le grand gentil loup et la stagiaire (mao)

La stagiaire. Depuis ce matin, elle emplissait la tête de Florent, elle lui tournait dans le crâne. Et les CP, au mon dieu, les CP. Depuis que l'instituteur les avaient prévenu qu'une stagiaire (une jeune femme appelée Maona) viendrait passer une semaine avec eux pour leur parler de l'architecture, ils ne tenaient plus en place, et bougeaient dans tous les sens. Même la directrice n'arrivaient pas à les calmer. Pourtant, la directrice, elle fait peur quand elle est en colère. Comme tout les élèves n'étaient pas arrivés, et que les cours commenceraient dans dix minutes, Florent s'assit dans son fauteuil, derrière son bureau, devant son cahier d'absences, retards, nouvelles, notes et tout ce qu'un enseignant devait posséder en tant que tel. Il posa ses deux coudes sur ce cahier, soupira et regarda sa tasse de café vide devant lui. Au lieu de voir son mug, il vit deux petits yeux avec des petites larmes au coin de ceux-ci. C'était un petit garçon, Adam, un petit mignon qui était motivé. Il lui montra son genoux et Florent se sentit tout pâle devant le sang qui coulait de la blessure. Il prit Adam par la main et l'emmena voir la directrice qui grondait les indisciplinés du couloir. L'instituteur lui expliqua l'affaire et Adam pleura quand la directrice se pencha vers lui et lui prit le genoux. Elle n'était pas infirmière, mais quand il y avait un blessé, c'était tout de suite S.O.S. directrice, 36 30 directrice. Elle n'avait pas de nom, pas d'âge, la directrice. Quand on parlait d'elle, on disait la directrice, ou Madame la directrice. Et pas autre chose. Florent revint dans sa classe et se rassit sur son fauteuil. Les dix minutes étaient passées et les élèves de la classe - sauf Adam - étaient assis derrière leur chaise. Alors, Florent se leva et commença à leur parler du programme de la journée en quelques mots. « Bon, alors, comme vous le savez, aujourd'hui, une stagiaire, qui se nomme Maona, va venir vous parler d'architecture. C'est à dire de maisons, comment on les construit, comment on les invente, dessine. Et plein d'autres choses. Je vous demande d'être gentils avec elle et d'être sages, exemplaires même. Pas de bagarres et de papiers lancés, d'accord ? Elle va bientôt arriver. ». Bientôt... il était neuf heures vingt et la classe avait déjà bien commencé. Elle n'était toujours pas arrivée.

grand gentil loup:

La stagiaire. Maona. Elle se tenait devant lui, une main tendue. Une jolie main tendue, fine. Une main de fille, une main jeune et pleine de vie. Elle était belle, la stagiaire, avec ses beaux cheveux blonds, ses yeux magnifiques, sa taille fine. Florent l'admira à la dérobée encore un peu puis lui prit la main, la salua. Il lui pardonna son retard. Elle le méritait, après tout. Une fois n'est pas coutume et de toute manière il ne pouvait pas y faire grand chose ! Ces transports en communs, décidemment, étaient vraiment mal organisés. « Donc, les enfants, je vous présente Maona. Bonjour Maona, lança-t-il avec un sourire. Je vous propose de vous présenter à elle... » l'instituteur, pardon, le professeur des écoles s'arrêta dans son discours, car la directrice venait d'entrer, Adam à ses côtés. Personne ne l'avait entendu frapper, à vrai dire, personne n'était vraiment sûr qu'elle avait vraiment frappé. Adam avait un pansement sur le genoux, et avait arrêté de pleurer. Tant mieux, et puis au moins il n'y avait plus de sang ! Donc plus le risque de s'évanouir comme ça d'un coup devant toute la classe. Disons que ça serait plutôt gênant, devant tout ce beau monde réunit. Florent reprit : « Viens t'asseoir Adam. Et ça va mieux, mon garçon ? Rebonjour Mme la directrice, voici Maona, la stagiaire. Vous vous êtes peut-être déjà rencontrées ? » demanda-t-il, un brin inquiet car l'étudiante était en retard et la directrice ne tolérait pas les retards. Adam, comme l'avait dit Florent, s'était assit, et attendait, patiemment. Il semblait absorbé dans la contemplation de Maona. Et il avait bien raison ! Le professeur prit une craie et nota la date du jour, et écrit le mot architecture qu'il souligna en rouge. Il nota qu'il interrogera un élève pour décrypter le mot.

