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 (Alexia) J'ai besoin de vous

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(Alexia) J'ai besoin de vous _
MessageSujet: (Alexia) J'ai besoin de vous   (Alexia) J'ai besoin de vous EmptyLun 23 Mai - 23:37

« Comment ça, elle ne travaille pas ? » demande Eneko, sèchement. L’assistante du cabinet a la gorge sèche au ton qu’il prend. Eneko est impressionnant, imposant et la réponse que lui a donnée la jeune femme derrière son bureau ne lui convient pas. Il pense qu’il doit s’agir d’une erreur, tout d’abord, mais elle baisse les yeux sur son agenda en confirmant ce qu’il sait déjà. Il lâche un soupir, passe sa main sur son visage. Il aurait aimé voir Mademoiselle Whyte, faire une nouvelle tentative, lui parler. Les trois séances précédentes ne se sont pas déroulées comme il l’aurait voulu. Ca s’est déroulé dans le silence, pratiquement complet. Si ce n’est les rares questions qu’elle lui posait pour le pousser à se confier, à lui faire part de la raison de sa venue, pour l’aiguiller, le conseiller, mais il n’a pas réussi à faire cet effort, s’est senti étouffer. Eneko souhaite tout de même continuer, parce qu’il sent que ça peut venir, avec elle qui ne peut le voir, qui a le regard doux. Il ne veut pas en changer. Avant de la rencontrer, il a essayé trois autres psychiatres et tous lui ont déplu. La première ne lui semblait pas assez compétente. Le deuxième, pour essayer avec un homme, l’a littéralement bloqué. La troisième l’a bien trop brusqué. Et puis il y a Elle. Une perle rare qui lui échappe des mains aujourd’hui, mais peut-être pas demain ? « Pouvez-vous me donner ses disponibilités de la semaine. » L’assistante se racle la gorge, referme son agenda, puis se faisant toute petite, elle souffle, peu assurée : « Mademoiselle Whyte ne travaille pas aujourd’hui, ni demain, ni cette semaine. Elle est en arrêt pour un temps indéterminé. » Ses doigts se crispent sur le bois du bureau et sans lui donner un mot de plus, il se dirige vers la sortie, prend la porte, la claque même, tant il est frustré d’apprendre cette nouvelle. Pour s’occuper l’esprit, Eneko passe par son entreprise où il reste pour travailler sur une maquette et pour clôturer certains dossiers avec Gaël qu’il est bien content de retrouver. Depuis sa séparation avec Maona, il essaie de laisser ses problèmes de côté, de se reprendre. Il a besoin de se retrouver, simplement et il n’y a pas mieux que sa boîte pour ça. Sonne dix-huit heures. L’homme est devant son écran, répond à un mail qu’il envoie, s’apprête à faire autre chose, toujours dans le but de ne pas s’entendre penser… Et son doigt posé sur la souris dirige le curseur vers un nouvel onglet qu’il ouvre. Sans vraiment y réfléchir, il lance un recherche, saisit le nom et prénom de sa psychiatre. La première adresse qu’il obtient, c’est celui du cabinet dans lequel elle travaille, mais en cherchant un peu mieux, il arrive à trouver une adresse personnelle, un numéro fixe aussi. Eneko hésite, observe l’écran, puis se lève, attrape son manteau qu’il enfile et s’éclipse du bureau avec l’adresse notée sur un post-it. Dès lors qu’il se retrouve garé en bas de chez elle, Eneko est pris d’une courte hésitation. Il va faire irruption dans sa vie et il est possible qu’elle le rejette… Mais ce sentiment d’abandon est là et il ne peut pas faire marche arrière. Il sent que c’est sa seule option pour sortir la tête hors de l’eau, alors il éteint son téléphone afin de ne pas être dérangé. Le cœur lourd, serré, mais sûr de lui en apparence, il pousse la porte de l’immeuble, place son index sur les différentes boîtes aux lettres jusqu’à trouver son nom et monte enfin à l’étage indiqué. Elle est juste derrière, là, à quelques mètres de lui. Elle va le prendre pour un fou… Mais Eneko se lance. Il frappe, une fois, deux… Jusqu’à ce qu’il se retrouve face à elle, séparé par une chaîne qui bloque le passage. Eneko reste bloqué. Il sait pourtant qu’elle ne voit pas, qu’elle a besoin qu’on l’aiguille. « Bonsoir. » dit-il, tout d’abord, en la dévisageant. Il souffle, il se sent mieux maintenant qu’elle est là. Il se sent… rassuré, presque apaisé par sa présence. « J’ai besoin de votre aide. » qu’il dit, sans passer par quatre chemins. Il a besoin d’elle. Il a besoin qu’elle lui parle. « Vous ne pouvez pas m’abandonner comme ça, pas dans cet état. » Il ne se supporte plus. « Je vous en prie. » A tel point qu’il la supplie.

