je sais, mais j'm'en fous. {r/gabin}

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Il a fait encore une belle connerie qui lui a valu trois heures à papoter avec l'infirmière et la CPE du lycée André Malraux. Elles l'ont conseillé de voir un expert, pour ses "problèmes familiaux et comportementaux". Un psy, financé par l'école. Un truc un scred, on prévient pas les parents. César se demande si c'est légal, mais au final, il s'en fout. Il veut qu'on lui fiche la paix alors il y va, à ce rendez-vous hebdomadaire à la con. Pour rester assis à rien dire, peut-être, mais ça ne sont que trois quarts d'heure de son temps à tuer, puis c'est fini et il est tranquille.
14 heures pétantes. Un mercredi après-midi. Il fait beau dehors et César ne sait vraiment pas ce qu'il fout assis là, dans une salle d'attente vitrée. C'est pas comme si il avait menacé de se suicider. On dirait un box à cheval, il y a trois compartiments. De l'autre côté de la vitre devant lui, il y a une vieille femme qui glisse tous les magazines Voici et Gala dans son sac à main. Elle louche un peu derrière ses lunettes cul-de-bouteilles. César rigole quand elle jette un œil à droite, puis à gauche, pour voir si quelqu'un l'ait observé en train de dérober des catalogues pourris. Dans le compartiment de derrière, il y a un monsieur à la dégaine de clochard, probablement un cousin de Gandalf, Dumbledore, le père Noël et le père Fouras, avec sa barbe blanche de dix-huit kilomètres qu'il gratte depuis que César est arrivé. C'est à dire depuis une bonne dizaine de minutes. L'attente semble interminable. Il se terre dans la banquette inconfortable, se revisse bien les écouteurs dans ses oreilles. Il voit une dame entrer, se pointer à l'accueil et être prise directement. Il arque un sourcil, se précipite au bureau de la secrétaire de "Monsieur Descartes" (une meuf au lycée s'appelle pareil), se demandant si ce type était aussi chiant que le philosophe qui doutait de tout. Parce que, quitte à être envoyé chez un psy, autant qu'il soit sympa et qu'il lui donne envie de revenir tous les mercredis parce que sinon, il avait bien mieux à faire. Comme se branler ou apprendre à Zoé comment siffler les gonz'. Enfin, des trucs déjà plus intéressants quoi.
Madame, ça fait dix ans qu'j'attends et y a l'autre qui est prise de suite là. Il est où M'sieur Descartes ? Il souffle, l'adolescent râleur, l'éternel insatisfait. Déjà, on dit "bonjour", ensuite monsieur Descartes n'est pas encore disponible, attendez un peu. Il lui tourne le dos en levant les yeux au ciel. *"Ggngn on dit bonjour" - j't'ai dit bonjour en entrant connasse !* Il repart s'échouer dans la banquette quand une porte s'ouvre enfin. Un petit barbu apparaît. Monsieur Barbero ? Suivez-moi. Ah bah c'est pas trop tôt.

