(Maona) Ne sombre pas

C’est fou comme les choses peuvent changer en peu de temps. Il suffit d’une chose, d’un moment, qui peut avoir un impact sur la vie, qui la chamboule complètement. La perte de mémoire de Maona en a été un, bouleversement et Eneko profite de cette illusion qui lui rappelle le temps d’avant, qui lui fait du bien. Il profite des instants passés avec Mao, de son corps contre le sien, de son odeur, son regard qui se pose sur lui, de ses souvenirs en moins, ceux qui sont douloureux, ceux qu’il aimerait voir disparaître, ceux qui peuvent revenir d’un instant à l’autre et c’est ce à quoi il se retrouve confronté lorsqu’en revenant chez lui, après sa journée de travail, il retrouve l’appartement vide. Cet endroit dans lequel elle a passé son après-midi. Il fait le tour des pièces, se disant finalement qu’elle a peut-être souhaité voir quelques amis, s’apprête à lui envoyer un message pour lui demander si tout se passe bien, mais la théorie qu’il s’était imaginé s’écroule une fois qu’il s’approche d’un tiroir où dépasse du papier photo. Il tire sur celle-ci, tombe nez à nez avec lui, étant gamin. Lui et Solange. Ses doigts se crispent sur son téléphone portable, alors qu’il compose immédiatement son numéro, mais c’est avec sa messagerie qu’il s’entretient. Il raccroche avant même d’y laisser un message. La peur est là, oh ça oui. Il voulait, vraiment, lui annoncer la chose, mais il ne savait pas comment le faire et maintenant, il s’en mord les doigts. C’est exactement le même procédé, peut-être moins brutal pour lui, mais pour elle, c’est exactement la même chose. « Mao, assure-moi que tout va bien. » Premier message textuel. Il récupère finalement sa veste, sors du bâtiment et arpente les rues, les bars, parce qu’il craint que ce soit dans l’un de ceux-là qu’elle se trouve, sans savoir exactement où elle peut être. Personne au comptoir, ni même dans la salle à chaque bar qu’il fait. Il s’impatiente, contacte ses parents pour savoir s’ils ne l’ont pas vu, mais non. Ils ne sont au courant de rien. Et c’est alors qu’il commençait à perdre espoir qu’il pousse la porte d’un bar qui se trouve dans une ruelle étroite, un endroit qu’il a failli rater et il l’aurait amèrement regretté. Elle est là, au comptoir, face à un verre rempli. Eneko range son portable dans sa poche et s’approche de Maona, pose sa main sur la sienne, puis sur ce verre qu’il éloigne d’elle. Un verre de vodka, la tentation, le mal. « Je t’en prie, ne fais pas ça. Tu n’as pas envie de le faire. » Non, pas de s’enfoncer dans l’alcool, pas encore une fois, pas alors qu’elle se bat constamment pour ne pas replonger, même si elle n’est pas consciente de ça. « J’ai vu la photo, je l’ai vue, j’ai vu ce qui t’a mis dans cet état. » Il prend son visage entre ses mains. « Je voulais t’en parler, je comptais le faire. » Il ne sait pas quand, il ne sait pas comment, mais il en avait l’intention, vraiment.