Spoiler:


Dernière édition par Eneko Deribay le Dim 29 Mai - 19:20, édité 1 fois
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(Alexia) J'ai besoin de vous _
MessageSujet: Re: (Alexia) J'ai besoin de vous   (Alexia) J'ai besoin de vous EmptyMar 24 Mai - 12:58


 
J'ai besoin de vous
Véra et Eneko

 
 
Reposant sur son appui de fenêtre, Vera regarde dans le vide. Elle ne voit rien mais elle sent. Elle sent la brise du vent, elle sent l’odeur de l’air frais et par-dessus tout elle sent le passé. Autrefois, elle se plaçait ici et regardait les gens traverser la rue. Refermant la fenêtre, elle soupire tandis que Lucy vient se câliner sur ses genoux. Vera sursaute dans un réflexe défensif et se détend en reconnaissant le poil doux de son chat. Elle sourit tendrement sous la griffe affectueuse de la féline qui sans se soucier du fait que sa maîtresse porte un petit short d’été, se fait les ongles dans sa chair. Au bout d’un moment, Vera retire les pattes de Lucy de ses jambes et ramène la bête contre sa poitrine. Son regard se pose sur elle comme si elle pouvait voir l’animal et elle l’imagine. Elle imagine Lucy dont elle connaît parfaitement les traits, les couleurs … des larmes se refoulent dans ses yeux et Vera repose son chat à terre pour aller se chercher une tasse d’eau vitaminée dans le frigidaire. Elle ne doit pas se laisser aller. Mais c’est bien plus difficile qu’il n’y paraît. Parce que son monde est totalement chamboulé, totalement différent. Une fois dans la cuisine, elle appuie sur l’interrupteur de la lumière par automatisme et puis revient sur ses pas pour retirer ce geste ce ridicule. Après trois secondes, elle revient à nouveau et ouvre. « Que la lumière soit. » marmonne-t-elle. Elle a besoin de croire. Elle ne veut pas s’habituer à sa vie d’aveugle. Elle ne veut pas que cela devienne normal et qu’elle en fasse une vérité. Et puis cette dose de lumière, même sans qu’elle ne la voie, c’est une dose d’espoir. C’est une métaphore. Elle a beau ne pas voir cette lumière qu’elle a déclenchée, elle l’a fait. Et ce sera de même pour sa vue. Elle la déclenchera.  

