(Ariane) Tu veux quoi ?

Vingt-trois heures douze. Avec impatience, je plante mes yeux dans la montre de ma collègue qui pose un plateau sur le comptoir. A son tour, elle jette un œil vers la porte lorsque celle-ci s’ouvre, mais ce n’est pas sur le couple qui bosse avec nous, mais sur une bande de potes. Ils devraient être là depuis douze minutes, il aurait dû prendre la relève sur notre service, mais pour la deuxième fois de la semaine, ils ont du retard. Ils se sont rencontrés par le biais de ce bar, se sont détestés et se sont tout de même mis ensemble. La passion entre eux était trop forte, la tension physique aussi et ça m’est complètement égal de ce qu’ils font à l’extérieur. S’ils ont envie de se sauter dessus, de s’envoyer des casseroles à la tronche, je m’en fous royal. Ce qui me gonfle, c’est qu’ils manquent à leurs obligations. Mon portable vibre dans ma poche et après avoir servi une bière à un client qui passe par là, je le sors, lis le message qui me fait doucement rire. Sérieusement ? « Du retard ? » que demande ma collègue, la tête penchée sur le côté, l’air aussi désespéré que moi. « Tu veux savoir pourquoi ? » Elle hoche la tête, attend et je fais glisser mon portable qui fonctionne à cartes vers elle. « J’en ai rien à foutre qu’ils baisent, franchement. C’est trop demandé d’être à l’heure ? » C’est la raison. Sérieusement. Ils ont un peu trop forcé, d’après ce qu’il dit, en se vantant dans le message d’avoir pris son pied. Ils prennent une douche et ils arrivent. Le connaissant, ça va encore durer des plombs. Je demande juste d’être un peu pro, de ne pas nous laisser dans la merde. L’heure qu’il ne va pas faire, il ne l’aura pas sur son salaire. Elle me revient. Et elle revient à Blondie qui fait le service de l’autre pouf aux talons aiguilles qui cassent de nombreux verres parce qu’elle ne sait pas marcher. Carla lâche un soupir, me rend mon portable. « Deux bières pour la dix, une despe pour la sept et un whisky pour la douze. » dit-elle, en partant vers la salle. Je suis crevé, j’ai passé ma journée ici, à prendre trop peu de pauses. J’aurais aimé au moins avoir le temps de grignoter un petit truc. Au lieu de quoi, je prépare ces foutues boissons en observant la table qui devait être la mienne, plus loin. Mes potes sont là, partent en discothèque dans peu de temps. Pas sûr que je puisse les rejoindre. Je pose les boissons sur le comptoir et m’avance vers la blondinette qui, après avoir observé autour d’elle, se rend vers le bar. « Je te sers quoi ? » Un peu ronchon sur les bords, j’admets ne pas lui poser la question de la manière la plus professionnelle qui soit, mais j’suis pas d’humeur. Ce n’est pas mon service, que je suis en train de faire, je joue le remplaçant d’un autre.

apparemment, il bosse ici, dans ce bar. c'est ce qu'elle t'a dit Louise. douce Loulou, comme tu aimes tant l'appeler. c'est ma community manager, elle sait tout sur tout concernant le rugby du coin, elle sait tout, c'est une précieuse encyclopédie, et c'est une amie, avant tout. tu recherches un coach, un entraîneur, quelqu'un qui s'y connait en rugby, plus précisément. pour ton équipe, votre équipe, parce que vous avez du mal à sortir la tête du lot, parce que ça ne suffit plus d'observer les autres équipes, d'observer l'équipe des garçons, non, parce que les techniques c'est compliquées, trop compliquées de les reproduire puis toi ... toi t'as pas envie d'être sur le côté du terrain pour voir si tout fonctionne correctement. surtout pas, toi tu veux jouer. tu veux jouer ta passion. c'est certainement comme ça que tu te retrouves aux portes du bar où il travaille. un certain Judd qu'elle t'a dit. tu ne le connais pas tant que ça, son nom te dit quelque chose vaguement. tu aurais peut-être du te renseigner avant de foncer tête baissée mais .. mais c'est ça ton truc, tu fonces, dans le tas, tu ne réfléchis, que très peu. c'est comme ça. alors tu pousses les portes, tu cherches des yeux le barman. tu restes scotchée quelques secondes. bordel, il est magnifique. tu secoues ta tête, t'es pas là pour ça, t'es pas là pour draguer Ariane, t'es là pour le convaincre de vous aider, de vous entraîner, t'es là parce que t'as besoin de lui. tu arrives rapidement au comptoir où tu t'installes. « Je te sers quoi ? » tu l'observes doucement, il est pas d'humour le petit loup. « un sourire ? » que tu commences, bon, tu commences certainement mal, alors tu affectionnes le tout d'un sublime sourire, ta marque de fabrique plus précisément. tu lui souris avant de poser tes mains sur le comptoir. « un coca s'il vous plaît. » que tu lui dis finalement. t'aimes pas passer par quatre chemins, ça te ressemble pas. « et une discussion si possible » tu bas des paupières, tu batifoles, le tout avec toujours ton sourire aux lèvres.