qu'est-ce qu'il se passe au juste ? tu ne comprends plus grand chose, tu ne comprends plus rien. ça fait maintenant bien un quart d'heure que tu observes cette photo. c'est ta mère qui est là et qui sourit, c'est bien elle, ta maman ... mais à côté, il y a ce petit garçon, ce petit garçon qui est Eneko, tu le sais, ça se voit, c'est même écrit à l'arrière de la photo. mais alors, qu'est-ce qui les relis tous les deux au juste ? tu ne comprends pas vraiment ce qu'il est en train de se passer dans ta tête. ça te fait affreusement mal. oui, t'as mal au crâne parce que tu essaies de te souvenir. tu as oublié beaucoup trop de choses, et tu sais que tu le savais, tu sais que cette photo ne t'est pas totalement inconnue, sauf que rien ne vient non, rien ne te reviens, pourtant t'es presque sûre que tu le sais, quelque part là, dans ton crâne. tu laisses la photo tomber sans faire attention, tu la ramasses finalement tu la remets dans le tiroir, maladroitement et tu t'en vas. tu mets ton manteau et tu cours hors de l'appartement. tu finis dans un bar, trop familier, c'est bizarre, tu t'installes au comptoir. « une vodka s'il vous plaît. » elle arrive rapidement et le verre se retrouve là, devant toi, devant tes yeux, sauf que tu ne le touches pas non. tu restes là, les yeux rivés sur le verre et tu ne bouges pas d'un millimètres. tu dois rester ainsi pendant des minutes, de longues minutes jusqu'à ce que tu sens un contact sur ta main, tu relèves les yeux et tu le vois. Eneko. il lâche ta main, rapidement, et éloigne le verre de toi. « Je t’en prie, ne fais pas ça. Tu n’as pas envie de le faire. J’ai vu la photo, je l’ai vue, j’ai vu ce qui t’a mis dans cet état. » c'est donc pour ça qu'il est là. il t'a cherché, et il t'a trouvé ici, comme si c'était une habitude de venir ici ... c'est pas une habitude si ? il prend ton visage entre tes mains, délicatement, avec douceur. « Je voulais t’en parler, je comptais le faire. » tu sens une larme qui coule sur ta joue, qui s'en va doucement. « je.. je ne comprends pas ce qu'il se passe Eneko ... je .. je ne sais pas ce que je fais là. » tu lui avoues finalement. tu finis par te lever de ta chaise, tu te mets sur la pointe des pieds et tu écrases tes lèvres contre les siennes. tu l'embrasses, c'est tout ce que tu veux, tout ce que tu peux faire. tu l'embrasses comme si ta vie en dépendait. « fais moi sortir d'ici, s'il te plaît, emmène moi autre part. » tu lui demandes, rapidement. tu veux sortir, t'as besoin de sortir. « j'ai .. je n'ai pas bu, j'ai pas bu d'alcool, j'te jure. » tu ne sais pas pourquoi tu le dis, t'as comme le sentiment d'avoir besoin de te justifier.

Tout est embrouillé dans son esprit et ça lui fait de la peine de la voir comme ça, dans cet état, alors lorsqu’elle se lève, qu’elle presse ses lèvres contre les siennes, il enroule ses bras autour d’elle, la garde contre lui et lui rend son baiser avec la même intensité. Il ressent son désespoir, caresse son dos avec tendresse, pour la calmer, l’apaiser, sentant que c’est ce dont elle a besoin. De lui, des gestes affectueux qu’il peut lui apporter. « Oui, bien sûr, viens. » Il passe son bras autour de ses épaules et pousse la porte du bar. L’air frais caresse son visage, lui fait un bien fou. Il étouffe moins qu’à l’intérieur et maintenant qu’elle lui affirme ne pas avoir bu, il en est soulagé. « Je te crois. » dit-il, en lui faisant face. Il place quelques mèches de cheveux qui volent au vent derrière son oreille et dépose un baiser sur ses lèvres, très tendre. Est-ce qu’il doit lui dire toutes ces choses ? Qu’elle ne doit pas s’approcher de l’alcool ? Il n’a pourtant pas envie de lui remémorer ses souvenirs, qu’elle replonge dans un moment qui a été douloureux pour tous les deux, mais il faut bien qu’il l’aide un peu. « Est-ce que… Est-ce que tu as envie qu’on en parle ? » Il se mord la lèvre inférieure, hésitant. C’est dur, cette situation. Alors il se confie : « Je n’ai pas envie que tu te souviennes. Je n’en ai pas envie, parce que ce que nous avons vécu, c’est très beau et en même temps, ça a été extrêmement difficile. Il s’est passé tellement de choses ces derniers mois… » Des choses qu’il aimerait ne plus se rappeler, parfois. Il aimerait que ça n’ait pas existé. « Si tu ne t’en souviens pas, je me dis qu’il y a peut-être une raison à tout ça, que tu ne souhaites pas t’en rappeler, toi non plus. » Il n’en sait rien, il suppose simplement. Ce n’est pas un psychiatre. Les pseudos séances, de toute manière, il serait incapable d’en donner, surtout si c’est pour poser des questions comme il en a eu avec sa psychiatre. « Cela étant dit, il y a des choses importantes que tu dois savoir. » Des choses qui l’ont amené à fréquenter de plus près l’alcool, à se rapprocher de Nino et il ne sait pas comment aborder le sujet. Ce n’est pas à lui de le faire, mais à ses parents. Pourtant, il s’en charge : « Tu es une enfant adoptée. Tu le savais déjà, tes parents te l’ont appris. Ca a été très délicat, ils ne savaient pas comment te le dire, ils avaient peur de ta réaction, de te perdre. » qu’il commence à dire, sans perdre le contact, ni visuel, ni physique. Il n’en dit pas plus, parce qu’il sent qu’elle va avoir besoin d’accuser le coup. C’est déjà beaucoup et il n’est pas certain que l’annonce aurait dû se faire de cette manière.

