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 So cold it burns, soft spoken words

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Ludovic Peretti
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MessageSujet: So cold it burns, soft spoken words   So cold it burns, soft spoken words EmptySam 20 Fév - 10:40

SHANE & LAËTITIA

I don't know why
The bad tricks the good side
It won't let go
Innocent it may be, but it cuts deep and stays
It never goes away


Son cellulaire vibre contre sa cuisse, étriqué dans la poche de son jean, elle file à vive allure, frappant l'asphalte d'une démarche puant le stress. Regard embrassant volontairement un point qui s'éloigne au fur et à mesure que ses pas s'alignent. Le cerveau molesté par les interrogations qui viennent çà et là, empoigner ses neurones de blonde. L'appréhension suinte, Laëtitia est persuadée que quiconque se tient près d'elle peut la sentir, rayonner à travers chaque fibre de son corps. Tendue, elle se répète depuis cinq bonnes minutes un mantra délavé, avec une conviction révolutionnaire, certes, pourtant tout sauf inébranlable. Putain, pense-t-elle, se passant une main fébrile dans les cheveux. Il va surement la prendre pour une détraquée érotomane, à venir l'attendre à la sortie des cours. Pire, une midinette miaulant sur son passage et, vu le physique qu'il se tape, monsieur doit surement avoir son lot de fanatiques, prêtes à adorer le terre qu'il foule de ses pieds. Prenant une profonde inspiration ( à l'incidence désuète), Peretti balaie les idées farfelues, décidant de s'en tenir à son plan initial : cracher un « Désolé » et partir en courant. Parce que si la jeune femme a l'habitude d'être honnête, cette nuit-là, elle lui a salement menti et, elle, s'est salement faite griller. Érotomane et mythomane, un profil psychologique vraiment  glamour et profondément inquiétant. (…) La sonnerie hurlante, continue petit à petit à foutre les élèves hors de l'enceinte de ce lycée de beauf, l'amertume lisible sur son visage, elle n'a pas eu la chance de pouvoir fréquenter ce genre d'établissement, récoltant les revers selon la toute puissance paternelle, préférant qu'elle se cultive à l'abri de toute tentation. Adossée au mur, elle sent la tension monter crescendo, son cœur se la jouer renégat, dissonance créature monstrueuse mangeuse de tripes, s'installe, couvre chaque organe.  C'est qui, la beauf, maintenant ? (…) Quelques badauds crachent des volutes, dans des éclats de rire qui font écho jusque dans ses os, Laëtitia est sur le point d'abandonner. Quelle idée d'avoir perdu des nuits entières à essayer de le retrouver ? Le retrouver juste pour lui raconter un secret inavouable, reconnaître finalement que tous les mots échangés possédaient une effroyable part de vérité ? Bon, elle a menti mais, qui ne ment pas, hein ? C'est pas comme si elle  s'était inventée toute  une identité. Parce que c'est exactement ce qu'elle a fait et qu'elle se sent déjà bien bas de plafond d'avoir osé s'appeler Carla. Franchement, Carla ? Paumée, les nerfs en pelotes, elle voit enfin sa silhouette prendre forme, s'avancer machinalement dans la direction opposée. C'est tout elle, ça. Se poster au sud quand, le monde s'esquisse vers le nord. Elle se ressaisit, accélère le pas, lance un « Monsieur » à peine audible. Monsieur ? Sérieusement, qu'est-ce qui cloche chez elle ? « Shane » finit-elle par crier, le bruit de la circulation cesse, les regards se tournent vers elle, elle devient cramoisie. « Je sais » - souffle-t-elle, elle sait quoi ? Parce que, son regard posé sur elle lui rappelle la vilénie dont elle a pu faire preuve. « J'ai pas assuré du tout » - avoue-t-elle, dansant d'un pied sur l'autre, mal à l'aise. Carla pleine d'assurance s'est dissipée et a laissé place à Laëtitia, la minable dont la seule arme reste le mensonge. Enchantée, Shane. « J'ai pas été fichue d'assumer ma propre identité, j'ai mal agi » - le ton employé évoque une suite logique en : vous pouvez me punir, professeur. Je peux recopier 100 fois, « j'ai mal agi », pense-t-elle, le fixant de ses billes opalines, pleine d'espoir.
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MessageSujet: Re: So cold it burns, soft spoken words   So cold it burns, soft spoken words EmptyDim 21 Fév - 12:17

Il ne s’attendait pas en sortant d’un cours particulièrement éreintant puisque les secondes avaient été des plus agités – comme ils le disaient si bien c’est la fin de la journée, on en a marre – à se retrouver face à un imprévu. Parce que depuis le jour de leur rencontre, il s’était dit que les choses ne bougeraient pas entre eux. Elle avait usé de mensonge, un mensonge plutôt bancal surtout face à un ancien sportif de haut-niveau ou presque. Il ne pouvait pas ignorer sa condition de joueuse de tennis professionnelle. L’actualité sportive fait partie de son petit déjeuner, il reçoit encore tous les journaux internationaux qu’il apprécie et le journal du coin. Il sait évidemment que la jeune fille n’est pas une personne lambda. S’il ne sait pas si elle parviendra à son objectif parce que la route est encore longue, il est vrai qu’elle en a déjà fait du chemin pour son jeune âge. Quand elle s’est présentée sous le nom de Carla, il avait eu envie de rire, et puis, il s’était pris au jeu, convaincu qu’une situation cocasse en découlerait à un moment donné, mais elle avait préféré persister dans son mensonge toute la soirée, et au moment de partir, l’Irlandais lui avait lancé une petite invective bien placée qui avait dû la faire réfléchir dans son sommeil. Cette situation le faisait encore rire, parce qu’il avait détalé sans lui laisser le temps de se rendre compte qu’elle était passée pour une menteuse toute la soirée. Shane ne s’en était pas formalisé, après tout ça ne la rendait pas plus désagréable, au contraire. Mais il avait un goût d’inachevé voire de frustration parce qu’il avait l’intime conviction qu’elle avait joué un jeu toute la soirée et qu’elle n’avait pas daigné montrer la véritable Laetitia. Et lui s’était confié à cœur ouvert sur sa vie, sur son rêve brisé. Il ne regrettait pas de lui en avoir parlé parce que seule un sportif pouvait comprendre ce qu’il avait vécu, mais quelque part, il aurait peut-être aimé qu’elle s’ouvre et qu’elle partage un peu plus à son tour. Jamais il n’avait cru la revoir, et surtout pas au lycée. Il avait fermé la porte de sa classe tandis qu’une élève lui parlait de ses projets de vacances en Irlande, tout ça parce que son prof préféré était Irlandais. Il rit à cette éventualité et prit congé de la demoiselle qui allait finir par rater son bus. Alors qu’il s’engouffrait dans le couloir, une voix cristalline l’interpela dans un cri et il se retourna, tombant sur la jeune joueuse de tennis. Un peu confus face à cette rencontre inattendue et surprenante, il sourit à demi, un peu gêné et balbutia : « Laetitia, si je m’attendais… » Non, il ne s’y attendait pas. Peut-être aurait-il dû l’appeler Carla ? Ce qui le choqua d’autant plus c’est qu’elle était penaude, presque timide, comme si elle hésitait encore à prendre les jambes à son cou. Pire encore, elle s’excusait, et Shane ne savait plus vraiment où se mettre parce que les gens semblaient s’intéresser à ce qui se tramait. Elle avait l’air tellement différente de la fille qu’elle avait affichée il y a quelques temps que ça en était troublant. Il ne savait même pas quoi lui répondre. « Oh… quelle différence ? Carla, Laetitia c’est presque pareil, non ? » C’était maladroit, et il avait l’air un peu con en sortant ça, alors il se rattrapa tout de suite : « Tu es venue jusqu’ici pour t’excuser ? C’est gentil. » Oui ça l’était, mais la raison lui échappait. Conscient qu’il y avait mieux à faire que de rester immobiles comme deux poteaux au milieu du couloir, il finit par proposer: « Tu veux aller boire un verre ou aller faire un tour ? » Et pour la première fois aujourd’hui, il lui souriait enfin. Il avait l’intime conviction que cette fois, elle serait Laetitia, et personne d’autre.
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Ludovic Peretti
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MessageSujet: Re: So cold it burns, soft spoken words   So cold it burns, soft spoken words EmptyDim 21 Fév - 14:29

