(Libre) Besoin de se ressourcer

C’est terminé. Il n’y a plus rien. Ca fait seulement quelques jours, trois, mais c’est déjà trop. Eneko est en manque. Elle lui manque. Sa voix, son regard, son corps entier, sa façon de se cambrer sous ses caresses, de l’appeler… De prononcer son prénom. Tout ça, il n’y aura plus jamais rien, parce qu’ils ont un lien de parenté, parce qu’ils n’ont pas le droit d’éprouver quelque chose pour l’autre, à cause du sang qui coule dans leurs veines, du même. Il déteste sa mère pour lui avoir caché son existence, pour l’avoir caché, lui, avoir été l’initiatrice de leur rapprochement. Si tout avait été dit, ils n’auraient jamais rien tenté. Eneko n’aurait jamais fondu dans son corps avec envie. Il devrait se sentir coupable, être dégoûté par ce qu’ils ont faits, mais il n’y arrive pas. Ca lui manque, à un point où il y pense à chaque heure qui passe. A plusieurs reprises, il a souhaité lui envoyer un message, lui demander comment ça allait, pour avoir des nouvelles, mais l’image de son portable s’écrasant contre le mur l’en a empêché. Après sa journée de travail, l’homme rentre tout juste chez lui et c’est uniquement pour prendre des affaires. Entre temps, Gaël l’a hébergé, le temps qu’il se calme, sans lui poser la moindre question, sentant que son ami n’avait pas envie d’en parler, qu’il avait juste besoin de quelqu’un chez qui dormir. Il l’a accueilli, les bras ouverts, lui prêtant quelques vêtements, mais ça devient urgent, il faut qu’il retrouve les siennes. Dès que la porte d’entrée s’ouvre, la voix d’Anna résonne. « Eneko ! » Son regard ne croise même pas le sien. A elle aussi, il lui en veut. Il se dirige vers la chambre, attrape un sac et fourre des fringues dedans. Quelques chemises, tee-shirt, des jeans. « Je me suis inquiétée, tu n'as pas répondu à mes appels, mes messages. Qu’est-ce que tu fais ? » Silence. Il ne répond rien, s’en va maintenant dans la salle de bain où il récupère quelques produits à lui. « Qu’est-ce que tu fais ? Où est-ce que tu vas ? » Il se tourne enfin vers elle, aperçoit sa belle-mère juste derrière, qui s’interroge sur ce qui se passe. « Je m’en vais Anna. Je m’en vais. J’ai besoin de souffler. » « Tu vas la retrouver ? » Qu’elle demande, aussitôt. Il secoue la tête. « Non. C’est terminé. C’est bien ce que tu voulais en allant la voir, n’est-ce pas ? En lui racontant des âneries sur mon compte. Elle m’a tout raconté. » Inutile de mentir, donc. Anna le suit, alors qu’il s’avance jusqu’à la porte d’entrée. « Je voulais sauver notre couple. » Eneko se contente de secouer la tête, d’ouvrir la porte et de la refermer. Il n’a pas envie de s’attarder, de discuter maintenant. Il s’engouffre dans son véhicule, balance son sac sur la banquette arrière et prend la route, vers un point qu’il ne définit pas vraiment. A la base, il devait se retrouver chez Gaël, mais un besoin de voir autre chose le pousse à se rendre à la plage, un côté bien plus tranquille que la grande plage. Il y a quelques personnes, mais ce n’est pas plein. Il retire ses chaussures qu’il porte dans sa main, s’enfonce dans le sable, puis après avoir passé une bonne dizaine de minutes à marcher, se pose enfin. La journée est terminée, le soleil commence à se coucher. C’est un spectacle qui l’aurait émerveillé, à un autre moment de sa vie. Mais pas là.