Il te prend par la main, et il te fait sortir d'ici. l'air frai te fait un bien fou, il oxygène ton esprit, à la perfection. lorsque tu lui avoues que tu n'as pas vu, il semble soulagé, mieux, il te croit. pourquoi est-ce si important ? « Est-ce que… Est-ce que tu as envie qu’on en parle ?  » tu hoches la tête, positivement, tu as atrocement besoin de réponse. cependant, tu hausses les épaules en même temps, parce que t'es pas certaine. « Je n’ai pas envie que tu te souviennes. Je n’en ai pas envie, parce que ce que nous avons vécu, c’est très beau et en même temps, ça a été extrêmement difficile. Il s’est passé tellement de choses ces derniers mois…  Si tu ne t’en souviens pas, je me dis qu’il y a peut-être une raison à tout ça, que tu ne souhaites pas t’en rappeler, toi non plus. » tu prends ses paroles, tu bois ses paroles. tu sais, tu sens que tu as vécu des choses, c'est là, dans ton coeur, dans chaque parti qui te compose, c'est juste que tu ne sais pas quoi. « Cela étant dit, il y a des choses importantes que tu dois savoir.  Tu es une enfant adoptée. Tu le savais déjà, tes parents te l’ont appris. Ca a été très délicat, ils ne savaient pas comment te le dire, ils avaient peur de ta réaction, de te perdre. » il t'annonce en gardant le contact visuel et physique. tu presses ta main dans la sienne, et tu te mets en route, tu le traînes avec toi, t'as besoin de marcher, t'as besoin de bouger, d'avancer, de faire quelque chose, tu ne peux pas rester en place, vraiment pas. « adoptée » tu répètes doucement. ça te fait quelque chose, mais c'est pas si ... si fort; tu n'arrives pas à être en colère, déçue, désabusée, ou même triste, non, tu n'es pas tout ça. c'est comme si ça ne te concernait pas. c'est étrange. tu presses le pas pour le dépasser, tu t'arrêtes devant lui, tu lui fais face, tu t'avances, tu colles ton corps contre le sien. « et j'ai mal réagi c'est ça ? c'est pour ça, que tout le monde s'inquiète pour l'alcool ... j'ai des problèmes avec l'alcool ? » tu demandes doucement, t'as besoin d'une confirmation même si tu t'en doutes, à 200%, t'as juste besoin d'entendre ces mots là. « est-ce que je t'ai fais du mal ? ... je t'ai fais du mal, je sais que je t'en ai fais, je le sens quelque part mais ... je ne veux pas m'en souvenir, je ne veux pas. je veux simplement continuer à vivre ce qu'on a. c'est tellement précieux que je ne veux pas le perdre. je ne veux pas te perdre. » tu continues, doucement, dans tes mots. « je suis égoïste. » tu avoues finalement. « j'ai compris, la photo .. j'ai compris, mais .. j'ai toujours ... fin .. je ne ressemble ni à ma mère ni à mon père alors j'imagine que j'aurai du m'en douter plus tôt .. »

Il la suit, marche à ses côtés, en cherchant ses mots. Elle n’a pas encore tous les éléments qui lui permettent d’y voir clair dans ce qui s’est passé, mais maintenant qu’elle semble s’être faite à la nouvelle, si facilement d’ailleurs que ça le déstabilise, il peut bien continuer. Il acquiesce d’un signe de tête, confirmant le problème d’alcool. Il a d’ailleurs eu peur de la laisser dans son appartement avec son pack de bières, mais il a préféré lui faire confiance, éviter d’être aussi paranoïaque qu’il l’était il y a un mois de ça. Il s’arrête, pose ses mains sur sa taille lorsqu’elle lui fait face. « Très mal. Mais ce n’est pas pour ton adoption. Le savoir aurait évité des problèmes. » qu’il avoue et parfois, il en veut encore à Solange de ne pas avoir fait ce qu’il fallait, de les avoir détruit, tous les deux. Eneko sait qu’elle s’en veut, elle lui a déjà dit à quel point elle culpabilisait, mais il est rancunier, il ne pardonne pas facilement, parfois pas du tout et certaines personnes en ont payé les frais. « On se fréquentait lorsqu’on a appris que l’on avait la même mère. Tu n’étais pas encore au courant de ce