La surprise lisible dans les prunelles opposées accentue son embarras. Laëtitia se pince les lèvres, réprimant l'envie de se passer une main dans sa tignasse folle. Bon sang, quelle conne pense-t-elle, tandis que l'idée de fuite revient molester ses méninges, son regard se pose tour à tour sur le grand brun puis la seule sortie menant vers le monde libre ;  l'envie de prendre ses jambes à son cou se fait de plus en plus séduisante. Pourtant, elle campe face à lui, les doigts triturés sans ménagement. De quoi est-ce qu'elle a l'air ? Mise à part d'une cinglée, capable de venir débusquer le parfait inconnu jusqu'à son lieu de travail. L'impatience transpire à travers ses pores, la gêne teinte ses pommettes et elle ne peut que se trouver particulièrement pathétique d'être à deux doigts de l'apoplexie rien qu'en essayant de soutenir les billes sombres de son interlocuteur. Contrairement à elle, la réalité n'a pas l'air de peser sur ses épaules, il semblerait qu'elle soit la seule à prier silencieusement pour que tous les mensonges proférés soient oubliés. Peretti, ma pauvre, songe-t-elle, en déglutissant, les minutes s'amoncellent et, d'après ce qu'elle peut comprendre, elle pourrait simplement aller se planquer dans n'importe quel trou de souris à proximité et y rester cloitrée jusqu'à ce que le monde entier oublie son existence ou juste, faire face à la situation , à son aspect on ne peut plus abscons et assumer pleinement ses désirs de liberté, aussi tordus puissent-ils être. « Carla » - elle répète, un peu abrutie par le ton de cette voix dont elle avait presque oublié les inflexions. Toujours est-il qu'elle y décèle une certaine chaleur et, dieu seul sait que c'est exactement ce dont elle a besoin. Ce qu'elle est venue chercher. « Laëtitia, je suis Laëtitia. Je l'ai toujours été , enfin, à quelques exceptions près » - et des exceptions, il y en a à la pelle( malheureusement). Certainement une tendance à enjoliver la laideur du réel, trouver un moyen même obsolète de s'affranchir d'un quotidien beaucoup trop pesant en s'en prenant lâchement à des Shane. S'inviter dans leur vie, de manière naturelle et s'inventer des problèmes beaucoup moins horripilants que les vrais, ceux auxquels il est impératif de trouver des réponses réelles. Réalité, réel, bref, c'est harassant de penser, de le faire à l'excès. « Je ne suis pas venue ici pour m'excuser, je suis venue jusqu'ici pour ...que tu m'excuses » - pour le prier de l'excuser. Mauvaise formulation, pourquoi polémiquer ?  Enfin, elle est« gentille », d'après lui. Toutes les nanas savent pertinemment ce que signifie l'emploie de cet adjectif o combien humiliant « gentille » ou « stupide » ou « pas assez bien ». Elle secoue la tête, le temps d'assimiler l'information, le temps que son cerveau décortique le message. Flux intense : de sons, d'images, explosion sensorielle sacrément dure à gérer. « Heu...est-ce qu'on peut faire les deux? » - sonnée, elle esquisse un sourire, reprenant doucement confiance en elle. Pas qu'elle soit le genre de femme à perdre son vocabulaire facilement mais, il faut reconnaître que la bestiole qui se tient à ses côtés à cet instant est vachement intimidante. Sans compter qu'elle est la seule à blâmer pour le désastre de leur rencontre. Elle évalue les risques  ( elle pourrait se lancer dans une logorrhée instoppable, par exemple, se ridiculiser davantage) mais elle se rend à l'évidence, est-ce que ça pourrait être pire ? Difficilement, rassurée, elle décide de lui emboîter le pas. C'est qu'elle lui fait confiance, c'est qu'elle ne sait vraiment pas comment elle en est arrivée là, c'est qu'elle préfère arrêter de réfléchir. C'est que, pour le moment, ça lui suffit. Taquine, elle lance  un « Alors monsieur est professeur » - Carla revient mais Laëtitia est là qui veille au grain, redevenant sérieuse, elle décide de nuancer son propos :« Comme j'ai pas été très honnête, j'ai pensé que tu ne l'avais pas été aussi » - elle avoue, « j'suis nulle en anglais, peut-être que tu pourrais me donner des cours ? » - peut-être qu'elle a juste besoin de désamorcer avant que tout ne déflagre.
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MessageSujet: Re: So cold it burns, soft spoken words   So cold it burns, soft spoken words EmptyLun 22 Fév - 1:55

Carla. A la minute où elle avait prononcé ce prénom, il avait compris qu’il ferait face à un mirage le temps d’une soirée. Et pourtant, même s’il avait pris le temps d’écouter la jeune femme. Carla. Ce nom ne lui seyait même pas. Laetitia lui collait tellement mieux à la peau. Mais il aurait cru qu’elle ait un peu plus confiance en elle, étant joueuse de tennis professionnelle. Mais en face de lui, à ce moment-même, il avait une petite fille prise la main dans le sac en train de faire une bêtise. Ca la rendait mignonne, mais en confrontation totale avec le personnage qu’elle lui avait présenté. Le regard bleuté de la petite blonde déchante, lui qui était si fier lors de leur rencontre. Il est perplexe Shane, ne sachant pas vraiment comment se comporter. Il se demande comment elle a fait pour le retrouver ici. Les réseaux sociaux ont pu jouer, bien qu’il n’affiche pas réellement sa vie. Il est possible qu’il ait mis son occupation professionnelle dans sa biographie sur Instagram. Mauvais choix. Quoiqu’il n’est pas mécontent de la voir, maintenant qu’elle est sûre de la personne qu’elle est. Peut-être possède-t-elle quelques troubles schizophrènes, bien qu’il soit persuadé que non. Alors qu’elle mentionne une certaine redondance dans ses agissements, il se plait à plaisanter. « Des exceptions dont je fais partie, il faut croire! » Dans ce cas-là, mieux vaut ne pas être une exception, ou cela signifie être le dindon de la farce. Cependant, même si la tenniswoman restait une énigme pour lui, il avait le sentiment qu’elle ne s’excusait pas auprès de tout le monde et c’est en ça qu’il était une exception, et il devait probablement s’en réjouir. Toujours était-il qu’elle était venue lui demander quelque chose qu’elle ne pourrait réellement obtenir puisqu’il n’éprouvait aucun grief à son égard. « Je ne t’en ai pas voulu. Tu avais probablement tes raisons. » Se contente-t-il de lui répondre. Et pourtant, il la regarde longuement, comme s’il cherchait à en savoir plus. Elle l’intrigue, il se demande à quoi ressemble sa vie, parce qu’il sait que les joueurs de tennis n’ont pas le même genre de vie que les joueurs de sports collectifs. Il se demandait comment elle le vivait, comment elle elle gérait la pression, comment elle vivait son quotidien. Il avait de l’intérêt pour toutes ces choses, mais il n’était pas sûr de les obtenir en lui faisant la conversation. En tout cas, il allait essayer. Il n’allait pas la laisser seule en plan dans l’enceinte du lycée. Après tout, elle s’était pliée en quatre pour le retrouver. A sa demande enfantine, il sourit avec amusement. « Bien sûr, tu veux aller quelque part en particulier ? » Il n’avait aucune idée de l’endroit où il pouvait déambuler. Il se mit en route, actionnant ses longues jambes tandis que la jeune femme le suivit en se postant à ses côtés. Ils quittent les lieux vers un monde différent, et elle s’enquit mutine à le lancer sur ses occupations. « Oui, ne te l’ai-je pas dit ? » s’amusa-t-il dans une moue presque timide. Et puis, il poursuivit : « Sinon, que ferait un jeune rugbyman retraité à Biarritz ? » Après tout, elle faisait partie des rares à connaitre son passé dans les moindres détails. Ou presque. Il avait probablement omis certains détails. Mais ce n’était pas tout. A présent, la jeune femme lançait des propositions à tout va, et c’était assez déroutant. Levant les yeux au ciel essayant de prétendre ne pas être tenté, il posa ses conditions : « Je pourrais oui, mais si je le fais, il faudra que ce soit de façon régulière, sinon tu ne te souviendras de rien entre temps, donc il faudra faire en fonction de ton emploi du temps bien chargé. » Avant de partir dans un éclat de rire. « J’accepterais avec grand plaisir, si tu m’en dis un peu plus sur toi, Laetitia. Pas sur Carla je la connais déjà ! » Histoire de mettre les choses au point. Plus de mensonges, plus d’autres identités.
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Ludovic Peretti
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MessageSujet: Re: So cold it burns, soft spoken words   So cold it burns, soft spoken words EmptyLun 22 Fév - 17:12

