(Matilda) Ca fait du bien de te voir

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« Daphné, Daphné, Daphné. » J’étais venue ici pour assister à une audience en tribunal correctionnel. Un délit que mon adversaire pour mon affaire en cours défend. Je pensais être assez discrète pour qu’il ne me voie pas, mais j’ai cru voir à plusieurs reprises son regard croiser le mien. Maintenant qu’il me tourne autour, à la sortie de l’audience, je peux enfin avoir la certitude que son sourire m’était adressé. Il se met face à moi, me dévisage avec un air hautain. « C’était pour te rendre compte de mon professionnalisme, mon talent hors pair à défendre les coupables, que tu es venue me voir plaider ? Et alors ? Tu as pu constater à quel point tu n’étais pas à la hauteur ? » Oh bon sang, il a raison. J’étais vraiment venue là pour ça, pour constater de moi-même dans quelle galère je m’étais mise. L’avocate peu confiante que je suis a senti son visage se décomposer à force d’acharnement contre la victime qui était sans doute aussi pâle que moi. Mon cœur bat jusque dans mes tempes, mais je m’efforce de garder la tête haute, pour ne pas lui donner ce plaisir. « Ne sois pas si présomptueux. Cette affaire n’a absolument rien à voir avec la nôtre et je n’ai absolument… rien à voir, avec l’avocat que tu avais en face de toi aujourd’hui. » Oh ça non. Je suis même en-dessous de tout. « Maintenant si tu veux bien, j’ai du travail. Et toi… » Je tapote doucement sur son épaule. « Tu ferais mieux de te préparer à ta défaite. » Je le contourne et m’éloigne, les poings serrés. Comment j’ai osé ? Pourquoi j’ai dit ça ? J’avais tellement envie de lui rabattre son clapet que je me suis montrée aussi arrogante que lui, mais ça ne va pas m’aider. Il va me pourrir, jouer l’une de ses moyennes cartes, elles sont déjà suffisantes pour m’abattre. J’entre dans les toilettes et c’est un soulagement que d’apercevoir une tête connue : Matilda. Je comptais lui envoyer un message d’ici quelques minutes, à elle et Capri, mais qu’elle soit là, réellement, est bien mieux qu’un message. « Oh, Tilda. » soufflé-je, en m’avançant vers le lavabo sur lequel je pose mes deux mains. « T’as même pas idée de la galère dans laquelle je me suis fourrée. » Je fais couler l’eau froide et en met sur mon visage, histoire de me rafraîchir. « Delaunay va faire qu’une bouchée de moi. Lui et son client minable avec son regard à en faire peur un gros lion. » C’est peut-être bien depuis que lui, ou un autre de ses potes, a jeté une grosse pierre sur ma fenêtre qui est à peine réparée. « Bon sang Tilda, je vais mourir lors du procès. » Je n’ai aucune confiance, je me sens presque défaillir. Heureusement que mes mains sur la résine me retiennent. « Ca c’est bien passé pour toi, ce matin ? » Je suis sûre que oui. Matilda est parfaite. Matilda est douée. Matilda me laisse souvent admirative. Et au final, c’est un véritable soulagement que de la compter dans mon cercle d’amis proches. Sans elle, sans Capri, je ne sais pas comment je ferai.

