(Marek) work ? i don't know

Dubitatif, Marek demeure quelques secondes figé, il l'observe s'éloigner de leur table, d'une démarche chaloupée, femme fatale particulière allant rejoindre sa proie. Il pivote, bras posé sur le dossier de sa chaise, l'oeil grave. Exaspéré, il subit le spectacle avec un étrange goût de bile qui vient saluer ses papilles. Des mèches de cheveux qu'elle enroule autour de ses doigts, la tête qu'elle penche, le rictus qui lui tiraille les joues, piteusement. Mâchoires crispées, muscles bandés, tendu, Novak se retourne, reporte son attention sur son assiette. Il mange, machinalement. S'il poursuit, il n'a plus réellement faim. Lorsqu'elle revient vers lui, guillerette, pas loin de lui chier des paillettes, il conserve son silence. Focalisé sur sa tasse de café dont il boit le contenu, il se passe une main dans ses cheveux, disciplinant un tant soit peu la rébellion. Sourire s'est fait la malle, comme sa patience. S'il ne se reconnaît pas - son comportement le prenant au dépourvu- il chasse pourtant les idées insensées qui viennent prendre forme dans sa caboche. Ariane se pavane, fière d'un charme qui fait effet. Elle affiche une mine radieuse, solaire, Marek aperçoit alors un grain de beauté, infime, planqué pas loin de son sourcil et, il se demande comment est-ce qu'il a fait pour ne jamais le remarquer avant. Il déglutit, lèvres pincées qu'il entrouvre, sur le point d'assener une réplique cinglante. Dont, finalement, il la juge indigne. Alors, il ravale l'acidité des mots qu'il s'apprêtait à lancer, la remplace par une interrogation qui n'a pas lieu d'être, crachée sur un ton mercuriale. « C'était quoi ça ? » - simple, de la drague basique. Aux dernières nouvelles, elle n'est ni sa sœur, ni sa copine. Il n'a pas besoin de se la ramener, de se la jouer maton, proprio ou quoique ce soit. Les arguments pour le contrer ne manquent pas et, il se dit qu'elle va surement en piocher quelques uns dans les stocks disponibles. Mais avant qu'elle ne puisse s'exprimer, il poursuit : «On ne t'a jamais dit que c'est pas correct de laisser en plan quelqu'un pour ...pour aller pécho ? »  - il se pince l'arête du nez. Maintenant, de quoi a-t-il l'air ? Il s'en carre si bien qu'il lui sourit, l'air de se foutre de sa gueule. « Je ne sais vraiment pas ce que je vais faire de toi » - s'il est possible d'en faire quoique ce soit.

c'est quoi cette drôle de tête qu'il te dire ? est-ce qu'il est énervé ? vexé ? c'est lui qui l'a dit, après tout, c'est lui qui l'a suggéré, tu n'as fait que l'écouter. bon, d'accord, tu as légèrement abusé, énormément abusé. de trop, comme toujours, parce que la demi-mesure, tu ne connais pas tellement, ça ne fait pas partie de ton vocabulaire. tu restes assise, le sourire aux lèvres, peut-être que ça le détendra ? « C'était quoi ça ? On ne t'a jamais dit que c'est pas correct de laisser en plan quelqu'un pour ...pour aller pécho ? » tu lèves les yeux au ciel doucement, en venant te t'appuyer doucement contre le dossier de la chaise, tu joues avec une mèche de tes cheveux, un doux réflexe. « Je ne sais vraiment pas ce que je vais faire de toi » tu pouffes de rire, doucement en t'approchant légèrement de lui comme si tu allais lui confier un secret. « à mon avis, pas grand chose, tu vois que le macdo me guette. » que tu lui souffles en riant, tu lui piques un petit bout de son assiette avant de reculer, légèrement prise au dépourvu par cette proximité si soudaine. il est impressionnant Marek, faut pas croire, il t'impressionne. par son physique évidemment, parce que tu te souviens que tu as eu le béguin pour lui, au début de votre .. coopération ? quelque chose du genre. puis il est charismatique, il est impressionnant, c'est tout. « puis, entre nous, il est possible que je me suis trompée d'un ou deux chiffres, alors panique pas comme ça, tu crois quoi ? que je donne mon numéro à n'importe qui ? j'ai pas envie de me faire violer non plus. » tu fais une petite moue adorable pour qu'il se calme, le grand. « je suis désolée, d'accord, j'aurai pas du me lever comme ça et aller le draguer aussi peu discrètement. désolée, je réfléchis pas souvent, tu sais, j'suis une sportive et j'ai le cerveau qui va avec hein ... je fonce moi, c'est ma marque de fabrique. » ariane la fusée.