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Il attrape son emploi du temps. Prochain rendez-vous, un dénommé César Barbero. Une fois passé le goût douteux pour les prénoms des parents, le tout sonne bien. Il range le tout sur son bureau et il soupire un peu. Le gamin a dix-sept ans. Les ados, c'est pas ce que Gabin préfère. Il a assez de Lena à la maison, en pleine crise d'adolescence. Mais voilà, quand il a ouvert son cabinet, Gabin avait besoin d'une clientèle fidèle. Alors, quoi de mieux que d'aller piocher dans l'endroit où se crée de nombreux troubles psychologique : le lycée ? Partenariat signé, le lycée André Malraux s'engage à lui envoyer les cas de leur établissement. Et autant dire que des cas, il en voit régulièrement. Ça fait peur pour l'espère humaine. Souvent, Gabin se dit que sa fille se rend tous les jours dans un endroit bourré de futurs psychopathes. Angoissant. Ses pensées paranoïaques envolées, Gabin sort de son cabinet et rejoint la salle d'attente. Il salue d'un signe de tête Mme Rodriguez qui stoppe immédiatement ce qu'elle est en train de faire. Piquer Closer et Marie-Claire. Comme d'habitude. « Monsieur Barbero ? Suivez-moi. » annonce-t-il simplement d'une voix autoritaire. Honnêtement, Gabin, ce n'est pas le gars le plus engageant au premier abord. Il pourrait même effrayer. Mais le gamin en face n'a pas l'air impressionné le moins du monde. « Asseyez-vous. » intime-t-il en montrant la chaise face à son bureau. Gabin prend le temps de s'installer, laissant s'installer un drôle de silence dans la pièce. Il n'est pas comme ses collègues psychologues qui mettent des paysages de forêt et de plage sur les murs. Lui, il a simplement affiché un portrait d'Albert Einstein qui tire la langue et des cadres-citations qu'il trouve inspirantes. Il attrape un crayon bic et commence à noter la date du jour sur sa feuille. Gabin relève ensuite la tête et décrit le jeune garçon du regard. Le silence n'a pas l'air de le gêner. Tant mieux. Il vaut mieux s'habituer rapidement aux silences étranges de Gabin. « Ok. Vous savez pourquoi vous êtes là ? » Autant entrer directement dans le vif du sujet. Gabin ne demande jamais à la CPE du lycée pourquoi elle lui envoie des élèves. Il aime bien être vierge de tout préjugé quand les ados rentrent dans son cabinet. La seule chose que Gabin sait, c'est que ce gamin n'est pas là de son propre gré. Et vu la tronche qu'il tire en cet instant, la phase de mise en confiance risque d'être compliquée.

Spoiler:

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Son ton est sec. César sait déjà qu'il va avoir du mal à apprécier cet homme. Il a même envie de lui balancer un "D'abord, on dit bonjour" en coulant un regard moqueur à l'autre mégère de l'accueil, mais il se retient, de peur que le toubib ne marque ça sur son petit carnet. Il a juste besoin qu'il signe la fiche de suivi. César ne veut clairement pas que ça s'éternise. Il se dirige nonchalamment vers son petit cabinet, il s'attend à voir des trucs de psy sur les murs, de l'art abstrait, des taches et dix-huit pendules qui n'affichent pas la même heure. Il entre et il est déçu. La déco est à chier, les murs sont fades. C'est un psy normal. Mais au plus bas de l'échelle du normal, quoi. La deuxième chose qu'il voit après le tableau mainstream d'Einstein tirant la langue, c'est la plaque sur son bureau. G. Descartes. Garry ? Comme l'escargot de Bob l'éponge carrée ? Gunther, comme le frère de Tinkaka dans Shake it up ? Il se jette dans la chaise tournante, le laissant à peine le temps de la lui indiquer. Il n'a aucune manière et il n'allait pas s'en chercher pour "faire bonne figure". Y a un silence roi, il a le regard qui fuse de son calepin à César, comme s'il pouvait lire dans ses pensées. Alors il doit voir des trucs drôles. César s'invente tout un tas d'histoires dans sa tête pour passer le temps, quand il se fait chier. Sa mère l'a forcé à lire des livres pour qu'il apprenne le français des blancs plus vite et ça avait développé son imagination et il a toujours su fuir les situations gênantes comme celle-ci ou rien d'autre qu'un silence de veillée mortuaire et un bureau assez design les séparent. Il gonfle ses joues, fait passer l'air d'une pommette à l'autre. Bon ? Ah, il parle. Tout ça pour ça. Bah, pas trop en fait, m'sieur. C'est à toi de me le dire, non ? Le vouvoiement jeté à la poubelle. C'est son boulot de définir ce qui ne va pas chez les gens, n'est-ce pas ? Enfin, il ne se serait pas tapé toutes ces études supplémentaires pour juste s'asseoir, là, et demander aux autres de mettre des noms sur leurs problèmes. C'est à lui de le faire et au patient d'admettre. Enfin, c'est aussi parce que César veut faire la forte tête.
Apparemment, j'ai des problèmes. Ou je suis un problème. Et la CPE a dit que t'avais les compétences pour m'aider à trouver une solution blablabla. Le truc c'est juste qu'elle a peur que je fugue, que je me pique des aiguilles sales dans les veines ou que j'arrive avec un flingue au lycée, un matin. Il pose sa jambe droite sur le bureau, puis la gauche en les croisant. Il attrape la plaque nominative. G, c'est pour Gérard ?