Laëtitia elle tâtonne, refoulant toutes les appréhensions qui lui font salement la nique à cet instant précis ;  inspire profondément en se lançant des « jusqu'ici, tout va bien ». Elle pourrait compter jusqu'à dix, par exemple, ouais, avant de répondre aux questions qui pourraient se manifester, ce n'est vraiment pas une mauvaise idée quand elle s'y intéresse de près. Elle s'éviterait bien de l'embarras. Elle pourrait simplement se la jouer démago, comme la plupart des hyènes qui évoluent sur gazon ou terre battue. Elle pourrait retomber dans ses travers et invoquer la personnalité pétillante, celle de Carla, plutôt qu'afficher la profonde insipidité de Laëtitia et dans ces  versions antipodiques d'elle-même, elle se laisse facilement emporter par celle qui la flatte, celle qui la fait paraître sous son meilleur jour. Seulement, la voix de la raison la houspille aussitôt et tandis que ses iris s'accrochent au sourire qui vient vriller les lèvres de Shane, elle est pas loin de s'abandonner à la contemplation, à peine consciente de l'impact des mots qui percutent ses tympans. Le cœur gonflé d'hardiesse et, elle sait bien que c'est tout à l'honneur de ce bandit de grand chemin, rencontré par une nuit d'incertitude, phare d'un nouveau genre. La blonde réprime une sacrée envie de le remercier, de formuler toutes les paroles qui traversent sa cervelle à vitesse surnaturelle. Elle retient tout, du « t'es un vrai prince » au « franchement adorable », des commentaires de midinettes dont elle épargne gracieusement le grand brun, il doit y avoir droit tous les jours, bordel. « Je crois que j'arriverai à te caser quelque part, entre deux entrainements  » - souffle-t-elle, heures ou minutes thérapeutiques, bouffée d'oxygène, juste de quoi tenir plus longtemps sans avoir l'impression de n'être qu'une conne attendant son heure. Si elle est tentée de se montrer présomptueuse en lui donnant du « ça me donnerait une excuse de te voir plus souvent » , elle est pleinement consciente que ce genre de réplique pourrait le faire fuir, susciter encore plus de questionnements sur ses agissements suspects. Elle passerait pour tout ce qu'elle n'est  pas : collante, volubile, donzelle sur orbite.« Tu veux savoir quoi de Laëtitia ? » - elle se lance, sans filet, prête à se vautrer ( et le faire dans les règles, après tout, elle n'est plus à ça près). Elle grimace, se rappelant les raisons pour lesquelles elle est là, à faire amende honorable auprès de ce gars dont elle connait l'histoire, presque par le menu détail.« Laëtitia peut, parfois, se retrouver désespérée et se lancer dans de l'espionnage très poussé de réseaux sociaux » - elle plaque une mèche rebelle, derrière son oreille, dans un geste lapidaire. Peine perdue, mèche préfère l'anarchisme. « La culpabilité m'a tenu éveillée des nuits entières et, je me suis retrouvée réduite à devoir m'injecter de la caféine en intraveineuse pour assurer mon emploi du temps ». Ils alignent les pas, dans un rythme correct. Il prend bien soin de ne pas la hâter, de s'adapter à elle et, Laëtitia ne peut que lui accorder un point de plus. Décidément. «Tu sais quoi de moi ? Peut-être que je pourrai juste combler les blancs çà et là » - elle veut que tout soit équitable, la démarche est bonne, la technique atrocement médiocre. 30-15, débile, songe-t-elle, reprends l'avantage. « On peut se prendre un café et marcher un peu, je vais pas te retenir trop longtemps. T'as peut-être beaucoup de copies à corriger ? » si la réplique est lancée avec nonchalance, au fond, elle a la trouille que la réponse soit oui.
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MessageSujet: Re: So cold it burns, soft spoken words   So cold it burns, soft spoken words EmptyMar 23 Fév - 1:31

Laëtitia lui apparait tellement différente du soir de leur rencontre. A la manière de Cendrillon elle avait dressé une illusion, ce qui ne la rendait pas souillon pour autant. Elle lui formule cette demande étonnante comme un accord immuable qui achèverait de lui donner satisfaction en apprenant à la connaitre un peu plus. Au fond, Shane ne sait pas ce qu’il recherche véritablement à en apprendre plus sur la joueuse de tennis aux cheveux blonds dorés. Il ne l’explique pas. Elle l’intrigue comme jamais on n’est parvenu à susciter un intérêt chez lui. Elle semble avoir recours à de multiples facettes pour se protéger de la perfidie du monde, comme une dame sans visage s’assurant de ne jamais laisser de traces. Ce qui est paradoxal dans un sens. Laëtitia ne souhaite-t-elle pas marquer le circuit WTA de son empreinte au milieu des Serena Williams, Navratilova, Steffi Graff et Arantxa Sanchez ? Avec cela dit, un peu plus de glamour que toutes ces championnes. Elle veut forcément se créer une identité sur le court et en dehors. Mais la Laëtitia des projecteurs n’est-elle pas différente au quotidien. Elle a l’air si penaude quand Shane la regarde, comme si en quelque sorte, il l’impressionnait. Il n’y a pourtant pas de quoi. C’est elle qui a une carrière professionnelle, la sienne est restée au stade d’embryon. Aussi, alors qu’elle lui indique la possibilité de trouver un créneau régulier entre deux entrainements, l’Irlandais lâche avec aplomb : « J’aimerais beaucoup te voir jouer. » Il aime le tennis, bien que les sports individuels l’aient toujours moins intéressé que les sports collectifs, il sait à peu près jouer. Il est cependant loin du niveau de la jeune femme, ça ne fait aucun doute. Mais peut-être pourrait-elle lui apprendre à jouer et il lui apprendrait les rouages du rugby ? Il ne fait pas attention le grand brun quand il s’exprime, il ne se rend pas compte qu’il scelle de nombreuses ‘re-rencontres’. Il trouva très drôle qu’elle parle comme toutes ces personnes imbues d’elles-mêmes à la troisième personne. Elle créait tout un cirque autour d’elle, dont elle était l’attraction principale. Se pinçant les lèvres pour réprimer un rire, Shane la questionna : « Est-ce que Laëtitia sait parler d’elle à la première personne du singulier ? » Mais elle était tellement volubile qu’il soupçonnait une grande nervosité chez elle. Ce qu’elle racontait semblait presque effrayant, il avait déjà une stalkeuse au lycée, il n’avait pas besoin d’une psychopathe en prime. Une psychopathe qui avait pourtant le don de le faire rire sans trop forcer. « Je croyais qu’on avait dit plus de mensonges ? » S’étonna-t-il en la rappelant à l’ordre alors qu’il se permit de remettre en place la mèche rebelle de la jeune Peretti. Marcher un peu dans Biarritz lui fait le plus grand bien et puis Laëtitia est d’une agréable compagnie. Bavarde, mais ça lui convient, c’est ce qu’il a exigé d’elle. « Je sais que tu joues au tennis et que tu es très talentueuse, que tu fais un peu la fierté de la région bien que tu ne sois pas née ici. Je sais que tu as vingt ans, tu es gauchère, tu mesures 1m78 et tu aimes t’inventer une identité parce que tu te trouves maladroite. Mais je sais que je suis loin de tout savoir… » Laissant sa phrase en suspens, il lui laisse le loisir d’en rajouter plus en posant le regard sur elle. Toutes ces informations, il les a glanées sur internet et dans les journaux, sauf pour son côté maladroit ; ça, il l’a deviné tout seul. « Ok pour le café mais je te l’offre. Non, je n’ai rien de prévu pour l’instant, je n’inonde pas mes élèves de contrôles et tests surprises ! » Il tient vraiment à respecter ses principes. Quant aux copies, pour une fois, il n’a pas de travail supplémentaire à la maison si ce n’est de préparer ses prochaines séances, mais suivant un programme plus que défini, ça ne prendra pas des heures.
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MessageSujet: Re: So cold it burns, soft spoken words   So cold it burns, soft spoken words EmptyMar 23 Fév - 18:11

