(Sebastian) Le meilleur remède aux nuits sombres s'appelle un meilleur ami

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Les cauchemars reprennent. Eneko fronce les sourcils, tourne sur le côté, puis sur l’autre, reste quelques secondes sur le dos, avant de se réveiller en sursaut. Il ne s’est même pas rendu compte qu’il avait parlé durant son sommeil, sans doute un peu trop fort. C’est toujours la même chose. Quand Cameron, son beau-père, se décide à pointer le bout de son nez dans ses rêves, c’est la folie. Il panique dans son sommeil, est en transe. Ca semble être tellement réel… C’est dur à gérer. Il n’y arrive pas. Il ne fait jamais de nuits complètes. Elles durent quelques heures, pas plus. L’homme pose sa main sur son réveil, le tourne vers lui. Il indique trois heures trente du matin. Il frotte son visage, tente de se reprendre et capture son téléphone portable pour envoyer un message à Sara, avant de l’effacer et de reposer l’appareil sur la table de chevet. Si elle se réveille par sa faute, si elle s’inquiète, il se sentira coupable et il n’a pas envie qu’elle voie en lui une âme faible. Il a plutôt besoin qu’elle le pense solide et c’est le cas, il l’est bien plus qu’il y a quelques mois, sauf la nuit où il devient vulnérable. Eneko quitte son lit et tire sur son top pour le décoller de son torse. Il est trempé. Il a bien besoin d’une douche, alors il s’exécute, laisse couler l’eau sur son corps, se débarrasse de ses démons comme il peut, évite de penser au visage de Cameron au-dessus du sien, puis au bout de trente minutes peut-être, il sort enfin et enfile un haut, ainsi qu’un jeans, puis s’engouffre dans la cuisine où il se serre un grand verre d’eau qu’il boit d’une seule traite, avant de récupérer sa veste, un pack de bières, ses clés de voiture et s’éclipser de l’appartement dans lequel il ne restera pas longtemps. Il a envoyé son préavis à son propriétaire et a trois mois pour trouver autre chose. Il ne veut plus louer, il veut acheter. Il a d’ores et déjà repéré quelques petites maisonnettes, des chalets à Iraty, mais aussi au centre-ville, près de la plage. Il hésite encore beaucoup, mais il sait que peu importe les endroits, il se lancera dans des travaux afin que ça corresponde à ses attentes. Il est tard et sans doute que Sebastian dort à cette heure-là, mais il prend le risque. Il se gare près de chez lui, attrape le pack soigneusement posé au pied de la banquette arrière et frappe à la porte de son ami. Il n’a aucune bonne excuse pour se pointer si tardivement. Si, celle d’avoir besoin de se changer les idées et pour ça, il sait très bien que son meilleur ami est un très bon remède. Lui et ses histoires, et ses anecdotes. Il a envie de les entendre, d’en apprendre davantage sur cette jeunesse que Sebastian a passé. Il a besoin de ne plus penser à la sienne, de jeunesse, à ce qu’il a vécu.

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Le meilleur remède aux nuits sombres s'appelle un meilleur ami - feat Eneko & Sebastian

La nuit fut de courte durée. Cela fait à peine quarante minutes que Sebastian a enfin trouvé le sommeil. La veille au soir, il fréquentait un bar afin d’y trouver un certain réconfort. Non pas qu’il se sente malheureux, mais ces derniers semaines lui semblaient si longues, si solitaire, qu’il avait besoin de se fondre dans une foule et de partager avec de simples inconnus, accoudés au comptoir de ces lieux nocturnes. Il n’y trouvait pourtant pas ce qu’il souhaitait. Il n’eut pas toujours été ainsi. Et après de longues réflexions, se demandant pourquoi il se sentait si seul à présent, il comprit que la raison se cachait dans son cœur. Il s’y cachait une petite étincelle depuis des années et elle semblait être prête à s’enflammer. Il avait cherché pendant quelques jours la nature de ce sentiment. Il avait mis le doigt dessus, dans la rue, lorsque cette étincelle s’était mise à danser dangereusement au son de ce violon. En fait, ce n’était pas le violon qui le mettait en danger, mais le musicien qui tenait cet instrument. Cet homme mystérieux qui hantait peu à peu ses pensées. Cela lui devenait si intense qu’il ne trouvait plus le sommeil. Pourtant, il était toujours animé d’une énergie surprenante dès qu’il quittait son lit après trop peu d’heure dans les bras de Morphée. Mais cela ne pouvait plus durer et Sebastian s’était promis de régler ce problème. Il était décidé, il irait engager la conversation et dissiper un peu de ce mystère qui l’obsédait.

Le bip qui le réveille n’est pas celui de son réveil, qui affiche une heure indécente pour une visite, mais celui de son système de sécurité. Apparemment, quelqu’un est à sa porte d’entrée. Il se frotte les yeux, ayant un peu plus de mal à ouvrir l’un deux. Un mal lui tape son pauvre crâne, mais après les quelques efforts pour s’assoir sur son lit, il se dissipe. Il saisit sa tablette tactile sur la table de nuit et appuie sur l’application de la sécurité de sa demeure. Quelques tapotages sur l’outil et il aperçoit qui se trouve à l’entrée grâce à une caméra. Il reconnait son ami et repose la tablette. En se levant, il saisit un tee shirt et se le passe tout en se dirigeant vers la porte d’entrée. Il s’agit d’Eneko, un tee-shirt et un caleçon suffit pour l’inviter à entrer. Il ne souhaite pas le faire attendre trop longtemps. Il enfilera un bas après. Il tourne la clé et lui ouvre. C’est à ce moment qu’il aperçoit un pack de bière. Il ne peut s’empêcher de s’exclamer : « Merde ! Bon dieu ! Qui vas-tu épouser cette fois-ci ? » Il se souvenait encore de la bouteille de vin bon marché qu’il lui avait apporté pour lui annoncer qu’il épousait Maona. L’histoire la plus compliquée qui lui ait été donné d’entendre. Aujourd’hui, c’était de l’histoire ancienne et Sebastian ne lui avait pas dit : je te l’avais dit. Il s’était contenté de soutenir son ami dans cette histoire abracadabrantesque. Il était prêt à recommencer pour lui, autant de fois qu’il le fallait. Mais, en même temps, il aimait aussi taquiner son ami de toujours, alors un petit pique n’était jamais malvenu. « Entre, je vais juste enfiler un pantalon si ça te dérange pas, tu connais la maison », l’invita-t-il. Il le laisse entrer et repart aussitôt dans sa chambre pour y enfiler un pantalon de jogging bien confortable.

Il retrouve Eneko à la cuisine, essayant de dissimuler la fatigue, qui se lit sur son visage, tant bien que mal. Ses paupières sont encore lourdes, mais le temps fera son œuvre. « Alors, que me vaut cette visite si matinale ? D’après ta tête, ça ne m’a pas l’air d’être trop grave. Raconte ! » Lança-t-il en s’installant sur l’un des tabourets de bar, l’oreille aux aguets.

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