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 Venez donc chez moi

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MessageSujet: Venez donc chez moi   Venez donc chez moi EmptySam 16 Avr - 22:07

Venez-donc chez moi
Comment il est arrivé là? Un peu par hasard. Arsène est venu à pattes. Ce n'était pas si loin que ça. Pas la porte à côté, mais pas si loin. Il est arrivé après tout le monde. Et tout le monde, c'est un peu tout Biarritz. C'est à dire des hommes, des femmes, des enfants, et des grands-pères. Ils se sont tous rassemblés aujourd'hui pour profiter d'une... une exposition d... d'-... d’œuvres d'art. Le mot se perd. Arsène aussi.

-Excusez-moi, Monsieur. Vous avez perdu le groupe?

La voix féminine le réveille gentiment (car il ne l'était pas vraiment). Voilà. Femme joliment présentée portant un sourire sur ses lèvres rosées. Peut-être un peu forcé, le sourire. Elle a les cheveux attachés... "Pour ne pas être gênée dans son travail." Arsène conjecture. Et ça ne sert à rien.

-C'est le groupe qui m'a perdu.

La femme esquisse une expression un peu amusée. Les personnes qui se perdent doivent souvent arriver. Elle se charge de le ramener à la troupe qui est déjà bien loin devant. Pourquoi? Il aurait aimé profiter plus. C'était beau. Elle n'était pas obligée de faire ça. Elle aurait pu le laisser faire. Mais voilà... c'est une visite guidée. Et par respect pour le guide..., bla bla bla. Il n'écoute plus.

-Je crois que je vais aller par-là. Vous me laissez y aller?

Là-bas, c'est autre chose qu'une visite guidée sur Camille Claudel. C'est l'exposition. C'est là qu'on vous laisse tout le temps nécessaire pour regarder, détailler, aimer. On ne vous demande pas de suivre le groupe. Arsène bifurque dans la salle à côté. [...] Et c'est l'explosion de couleurs ! Il en prend plein les yeux avec les peintures insolentes. L'art d'aujourd'hui a quelque chose d'un peu différent. Les artistes s'efforcent de briser les codes imposés par le passé. On essaye de devenir un peu fou. Et parfois, ça fonctionne bien.

-...Ah !

Quelque chose de particulièrement abstrait l'appelle au fond de la pièce. Accroché sur le mur comme le veut la tradition, c'est en fait un tableau qui change de visage selon votre place. Si vous vous mettez loin, comme une dizaine de mètres, le tableau n'est qu'un amalgame de teintes pastels et de furieux coups de pinceaux. Mais quand vous vous rapprochez, vous vous voyez vous-même. Arsène eut cette impression. Une impression de rencontrer un esprit confus sur de la toile. C'est simple: il veut toucher. En parler avec quelqu'un. Peut-être même celui qui a sorti ça de ses entrailles. Pouvoir lui dire que son esprit est magnifique.

Et là, c'est le drame.

"Interdiction de toucher !"

Et pourquoi? Regardez ! C'est rempli d’empattements, de valeurs qui s'échappent de la surface et qui semblent onduler pour qu'on les caresse. Pourquoi on ne peut pas toucher avec autre chose que les yeux? Et il ne peut pas mettre son nez plus proche que ça. Arsène regarde un peu à droite, et à gauche. Il est seul. Seul avec une pancarte qui hurle à un public invisible de ne pas toucher. Et qu'est-ce qu'on va lui faire? Mais ce n'est pas grave, puisque Arsène va faire quelque chose qui n'a rien à voir avec tout ça. Il tâte ses poches, desquelles émergent un crayon de papier et un morceau de feuille arraché d'une revue sans importance. Il veut absolument traduire ce qu'il a sous les yeux sur une matière qu'il pourra rapporter chez lui. Alors il dresse un portrait personnel de la toile devant, y ajoutant des mots qui ne veulent rien dire ensemble, des annotations parfois idiotes et insensées. Des choses que seul son auteur pourrait comprendre. C'est aussi un moyen pour lui d'imprimer dans sa tête. Parce qu'il oublie vite. Et ça, juste là, il ne veut pas l'oublier. Peut-être qu'à cause de ça, il ne s'est pas rendu compte qu'on regardait au dessus de son épaule.
(c) AMIANTE
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MessageSujet: Re: Venez donc chez moi   Venez donc chez moi EmptySam 16 Avr - 23:13