Ce qui s'était déclenché à la place c'était son système d'alarme interne. On venait de frapper à la porte. Elle regarda machinalement son poignet avant de se souvenir qu'elle ne voyait pas. Elle appuya sur le bouton sonore de sa montre pour malvoyants et une voix féminine et austère articula : "Il est dix-huit heures et vingt-sept minutes." Il était trop tôt pour que ce soit la promeneuse pour chien. Elle se dirigea lentement vers la porte d'entrée et doucement ouvrit. Elle ne voyait pas et ne pouvait se permettre de se passer de la petite chaîne de sécurité. Pour la rassurer, le visiteur se manifesta directement. Vera n'avait pas besoin d'entendre sa voix pour le reconnaître. Ses sens étaient aux aguets depuis l'accident et elle savait distinguer certaines choses. Notamment les parfums. Et celui-ci, celui-ci était celui d' "Eneko". Elle échappa son prénom sans le faire exprès. Elle se ressaisit immédiatement en se redressant le long de sa porte. Bien qu'elle ne pouvait voir, son regard parlait malgré tout. Il s'expliqua avant qu'elle ne l'interroge et elle répondit froidement. "Je ne fais pas de consultations à mon domicile." C'était totalement contre la déontologie du cabinet. Et en plus, elle se voyait mal le laisser entrer dans sa demeure alors qu'elle ne pouvait contrôler ce qu'il y ferait. Elle n'avait pas peur de lui mais elle se devait d'être méfiante. Surtout que ce patient avait à peine dit une dizaine de mots depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Elle se pinça les lèvres, elle savait qu'elle allait céder. Pas à cause de lui, pas tant parce qu'il avait besoin d'elle mais parce qu'elle, elle avait besoin qu'on ait besoin d'elle. Il était son seul patient depuis son accident. Elle avait eu assez facile avec lui, elle posait une question de temps en temps et il y répondait mentalement. Elle ne le poussait pas, elle le laissait aller à son rythme. Elle referma la porte et hésita une fraction de secondes avant d'enlever la chaîne et de faire entrer son patient. "C'est juste pour cette fois Monsieur Deribay." Elle lui fit signe d'entrer et referma la porte derrière lui. Elle le suivit dans la salle de séjour et sans faire attention, lui indiqua un fauteuil tandis qu'elle tatonait pour tirer sa chaise à bascule plus près de lui. "Pourquoi êtes-vous là?" C'était direct. Mais il avait dit qu'il avait besoin d'aide et elle voulait qu'il accepte vraiment l'idée. Elle ne pouvait le voir mais elle avait décidé que si elle enfreignait les règles pour lui, elle le verrait vraiment. Pas physiquement mais au delà.
 
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Dernière édition par Vera Liberi le Lun 30 Mai - 20:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (Alexia) J'ai besoin de vous   (Alexia) J'ai besoin de vous EmptyDim 29 Mai - 19:50

Eneko acquiesce d’un signe de tête, comme si elle pouvait le voir, mais reprend l’usage de la parole pour lui confirmer ce qu’elle souhaite entendre. « Bien sûr, juste pour cette fois. » Juste pour déballer son sac, pour qu’il puisse aller mieux. Il sent qu’il a besoin de faire le point sur sa vie, sur lui, mais il ne sait pas par où commencer. Eneko la suit dans le salon dans la pièce de vie, observe les lieux, mais n’y fait pas plus attention que ça. Il s’installe en face d’elle qui se rapproche. Il entrouvre la bouche pour s’apprêter à parler, mais les mots sont bloqués. Il ne peut pas la déranger pour rien. L’homme lâche un soupir, se remémore de cette nuit, ce gros trou noir qu’il a vécu, dont il ne se souvient pas. Il a que des bribes de souvenirs à chaque fois, mais pour qu’il en fasse des cauchemars la nuit, ça n’a pas l’air d’être une merveille. « Il faut que je fasse le point sur ma vie. Sur moi. » dit-il. Est-ce qu’elle lui fera du bien s’il lui confie que son beau-père a abusé de lui dans son adolescence ? Il craint que non, alors il ne préfère pas s’attarder sur cette partie de sa vie, mais bien sur les morceaux qu’il pense réparable. « Je viens de divorcer d’une femme… incroyable. » Maona. Rien que d’y penser, ça lui resserre le cœur. Il tourne la tête vers la fenêtre de la salle, puis se permet de se lever pour s’y rapprocher. Quand il pense à Maona, il pense à tout ce qui s’est passé ces derniers mois. A Anna, à sa mère. Au final, tout est lié. « Il s’est passé tellement de choses en si peu de temps… Notre séparation est liée au fait que nous n’avions pas réussi à nous retrouver. Nous sommes passés par des choses compliquées. » Comme ça, pour tout résumer, c’est difficile. C’est tellement énorme et tout s’est enchaîné. Il a bien peur qu’elle n’arrive pas à suivre. Pourtant, il s’essaie, en évitant de trop détailler, pour ne pas que ça lui soit trop douloureux. « Maona a été adopté par ma mère et son nouvel homme. Elle ne l’a pas su tout de suite. On s’est pris en pleine figure qu’on avait la même mère. Solange. Et les choses ont complètement déraillé… Mao a commencé à boire, beaucoup trop. Elle… Elle s’est retrouvée dans les bras d’un autre homme. » Il revient vers sa psychiatre et se réinstalle. S’il pouvait, là, il prendrait une cigarette pour fumer, mais il n’en fait rien. Il reste assis. « C’est ce qui nous a éloigné. » Il en souffre, beaucoup plus qu’il le voudrait. Ils ont essayé de réparer les choses, mais plus les jours passaient, plus il se montrait distant, moins il lui parlait. Il ne se confiait plus à elle, il ne prononçait plus les trois mots, huit lettres. C’était une situation inconfortable et peut-être bien que leur divorce était la meilleure solution, mais il se bat tous les jours pour ne pas la recontacter, lui dire qu’elle lui manque. « Mon divorce me bouffe. Son infidélité aussi. Et d’un autre côté, j’ai tellement envie, besoin de… de la sentir près de moi. » Il se mord les lèvres, puis avoue : « C’est la seule qui arrive à calmer les cauchemars que je fais chaque nuit. » La seule à l’apaiser, à faire disparaître ses maux, pour un temps limité, mais elle y arrive.
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(Alexia) J'ai besoin de vous _
MessageSujet: Re: (Alexia) J'ai besoin de vous   (Alexia) J'ai besoin de vous EmptyLun 30 Mai - 20:26