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« Oui elle Madame Perez a mis son époux dehors. » dis-je en me tournant vers le jury qui me regardait avec attention. « Mais n’oubliez pas qu’elle avait découvert qu’il la trompait depuis plusieurs années avec la voisine d’à côté et qu’il y passait déjà presque le plus clair de son temps. » dis-je en montrant à tous le rapport du détective privé avec photo explicites sur plusieurs semaines. « Ma cliente a tout simplement voulu garder son honneur et sa maison. » dis-je en désignant ma cliente assise à quelques pas de moi. « C’est elle seule qui assume les revenus de la famille et s’occupe en plus des enfants une fois rentrée à la maison. » je soupire et regarde avec insistance les femmes du jury qui doivent certainement pouvoir comprendre la situation. « C’est pourquoi la garde doit être accordée à la mère. » bien sûr mon opposant Objectait. Sans raison valable. « Monsieur Perez ne connait même pas la date de naissance de se propres enfants! Le sept janvier dernier imaginez la déception de Miguel quand son père non seulement n’est pas venu le chercher à l’école, mais en plus ne lui a même pas souhaité son anniversaire » dis-je d’un air dramatique en accablant Monsieur Perez. Ce dernier était prêt a exploser. « C’est n’importe quoi monsieur le Juge, j’ai toujours fêté l’anniversaire de Miguel les sept janvier, j’allais juste l’amener à un match de foot le week end suivant. » dit-il en se levant. Je le regardais et souriais victorieuse. « L’anniversaire de Miguel est le dix-huit aout Monsieur Perez » dis-je « Pièce à conviction sept » dis-je en la présentant au juge et au jury.

Les délibérations, c’était pas vraiment le moment que je préférais dans les procès. j’étais pas vraiment le genre de personnes que l’on pouvais qualifier de « patiente » alors comme souvent j’allais aux toilettes. C’était ainsi, j’étais stressée et le stress influait sur ma vessie. Case obligée donc par les toilettes pour dames. Devant le miroir je me recoiffe un peu et remet un soupçon de rouge à lèvres quand la porte s’ouvre. « Oh, Tilda. » je souriais très largement. C’était Daphné. Mon amie. Je souriais et m’avançait vers elle pour la saluer. « Daphné! » dis-je d’n ton enjoué. « T’as même pas idée de la galère dans laquelle je me suis fourrée. » oh! Je fis une moue surprise et la regardais alors que j l’écoutais. « Delaunay va faire qu’une bouchée de moi. Lui et son client minable avec son regard à en faire peur un gros lion. » je soupirais un peu, c’était tout à fait Daphné ça. Ne pas voir son potentiel. Et pourtant j’vous assure, elle en a! Et pas qu’un peu! J’attendais qu’elle se sèche les mains. « Bon sang Tilda, je vais mourir lors du procès. » « Mais non! » je la pris par la main d’une pour l’empêcher de tomber parce que j’avais bien vu la petite baisse de tension et la forçais à me regarder. « Daphné. Regarde moi » je la forçais en posant ma main sous son menton « Tu t’en fous de Delaunay. Tu as bien bossé sur ton dossier. Tu es une bonne avocate et tu le sais très bien! » je souriais et tapotais de l’index sur sa paumette pour la faire sourire « J’en doute pas. Tu respires et tu fais ce que t’as a faire. » je la voyais sans cesse dans les dossiers et elle y mettait tout son coeur. C’était tellement dommage qu’elle ait si peu confiance en elle. « Tu vas l’écraser Daphné! » je souriais pour l’encourager. « Ca c’est bien passé pour toi, ce matin ? » j’arquais un sourcil. « Teu teu teu. On parle pas de moi là ma belle, là on parle de toi. C’est important. Tu dois t’endurcir tu sais. » dis-je avant de prendre une des serviette, l’humidifier et la poser sur le front de mon amie. « Tu es sûre que ca va? » je m’inquiétais. Forcément. « Allez, viens on va faire quelque pas dehors. » et puis probablement manger, parce que si elle avait manqué des repas à cause du stress, ça ne m’aurait pas étonnée.