Mondieumondieumondieu pense-t-elle, incapable de taire son flot de paroles, persuadée d'avoir déjà été cataloguée comme la zinzin de service ( ce qu'elle est, techniquement, elle l'a d'abord traqué  sur facebook puis instagram même sur LinkedIn ; copains d'avant et la lune étaient au menu de ses prochaines pérégrinations). Furtif, mèche rebelle magistralement matée, retenant son souffle,elle prend quelques secondes pour apprécier le geste, tomber – légèrement – en pâmoison et se fouetter (fustiger, admonester – et tous les synonymes existants) mentalement d'être une empotée de grand championnat. Elle lui offre de  l'emploi de « 3ème personne » comme une Delon profondément mégalo. Laëtitia mérite une place de choix sur le podium , cela paraît certain. Mais dans ce nuage de variables, reste quand même ce mec là et peut-être que pour la première fois depuis pas mal de temps, elle veut bien faire quelques efforts, dépasser sa personnalité brindezingue, à forte tendance fuyant le contact pour s'en faire un allié. L'enthousiasme refréné, elle se contente de sourire de toutes ses dents, les mirettes pétillantes, satisfaite de la réponse donnée. Géniale, marmonne-t-elle, se passant une main sur la nuque, autre signe criard de cette nervosité exacerbée sous laquelle elle plie, pathétiquement compliante. « Ma parole, tu connais ma page Wikipédia par cœur » - tentative d'humour, si l'échec point, elle embraye sur la suite directement, pour ne pas offrir une occasion à une procession d'anges de passer. Plus tard. « Je ne suis pas talentueuse... » - souffle-t-elle, les yeux baissés, couleur pivoine, lorsqu'elle lève à nouveau le regard, c'est in extremis qu'elle évite un poteau télégraphique. Qu'est-ce que ça fout là, ça ? « N'importe qui peut y écrire. Ce qui est révoltant » - Wikipédia est révoltant, qu'il puisse évoquer son talent, en soi, non. Embourbée, elle pile quelques instants, tout juste de quoi faire le tri dans le maelstrom de sensations ressenties. Putain, que c'est dur. « Une blogueuse ganache a osé me comparer à Kournikova »  - l'insulte suprême pour la blondinette qui abhorre qu'on puisse lui souhaiter une carrière aussi débraillée que celle dont a écopé la joueuse russe. « Sharapova, à la limite, sans 2008 évidemment ». Pourquoi est-elle incapable de s'arrêter de parler ? Elle qui pèse constamment ses mots, qui n'en dit pas un plus haut que l'autre et qui met un point d'honneur à respecter le vieil adage qui prétend que le silence est d'or. La réponse, la seule qui vienne reste Shane. « Je suis née dans les airs » - lance-t-elle, ton du constat, comme si ce simple fait peut expliquer qu'elle soit un brin à côté de la plaque. C'est peut-être pour cette raison qu'elle a la tête en l'air, parfois. Le fait est qu'elle y voit un signe du destin. Bien que Destin ait une fâcheuse tendance à la mettre dans des conjectures particulières. Tout ce quiproquo, tout ce cirque, quelque part, ça doit être écrit. Silencieuse, paumée dans sa propre version du monologue de Rodrigue , elle remarque à peine qu'ils se sont arrêtés. L'enseigne d'un café se dresse devant eux, elle ose lui jeter un regard. Jaugeant si, l'endroit convient à celui qui a décidé de l'inviter. Seigneurial, parcours sans faute jusque là. Elle aimerait , définitivement, l'avoir comme prof. Avec sa présence rassurante , elle se voit déjà réussir à répondre aux journalistes anglo-saxons lorsqu'elle squattera le gazon wimbledonien.« Tu veux faire ça dans quel ordre ? » - se rendant compte de l'ambiguité de sa question, elle reprend, penaude. « marcher ou café ? » - bien qu'ils aient déjà pas mal trottiné jusque là. « On entre ? ».

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MessageSujet: Re: So cold it burns, soft spoken words   So cold it burns, soft spoken words EmptyJeu 25 Fév - 1:45

Laëtitia est un sacré petit bout de femme. S’il y a bien une chose qu’elle provoque de par son attitude, c’est le rire. Mais il ne s’agit pas d’un rire moqueur. Shane, il ne rit pas d’elle, mais avec elle. Il a l’impression qu’elle se met en scène pour cacher sa nervosité, sa timidité ambiante. C’est comme si la jeune Peretti était une enfant perdue dans le square au milieu de tous ces enfants qui se connaissent. Elle ne sait pas où aller, que faire. Et puis, finalement elle se crée une barrière de protection en faisant la pitre, attirant nécessairement le regard des autres enfants. Shane, aurait été de ceux qui restent jouer seuls dans leur coin sans attirer l’attention, déterminé à réussir peu importe ce qu’ils avaient entrepris, non sans jeter des regards envieux aux enfants qui jouent plus loin. Elle sait elle, que derrière cette enveloppe d’homme calme et posé, respectable, se cache un adolescent meurtri par l’arrêt brutal du rêve dans lequel il vivait éveillé, et cette ombre fait partie de lui en permanence même s’il a appris à la dissimuler tel le Docteur Jekyll repoussant Mr Hyde. Ils ont probablement plus de points communs que ce qu’elle ne veut le remarquer. En tout cas, le sourire radieux de la joueuse de tennis a quelque chose de craquant. Elle devrait en user plus souvent. Il se pince les lèvres à la réflexion qu’elle fait au sujet des informations qu’il lui a déclaré connaitre. « Je ne l’ai pourtant pas consultée ! » Ce qui est bien vrai. L’Irlandais a consulté des journaux, la page du circuit ITF, celle de la WTA, mais pas Wikipédia. Parce qu’en bon prof, il sait que ce n’est pas une source recommandable et il met souvent en garde ses élèves sur la véracité des propos tenus sur cette ‘encyclopédie’. Elle est mignonne quand elle rougit, quand elle se veut plus modeste que ce qu’elle doit l’être réellement. Laëtitia et une fille surprenante en tous points. Amusé par cette nouvelle facette de sa personnalité, il la taquine : « Ce n’est pas le cas quand on fait partie des cent meilleures joueuses mondiales ? » Il a lu un jour que tant qu’on avait pas intégré le top 100 mondial, on ne pouvait vivre du tennis, parce que le joueur de tennis est comme un auto-entrepreneur, il doit gérer ses employés, les payer, payer ses trajets en avion, plutôt nombreux d’ailleurs, et ne gagne pas grand-chose à moins de faire partie du tableau principal d’un grand-chelem. Au final, plus elle parlait, plus elle se dévoilait, sans s’en rendre compte. Laëtitia devenait cet être fragile qu’il avait cru apercevoir quand il lui avoué connaitre son prénom avant de partir chez lui. Cette fausse identité revenait toujours sur le tapis, dès qu’il s’agissait de plaisanter : « Tu peux même l’écrire toi-même et y insérer Carla ! » Wikipédia était une mine à tout et n’importe quoi, autant en profiter. Il ricana quand elle mentionna les autres joueuses. Il ne se souvenait pas de Kournikova, juste qu’elle s’était mise avec un chanteur. Sharapova lui évoquait un peu plus bien qu’il ne regarde pas franchement énormément de matchs féminins. Avec la présence de Laëtitia dans le top 100 il ferait certainement plus attention à présent. Il la laisse parler tandis qu’ils marchent d’un pas léger, au rythme de la conversation. C’est alors qu’elle lui apprend qu’elle est née dans les airs. Une drôle d’anecdote. « C’est…inhabituel ! Qu’est-il indiqué sur ton passeport ? » C’est la curiosité du moment. Il n’a jamais eu affaire à ce genre de choses auparavant, et ça l’intrigue. La jeune Peretti est pleine de surprises, décidément. Ils s’arrêtent devant un petit café qui a l’air aussi agréable que la brise en été. Il ne semble pas avoir beaucoup de monde ce qui permettra à la jeune joueuse de pouvoir profiter de son après-midi sans être dérangée. Shane a un petit rire en réaction à la façon de s’exprimer de la jeune femme qui le déroute presque à chaque fois que des mots s’extirpent d’entre ses lèvres. Il acquiesce quand elle lui demande s’ils rentrent et du bras il lui fait signe de rentrer alors qu’il tient la porte de l’autre. « Après toi. » A elle de choisir la place à laquelle elle tient à s’asseoir.
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Ludovic Peretti
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MessageSujet: Re: So cold it burns, soft spoken words   So cold it burns, soft spoken words EmptyJeu 25 Fév - 20:01