Elizabeth était restée à la bibliothèque toute l’après-midi. En fait, elle avait un gros travail à faire dans l’un de ses cours de son programme et, puisqu’elle avait de la recherche à faire, elle en a profité pour rester à la bibliothèque. C’était plus calme et elle serait moins tenter de faire autre chose que son travail. Au début, elle avait eu de la difficulté à se concentrer sur sa recherche de livre, à lire ces derniers pour prendre des notes et écrire par la suite son travail. Mais, après être sortie quelques minutes pour fumer une cigarette, elle s’obligea à se plonger dans son obligation. Un coup qu’elle était concentrée, tout allait pour le mieux.
Une heure. Deux heures. Trois heures. Trois heures passèrent et Elie avait pratiquement finit d’écrire la totalité de son travail. Elle regarda donc l’heure et remarqua qu’il lui restait encore quelques heures avant que la bibliothèque et l’université ferme alors elle se leva pour aller se chercher un café et un muffin aux cerises à la cafétéria de l’université, n’ayant pas envie d’aller jusqu’au café étudiant même si le café y était meilleur. Sa petite collation en main, elle retourna à la bibliothèque, salua au passage la bibliothécaire et retourna à la table qu’elle occupait plutôt pour ensuite recommencer son travail.
Pleins de mots plus ou moins compliqués, de définitions, de notions lui venaient sans cesse dans la tête. Son travail consistait à faire une recherche sur une maladie mentale, de préférence, qu’elle ne connaissait pas beaucoup. Alors, elle avait choisis la bipolarité. Plusieurs personnes avaient une idée différente et plus ou moins exacte sur cette maladie alors elle avait décidé d’en avoir le cœur net par une recherche qu’elle ferait elle-même. Voilà pourquoi après six heures de travail intense elle faisait imprimer enfin son travail pour le mettre ensuite dans une pochette en attendant la date de la remise de celui-ci.
Après avoir tout rangé ses livres et cahiers, elle rentra chez elle dans le but de se changer rapidement et pour chercher quelque chose de beaucoup plus amusant à faire que de la recherche ce soir. Elle avait envie de s’amuser et elle croyait l’avoir mérité avec toutes les heures qu’elle avait travaillé aujourd’hui. Elle enfila alors un jeans noir déchiré, un débardeur ouvert sur les côtés noir également, une paire de vans sans bas et son éternelle veste de cuir noir. Elle se maquilla un peu plus, rajoutant essentiellement du noir autour de ses yeux à son maquillage déjà fait du matin. Puis, elle sorti de chez elle avec ton son nécessaire dans son sac pour se rendre à la plage.
Quelques temps plus tard, elle fut arrivée et elle ne fit que se promener sur cette dernière, ses souliers dans sa main et une cigarette dans l’autre qu’elle fumait tranquillement en regardant la mer sans arrêter de marcher jusqu’à ce qu’elle soit rendu à la plage un peu plus tranquille. Elle allait attendre à cet endroit qu’une petite soirée commence à l’endroit où les jeunes font leurs soirées habituellement de l’autre côté de la plage. Elle allait s’inviter comme à son habitude. Finalement, elle décide de s’assoir sur le sable pour regarder le soleil se coucher, se posant alors au côté d’un jeune homme qui lui était fortement familier, mais elle n'arrivait pas à se souvenir d'où elle le connaissait.

Eneko tourne furtivement la tête vers une jeune femme qui vient de s’installer près de lui. Il ne la connait ni d’Eve, ni d’Adam, mais il aurait apprécié qu’elle aille se poser plus loin. Un besoin vital de ne voir personne, de ne parler à personne, de souffler, faire un peu le point, tout simplement, mais lorsqu’il repose son attention face à lui, sur le ciel qui a une couleur orangé, rosé, il a comme une image d’une adolescente qui lui revient en tête. Eneko repose finalement ses yeux sur elle, la dévisage. Elle lui rappelle elle, cette jeune fille pour qui il s’est pris d’affection il y a quelques années, lorsqu’il travaillait pour sa mère, en tant qu’architecte. Il avait comme le rôle d’un grand-frère, mais a dû partir peu après les travaux réalisés. Ils ont perdu contact quelques semaines après son départ. Eneko est convaincu que la demoiselle présente, est aussi la même qu’il a laissé autrefois, mais elle a grandi. Peut-être peut-il se tromper là-dessus ? Ce débat qui se fait dans sa tête a au moins le don de mettre en stand by toutes ses mauvaises pensées. « Elizabeth ? » Qu’il tente, sans la quitter des yeux. C’est comme ça qu’elle s’appelait. Si elle ne se reconnaît pas, alors tant pis, il n’y a pas mort d’homme, ça arrive à tout le monde de se tromper. Si c’est elle… Ce sera une autre histoire. Que fait-elle à Biarritz ? « C’est bien toi, la gamine ? » demande-t-il, la main posée dans le sable. Si ça se trouve, elle ne le reconnaîtra pas, ne se souviendra pas de ce regard qu’il a longtemps plongé dans le sien, ni même de ce visage qui se voulait protecteur. Alors il se présente, au cas où la mémoire ne lui reviendrait pas : « Eneko, l’architecte. » Il se pince les lèvres. Finalement, si c’est elle, ça ne le dérange pas qu’elle se soit posée près de lui.

