(Marko) - Qui aime bien, châtie bien !

J’entends mon réveil sonner. Trop tard, je suis déjà dans le salon en train de faire des pompes. Certains appellent ça de l’insomnie, moi j’appelle ça avoir besoin de peu de sommeil. Je n’ai pas dormi plus de quatre heures cette nuit. Pourtant, je me sens en pleine forme. Comme d’habitude. Je suis comme ça, moi. Un grand gaillard qui n’a pas besoin de dormir, qui n’aime pas dormir. C’est une perte de temps. Je mange une pomme en guise de petit déjeuner. J’enfile ma tenue de pilote. J’ai déjà la chance de ne pas être contraint de vivre à la base. La condition, c’est que je sois joignable H24. Et comme j’ai le sommeil léger, ce n’est pas un problème. S’ils ont besoin de moi, ils appellent et je débarque pour grimper dans mon avion. Soyons honnêtes, ça n’arrive jamais.

Aujourd’hui, c’est entrainement. Je prends le temps. Un pas légèrement nonchalant. J’entre à la base, en étant fouillé de la tête aux pieds, comme d’habitude. Je passe devant l’infirmerie. Alors j’en profite pour m’arrêter. Une chance pour moi, je peux mater les fesses de la belle infirmière avant qu’elle se retourne. Je la regarde avec mon beau sourire taquin. « Pas de ça entre nous, tu le sais bien poupée. Appelle-moi Marko. » Là, posé contre le mur, je la regarde. Je sais bien qu’elle ne va pas mettre longtemps avant de perdre patience. J’attends. Je fais monter le suspens. Je joue. Et je ne me lasse jamais de jouer.

Je m’approche d’elle, mes yeux dans les siens, un sourire taquin dessiné sur le visage. Je ne la lâche pas. J’attrape sa main. J’avance ma bouche de son oreille. Je fais ça lentement. Doucement mais sûrement. « Je suis en manque d’affection poupée. » Je recule ma tête, délicatement. Je replonge mon regard dans le sien, sans lâcher sa main. Je sais qu’elle va résister. Elle va au moins faire semblant.

Je ris. C’est sa façon de croire qu’elle a du contrôle. Elle veut me montrer qu’elle m’a cerné. Mais elle est loin, très loin de la réalité. Je suis tenace, mais encore plus que ce qu’elle croit. Je suis con à un point qu’elle n’ose imaginer. Je n’ai pas de limites. C’est d’ailleurs ce qui me donne envie de me lever tous les matins. Mais quand on y repense, c’est vrai que je n’ai pas spécialement l’allure d’un militaire. Je suis passionné, j’ai une putain de volonté de faire ce que je veux. Alors je prends sur moi pour me plier aux ordres des supérieurs. J’ai de la chance de ne pas avoir les pires supérieurs de la terre. Ils connaissent mon tempérament. Ils savent très bien que je pourrais en crever. Ce métier c’est toute ma vie. Et quand on entre dans l’armée, c’est quand même indispensable de pouvoir sacrifier sa propre vie. Enfin je dis ça, mais je vais peut être me faire virer demain.

Même pas mal ! Elle peut serrer ma main autant qu’elle veut, elle a autant de force qu’une mouche. Mais je ne dis rien. Je garde ça dans un coin de ma tête. Lui laisser croire qu’elle a une force assez importante pour me maîtriser, ça ne fera que la mettre en confiance. « Tu vois que tu m’aimes poupée ! Sinon tu m’aurais planté une aiguille dans le bras depuis longtemps. » Je souris. Ce petit sourire malicieux qu’on peut lire sur le visage d’un enfant fier d’avoir fait une bêtise.

Je ne peux m’empêcher de rire. C’est plus fort que moi. Si elle croit que je me moque d’elle, elle ‘a pas totalement tord. Je la regarde. Je plonge mes yeux dans les siens et ne la lâche pas. « On ferait de très beaux bébés tous les deux. » Je reste sérieux, avant de laisser réapparaître mon sourire d’enfant. Oui, c’est difficile de rester sérieux trop longtemps. C’est bien ce que mes supérieurs me reprochent souvent. Et pourtant, face à eux, j’essaye de me contenir et de prendre sur moi. Visiblement, ça ne marche pas toujours. Mais je suis un bon pilote, ils auraient trop de mal à me virer.

Je suis presque choqué de ce qu’elle dit, de ce qu’elle considère les femmes que je convoite comme des objets. Bon choqué, c’est un grand mot. Cependant, ça me vexe, et le ton de ma voix devient plus froid. Susceptible ? A peine ! « Tu penses sérieusement que les femmes que je mets dans mon lit attendent que je les épouse ? Il faut arrêter de voir seulement les mecs comme des coureurs. Les femmes sont pareilles si ce n’est pire. » Eh hop, ça c’est fait. Je ne suis pas un connard au point où elle le pense. Je ne suis pas tendre tous les jours, mais je ne cache jamais que je cherche à m’amuser, pas à me marier. « Dommage pour toi. Tu serais un très bel objet que je pourrais rajouter à ma collection. » Je suis froid. Peut être même plus qu’il y a quelques secondes. Je n’irais pas jusqu’à dire que les femmes sont des déesses, mais l’égalité hommes-femmes, ça existe (à peu près).