« c'est vous, qui avait eu l'idée de l'architecture pour votre classe ? » il lui sourit. Elle est gentille, et puis la directrice a l'air de bien l'aimer. Même si elle ne lui a presque rien dit, Florent a perçu qu'elles s'apprécieraient. « Non, non, c'est la directrice. Vous savez, elle décide tout, la directrice, tout le monde dit qu'elle est chouette. » Une des élèves lève la main, Florent l'interroge. Elle lui demande de venir alors il vient. Florent, il est au service de ses petiots. Quand il arrive à côté de la petite, Lola, elle lui montre un dessin de Maona. Et là, c'est l'extase. « Oh. » dit-il simplement. Il répond aux questions de ses élèves pendant qu'il est entre les tables, chaises, cartables, enfants puis retourne à son tableau. Il écrit, dans un coin du tableau, avec de belles lettres, nuage de mots. « Les enfants, les enfants, appelle-t-il. Regardez par ici. Nous allons jouer à une sorte de jeux. Vous allez me dire qu'est-ce que vous avez ressenti lorsque vous avez regardé les dessins de Maona et ce que vous avez envie de dire sur l'architecture. » puis il note ce que disent les élèves au tableau. Certains sont originaux, d'autres beaux. Il glisse un regard vers Maona et lui dit, tout bas, quand ses élèves recopient soigneusement... « Quelles techniques utilisez-vous lorsque vous dessinez ? J'aime votre coup de crayon. ». Cette stagiaire est des plus douées, Florent en est sûr.

La directrice, elle est chouette, ça tout le monde peut le dire. Mais... Maona, elle l'est encore plus, ça, Florent en est encore plus sûr ! Les enfants étaient tous éblouis, le sourire au lèvres, radieux, encore plus que les autres jours. C'était top, de les voir comme ça. Au moins, ça les branchait. L'instituteur était content. Content parce que son cours était rythmé, que l'activité leur plaisait et aussi parce que la stagiaire avait de bonnes idées. La maison de nos rêves. Florent les voyait s'appliquer en tirant la langue, en essayant de ne pas faire de ratures. Leur petits yeux en train de chercher l'inspiration, tout ça... C'est magique, ils sont captivés par leurs feuilles et leurs crayons. « vous vous y connaissez en dessin ? », qu'elle lui demande, à Florent, la jolie damoiselle. « Un peu, j'ai un peu étudié l'architecture en même temps que du graphisme, l'art. J'aime bien. Et puis moi aussi c'est le crayon de papier mon instrument préféré. » Il lui sourit encore. Une petite leva la main, bien haut. « Est-ce qu'on colorie notre dessin après ? » elle est trop mignonne, avec sa bouille ronde et ses grandes dents qui poussent devant. Florent se tourne vers Maona. « La maison de leur rêves... elle est forcément colorée, non ? » Il aimerait lui parler ailleurs qu'ici, dans une salle de classe. En apprendre plus sur elle. Elle est en train de réaliser son rêve.

C'était l'heure de la récré. C'était donc l'heure de parler plus librement à Maona. Il lui répond que oui, ses petits CPS étaient absolument géniaux et mignons... optimistes, aussi, puisque c'était la pure vérité. « la récré dure combien de temps au fait? » Florent a envie de lui mentir, de lui dire que ça dure très longtemps, mais il n'en fait rien. « Celle-ci dure quinze minutes, celle de l'après-midi dix, c'est parce que là c'est celle du matin... et le midi elle dure aussi plus longtemps. » puis, un brin hésitant, il ajoute « Venez avec moi... j'aimerai... j'aimerai vous montrer la bibliothèque. S'il vous plaît. » Il l'intime de le suivre, puis ouvre la porte et tombe nez à nez avec la directrice. Il l'aime bien mais elle apparaît toujours quand il veut faire autre chose que de lui parler. « Hem... heu, rebonjour Madame, vous cherchez quelque chose ? » qu'il lui demande, l'instit. [« Je vous cherchais mais bon. C'est la pause donc faites la pause... non, venez avec moi. » Florent emboîta le pas à la directrice qui ne se retourna pas pour voir si ses subordonnés la suivait.