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Si si, je vais mourir sur place. Heureusement, Matilda est là pour me soutenir, pour ne pas que je tombe, dans tous les sens du terme. Je ne sais pas si je suis vraiment une bonne avocate, si je suis à la hauteur. Delaunay est convaincu que non et franchement, je doute de mes capacités aussi, même si je connais mon dossier sur le bout des doigts, que je suis incollable dessus. J’appréhende de laisser mes démons prendre le dessus, de trop me focaliser sur les regards des autres, de perdre mes moyens face à toute l’assemblée, à tel point que ma cliente regrettera de m’avoir choisie. Tilda est tellement plus… confiante. Aussi bien pour ses propres affaires que les miennes. Elle croit en moi pour deux. Je souffle un coup, tente de me ressaisir. « Lui aussi a bossé sur sa défense. Des gars comme lui, ça ne fait qu’une bouchée des petites nanas comme moi. » Je ferme les yeux au contact de la serviette de mon front. Si encore je pouvais m’endurcir… Ce sont des histoires qui me tiennent tellement à cœur, des histoires que je ne connais pas personnellement, mais auxquelles je suis confrontée tous les jours malgré moi, avec la souffrance qu’a éprouvé ma mère. Je penche la tête en arrière, laisse tomber mes bras le long de mon corps. « Je sais tout ça, j’essaie, mais… J’ai tellement peur de faire une boulette. » Si ça va ? Absolument pas, mais je fais un signe de la tête pour ne pas l’inquiéter plus. Je la suis à l’extérieur des toilettes, posant ma main sur ma nuque que je frotte, nerveusement, puis dans mes cheveux, comme pour faire tomber la pression que je me mets sans doute toute seule. « Il va falloir m’expliquer comment tu fais pour être comme ça, aussi… bien dans ta peau, aussi sûre de toi. » Je m’arrête quelques secondes devant elle, la dévisage des yeux avec un petit sourire qui se loge sur le coin de mes lèvres. « T’as pas idée à quel point t’es un modèle pour moi. » Matilda ne se laisse jamais bouffer, ni par ses adversaires, ni par les clients de ces derniers. Elle est parfaite, en plus d’être une amie hors pair, sur laquelle je peux toujours compter et je lui rends la pareille aussi souvent que je le peux. « Maintenant que ma crise est plus ou moins passée… Ta plaidoirie. Ca a été ? » Je suis sûre que oui. Elle a les bons mots, elle a la tête sur les épaules, elle sait convaincre. Matilda, c’est l’avocate à avoir près de soi.

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Daphné, mais pourquoi n’avait elle jamais confiance en elle. C’était fort dommage parce que c’était une des personnes les plus talentueuses que je connaissais. Mais c’était fou à quel point elle pouvait ne pas être consciente de ses capacités. C’était franchement rageant la plupart du temps. J’avais tellement envie de le lui faire comprendre, mais pour l’instant, ça ne semblait pas pouvoir entrer dans sa tête. Tant pis, pour le moment j’avais bien assez de force pour elle a croire en elle! Si elle ne s’en sentait pas capable, moi j’en étais sûre, alors le temps qu’elle trouve son courage c’est moi qui la porterait! Une nouvelle fois elle se pensait perdue face à Delaunay. « Lui aussi a bossé sur sa défense. Des gars comme lui, ça ne fait qu’une bouchée des petites nanas comme moi. » je soupirais un peu et croisais mes bras. « Oui, mais TOI AUSSI! Les gars comme lui surtout, ça s’attend à bouffer les petites nanas comme toi. Mais tu connais David et Goliath! C’est pas toujours le plus grand le plus malin et le plus intelligent, bien au contraire. Delaunay c’est comme un chien, il aboie plus qu’il ne mord réellement. » je souriais doucement, j’essayais une nouvelle fois de la réconforter.

« Je sais tout ça, j’essaie, mais… J’ai tellement peur de faire une boulette. » « je sais. » un léger sourire, j’ai parfois l’impression de me retrouver à mes débuts en elle avec ces questionnements. « On a tous ces peurs tu sais. Tout le monde. Même l’autre imbécile, d’ailleurs tu sais peut être que c’est pour ça qu’il t’attaque, parce qu’il a peur! » je hausse les épaules. « Personne n’est parfait, personne n’est à l’abri d’une boulette. » je l’observais, il fallait prendre l’air un peu ou elle allait risquer d’exploser.

