(Matilda) Je ne sais pas vers qui me tourner

« S’il te plaît, laisse-moi leur parler. Ils comprennent pas. » Non, ils sont derrière Maman, en train de pleurer. Clare crie mon nom, Sloan essaie de forcer le passage et Kaecilia les retient tous les deux à chaudes larmes. Ce spectacle, je ne l’aime pas et je me sens totalement impuissant face à ma mère et son nouveau bonhomme. « Si tu étais resté à ta place, si tu n’avais pas été égoïste, on n’en serait pas là. » Justement, j’ai fait tout ce qu’il fallait pour ne pas être égoïste, pour penser à leur bien être, alors quand la porte se referme sur moi, je ne sais pas quoi faire. J’ai le cœur serré, brisé. Je tambourine une nouvelle fois à la porte, mais on ne me répond pas. Pourtant, je lui demande à travers la porte de me rouvrir, mais elle ne le fait pas. Je me tourne face à la cage d’escalier avec un simple sac de fringues et c’est avec le cœur lourd que je commence à descendre les escaliers, en me retournant à chaque fois, pensant qu’elle va changer d’avis, mais elle ne le fera pas, elle s’en fiche bien au fond de ce qui peut m’arriver, tant qu’elle y trouve son intérêt. Sac sur le dos, je ne sais pas où aller, alors je erre, avec une longue liste d’amis que je pourrais contacter pour m’héberger. Ils comprendront, ils m’ouvriront la porte en grand, mais je m’arrête finalement sur le numéro de téléphone de mon avocate, Matilda que j’appelle après une courte seconde d’hésitation. Les bips commencent et c’est avec soulagement que j’entends sa voix à l’autre bout du fil. « Excusez-moi de vous déranger à cette heure-là… » Il est vingt-trois heures, quelque chose comme ça et peut-être qu’elle était occupée, ou qu’elle dormait. Si ça se trouve, elle ne vit pas seule et je dérange son mec aussi, mais je ne fais pas marche arrière. « J’ai besoin de vous, de votre aide, s’il vous plait. J’sais qu’il est tard, mais j’ai un problème. Vous pouvez venir ? Je suis sur Braou. Je peux rejoindre le cabinet d’avocats pour que ce soit plus simple pour vous de me retrouver, je sais pas… » dis-je, en regardant autour de moi. Je marche dans la rue, par besoin de bouger un peu, de ne pas rester sur place à ne rien faire et je garde le silence, attendant qu’elle me réponde. Elle n’est peut-être pas disponible, mais je continue d’espérer que si. En plus de tout ce qu’elle fait, je lui en demande beaucoup.