(sohanne) les retrouvailles.

les retrouvailles

sohanne & joao

electric bird.

T’es de mauvais poil. La nuit, tu l’as passé à te tourner et te retourner entres les draps de ton immense lit vide. Lulla a préférait dormir dans la chambre d’ami. Tu ne peux pas lui en vouloir, tu ne peux que la comprendre. Vous êtes mariés depuis maintenant deux mois et vous faites chambres appart, une personne pourrait penser que votre couple est vouez à l’échec. C’est tout à fait possible quand on ne connait pas l’histoire. Son histoire. Elle n’a pas eu une vie très tranquille. Elle a été abandonnée à la naissance. Puis l’orphelinat. Ensuite les favelas et le cartel. Puis il y a eu toi, t’es eu peut un sauveur pour elle. Cette fille fait partie de ta vie maintenant, tu as envie qu’elle se reconstruise. T’as envie qu’elle passe à autre chose. Tu ne lui demande rien en échange, elle a assez souffert. Tu ne lui demande rien en échange, tu ne veux pas profiter de sa faiblesse. Si un jour, elle doit venir à toi, ça sera de son plein gré. Tu n’es pas du genre à forcer les gens. Puis tu penses à ta sœur. Tu lui as envoyé un message la veille. Tu comprends sa réaction. Tu comprends qu’elle ne s’illusionne plus à ton retour. C’est toi qui es parti quand même. Tu l’as abandonné aux mains de tes parents. Parents que tu hais depuis le jour de ta naissance. Enfin, si tu peux appeler ça des parents. Ils n’ont jamais été là pour vous. Une fois la foule partie, vous étiez rendu à votre triste sort. Mis de côté et livrer à vous-même. Tu regardes encore et encore son dernier message. Tu vois bien, qu’elle a effacé ton numéro. Ça t’attriste énormément. ouais ouais et hier je n'étais pas bourrée au Caveau ... BREF, je ne crois que ce que je vois moi. Tu lui as donné rendez-vous dans votre lieu préféré. Un petit glacier près du rocher du Basta. Il y a un petit banc là-bas, quand elle n’avait que dix ans et toi quinze, tu l’amenés souvent là-bas. Vous vous gaviez de glaces tous les jours. C’était votre petit rituel à vous deux. Ce matin, tu as eu le temps d’aller te défouler en courant le long de la grande plage. L’après-midi, tu as passé ton temps à finir le dernier arrangement de votre nouvelle maison. Quand l’heure approches, tu commences à stresser. Tu ne sais pas comment, elle va réagir quand elle va te voir. Tu ne préfères pas lui acheter sa glace préféré, car tu as peur qu’elle te la balance à la figure. Ça serait compréhensible. Te voilà sur les lieux du "crime". Elle est là. Ses cheveux blonds avec ses jolies boucles. Tu ne l’aurais pas reconnu, si tu ne lui avais pas donné rendez-vous. Elle est de dos, elle ne te vois pas approché. Tu t’arrêtes à quelques pas d’elle. Dans un murmure, tu laisses sortir  « Tu as bien grandis gamine »