détail qui aurait fait toute la différence. » Et elle lui pose une question qui tombe comme ça, une question à laquelle il a des réponses, mais il ne souhaite pas les donner et de toute façon, elle ne souhaite pas le savoir. Ca l’arrange. Son cœur rate un battement alors qu’elle lui confie ne pas vouloir le perdre. Si elle savait qu’ils se sont perdus tous les deux il y a un mois, qu’ils sont en train de se retrouver d’une manière bien étrange. « Je suis très égoïste, moi aussi. Je ne souhaite pas que tu t’en souviennes non plus. Ce serait… Ce serait comme si la réalité nous revenait en pleine figure et je ne sais pas comment je pourrais la gérer. » Il ne souhaite pas la perdre non plus, il est un peu perdu, mais il sait que ce qui se passe là, c’est inestimable, nécessaire pour son bonheur, à lui. C’est Maona. Il effleure son visage du bout des doigts, hausse les épaules. « Je ne sais pas. Nous n’avons jamais parlé de comment tu voyais les choses, avant de l’apprendre. Tu ne t’en doutais vraiment pas… Et c’est normal. L’on ne se pose pas vraiment ces questions. » Ce qui le surprend, c’est sa réaction actuelle, comme si elle ne prenait pas encore conscience de tout ce qu’il lui disait. « Tout va bien ? » Ca l’inquiète.

« Très mal. Mais ce n’est pas pour ton adoption. Le savoir aurait évité des problèmes. On se fréquentait lorsqu’on a appris que l’on avait la même mère. Tu n’étais pas encore au courant de ce détail qui aurait fait toute la différence. » tu hoches la tête doucement. t'as pas l'impression que c'est de toi qu'il parle, t'as pas l'impression qu'il te raconte ta vie non, pour toi, c'est la vie de quelqu'un d'autre, les agissements de quelqu'un d'autre. ça ne peut pas être toi. tu fais fais une fixation, tu t'y refuses, tu ne te reconnais tellement pas dans ses mots que tu n'arrives pas à t'en rendre compte. « Je suis très égoïste, moi aussi. Je ne souhaite pas que tu t’en souviennes non plus. Ce serait… Ce serait comme si la réalité nous revenait en pleine figure et je ne sais pas comment je pourrais la gérer. Je ne sais pas. Nous n’avons jamais parlé de comment tu voyais les choses, avant de l’apprendre. Tu ne t’en doutais vraiment pas… Et c’est normal. L’on ne se pose pas vraiment ces questions. » tu hoches la tête, une nouvelle fois, tu sais pas quoi lui répondre. tu as été adoptée, ta mère n'est pas ta mère non, mais ta mère est belle d'Eneko. c'est perturbant. « Tout va bien ? » qu'il finit par s'inquiéter, et toi, tu hausses les épaules, parce que tu n'en sais rien. « je sais pas. » tu es honnête. tu viens te blottir dans ses bras, simplement, tu viens te plaquer contre son torse, parce que c'est uniquement là que tu souhaites te retrouver, parce que c'est là que tu veux rester alors tu te colles contre son torse, sagement et tu respires son odeur qui te rassure. « je ne m'en rends pas compte, je réalise pas; j'ai envie de ... d'être énervée, d'être triste, j'ai envie d'en vouloir à la terre entière et en même temps je suis là .. .calme si calme. je ne me comprends pas et je n'ai même pas envie de me poser trop de questions, je n'ai même pas envie de me comprendre quelque part alors ... alors j'en sais rien si ça va. » tu lui réponds honnête, tu relèves ton visage vers le sien et tu le fixes. « peut-être que je m'en rendrai compte demain ... peut-être que je réaliserai, pour le moment, c'est comme si mon cerveau faisait un blocage. comme s'il ne vouait pas que je réagisse. »

