(Jonas) Les yeux doux, ça ne marche pas pour éviter les agios ?

« Mademoiselle Galdeano ! » Oh merde. Toc toc toc C’est qu’il s’acharne en plus, le propriétaire. Il vient réclamer son bien. Il veut son loyer de ce mois-ci, mais mes honoraires n’ont pas encore été payés. Ils vont l’être, prochainement et bientôt je pourrais lui payer son loyer. J’ai évidemment l’argent sur un compte où j’économise depuis de nombreuses années pour me payer mon cabinet, mais il n’a jamais été question que je prenne dedans. De toute façon il est bloqué et le seul moyen de le faire, c’est de le casser. Adieu avantages, bonjour vie pourrie. Je fais un pas en arrière, mais mon talon claque et se fait remarquer. « Je sais que vous êtes à l’intérieur. Il va bien falloir me payer ce loyer, Mademoiselle Galdeano. Je ne vous loue pas ce studio pour me faire arnaquer. » Ai-je vraiment l’air d’une escroc ? Je vais lui donner l’argent, quand je l’aurais sur mon compte bancaire déjà bien à découvert, chose qui va m’être reproché par mon banquier dans peu de temps. Un me suffit pour la journée. « Je ne bougerai pas, je vous préviens. » Je lâche un soupir, retire mes chaussures et me dirige vers la fenêtre du salon qui me sert aussi de chambre tant c’est petit ici. « Aux grands maux, les grands remèdes. » murmuré-je, en jetant mes escarpins par la fenêtre. Heureusement, je suis qu’au premier étage, mais tout de même, si je m’y prends mal, je pourrais me casser une jambe. J’attrape mon sac, commence à descendre le long de la gouttière et m’apprête à balancer mon sac qui me gêne sérieusement, avant de m’arrêter à temps : une adolescente se faufile dans les buissons, m’adresse un large sourire et me vole mes chaussures, là, juste sous mon nez. Sérieusement. « Hé ! Reviens ! » Espèce de… petite conne ! Je descends un peu plus vite, jusqu’à arriver en bas. Mon collant est filé, très légèrement, mais c’est bien visible. J’ai des feuilles sur la tête, sur mes vêtements que je m’efforce de faire disparaître et me dégage enfin des buissons, recherchant du regard l’adolescente qui n’est plus dans mon champ de vision. J’hésite un instant à remonter par la porte principale, mais je me fais une raison et monte dans ma voiture, sans mes escarpins, trouant un peu plus mon collant sous mes pieds. Mon banquier va me prendre pour une cinglée, s’il me voit comme ça, alors, après m’être garé près de la banque, j’essaie d’être un minimum présentable, à travers mon rétroviseur, coiffant mes cheveux tant bien que mal. Je sors du véhicule, tire sur le bas de ma robe, resserre mes doigts sur la lanière de mon sac et entre dans la banque où il y a quelques clients. Certains regards se posent sur moi, sur ma tenue probablement, mais je n’y fais pas vraiment attention. « Mademoiselle Galdeano, vous… » Une conseillère me dévisage, avec un petit sourire en coin, parce qu’évidemment, ce n’est pas la première fois qu’il m’arrive des bricoles avant un rendez-vous. « Il vous attend. » J’ai quoi… Une minute de retard ? Non, dix. Je m’avance vers son bureau, donne un léger coup à sa porte. « Bonjour. Désolée du retard. J’ai eu comme qui dirait… quelques légers désagréments. » J’entre, m’installe en face de lui. « Mais rassurez-vous, votre cliente préférée n’aurait raté ce rendez-vous pour rien au monde. » Oh, bien sûr que si, si et encore si. Je me sais dans le rouge, alors forcément.