   
Elisène  Venez donc chez moi 2814607392
venez donc chez moi
C'était horrible. Son exposition ne marchait pas. Si elle avait dix visiteurs dans la journée, elle s'en estimait heureuse. Il fallait qu'elle se rende à l'évidence. Ses peintures ne marchaient pas ici. Du moins, pas les peintures qui représentaient Paris. D'un côté, c'était logique. Si les gens voulaient voir des monuments parisiens, ils allaient à Paris, ils n'allaient pas s'enfermer dans une galerie accolée au musée des Beaux Arts. Il fallait qu'elle se remette au travail. Une fois l'exposition terminée, elle recommencerait à peindre. En s'inspirant du coin, ça serait sans doute plus intéressant, peut être… Mais elle était un peu perdue en ce moment, elle n'avait qu'une chose en tête : Eneko. Elle avait du mal à admettre que rien ne s'était passé entre eux quand il était venu à la galerie. Elle n'avait rien tenté, certes, mais bon… Il avait quand même fait de nombreux kilomètres pour elle, elle pensait que quand il la verrait, ce serait… Différent. Et ça lui prenait la tête. Il fallait aussi qu'elle commence à s'organiser un week-end pour aller voir son père sur Paris. Trop de choses, beaucoup trop. Et l'exposition qui ne marchait pas ne l'aidait vraiment pas…

Elle ne faisait même plus de réel effort. Avant, elle essayait chaque jour d'avoir une tenue appropriée pour présenter son travail à la galerie, mais plus les jours passaient, plus elle se disait qu'elle n'allait pas perdre son temps à être trop présentable pour une dizaine de passant… Ce jour là, elle s'était contentée d'une chemise à carreaux rentrée dans son pantalon, en laissant les quelques boutons du haut ouvert. Ses cheveux restaient naturels, détachés. Et elle s'était rendue à la galerie comme ça. Même pas de maquillage, elle en avait assez de perdre son temps. Et comme prévu, il n'y avait ni foule avant l'ouverture de la galerie, même après. Les seuls gens qui venaient, c'était les curieux qui venaient par curiosité voir ce qui se passait une fois la visite du musée adjacent terminée. Arrivé le milieu de la journée, elle en avait tellement marre qu'elle abandonnait sa galerie deux minutes pour aller dans la réserve. Il y avait là de vieilles toiles d'anciennes expositions. C'était toujours intéressant, et ça devait être des expositions plus locales, qui avait sans doute mieux marché que la sienne. Ca lui donnerait une idée de ce que les gens d'ici attendent d'une exposition.

Après quelques minutes, elle n'avait pas vraiment fait attention au temps, elle revenait dans la galerie. Comme à son habitude, elle déambulait parmi les tableaux. Et son regard s'était arrêté sur cet homme. Un visiteur, enfin. Le troisième seulement de la journée. Mais trois c'est toujours mieux que zéro. Elle s'était approchée, parce qu'elle aimait bien discuté avec les gens qui regardaient ce qu'elle faisait, avoir leurs ressentis. Mais il avait l'air concentré. Elle ne voulait pas le déranger, parce qu'elle savait qu'elle non plus n'aimait pas être dérangée quand elle regardait une œuvre d'art et qu'elle prenait des notes, comme lui le faisait à cet instant. Elle s'était contentée de se tenir derrière lui, jetant un coup d'oeil curieux sur ce qu'il écrivait. Elle n'arrivait pas à le lire, mais il avait apparemment beaucoup de choses à dire, et le fait qu'il est tant de choses à dire la poussait finalement à engager la conversation. Elle se plaçait à côté de lui face à la toile. « Vous trouvez vraiment tant de choses à dire sur cette toile ? » dit-elle naturellement. Elle aimait ce tableau, mais c'était une de ses premières œuvres, et il n'y avait pas tant que ça de choses à dire dessus, selon elle. Pour autant, elle ne se présentait pas comme l'artiste, voulant avoir une opinion non biaisée de cet homme sur son tableau. « Pardon, je ne voulais pas vous déranger mais… » Elle s'était tournée vers lui pour s'excuser, et avait été arrêtée par son regard. Ses yeux, son visage, si familier. Elle ne savait pas, mais ça avait été assez pour la couper. « Je… Excusez-moi, j'ai juste eu une impression de… déjà-vu. » C'était étrange, et pas très agréable. Et maintenant elle réfléchissait à d'où est-ce qu'elle pouvait l'avoir vu. « Je… Je disais donc je suis désolée de vous déranger, mais vous semblez avoir beaucoup de choses à dire sur cette peinture. » Elle s'arrêtait. Son regard lui donnait vraiment une sensation de retour dans le passé, c'était étrange. « Qu'est-ce qu'il vous inspire, ce tableau ? »