Je l’entrainais donc dehors pour pouvoir l’aider. « Il va falloir m’expliquer comment tu fais pour être comme ça, aussi… bien dans ta peau, aussi sûre de toi. » je me mis doucement à rire. « T’as pas idée à quel point t’es un modèle pour moi. » et encore un peu plus. Elle me regardais probablement sans comprendre pourquoi je riais. Je ne me moquais pas d’elle, non loin de là. « Attends, Daphné, je suis pas un modèle. » je souriais et remettais une de ses mèches de cheveux derrière son oreille. « Arrête de m’idéaliser, personne n’est parfait, je suis tout aussi mal dans ma peau et peu sure que toi, je ne le montre juste pas, j’ai réussi à trouver le moyen de me servir de ce stress positivement pour en faire une énergie positive et continuer à avancer. » je souriais un peu et la regardais dans les yeux intensément, quitte à la gêner, non je voulais juste que le message passe. « C’est pas un métier facile avocate Daphné, mais tu as tout ce qu’il faut pour. Tu dois juste trouver en toi la force de pouvoir t’endurcir. Et tu verras, ça ira tout de suite mieux. Aies confiance en toi. Moi je te suivrais aveuglément » dis-je en lui adressant un clin d’oeil complice.

Je m’arrêtais en haut des marches du palais de justice et m’adossais au mur. L’air frais faisait du bien. « Maintenant que ma crise est plus ou moins passée… Ta plaidoirie. Ca a été ? » je souriais un peu, elle ne perdait pas le nord la belle. Je hochais positivement de la tête. « Oui je pense. Faut dire, il avait aucune chance, tout était contre lui. » je souriais. Madame Perez allait avoir justice, et c’était ce qui comptait le plus. « Ton audience est à quelle heure? »

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David et Goliath, je me souviens, oui, mais c’est ce qui se passe dans la Bible. Pour une fille qui n’est pas croyante, comme moi, ça n’a rien de réel. Et quand bien même ça le serait… Je ne suis pas David. Mais peut-être bien qu’elle a raison, Matilda, peut-être que Delaunay n’est qu’un gros connard de première qui effraie plus en apparence qu’autre chose. Et il défend un gars qui, pour moi, n’a aucune bonne excuse de s’en sortir. Il a toutes les raisons du monde de finir au fond du trou. « Parce qu’il a peur ? » Je lâche un rire tant ça me semble insensé. Comment peut-il avoir peur de moi ? Je suis la dernière des paumées dans ce tribunal ! L’une des avocates qui a le moins confiance en elle. Il n’a pas à craindre une petite comme moi, même si l’idée que ce soit vrai m’est plutôt agréable. Je le hais tellement ce pauvre type, aussi bien sa façon d’être que de défendre les méchants qui ne méritent pas d’avoir quelqu’un auprès d’eux pour défendre leurs droits. Ils ont tout de même brisé la vie de plusieurs femmes. « J’aimerais que tu puisses avoir raison. Quand je suis face à lui, il me donne la force de lui dire des choses qui dépassent mes pensées, c’est seulement lorsque je me retrouve isolée que je pète un plomb. » Et bon sang, qu’est-ce que j’aimerais que ce soit différent, pouvoir prendre un peu plus d’assurance. J’acquiesce d’un signe de tête. Tilda a raison. Personne n’est à l’abri de faire une gaffe. Je souffle, prends l’air, respire en essayant d’oublier mes craintes. Moi aussi, je peux le bouffer tout cru, oui. Je lâche un soupir, puis souris, ferme les yeux au contact de ses doigts qui capturent une mèche de cheveux. J’aime notre amitié. Je l’aime, elle. Je ne pourrais pas me passer de Matilda, impossible. « C’est dingue, ça ne se voit absolument pas. Tu leur rentres dedans, tu es incroyable. Tu es belle, bon sang, oh oui, qu’est-ce que tu peux être fantastique quand tu es en pleine plaidoirie. » Je ne la surestime pas, je pense même être très objective et ce n’est pas parce que c’est mon amie, pas seulement. Elle dégage quelque chose de fort. « Je te remercie de me faire confiance à ce point. Ce n’est pas toujours évident, tu sais, surtout pour des affaires comme celles-ci… » Elles me tiennent trop à cœur, elles me renvoient constamment à l’histoire de ma mère, à la mienne, finalement. Je descends une marche, me retrouve un peu plus petite qu’elle et sors une cigarette que je coince entre mes lèvres. Absolument pas dépendante de cette chose qui me fait pourtant du bien lorsque je suis nerveuse. « Tu as combien de temps devant toi, avant le verdict ? » J’ai confiance en elle. Elle va le gagner, son procès. « Dans une heure à peu près. J’attends ma cliente, mais j’irai manger un morceau un peu avant. Faut qu’on se fasse une soirée avec Capri. Je ne lui ai pas demandé si elle était dispo ce soir, ou demain soir, pour une soirée entre filles. Ca te dit ? Alcool, confidences, fou rires. » Comme d’habitude, une soirée entre nous. C’est que j’ai des choses à leur dire et je suis convaincue que c’est leur cas.

