(eneko) it’s dark inside

« Je te hais Eneko… je te déteste du plus profond de mon cœur… tu étais au courant de toute cette putain d’histoire et tu m’as jamais rien dit !  » Tu déboules dans le bureau de ton parrain sans l’en avoir prévenu. Tu te fous royalement de l’air médusé qu’avaient pris les dindes qui étaient sagement alignés devant la photocopieuse. Tu te moques de l’air de débile que prend Gaël – le très bon ami de ton parrain – qui était en réunion avec celui-ci. Puis quoi alors, tu balances cette foutue lettre sur le bureau bien ranger de l’homme, qui était jusqu’à présent celui que tu considérais comme l’homme de ta vie. Enfin, pas amoureusement parlant. Eneko a toujours été le seul homme sur lequel tu as pu compter. Seulement, aujourd’hui, tu apprends qu’il t’a toujours mentis. Là, tout ton mode s’achève. Rien n’est plus. Tu ne sais plus ce qui est réel et ce qui est mensonge. Tu ne sais plus si ce que tu as vécu, ce qu’il t’a dit était réellement vrai. Vous voulez une explication la voilà !

La matinée s’était déroulée de manière assez banale. Tu avais fait ton petit jogging comme tous les matins. Une fois de retour à l’appartement, tu sentais tes muscles encore en éveille. Tu avais balancé tes affaires sur le sol de la salle de bain et tu t’étais avancée sous une eau glaciale. Tu aimais ce contact gelé sur ta peau encore chauffé par l’effort d’une heure de course. Ce matin-là, tu avais décidé de reste un peu plus longtemps que prévu. Alors que l’eau commençait à devenir chaude, le bruit de la sonnette se fit entendre dans ton habitat. Tu avais la flemme d’aller voir. La personne n’aura qu’à revenir plus tard. Seulement, la personne insiste vraiment. Tu t’embarre d’une serviette, que tu enroules sur ton corps nue. Tu te diriges alors vers la porte. Tu ouvres la porte furieusement à la personne qui vient de te sortir de ta douche. Tu détailles le livreur, qui te regard avec un regard pervers et qui te demandes «  Mademoiselle Carricaburu ? » tu hoches la tête «  J’ai une lettre recommandée pour vous d’un certain Peio Carricaburu. Veuillez signer ici. » Tu attrapes le stylo qu’il te tend et tu signes. Tu es très surprise de cette envoie. Ton père t’envoie une lettre en recommandé, c’est quoi ce bordel. Tu l’as eu au téléphone la veille et il ne t’a rien dit. De plus ton anniversaire est passé et tu n’attends aucuns cadeaux de sa part. « Votre tenue est très charment, je peux ent… » Tu ne lui laisse pas le temps de fini que tu lui balances la porte au nez. Très peu pour toi. Tu ne laisses pas entrer un inconnu chez toi pour faire des trucs pas très catholiques par la suite. Tu restes là interdite. Tu ouvres la lettre avec cette sensation étrange à l’estomac. Une mauvais nouvelle. Une très mauvaise nouvelle t’attend dans cette enveloppe. Tu déplies la feuille écrire recto-verso. Tu mets un long moment à comprendre ce qu’elle signifie.

« Bonjour ma chérie… » Tu entends la voix de ton père. Tu hésites un instant. « Ne m’appelle pas ma chérie, alors que je ne suis même pas ta fille… » Tu entends un bruit de toux. « Oihana de quoi tu parles ? » Il est vraiment con, il t’envoie une lettre et il ne sait absolument pas de quoi tu parles. C’est le comble. « De quoi, je parles. De la lettre que tu m’envoie, en me disant que je ne suis pas ta fille biologique et encore moins celle de maman… » Tu attends une réponse de sa part. Puis un brin de conversation à peine audible se fait alors entendre à l’autre bout du fil. Tu tombes sur le cul. « Emilie, c’est toi qui a envoyé LA lettre à ma fille ? » « Oui, chéri. Je pensais qu’elle était en droit de savoir qui elle était réellement. C’est légitime pour elle de savoir » là, tu raccroches. Emilie ! Qui est cette putain d’Emilie. A en juger par le ton doux et sulfureux qu’elle emploie, elle doit être très proche de ton père. Ton père a une petit amie est tu n’es même pas au courant. Bravo ! Puis ton portable vibre, tu regardes le texto que ton père vient de t’envoyer « n’en veux surtout pas à Eneko, je lui ai dit de garder le silence. S’il m’arrivait un ennui, il devait t’avertir. » Eneko ! Non, pas Eneko ! Non Eneko ne doit pas savoir ! Eneko sait ! Alors que toi non ! Tu es le seul dindon de la face. Tu t’habille rapidement. Tu ne rends pas ta voiture, tu tiens trop à ta vie et quand tu es en colère, tu ne te maîtrise pas.