Sourcil qui s'arque, sourire jouant les prolongations sur le terrain facial, la victoire sur penalty se profile dangereusement à l'horizon. Excellent jeu, mademoiselle Peretti, songe-t-elle, 30-30, des encouragement mentaux solennels franchement inefficaces. Elle pénètre dans le café, quelques clients , certainement des habitués, discutant, des cafés toujours fumants, posés devant eux. Une odeur de vieux tabac et de grains fraichement moulus imprégnant l'air. La lumière douce réverbérée depuis des spots incrustés au plafond, moulures en bois, côté rustique, « sympatoche » comme dirait sa mère, ignorante des termes à la mode, de cette génération de dégénérés ingrats dont sa propre fille fait partie ( surtout quand elles entrent toutes deux en conflit). Laëtitia observe quelques instants de silences, furtives secondes, où ses prunelles azurées embrassent les tables où ils pourraient s'installer. Elle hésite, proche de la sortie ou éloignée, prudence, même si mère de toutes les vertus ( soit disant, encore faut-il qu'on le lui prouve, une autre histoire ) lui semble un tantinet surfaite. Elle finit par jeter son dévolu sur une table ronde, couverte d'une charmante nappe vichy complètement démodée, le comble du mauvais goût, au goût du sien. « Celle-là » - désigne-t-elle du menton, d'une voix excitée. Shane n'est pas un inconnu, s'il est psychopathe ( les psychopathes ont parfois énormément de charisme) une seule réponse lui vient en tête, ainsi soit-il. Après tout, il peut très bien se révéler menteur invétéré, jouant la carte du monsieur sans un seul poil de travers pour s'attirer ses faveurs et, aussitôt se transformer en individu assoiffé de sang, avec un  énorme problème œdipien, tant pis. A cet instant, elle se sent bien, confiante ( en lui, en l'avenir, en ses capacités). Sans qu'il ne le sache, madame a déjà projeté sur lui le voile de ses complexes et est prête à lui faire part de ses attentes. Carla flétrie à vue d'oeil, Laëtitia s'agite. Elle se déleste de sa veste, se retrouvant en simple t-shirt, mauvais choix vestimentaire, surtout pour la saison. Mais, si elle avait été engendrée par Karl Lagerfeld, elle le saurait. Dieu merci, ça n'est pas le cas. « La rigidité bureaucratique a forcé mes parents à faire un choix, tu penses bien » - lance-t-elle, nervosité met les voiles, avec quelques difficultés. Elle fouille dans la sacoche où ses papiers d'identités, quelques babioles féminines ( rouge à lèvres, barrette et...bref) et autres ustensiles/outils n'attendent que de servir. Elle agite sa carte quelques secondes avant de la lui tendre. « Ouais, mes parents ont toujours été fascinés par Sissi impératrice jusqu'à m'en faire adopter le pays » - débute-t-elle, ressentant une énième vibration provenant de son téléphone portable high tech, offert par un potentiel sponsor. Démarche à la limite du légal pour s'acheter ses faveurs, le monde sportif est tellement capitaliste. Laëtitia trouve ce fonctionnement complètement révulsant, pourtant, elle n'hésite pas à s'asseoir sur quelques principes, en se lançant des « s'il faut passer par là ». Sacrifice à moindre coût. « Je sais que ça ne se fait pas mais, je vais répondre à mon portable parce qu'il vibre depuis une demi heure et que ça commence sérieusement à me gonfler. Désolée » - sur ces paroles toutes en finesse, elle se lève pour décrocher. Sans réelle surprise, à l'autre bout du fil, son « agent » inexpérimentée de mère l'admoneste, blitzkrieg de reproches, incapable d'endiguer, la blonde soupire, se contentant d'encaisser. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'il n'y a rien pour elle de plus satisfaisant que de voir sa mère enrager pour ses pseudos comportements inadmissibles qu'elle lui impute (arbitrairement, bien sûr). Elle revient s'installer, comme si de rien. Plaquant un rictus (joyeux) sur ses lèvres, de circonstance, de toute évidence. Allez Shane, écrase ce cafard qui vient foutre ses pattes dégueulasses sur mon moral – conscience s'exprime. Parce que, c'est comme ça. 



Dernière édition par Laëtitia Peretti le Sam 5 Mar - 13:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: So cold it burns, soft spoken words   So cold it burns, soft spoken words EmptyLun 29 Fév - 15:34

Ils entrent dans le café. Shane n’y a jamais mis les pieds auparavant. Il préfère passer le plus clair de son temps au pub, parce qu’il trouve l’ambiance extra, tant elle se rapproche de celle des pubs irlandais. Pourtant, à peine a-t-il mis les pieds dans cet établissement qu’il s’y sent presque comme chez lui. Seule l’odeur du tabac froid lui pose problème. L’endroit est tout à fait charmant. Il l’observe du temps que la joueuse de tennis à la longue crinière blonde fasse son choix quant à la table. Il y a des endroits stratégiques à connaitre dans un lieu. Shane n’aime généralement pas s’installer au plus près des gens, il aime sa tranquillité. Ca ne date pas d’hier, c’est une de ses mauvaises habitudes, lui le discret rugbyman qui n’a pourtant pas la carrure qui passe inaperçue. La table ronde que montre du doigt Laëtitia, aux couleurs campagnardes tant elle rappelle le saucisson Cochonou ou encore une bonne vieille pizzeria, lui convient tout à fait. Elle semble avoir lu dans ses pensées, leur permettant de ne pas se donner en spectacle et de rester tranquilles. Quoi qu’il ne sait pas vraiment si les gens s’intéressent véritablement au tennis à Biarritz. Il se peut que certaines personnes la reconnaissent, mais lui, personne ne le reconnaitra, si ce n’est les lycéens qui peuvent chuchoter à leurs parents qu’il est leur professeur d’anglais. Heureusement qu’il n’était pas professeur au collège, il aurait tous les petits sixièmes qui viendraient le saluer chaleureusement. Laëtitia poursuivait leur discussion sur sa propre vie avec gaieté et engouement. Comme quoi, ça n’était pas difficile que ça pour elle de parler de sa véritable histoire. Ils s’étaient installés, et Shane retira sa veste, la plaçant méticuleusement derrière lui en évitant de la froisser, pour reporter son attention sur la jeune Peretti. Tandis qu’elle lui tend sa carte d’identité, comme pour lui prouver que cette fois, il n’y a aucune entourloupe, il lui sourit sans même prêter attention à ce qu’il pourrait lire et lui demandant plutôt : « Tu es donc officiellement née en Hongrie ? Budapest orne ton passeport j’imagine ? » Il lui fait confiance, c’est ce qu’il veut lui signifier, il n’a pas besoin d’une quelconque preuve. Mais alors qu’il s’apprêtait à lui demander ce qu’elle comptait boire, elle s’excuse et s’éclipse un instant pour répondre à son téléphone portable, laissant l’Irlandais seul, les bras croisés sur la table, observant autour de lui, tous les clients qui s’avèrent être une formidable distraction en attendant que sa partenaire de l’après-midi revienne. Quand Laëtitia revient, son sourire est surfait. Il sonne faux, ne donnant pas écho aux paroles prononcées un peu plus tôt, et il cherche à la questionner à ce sujet, ne sachant pas vraiment s’il s’agit d’un sujet tabou ou pas. « Ton entraineur qui te convoque à un entrainement impromptu ? » Il se surprend à repenser à son entraineur, Paddy, qui convoquait toujours ses jeunes à des entrainements improvisés, tard le soir, pour sonder leur motivation, et parfois, le jeune Madigan s’y rendait sans même avoir diné, parce qu’il avait passé le plus clair de son temps à filer un coup de main à la ferme de ses voisins. Une fois, Paddy, inquiet, était allé frapper à la porte des Madigan pour les prier de vérifier qu’il prenne bien des repas suffisamment consistants avant les entrainements. Plus jamais il ne s’était rendu au centre d’entrainement sans prendre de repas, et il avait progressé plus vite, ne connaissant plus la fatigue. Reprenant ses esprits, il s’inquiète à la manière de Paddy, et demande sans ménagement : « Quelque chose te trouble ? » Il a beau ne pas la connaitre beaucoup, il a le sentiment qu’il est capable de la comprendre. Soudainement, il songe qu’ils n’ont même pas commandé, et il se fustige intérieurement de ce manque d’élégance et de politesse. A l’attention de la joueuse de tennis, ce n’est qu’un balbutiement qui s’échappe d’entre ses lèvres. « Oh et euh… tu veux boire quelque chose ? » Un café, un chocolat, un Irish Coffee, un alcool fort, peu lui importe, tant que ça lui fait plaisir.
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Ludovic Peretti
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MessageSujet: Re: So cold it burns, soft spoken words   So cold it burns, soft spoken words EmptyLun 29 Fév - 18:45