Couverts en l'air, geste suspendu, Marek attentif, la couve des yeux lorsqu'elle se penche, décimant quelques centimètres pour se rapprocher, ajoutant sur le ton de la confidence, qu'ils savent tous deux où elle va finir. Piquant, au passage, dans son assiette. Ses manières affectées ne l'atteignent pas, plutôt, ne l'atteignent plus. Novak est rodé. Elle lui en a fait voir, des vertes et des pas mûres, à l'époque. Elle lui fait encore voir, de toutes les couleurs, la palette est délavée, le temps s'est chargé de lui flouer quelques teintes. Pourtant, qui en ce monde résiste à son faciès de princesse ? Séraphique au possible, elle dissimule pourtant des cornes. « Je ne panique pas » - sa voix claque, enragé, il se retient ( vraiment) d'aboyer. Ils en auraient pour des heures, il risquerait de se montrer intarissable. Paniquer, un verbe qu'il ne conjugue pas, un état duquel il ne se sent pas familier, appréciant le confort du contrôle. Il a appris à prendre en charge,  tout jusqu'au moindre détail, pour éviter les grandes surprises. « Tu crois que tes battements de cils auront le même effet sur moi que sur ce gars ? »  - il fait allusion au serveur qui vaque à ses occupations, en fomentant quelques stratégies pour foutre Ariane dans de sales draps. Comme si l'amadouer en titillant sa fibre masculine pourra effacer son insouciance.Il ne panique pas, il s'énerve. C'est différent. Se pinçant les lèvres, le temps de reprendre contenance, il pousse son assiette au milieu de la table. « L'autodérision ne te sortira pas toujours de mauvaises situations. Et heureusement pour toi que tu n'as pas donné ton véritable numéro parce que pour le coup, ça m'aurait encore plus foutu en rogne ». Il est évident que ce n'est pas le tuteur en lui qui parle, aussi, Tellier doit surement s'en rendre compte. Marek secoue la tête, profondément déçu. Il a l'impression qu'avec elle, tous ses efforts sont vains. Qu'ils le seront toujours. Quoiqu'il puisse déployer pour lancer un majeur aux probabilités. « Des fois, j'en ai marre » - ajoute-t-il, en faisant signe au bourreau des cœurs de lui apporter l'addition.