(c) Mayiie
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MessageSujet: Re: Venez donc chez moi   Venez donc chez moi EmptyDim 17 Avr - 2:04

Venez-donc chez moi
Un écho. C'était ça, non? Arsène sentit une perturbation proche mais ne leva le nez que bien plus tard. À peu près à ce niveau-là:

"Pardon, je ne voulais pas vous déranger mais…"

C'est encore une voix féminine. Mais pas la même. Là, les cheveux sont détachés -- c'est clairement une personne différente. Sans prêter trop attention à la chose, il poursuit les coups de crayon, les pensées sauvages qui s'écrasent sur le papier. Mais la voix persiste. Elle dit qu'elle a "une impression de déjà-vu". Arsène interrompt son poignet et son écriture d'enfant. Ça lui parle. Il aime les impressions, on n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Il n'est de toute évidence que peu réceptif face aux souvenirs qu'il peut éveiller chez la voix. Ce n'est qu'une voix. Et c'est la voix féminine qui parle ! Elle a l'air, vous savez, gênée. Quelque chose la travaille, lui fait tordre le ton qu'elle emploie. Elle insiste sur le regard de Monsieur, comme si elle revoyait pour la première fois un dessin animé de son enfance dont elle avait oublié le nom. Elle cherche quelque chose? Elle lui demande ce qu'il pense du tableau. Arsène a la réponse sur son morceau de papier. Mais ça ne s'explique pas à quelqu'un, ça... Ce ne sont que des tâches aux yeux d'un inconnu. Est-ce que cette femme était quelqu'un de connu?

-C'est... Je ne sais pas. Je le dessine, parce que je ne peux pas y mettre de mots. C'est peut-être raté.

Arsène a quitté des yeux la femme petit à petit au fil de sa réponse. Une réponse qui ne répond à rien. Il a détourné le regard instinctivement. Elle... on dirait qu'elle le fouille. C'est troublant. Il ne peut pas dire s'il aime ça ou pas. Sans doute les deux. Pendant ce temps le reste de ses mots doit se trouver dans le décor. C'est peut-être perdu. Ou plus proche qu'on ne le pense. Il ne sait pas encore qui est la personne qui se trouve à côté de lui. Et s'il ne voulait pas savoir? Arsène se réveille tout doucement. Il rassemble ses pensées pour trouver les mots justes. Il va probablement dire des choses qui n'auront de sens que pour lui, encore une fois.

Un court silence, avant de reprendre.

-Ça me plait quand la peinture ne représente rien. Elle peut devenir touchante, un bon moyen de reconnaissance. Je voudrais la garder près de moi... (Il a regardé la pancarte) Quelle tristesse.

Quelque chose de mélancolique est arrivé. Arsène cache un peu plus le crayon et le morceau de papier. Si on voit ça... on ne lui fera rien, mais il se sent dérangé d'avoir été surpris en train de dessiner. C'est un dessin un peu ridicule, qui dévoile encore moins de choses que l'original. Un gribouillis d'enfant avec des choses vaines marquées tout autour. Mais ça lui fait plaisir, personne n'y peut rien. Il regrette seulement de ne pas avoir pu terminer. Oui...! Ce sentiment, c'est exactement le même que lorsqu'un invité entre dans la chambre sans avoir frappé. On cache les preuves accablantes, mais on reviendra tôt ou tard achever ce que l'on a commencé. Un peu comme un voleur.