oh, bon, elle avait l'air intéressée la demoiselle. Tant mieux, tant mieux, parce que Florent aimait énormément donner des idées, des bonnes idées en plus aux autres. Cependant, ça ne marchait pas toujours comme il voulait. Mais Maona était une jeune fille qui cherchait du nouveau, de la matière, ça, Florent le sentait, c'était son sixième sens. Trouver ceux qui sont inspirés. Il lui dit un petit « Attendez, je reviens. » puis il court en direction de la classe, comme un fusée. Il cherche dans les tiroirs, au fond, bien au fond, sa pâte à modeler, qu'il avait toujours rangée là. Il la trouva enfin, et revint, avec un léger essoufflement, mais rien de bien grave. L'instituteur lui tendit la boule rouge de pâte à modeler, mais changea d'avis. Il façonna un petit personnage et lui tendit. « Vous savez examiner votre entourage. Vous savez dessiner. A vous de rendre vivant sur votre feuille ce petit personnage en simple pâte. Vous verrez bien quand vous aurez terminé ce que ça à put vous apporter. » Il reste mystérieux, le bonhomme, mais il aime donner des petits défis à ceux qui viennent à l'école. C'est comme un double enseignement. Une double passion. Un double métier, aussi.

« Attendez, je reviens. » et tu attends sagement l'instituteur qui s'en va vers sa classe. tu restes là, docilement, le sourire au bord des lèvres alors qu'il disparaît. il est gentil, il est réellement gentil et très intéressant, il te donne envie d'en savoir plus. il t'intrigue vraiment. « Vous savez examiner votre entourage. Vous savez dessiner. A vous de rendre vivant sur votre feuille ce petit personnage en simple pâte. Vous verrez bien quand vous aurez terminé ce que ça à put vous apporter. » il t'offre ce petit personnage en pâte à modeler que tu regardes sous toutes les coutures.  « vous êtes très mystérieux, vous savez ça ?  » tu lui réponds, le sourire aux lèvres, tu t'installes confortablement, tu ouvres ton calepin, tu poses le personnage et tu réfléchis. à partir de ce petit bout de pâte à modeler tu te mets à redessiner le monde, oui, tu formes les paysages rien qu'en utilisant les contours du personnage pour finalement terminer par dessiner le personnage, lui-même. « je fais selon mon imagination, je vous préviens, elle peut être déconcertante.  » tu lui avoues doucement, tout en continuant ton dessin avant de finalement te mettre debout et lui tender ton calepin. « et voilà, monsieur le professeur, vous me mettez combien ? j'espère que j'ai réussi mon test quand même.  » tu souris, tu frôles sa main et t'attends le verdict. tu veux savoir, ce qu'il en pense en sachant que tu as fait ce dessin en quelques secondes, que tu as fait les choses rapidement. « en prenant en compte le temps que j'ai mis hein. » tu reprends en regardant presque par dessus son épaule. tu as représenter un paysage, une plage, une petite maisonnette qui ressemble finalement plus à un bar et au final, tu as fais un homme assis dans le sable et qui contemple le paysage.

Il regarde le dessin. Et ça lui plaît, ce qu'elle a dessiné. C'est... non, pas naïf, mais innocent. Il aime énormément. Il prend la feuille entre ses doigts et regarde attentivement chaque coup de crayon. Ses yeux s'attardent sur les courbes malicieuses du bonhomme dans le sable. « le bonhomme dans le sable. vous l'avez dessiné, mais j'ai l'impression que vous avez dessiné quelqu'un qui vous tient à cœur. » Florent pense en effet que ce personnage a des lignes connues, qui semblent avoir été dessinées maintes et maintes fois. « je vous mets cinq. à vous de savoir sur combien. » il lui sourit puis frappe dans ses mains pour annoncer la fin de la récréation.