« Je ne panique pas Tu crois que tes battements de cils auront le même effet sur moi que sur ce gars ? » tu hausses les épaules, tu le fixes, et t'en sais trop rien. tu ne comprends pas pourquoi il réagit de la sorte, pourquoi il prend tout ça tant à coeur. tu ne comprends pas ce que tu as fait de si mal que ça. tu sens quelque chose, de différent, dans ses réactions, comme si tu avais .. comme si tu l'avais déçu ? oui, quelque chose de ce genre là. t'as limite envie de disparaître quand il te parle comme ça. « L'autodérision ne te sortira pas toujours de mauvaises situations. Et heureusement pour toi que tu n'as pas donné ton véritable numéro parce que pour le coup, ça m'aurait encore plus foutu en rogne ». tu l'observes. « je ne comprends pas. » que tu finis par dire, parce que t'es honnête, parce que tu n'as pas beaucoup de barrière entre ton cerveau et ta langue, parce que tu n'as pas peur de placer des mots sur ce que tu ressens. en ce moment, c'est l'incompréhension. « Des fois, j'en ai marre » tu ouvres la bouche, mais aucun son ne sort. le serveur arrive, tu t'en fiches pas mal, tu restes bloquée dans le regard de Marek. « Quoi ? attends, je comprends pas Marek ...  » que tu annonces, sans faire attention au serveur qui s'éclipse non sans regarder Marek cette fois. toi, t'es focalisée sur lui, tu te perds, doucement sans comprendre. « je suis désolée, vraiment vraiment, j'veux pas que tu m'abandonnes Marek.  » que tu commences alors. non, tu ne veux pas être abandonnée, pas par Marek ça te ferait trop mal. tu sens déjà ton coeur qui se resserre et ta respiration qui s'accélère à cette pensée, parce que finalement, Marek compte plus que ce que tu peux bien penser. « je ... je suis désolée si j'ai fais quelque chose, de mal, si je ne suis pas à a hauteur.  » que tu annonces finalement. « j'veux pas que t'en aies marre moi, si t'en as marre, c'est moi qui panique, oui, là, je panique, vraiment.  »

Marek, il les voit, ses grands yeux, écarquillés dans cette expression d'incrédulité, d'incompréhension pure. Il y ancre ses iris, déterminé à ne pas lâcher le morceau. S'il n'avait pas prévu une leçon de morale, il la substitue à ce qui aurait dû être un déjeuner agréable, agrémenté de rire gras, de légèreté. L'occasion est raté, bousillée par le défi lancé, par l'instinct de compétition de la blondinette qui lui fait face et par, surtout, ses tendances à lui de considérer quiconque fait partie de son entourage comme une propriété sur laquelle il aurait foutu ses initiales indélébiles, intangibles, invisibles pourtant bien présentes. Mais, il n'y a marqué Marek nulle part. Même sa conscience repousse la probabilité, seul son instinct primitif gangrène la situation qui était sympathique, jusque là. C'est un problème viscéral qu'il combat depuis des années. Les solutions lui échappent, les raisons en font de même. Pestiféré, son humeur s'assombrit. Jusque là, le comportement de sa protégée ne lui avait rien inspiré de plus qu'un peu d'exaspération, jamais de réelle déception. Et c'est peut-être ce changement inopportun qui le surprend. Sursaut infime, il secoue la tête. Non, il ne recherche pas le conflit et, d'ailleurs, Ariane est la dernière personne avec laquelle il veut se prendre la tête. Certainement pas en s'appuyant sur un motif aussi débile. Il prend une profonde inspiration, décide de se reprendre. Les mots refusent de se matérialiser. Il observe l'addition déposée là par le serveur, sort sa carte de crédit de son porte-feuille, l'agitant sous le regard de ce dernier. Il est hors de question qu'il perde son temps dans le coin. Travers infect, il étouffe l'envie de  provoquer l'idiot, d'admonester davantage l'idiote. Il n'est pas insensible aux excuses qu'elle présente, à la détresse de ses yeux expressifs. Seulement, s'il est touché d'une quelconque manière, il n'en laisse rien paraître. Indolent. « Ce n'est pas toi le problème, foncièrement » - il sait pertinemment que le problème c'est lui. « Oublie ce que je viens de dire, d'accord ? On oublie tout ça, dehors le soleil brille, les mouettes chantent » - tout le monde est beau, tout le monde est joli. Derrière les apparences, le fond laisse à désirer. Il règle la note, se lève. « On se tire » - souffle-t-il, non, il ne prononcera rien pour aggraver les choses. Il fera ce qu'il fait toujours, nier, passer à autre chose.

