it isn't ok and i know it (oltie)

Ça fait plusieurs jours, quelque chose comme trois ou quatre, que tu viens chaque jour pour prendre des nouvelles de ta soeur à l'hôpital. Mais on ne te laisse pas passer. Tu ne sais pas vraiment pourquoi. Ils refusent car ils disent que c'est mauvais pour sa santé. Mais tu ne les crois pas. Toi, tu as plutôt l'impression que c'est Mattie qui leur a demandé de ne pas te laisser passer. Car elle ne veut pas t'avouer ce qu'il ne va pas, mais ce n'est que des suppositions. On ne se met pas simplement à tousser et cracher du sang en attrapant un simple rhume. En réalité, tu es au courant de tout. Car tu as tiré les vers du nez à Suliac. Il savait tout et il te l'a caché. Il t'a caché qu'il avait revu ta soeur ainsi que son cancer. Décidément, on ne peut faire confiance à personne. Tu ne peux faire confiance à personne. C'est ce que la vie essaye délibérément de t'apprendre. Mais peut importe. Tu veux voir ta soeur lui parler, l'engueuler peut-être un peu aussi parce qu'avec tout ça, tu es sûr les nerfs. Entre déception et inquiétude tu te sens plus que mal ces derniers jours.

Comparé aux autres jours, aujourd'hui tu ne t'es pas arrêté au secrétariat de l'hôpital. Tu es passé incognito comme si c'est normal. La capuche de ton sweat sur la tête et t'as foncé jusqu'à sa chambre. Entrant, sans même prendre le temps de frapper. Tu t'appuis contre la porte et la regarde sans rien dire. Parce que même si ça fait des jours que t'y réfléchis tu trouves rien à dire...

C’est un fait. Tu n’es jamais resté aussi longtemps à l’hôpital. Ordinairement, tu fais des pieds et des mains pour sortir le plus vite possible, après qu’ils t’aient cautérisé le nez. Mais c’est différent, cette fois ci. Et tu le sens. Ça te fait peur, ça te terrorise même. On t’avait promis au moins 6 mois. Deux ans avec de la chance. Mais tu ressens, au fond de toi, que tu n’aurais jamais tout ce temps. Et que très vite, tu vas devoir quitter ton frère, que tu viens à peine de retrouver, et toutes les personnes qui tiennent à toi, et que tu aimes profondément. Depuis que tu sais, que tu sais que tu vas mourir, tu l’avais accepté, tu t’étais préparé. Mais plus l’échéance se rapproche, plus tu as peur, plus tu es triste, d’abandonné tant de gens derrière toi. Ça fait presque quatre jours que tu es dans cette chambre, relié à cent cinquante machines. Ça fait presque quatre jours qu’on te trimbale d’un service à un autre, qu’on te file des médicaments dégueu. Mais personne ne te dit rien. « Le médecin passera vous voir pour vous expliquer la situation » qu’on te dit. Et ça te met en rogne. Alors, comme on refuse de t’informer, tu refuses égoïstement qu’on vienne te voir. N’importe qui mais ton frère plus encore. Tu ne veux pas qu’il sache, pas tout de suite. Tu ne veux pas qu’il te voit, en si mauvaise état. Mais ce matin, les infirmières ont visiblement eut pitié de ce pauvre Oli, qui fait le pied de grue devant l’hôpital. Alors elles sont décidées de ne pas le voir. Et il est maintenant dans ta chambre. Toi non plus, tu ne le vois pas. Tu dors, Mattie, et ça fait longtemps que tu n’avais pas dormis comme ça. Mais ce n’est pas étonnent avec tous les médocs qu’ils te refilent. T’es complètement shooté ! Tu as l’air si petite, dans ce grand lit d’hôpital, avec toute ses machines, tout autours de toi. Tu as la mine si pâle, et c’est quand tu es endormi qu’on se rend plus le compte que la maladie est entrain de t’emporter.