 
J'ai besoin de vous
Alexia et Eneko

 
 
Il était entré. Là, chez elle. Là où personne, aucun de ses patients du moins, n'avait le droit de mettre les pieds. Et tandis qu'elle refermait la porte, elle sentait qu'elle fermait un chapitre de sa vie aussi.  Parce qu'elle changeait. Elle faisait une exception. Pourquoi? Pour lui ou pour elle? C'était une question à laquelle elle n'aurait pas de réponse aujourd'hui. Car c'était à lui de passer sur le divan de l'introspection et non à elle. Elle lui demanda pourquoi il était là et sans qu'elle ne s'y attende, reçut bien plus qu'elle n'en espérait. Elle était étonnée qu'il se dévoile autant et peu préparée à cela. Elle aurait préféré qu'aujourd'hui encore il se taise. Parce que maintenant, il la forçait à retenir par coeur tout ce qu'il venait de lui révéler. Elle ne pouvait prendre note et elle sentait que chaque élément qu'il venait de lui dire était d'une importance capitale. Il était marié. Etait. Elle ne le savait même pas. Il faisait des cauchemars, il... Tout se brusquait dans sa tête. Il venait de faire tomber une barrière et elle ne savait si c'était une bonne chose car elle sentait intérieurement qu'il n'était pas encore prêt. Mais il avait besoin d'aide, c'était évident.

"Eneko." Elle l'appela par son prénom. "Prenez le temps et respirez." Elle prenait elle même le temps de réfléchir et de chercher comment le diriger vers l'apaisement. Elle ne pourrait probablement pas le guérir mais elle devait trouver une manière de calmer ses troubles. "Je pourrais vous dire que je comprends, hocher la tête et attendre de vous que vous parliez pendant des heures en espérant que cela vous libère mais je ne pense pas que vous êtes ici pour cela."  Sa voix était douce bien que déterminée. aucun doute ne s'échappait de ce petit bout de femme. Elle était au bord du gouffre mais elle parvenait à tout mettre de côté pour accomplir son travail correctement. "Et si on commençait par quelque chose de moins éprouvant? Et si vous me disiez simplement comment vous vous sentez?" elle réfléchit un court instant avant d'ajouter "Dites moi votre humeur en me donnant une couleur. Juste ça." Nombreux de ses clients n'étaient pas capables de se prêter à ce genre d'exercice parce que cela leur semblait enfantin. Mais ça ne l'était pas. Elle elle se sentait mauve en ce moment. Mauve de tristesse, de désespoir et de désillusion. Et pourtant face à ce patient qu'elle voulait aider, elle se voyait blanche: neutralité, innocence et espoir. "Vous n'êtes pas le type de patient que j'ai habituellement. Vous êtes le genre d'homme qui lorsqu'on lui demande dirait que la psychanalyse c'est pour les faibles. Dites-moi pourquoi vous êtes ici Eneko. Je ne veux pas des détails de votre vie. Je veux savoir si vous savez pourquoi vous êtes ici. Vous pouvez juste me répondre 'oui' ou 'non' si vous ne vous sentez pas à l'aise d'en parler."  Les psys ne parlent pas, ils écoutent. Véra était différente. Elle écoutait et de ce qu'elle entendait, elle anticipait ce qu'elle devait dire. Mais elle ne se taisait que selon les cas. Et chaque cas était unique. Celui-ci d'autant plus qu'elle était privée de son outil d'analyse: la vue!
 