Te voilà dans le quartier Milady, l’endroit où ton parrain à son cabinet d’architecture. Durant tout le long du trajet, tu as ses mots en tête. « Tu n’es pas notre fille. Il y a eu un échange à la maternité. Une stagiaire totalement perdue. Vous étiez identiques. Ils nous ont pris notre fille. Nous avons pris leur bébé. Leur petite fille est morte de la même maladie que Yon. J’ai compris ça quand ton don de moelle a été refusé. Ça aurait dû fonctionner, vu que tu devais avoir le même ADN que ton frère. Seulement, cette maladie est héréditaire. Ta mère avait cette maladie également. Notre bébé aussi. »  La lettre est longue, mais c'est le seule passage que tu te rappel.
« Je te hais Eneko… je te déteste du plus profond de mon cœur… tu étais au courant de toute cette putain d’histoire et tu m’as jamais rien dit ! »

« Si on part là-dessus, il faudrait détruire ce mur pour… » Coupé. Eneko relève la tête au son de la voix d’Oihana, sa nièce, qui déboule dans son bureau. Gaël l’observe lui aussi, interroge son ami du regard, en se demandant s’il sait ce qu’il se passe, mais il l’ignore totalement. Il ne comprend rien. La veille, tout se passait bien, sa filleule et lui échangeaient normalement. Il se rappelle même l’avoir prise dans ses bras, lorsqu’elle était en besoin, alors quelque chose lui échappe. Une lettre atterrit sur son bureau, glisse près de ses mains. Il la prend, sans l’ouvrir, effleurant le timbre de son pouce, le recommandé de l’autre. « Plait-il ? » De quelle histoire parle-t-elle ? « Qu’est-ce qui te prend de venir m’incendier au bureau ? » La réponse est dans cette lettre, mais avant d’y jeter un œil, il pose son attention sur Gaël qui n’ose pas faire un seul geste, ni prononcer un seul mot. Eneko pose une main sur son épaule et d’un simple regard, son ami comprend qu’il doit s’absenter. Il se lève, prend les plans. « Je vais travailler dessus, je t’en parle après. » Eneko acquiesce d’un signe de tête, puis s’approche de la porte qu’il referme une fois que Gaël a disparu. « De quoi est-ce que tu parles ? » Il ouvre l’enveloppe, tombe sur cette lettre. Il lit en diagonal, pour comprendre rapidement, puis tombe sur un passage qui explique ce qui s’est passé lorsqu’elle était plus jeune. Ce secret que son père lui a confié. Ce secret qu’il n’avait pas le droit de révéler. « Ton père ne t’a pas envoyé ça. » Il n’arrive pas à y croire. C’est impossible qu’il lui ait envoyé une chose pareille. Quand bien même ce ne serait pas le cas, Oihana semble être au courant de toute l’affaire. « Que voulais-tu que je te dise ? Ce n’était pas à moi de te l’annoncer. Ce n’était pas mon rôle, Oihana. Je suis ton parrain, certes, mais je ne suis pas ton père. Il m’en a parlé, ce n’est certainement pas pour que je le trahisse. » Eneko sent que ça ne lui suffira pas, qu’elle est vraiment en colère contre lui, qu’elle s’attendait à ce qu’il lui dise tout, mais il était piégé. « Je n’avais pas à te le confier. Que tu m’en veuilles maintenant, parce que j’étais au courant de cette histoire, c’est une chose. Mais avec du recul, tu comprendras ma position. Je ne pouvais pas faire autrement. Je n’avais pas à prendre cette décision à la place de ton père. » Comment se fait-il qu’il lui ait écrit ? Il ne comprend pas. Eneko pense sérieusement à l’appeler pour savoir ce qui s’est passé, pourquoi il ne l’a préparé à ça, parce qu’il aurait aimé être au courant. « Maintenant que tu as passé ton coup de gueule, peut-être que l’on pourrait discuter plus calmement, non ? » demande-t-il, sèchement, parce qu’il n’a pas aimé la manière dont elle est arrivée, ni qu’elle lui crie qu’elle le hait de tout son cœur.