il ne dit rien, garde le silence, tu n'arrives pas à le décoder, tu n'as jamais su décoder le Marek. il est ... mystérieux, il garde ses émotions, et t'as jamais réellement pu savoir ce qu'il pensait à un instant donné. comme maintenant, tu ne sais pas ce qu'il veut, ce qu'il attend, ce qu'il ressent. tu en comprends simplement pas ce que tu as pu faire, et son expressivité si peu éloquente te laisse carrément sur la touche, sur le banc de touche, tu ne sais pas. « Ce n'est pas toi le problème, foncièrement. Oublie ce que je viens de dire, d'accord ? On oublie tout ça, dehors le soleil brille, les mouettes chantent »   tu secoues la tête, devant ses paroles. tu ne comprends pas vraiment. il veut que tu oublies, réellement ? mais tu ne peux pas oublier, t'es trop tenace pour oublier, t'es trop toi, finalement, pour oublier. t'as besoin de savoir ce qu'il voulait dire. « On se tire »    qu'il finit par dire en se levant après avoir régler la note, tu finis ton chocolat, à la va vite, même s'il est froid, et tu te lèves pour le suivre jusqu'à ce que vous sortiez de l'établissement. tu le rattrapes, pour qu'il s'arrête et tu plantes ton regard dans le sien. « Marek, il se passe quelque chose.  » que tu affirmes, ce n'est pas une question. c'est une affirmation, concrètement, tu ne veux pas qu'il passe à autre chose si rapidement. « tu ne peux pas me dire des trucs comme ça et me demander ensuite d'oublier, j'peux pas oublier, j'ai besoin que tu me dises ? j'pense qu'on ... qu'on était sincère entre nous ? » plus ou moins, certes, mais jamais si ... si distant, il est distant ce matin Marek, il l'est peut-être que tu cherches la petite bête, peut-être que c'est simplement qu'il a passé une sale nuit ? peut-être que tu te prends trop la tête, peut-être que tu aimerais finalement, que ce soit autre chose qu'une sale nuit, peut-être que tu aimerais que ce soit justement toi. un peu trop toi ? Dans tous les cas, tu ne peux pas passer à côté, tu ne peux pas le laisser te faire oublier. même si finalement, c'est toujours lui qui ale dernier mot.

Il se défile, c'est bien la première fois qu'il agit comme ça, avec la Tellier. Il ne comprend pas pourquoi il a réagi de cette manière et, peut-être qu'inconsciemment, il a tellement la trouille de savoir les tenants et les aboutissants qu'il préfère largement ne pas sonder le fond. Des fois qu'il y fasse une découverte qui bouleverserait tout. Les choses, il les aime comme elles se présentent à lui, à cet instant. Simples, désintéressées, absolues. Marek crache allégrement sur l'éventail des possibles. A quoi bon s'en soucier, il accélère le pas, pourtant, elle vient, Ariane, s'imposer à lui comme une embuche. Il pile, considère l'éventualité de la contourner. Ne pas faire face, tout un concept qu'il se voit respecter à la lettre près. Malgré toute sa volonté, il hausse les épaules, sale garnement, qui se complait dans l'insolence et qui nie tout en bloc. « De quoi tu parles ? » - il sourit mais sourire n'atteint pas un seul instant ses yeux. Cette fois-ci, ils ne pétilleront pas. Il croise les bras sur son torse, mutique dans un jeu oculaire où il se voit déjà repartir vainqueur. Les heures passées dans le bureau du dirlo à l'époque lui reviennent en tête, souvenirs assez hilarants même si, les corrections qu'il se recevait ne l'étaient clairement pas. Combien de gifles il a reçu, combien de sermons il a essuyé. « Pourquoi évoquer la sincérité ? Si je te dis qu'il ne se passe absolument rien, t'es censée me croire sur parole et c'est tout, je t'assure »-  gamin, il décroise ses bras, pour se frotter les yeux. Pas à un seul instant il ne l'a quitté du regard depuis qu'elle s'est plantée devant lui, inquisitrice au possible, les traits malmenés par une grimace qui exprime tant de choses auxquelles il ne préfère pas donner de nom. « Tu veux que je te dise quoi ? » - est-ce qu'il flanche et exprime ses pensées, même celles qu'il n'arrive pas à décoder ? Il ne sait plus pourquoi il a dit ça. Pourquoi est-ce qu'il en a marre ? A cause de qui ? « Que j'en ai marre de toi ? Je l'ai dit sous l'impulsion du moment. Ça ne t'arrive jamais ? » - il fronce les sourcils. Elle est vraiment petite, Ariane. Il est obligé de la regarder de haut, même s'il déteste ça, Marek. « Alors, oublie » - là, il élude et la devance, prêt à quitter la plage.