« C’est que t’en as de l’humour. » Elle a décidé de me faire chier, c’est la soirée. Ils se sont passé le mot, un truc comme ça. Y’a des soirs où tout est calme, où il n’y a pas un chat à l’horizon, où on me fout la paix et il y en a d’autres, comme ce soir, qui ne sont pas là pour me déplaire. Et son sourire adorable, ses beaux yeux ne me feront pas changer de comportement. Je sors une petite bouteille en verre de coca, la décapsule et la pose face à elle, avec le verre qui va avec ainsi que son sous-verre, les yeux plantés dans les siens. Une discussion, rien que ça ? « T’as l’air de penser que tu peux tout avoir parce que t'as une belle gueule. » Il tire un trait sur son front. « C’est écrit SOS amitié ici ? » Oh, faut pas croire, je suis sociable, je discute avec des gens, j’ai pas mal d’amis, d’entourage, je ne suis pas seul. Orphelin, mais bien entouré. Elle est tombée sur un mauvais jour, une mauvaise soirée et je ne suis certainement pas assez patient pour écouter ce qu’elle a à me dire, surtout si ça concerne ses problèmes. C’est ce qu’ils font les clients quand ils viennent au bar. Ils parlent, de tout, de rien, parfois ils draguent les barmans, ils me draguent moi. Les femmes, les hommes. Et parfois, ils me gonflent, tout simplement. J’attrape le chiffon, nettoie le comptoir, l’observant du coin de l’œil. Mon petit doigt me dit qu’elle ne partira pas avant d’avoir eu ce qu’elle souhaite. Vraiment, il n’y a pas moyen que l’heure là soit comptabilisée dans le salaire de mon collègue, parce qu’en plus de faire son boulot, je vais peut-être devoir jouer les psychologues selon ce qu’elle a à me confier. « Qu’est-ce que tu me veux ? » Parce que ça ne peut pas être pour moi, personnellement. Ca n’a jamais rien de personnel. Sauf quand on me demande de signer une serviette en papier, quand il y a des spectateurs de rugby, des fans, qui me reconnaissent.

« C’est que t’en as de l’humour. »tu lèves un sourcils, il est pas marrant. il est vraiment pas marrant. lui, il n'en a pas de l'humour. t'as pas envie d'un aigri non plus, parce que c'est ce qu'il ait, aigri le coco. mais tu ne perds pas ton sourire, tu ne perds pas ce sourire qui te qualifie si bien, parce que c'est toi, t'es naturelle et tu ne peux pas faire autrement. « T’as l’air de penser que tu peux tout avoir parce que t'as une belle gueule. C’est écrit SOS amitié ici ? » tu pouffes, doucement, tu lèves les yeux au ciel, et il finit par te servir ton coco. tu le regardes faire, jusqu'à ce qu'il le pose sur le sous-verre. « je sais, que j'ai une belle gueule. » tu hausses les épaules « je pourrais avoir une paille, s'il te plaît» tu bats des cils, une nouvelle fois, tu te laisses pas démonter, il t'en faut beaucoup plus pour te vexer, et t'as décidé que tu allais aller jusqu'au bout, que tu allais faire ce pourquoi tu es venue ici. le convaincre. c'est tout. il te donne ta paille, il souffle, râle même non ? essuies son comptoir pendant que tu touilles doucement ton liquide ambrée à l'aide de la paille, avant de poser tes lèvres dessus et siroter, sans le perdre des yeux. « Qu’est-ce que tu me veux ? » qu'il finit par demander, alors tu relèves les yeux, tu te redresses et tu l'observes avant de te racler la gorge.  « une amie m'a parlé de toi, c'est la community manager de l'équipe de rugby de biarritz. je veux que tu nous entraînes, l'équipe féminine de rugby. on cherche un coach, on a besoin de quelqu'un de doué, et paraît que tu peux endosser ce rôle. » tes yeux brillent simplement sans le perdre d'ailleurs, du regard. il te regarde bizarrement, t'as l'habitude de ce genre de regard. « oui, en effet ... il existe bien une équipe de rugby féminin .. c'est fou hein, mais oui, on est là, on est même plutôt douée, très douée ! » quand on te lance, on a du mal à t'arrêter, tu parles beaucoup. trop.

