(Wilhelmine) Un mariage pour se retrouver

Ce qu’il y a de bien, avec les mariages, c’est qu’il y a toujours les demoiselles d’honneur à zieuter et Izario ne se gêne pas. Pour les yeux, c’est un régal. Appuyé contre le buffet, il croise les bras et les détaille sous toutes les coutures avec un petit sourire au coin des lèvres. C’est la cousine qui se marie, du côté de sa mère. Il aurait pu être seul, mais il a préféré s’accompagner de Wilhelmine. Les réunions de famille sont souvent complexes lorsqu’il est là, alors il a sa bouée de sauvetage, Billie. Son père l’aime beaucoup, sa nièce et il est d’ailleurs ravi qu’ils s’entendent si bien, tous les deux, mais il en profite souvent pour se rapprocher de Wilhelmine, lui demander si elle ne peut pas convaincre Izario de rejoindre l’affaire familiale, d’y réfléchir un peu plus, lui donne des arguments, des vrais, ceux qui attirent l’œil, qui donnent envie. Il les connait sur le bout des doigts, mais ça n’a jamais fonctionné sur lui, parce qu’il n’aime pas tellement les automobiles, pas au point d’en faire sa profession et que c’est une très lourde responsabilité que son père lui demande. C’est trop pour un petit gars comme lui qui souhaite uniquement profiter de la vie sans les inconvénients. Ce n’est pas pour autant qu’il ne fait pas ses devoirs. Il travaille, il a des revenus, il paie les impôts, il ne fraude pas et il ne profite pas de l’argent de ses parents. Le fait est qu’il a envie, besoin, de faire quelque chose de ses propres mains, de devoir sa vie qu’à lui-même, d’être fier de ce qu’il entreprend et jusque-là, il n’a aucun mal à faire ça. Son père libère sa cousine qui s’approche du buffet et dans un sourire, Izario demande : « Alors, qu’est-ce qu’il t’a mis en tête cette fois ? » demande-t-il, en tendant le bras vers le buffet. Il prend un toast qu’il met en bouche, le déguste, puis prend une coupe de vin. Du rosé, c’est ce qu’il préfère. « Ca ne m’étonnerait même pas qu’il t’ait de nouveau parlé de l’entreprise. Ou de ta jolie tenue, de ta façon de grandir. » C’est un papa gaga. Il fait les choses maladroitement, parfois, il est strict, mais il essaie de bien faire les choses, il en a conscience. Sa mère le lui dit assez souvent pour qu’il ne lui tienne pas rigueur de son comportement avec lui, mais Izario aimerait le secouer, lui faire comprendre que ce n’est pas ce choix de vie qu’il souhaite lui imposer, qu’il souhaite, mais il sait aussi que c’est perdu d’avance. C’est se battre contre le vent, ça ne sert pas à grand-chose. C’est de l’énergie en moins qu’il pourrait mettre ailleurs. « D’ailleurs, chouette ta tenue. » qu’il ajoute, en rapprochant son verre, pour qu’elle trinque avec lui. Il l’adore sa cousine, tout comme ses sœurs d’ailleurs. La famille compte beaucoup pour Izario et c’est certainement pour ça qu’il culpabilise, parfois, vis-à-vis de son père, mais il est certain qu’il pourra trouver un héritier qui prendra sa suite, ou plutôt une héritière. Sa frangine qui n’attend que ça.