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« Parce qu’il a peur ? » je hochais positivement de la tête. oui c’était probablement la meilleure explication. « tu sais comment c’est ça aboie plus que ça ne mord réellement » et peut être que toi tu n’es pas consciente du fait que tu es très douée, lui le sait, c’est bien pour ça qu’il s’amuse à te rabaisser constamment. et d’ailleurs si j’avais l’occasion de lui donner mon point de vue sur la question à cet imbécile, je crois que mon poing finirait dans sa figure! il fallait vraiment qu’elle réussisse ç avoir confiance en elle, c’était pas possible autrement, c’était du gâchis de voir son potentiel gâché de telle manière. « J’aimerais que tu puisses avoir raison. Quand je suis face à lui, il me donne la force de lui dire des choses qui dépassent mes pensées, c’est seulement lorsque je me retrouve isolée que je pète un plomb. » je souriais un peu. « mais c’est super ça, il faut juste rester dans cette optique. je sais que t’as envie de lui foutre sa pâtée. en tout cas je sais que moi j’ai tellement envie que tu lui mettes une bonne correction comme il se doit. » je souriais fermement et soutenais son regard. « qu’il ne croit pas qu’un avocat n’est pas doué que quand il en a une paire dans le pantalon! »

elle se reprend un peu et je la rassure encore. oui c’est mon boulot d’amie de le faire et ça ne me pose aucun souci. j’ai toujours été comme ça. j’a toujours été celle qui attrape la main et pousse les gens vers le haut. elle le mérite, ça c’est indéniable. « C’est dingue, ça ne se voit absolument pas. Tu leur rentres dedans, tu es incroyable. Tu es belle, bon sang, oh oui, qu’est-ce que tu peux être fantastique quand tu es en pleine plaidoirie. » je souris et rougis un peu. « tu sais qu’on peut dire la même chose de toi! » dis-je en la regardant avec attention. « enfin hormis la partie ou ça ne se voit pas. » je ris un peu. « on a tous des faiblesse, mais il faut faire avec, et les transformer en force. Delaunay t’intimide? Et en même temps il te donne une force de lui répliquer des choses. Nourris toi de ça ma belle! » je souriais. « Je te remercie de me faire confiance à ce point. Ce n’est pas toujours évident, tu sais, surtout pour des affaires comme celles-ci… » je haussais les épaules. « je sais, c’est pour ça que je suis là! » dis-je en lui adressant un clin d’oeil complice.