-...Dites. Vous pensez que je peux toucher?
(c) AMIANTE
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MessageSujet: Re: Venez donc chez moi   Venez donc chez moi EmptyDim 17 Avr - 8:49


   
Elisène  Venez donc chez moi 2814607392
venez donc chez moi
Elle n'aimait pas se sentir de trop, s'imposer aux gens. Ce n'était pas son genre, et pourtant là, pour X raison, elle s'était sentie pousser des ailes et était allée parler à ce type. Elle avait d'ailleurs très vite ressenti qu'il aurait préféré qu'elle ne vienne pas, il en l'écoutait que d'une oreille moyennement attentive. Quelle idiote. Elle aurait sans doute mieux fait de rester dans son coin. Déjà qu'elle n'avait pas beaucoup de visiteurs, elle allait finir par faire fuir les plus courageux qui osaient s'aventurer dans sa galerie. Et puis, en croisant le regard de cet homme, elle avait eu une impression si étrange. Ce genre d'impression de déjà-vu, que l'on a quand on pense avoir déjà vécu une scène, mais là, ce n'était pas vraiment ça non plus. Elle se concentrait sur le visage de l'homme qui lui faisait face. Oui, elle l'avait déjà vu quelque part, elle en était persuadée. Mais où ? Elle avait beau cherché, elle ne voyait pas. Et de toute façon, il n'avait pas l'air très intéressé par ce qu'elle pouvait avoir à raconter. Mais même si elle avait ce sentiment détestable de déranger, elle restait quand même, intrigué par ce souvenir inexplicable, et lui demandait naturellement ce qu'il pensait du tableau, sans se présenter comme étant l'auteur de l’œuvre. « C'est... Je ne sais pas. Je le dessine, parce que je ne peux pas y mettre de mots. C'est peut-être raté. » Raté. Bon, pourquoi pas. Elise n'était pas du genre à se vexer. Et au fond, elle ne savait pas vraiment s'il parlait de son dessin ou de sa toile à elle. Sans doute de sa toile. « Il y a des tableaux comme ça, c'est vrai… » Mais peu importe. Elle s'en fichait. La seule chose à laquelle elle pensait, encore une fois, c'était à quel point cette voix lui était également familière. Elle était sûre d'elle, sûre que cet homme n'était pas un simple étranger. « Ça me plait quand la peinture ne représente rien. Elle peut devenir touchante, un bon moyen de reconnaissance. Je voudrais la garder près de moi… Quelle tristesse. » Il lui restait encore quelques temps d'exposition, et elle ne s'était pas encore décidée à vendre ses tableaux ou non, sans doute plus tard. Mais elle hochait la tête, pour aller avec les dires de l'homme qui lui parlait. Elle appréciait son choix de mots, sa façon de s'exprimer. Il devait être intelligent et cultivé, et c'était toujours plus intéressant de discuter avec ce genre de personnes. « Je crois que ça peut être à double tranchant. Quand certaines personnes trouveront cela touchant, et s'identifieront à la liberté d'interprétation, d'autres vont être déranger justement par le manque de symbolique direct de certaines toiles, les tenant à distance du sujet. » Elle adorait parler peinture. Mieux que ça, elle adorait parler et débattre de sa peinture. Ca ne lui arrivait pas souvent ces jours-ci, alors oui, elle avait envie de profiter de ce moment là. Mais dans un coin de sa tête, elle continuait de se poser les bonnes questions pour savoir d'où pouvait bien venir cet homme. « ...Dites. Vous pensez que je peux toucher? » Il la sortait de ses pensées deux secondes. Toucher ? Ah ! Le tableau ! « Oh oui bien sûr. L'interdiction est surtout là pour les enfants et les gens qui veulent dégrader les œuvres, mais vous n'avez pas l'air d'en faire partie. » dit-elle en s'asseyant sur le banc qui faisait face à la toile. Pas très professionnel de s'asseoir au milieu de sa propre exposition, mais bon. Et elle continuait de se retourner le cerveau pour trouver une réponse à ses questions. Quand soudain… « Vous étiez un client au Café des Songes à Paris. » Elle le voyait maintenant. Elle était très jeune à l'époque, mais elle se souvient qu'elle le regardait comme cet homme beau et mystérieux, si discret, alors qu'elle travaillait au compte de sa tante. Mais elle ne s'était pas rendue compte qu'elle l'avait dit tout fort. « Pardon, je cherchais juste d'où venait cette impression de déjà vu, et je pense que c'est ça. Je travaillais derrière le comptoir pour aider ma tante, et vous, vous étiez un client régulier. » Il allait sans doute la prendre pour une folle, d'autant plus si elle se trompait. Mais pour le coup, elle était sûre d'elle. Elle revoyait très nettement maintenant son visage, et entendait sa voix. Elle ne doutait pas.