« Je comprends. » qu’il dit, en la serrant dans ses bras avec tendresse. Il comprend que ça puisse être intense, que ça puisse la dépasser, qu’elle ne réalise pas tout ce qui lui arrive. C’est beaucoup trop en une seule soirée. Il cale son menton sur le dessus de sa tête. « Je voulais t’en parler depuis un moment maintenant, je ne savais pas comment te l’annoncer. Et quand j’ai vu cette photo… » souffle-t-il, dans un soupir, en se remémorant la peur qui s’était emparée de lui. Il avait appréhendé, vraiment, il était en panique. Il n’avait pas envie qu’elle repasse par l’alcool pour noyer sa peine. Il pourrait lui dire à présent pourquoi il lui a lâché cette bombe, mais il s’abstient. C’est à partir de là qu’ils se sont éloignés. C’est le cœur du problème et il n’a pas envie de s’y attarder, c’est trop douloureux d’y penser. « Tu as peur ? » l’interroge-t-il, en posant ses mains sur ses épaules. Il plante son regard dans le sien, cherche la réponse à sa question, puis presse ses lèvres contre les siennes, pour la rassurer, lui dire par ce geste si fort que tout se passera bien, qu’il est là. Il n’a pas envie de partir, pas encore. Ils se sont trop séparés tous les deux, ils se sont trop fait mal et il n’a pas envie que ça se reproduise encore une fois, mais tout ça, il ne l’exprime pas, il souhaite la préserver. « Je te propose qu’on n’y pense plus pour ce soir, on en reparlera demain, ou un autre jour, quand tu te sentiras d’en parler. » Il fait le tour de son visage avec ses doigts et en même temps que de vouloir l’apaiser, il se calme en même temps. « Et qu’on fasse autre chose. » Faire des choses qu’ils n’ont pas faites, encore, peut-être, fréquenter des lieux dans lesquels ils n’ont pas de lourds souvenirs. Il a compris qu’elle ne souhaitait pas se souvenir, elle non plus, sauf qu’ils ont un lourd passé, bien que ça n’ait duré que quelques mois, ça a été suffisamment fort pour que chaque rue de Biarritz puisse leur rappeler de belles choses.

« Je comprends. Je voulais t’en parler depuis un moment maintenant, je ne savais pas comment te l’annoncer. Et quand j’ai vu cette photo… » tu hoches la tête, tu ne lui en veux pas, vraiment pas, tu comprends, c'est quelque chose de gros, d'autant plus si ça t' fait tomber, chuter, tu ne peux que comprendre son choix que tu respectes. non, tu ne lui en veux pas, tu as juste du mal à t'en rendre compte encore. « c'est rien. » tu essaies de le rassurer, tant que tu le peux encore, tant que tu ne t'en rends pas encore compte. « Tu as peur ? » qu'il finit par te demander en posant ses mains sur tes épaules. il plante son regard dans le tien, et tu le regardes, intensément. « je n'en sais rien, c'est ... soudain, j'ai peut-être un peu peur oui. » peur de tout perdre, de le perdre, peur de retrouver la mémoire et de tout casser aussi. « Je te propose qu’on n’y pense plus pour ce soir, on en reparlera demain, ou un autre jour, quand tu te sentiras d’en parler. Et qu’on fasse autre chose. » tu hoches finalement la tête en souriant, tu le regardes, et tu souris une fois de plus. il a raison, entièrement raison, vous devez penser à autre chose pour ce soir, voir demain, demain, ça ira mieux, demain sera un autre jour, demain tu t'en rendras compte. « demain oui, on en parlera demain, peut-être que j'irai voir mes parents aussi, avant qu'on parle tous les deux. » tu souris doucement, ça pourrait être bien de parler avec tes parents de tout ça. « mais pensons à autre chose ce soir, j'ai besoin de profiter, j'ai envie de profiter de toi un peu, me changer les idées. » tu te mets sur la pointe des pieds et tu viens poser tes lèvres sur les siennes. « je t'ai déjà dis que tu étais beau ? » tu rougies, comme une lycéenne certainement, avant de secouer la tête. ne pas penser à ton adoption. tu peux comprendre pourquoi tu es tombée, si tu as pu penser pendant un instant que tu avais eu du désir pour ton frère. surtout si c'était un désir aussi fort, comme tu peux le sentir maintenant. tu prends sa main, tu entremêles tes doigts. « qu'est-ce que tu me proposes de faire ? je t'avoue que ... que je mangerai bien un petit quelque chose. » tu lui proposes. un restaurant, ça peut être bien non ?