Il sait, Eneko, il comprend qu’elle souffre, que c’est une nouvelle douloureuse. Il lâche un soupir lorsqu’elle parle d’Emilie. Oui, ça aussi il est au courant, mais ce n’était pas non plus à lui d’en parler. Ce ne sont pas ses histoires. Si son père ne lui en a pas parlé, c’est parce qu’il ne se sentait pas prêt à le faire. Et là, lorsqu’il la voit pleurer, Eneko fait un pas vers elle, laisse tomber la lettre sur la table, puis pose ses deux mains sur ses épaules, qu’il glisse sur ses bras. « Oihana… Je suis désolé que tu l’apprennes d’une façon aussi minable. Et je comprends que ça te fasse mal. » Il ne peut pas lui jeter la pierre d’être touchée. A sa place, n’importe qui l’aurait mal pris. Ce n’est pas comme si c’était une petite nouvelle… C’est une annonce qui bouscule tout dans sa vie, qui remet en doute ce qu’elle est entièrement. « Ca ne change strictement rien pour ton père. Il t’a toujours considéré comme étant sa petite princesse et s’il ne t’en a pas parlé, c’est parce qu’il ne savait pas comment t’en parler. Il craignait que tu lui tournes le dos. Il craignait que ça t’écorche. Sa position était tout aussi délicate et son souhait n’était en aucun cas de te blesser. » Il relève son visage en posant son index sous son menton, en essayant d’être le plus diplomate possible. Il essaie de recoller les pots cassés, de faire en sorte qu’elle ne tienne pas rigueur à son père de lui avoir menti, mais il n’est pas dans sa tête et probablement qu’elle aura besoin de temps pour tout assimiler. « L’amie de ton père… J’ai été mis au courant par hasard. Je ne l’ai encore jamais rencontré. Je t’en aurais parlé, si j’avais pensé que c’était mon rôle de te prévenir, mais la vie de ton père n’est pas la mienne. C’était à lui de décider, je n’avais pas le droit de le faire à sa place. » Il espère qu’elle comprendra, qu’elle ne lui en voudra pas indéfiniment. Il l’aime sa filleule. Elle compte énormément pour lui. C’est l’une des personnes les plus importantes dans son petit cœur. « Rien ne change à mes yeux. Aux tiens, peut-être bien, mais aux miens, tu as exactement la même place qu’hier et tu l’auras toujours demain. » Il n’aime tellement pas la voir pleurer de la sorte, la voir aussi mal. S’il avait le pouvoir de faire quelque chose, il le ferait sans hésiter, pour alléger son cœur, pour qu’elle ne ressente plus une douleur intense qu’elle doit ressentir en se disant qu’elle n’est pas de la famille, que ses parents ne sont pas les siens.

En plein drama ? Le mot est peut-être faible pour définir ce qu’elle est en train de vivre, les épreuves qu’elle passe. C’est dingue. Ce n’est vraiment pas le moment, et pour personne. Il note la mauvaise nouvelle de son projet dans un coin de sa tête pour y revenir plus tard. Le plus important, c’est ce qu’elle a découvert là, qui remet en question une tonne de choses dans sa tête, son rôle aussi. Eneko était son cousin auparavant et il se sent toujours comme tel, parce que peu importe qu’elle ne soit pas la fille de son oncle, il considère que c’est lui qui l’a élevé et qu’il a exactement le même statut qu’un père, contrairement à ses parents "adoptifs" qui n’ont pas été là pour elle, qui ont seulement le statut « parents » par les liens du sang, mais il comprend que ce soit le bazar dans sa tête, qu’elle souhaite peut-être les connaître. Il n’ira jamais à l’encontre de ses choix, comme il n’a pas été à l’encontre de ceux de Maona lorsqu’elle a commencé à faire ses recherches. C’est l’histoire d’Oihana, il ne peut que la soutenir dans ses démarches. « Rien ne change. Pour moi, pour ton père. A nos yeux, tu es toujours notre petite princesse. Tu es ma filleule. Tu es ma cousine. » Il ne s’arrêtera pas de le croire, il souhaite aussi la rassurer. Il sera toujours là pour elle, à n’importe quel moment. « Tu fais toujours partie de la famille. Et tu vas avoir une petite cousine ou un petit cousin à t’occuper, bientôt. » Comment « doucement » annoncer qu’il va bientôt être père. C’est la première personne à qui il en parle. D’ailleurs, il n’est toujours sûr de rien, mais il aimerait croire que ce bébé est le sien, alors il l’annonce, pour la mettre dans la confidence, pour lui prouver qu’elle a une place importante dans sa vie, une place spéciale. « Ecoute… » souffle-t-il, en glissant sa main sur son bras. « C’est ton père. Il t’a élevé. Il n’a peut-être pas fait les bons choix à tes yeux, mais il a constamment essayé de bien faire. Il pense à toi, tout le temps, à ton bien être. Il m’appelle chaque semaine pour savoir si tout se passe bien. On passe au moins une heure au téléphone, à chaque fois et la conversation est principalement orientée sur toi. Il sera toujours là pour toi. » Son ton est posé, calme. Eneko sait ce qu’il avance. « Quant à cette femme… Je suis convaincu qu’il allait te le dire. Il ne devait pas savoir comment s’y prendre. Ton père peut être très maladroit, parfois. » Mais il est loin d'être mauvais. C'est l'un des rares hommes qu'il respecte.