(c) Mayiie
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MessageSujet: Re: Venez donc chez moi   Venez donc chez moi EmptyDim 17 Avr - 11:05

Venez-donc chez moi
-Je crois que ça peut être à double tranchant. Quand certaines personnes trouveront cela touchant, et s'identifieront à la liberté d'interprétation, d'autres vont être déranger justement par le manque de symbolique direct de certaines toiles, les tenant à distance du sujet.

Oui... On n'arrive pas à satisfaire tout le monde, jamais. Quand ça plait à quelqu'un, ça en révulsera un autre. Éternel conflit, les croisades de points de vue différents. Arsène ne croit pas que la peinture abstraite puisse intéresser suffisamment les humains du genre matérialistes, trop occupés à chercher l'or. On aime les choses qui nous ressemblent, ça nous éveille naturellement de la sympathie. Des coups de pinceaux lancés dans le vide n'attraperont pas l'intérêt d'une personne qui aime voir le figuratif plus que tout. Peut-être...

-Dans la peinture abstraite, on peut tout trouver. Trouver ce qu'on cherche. Quelque chose de net, de brut te force la main. Si tu choisis de représenter une femme au bord d'un lac, je ne peux pas dire qu'il s'agit d'un homme jouant du violon. Quelque chose comme ça. Ce genre d'art ne te laisse pas le choix.

Sensible à l'irréel et au fantasque. Le chaos le fascine. "Pardon, je divague." se lit dans son expression désolée. Quand Arsène parle, il illustre ses paroles qui défilent dans le bleu de ses yeux si l'on y prête attention. Il s'emporte, comme il peut emporter les autres. Sa gestuelle devient mobile, elle dirige le fil de ses mots. Inconsciemment. Arsène est même passé au "tu" tant son exemple lui paraissait proche. Comme elle. Il pourrait avoir l'air extraverti. Mais il suffit d'un rien pour faire retourner Monsieur dans ses rêves. Et comment on le récupère? Parfois avec un peu de temps. Parfois sans rien faire.

Et parfois comme ça:

-Oh oui bien sûr. L'interdiction est surtout là pour les enfants et les gens qui veulent dégrader les œuvres, mais vous n'avez pas l'air d'en faire partie.

Est-elle si visuelle que ça? Ce doit être sa sagacité qui convainc tout le monde. Non. C'est un pressentiment. Encore une chose indescriptible. Ce n'est pas grave, Arsène comprend. Il ne dit plus rien ensuite, laissant sa dextre titillée de curiosité s'emparer doucement de la surface brillante. "Peinture à l'huile. Un peu d'acrylique." C'est puissant comme mélange. Joli mariage qui dégage des parfums envoutants.

-Vous étiez un client au Café des Songes à Paris.

Arsène la regarde soudainement. Le tableau sort définitivement de sa tête. Et pour quelques minutes. De quoi elle parle? Elle parle d'un café... dans un endroit assez loin... qui s'appelle Paris... Arsène grave ça dans sa mémoire, attendant de voir si un souvenir parvient à coller avec. Difficile. Il faut se rappeler. Un café des songes où il a pu rêvasser pendant des jours et des mois. Paris.

-C'est une belle ville. J'aimerai y retourner, un jour. Je serai peut-être encore ce client. C'est drôle, vous me connaissez? Je vais me rappeler.

Mais c'était il y a bien longtemps. Et quoi... quelques années, cinq, ou dix? Plus? Il n'a pas compté. Alors Arsène s'est approché de la femme, un peu. Voir si son visage lui rappelait quelque chose ou quelqu'un. Il s'assit avec elle. Et puis il saisit enfin. C'était ça qu'elle cherchait dans ses yeux tantôt. Elle cherchait un visage connu.