Elizabeth resta assise sur le sable qui gardait encore un peu de la chaleur de la journée que le soleil lui avait apportée ses vans à ses côtés et sa cigarette entre de deux qu’elle apporta distraitement à ses lèvres avant de relâcher la fumée lentement du côté opposé de l’homme. Elle fumait certes, mais elle restait très respectueuse envers les autres, alors elle faisait tout pour ne pas que les personnes, qui se retrouvaient près d’elle, ne doivent subir la fumée de ses cigarettes. Après s’être assise, elle regarda, un moment, ses pieds qu’elle faisait jouer dans le sable, puis elle regardait le ciel commencer à changer de couleurs pour prendre des teintes rosé et orangé, un spectacle très beau. Mais, une partie de son esprit restait concentré à essayer de trouver d’où elle connaissait cet homme parce qu’il lui disait réellement quelque chose et elle ne pouvait pas s’empêcher de chercher qui il était. Pourtant, il avait l’air un peu plus vieux qu’elle alors ça ne pouvait pas être de l’école, ça ne pouvait pas être lors d’une de ces soirées où elle allait pour se lâcher; elle ne parlait pas trop avec le monde qui s’y trouvait. L’architecte que sa mère avait engagé pour lui faire sa maison de rêve? Non. Ça ne pouvait pas être lui. Elle avait perdu tout contact avec lui depuis tellement de temps que c’était presque inconcevable qu’ils se soient retrouvés d’une façon aussi… stupide et banal. Elie était pratiquement sûr que ça ne pouvait pas être lui… mais, il lui ressemble tellement pourtant. À ses côtés se trouvait peut-être le grand-frère qu’elle avait pendant les mois où cet homme avait été à Monaco pour la maison. Ce grand-frère de quelques mois, mais pourtant c’était comme s’il avait toujours été à ses côtés tellement ils étaient proche l’un de l’autre. Ça lui avait fait réellement beaucoup de peine lorsqu’il avait dû partir lorsque tout fût finit et encore plus lorsqu’ils avaient perdu contact. C’est peut-être pour cette raison qu’elle n’était pas capable de faire le premier pas pour voir si c’était vraiment lui; elle avait peur d’être déçue une nouvelle fois et qu’en fais ce ne soit qu’un homme qui ressemble à ce seul garçon qui avait été réellement et aussi important pour elle.
C’est seulement lorsqu’elle l’entendit parler et, en plus, dire son nom qu’une grande joie, mais aussi une grande… peur? prirent place en elle. Elle releva la tête rapidement vers lui surprise et un léger sourire sur ses lèvres. Elle n’arrivait pas à sortir un mot tellement elle était surprise que ce soit vraiment lui, que ce soit vraiment son grand frère. Aussi stupide que ça peut paraître, elle n’arrivait pas à se rappeler de son nom et que ça la faisait fâcher. Pourtant elle avait tant aimé son nom, elle l’avait trouvé si original. Elle resta figée, même lorsqu’il lui demandait si c’était bien elle la gamine et même si la question n’était pas des plus clairs, elle savait de qui il parlait, de quelle gamine il parlait parce que c’était elle, la gamine. Elle plongea son regard dans les yeux gris bleuté de cet homme. Lorsqu’il prononça son nom, elle se trouvait stupide de ne pas s’être souvenu de son nom. Elle l’appelait même son petit chat, car son surnom, Neko, voulait dire chat en japonais. Elle avait tombé par hasard sur la traduction un jour et elle lui avait dit tout de suite avant de commencer à le surnommer son chaton. Bref, tout ce qu’elle arrivait à faire était de se jeter dans ses bras en murmurant un faible « Neko » sentant les larmes lui monter aux yeux étant trop heureuse de l’avoir retrouver même si c’était une façon banale et stupide.