Même en étant au courant de sa maladie, tu ne peux t'empêcher d'être choqué par sa mauvaise mine. Elle n'était pas ainsi quand tu l'as vu à la librairie il y a quelque jour en arrières. Ni elle, ni toi ne parle. Et il te faut quelque seconde pour réaliser qu'elle est en train de dormir et qu'elle n'a même pas remarqué ta présence. En même temps, ce n'est pas la première chose que tu as notifié en entrant dans la chambre. Non. C'est plutôt les nombreuses machines auxquelles elle est reliée qui te choque. Elles servent à quoi ? Est-ce que ça la maintient en vie ? Ou est-ce que c'est là pour vérifier qu'elle l'est toujours ? T'en sais rien, tu es tellement nul dans le médical... tout ce que tu connais c'est les pilules illégales alors tu ne vas pas bien loin. Il passe pratiquement cinq minutes quand tu te décides à t'approcher, gentiment et silencieusement ne tenant pas à la réveiller. T'hésites quelque instant et tu finis par retirer tes chaussures et à grimper dans son lit. T'allongeant à côté d'elle le plus doucement possible toujours dans le but de la laisser se reposer et tu l'enlaces contre toi. Comme vous le faisiez dans le temps. Sauf que c'était toi qu'on enlaçait en général. Pas aujourd'hui. Aujourd'hui c'est ta soeur qui a besoin d'être protégé et réconforté. Tu as tes propres problèmes, tes propres démons mais c'est ta soeur ton centre du monde à l'heure actuelle.

Tu es profondément endormi, et c’est uniquement grâce à toute la drogue douce qu’ils t’ont refilé. Tu ne sens donc pas la présence de ton frère, dans ta chambre d’hôpital. Tu ne le sens pas approché, non plus. Tu es tellement bien, dans ton grand lit, que tu n’entends plus les bruits désagréables de toutes ces machines auxquelles tu es raccordée. Cependant, quand il se couche près de toi, tu te réveilles doucement, presque instinctivement. Tu ouvres un œil, puis le second, et immédiatement, tu es apaisé par l’odeur de ton frère, et la chaleur protectrice de ses bras. Tu ne penses même pas au fait qu’il ne devrait pas être là. Tu es juste heureux de le voir. Alors tu le sers, toi aussi, contre toi. Comme avant toutes ces merdes qui vous arrives. Tu as l’impression de redevenir une petite fille, et cette idée, elle te plait. Tu souris doucement. Et tu chuchotes, la tête contre son torse. « qu’est-ce que tu fais là, Lili ? »

Pour être sincère, tu ne sais pas très bien ce que tu fais là. Mais tu en as besoin. Parce que t'as cassé avec Suli et que tu te sens terriblement seul à présent. Mais t'as surtout besoin d'être près de ta soeur. Pour elle ou pour toi, t'en as besoin, parce qu'au fond vous ne faites qu'un les jumeaux. C'est pour ça que tu as tant insisté pour la voir. Quitte à passer sans rien demander à personne. Oh oui, sûrement qu'elles ont eu pitié de toi les infirmières. Mais c'est trop tard pour revenir en arrière. Tu ne comptes pas quitter cette chambre d'aussitôt. Malgré toute la discrétion dont tu es capable, Mattie finit quand même par se réveiller. Mais comparé à ce que tu t'imaginais elle ne te repousse pas au contraire, elle se serre contre toi. Tu t'attendais à ce qu'elle te chasse ,comme elle avait demandé à ne pas te voir, mais non... Tu caresses doucement ses cheveux et la regarde... elle a la peau trop pâle à ton goût... vraiment... « Parce que je sais Mattie... Suliac m'a raconté... »