La jeune blonde secoue la tête. Vital est une machine, buté comme pas possible, un brin excentrique, salement exigeant mais, lorsqu'elle reçoit un appel de lui, elle a toujours le sourire aux lèvres. Vital, c'est ce qui lui donne encore envie de poursuivre dans la discipline. Le bât blesse lorsqu'il est question d'aborder le sujet qui fâche, autrement dit : l'avidité maternelle. La pression l'enveloppe et pèse sur ses épaules tandis qu'elle pense que leur sortie est gâchée. Qu'elle n'a plus vraiment envie de rester , qu'elle envisage de se trouver une excuse, de la lui fournir et d'espérer qu'elle soit assez correcte pour que monsieur Madigan ici présent la gobe sans sourciller. Une autre paire de manche. Elle déglutit, se massant les paupières avant d'orienter ses iris bleus sur le brun, à l'écoute. « Disons que... » débute-t-elle, par où commencer ? Par là où les frontières de l'amour parental se dissipent et où l'appât du gain devient plus important que l'état mental de la progéniture. Le début, donc. « Quelque chose me trouble , ouais » - sa vie toute entière, floue, débraillée, un ras le bol qui couve depuis des années et le déni comme seul mécanisme pour poursuivre sur un chemin semé d'embuches. Se dévaloriser constamment, sciemment. Prétexter que c'est pour se donner la niaque. Un café avec une larme d'alcool, dedans. Excellente idée, son foi n'attend que ça et les nerfs qui se tordent dans tous les sens, aussi. Accède à leur requête songe-t-elle, en acquiesçant à la question de Shane. « Du café avec de l'alcool dedans, si possible, j'ai besoin de me calmer » - d’anesthésier le dégoût que lui inspire le comportement de sa mère , toujours dans la recherche du succès, à travers elle. Quelque part, elle s'illustre , par procuration, sur des terrains qu'elle n'a jamais eu la chance de fouler. C'est écœurant. « Mon entraineur, Vital, c'est un peu comme ton Paddy » - souffle-t-elle, en se penchant, un peu en avant, histoire que le ton de la conversation soit donné, celui de la confidence. Elle s'apprête à lui servir son quotidien sur un plateau, elle espère simplement qu'il ait l'estomac pour. Parce qu'elle sait pertinemment qu'il y a quelque chose de malsain, la dedans. Prenant part au festin de sa vie. « Lui, c'est un vieux loup. S'il se montre bourru avec moi, c'est parce qu'il ne me veut que du bien » - ce qui n'est pas le cas de sa mère ? « Ma mère, en revanche, j'ai l'impression qu'elle vit à travers moi, qu'elle ne laisse rien passer... » - elle tend la main, récupère sa carte et la remet dans sa sacoche, distraitement. C'est un aveu qu'elle n'a jamais espéré formuler. Seule sa meilleure amie semble voir à travers l'image de marque véhiculée par la mère Peretti. Ce qui contribue à la détestation cordiale entre les deux. « Tu dois te dire que je ne suis qu'un énième cliché de sportive pro... » - et pour être un cliché, elle l'est. Celle qui vise la lune et qui sait , qu'en cas d'échec, ce n'est pas dans les étoiles qu'elle retomberait. Elle finirait par déguster le sol, sa mère se penchant au dessus d'elle pour la couvrir d'insultes. Son père préfère se la jouer suisse tandis que seuls ses grand-parents lui accordent le crédit dont elle a besoin. Et Vital. « C'est pour ça que je m'invente une vie, parfois. Je ne mens pas souvent » - pas plus que n'importe qui. En tout cas. « Je ne sais pas pourquoi j'essaye de t'en convaincre. J'imagine que je dois te faire suffisamment confiance. Ça peut paraître complètement fou compte tenu du fait qu'on ne se connait pas du tout » - elle accorde, volontiers. Mais parfois, y'a des personnes comme ça, qui croisent le même chemin et qui, en une fraction de seconde, donnent l'impression de faire toute la différence. Rares sont ceux-là, quand on les croise, on fait quoi ? Comme Laëtitia, les traquer et faire en sorte qu'ils acceptent de faire un bout de ce chemin avec nous.
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MessageSujet: Re: So cold it burns, soft spoken words   So cold it burns, soft spoken words EmptyMer 2 Mar - 22:14

