(Summer) Une soirée entre filles

La journée a été longue, mais la soirée qui s’annonce me met du baume au cœur. Pas de dossier, pas de client ronchon qui me fait poireauter depuis notre dernière entrevue, pas de soucis familiaux. Ce soir n’appartient qu’à moi et à mon amie proche, Summer. Si ce n’est quelques appels, quelques textos, nous n’avons pas eu l’occasion de nous voir de la semaine, dû à nos emplois du temps respectifs. Je suis prise avec mon travail et elle aussi avec son job qui ne me plaît guère. Quand je pense à tous les hommes qu’elle fréquente de par celui-ci, ces regards qui se posent sur elle, des yeux de pervers, assoiffés de chair fraîche. Je ne mets pas tous les hommes dans le même paquet, je pense sincèrement qu’il y en a qui sont intéressants, pour en avoir rencontré, mais ceux-là, qui paient pour avoir de la compagnie, je n’arrive ni à les comprendre, ni à les respecter. Peut-être parce que j’ai mon amie de qui je suis proche et qui est finalement concernée de près par ce problème. Toujours est-il que ce soir, elle ne sera pas au bras d’un de ces hommes, mais avec moi, à me raconter les nouveautés dans sa vie.

Coraline, ma colocataire, sort de sa chambre et m’observe de haut en bas. « Tu vois un homme ? » Je secoue la tête, puis me regarde à mon tour. Je porte une simple jupe rouge bordeaux, avec un top noir et une veste de la même couleur pour me protéger du froid. Coraline me sourit, puis vient vers moi, en me faisant savoir qu’elle, oui, sans oublier de me rappeler de lui présenter Bendo. Je lui en ai rapidement parlé, sans trop en dire, mais elle est intriguée par ce garçon avec qui elle pourrait passer du bon temps. J’attrape mon sac, lui fais un signe de la main et sors de l’appartement, m’engouffrant dans ma voiture pour me diriger vers l’appartement de Summer. Avant de démarrer, je lui envoie un texto pour la prévenir que j’arrive d’ici peu de temps. Au bout d’une dizaine de minutes, j’arrive enfin près de chez elle, monte les escaliers qui me séparent d’elle et toque à la porte, avec une bouteille dans une main et des olives dans l’autre. Parce que j’aime les olives avec l’apéritif. Lorsque la porte s’ouvre, j’affiche un large sourire et m’exclame : « Salut ! J’ai coupé mon portable ! J’espère que tu as fait de même : personne ne doit nous déranger ce soir, tant j’ai l’impression que ça fait une éternité qu’on ne s’est pas vues. » Une semaine, ce n’est pas la mort, mais tout de même.

Murs blancs autour de toi. Les yeux fermés, tu n’entends que le tic-tac de la pendule accrochée dans ta chambre. Le battement de ton coeur, le murmure de ta respirzation. Tu es en vie. En bonne santé aussi. Ce soir, t'es en repos. Enfin un soir de congé. Ça fait du bien de ne pas se pomponner pour plaire à un homme qui ne cherche qu'à te sauter. Ce boulot, tu ne l'as pas forcément choisie mais tu l'aimes bien. Enfin en partie. C'est de l'argent gagné facilement et, surtout, rapidement. La journée fut longue. Enfin, tu n'as rien fait de spécial. Ménage, courses. T'as même eu le temps d'aller à la salle de sport. T'aimes tellement ça faire du sport. Et puis, tu as dû préparer le diner de ce soir. En effet, ta meilleure amie a prévue de venir te voir ce soir. Pour passer une soirée entre filles. Juste vous deux. Juste pour papoter, rigoler. Comme vous le faisez souvent. Mais ça fait longtemps que vous ne vous étiez pas vus. Vos boulots, vos emplois du temps. C'était difficile de se voir parfois. Vous vous échangez bien évidemment des messages tous les jours – ou presque – mais ce n'est pas pareil. T'as besoin de la voir. De la prendre dans tes bras. T'en as besoin. Et elle aussi. Jolene, tu la connais depuis une dizaine d'années. Mais déjà, tu es très proche d'elle. Une belle et grande amitié s'est construite avec vous deux. Mais parfois, vous vous offrez l'une à l'autre. Il vous arrive de coucher ensemble parfois. Tu n'es pas contre cette relation. Tu l'aimes bien même. Pas d'attachement. Enfin pas d'amour entre vous. C'est juste de l'affection. Et puis, Jolene est une jeune femme très agréable à regarder. C'est avec toujours un immense plaisir que tu lui fais l'amour. Dès que vous le pouvez. Tu aimes ça. Et elle aussi.

Bref. Le soir est enfin là. Tout est prêt pour accueillir ta meilleure amie. T'as juste préparer des petites gourmandises sucrées et salées. Un petit apéro dinnatoire entre amies. C'est simple mais t'aimes bien. Il y a tellement de trucs que tu aimerais lui dire à Jolene. Tellement de trucs à lui raconter. Notamment ton aventure avec Tara. Tu ressens un truc pour elle et puis, t'as apprécié faire l'amour avec elle. T'aimerais tellement la revoir. Mais jsute vous deux cette fois. Bref. Dans ta chambre, t'as enfilé une petite robe noire. Ça a beau être une soirée dans ton appartement, tu ne peux pas accueillir ton amie vêtue d'un pyjama. Même si ça ne la gênerait pas. Bref. Tu as toujours été assez coquette comme fille. Tu aimes passer des heures dans la salle de bain à te bichonner, à prendre soin de toi. T'aimes ça. Bref. Te voilà prête. Habillée, maquillée, coiffée. Chaussé ? Non. Tu restes simplement pieds nus. Tout est prêt sur la table basse aussi. T'as allumée une bougie pour que ça sente bon. Jolene arrive. Tu lui ouvres la porte et t'empresses de lui faire la bise. Hum, elle sent bon et elle est terriblement sexy en plus de ça. "Bien sûr que je l'ai coupée. Je ne voudrais pas qu'on nous dérange !" Tu la laisses entrer et s'installer dans le salon. Pendant ce temps, à la cuisine, tu prépares deux cocktails pour bien commencer la soirée. Puis tu reviens dans le salon. "ça me fait tellement plaisir de te voir !" Tu lui tends un verre et vient te placer à califourchon sur le canapé, juste à côté de ton amie. Collé à elle même.