il y a peu de monde à présent dehors. mais ça fait du bien de prendre l’air. « Tu as combien de temps devant toi, avant le verdict ? » je regardais ma montre puis mon téléphone. j’avais confié à Casey le soin de me prévenir quand le verdict serait rendu. « casey doit me contacter pour me dire ça » mais elle ignorait qui était Casey « oh oui, j’ai pris un assistant, c’est tellement plus simple! » dis-je « je pense que j’ai une bonne demie heure devant moi, peut être une heure. » je l’observais sortir la cigarette.« Dans une heure à peu près. J’attends ma cliente, mais j’irai manger un morceau un peu avant. Faut qu’on se fasse une soirée avec Capri. Je ne lui ai pas demandé si elle était dispo ce soir, ou demain soir, pour une soirée entre filles. Ca te dit ? Alcool, confidences, fou rires. » mon sourire s’élargissait de plus en plus à l’écoute de ses mots. « C’est une excellente idée! » dis-je convaincue. « moi je suis dispo tous les soirs cette semaine. Julian est d’astreinte à l’hôpital. » dis-je en souriant. « on peut manger un bout ensemble maintenant si tu veux. il y a un sujet pour lequel j’avais besoin de ton avis. »

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Matilda a raison. C’est une façon d’intimider les gens, c’est comme ça qu’il fonctionne et il n’a pas besoin de faire beaucoup d’effort pour réussir, mais ça me fait du bien de parler de ça avec mon amie, ça m’aide à relever la tête. Dans une heure, j’irai prendre mon courage à deux mains, franchir la porte de la salle d’audience et ne plus penser à rien d’autre qu’aux éléments que j’ai en ma possession, à mes arguments. J’ai de quoi réduire en miettes sa défense. Maintenant, il va juste falloir que j’arrive à contrôler tout mon stress. Je lui en suis tellement reconnaissante. Elle est là quand il faut, me remonte le moral, sait dire ce qu’il faut pour me requinquer. C’est comme un verre de Mojito, la Matilda, en fin de compte. Je secoue mon index sous ses yeux. « Ce n’est pas de moi qu’on parle ! » m’exclamé-je, en reprenant ses mots. C’est d’elle. « Aurais-tu du mal à accepter les compliments mademoiselle Favre ? » lui dis-je, taquine, en éclatant de rire. Ca, c’est vrai, on ne peut pas dire que je fasse dans la discrétion, contrairement à elle qui sait cacher à la perfection toutes ses angoisses. C’est ce qui fait qu’aux yeux de tous, c’est une sacrée adversaire. Les requins n’ont qu’à bien se tenir lorsqu’elle est dans les parages. Je fronce les sourcils lorsqu’il est question d’un Casey, mais je n’ai nullement besoin de lui poser la question qu’elle me répond aussitôt. « Un assistant ? Et il t’assiste en quoi ce Casey ? Il t’aide sur tes affaires et… » Je l’observe de haut en bas, malicieuse, mords ma lèvre supérieure. « Il sait faire quoi d’autre ? Te détendre en fin de journée ? En même temps, vous auriez tort de ne pas en profiter. Quel âge a-t-il ? Il est mignon ? » Je ne lui laisse pas le temps de respirer avec mes interrogations que j’enchaîne sans qu’elle n’ait le temps d’en placer une. J’exige d’en savoir plus, de le rencontrer même. Si ça se trouve, c’est un étudiant qui a besoin d’argent pour payer ses études, ou se faire de l’argent de poche. Il est loin le temps où l’on faisait ça. Parfois, il m’arrive de regretter ce temps où tout était bien plus simple. Apprendre sur le bout des doigts d’une leçon, ce n’est pas la même chose que plaider et défendre des victimes. « Alors on peut se faire ça. Capri tranchera sur le jour de la soirée, je suis disponible aussi cette semaine. » Je hoche la tête, désigne la rue d’en face où il y a une petite brasserie et une boulangerie à quelques mètres de là. « Tu préfères quoi ? Sandwich ou plat cuisiné ? » Et j’ajoute, en commençant à descendre les marches : « Sur quoi voulais-tu mon avis ? » demandé-je, en attrapant son bras.

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