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Dernière édition par Alexia Whyte le Sam 4 Juin - 17:11, édité 1 fois
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(Alexia) J'ai besoin de vous _
MessageSujet: Re: (Alexia) J'ai besoin de vous   (Alexia) J'ai besoin de vous EmptyLun 30 Mai - 22:04

C’est dur de faire ce qu’elle lui demande. Seulement respirer. Il souffle, penche la tête en arrière et frotte sa nuque, pour se donner un peu de contenance, puis repose son attention sur elle. En effet, ce n’est pas ce qu’il attend. Il sait très bien qu’elle ne comprend pas, que personne ne peut, parce qu’elle n’est pas dans sa situation, qu’elle ne vit pas ce qu’il vit là, alors elle ne peut saisir pleinement sa détresse, mais elle doit la percevoir dans le son de sa voix. Il se pose, acquiesce d’un signe de tête, par habitude et réfléchit à sa question. Comment il se sent ? Est-ce qu’elle lui pose vraiment la question ? Est-ce qu’il n’a pas assez donné d’indices pour lui faire comprendre qu’il est au plus bas ? Eneko n’est pas certain que ce soit vraiment ce qu’il attend, mais il se prête au jeu. Après tout, elle doit bien savoir ce qu’elle fait. Une couleur. « Je ne peux vous citer une couleur. Une nuance serait plus appropriée. Le gris. Je me sens gris. » Gris de tristesse, gris de solitude. Il se sent maussade, comme le temps lorsqu’il pleut. Sans broncher, il l’écoute, sans la contredire, parce qu’il ne peut pas faire ça. Elle l’a plus ou moins cerné. « Pas tout à fait. Je n’irai jamais dire d’une personne autre que moi qu’elle est faible, parce qu’elle consulte. » C’est même une grande aide. Il aurait été capable d’imposer des séances lui-même à Maona pour qu’elle parle à quelqu’un, parce qu’elle n’était pas dans une bonne phase, qu’elle avait besoin d’une personne neutre. Cependant, le concernant… C’est une autre histoire. Il a toujours été habitué à se faire lui-même, à se débrouiller par ses propres moyens, parce qu’il n’a pas eu l’aide qu’il fallait. On ne lui a pas beaucoup tendu la main, mais une a été suffisante pour le sauver à temps. Eneko n’a pas toujours été l’homme qu’il était. A une période de sa vie, c’était un voyou qui n’en avait que faire de la vie, qui avait de mauvaises fréquentations et qui n’était pas très tendre avec les femmes. Elles en ont bavé avec le Eneko adolescent. Un Eneko qu’il a fait disparaître, petit à petit, devenant quelqu’un de plus posé, plus responsable. Il en a fait du chemin et il a fait en sorte de le devoir qu’à lui-même, pour ne pas devoir quelque chose à ceux qui l’entouraient, par principe, pour ne jamais se sentir redevable. « J’aimerais remonter la pente, me retrouver. J’aimerais pouvoir dormir sans être dérangé sept jours sur sept par des cauchemars qui me réveillent en pleine nuit. J’aimerais ne plus être une épave, pouvoir me regarder en face dans un miroir sans être dérangé par mon reflet. J’aimerais aller mieux, tout simplement. » dit-il, dans un souffle. Elle ne le brusque pas, mais elle le déstabilise. Ce n’est pas ce à quoi il s’attendait. Peut-être que ça fait partie de la thérapie, alors il essaie de se montrer patient, de ne pas être désagréable en lui disant ce qu’il pense : que ses questions ne riment à rien, qu’il vient de déballer tout un monologue et qu’elle n’a pas l’air de s’en soucier. Il en vient même à se demander si elle l’a vraiment écouté, mais c’est le Eneko mal dans sa peau qui pense ainsi. Il va tellement pas bien ces temps-ci et ça traîne tellement en longueur que ça l’épuise, qu’il en devient irritable, impatient.
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(Alexia) J'ai besoin de vous _
MessageSujet: Re: (Alexia) J'ai besoin de vous   (Alexia) J'ai besoin de vous EmptyMar 31 Mai - 10:14


 
J'ai besoin de vous
Alexia et Eneko

 
 