« Parfait. C’est parfait. » Que ce soit elle ou moi, nous pouvons êtes amenées à faire des heures supplémentaires si on nous le demandait. Je m’en veux d’avance pour les personnes qui tenteront de me contacter, mais tout ça pourra attendre demain. Le fait est que j’ai vraiment envie de profiter de sa compagnie pour tout lui raconter, mes nouvelles gaffes de la semaine. Summer a l’habitude. Il ne se passe pas un seul jour sans que je dise quelque chose de travers. On le prend bien ou mal, mais généralement, j’arrive toujours à m’en sortir, avec de légères égratignures le plus souvent, rien de grave. Je m’assois sur le sofa, les mains sur mes genoux, le regard posé sur elle qui revient avec deux cocktails. « Moi aussi. » Je prends le verre qu’elle me tend et, par curiosité, sens l’odeur. Les couleurs du mélange attirent l’œil. « Je suis tellement désolée de ne pas avoir pu me libérer plus tôt. Le boulot, en ce moment, c’est un peu la cata. » Je ne sais pas trop comment me sortir de tout ça, à dire vrai. Bendo est le seul à bien vouloir me laisser une chance. Le reste du temps, pour prouver que je vaux quelque chose, c’est délicat. Encore faut-il qu’on me laisse le temps d’étudier le dossier. Je balaye l’affaire d’un geste de la main, pour ne pas que l’on s’attarder sur le sujet. Je n’ai pas envie de parler travail. Je tends le bras vers Summer pour trinquer. « A quoi on trinque ? T’as de bonnes nouvelles ? » A-t-elle quitté son boulot ? Ce serait, évidemment, pour moi la meilleure chose à apprendre. Summer sait ce que j’en pense. J'ai horreur du milieu dans lequel elle travaille. « Ou à notre soirée, tout simplement ? » Si moi j’ai plein de choses à lui confier, pas des choses extraordinaires non plus, je sais que Summer en a elle aussi. Lorsqu’elle m’a envoyé son message, elle ne s’est pas attardée sur les détails, ne m’a même pas confié de quoi il était question, ou de qui, mais il y a un truc frais qui s’est passé dans sa vie. « Raconte-moi. Je veux tout savoir. »

C'est rare que tu aies une soirée de congé. Très rare. Et ça fait bien longtemps que cela ne s'est pas produit. Alors ce soir, c'est avec beaucoup de plaisir que tu as invité ta meilleure amie chez toi. On a tous une définition différente d'une meilleure amie. Jolene, tu ne la connais pas depuis des années mais tu tiens beaucoup à elle. Jolene, elle te soutient, elle te comprend. Tu sais très bien qu'elle a du mal à comprendre pourquoi tu fais ça. Pourquoi tu es escort. Toi non plus, tu ne comprends pas. Tu ne feras pas ça toute ta vie, c'est clair mais pour le moment, c'est de l'argent vite gagné. Rapidement et facilement surtout. T'as juste à accompagner des hommes fortunées dans des soirées mondaines. Bon, parfois, tu couches avec certains hommes qui te paient pour ça. Ce n'est pas désagréable mais tu préférerais coucher avec quelqu'un par amour. Bref. Ce n'est pas à l'ordre du jour de toute façon.

Ta meilleure amie est là. Elle vient d'arriver chez toi. Bien sûr, t'as éteint ton téléphone. Rien, ni personne ne viendra gâcher cette soirée. Ça fait trop longtemps que vous n'avez pas pris le temps de vous faire une soirée toutes les deux. T'as passé la moitié de ton après-midi aux fourneaux. Tu as préparé pleins de petites gourmandises – salées ou sucrées – pour ta meilleure amie. T'es tellement contente de la voir. T'as pleins de choses à lui dire. Comme ta soirée avec Tara. Quand vous avez couchés ensemble. T'arrives pas à l'oublier et tu as hâte de revoir la jeune femme. Tout comme tu avais hâte de revoir ta meilleure amie. Il vous arrive aussi de coucher ensemble toutes les deux. Beaucoup de choses qui vous rapprochent dont ça. Votre attirance l'une pour l'autre. Mais tu sais pas si tu serais capable de sortir avec elle. Ou avec quelqu'un d'autre d'ailleurs. Bref. "Je comprends, ne t'en fais pas !" Dis-tu en apportant les gourmandises sur la table basse. Et quelques boissons aussi. "Juste à notre soirée. À nous aussi !" Tu souris et boit une gorgée. C'est tellement bon. Et puis, il faut savoir se faire plaisir de temps en temps. Puis Jolene te demande de lui raconter des choses nouvelles. Malheureusement, il n'y a pas grand chose de nouveau dans ta vie. Mis à part ta récente nuit avec Tara. Jolene connait ta bisexualité vu que vous couchez ensemble parfois. "Bah y'a pas grand chose de nouveau tu sais. Mais .. l'autre jour, j'ai rencontrée une fille.. Je.. Jsais pas. Elle me plait, enfin je crois.." Tu attrapes un petit four et l'engloutit aussitôt.