Le chien est le meilleur ami de l'homme. (Arattie)

Tu veux un chien. Depuis toujours et plus encore aujourd’hui. En fait, cette stupide maladie, ça te donne à peu près les mêmes symptômes qu’avoir un polichinelle dans le tiroir. Tu manges seulement ce qui te donnes envie, mais le reste de donne la nausée. Tu as mal partout, t’as des malaises à répétition mais surtout, t’es impulsive, et aujourd’hui, tu veux un putain de chien. T’as pas d’idée prédéfinis, encore. Tu sais que tu veux aller au refuge, et adopter un petit ange, seul au monde, mais qu’il soit petit, grand, blanc, noir, ou même vert, tu t’en fiches éperdument ! Seulement voilà, tout le monde, à la coloc, n’est pas vraiment ravi à l’idée d’accueillir un animal de plus. Comme s’ils n’étaient pas tous gaga de Kovu le chat, Mal le lapin, et les tortues pirates, Crochet et Sparrow ! Le plus réticent reste malgré tout Aramis. Mais ça ne t’étonnes pas, il est étrange, en ce moment. Il a changé du tout au tout, et il te cache quelque chose, tu le sais. Tu veux savoir quoi, d’ailleurs. T’es comme ça, Mattie, super intrusive dans la vie de ceux qui partagent cette maison. Ce qui est paradoxal quand on pense que tu refuses qu’on se mêle de ton cancer. Quoi qu’il en soit, ça fait des jours qu’il n’est pas sortie de sa chambre, à part pour aller travailler, et encore. Comme vous travailler au même endroit, tu peux le surveiller et tu sais donc que même au boulot, c’est pas la joie. C’est pour ça que tu te mets, à 8 heure du matin, à frapper avec vigueur à la porte de sa chambre, dans le but de parler, ouais, juste parler…Enfin, à la Mattie !

Embêter le monde, c’est ta passion, t’adores ça, et Aramis encore plus. Pourquoi lui ? Tu ne sais pas, peut-être parce que ça marche, tout simplement. Tu sais que, quoi que tu fasses, il va se mettre à râler, alors tu en profites, logique, non ? Tu tambourines à sa porte comme une malade, parce que tu le connais, maintenant, et qu’il serait bien capable de faire la sourde oreille. Sauf que t’es bornée, alors t’arrêtes quand enfin, tu l’entends bouger, de l’autre côté de la fine porte. Le voir ouvrir la porte en slip ne te gêne pas le moins du monde. T’es la fille la moins pudique au monde, et ta manie de rentrer dans la salle de main sans frapper, quand tu dois aller au toilette, t’as donné mainte occasion de voir toute l’auberge à poil. Une fois de plus, une fois de moins…Seulement là, c’est différent. Parce que tu vois les boutons, les cernes et son teins si pâle, parce que tu vois son torse maigre, parce que tu te vois à travers lui, tu vois la Mattie malade que tu peine à cacher sous des vêtements amples, sous une bonne couche de maquillage. Alors toutes les pièces du puzzle se mettent en place et tu comprends pourquoi il a changé du tout au tout. Il est comme toi, Aramis, il est malade, et cette maladie le bouffe, tout simplement. Alors tu rentres dans sa chambre, en faisant total abstraction de son ton agressif. Tu te diriges vers la cage, que tu ouvres pour y passer la main. Les animaux t’adores, les animaux t’on toujours aimé, et Scar n’échappe pas à la règle. « Et ben alors mon poussin, comme ça va ? » T’aimes pas le voir dans cette cage, tu détestes ça. Toi qui est entourée d’animaux sauvage, enfermée dans tes enclos, quand tu bosses au zoo, ne peut pas voir les oiseaux en cage, c’est drôle, quand on y pense. « Je venais te parler du chien. Celui de l’auberge, enfin, il est pas encore là, mais bientôt, tu vois ? » Tu refermes la cage, te tournes vers lui et te laisses lourdement tombé sur le lit, sans gêne aucune. « Mais on va parler d’autre chose, visiblement. De ce que tu essaies de me cacher depuis des semaines en pensant que je ne le découvrirais pas. A croire que tu me connais mal, Mimi ! »