Chaque patient est différent. Et Véra le sait très bien. Le plus compliqué étant toujours de trouver le juste milieu pour chacun. Pour certains il faut appliquer des méthodes fortes et pour d'autres, il faut se taire des heures durant, voire même des années si l'on souhaite qu'ils finissent par s'ouvrir. Car au final, ce dont ils ont besoin tous c'est de compréhension et de confiance. Eneko se sentait gris et c'était un bon départ. Il s'était prêté au jeu. Certes, pas très volontiers, elle sentait dans la voix de l'homme qu'il ne trouvait pas cela très intelligent comme question, mais il avait répondu. Mieux encore, il était ouvert à la thérapie. Il l'avait recadrée en lui expliquant qu'elle avait tort et qu'il était tout à fait partant pour ce genre de choses et elle s'abstint de le corriger. Elle parlait d'une catégorie d'hommes, pas de lui. Mais le patient est roi. D'autant plus le patient qui va mal. Elle hocha la tête à plusieurs reprises puis se leva de ce fauteuil inconfortable pour une séance de psychothérapie et s'assit au sol avec les jambes ramenées auprès d'elle, comme une indienne. "D'accord. Bon alors voilà ce qu'on va faire Eneko. On va casser le barrage psy/client qui nous sépare. Je vais vous donner la liberté de me dire ce que vous voulez ou de vous taire. De me dire tout ce que vous voulez. Et de votre côté, tout ce que je vous demande... c'est de me faire confiance." Elle laissa tomber sa tête en arrière pour toucher le fauteuil qu'elle venait de quitter. "Tout d'abord, je veux que vous preniez conscience que vous n'irez pas mieux." Elle le dit en souriant en sa direction, du moins ce qu'elle pensait être sa direction. "Aller mieux ça vient avec le temps, et ça ne viendra pas de moi. Moi je suis là juste pour être un canal de passage. Pour vous ouvrir la porte. Mais vous devrez passer la porte tout seul. Je serai là mais je ne peux pas vous pousser ou vous dire quand c'est le moment d'y aller." Elle posa son visage à plat sur sa paume soutenue sur sa jambe et sourit à nouveau "Enfin, si, je peux vous dire que là vous n'êtes pas prêt. Et que pour le moment votre souffrance crie en vous et que donc vous n'arriverez pas à entendre ce qu'elle dit." Elle se tut comme pour attendre confirmation puis termina par "Et si vous me disiez quelque chose sur vous, n'importe quoi. Autre chose." La voie de la guérison ce n'était pas de se focaliser sur le problème, c'était d'amplifier ce qui était bon pour le patient afin que le mal devienne supportable et au final ne compte plus. Mais cela se faisait progressivement. Et elle le sentait sceptique.
 
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Dernière édition par Alexia Whyte le Sam 4 Juin - 17:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (Alexia) J'ai besoin de vous   (Alexia) J'ai besoin de vous EmptySam 4 Juin - 14:49