-C'était à la table du fond. Celle près de la fenêtre. Parfois on oubliait que j'étais là. Mais vous avez l'air de vous souvenir. Racontez-moi. Qu'avez-vous vu?
(c) AMIANTE
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MessageSujet: Re: Venez donc chez moi   Venez donc chez moi EmptyDim 17 Avr - 18:29


   
Elisène  Venez donc chez moi 2814607392
venez donc chez moi
Elle appréciait cette discussion autour de son œuvre, de sa peinture. Elle avait perdu l'habitude, cette habitude. De parler ouvertement de ce qu'elle faisait à quelqu'un. De divaguer, de débattre librement sur un sujet qui lui était cher, sur un sujet qu'elle maîtrisait, puisqu'elle en était à l'origine. Et cet homme, il avait l'air de savoir de quoi est-ce qu'il parlait. « Dans la peinture abstraite, on peut tout trouver. Trouver ce qu'on cherche. Quelque chose de net, de brut te force la main. Si tu choisis de représenter une femme au bord d'un lac, je ne peux pas dire qu'il s'agit d'un homme jouant du violon. Quelque chose comme ça. Ce genre d'art ne te laisse pas le choix. » Elle était surprise. Il la tutoyait. Sans doute qu'il était tout simplement trop pris dans son discours. Elise n'était pas du genre à faire trop attention à ces tics de langage. Mais c'est vrai qu'elle, elle avait beaucoup de mal à tutoyer les gens. Elle avait du mal en réalité, à laisser des inconnus entrer dans son espace de vie. Elle avait du mal à rencontrer de nouvelles personnes, et même s'il la tutoyait, elle ne ferait pas cet effort. « Il est peut être plus… Directif, c'est vrai. Et pourtant, je préfère cet art plus réaliste. A réaliser du moins, pas toujours à regarder. » Elle insinuait simplement qu'elle était peintre. Mais au fond, elle sentait que ça n'aurait pas beaucoup d'importance pour lui. Il n'avait pas l'air curieux, il se contentait de parler peinture, et c'est exactement ce qu'elle appréciait finalement. Et finalement, ça lui revenait. Elle se souvenait de l'endroit où elle l'avait vu, de qui il était. Au fond, elle ne savait rien de lui, et c'était peut être prétentieux de sa part de lui sortir ça, comme ça. Et si elle se trompait ? Elle y avait pensé, mais trop tard, elle avait déjà asserti qu'il avait été ce client dans le café de sa tante. « C'est une belle ville. J'aimerai y retourner, un jour. Je serai peut-être encore ce client. C'est drôle, vous me connaissez? Je vais me rappeler. » Oui, Paris était une belle ville.  Sans doute aussi belle que Biarritz, mais très différente. « Je ne peux pas dire que je vous connais, ça serait vous induire en erreur. Je ne sais rien de vous. Mais je vous ai déjà vu. Plusieurs fois même. Sans jamais vous parler ceci dit. Juste de simples bonjours. » Et ça s'était arrêté là, leurs échanges. Elle aurait aimé avoir du courage et aller lui parler. Mais elle n'avait que seize ans à cette époque, et jamais elle n'aurait osé avancer vers un homme, surtout qu'il était plus âgé qu'elle à cette époque. Enfin, il l'était toujours aujourd'hui, finalement, mais elle était un âge où la différence d'âge importait peu maintenant. Et à sa grande surprise, il s'approchait d'elle, et s'asseyait à ses côtés. Elle se décalait un peu pour lui faire de la place. « C'était à la table du fond. Celle près de la fenêtre. Parfois on oubliait que j'étais là. Mais vous avez l'air de vous souvenir. Racontez-moi. Qu'avez-vous vu? » Elle ne l'oubliait pas, elle. Souvent il avait été le dernier client à partir, mais elle le voyait, n'oubliait pas. « Ce que j'ai vu ? » Elise ne savait pas parler de ce qu'elle voyait, c'est pour ça qu'elle peignait. Elle ne maniait pas les mots comme elle maniait ses pinceaux. Mais elle pouvait essayer… « Un homme, grand, brun, très mystérieux et par dessus tout discret. Un homme qui ne semblait pas s'occuper des autres, qui était assis dans le fond de ce café, qui ne dérangeait personne. Un homme qui semblait concentré sur différentes choses, des écrits je crois, je ne suis pas sûre. » C'était l'impression qu'il lui avait donné, à cette époque. Et finalement, c'était l'impression qu'il continuait de donner aujourd'hui. Cette discrétion, ce secret…  Cette simplicité finalement, qui plaisait à Elise. Un sourire vint s'afficher sur son visage à une certaine pensée. « Et je me souviens aussi d'avoir été une enfant qui jalousait les femmes qui venaient vous parler parce que je n'avais pas ce courage, mais je n'avais que seize ans, une adolescente, donc c'est relativement compréhensible je crois. » Elle riait doucement. Ca semblait ridicule, étant donné qu'elle ne le connaissait pas à l'époque, qu'elle ne le connaissait pas non plus à cet instant précis finalement. A seize ans, Elise vivait de contes de fées, et elle se souvenait que la première fois qu'elle avait vu cet homme, elle avait vu en lui un prince charmant. Mais c'était si loin maintenant. « Je m'appelle Elise, au fait. »