Il n’a pas besoin qu’elle lui précise que quelque chose coince depuis ce fameux appel. Elle n’est plus elle-même. Déjà qu’elle avait fait des efforts surhumains pour arrêter de lui mentir, il voit clairement que son cerveau bouillonne une fois de plus, dans le mauvais sens. Il a l’intime conviction que la demoiselle se laisse bouffer par la personne au bout du fil. S’il pensait que c’était son entraineur, il s’est trompé. Parfois, les entraineurs sont des tortionnaires et oublient qu’ils ont une personne dotée de sentiments en face d’eux. Certains sont à fond dans la performance, d’autre dans le relationnel. Il est prouvé que les résultats sont meilleurs si les personnalités de l’entraineur et du joueur sont en phase bien qu’on associe généralement les résultats au côté strict et autoritaire de l’entraineur. Mais si elle est en phase avec lui, ce n’est pas le cas de la personne au bout du fil et il le comprend bien vite quand elle demande à boire quelque chose de fort. Il n’hésite pas une seule seconde, car il connait le breuvage qui sera le parfait remontant. Interpelant le serveur, il lui signale leur commande. « Deux Irish Coffees s’ils vous plait ! » Si elle n’aime pas, elle pourra toujours commander autre chose, ce n’était pas comme s’il allait pleurer sur son sort. Shane gère parfaitement ses finances. Il sourit à la jeune joueuse, se justifiant sur son choix : « Ca devrait te remonter le moral, même s’ils ont rien à voir avec ceux de chez moi ! » La crème irlandaise est particulière, il ne s’agit pas de vulgaire crème fouettée, mais ça fera l’affaire pour aujourd’hui. Le serveur s’enquit à aller honorer leur commande et Laëtitia fait un parallèle entre Paddy et son entraineur. Et pourtant, elle n’a aucune idée de l’homme qu’il est. Bien sûr, elle a écouté son histoire avec attention, mais il aurait limite eu envie que Patrick lui rende visite pour qu’elle se rende compte qu’il n’avait pas les mots pour qualifier une telle personne. Toutefois, il s’amuse un instant du nom de son entraineur. Est-ce le surnom qu’elle lui donne ou s’appelle-t-il véritablement comme ça ? En tout cas, son nom doit lui coller à la peau : « Il s’appelle vraiment Vital ou tu l’appelles comme ça parce qu’il l’est ? » Un entraineur est vital du moment qu’il permet à l’athlète d’atteindre ses objectifs. Le serveur arrive, déposant leurs deux cafés alors que l’Irlandais le remercie poliment de son fort accent anglophone. Et puis, la jeune fille à la chevelure dorée finit par mettre un mot bien particulier sur l’origine de ses maux. La mère à l’origine de tous les troubles. Beaucoup de problèmes liés à la confiance à l’âge adulte remontent à l’enfance et à la relation que l’enfant possède avec sa mère. Rien d’étonnant chez la jeune Peretti. Ce qui le surprenait un peu plus c’est que malgré tout, sa mère soit encore impliquée dans la carrière de sa progéniture. Il n’y avait qu’à voir les troubles engendrés chez les joueuses pour voir qu’un parent impliqué dans un sport individuel était tout sauf salvateur. Tomic et Rezai pourraient en témoigner. « Ta mère est liée à ta carrière ? Mauvaise idée, quand on voit comme ça a détruit pas mal de joueurs/joueuses d’impliquer leurs parents… » C’est ce qu’il essayait de lui faire comprendre, même sans avoir été soumis aux mêmes conditions car ses parents l’avaient toujours soutenu et ne s’étaient jamais mis à rêver pour lui. Ce qui est dommage, c’est qu’il sent que la jeune fille en face de lui est impactée par ce qu’elle endure. Trop. Ca doit probablement influer sur toutes ses décisions, mais surtout, sur ses résultats sportifs, et c’est bien dommage. La confiance est difficile à regagner dans ces cas-là, et il peut malheureusement constater que la mère de la petite star du coin a déjà fait trop de ravages. « Je ne me permettrais pas. Je te rappelle que j’ai été sportif de haut niveau moi aussi. » N’était-il pas le parfait cliché du numéro dix au rugby ? Le seul qui jouait avec des épaulettes parce qu’il ne pouvait endurer la force des coups portés par plus lourd que lui ? Lui qui avait passé la plupart de sa vie à ne penser qu’au rugby, oubliant même parfois de vivre à côté savait que la vie d’un sportif était bien différente de celle d’un quidam. Il ne se serait jamais permis de lui faire une réflexion sur son mode de vie, bien qu’il condamne qu’elle se laisse bouffer par les états d’âme de sa mère. Pour autant, Shane n’est pas une langue de bois et ne cache jamais ses pensées, peu importe le sujet. Il n’avait pas mal pris les mensonges de Laëtitia, il avait bien compris qu’une raison se cachait derrière Carla, mais il n’approuvait pas non plus. « Ca te desservira. Parce que tu t’empêches de vivre en te cachant derrière une fausse identité. » Elle se reniait, tout ça pour fuir l’impact de sa mère, et la relation malsaine qu’elles avaient développée. Elle avait cependant conscience de l’odeur nauséabonde de cette relation et semblait prête à s’ouvrir pour demander des conseils, voire de l’aide. Un vrai sourire sincère se nicha sur les lèvres de l’Irlandais qui lui prouvait à demi-mot, qu’une relation de confiance, une vraie, c’est toujours dans les deux sens. « Ca me touche, ce que tu me dis en tout cas. Je te fais confiance aussi. Tu es une des rares qui connait l’histoire de Madigan et la tragédie des commotions. » Il tentait d’en plaisanter, même si la douleur était on ne peut plus vivace et tenace et qu’il ne parvenait à tourner la page. C’était peut-être pour ça qu’elle parvenait à se confier plus que de raison, parce qu’elle savait qu’il avait souffert et qu’il était capable de compatir. Buvant son café à quelques gorgées, il s’humecta les lèvres machinalement avant de regarder d’un air perçant le visage de la jeune femme, comme s’il était parvenu à saisir quelque chose d’important. « Tu sais ce que je crois ? Je crois que tu pourrais être toi totalement si tu te sortais de l’emprise de ta mère. Et je suis prêt à t’y aider. » Il ne savait pas encore comment, mais il était déterminé à l’idée de voir ce trouble disparaitre de son doux visage.
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Ludovic Peretti
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MessageSujet: Re: So cold it burns, soft spoken words   So cold it burns, soft spoken words EmptyJeu 3 Mar - 18:06

Vrai, pense-t-elle, fixant de ses billes azurées le brun assis en face, la tête penchée sur le côté, appuyée sur la paume de sa main droite tandis que la gauche, elle, joue machinalement avec le dessous de verre déposé là par un serveur particulièrement consciencieux. Laëtitia ne sait pas encore déterminer si c'est la situation qui l'est ou Shane ou simplement la sensation d'être supportée, d'être soutenue, plutôt. En tout cas, tout à coup, comme un rien, elle se sent à nouveau ancrée. Quelque part, dans cette réalité tangible. Le phare Madigan se dresse devant et sa lumière a un truc de chaleureux qui lui amènerait presque les larmes aux yeux. Mais, elle a depuis longtemps rejeté tous les signes de faiblesse pour accepter ne serait-ce que d'en témoigner un seul. Elle se prend à imaginer l'ancien rugbyman paumé dans une étendue verdoyante, dans un coin de campagne irlandais, à côtoyer patates, moutons et trèfles à quatre feuilles. Ça la fait sourire. « J'espère que c'est goûteux» - lance-t-elle, perçant dans le ton de sa voix, le défi, la menace, l'impatience, celle d'une personne joueuse. « En tout cas, je ne vais pas me plaindre. Tu ne m'as pas servi le couplet sur les dangers de l'alcool » - parce que, un Irish coffee, c'est bien fait avec une lampée de whisky ? Elle espère que l'idée est bonne. D'ailleurs, s'il est possible de se prendre une cuite avec, elle est prête à accueillir cuite à bras ouverts. Introspection risible débutée, le spectre angoissant de celle qui lui a donné la vie rôde, il est partout où elle pose le regard. Grignotant constamment ses nerfs, l'amenant, souvent, à creuser la distance, à se murer dans un mutisme qu'elle croit salvateur mais qui n'est qu'un symptôme de toutes les privations qu'on lui inflige. C'est à des moments comme ça qu'elle prend conscience qu'elle n'a pas la vie la plus saine qui puisse exister, rien dont elle puisse réellement se targuer. Parfois, elle en vient même à se demander si le tennis est une passion, une raison de poursuivre ou au contraire, une des innombrables raisons de vouloir tout envoyer paître. Les deux, probablement. La blonde se contente d'écouter, le cœur gros. Les deux décoctions se retrouvent – par magie ( grâce au serveur donc) déposées sous leurs regards. « Vital, c'est Vitaly et , tu as complètement raison, il m'est vital... » est-ce que c'est ridicule ? D'en avoir besoin comme d'un ours en peluche, objet de projection d'amour, une personne dans ce cas précis ? Elle se mord la lèvre, interdite. Se rendant compte qu'elle est allée trop loin et qu'il est temps de franchir une énième barrière. Tant qu'à faire. « Si tu as une solution, Shane, je t'en prie, fais-en moi part. Je crois que j'en arrive à vouloir décrocher... ». Le tennis, c'était pour pratiquer un sport. Pour faire plaisir à sa mère. Au début, c'était uniquement pour que cette dernière soit fière d'elle mais c'est très vite devenu essentiel, un moyen de défoulement. Et maintenant, c'est quoi ? Réponse fuyante, comme son regard, qu'elle baisse, sur ses doigts dont elle ne sait plus que faire. Triturés en tout sens. C'est beau. « En fait, je ne sais pas si tu peux m'aider. Comment est-ce que tu pourrais le faire ? » - elle relève le regard, se pinçant les lèvres, mine effarée à l'appui. Déroutée, elle finit par rire. Elle ne sait  rien de lui que ce qu'il a bien voulu lui raconter. Laëtitia se demande si c'est une si bonne idée et, d'ailleurs, elle se voit renier les efforts, effectuer en sens inverse le chemin parcouru. Oui mais, elle lui fait confiance et, il semblerait que ce soit réciproque. Elle attrape le verre et boit une gorgée, manquant de tout recracher sous le coup de la découverte. « Putain, c'est fort quand même » - elle se voit bien ajouter un : mine de rien. Amatrice, elle a l'impression qu'il y a bien plus de whisky que de café dans cette boisson.
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MessageSujet: Re: So cold it burns, soft spoken words   So cold it burns, soft spoken words EmptyVen 4 Mar - 20:21