Lui aussi, il a peur, pour beaucoup de choses. Pour l’alcool, pour ses souvenirs qui pourraient revenir en un claquement de doigts, pour leur séparation qui devrait être d’actualité, qui ne l’est plus vraiment. Peur que tout ce qui se passe dans sa tête, tout ce qui pourrait exploser, soit néfaste pour elle, pour sa santé aussi. Alors ça lui semble être une bonne solution de mettre le sujet de côté, le reporter au lendemain. Il faut qu’il en parle à Margaux, peut-être qu’il prévienne Mao que son amie, sœur, a des choses importantes à lui dire, mais ça attendra encore un peu. Pas trop. Il repense à cet homme à l’hôpital, cet homme qu’elle voudrait peut-être rencontrer et qui est alité. Eneko s’efforce de sourire et acquiesce d’un signe de tête, en passant un bras autour de ses épaules, marcher dans cette ruelle à la recherche d’une idée pour lui changer les idées, quand elle le complimente. Ca sort tellement spontanément qu’il en est surpris. Il en rit même. « Tu me l’as déjà dit, oui, mais tu peux me le redire autant que tu le souhaites. Peut-être qu’un jour, je ne passerai plus les portes. » dit-il, amusé, en caressant sa joue qu’il voit rougir avec l’aide des lampadaires qui éclairent son visage. « Très bien, c’est parfait, si tu as faim. Italien, asiatique, mexicain ? Viens avec moi. » qu’il finit par dire, en pressant ses doigts autour des siens. Il l’attire dans une ruelle qu’ils connaissent bien, tous les deux, pour y avoir été de nombreuses fois et c’est finalement chez l’indien qu’il pousse la porte. « A emporter, ça te va ? On passe à l’appartement rapidement pour prendre la voiture et on mange à l’extérieur. J’espère que tu n’es pas effrayée à l’idée de te baigner en pleine nuit. » Eneko dépose un baiser sur son épaule, avec un air malicieux sur le visage et l’attire jusqu’au comptoir où il récupère une carte qu’il lui tend. Il a du jus de fruits chez eux, il pourra très bien en prendre là-bas, parce qu’ici, si ce n’est une grosse carte des vins et de quelques alcools, ils n’ont absolument rien pour les satisfaire.

« Tu me l’as déjà dit, oui, mais tu peux me le redire autant que tu le souhaites. Peut-être qu’un jour, je ne passerai plus les portes. » tu souris, doucement, en l'entendant dire. « oh tu sais, si ça arrive, je t'aiderai à les passer, je te pousserai. » que tu lui réponds, sur un petit ton humoristique. tu veux oublier ce que tu as oublié. c'est étrange comme sensation, comme idée, mais c'est bien ça, c'est bien le cas, c'est bien ce qu'il se passe dans ta tête et ton esprit. « Très bien, c’est parfait, si tu as faim. Italien, asiatique, mexicain ? Viens avec moi. » oui, tu as faim, très faim, mais malheureusement, tu n'as pas seulement faim de nourriture, tu as faim de lui, et ... est-ce que c'est si mal que ça ? non, tu n'espères pas, parce que tu ne peux pas t'empêcher de penser à lui, et ses mains sur ton corps, de partout sur ton corps. tu pourrais en frissonner là dans al rue alors que tu le suis. « A emporter, ça te va ? On passe à l’appartement rapidement pour prendre la voiture et on mange à l’extérieur. J’espère que tu n’es pas effrayée à l’idée de te baigner en pleine nuit. » tu souris, légèrement aguicheuse sur les bords. « je te suis, et sache que rien ne me fait peur Eneko. » rapidement, vous commandez et vous rentrez à l'appartement. il récupère quelques affaires, tu ne vois pas quoi non, tu ne fais pas attention. puis vous montez dans la voiture, direction la plage apparemment vous allez manger là, sur la place. quand tu sors de la voiture, tu entremêles tes doigts aux siens, doucement et tu monte ton regard sur lui, tu lui souris, paisiblement. « tu crois que c'est grave si je me baigne avant de manger ? » tu lui demandes espiègle, c'est pas ta faute, t'as envie de te baigner, t'en as même besoin, c'est surtout ça, tu en as besoin pour te refroidir. ça te fera du bien, ça fera redescendre tes ardeurs, tes multiples envies quand tu le vois.