« Pourquoi évoquer la sincérité ? Si je te dis qu'il ne se passe absolument rien, t'es censée me croire sur parole et c'est tout, je t'assure »  Il ment, il ment et il ment, c'est affreux, tu veux lui faire cracher le morceau, mais tu ne peux pas tu sais que tu peux pas alors tu dis rien, pas tout de suite, tu le sais continuer. « Tu veux que je te dise quoi ? Que j'en ai marre de toi ? Je l'ai dit sous l'impulsion du moment. Ça ne t'arrive jamais ?  Alors, oublie » t'as les yeux levés vers lui, vers le haut, tu pourrais presque avoir mal au cou à force de rester dans cette position. c'est vrai que tu n'es pas très grande, mais c'est surtout lui, qui est grand finalement. alors, t'es là, les yeux vers le ciel à le regarder jusqu'à ce qu'il ait le dernier mot. une fois encore. et qu'il te dépasse. une fois encore. qu'il t'évite, et qu'il trace sa route. tu le rattrapes par l'avant-bras, sans trop de poser de questions, parce que tu ne t'en poses que très rarement. tu ne réfléchis que très peu avant d'agir. alors c'est comme ça que tes doigts s'agrippent à son avant-bras. ce contact te paralyse quelques instants et tu lui souris, doucement, pendant que ton corps réagit étrangement. « je ne veux pas te déranger plus longtemps. » que tu commences par dire, tu finis par le lâcher de peur qu'il ne te repousse avant. ça te ferait trop de mal, tu le sais. ça te ferait des pincements au coeur, le comprimerait, d'une manière trop désagréable, alors tu le lâches sans pour autant quitter le contact visuel. «  je sais bien qu'il y a quelque chose, mais je conçois bien que tu ne veux pas en parler, j'vais pas insister, parce que je t'aime bien alors je vais juste te laisser en paix. » que tu rajoutes sur le même temps. ton sourire disparaît, petit à petit. Marek, Marek, Marek, il occupe trop tes pensées quand il est là. « alors je vais y aller, je peux quand même te faire un bisou avant de partir, où tu vas pas vouloir et m'envoyer sur les roses ?  »  tu tentes, le tout pour le tout, tu sais pas pourquoi ... tu abuses certainement, mais t'es trop envie de poser tes lèvres contre sa peau avant de le quitter, d'autant que tu ne sais pas quand est-ce que tu le croiseras de nouveau, tu ne sais pas quand est-ce que vos chemins se croiseront de nouveau. « ce que je comprendrai, j'sais bien que je ne suis pas facile comme fille. »

Les pas sont déjà entamés lorsqu'il ressent une pression sur son avant-bras, le genre de geste impulsif qu'il ne supporte pas, en règle générale, se sentant entravé dans sa liberté à laquelle il tient, le petit réfugié. Il fait volte face, Marek, sourcil arqué, l'air de se demander ce qui peut bien clocher chez elle. Mais rien dans son regard n'est sévère. Rien dans sa posture ne l'est aussi. Il demeure interdit, Ariane lui faisant face, confuse. C'est exactement cette proximité le hic. C'est exactement ces gestes spontanés qui viennent filer à toute cette histoire quelque chose de frelaté, lèvres pincées, il se retient de sourire comme le con qui sait qu'il est dans de beaux draps. Marek ou celui qui voit la gêne pointer et qui ne sait pas comment l'intégrer, incapable de lui ouvrir grand les bras. « Tu ne me déranges pas » lance-t-il dans un souffle agacé. L’autoflagellation c'est surfait et ça ne se prête certainement