Eneko fronce les sourcils, ne comprenant pas bien ce qu’elle est en train de faire. Comment peut-il avoir confiance en elle alors qu’elle lui annonce qu’il ne va pas aller mieux ? Elle lui dit cash ce qu’il ne veut pas entendre, parce que son but, ici, c’est justement faire des démarches pour s’en sortir, pour relever la tête. Ce qu’elle ajoute par la suite le détend un peu, mais il est toujours sur la défensive et est en train de regretter d’avoir pris du temps pour venir jusqu’à elle. « Que les choses soient claires : il n’est pas question qu’on casse ce barrage, comme vous dites. La raison de ma visite n’est pas de faire ami-amie avec une jeune femme qui semble assez peu professionnelle pour me balancer en plein visage que je n’irai pas mieux. La raison pour laquelle je suis ici, c’est justement pour trouver quelqu’un d’assez compétent et qui saura me montrer le bout du tunnel, m’y aider tout du moins. Au prix que vous coûtez de l’heure, je juge avoir besoin d’autre chose que d’une personne qui me propose de me taire. » Parce qu’il n’a qu’une seule envie, maintenant, c’est de se taire. Il lui a déballé une part de ce qui n’allait pas, n’est pas prêt à ajouter autre chose de lui-même. C’est encore trop douloureux pour poser des mots sur son passé. Maona les relie, elle n’a qu’à faire le travail pour le pousser à se confier un peu plus. C’est ce qu’il se dit, à l’instant. Eneko se lève, en lâchant un soupir. « C’était une erreur. Je ne suis pas venu là pour vous dire des choses au hasard ou des choses sans importance. Je fais l’effort de vous consulter pour directement me focaliser sur le cœur du problème. » Il n’aurait pas dû venir. C’est la conclusion à laquelle il en vient, parce qu’elle n’est pas apte à gérer son mal être, parce qu’elle doit gérer le sien, probablement et surtout parce qu’il a besoin qu’on l’aiguille, pas qu’on le laisse parler de choses banales. Déjà qu’il ne parle que très peu de lui… Il n’est pas là pour parler de sa saison préférée, ou de la couleur qu’il déteste le plus. Il n’est pas là pour perdre son temps. Ca fait des années qu’il traîne des choses derrière lui et peut-être bien que la meilleure chose à faire serait de les résoudre avec les personnes concernées, plutôt qu’une intermédiaire qui ne le connait pas. Ses meilleurs amis sont bien plus aptes à lui montrer le chemin. « Je vous remercie tout de même du temps que vous avez bien voulu m’accorder et je vous présente mes excuses pour le dérangement occasionné par ma visite, dans un environnement qui vous est personnel. » dit-il, en voulant clore l’entrevue. Il n’a pas la patience pour une thérapie comme la sienne.
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MessageSujet: Re: (Alexia) J'ai besoin de vous   (Alexia) J'ai besoin de vous EmptySam 4 Juin - 17:10


 
J'ai besoin de vous
Alexia et Eneko

 
 
La patience d'Alexia est bien plus fragile qu'avant. Son accident a changé la donne. Autrefois, elle savait exactement quoi faire et comment procéder. Mais ici, elle sent que la situation la dépasse. Et plus elle lutte, plus elle voit qu'elle perd pied. Eneko n'a pas tort, elle n'est pas professionnelle. Mais c'est l'hôpital qui se fout de la charité. Elle a failli lui rétorquer que s'il voulait qu'elle soit professionnelle, il n'avait qu'à prendre rendez-vous dans son cabinet quand elle serait de nouveau apte à travailler et non venir lui demander de l'aide chez elle et ce sans même prévenir avant de se pointer à sa porte. Elle réalise qu'il n'a même pas sonné à l'interphone, il était directement devant sa porte. C'est grossier, malvenu et vraiment déplacé de sa part d'oser lui faire des remontrances. Mais c'est son patient. Et il va mal, ça elle le sait. C'est pourquoi elle freine ses nerfs, ces nerfs si inhabituels pour elle, et le laisse s'exprimer. Elle l'entend qui se lève pour partir. Il prend congé et évidemment, toute femme dans sa situation serait impuissante à le retenir. Une part d'elle a envie de le laisser partir. Mais la thérapeute pense au bien-être du patient avant tout et elle sait qu'il ne doit pas s'en aller. Il le lui a dit en arrivant: il a besoin d'elle.

"Vous avez peut-être raison, c'était peut-être une erreur de venir." dit-elle doucement. Elle sait qu'il s'est arrêté pour l'écouter et termine alors son idée sur le même ton "...ou peut-être l'erreur ce serait de partir maintenant?" Voilà la psy revenue. Les questions, le choix laissé au patient. Elle ne peut rien lui imposer, elle ne peut que suggérer.  "Vous auriez pu aller demander de l'aide à n'importe qui, mais vous êtes venu chez moi alors que je ne suis normalement pas en service. Pourquoi?" Elle connaît la réponse à cette question, mais elle se doit de formuler les questions, elle se doit de prendre le temps. "Je pourrais vous mentir Monsieur Deribay et vous dire qu'à la fin de la séance vous irez mieux mais je pense que vous êtes venu me chercher parce que vous avez confiance en moi. Et je ne mens pas à mes patients. Vous n'êtes pas prêt à aller mieux." Elle se pince les lèvres, consciente qu'il n'aimera pas qu'elle lui dise cela. "Mais vous voulez aller mieux et c'est déjà un grand pas. Je suis là pour vous aider. Cependant je ne pourrai rien faire tant que vous fuirez. Je ne sais pas ce que vous fuyiez mais c'est typiquement ce que vous faites. La preuve en est là, vous êtes sur le point de partir. Je sais que je coûte cher, mais c'est parce que je sais ce que je fais. Et quand je vous dis que vous avez le droit de vous taire c'est uniquement pour que vous ne ressentiez pas le besoin de fuir, ou du moins pour réduire cette envie." Elle était en train de lui expliquer tout. Non pas parce qu'elle le devait mais parce qu'elle sentait que c'était ainsi qu'elle devait procéder. S'il était prêt à travailler, il resterait. Sinon il partirait. Peut-être qu'il reviendrait un autre jour quand il aurait assimilé l'idée, qu'il l'aurait acceptée. Peut-être pas. "Je ne peux rien vous proposer d'autre que moi. C'est à prendre ou à laisser." C'était franc. Elle était ainsi. Elle sourit poliment et se releva du sol pour aller se chercher un verre d'eau. Tâtonnant doucement pour arriver dans la cuisine, elle attendait qu'il se décide.
 