Eneko ne s’attendait pas à la revoir, il ne s’attendait pas à ce qu’elle fonde dans ses bras, de la sorte. D’abord surpris, il ne fait pas un geste, puis l’encercle de ses bras, comme lorsqu’il le faisait quand Elizabeth ne se sentait pas au mieux de sa forme, plus jeune. C’est fou comme il voit du monde en ce moment. Comme si quelqu’un de supérieur avait compris que Neko était en besoin. Un sourire se glisse sur son visage, alors qu’il pose ses mains sur les épaules d’Ellie. Il la regarde dans les yeux, la dévisage, elle, ses traits. « C’est que tu as bien grandi. » Et lui, il se prend un sacré coup de vieux. Pfiou. Déjà que la trentaine avait été difficile à atteindre, qu’il avait exigé en voyant son gâteau d’anniversaire qu’Anna, son épouse, avait préparé, d’avoir une bougie en moins dessus pour avoir l’impression d’avoir un an de moins… En voyant Elizabeth, il ne peut plus faire semblant. Il vieilli à force que le temps passe et il le constate avec la maturité de la demoiselle. C’est devenu une femme. « Je ne m’attendais pas à te voir sur Biarritz. La dernière fois, c’était à Monaco. Tu as déménagé ? Avec ta mère ? » Il se rappelle de cette femme exigeante, qui avait besoin de ses services, de son professionnalisme, qu’il ne laisse rien au hasard et même, qu’il critique lui-même ses choix. Elle lui avait fait confiance et avait été ravie du résultat. D’autant plus en le voyant si proche de sa fille. Eneko en garde de très bons souvenirs… Lui qui ne s’attendait pas à s’attacher à cette petite famille. Eh bien il avait eu tort de le penser. « C’est agréable de te revoir après autant de temps. Il va falloir que tu me racontes, que tu me donnes de tes nouvelles. Qu’est-ce que tu deviens ? » Qu’est-ce qu’elle fait dans la vie ? Est-ce qu’elle s’est trouvé quelqu’un ? Est-ce qu’elle est mariée ? Fiancée ? A en voir ses doigts, rien de tout ça, mais peut-être est-elle tout simplement en ménage. Il y a tant de choses à se dire. Eneko tend l’oreille, l’écoute, attend patiemment qu’elle lui raconte les moindres détails.

Elizabeth ne s’attendait aucunement de le revoir, elle ne se souvenait même plus qu’il venait de cette ville. On ne peut pas lui en vouloir, elle était jeune à l’époque et ce n’est pas ça qui est important pour les enfants. Mais, elle est totalement ravie de le revoir. Il lui manquait beaucoup en fait alors peut-être que ses plans pour la soirée seront différents de ce qu’elle avait prévu. Au pire, elle se serait maquillée et habiller de la sorte pour rien puisqu’elle ne sera pas été en soirée, mais passer du temps avec Neko était beaucoup plus intéressant. Elle se recula lorsqu’il posa ses mains sur ses épaules un grand sourire sur ses lèvres laissant son regard parcourir les traits de Neko.

- Et toi tu n’as pas changé!

Elle pensait ce qu’elle disait lorsqu’elle disait ceci. Oui, il avait quelques rides de plus, mais c’était surtout des rides d’expression, mais il était toujours aussi beau. Elle l’avait toujours admiré lorsqu’elle était plus jeune. Elle le voyait comme son grand frère protecteur, comme le garçon en qui elle pouvait toujours avoir confiance, bref elle l’idolâtrait pratiquement. Elle lui souriait toujours et secoua légèrement la tête à ses questions.

- Oui j’ai déménagé, mais pas avec ma mère; elle aime beaucoup trop sa maison pour la vendre! Rit-elle. Alors, j’ai trouvé un appartement ici.

Dit-elle amusé en se remémorant la réaction de sa mère lorsqu’elle lui a dit qu’elle voulait partir à Biarritz pour continuer ses études en psychologie et un peu –beaucoup- pour essayer de trouver son cousin dont elle n’avait plus de nouvelle depuis un petit moment et ça commençait réellement à l’inquiéter puisqu’ils donnaient régulièrement des nouvelles à l’habitude. C’était anormal, en plus il ne lui avait rien dit la dernière fois qu’ils s’étaient parlé qui aurait pu expliquer cette absence de nouvelle. Bref, sa mère lui avait clairement dit que pour rien au monde elle quitterait cette maison ou comme M Schneider aimait bien la nommer, sa maison de rêve. Oui, elle avait été très exigeante en ce qui concerne la construction de sa maison. Elle avait été derrière tous les choix d’Eneko jusqu’aux moindres détails. Elle avait été très exigeante, mais, au moins, elle adorait sa maison maintenant. Elle disait elle-même qu’elle n’aurait pas pu avoir une maison autant parfaite sans l’aide de ce dernier. En plus, il prenait soin de sa petite perle qu’était sa fille alors elle n’aurait pas pu demander mieux. Elle riait doucement suite à ses paroles puisqu’il n’avait pas grand-chose à dire à propos d’elle. Elle passait le plus clair de son temps à bosser sur ses cours ou au petit café étudiant de la fac, sinon ça arrivait qu’elle se retrouve dans une soirée, mais c’était plutôt rare puisqu’elle se concentrait sur ses études. Et les garçons, n’en parlons même pas.