« Je sais, j’arrive à comprendre tout ça, mais je t’explique aussi ce qui se passe dans la tête de ton père. » Eneko est entre deux, il ne sait pas très bien comment réagir. Il n’est pas plus dans un camp que dans l’autre. Il les aime tous les deux, très fort, alors il prend le rôle de celui qui est entre eux deux, celui qui tente d’apaiser les tensions. Les laisser se déchirer lui semble inconcevable. « Tu sais… Ce n’est pas le genre de ton père. » Ce bout de papier, cette manière minable de lui apprendre qu’elle n’est pas son sang. Ils ont longuement discuté à ce propos et Eneko le connait. S’il avait eu quelque chose à lui annoncer, il se serait déplacé sur Biarritz, ou aurait attendu qu’elle se déplace sur Paris pour lui en toucher deux mots, alors c’est vrai qu’il ne comprend pas très bien. Cette lettre calligraphiée n’a pas été écrite de sa main, de toute façon, il le sait. Ce n’est pas son écriture. C’est un architecte, un passionné de dessin, du coup de crayon et celui-ci n’est pas celui de son oncle. « Je comprends que tu sois en colère, que tu puisses en vouloir à tant de personnes. Je comprends. » Il est soulagé qu’elle n’en veuille pas à son frère. Il n’est fautif de rien, lui non plus. La maladie a décidé de séjourner dans son corps, il n’y pouvait rien. « Il t’a toi. C’est vraiment moche, cet échange accidentel, mais… Tu es là. » Les choses se sont passées comme ça. Si l’autre enfant est mort, comme elle le lui indique, il n’imagine même pas la peine des parents. Oihana percute sur la nouvelle qu’il vient d’apprendre. Eneko affiche un sourire, très léger, puis s’appuie sur la grande table en croisant les bras. « Oui, les papiers sont signés. Je suis en plein dedans. Normalement, ça devrait être réglé officiellement la semaine prochaine. J’ai reçu la convocation. » Il n’a donc pas changé d’avis sur Anna et sa filleule met le doigt sur la femme qui est enceinte de lui. « C’est elle. Ce n’était pas prévu, mais… Je m’y fais, à cette nouvelle. Ca me plairait, d’être papa. » Il se mord sa lèvre inférieure, hésitant. « Elle s’appelle Maona. » dit-il, tout d’abord. Peut-être la connait-elle ? Ca ne l’étonnerait pas. Mao est la fille adoptive de sa mère, elles ont très bien pu se croiser. Et puis, il se lance : « Ca fait près de deux mois, bientôt. Je l’ai su il y a quelques semaines et je t’en aurais bien parlé avant, mais… La vérité, c’est que j’ignore si je suis le père. » C’est la première fois qu’il en parle à quelqu’un. La première fois qu’il lâche cette bombe. Jusque-là, il a toujours souhaité préserver son couple, garder cette histoire qui les regarde pour lui, mais ça lui fait du bien de se confier à ce sujet. Eneko ne veut pas qu’Oihana ait une mauvaise d’image de celle qu’il fréquente. Il ressent juste le besoin de ne plus garder ça pour soi.