Tu le sers contre toi comme tu sers ton oreiller, le soir, alors que tu cherches le sommeil. C’est réconfortant, et tu te rends compte, à cet instant, à quel point ton frère jumeau t’avait manqué, mais surtout, à quel point il va te manquer, quand tu ne seras plus là, quand tu partiras loin de lui. Le médecin de t’a encore rien dit, mais tu sais déjà que tout va mal, tu sais déjà qu’il ne te reste plus beaucoup de temps, que tes jours sont comptés, et tu entends presque le « tictac » dans ta tête. Quand il parle, ton cœur s’arrête presque, et tu te mords la lèvre si fort que le goût du sang envahit tes papilles. Tes yeux s’embuent de larmes et tu caches ta tête sur son épaule. « Je suis désolée, Oli.. » que tu lui dis, dans un sanglot. « Je ne voulais pas te mentir, je ne voulais pas que toute cette merde arrive, je ne veux pas devoir te quitter encore…J’ai tellement peur… »</Blockquote>

Voir ta soeur pleurer te serre le coeur. Tu n'es pas là pour la faire pleurer. T'en as marre des larmes en réalité. Quand Suliac as finir par t'avouer que ta soeur est malade c'est tout ce que tu as réussi de faire de bien. Pleurer encore. Puis replonger parce que tes cachets c'est tout ce qui calmait tes larmes. Si tu es là c'est pour la soutenir, la réconforter, par la faire pleurer encore. Tu passes une main dans son dos pour essayer de la réconforter tandis qu'elle sanglote dans ton cou.« Ce n'est rien... j'aurai juste aimé le savoir avant, que tu... tu me fasses assez confiance pour me le dire... » oui. Mais l'aurais-tu bien vécu ? Ça ne pouvait pas être pire qu'une mort soudaine et inattendu. Ne pas avoir le temps de dire au revoir te semble être pire que tout. Tu sais que ta soeur a juste cherché à te faire le moins de mal possible... à l'évidence ce n'était pas la bonne solution. Mais tu ne cherches pas à la blâmer encore. Tu veux juste la réconforter et être là pour elle comme tu aurais dû l'être depuis tout ce temps. « Je sais Mattie... et je ne t'en veux plus... » tu la serres plus fort contre toi « Ça va je suis là... mais... ils ne peuvent rien faire ? Pour te soigner ? » avec tous les progrès fait dans la médecine tu doutes sérieusement qu'il n'y ait rien à faire contre son cancer...  

Tu ne pleures pas souvent, Mattie. Quand t’étais gosse, fallait y aller pour te faire verser une larme, et ton rôle, c’était plutôt de sécher celle de ton frère jumeau. Mais tout semble inverser, à présent. Il te protège, il te réconforte, et tu ne peux pas t’empêcher de te trouver nulle, pour ça. C’est comme si t’avait failli à ta tache, c’est comme si désormais, tu ne pouvais plus le protéger, ça te tue, ça. Tout comme cette saleté de cancer. Entre deux sanglots, tu parles, tu balbuties ces quelques mots. « Je te fais confiance, Oli, tu es la seule personne pour qui je me jetterais du toi, si tu me disais que c’est sans danger…C’est juste que j’ai été bête, je pensais faire au mieux, mais non…J’ai tout raté, tout détruit… » Ça te réchauffe, la présence de ton frère de réchauffe, quand il te sert contre son cœur. Alors tu te détends, un peu. Mais quand il reprend la parole, tu te crispes, et tu secoues la tête, toujours enfuie contre lui. Tu chuchotes à présent, comme si ainsi, les mots pouvaient faire moins de mal. « C’est trop tard, Oli… »