- Je suis contente aussi de te revoir, beaucoup même. Tu me manquais énormément! Tu sais, il n’a pas grand-chose à dire. Je suis à la fac en psychologie pour devenir psychologue comme je le voulais plus jeune. Je passe le plus clair de mon temps à bosser sur les cours pour garder ma moyenne la plus haute possible. Sinon, j’essaie de retrouver mon cousin qui a déménagé ici. Hum je viens de finir un mini stage dans un cabinet de psy et j’ai adoré! Et ça été plutôt dur d’intégrer ce stage à mon horaire puisque je travaille aussi au café étudiant de la fac. Voilà, c’est pas mal tout. Mais toi! Une femme qui fait battre ton cœur?! Rassures-moi, tu n’es pas encore tout seul à te perdre dans ton boulot? Et en parlant de ça, ton entreprise, elle fonctionne bien?

Demanda-t-elle un grand sourire sur les lèvres, heureuse de pouvoir reparler avec son grand frère de cœur.

Un sourire se glisse sur son visage, flatté. Ca fait des années, il a pris un gros coup de vieux en la voyant si grande, si adulte, rien à voir avec la gamine qu’il a connu, mais elle trouve qu’il est le même. C’est d’ailleurs étrange. Les circonstances, le hasard… Il fait vraiment bien les choses. Eneko ne cache pas son étonnement lorsqu’elle lui apprend qu’elle vit ici à présent, mais c’est positif. Il pensait plutôt qu’elle était de passage, pas qu’elle viendrait dans ce coin définitivement, pour le moment. « Tu vas te plaire ici. » C’est une ville que l’architecte admire, dans laquelle il a des tonnes de souvenirs, pas toujours les bons, mais s’il fallait la vendre, il serait un très bon commercial tant il a des arguments pour la faire apprécier avant même de l’avoir vue. Biarritz, c’est un coin de paradis sur Terre. « Mais pourquoi Biarritz ? C’est pour tes études ? Ou autre chose ? » Ca aurait pu être n’importe où, mais elle a choisi de venir ici, alors il y a bien une raison pour ça. Il pose la question, mais si elle ne souhaite pas en parler, la lui dévoiler, Eneko n’insistera pas. Il l’écoute attentivement, ne la coupe pas une seconde, sourit lorsqu’elle lui fait savoir qu’il lui manque, a les yeux qui brillent lorsqu’elle lui donne des détails concernant ses études. Elizabeth, il la voyait aller loin. La psychologie, c’est un milieu difficile, mais il sait qu’elle y arrivera, surtout si ça lui plaît, si elle sent que c’est sa vocation. Il se rappelle qu’elle lui en avait parlé à plusieurs reprises et au final, ça ne l’étonne pas. Elle choisit exactement le chemin qu’elle veut prendre. « Attends, attends. » dit-il, alors que son monologue touche à sa fin. Il faut qu’il reprenne tous les points qu’il a notés dans un coin de sa tête. « Toi aussi tu m’as manqué. » commence-t-il, dans un sourire. « Alors comme ça, tu continues dans la voie qui t’intéressait plus jeune. Comment ça se passe, tes études ? T’as l’air d’être exigeante avec toi-même. » C’est typiquement le caractère de sa mère. Ca lui ressemble à lui aussi. Il était exactement pareil, ne sortait pas énormément. On ne peut pas dire qu’Eneko ait eu une véritable jeunesse. « Avant de parler de moi, parlons plutôt de toi. Tu n’es pas en contact avec ton cousin ? » Il n’a pas spécialement envie de parler de lui, de répondre à cette question qui a une réponse un peu complexe, mais s’il passe sur celle-ci, il ne passe pas sur sa dernière interrogation. « Mon entreprise fonctionne très bien. C’est ici qu’est son siège, tu sais. C’est là où je vis, moi aussi. Ma ville natale. Je ne t’en ai jamais parlé, je crois. » Il ne parlait pas énormément de lui, préférait s’intéresser à ce qu’elle faisait, à l’amuser. Maintenant qu’elle est plus âgée, c’est différent, il y a forcément des questions qu’elle pose, comme celle de la femme qui fait battre son cœur, des questions qu’il n’attend peut-être pas.