Alors si elle sait… ! « Ce n’était pas un compliment. » Je balaye la conversation d’un geste de la main. Non, ce n’était pas ça, plutôt un constat en fait. C’est vrai qu’elle a un beau visage, qu’elle a l’air bien fichu, mais ce n’est pas ce qui me rendra plus docile. Plus elle bat des cils, plus elle me sourit, plus elle me donne envie de lui demander d’aller voir ailleurs si j’y suis. Et c’est peut-être ce que je vais faire, finalement. A peine a-t-elle goûté son coca qu’elle aborde le sujet qui fâche. Le rugby. Mon sport. Celui que j’ai lâché. Est-ce qu’elle au courant ? Est-ce qu’elle s’est tenue au goût du jour avant de venir me voir et se risquer à me tenir tête ? Apparemment, non. Elle ne me connaît pas, mais elle va vite apprendre à me suivre. Et puis ce n’est pas la seule surprise. Un club féminin ? « Des rugby-girls, sérieusement ? » Je n’avais encore jamais entendu parler d’une équipe féminine, je ne m’y étais même pas intéressé. Le rugby n’est pas un sport de nanas et c’est peut-être pour ça que ça ne fait pas autant parler, pas comme ce sport pratiqué par les hommes. Par moi, auparavant. Qu’importe. « Regarde bien mes lèvres, elles vont bouger. » dis-je, en désignant ma bouche. « C’est non. Si tu ne sais pas ce que ça veut dire, va chercher la définition dans un dictionnaire. » Je ne joue plus, je ne regarde plus, je ne veux plus entendre parler de rugby. C’est terminé, du passé, je n’irai pas me torturer plus longtemps, surtout si c’est pour entraîner des nanas qui trouveront le moyen de se disputer sur le terrain pour un type, pour un ongle cassé, ou qui parleront chiffon au lieu de regarder ce qui se passe sur le terrain. « Maintenant, va voir ailleurs, tu commences à me déranger. » Je lui fais signe de s’éloigner avec ma main, quand mon collègue arrive soudainement. La porte s’ouvre et c’est un véritable soulagement que de le voir là, avec sa petite copine qui vient elle aussi pour travailler. « Alors Berroya, tu fais peur à la demoiselle ? » « Alors, Connard, t’as décidé de montrer ta tronche ? » Je lâche le chiffon. Il ne dit plus un mot. Il a vu que je n’étais pas ravi, pas d’humeur à faire de l’humour. Je fais le tour du comptoir, pose ma main sur la cliente. « Oublie-moi. Va te trouver quelqu’un d’autre. Je ne joue plus. » Est-ce assez compréhensible ?