Spoiler:

« Il faudrait que tu lui demandes. Je doute qu’un notaire puisse l’avoir envoyé prématurément. » Ce n’est pas professionnel, mais en plus, ils peuvent avoir des problèmes pour cette faute. D’autant plus qu’il n’y a aucune entête qui justifie cette solution. Là, c’est du papier blanc. Ce n’est donc pas probable. Il acquiesce lorsqu’elle prononce de nouveau le prénom de Maona et ça ne l’étonne pas que ça lui parle un peu. « C’est la fille adoptive de ma mère, ta tante. » Peut-être ont-elles eu l’occasion de se voir, de se parler même. Elles pourraient bien s’entendre, se lier davantage s’ils les présentaient l’une à l’autre, mais pour le moment, il préfère s’abstenir. Ce n’est pas vraiment le moment pour la présenter officiellement. Il le fera sans doute, d’autant plus qu’il s’est maintenant lancé. Le secret n’en est plus vraiment un. Il aurait cependant préféré que Maona ne rencontre pas son beau-père avant les autres, il aurait même aimé qu’elle ne le rencontre jamais. « Oh, si. » L’exclusivité, il l’avait. Eneko grimace, ne sachant pas trop comment expliquer ce qui s’est passé ces dernières semaines tant c’est compliqué. Il s’est passé tant de choses qu’il se doit de résumer le plus clairement possible. « Maona ne savait pas qu’elle avait été adopté. Quand j’ai lu dans son dossier que sa mère était la même que la mienne… Que je le lui ai appris… Ca a été tellement brutal. » Il se mord les lèvres, se souvenant de la fois où c’est sorti. Il n’a pas été tendre. Il s’est emporté. « Enfin… Pour résumer, Maona a sombré dans l’alcool peu après. Elle était mal dans sa peau, elle… Ca n’a pas été évident de faire face à une situation pareille, de croire qu’elle avait des sentiments pour son frère. Chose qui n’est pas le cas ! » Ils l’ont appris des semaines après. Eneko ne sait pas si c’est très clair, mais il continue : « Elle s’est retrouvée dans les bras de son ex. Mao se sentait mal, elle avait besoin de se sentir… plus propre. » En parler est difficile, lui resserre le cœur. Il essaie de lui donner de bonnes excuses pour qu’aux yeux de sa filleule, elle ne soit fautive de rien. Il sent une boule se former au creux de sa gorge. « Enfin, voilà. On ne sait pas qui est le père. » Si ça se trouve, ce n’est pas le sien. Et dans ce cas, il est un peu perdu, ne sait pas ce qui se passera par la suite. Eneko n’en sait rien du tout. « Ne la juge pas, s’il te plaît. » Eneko ne souhaite pas qu’elle lui lance la pierre, la situation qu’ils ont vécu était vraiment délicate.

La fille adoptive de ta tante. Tu es un peu sous le choc, alors il est sorti avec sa sœur adoptive sans le savoir. Tu ne veux pas le juger, tu ne peux pas lui jeter la pierre. Il n’a plus revu sa mère pendant des années. Enfin toi, tu n’avais plus rendu visite à ta tante après la mort de ta maman. La sœur de la mère d’Eneko. Pendant quatre ans, tu avais connu ta tante et après plus de nouvelle. Comme si elle avait disparu de la surface de l’univers. «Je ne peux pas la juger Eneko. » Tu lui souris tendrement. Non effectivement tu ne peux pas la juger. C’est pour ça que tu lui as demandé de t’expliquer l’histoire. D’apprendre que tu n’es pas un enfant biologique alors que tu as toujours aimé les membres de ta famille s’est une sensation étrange. Puis tu penses qu’elle a dû se sentir mal d’avoir fréquenté son frère. «Je ne que la comprendre. » Tu t’installes sur le fauteuil qu’il y a en face du bureau du brun.   «Je suis dans le même état d’esprit que Maona. J’apprends du jour au lendemain, que je ne suis pas réellement de la famille qui m’a vu grandir. J’ai préfère venir te voir comme une harpie, que prendre la bouteille.  » Tu ne te serais jamais mise à boire, parce que déjà tu ne supportes pas très bien l’alcool. Il te suffit de cinq verres pour que tu sois légèrement saoul. Tu bois de temps en temps du vin blanc ou des mojitos mais ça ne va pas plus loin. Non, toi, c’est soit tu te défoule dans le sport ou tu vas voir ton parrain en étant vénère. Il n’a pas gagné au change le pauvre Eneko. Il faudrait que tu sois un peu plus agréable avec lui. La prochaine fois, tu demanderas à Bastien d’aller taper dans ses fichus sac de frappe. « J’espères sincèrement et de tout mon cœur que tu sois le père » Oui c’est tous ce que tu peux lui souhaiter. Qu’il soit le père du petit qu’il doit déjà aimer, vu le regard tendre qu’il a en te parlant de ça. Tu veux sincèrement qu’il s’agisse de son bébé, tu ne veux pas qu’il soit d’un autre. Tu espères pour ce petit ou cette petite qu’il n’apprendra pas dans quelques années qu’en fait Eneko ne soit pas son père biologique. Tu sais ce que ça fait. Maona doit être dans le même cas que tous. Vous avez été dévastés toute les deux, tu ne veux pas que ça arrive à un petit être qui n’a rien demander à personne « Tu seras un aussi bon père, qu’un aussi bon parrain. »  

