plissent dans une expression d’amusement. Il se sert de l’interview pour empirer son cas auprès de ses coéquipiers. Il est joueur Matt, il aime les défis, et si Whitford a cette réputation de rigolo, il n’épargne personne, pas même Jonny. De toute façon, Halfpenny lui rendra probablement la monnaie de sa pièce, il est tout aussi espiègle que lui. Et puis, ses dires sont loin d’être faux, parce que Jonny ne sort pas pour aguicher les femmes, timide au possible dès qu’il quitte un terrain de rugby. Il a réussi à la faire rire avec sa pseudo-prétention et il se dit alors que la chance est avec lui. Et puis, à sa dernière provocation en date, elle a de la répartie. Louise se plait à lui faire comprendre que son tableau de chasse est bien trop conséquent pour elle, et qu’elle ne sera jamais de ce tableau-là. Dommage, elle y ferait bonne figure. Mais Matt, passé maitre dans l’art des allusions se plait à renchérir : « Tu dois pas manger beaucoup alors ! » Ne pas manger beaucoup parce qu’elle est toute fine, et ne pas sortir avec beaucoup de mecs puisqu’elle ne veut pas passer après les autres. Et puis des restes, lui, il en a de beaux. Reprenant son sérieux, il se racle la gorge avant de répondre à la question suivante. Le plus fêtard c’est facile, c’est Giresse, il n’y en a pas d’autres pour aller danser jusqu’au bout de la nuit. Pas même Matt qui est un adepte des pubs plus que des boites de nuit. « Tim Giresse ! Il adore aller en boite, même si dernièrement le coach lui a demandé de se calmer ! » Ce gars-là c’est le genre de mec qui boit comme un trou, embobine toutes les filles et finit par rentrer en taxi tant il est déphasé. Celui qui mange le plus est plus difficile à distinguer car ils sont nombreux à manger de grosses quantités, mais la vision du plateau repas de Fono lui revient. « Ika ! Ikapote Fono ! Il doit manger pour quatre ! » Quant à la douche, Matt fait partie des plus rapides car il ne se recoiffe pas après les matchs ou les entrainements, mais le fait chez lui. Du coup, il a un peu plus de mal à choisir. « Hmmh… Difficile à dire. Ca doit se jouer entre Yohan Le Bourhis et Jonny. » Parce que Jonny n’est jamais le premier à sortir, il aime trop la douche pour ça. « Et toi t’es longue dans la douche ? » Il remet ça, l’espiègle anglais.

matt whitford / louise archambault DON'T CALL ME TINY!

Elle devait l’avouer, elle n’avait pas d’arguments bétons à rétorquer à sa remarque. Elle n’ajouta rien, elle ne lui ferait pas le plaisir de lui accorder ce point. Elle continuait son interview, ne s’attardant pas sur son regard à la fois perçant et rieur. Elle lui accorda un rire, grossière erreur. Plus l’interview avançait, plus elles pensaient aux heures de montage qu’elle allait devoir faire pour rendre l’interview regardable, ce soir. Adieu sommeil. Les patrons de l’équipe n’apprécierait probablement que moyennement le jeu qu’il se passait entre eux si elle venait à délivrer l’interview telle quelle. Même si il serait difficile de tout effacer des regards échangés. Peut-être que pour lui ça n’aurait aucune répercussion, probablement d’ailleurs, ça faisait partie du personnage, mais elle… Elle n’était pas prête à perdre son emploi pour les beaux yeux du coureur. Elle avait bossé trop dur pour se faire accepter ici. “Tu dois pas manger beaucoup alors !” Elle hausse un sourcil. “Bien suffisamment, merci de t’en inquiéter.” Nouveau sourire colgate, faisant mine de ne pas comprendre le double sens qu’elle avait elle-même créé quelques secondes plus tôt. Être la dernière conquête à son tableau de chasse, la dernière pouf en date, très peu pour elle. Il lui restait encore un semblant de self-esteem.   L’interview se poursuit. Elle en apprend de bonnes sur l’équipe, comme à chaque interview. Si certaines réponses étaient assez récurantes, d’autres dépendaient beaucoup de la perception de chacun. Par exemple, au plus fêtard, le-dit Giresse avait lui répondu Matt. Il avait suivi les règles et ne s’était pas auto désigne contrairement à l’incorrigible anglais qui était en face d’elle. Du coup, elle s’amuse de cette réponse. Pour le plus gros mangeur, elle était obligée de lâcher “C’est une réponse qui revient régulièrement!”  Elle devrait probablement passer au moment des repas pour voir vraiment quelle quantité il ingurgitait de ses propres yeux. Elle serait probablement horrifiée, elle est son appétit d’oiseau. Question suivante, réponse courte et concise. Elle s’apprête à enchainer quand “Et toi t’es longue dans la douche ?” Elle reste bouche bée, plisse les yeux. Il n’avait pas osé lui demander ça, si? Elle se gratte le sourcil, décontenancée et lui répondit en anglais, sans réellement s’en rendre compte, stupid brain.  “Not that it’s any of your business but as a matter of fact, I am yes.” Pourquoi lui avait-elle accordé cette réponse? Elle ne le savait pas elle-même. Les questions sur l’équipe était désormais terminées. Arrivait une autre catégorie.  “Alors là on passe sur le « l’un ou l’autre » je te donne deux solutions  tu peux pas me dire les deux, tu peux pas te défiler et m’en dire aucune. On commence facile Sucré ou salé? Discothèque ou férié? France ou Angleterre?”