Les rôles sont inversés. Complètement. Dans le temps, Mattie adorait dire qu'elle était la grande soeur. Pourtant, vous êtes des jumeaux donc ce genre de truc "grand frère" "petite soeur" ou vice versa n'a pas vraiment lieu d'être. T'aimais pas qu'elle dise ça, parce que ce n'est pas le rôle d'une fille de dire ça. Ça aurait dû être toi qui la protège. Mais à l'évidence, y a quelqu'un qui a dû se louper en vous concevant, Dieu ou votre mère peu importe, t'es pas né pour être quelqu'un de viril, courageux, à large épaule, ect... surtout en comparaison de ta soeur qui est capable d'encaisser bien plus que toi. La preuve. Elle a un cancer. Combien de personnes sont au courant de ça ? En tout cas t'en es sûr. Suliac. Mais t'écarte vite son visage de ton esprit car ce n'est pas le moment de te morfondre encore sur votre séparation. Tu ne sais plus comment réconforter ta soeur, tu la serres toujours contre toi mais à l'évidence c'est tout de même des retrouvailles et des aveux difficiles. « Mais non tout n'es pas détruit ma belle... Je suis quand même là tu vois ? ». Quand on apprend le cancer d'un proche, d'un ami ou d'une connaissance on a toujours tendance à essayer de positiver à se dire: Ok, il/elle a un cancer mais il y a forcément une solution c'est la maladie du siècle mais il doit y avoir plein de solutions, on ira encore se manger une glace au bord de la mer, ou se boire un verre ensemble j'en suis sûre. Mais quand cette personne t'annonce tout le contraire, tu as beau savoir que c'est un cancer que ce n'est pas un rhume, tu ne peux que te prendre une énorme claque dans la gueule. Tu savais que Mattie était malade, pas depuis longtemps, mais tu as fini par l'apprendre mais l'entendre dire que c'est trop tard.... c'est pire que tout. Ou presque. Le pire c'est de savoir que quelqu'un est mort et que tu n'as même pas eu le temps de lui dire au revoir. Ça c'est pire. Mais tu ne lui le diras pas. Car tu ne peux pas pour commencer et aussi parce que tu bugs à nouveau. Tu fermes les yeux, essayant de ne pas craquer pas devant elle et surtout pas encore ! Mais c'est plus fort que toi, des larmes finissent par couleur sur tes joues et tu étouffes douloureusement un sanglot. « Non, Mattie... par encore... » tu te passes une main sur le visage, essayant tant bien que mal de contenir tes larmes et ton calme mais c'est pire qu'un tsunami de douleur qui s'abat sur toi « Tu peux pas me laisser encore... »

Finalement, ça te plait assez, de voir ton frère te chouchouter comme ça, tu retombes en enfance, et c’est pas plus mal, parce que si tu ne peux pas te tourner vers le futur, tu peux au moins regarder le passé, maintenant qu’Oli et toi, vous êtes rassemblé. Tu restes donc tout contre lui, tu cales ta respiration sur la sienne, et tu respires son parfum à plein nez. Il sent si bon, ton petit frère. Son odeur t’avait tellement manqué, ces dernières années. Savoir qu’il n’était pas là, malgré ces sombres moments, avait détruit ton petit cœur. Et maintenant, maintenant il est là, et toi qui pensais avoir encore deux ans, tu te retrouves, mourante, sur ce lit. La vie est si injuste avec toi, pourquoi, qu’as-tu donc fait de si mal, hein, Mattie, pour te retrouver dans cet état. Est-ce la punition du dieu de tes parents, pour avoir aimé, si fort, une fille ? La vie est une chienne, et pourtant, tu cours après, tu t’épuises à tenter, en vain, de l’attraper. « Si, j’ai faillis te tuer, deux fois, Oli…J’ai fait, je fais, tellement de mal autours de moi…Je suis si égoïste.. » Les larmes coulent à présent sur tes joues pâles, et tu ne peux les retenir. Tu pleures comme une petite fille qui vient de perdre son premier animal de compagnie. Tu pleures, encore et encore, et c’est la vie, qui s’écoule de toi. Tu attrapes sa main, et vous pleurer ensemble, à l’unisson, d’une seule voix. « Je veux pas mourir, Oli, j’ai tellement peur… » tu dis dans un cris déchirant.