C’est la première fois que Shane se sent véritablement concerné par quelque chose. Laëtitia, elle semblait faire émaner de lui comme une envie irrépressible de la protéger, de faire en sorte de faire ressortir le meilleur de la joueuse et surtout de la personne qu’elle était. On avait souvent reproché à Madigan sa maladresse dans sa façon de s’exprimer, trop direct, trop franc, trop blessant. Mais à quoi bon prendre des pincettes pour dire la même chose ? Ca ne fait pas de sens. Si l’on veut aider quelqu’un du moins. Mais avec Laëtitia, c’est différent. C’est comme s’il voulait la ménager et il s’intéresse qu’à certains aspects de la conversation, il en oublie presque l’usage, comme elle lui fait remarquer. « C’est pas avec un Irish Coffee que tu tomberas raide ! » S’amuse-t-il. Certes le whisky est présent, mais en faible quantité. Et puis, il lui semble qu’elle est majeure depuis plusieurs années déjà. A la différence de l’Irlande, l’âge légal pour boire est de dix-huit ans en France. En tout cas, il la considère comme un être mature, à des années lumières des jeunes de son âge. La jeune femme semble avoir des préoccupations autres que toutes les jeunes, mais c’est surement le statut de sportive qui développe une autre façon de voir les choses. Toutefois, il se demande si elle aime véritablement ce qu’elle fait, si comme lui avec le rugby c’est une passion, ou si elle le fait pour d’autres raisons. La conversation pourrait devenir intéressante s’ils s’étendent sur ce point. Mais c’est d’abord sur l’entraineur que l’Irlandais pose une question. « Il est Russe ? » Comme si Vitaly était un nom forcément russe. Klitschko est pourtant ukrainien. Mais Shane fait parfois aussi des amalgames, comme on peut le faire quand on l’entend parler. On le prend souvent pour un Anglais par manque de culture sur les différents accents du peuple anglophone, mais même en tant que fier irlandais, il n’en tient pas rigueur à chacun. Il aime la façon que Laëtitia a de parler de son entraineur. On sent que c’est plus qu’une entente cordiale, qu’une réelle relation existe entre eux, et ça lui rappelle de bons souvenirs, inévitablement. C’est pourquoi il lui offre un sourire sincère, conquis par ce que le sport peut créer. C’est alors qu’elle aborde le sujet qui le préoccupait un peu plus tôt de son propre chef. Il n’a pas de solution toute faite car il n’est pas elle. Mais il sait par quel questionnement elle doit passer pour faire son propre cheminement. « Faut que tu te poses la question de savoir ce que le tennis représente pour toi. Il n’y a aucune honte à arrêter si c’est pour les bonnes raisons. Mais faut que tu penses à toi. » Personne n’a le droit de lui dire quoi faire. C’est elle qui joue, subit les contraintes et se délecte des victoires, mais elle est la seule à endurer tout le processus. En fait, plus la conversation avance et plus il a l’intime conviction que la jeune Peretti n’a jamais fait quoi que ce soit pour elle, qu’elle s’est contentée de suivre des directives. La raison lui échappe, mais elle est liée à l’emprise que sa mère a sur elle, et ce n’est pas sain. C’est pourquoi, alors qu’elle doute de sa capacité à l’aider, il propose : « En te trouvant un remplaçant à ta mère par exemple. Il faut qu’elle reste à sa place. » Shane connait encore beaucoup de monde dans le métier, et personne n’est indispensable dans une structure. L’essentiel est d’être sur la même longueur d’onde pour mener à bien un projet et Laëtitia n’est pas en phase avec sa mère, qui lui bouffe son énergie. L’Irish Coffee aurait quant à lui un goût bien trop désagréable aux papilles de la joueuse de tennis tandis que Shane boit le sien rapidement, reposant son verre et s’amusant de la réaction de la jeune adulte : « Petite joueuse ! Tu voulais un remontant ! » Peut-être que le seul remontant dont elle avait besoin était un soutien, un vrai, et Shane peut facilement endosser ce rôle.
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Ludovic Peretti
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MessageSujet: Re: So cold it burns, soft spoken words   So cold it burns, soft spoken words EmptySam 5 Mar - 13:29

« S'il est russe, il cultive le mystère. Ses méthodes de travail , elles, en tout cas, sont directement empruntées au KGB » - lance -t-elle, décidant de tremper à nouveau ses lèvres dans ce café à l'irlandaise, infecte, histoire de prouver à cet irlandais là , qu'elle n'est pas du genre à se démonter facilement.  Diablement infecte quand même, cette boisson. Et si, effectivement, elle ne boit que des cocktails de mauviette lorsqu'elle sort le soir, elle n'est pas pour autant petite joueuse. Elle rit, en se passant une main sur le visage. La torture gustative s'arrêtera là, pas besoin de se laisser emporter par le défi, même si, pas de nature couarde, elle se verrait bien le boire d'un trait. Redevenant sérieuse, elle sent son téléphone à nouveau vibrer. Génial encore un rappel à l'ordre. Il ne faudrait surtout pas qu'elle sorte et qu'elle se fasse des amis (et qu'elle se sente bien et qu'elle rate un entrainement nocturne = méthode empruntées au KGB, hein). « Et c'est une boisson censée me remonter le moral ? Avec tout ce sucre, je vais devoir enchainer les exercices de cardio pour brûler les calories...et je ne parle même pas du whisky » - pourquoi est-ce qu'elle évite le sujet sensible ? Laëtitia Peretti remporte le titre d''experte en noyade de poisson. Les applaudissements résonnent dans sa tête quelques secondes avant qu'elle ne se décide à réfléchir , posément. Instaurant un silence, marquant l'importance de ce moment. Shane a raison. Tous ses problèmes de concentration sont liés à l'omniprésence de sa mère. La blondinette prend une profonde inspiration, ce qu'il lui faut c'est du courage. Couarde, finalement. Surtout dans certains domaines. Elle s'accoude à la table, mort aux bonnes manières, l'estomac contracté. Elle va finir à l’hôpital si elle continue sur sa lancée.«  Shane, si je te dis que j'ai peur ? » - elle est tout simplement terrifiée à l'idée de faire face à ce qui va de travers et y trouver des solutions n'est pas sécurisant. « Il faut que je vire ma mère de l'équation. L'idée n'est vraiment pas désagréable mais, je flippe un max de ce que ça pourrait entrainer sur la dynamique familiale... » - Madigan n'a pas connu ça, elle se souvient de cette soirée où elle l'a écouté lui raconter un monde meilleur, avec des étoiles pleins les yeux. Elle se souvient qu'il n'a pas été élevé comme unique garant des espoirs parentaux, lui. Elle se souvient de tous les petits détails, voilà, maintenant, elle sait pourquoi elle le veut à ses côtés. « Tu sais quoi, je m'interroge sur mes motivations. Je ne fais que ça. J'ai développé trois ulcères en douze années de pratique et je me shoote aux hypnotiques pour trouver le sommeil » - la vérité veut que ce soit surtout sa consommation exagérée d'aspirine qui ait eu raison de son estomac. Mais, à cause de quoi, de qui ? Avalanche d'actions menant toujours à la même conséquence, sa santé qui se dégrade. « Depuis quelques années, mon cercle se resserre. Restriction sur restriction, je n'ai plus que trois personnes dans ma vie, trois foutues constantes : mon père, ma mère et mon entraineur... » elle secoue la tête, dire au revoir à tous ces repères, retirer sa mère de cette trinité, ça a du mal à prendre forme dans sa tête. Ça lui échappe. Pourtant, à cause d'elle, sa vie sociale en prend un coup. « C'est dingue, non ? Je suis fliquée, asphyxiée. J'ai besoin d'aide» - ce constat est affligeant. « En fait, c'est moi qui suis dingue. J'ai fait des pieds et des mains pour retrouver cet ancien joueur de rugby qui un soir m'a montré que mon quotidien pouvait être meilleur. Et maintenant, maintenant j'ai l'air con, assise là devant lui. Je lui demande de s'impliquer dans un problème dont il est étranger » elle recule sa chaise, « Je suis qui pour te demander ça ?». Laëtitia Peretti « au bout du roulot ». Elle se lève doucement, angoissée. Elle enfile sa veste, les mains tremblantes. Non, non, ça fait trop, trop d'un seul coup. « Merci pour tout, Shane ». Pas de "on se reverra peut-être". « J'crois pas que ça puisse marcher » - paroles soufflées sur un ton grave, elle prend la direction de la porte.
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