pas à la situation. Mais, il écoute sa tirade, avec une attention toute nouvelle. Pression relâchée, il laisse son avant bras retomber le long de son corps dégingandé. « T'es à côté de la plaque, Ariane » - drôle de fusée qui se retrouve en orbite, toujours et qu'il n'arrive pas à saisir, même lorsqu'il tend suffisamment les bras. Peine perdue, pense-t-il, il flotte, figé dans un état d'incertitude désagréable qui lui donne envie de se défouler. Il le fera, plus tard, comme il le fait toujours, sur le mur en contreplaqué de sa maison branlante. C'est une autre histoire. Celle qui l'intéresse se déroule sous ses yeux impuissants. Et entre l'envie de tout envoyer valdinguer et celle d'oublier qu'il prône depuis plusieurs minutes, il y a celle de rire, il y a celle d'être cruel, pour couper court à ce qui n'a pas lieu d'être. Sa conscience le gifle, non il n'est ni jaloux, ni possessif, ni complètement foutu. Tout ça, c'est dans sa tête. Il hoche la tête. Se rapproche, en se penchant pour tendre sa joue à hauteur adéquate. Non sans sourire. S'il était en colère, il ne l'est plus. Plus tant que ça. Il s'en convainc. « Te mines pas pour ça» - lance-t-il, s'éloignant.

« Tu ne me déranges pas. T'es à côté de la plaque, Ariane »  la plaque ou pas, t'es toujours à côté, t'es toujours trop loin, t'en sais trop rien, tu sais plus trop. tu n'es plus sûre de rien finalement, parce que tu doutes. tu doutes de ce qu'il te dit, tu doutes de ce que tu dis toi même. de ce que tu fais aussi. l'incertitude est présente, un peu partout, autour de toi, tu ne sais pas ce qu'il attend, ce qu'il veut. il finit par s'avancer vers toi, se baisse pour que tu puisses avoir accès à sa joue, avec un léger sourire. ton coeur rate un battement quand tu le voir sourire. il doit aller bien, il doit aller mieux, cette fois. alors tu souris, à ton tour et poses tes lèvres sur sa joue, délicatement, tendrement, un peu trop longtemps, un peu trop appuyé, mais tu t'en fiches. tu fais ce qui te plaît, ce que tu veux. « Te mines pas pour ça»   qu'il te lance, avant de prendre la fuite, tu le regarde s'éloigner, petit à petit avant de lui crier quelques mots. « on se voit dimanche prochain !  » tu lui fais un signe de la main en même qu'il se retourne. t'as l'impression qu'il sourit, qu'il rit presque d'ailleurs, t'en sais trop rien, il est déjà loin. toi, tu fais demi-tour, et tu t'en vas dans l'autre sens pour récupérer ton vélo. une fois arrivée devant, t'as ce type qui vient te prendre la tête. le serveur de toute à l'heure. il te parle, encore et encore, te dit qu'il t'a appelé, pour que tu aies son numéro, mais qu'il est tombé sur la voix d'un type. tu souris, doucement. tu lui expliques que c'était une blague, un pari, et alors qu'il va pour ... pour faire quoi d'ailleurs ? tu ne veux pas savoir, tu n'oses même pas imaginer quand tu vois sa main se lever, tu montes sur ton vélo et tu pédales à toute vitesse pour le fuir. tu espères ne plus jamais croiser ce serveur, sinon, tu risques de passer un mauvais quart d'heure, ou quelque chose de ce genre là. oui, c'est sûrement ça, tu pédales, vite, pour fuir, pour t'évader, direction ton appartement. t'as de nouveau le sourire, tu te remets vite, des situations, parce que tu te dis qu'il y a tellement pire dans une vie.