Intrusive est un faible mot pour décrire ta mauvaise habitude de t’incruster dans la vie des autres. T’adores ça, tu sais que les autres trouvent ça insupportables. Mais tant pis, soit ils t’acceptent comme tu es, soit ils vont se faire foutre. De toute façon, c’est pas comme s’ils devaient te supporter encore longtemps, hein…De toute façon, pour le chien, il n’a pas vraiment le choix, c’est tout décidé, à défaut de se sauver elle-même, elle sauvera un chien d’une mort certaine, et puis voilà. De toute façon, s’il croit qu’elle ne voit pas les yeux doux qu’il fait à Kovu, il se met le doigt dans l’œil ! Enfin bref, maintenant, t’es allongé quand un sac sur son lit. L’odeur ne te dérange pas plus que ça. Ça sent l’homme, quoi. Tu tiques quand il ose dire que c’est toi qui le connais mal. Et puis quoi encore ! T’es une observatrice, Mattie ! Et t’as bien vu qu’il n’est plus comme avant, et qu’il a le même symptôme que toi. Evidemment, tu te doutes que ce n’est pas le cancer du sein, mais c’est sans doute quelque chose d’aussi grave. Cependant, quand il t’avoue, crispé –tu le vois bien- qu’il a le sida, tu tombes des nues. C’est sûr, tu ne t’y attendais vraiment pas. Mais tu restes fidèle à toi-même et tu ne juges pas, parce que tu n’as jamais jugé personne. Alors tu te redresses un peu sur son lit, tu sers son oreiller contre ton torse, et tu lui réponds finalement. « J’ai le cancer du sein. » Vous êtes au même niveau, de pauvre débiles qui vont mourir, dans leur coin. Ouais, deux pauvre débilesqui vont mourir sans n’avoir rien fait de leur misérable petit vie.

Ça fait bizarre, d’en parler, comme ça. Tu n’as jamais fait en sorte de cacher ta maladie, enfin, un peu, mais pas trop non plus. A l’auberge, ça ne te dérange pas de te balader sans maquillage, laissant ainsi apparaître ton air fatigué et ta peau tirée. A l’extérieur, c’est une autre histoire, tu portes des vêtements amples et tu te maquilles le mieux possible. Si on te demande ce que tu as, tu ne mens cependant pas. T’as un cancer, c’est comme ça, le garder tabou ne changera rien. Mais en parler de toi-même, c’est totalement différent. Surtout avec Aramis. Parce qu’avec Ariane, c’est surement la seule personne qui a pu voir son évolution. La principale différence étant qu’Ariane savait et qu’Aramis devait juste penser que tu te laissais aller. Ça ne te dérange pas, ça non plus. Si les gens veulent cracher dans ton dos en disant que maintenant, tu t’habilles comme un sac, qu’est-ce que ça peut te foutre ? Tu fronces le nez quand il te pique l’oreiller. T’étais pourtant bien caler, là. Alors tu te mets à râler gentiment et tu lui dire la langue. Tu lui donnes un coup de poing dans l’épaule. Mais avec ta force de lilliputienne, il n’a surement rien sentit. Tu te mords la lèvre quand il demande. Parce que ne t’as pas envie de lui dire, mais tu ne veux pas mentir non plus. Parce que t’as trop menti, Mattie. Et tu vas finir par te détruire, si tu continues. Alors tu hoches la tête. « Au moins 6 mois. 2 ans si j’ai de la chance. Les médecins disent que j’en ai, parce que je n’ai pas trop de crise, parce que mon état est plutôt stable, tout ce passe à l’intérieur, et je peux encore vivre normalement. J’espère juste partir d’un coup, ne pas passer des semaines à l’hôpital… » Tu dis. Ta voix est toute petite, parce que tu ne parles jamais du moment de ta mort, tu restes toujours dans le flou. Mais aramis, lui, il peut te comprendre, non ?