« Des rugby-girls, sérieusement ? » tu croises les bras, tu le regardes. quoi ? oui, bien sûr, celles-là, qu'est-ce qui le dérange là-dedans au juste ? tu secoues ta tête, encore un connard qui pense que vous ne pouvez pas jouer au rugby c'est ça ? « Regarde bien mes lèvres, elles vont bouger. C’est non. Si tu ne sais pas ce que ça veut dire, va chercher la définition dans un dictionnaire. » tu lèves les yeux au ciel, mais tu ne bouges pas de ta place. t'aimes pas les non, t'aimes pas les entendre, tu les supportes pas et tu as du mal à les accepter. tu les acceptes pas d'ailleurs, tu peux pas, ça t'énerve tout de suite. pourtant, t'essaies de garder ton calmes. « Maintenant, va voir ailleurs, tu commences à me déranger. » tu te lèves, mais tu restes devant le bar. « toi, t'as qu'à aller voir ailleurs . » tu vrilles ton regard, il n'est pas obligé de te parler comme si tu n'étais que de la merde, ça t'énerve, oui, t'es énervée et t'as envie de lui prouver de quoi tu es capable. tu ne lâcheras pas le morceau aussi facilement c'est tout. un type vient à côté, parle de toi, t'y fais pas attention, il lui répond, rapidement. Berroya. merde, merde, merde, pourquoi elle t'avait pas dit Louise que c'était lui ? tu n'avais pas capté en entendant son prénom. Judd. c'était le joueur qui ne jouait plus. grave blessure. ce que tu redoutes le plus au monde. « Oublie-moi. Va te trouver quelqu’un d’autre. Je ne joue plus. » qu'il dit une fois qu'il a fait le tour et qu'il a posé ta main sur ton épaule. tu les lèves les yeux vers lui, tu arrêtes avec tes sourires cette fois tu le regardes juste. « j'vais pas t'oublier, déjà, parce que t'es un grand joueur, ensuite, parce que c'est toi que je veux et pas une autre et finalement ... finalement, je ne te demande pas de jouer, je te demandes de nous aider, nous, à jouer. » tu croises tes bras, tu l'observes, avec conviction, il va peut-être refuser, une fois encore, mais tu seras encore là. toujours là. « tu serais payé. » ah oui Ariane ? avec quel argent au juste ? vous n'avez pas un rond au club, mais tu le veux lui, maintenant, tu t'es mise en tête que c'était lui que tu voulais. alors tu trouveras l'argent.

Elle insiste. Elle continue, s’obstine, comme si ça allait changer quelque chose, comme si j’allais finir par craquer. Est-ce qu’elle m’a bien regardé ? J’ai tiré un trait sur ce sport. Je ne le joue plus, ce n’est pas pour voir jouer les autres, alors non, je ne vais pas les entraîner, ni perdre mon temps. Je m’avance vers la table, qui, par chance, est toujours prise par mes potes, fais un signe à la joueuse, quand j’entends sa dernière remarque qui m’agace, qui me stoppe. Je lève les yeux au ciel dans un soupir, puis me tourne vers elle. « Tu crois que tu peux acheter qui tu veux comme ça ? » Je m’approche de sa personne, pose une main sur le comptoir, la piégeant entre lui et moi. « Tout l’argent du monde ne changera rien à ma décision. Le rugby, c’est fini pour moi. Que ce soit en joueur, spectateur, coach, peu importe. C’est du passé. » Il n’y a plus rien. Il faut qu’elle se fasse une raison, mais elle a tellement l’air d’être buté… Je crains qu’elle revienne demain et dans deux jours, dans trois jours, jusqu’à obtenir une réponse positive. Ce club féminin semble lui tenir vraiment à cœur et je le comprends tout à fait. Ce sport, c’est la vie. Les yeux plantés dans les siens, sans tiquer, je reprends en articulant bien : « Ecoute. Je ne sais pas, tu dois certainement te dire que tu vas culpabiliser si tu ne vas pas jusqu’au bout de tes démarches, mais je vais t’aider. Puisque tu as besoin de moi. Je vais te dire quelque chose qui va t’aider à avancer : dis-toi que tu as fait tout ce que tu pouvais. Tu es venue me voir, tu m’as proposé et je t’ai dit non, deux fois, je te redis non une troisième fois. Je t’autorise même à dire à ton équipe que tu as passé une heure à débattre avec moi et que j’ai été assez con pour te balancer que j’en avais rien à foutre de ton équipe. » De ma main libre, je saisis son coca et le lui tends. « Maintenant tu vas passer ta soirée à te bourrer la gueule au coca et tu vas te trouver un autre gentil joueur, à qui tu sortiras l’argument qui le fera chavirer. Qu’il pourra mater toutes les nanas d’une équipe entière sur le terrain. » Ca fait rêver, tout de même. Pour un passionné de rugby, oh ça oui.