Elle ne bouge qu’après quelques secondes. Tu l’observes attentivement. Ce n’est plus la gamine de treize ans que tu as laissé derrière toi. Elle a bien grandit, elle ne doit faire qu’une tête de moins que toi. Enfin, elle est quand même perchée sur des hauts talons. Elle a bien grandit ta petite sœur. Ce n’est plus une gamine, c’est une femme. T’es sous le choc. Apparemment tu n’es pas le seul. « C’est pas possible.. »  Ses mains si fines s’explosant brutalement sur ton torse. Elle ne te fait pas forcement mal sur le plan physique, mais ton cœur se brise. En même temps, tu t’attendais à quoi Joao ? Qu’elle t’accueille les bras grands ouverts ? Tu ne pensais pas à un accueil chaleureux, mais tu ne t’attendais pas à tant de rage de sa part. Tu revois que la petite princesse que tu as laissé en pleure sur le seuil de votre grand maison familial. Les poings s’abattent de plus en plus vite sur toi. Tu la lasses s’exprimer. Elle a le droit. Toi, tu fermes ta gueule. Tu laisses les passants vous observez. Tu les laisses te juger. Qu’il pense que t’es le petit-ami qui la larguer, tomber. Qu’ils pensent ce qu’ils veulent. Tu viens de retrouver ta petite princesse.  « Connard ! qu'est-ce que ... qu'est-ce que tu fais ici putain ? j'ai pas besoin de toi. j'ai pas besoin de toi. »  Elle n’a pas besoin de toi. Ça te fait mal, mais tu ne peux pas lui en vouloir. Elle a vécu sept années seul, avec vos tyranniques de parents. « j'veux pas te parler. » Tu attrapes ses mains avec douceur. Elle n, est que violence, alors que tu n’es que douceur. Deux parfaits opposés. Deux parfaits inconnus. Tu l’amenés vers un banc, tu t’installes. Tu la laisse faire de même si elle en a envie. Tu passes ta tête entre tes mains. Tu vas devoir tout lui dire. Tu vas devoir t’expliquer. Pourquoi tu es parti. Pourquoi tu n’as pas pu la prendre avec toi.  « Tu ne veux pas me parler, très bien. Sohanne, tu vas juste m’écouter et après, si tu veux que je reste, je resterais. Sinon, je te laisserais tranquille, je partirais une fois de plus… »

Enfin, elle s’assoit. Enfin, elle accepte de t’écouter. Tu n’y croyais pas trop. Tu as eu peur qu’elle te lâche là. Qu’elle parte elle pour une fois…   « tu sais faire que ça, partir.  » Ça te fais mal, mais tu prends le coup moralement. Oui, c’est ta spécialité de partir. T’es partie sans te retourner. Sans que ta petite princesse puisse te suivre. « vas-y, je t'écoute, parce que j'ai été bien élevé, et qu'on m'a appris à ne pas être lâche. pas comme certain, alors vas-y, je suis toute ouïe, joao.»  Tu ne la regarde même plus ta sœur. Ton regard s’est perdu dans le mouvement lent des vagues. Tu ne veux pas la regardais pour lui annoncer cette atroces vérité. Tu passes ta main dans ta nuque. Tu expulse tout l’air qu’il y a dans tes poumons.  « J’sais pas comment te l’annoncer… tu vas surement pas y croire. J’y ai pas cru moi non plus, mais j’me suis renseigner et je n’ai pas pu rester après » Comment lui dire que votre père à violer une femme l’année de ta naissance. Vous avez tous les deux une demi-sœur qui avait ton âge. Une sœur encore inconnue.  « C’est à propos de notre père, Sohanne. On a une demi-sœur  » Tu soupire, tu ne sais pas comment lui expliqué ton dégoût de plus en plus fort pour votre géniteur. Oui, géniteur, car pour toi à partir de ce moment-là, il n’était plus ton père.  « Un soir avant que je ne quitte la maison pour le Brésil, notre père était complètement bourré. Il était ivre mort dans le salon, j’me suis approché de lui. Il avait vide une bouteille de whisky. Il buvait l’alcool, j’croyais qu’il fessait un coma éthylique. Il m’a alors balançait que j’avais une sœur. Tu dois te dire que j’aurais pu rester après cette nouvelle. Seulement, s’il s’était arrêté à ça, je serais resté auprès de toi. Non, en ricanant, il m’a dit qu’il l’avait violé. Qu’il avait pris cette pauvre femme de force. Je suis allé trouver notre mère pour voir si elle savait de quoi elle parlait. Elle n’a fait que confirmer et elle a cautionné son acte. Elle a même dit que  c’était sa faute à elle. Qu’elle n’arrivait pas avoir d’enfant et qu’il était normal qu’il soit allé voir ailleurs. »  Puis tu ajoutes.  « J’ai voulu t’amener avec moi, mais ils sont menacés de me faire mettre en prison. Qu’il n’y avait rien d’officiel qui prouve la naissance de cette fille. Il était prêt à me foutre en prison parce que je voulais que tu viennes avec moi. J’ai essayé de prendre des avocats, mais les parents avaient tous les moyens financiers pour corrompre les gens que je prenais. »