(c) Mayiie
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MessageSujet: Re: Venez donc chez moi   Venez donc chez moi EmptyDim 17 Avr - 23:58

Venez-donc chez moi
-Il est peut être plus… Directif, c'est vrai. Et pourtant, je préfère cet art plus réaliste. A réaliser du moins, pas toujours à regarder.

Réaliste. Arsène déteste. Et c'est ce qu'elle préfère. Personne n'y peut rien. Mais il ne répondra pas. Au risque de paraître déplacé... voire exécrable. Arsène sait qu'il peut l'être quand il s'agit de défendre ses idéaux.

-Je ne peux pas dire que je vous connais, ça serait vous induire en erreur. Je ne sais rien de vous. Mais je vous ai déjà vu. Plusieurs fois même. Sans jamais vous parler ceci dit. Juste de simples bonjours.

De simples bonjours. Arsène n'aurait jamais pu retenir quelqu'un qui n'aurait fait que lui dire bonjour. Même des mois à la suite. Enfin... c'est... comment on dit... On sait, mais ça ne nous marque pas. Il aurait déjà fallut qu'il regarde. Vraiment. Pas juste avec deux yeux. Pour l'instant ça ne lui dit rien. Mais ça pourrait venir, très vite. Il faut continuer à alimenter la flammèche.

-Un homme, grand, brun, très mystérieux et par dessus tout discret. Un homme qui ne semblait pas s'occuper des autres, qui était assis dans le fond de ce café, qui ne dérangeait personne. Un homme qui semblait concentré sur différentes choses, des écrits je crois, je ne suis pas sûre.

C'était comme si elle décrivait quelqu'un d'autre que lui. Arsène écoute, cette fois-ci. Il fait attention. Il aime quand les gens décrivent quelque chose, surtout un souvenir. C'est tellement vague qu'on fait de notre mieux pour l'illustrer avec des mots. Les mots. Sans doute la chose la moins parlante. C'est un bon point de vue. À aucun moment Arsène n'a regardé sa voisine pendant que cette dernière parlait. Il profitait de ses mots qui, secrètement, avaient quelque chose de délicieux à son goût.

-Et je me souviens aussi d'avoir été une enfant qui jalousait les femmes qui venaient vous parler parce que je n'avais pas ce courage, mais je n'avais que seize ans, une adolescente, donc c'est relativement compréhensible je crois.

Et là, ça lui donne envie de sourire. Un sourire charmé et timide. Un vrai comme on ne peut pas en retenir. Et ce n'est pas à cause de ces femmes appartenant au passé qu'il sourit. Arsène sourit parce qu'il y a dix ans et pendant des mois, une gamine l'a observé assit à la table du fond en train de chercher ses mots à la fenêtre d'un café parisien, sans jamais avoir osé lui dire plus que de simples bonjours.

...C'était comme une scène incroyable. Et si banale ! mais qu'il adorait visualiser là, à l'instant, avec sa narratrice à côté de lui. Arsène ne montra pas le moindre signe de souvenance, mais rien ne le touchait plus qu'un amour muet. Pour en avoir vécu, lui aussi.

-Je m'appelle Elise, au fait.

Le mot file comme un vent de Janvier. C'est ce que ça dit. Elise. Un peu l'expression qu'on prononce spontanément pour rattraper quelqu'un. Il demeure néanmoins interdit. Est-ce qu'elle voudrait entendre son prénom? Les humains aiment les retours.