Les gens ont tendance à dire que pleurer, soulage la douleur. Tu n'es absolument pas d'accord sur ce point. On pleure qu'on a mal trop mal et qu'on ne peut plus le supporter. Mais ce n'est pas pour autant que c'est moins douloureux après. Tu as découvert ça quand tu pensais ta soeur morte il y a encore à peine quelques jours. La douleur ne faiblit mais on fini juste par s'y habituer et par vivre avec. Tu sais que perdre ta soeur encore une fois sera horrible, peut-être encore plus que la première fois mais ça sera différent. Moins de regret. Moins le sentiment qu'elle t'a été violemment arraché. Tu peux t'y préparer même si on n'est jamais vraiment préparé face à la mort, que ça soit la sienne ou celle d'un proche. Tu ne supportes pas qu'elle se fasse culpabiliser, pour toi ça n'a jamais été la faute de ta soeur. Juste les conséquences d'un lien fusionnel trop brusquement brisé. « C'est pas vrai... ne dis pas ça... je suis vivant et je t'en veux pas... j'veux dire... si il m'est arrivé tout ce qui m'est arrivé ce n'est pas ta faute, je suis faible c'est tout... » oui il y a de ça aussi. Tu aurais très bien pu ne jamais sombrer dans la drogue mais ça te paraissais si simple de te laisser couler. Vous finissez par pleurer ensemble. Tu aurais voulu être fort pour elle mais tu en es décidément pas capable. D'autant plus que tu n'es pas au meilleur de ta forme non plus. Ses paroles te déchirent le coeur, tu pourrais tout donner pour sauver ta soeur, tout. Mais tu sais que ce n'est pas possible pas dans le cas d'un cancer... alors tu ne peux que pleurer avec elle. Pourtant, tu essaies quand même de la calmer et de la réconforter, caressant ses joues pour essuyer ses larmes. « Ç..a, ça va aller... je suis là... » tu renifles et essaie de souffler un peu pour te calmer, fermant les yeux quelque instant « J'aimerai tellement faire quelque chose pour t'aider... »

Ces derniers temps, tu as l’impression d’avoir plus pleurer que durant ta vie tout entière. C’est triste, quand on y pense. Tu n’aimes pas ça, pleuré, tu détestes ça, même. Ton père te disait que c’était une preuve de faiblesse. Il n’a pas versé une larme à ton enterrement. Tu le sais, t’y étais. Aujourd’hui, tu sais pourtant que plus que n’importe qui, cet homme était faible et lâche. Ton frère, au contraire, n’hésite pas à montrer ses émotions, et tu comprends aujourd’hui qu’il n’y a pas plus grand courage que de montrer ses faiblesses. Pour cela, tu l’admires, ton petit frère, c’est ton héro, ça l’a toujours été, et pour toujours, il le restera. « J’ai l’impression de t’avoir volé ta vie… » Que lui dit, tout bas. Et tu le sers dans tes bras. Tu le sers jusqu’à l’en étouffer, comme s’il pouvait t’être arraché, d’un instant à l’autre. « La seule chose que tu peux faire pour moi, Lili, c’est une promesse. Promets-moi de vivre ta vie pleinement…regardes moi dans les yeux ! Promets-moi de poursuivre tes rêves, de ne pas te laisser aveugler par la douleur. Ne restes pas seul, par pitié, Suliac ne demande qu’à t’aider, j’en suis sûre. Il t’aime, je l’ai vu, alors sois heureux avec lui, d’accord, vis dans le passé, pas dans le futur. Si tu fais ça pour moi, je partirais heureuse… » Tu achèves alors que le médecin entre dans la chambre. Il fronce les sourcils. « Vous allez casser ma patiente, à force de la serrer comme ça ! » qu’il te dit, taquin.