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Ce gamin va te taper sur les nerfs. Tu le sens, tu le sais. Clairement, il a de la chance de ne pas être ton gamin. Tu l'aurais jamais laissé atteindre un tel niveau d'insolence. Quoique tu te doutes bien que Lena ne doit pas être la dernière quand il s'agit de faire chier le monde. Elle a de qui tenir, de toutes façons. Louise en tête. Aussi bornée que sa mère. Et aussi têtue que son père. Magnifique mélange. En tout cas, tu sais que Lena est pourvue d'un minimum de respect et qu'elle n'agirait jamais comme ça avec un adulte. Enfin tu oses l'espérer. Tu écoutes attentivement la complainte de l'adolescent. Fini le vouvoiement apparemment. T'aimerais bien lui faire la remarque. Mais tu sais que ça ne sert à rien. Dire à ce genre de gamin ce qu'ils ont à faire, c'est les encourager à faire l'inverse. Alors que tu t'apprêtes à répondre, tu le vois poser ses pieds sur ton bureau, provocation suprême. Il s'amuse, tu le sais bien. César doit aimer être le mâle alpha, montrer une sorte de supériorité dans ses échanges. Très bien, qu'il en soit ainsi. Un jour il comprendra que le monde n'est pas que compétition. Aborder un entretien avec un adolescent est quelque chose d'assez délicat. Heureusement, personne ne sait ce qu'il se passe dans ton bureau. Parfois, ton vocabulaire devient bien moins professionnel. Mais tes drôles de techniques ont fait leur preuve. « Et toi, t'es lequel des trois ? Le fugueur, le drogué ou le sociopathe ? » demandes-tu avec détachement. « Je ne sais pas pourquoi on t'a raconté ça mais moi, je ne donne pas de solutions toutes faites. Ça n'existe pas. Et les psychologues ne sont pas des devins. Si tu veux que ça se termine le plus vite possible, il va falloir te montrer coopératif. Et crois-moi, tu te lasseras avant moi. Je suis payé pour ça. » Tu jettes un coup d’œil à ses jambes posées sur le bureau et tu as envie de te marrer quand il te pose cette question. « G, c'est pour Gérard ? » Tu hausses les épaules, indécis dans ta réponse. Il peut t'appeler Gérard s'il le souhaite, tu t'en fous royalement. Tu sais qu'il fera ce qui lui chante. « G, comme Garde tes questions pour toi. On n'est pas là pour parler de moi. Je ne suis pas un problème au lycée apparemment. » Pourtant, t'étais pas tendre non plus quand tu avais dix-sept ans. Tu étais un peu insolent toi aussi. Moins provocateur mais tout aussi futé et curieux. Du moins, c'est ce que tu perçois chez ce gamin. « Donc toi, tu fais partie de ceux que les profs appellent gentiment les "perturbateurs" mais que personnellement je nommerais plutôt les "petits cons qui pensent être les rois du monde" ? » Voilà. Tu commences à mal parler. Pas très professionnel. Mais tu t'en fiches. Il se montre provocateur ? Alors toi aussi. Tu cherches à connaître ses limites, à trouver une faille. Et quand tu auras trouvé la faille, il n'aura pas eu le temps de s'en rendre compte que tu te seras engouffré dedans.

intervention d'aléas de la vie

je contrôle tout

qu'est-ce qui retentit ? mais oui, c'est bien le téléphone portable de ce cher psychologue. c'est pas très bien en pleine consultation, ça ne se fait pas. côté sérieux : 0. d'autant qu'il me semble que l'interlocuteur qui cherche à le joindre ait un prénom commençant par un L. serait-il possible que ce soit important ?

» (Matilda) Je ne sais pas vers qui me tourner
» dog days are over / r. gabin.
» stop wasting your time (Gabin)
» (GABIN) Viens, prends-moi la main et emmène moi sur la lune
» Je sais même pas si j'ai le droit de poster là x)