-Arsène. C'est... comme ça qu'on m'appelle. Parfois je réponds. Et vous? Après dix ans d'existence vous n'avez jamais oublié cet homme. Quelle drôle d'impression ça doit vous faire. Vous êtes peut-être déçue.

À partir de là, la moindre mauvaise parole le fera déguerpir. C'est décisif, imprévisible. C'est Arsène.
(c) AMIANTE
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MessageSujet: Re: Venez donc chez moi   Venez donc chez moi EmptyLun 18 Avr - 21:26


   
Elisène  Venez donc chez moi 2814607392
venez donc chez moi
Cet homme était si calme, si silencieux. Il ne répondait rien, ou pas grand choses à ce qu'Elise disait. Pas qu'il y avait quoi que ce soit à répondre, pas du tout, mais il contrastait avec la bavarde Elise. Elle n'était pas du genre à ne pas répondre. Elle parlait beaucoup, souvent, surtout quand elle se trouvait avec des personnes qui l'intéressaient. Ce qui, en soit, et totalement normal. Et oui, cet homme l'intéressait, ou l'intriguait plutôt. Elle avait ce souvenir d'un homme plus jeune, mais identique au fond. Et elle se mettait, sur sa demande, à lui raconter ce dont elle se souvenait. Autant dire pas grand-chose… Mais elle essayait de faire au mieux. Elle n'était pas amoureuse d'un inconnu, non loin de là. Elle se souvenait juste avoir ressenti une attirance forte envers cet homme mystérieux. Comme une jeune fille qui fantasmait sur un acteur de cinéma. Oui, voilà ce qu'elle avait pensé de lui la première fois qu'elle l'avait vu. Elle avait eu l'impression d'un fantasme irréel. Une image qui allait, elle le pensait, s'estomper. Mais qui était restée figée, qui était même revenu plusieurs jours, sans pour autant ne jamais la remarquer. Voilà ce dont elle se souvenait. Elle avait bien grandi maintenant, sa vision avait changé. Mais en réalité, elle le trouvait toujours attirant. Et elle remarquait qu'elle le faisait rire, ou au moins sourire, ce qui jouait forcément en sa faveur. Elle se présentait. Un peu venu de nulle part, comme un cheveu sur la soupe. « Arsène. C'est... comme ça qu'on m'appelle. Parfois je réponds. Et vous? Après dix ans d'existence vous n'avez jamais oublié cet homme. Quelle drôle d'impression ça doit vous faire. Vous êtes peut-être déçue. » Elle souriait. Elle aimait son prénom. C'était un beau prénom. Et elle aimait la façon dont il avait de se présenter de manière très humble, comme ça. « Déçue ? » Pourquoi le serait-elle. Elle ne le connaissait pas encore suffisamment pour pouvoir dire qu'elle était déçue ou pas, mais elle appréciait pour le moment leur échange. « Non, je ne suis pas déçue. Je suis surprise, plutôt. De vous trouvez ici. Le hasard fait parfois bien les choses… » Mais encore une fois, elle ne croyait pas au hasard, au destin, à toutes ces choses là. Oui, d'accord, peut être que cette fois-ci, ça avait bien fait les choses, mais bon… Ce n'était qu'une coïncidence. Un autre concept sur lequel Elise avait du mal à expliquer son point de vue. Elle avait du mal à le regarder dans les yeux, à capter son regard à lui. Mais au son de la porte, elle tournait son regard. Des curieux. Quelques uns, trois pour être précis. Sans doute ne devait-elle pas rester assise ici. « Je crois que je vais devoir vous laisser, le devoir m'appelle. » Et quel devoir… Si elle voulait, elle pourrait sans doute rester assise ici, elle n'avait pas un visage connu, donc personne ne savait au premier coup d'oeil qu'elle était l'artiste qui exposait. Elle se levait. « C'était très sympa d'échanger avec vous. » dit-elle avec un sourire, en s'en allant. Après quelques pas, elle se retournait. « Aurais-je l'occasion et la chance de vous revoir ? » Elle avait osé, finalement. Elle trouvait cela trop bête de se contenter d'un simple échange très court, trop court.


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