Face à ses paroles tu ne peux qu'être pas d'accord. Volé ta vie ? Tu n'y crois pas une seule seconde. Si tu étais mort alors là oui peut-être... mais tu n'es pas mort. Un ange est descendu du ciel ou plutôt d'une librairie pour venir te secouer avant de faire une connerie. D'ailleurs c'est le même ange qui est en train de te renfoncer dans le trou actuellement... Mais ce n'est pas Mattie, tu refuses de lui mettre la faute dessus. Tu ne lui réponds pas, tu ne fais que secouer la tête. Mattie et toi, vous vous serrez fort, tellement fort que tu demandes qui des deux se cassera un os avant l'autre. T'aimerais tellement pouvoir l'aider... et tu lui en fais part. Tu savais quel sortirait quelque chose du genre "profite de la vie" ect... c'est tellement Mattie ce genre de parole. Tu es en train de secouer la tête, les yeux fermés quand elle t'oblige à la regarder. Ce que tu finis par faire, l'écoutant tristement. « C'est tellement simple à dire Mattie... puis Suliac et moi on n'est plus... » commences-tu mais tu es coupé par l'arrivée d'un médecin. D'abord, tu te dis qu'il va te mettre à la porte puis finalement, il a l'air plutôt sympa. Tu lui souris légèrement puis passes tes mains sur ton visage pour essuyer le reste de tes larmes « Désolé... mais je compte bien essayer de la casser encore un moment je crois... »

Il aurait beau lui dire le contraire, au fond de toi, tu sais que tu n’es pas innocente, dans cette histoire. Sans tes bêtises, il ne serait pas tombé dans la drogue, sans toi, il ne devrait pas se battre chaque jours contre les démons de son passé. Sans toi…Bientôt, tu ne seras plus là. Et qu’adviendra-t-il de ton précieux petit frère ? Tu l’as toujours protégé, tu as toujours été là pour lui, et maintenant, il va devoir se débrouiller sans toi. Tu as peur qu’il lui arrive quelque chose. Tu ne le supporterais pas. Tu te mords les lèvres et tu sers ton frère contre toi. Pour une fois, c’est toi la plus frère des deux. C’est drôle comme aujourd’hui, les rôles sont inversés. Ton cœur s’arrête quand il te parle de sa situation avec Suliac. Mais tu n’as pas le temps de répliquer, tu n’as pas le temps de lui dire que c’est une erreur, que lui et Suli, c’est écrit dans les étoiles. Parce que ton médecin bien d’entrer dans la pièce. Tu ris doucement. « ça devra attendre un moment, Mr Roy. Je dois parler à votre sœur. » Le médecin regarde Oli, et toi aussi, à présent. Tu n’es pas bien sûr d’avoir envie qu’il reste, pour écouter ce qu’il va te dire, cet homme en blouse blanche. Oli n’a pas besoin de ça, non, vraiment pas.

Malgré que tu n'aimes pas le fait d'être coupé par l'arrivée du médecin, tu te dis que finalement c'est peut-être mieux comme ça. Tu n'as pas vraiment envie de parler de ta séparation avec Suliac à Mattie... non seulement parce qu'elle en est le sujet et aussi parce que tu aimerais vraiment arrêter d'y penser. Parce que tu es fatigué d'avoir le coeur qui se brise un peu plus en pensant à lui. T'aimerait pouvoir l'oublier... juste pour ne pas à avoir à souffrir, c'est extrêmement égoïste mais votre séparation est horrible pour toi. Le médecin a visiblement des choses à dire à ta soeur et tu sens leur regard à tous les deux sur toi. Tu as déjà eu tellement de mal à être au courant de tous les problèmes de santé de soeur que tu ne peux pas juste quitter la chambre comme ça... tu veux en savoir plus, savoir ce qu'il est encore possible de faire et ce qu'elle risque de vivre ses prochains jours. Tu veux être là pour elle. Tu regardes Mattie et tu ressens à son regard qu'elle ne veut pas que tu restes ici. Ça te fait un peu mal de remarquer ça, il fut un temps où elle te racontait tout, où elle t'aurait rien caché. Tu détournes le regard, pour regarder le médecin. « J'aimerai rester et écouter pour savoir ce qu'il en est... » tu te redresses dans le lit, de manière à être plus assis qu'allongé, lâchant Mattie mais lui prenant simplement la main tu la regardes, un regard à la Oli celui qui pourrait faire plier même le plus dur des coeurs « M'oblige pas à sortir s'il te plaît... »