Eneko sait qu’elle peut la comprendre, elle vit la même chose en apprenant qu’elle est adoptée, mais ce n’est pas le problème. Qu’elle soit adoptée, qu’elle l’apprenne avant, ça aurait justement facilité les choses entre eux. Ils étaient convaincus d’être du même sang, d’être demi-frère et sœur. Eneko ne s’attarde pas plus longtemps sur le sujet, parce qu’elle n’a pas besoin de savoir à quel point il ne va pas bien. Il se contente de relever le regard vers sa filleule lorsqu’elle lui dit espérer qu’il soit le père et acquiesce d’un signe de tête. Lorsque les doutes seront levés, il ira déjà un peu mieux, peut-être. « Merci. » Lui n’est pas aussi sûr de ça, mais il l’espère de tout cœur. Il ne refera pas les mêmes erreurs que ses parents, c’est certain. Il sera présent, parce qu’il a besoin d’être un papa disponible pour ses rejetons. Eneko ne souhaite pas se lever un matin en se disant qu’il a tout fait de travers, s’en apercevoir lorsqu’il est bien trop tard. L’homme souffle un coup, puis se reprend en arborant un sourire qu’il force un peu, histoire de dire qu’il va bien. « Et toi, pense à ce que je t’ai dit. Ton père n’a pas agit contre toi, il a fait ce qu’il pensait bon de faire sur le moment. Ce qu’il s’est passé, c’est vraiment malheureux… Mais il n’est pas le fautif. » Eneko prend sa défense, encore, parce que c’est important pour lui. Il ne veut pas qu’elle pense qu’il est d’un côté ou d’un autre, il comprend très bien que ça puisse la rendre malade d’apprendre une pareille nouvelle par lettre qui plus est, mais il ne peut pas laisser tomber son oncle qui n’a jamais eu de mauvaises intentions. Eneko est là, pour eux deux. « Tu comptes faire des recherches sur ta famille, les contacter ? » Dans sa situation, ce serait normal. A sa place, il imagine qu’il aurait envie de savoir, lui aussi, comme il a eu envie de connaître les enfants nés par le don de sperme de son père. C’est humain. Et si Oihana souhaite faire des démarches pour aller dans ce sens, alors il ne pourra qu’être là à ses côtés, l’épauler, tout en s’assurant qu’elle n’oublie pas sa famille qui l’a élevée et qui, pour lui, reste la vraie. Ils ont tout donné pour Oihana. Le sang ne fait pas tout.

Une fois de plus tu écoutes ton parrain. Il te dit une fois de plus que ton père n’a pas mal agit. Quand tu es arrivée en furie ici, tu en voulais au monde entier. Particulièrement à ton père et à Eneko. Tous deux savaient ce qui s’était passé vingt-ans plutôt et ils n’avaient pas jugé t’en informer. Après avoir écouté ton parrain et t’être calmé un peu, tu avais compris qu’il n’était pas le fautif dans la situation. Il avait même fait des recherches sur ta famille. Il y avait une carte de visite que tu avais gardée dans ta poche, tu ne l’avais pas balancé à Eneko. Tu l’avais gardé précieusement pour toi. Ton père était vraiment trop bon, il avait fait des recherches pour toi. Il s’était rendu à l’hôpital, dans les registres pour voir quel autre enfant était né en même temps que toi. Il y avait eu seize petits garçons et deux filles. L’échographie qu’avait faite son épouse avait révélé qu’il attendait une petite fille. Donc tu étais l’une d’elle.   « Je sais Neko, je sais qu’il n’est pas le fautif. Il a fait ça pour mon bien, pour que je ne sois pas dans cette situation hystérie. » tu l’observes, il te demande si tu vas faire des recherches sur ta famille biologique. Oui, ça te rends curieuse de savoir qui ils sont. S’ils t’ont cherches. S’ils aimeraient de découvrir. Seulement ça te fais peur, tu as vécu pendant vingt ans chez ici avec ta famille adoptive. Tu as peur d’être décu, tu as peur de préféré la nouvelle famille à celle-ci. Tu observes Eneko, avant de lui tendre la carte que tu as dans ta poche. Tu ne sais plus quoi faire. « Papa » oui, Peio c’est quand même ton papa. « papa a déjà fait pas mal de recherche pour moi. J’ai cette carte de visite. »