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(Alexia) J'ai besoin de vous _
MessageSujet: Re: (Alexia) J'ai besoin de vous   (Alexia) J'ai besoin de vous EmptySam 11 Juin - 11:04

Il le pense aussi, c’était une erreur de se référer à une psychiatre, peu importe qui elle est. Eneko a toujours eu l’habitude de se débrouiller par lui-même, pourquoi ça changerait ? D’autant plus que sa manière de faire ne lui convient pas et le conforte dans sa position. Pourtant, il reste là, à l’écouter, à se demander si elle n’a pas raison, finalement. « Pourquoi ? » répète-t-il. « Parce que j’ai eu une bonne impression les premières séances. » Ce n’est pas pour autant que celle-ci lui plait et c’est probablement parce qu’il a commencé à se confier. C’est dur de se confier sur les choses qui ne tournent pas rond dans sa vie, à une personne qu’il ne connait pas. Son boulot est de ne pas le juger et ça le rassure, quelque part, mais est-il vraiment prêt à donner une grosse partie de lui-même à cette jeune femme qui ne s’y prend pas comme il faut avec lui ? « Je vous remercie pour votre optimisme, c’est tout à fait pour cette raison que je suis venu vous voir. » lâche-t-il, sèchement. « En effet et j’irai mieux. » Il y croit, parce qu’il le faut, parce qu’il ne s’aime pas lorsqu’il est comme ça, mais il a conscience qu’il va lui falloir un peu de temps pour remonter vraiment la pente. Ca fait tellement d’années qu’il laisse son mal-être le bouffer. Son histoire avec Maona a été un déclencheur pour raviver la douleur. Son beau-père s’est engouffré dedans, comme s’il en avait le droit et il a fait des choses qui le dépassent lui-même. « Votre thérapie, votre façon de gérer vos patients, de les aider, elle fonctionne peut-être habituellement, mais ce n’est pas la meilleure façon de me prendre. Vous savez, il suffit de me demander comment je me sens, je vous le dirai, plutôt que de me demander de poser une couleur qui n’a pas forcément la même signification pour moi que pour vous sur mon humeur. Je ne suis pas là pour perdre mon temps avec des enfantillages. » Eneko ne voit pas l’intérêt. Qu’importe qu’il soit prêt ou non, il a envie d’en parler, normalement, pas en passant par des intermédiaires dont il ne comprend visiblement pas le principe. Il sort son portefeuille, pose un billet sur la table pour payer la consultation. « Votre argent est sur la table. » dit-il, en répondant finalement à sa dernière question. Il ne se sent pas pris au piège. Il laisse son offre, campe sur ses positions. Elle le décourage, ne le motive pas, a l’impression qu’elle l’enfonce plus qu’autre chose en osant lui dire qu’il n’ira pas mieux et ce n’est pas ce dont il a besoin. S’il faut, il ira lui-même au cœur du problème en allant voir son père pour discuter de ce qu’il a subi gamin. S’il faut, il se confrontera à sa mère pour lui reprocher tout ce qu’il a sur le cœur, mais il ne restera pas dans cette pièce à répondre à des questions qui l’agacent. « Bonne soirée. » dit-il, en s’éloignant, ne lui laissant pas le temps de le convaincre, encore une fois. Eneko ne sait même pas si c’était dans ses intentions, finalement.
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