« Tu crois que tu peux acheter qui tu veux comme ça ?  Tout l’argent du monde ne changera rien à ma décision. Le rugby, c’est fini pour moi. Que ce soit en joueur, spectateur, coach, peu importe. C’est du passé. » tu ne dis rien, tu le laisses parler, parce qu'il est impressionnant quand même. pas qu'il t'impressionne, mais t'as pas non plus envie de le brusquer, sinon, tu n'obtiendras jamais un non.   « Ecoute. Je ne sais pas, tu dois certainement te dire que tu vas culpabiliser si tu ne vas pas jusqu’au bout de tes démarches, mais je vais t’aider. Puisque tu as besoin de moi. Je vais te dire quelque chose qui va t’aider à avancer : dis-toi que tu as fait tout ce que tu pouvais. Tu es venue me voir, tu m’as proposé et je t’ai dit non, deux fois, je te redis non une troisième fois. Je t’autorise même à dire à ton équipe que tu as passé une heure à débattre avec moi et que j’ai été assez con pour te balancer que j’en avais rien à foutre de ton équipe. Maintenant tu vas passer ta soirée à te bourrer la gueule au coca et tu vas te trouver un autre gentil joueur, à qui tu sortiras l’argument qui le fera chavirer. Qu’il pourra mater toutes les nanas d’une équipe entière sur le terrain. » tu secoues ta tête en prenant le verre, que tu reposes sur le comptoir. « génial » tu lèves ton pousse en l'air.  « j'veux pas d'un type qui vient que pour nous mater, j'veux un type qui de l'expérience, parce que c'est moi le coach et je n'ai aucune idée de comment m'y prendre. mais puisque tu sembles si buté, sache que je reviendrai, t'en parler, plusieurs fois, jusqu'à ce que tu viennes au moins nous voir jouer. une fois. juste une fois, et ensuite tu pourras prendre ta décision. » tu te recules, tu augmentes la distance entre vous. « je suis une vraie chieuse, je suis vraiment chiante et je sais qu'on ne peut pas tirer un trait définitivement sur quelque chose qui nous passionne, qui nous anime. ne te mens pas Judd. » tu marques une légère pause avant de reprendre. « maintenant je vais juste rentrer chez moi, parce que demain, j'ai entrainement. on se reverra, crois-moi. » tu lui souris, parce que t'es comme ça, tu ne te laisses jamais abattre, jamais.

Des types qui ont de l’expérience, il y en a plein dans le milieu. J’ai du mal à suivre… Pourquoi elle s’acharne sur moi la belette ? Elle pourrait obtenir l’aide d’un type qui voudrait vraiment entraîner une équipe, un ancien joueur qui a fini sa carrière, par exemple, bien que je doute qu’il prenne au sérieux une équipe de filles, mais… Non. Elle insiste auprès d’un type qui ne veut plus avoir affaire à ce sport. Et en plus, elle me demande de ne pas me mentir ? « Pour qui tu te prends ? » Est-ce qu’on est proche pour qu’elle se permette de me balancer une telle chose ? Est-ce que ça la regarde, d’abord ? Apparemment, elle a décidé qu’il en était ainsi. La demoiselle s’éloigne, elle s’en va, avec un sourire, comme si elle avait eu une réponse positive qui l’aurait rendu joyeuse. Je me tourne vers la table de mes amis qui se lèvent et enfile ma veste à mon tour. L’un de mes potes pose sa main sur mon épaule, l’air enthousiaste. Il me demande qui est cette fille avec qui je me prenais la tête et la seule réponse qui me vient à l’esprit, c’est chieuse professionnelle. Parce que je sens bien que ce n’est que le début, qu’elle va revenir pour me demander, qu’elle va insister en espérant que j’accepte de les entraîner, de mettre de nouveau un pied dans ce milieu où j’avais ma place auparavant. Je lâche un soupir, puis passe le pas de la porte. J’ai besoin de souffler, de ne plus penser à cette nouvelle rencontre qui ne me fait pas du bien.