Spoiler:

Eneko ne lui en veut pas, il n’a aucune raison pour ça. Il comprend sa colère, qu’elle soit venue jusqu’ici pour l’incendier, il comprend qu’elle se soit emportée, qu’elle ait été au bord de la furie, mais il est surtout ravi qu’elle se soit calmée et qu’ils puissent discuter normalement, d’autant plus content qu’elle comprenne aussi la réaction de son père. Il craignait qu’elle ne le considère plus comme son père, qu’elle se perde. C’est ce qui arrive lorsqu’on ne connait rien de ses origines, mais Oihana, elle a fait son bout de chemin, elle sait ce qu’elle aime, ce qu’elle déteste. Elle a sa personnalité, il lui manque plus qu’une identité entière. Peut-être bien qu’elle ne s’attardera pas plus longtemps chez cette nouvelle famille, qu’elle n’ira pas plus loin que quelques mots échangés, ou qu’elle restera sur le pas de la porte à dévisager le bois de cette dernière, peu importe, Eneko la soutiendra dans ses futurs choix. Eneko se penche vers la carte de visite, puis la dévisage. « Et alors, tu vas les contacter ? Personne ne t’empêche de le faire, tu peux, si tu le veux. Ton père comprend, si c’est lui qui a fait ces recherches, alors il comprend. » Il a dû se faire à l’idée, même si maintenant que c’est au goût du jour, il doit se sentir terriblement mal. Dès qu’Oihana l’aura quitté, ou dans la soirée, Eneko le contactera pour prendre de ses nouvelles, pour savoir comment il se sent. Il ne peut pas le laisser comme ça, même s’il sait qu’il est en bonne compagnie. « Tu sais, il y a des milliers de raisons pour les appeler. Tu peux feindre une interview, ce sont des gens qui sont plutôt connus. » Il ne voit pas très bien leurs visages, ne visualise pas, mais le nom lui parle. C’est une riche famille.

Les contacter, tu y as sincèrement penser durant  ton trajet jusqu’ici, seulement pour leur dire quoi. S’ils ne sont pas au courant de l’échange, qu’ils n’ont jamais fait de recherche sur la cause de la mort de leur enfant. Tu vas rentrer dans leurs vie comme un boulet de canon, en leur annonçant que tu es enfaite leurs fille. S’ils avaient cherchés, ils t’auraient peut-être contacté eux. Tu ne sais pas ce que tu dois faire. Y aller et leur dire qui tu es vraiment où rester ici et ne jamais savoir. Si tu pars est-ce que tu regretteras un jour ce que tu as vécu avec ta famille adoptive. Peut-être que l’ignorance est la meilleure chose qu’il puisse avoir. Seulement, tu es curieuse. « Non, je ne penses pas les contacter pour leur dire quoi. ‘ Salut, je suis votre fille biologique, celle qu’on a échangé à la naissance’. Non ce n’est pas la bonne solution. Non, je préfère les observer de loin et que je serais prêtes j’irais les rencontrer. » Ton père comprendra surement, mais ça lui fera certainement du mal, de voir la seule fille qu’il a élevé partir à la rencontre de sa vraie famille. Enfin toi, tu le prendrais mal. Quand tu voyais des films sur des enfants adopter qu’ils partent à la recherche de leurs parents biologiques, tu as toujours de la peine pour les parents adoptifs. Ces familles les ont élevés comme leurs propre enfants, ils leurs ont données tous leurs amours et ils partent du jour au lendemain, comme si de rien était.   « J’ai deux semaines de vacances, j’irais peut-être dans la région faire des recherches. J’irais peut-être les rencontrer sans dire qui je suis réellement » Oui c’est peut-être ce qu’il y a de mieux à faire.