@Aramis d'Albon ♥

Mattie, t’as toujours été une enfant. Une enfant qui a dû grandir trop tôt, confronté à la cruauté de l’homophobie, à l’horreur de la maladie. Pourtant, quand on te regarde aujourd’hui, on pourrait ce dire, au contraire, que tu n’as pas grandi, qu’il faudrait que tu fasses preuve de plus de maturité. C’est peut-être vrai. Mais honnêtement, tu t’en fiches complètement. Tu es comme tu es, Mattie, avec tes qualités, et tes défauts. C’est pour eux qu’on t’aime autant. Ça fait de toi une personne unique, une personne qu’on regretterait surement, quand il quittera ce monde. Aramis aussi, on le regrettera. Toi, tu le regretteras. Parce que tu as appris à le connaître, ces deux dernières années. Tu as appris à le connaitre et à l’aimer. Il fait partie de ta vie, de ton quotidien, et tu ne sais pas si tu serais capable de vivre sans lui. Cette pensée de met la boule au ventre. Parce que c’est exactement ce que doit penser Luka ou Ariane, exactement ce que tu refuses d’accepter, vis-à-vis de toi. Tu es si égoïste, Mattie, c’est peut-être la maladie, qui fait ça. Tu souffres tellement que tu as ce besoin, de te concentrer sur toi, de te protéger. Et Aramis, c’est pareille, encore une fois. Mais vous n’avez pas la même façon de le faire. Lui, il se renferme sur lui-même, se construit une carapace, et refuse de s’ouvrir au monde. Tu te redresses un peu, et tu viens poser ta tête sur son épaule. Ça fait tout drôle, de parler de chose si sérieuse, avec lui. D’habitude, tu fais tout ton possible pour te comporter comme une idiote, avec lui, pour le faire sourire, même juste un peu. « Un monde avec une Mattie qui sourit pas, ça n’existe pas ! Mais je te le promets, Aramis, et je te promets également que je te ferais chier jusqu’au bout. Jusqu’à ce que je tienne plus debout, ou que tu t’effondres. Je te lâcherai jamais, d’accord ? Parce que t’as pas le droit de te renfermer comme ça, avec moi. Parce que je te comprends, d’accord ? »

Tu te doutes pas un seul instant que ce simple rapprochement, qui a tout ce qu’il y a de plus innocent, pourrait lui être si insupportable, après tout, tu ne peux pas comprendre, non, tu ne peux pas. Toi, t’as maladie, c’est la faute à pas de chance, pour aramis, c’est la même chose, mais c’est normal qu’il ne le voit pas ainsi, pour lui, les femmes sont la source de tous ses problèmes, il les déteste à cause de ça. Et t’es plutôt contente que ça ne soit pas le cas pour toi, tu es heureuse qu’il accepte toujours d’être dans la même pièce que toi, qu’il accepte de sourire avec toi, comme avant. Tu as l’impression de retrouver un peu de l’aramis que tu connais, et ça réchauffe ton petit cœur malade. « Et un monde sans une Mattie qui fait pas chier un aramis non plus, je pense. Sans un aramis qui râle, sans un aramis qui fait la gueule. Mais j'vais essayer crevette. J’vais essayer de plus l'être avec toi, tu ne mérites pas mes silences, depuis le temps qu'on habite en colocation maintenant. » Tu ris doucement. « De toute façon, je parle pour deux ! Mais en vrai, je ne suis pas ton ennemis, personne ici ne l’est, on t’aime tous, on veut que tu sois bien, ici, d’accord, parce que c’est chez toi ! » Tu lui souris doucement, et tu embrasses légèrement sa joue avant de te redresser. « Bon ! Je dois allez bosser, et toi aussi, alors debout, feignasse ! Oh fait, avec Ariane, on pense à Mowgli, comme nom, pour notre chien ! » que tu dis en toute innocence.